Elle n’aimait pas les mecs trop romantiques. Elle était donc tombée sur le mauvais mec. Je n’ai pas envie de paraitre prétentieux, mais je suis surement un des mecs le plus romantique sur terre. Et malgré cela, elle m’apprécie tout de même. Pour ne pas dire qu’elle m’aime, car au fond, on le sait tous les deux, qu’on ressent de réels sentiments l’un envers l’autre. Alors qu’est ce qu’on attend ? Qu’est ce qu’il nous freine ? Notre passé. Le passé qui freine le futur. Ironie du sort tiens. En tout les cas, ce n’est surement pas son ventre qui me fait peur. Pour moi, c’est comme si elle ne l’avait même pas. Si un jour, je dois la voir avec un enfant dans les bras, avoir des rendez-vous baby-sittings, et bien : je suis prêt. Vraiment. Lorsqu’on aime une personne, on voit au-delà de ce que la vie nous réserve comme environnement. Elle aurait pu aussi se retrouver à la rue, à faire la manche, je l’aurais toujours autant aimé. Je l’aurais pris sous mon aile. Si elle devait s’en aller au bout du monde, j’irais. Mais je n’irais jamais pas quelque part sans elle. S’il le faut vraiment, je fais venir mes parents ici. Après tout, les américains sont tout aussi fous des foires que les français, non ? J’aurais beau lui dire, lui faire comprendre que je ne suis rien sans elle, elle ne se stoppera pas de me dire de penser à moi d’abord, avant tout. Et là, à ce moment présent, j’avais eu envie de lui répondre : mais lorsque je pense à moi, il y a toujours un toi à côté. Mais je m’étais abstenu. Ca l’aurait peut-être fait fuir. Et comme elle l’avait tout aussi bien dit : j’en avais trop fait, et cela ressemblait de plus en plus à une soirée de demande en mariage. Je devais ralentir un peu le rythme. Si je veux lui dire des mots doux, je n’ai qu’à lui dire que je suis prêt à être avec elle. Et là, seulement là, je pourrais m’autoriser autant de fois que je le souhaite à la complimenter et à faire mon romantique. Mais là, ce n’était qu’une soirée entre très bons amis. Pas de demande en mariage en vu. Je souris à ce qu’elle rajouta par la suite. Comme si je faisais cela juste pour la conquérir encore un peu plus. Attendez ! Quoi ? Accroc ? A moi ? Intéressant. Je souris encore plus. « Loin mon but de te rendre encore plus… accroc » Je mis un accent sur le dernier mot. Juste de quoi lui montrer que j’avais fait attention à ce mot, et que ça me plaisait. J’étais tout aussi fou d’elle, alors bon. « Je souhaitais juste, encore passer un moment inoubliable avec toi. » Quoique, tous les moments passés en sa présence le sont. Car oui, tous les moments ensembles, où que l’on passera, resteront à jamais graver dans ma mémoire. Et j’ai une très bonne mémoire. Un jour, on se remémorera de tout ça, dans les bras l’un de l’autre. Ou même à le raconter à son futur enfant, ainsi qu’à nos enfants. Parce que oui : je compte bien lui faire au moins un enfant de plus.

Et comme à mon habitude, je me laissais emporter par mes sentiments, et je disais des trucs que normalement on ne dit pas à des amis. Même des très bons amis. Je m’étais arrêté au dernier moment. Bien sur que je savais que ça n’allait pas passer inaperçu aussi facilement. Aleyna me demanda même ce que je voulais dire au départ. Je lus dans son regard qu’elle le savait, mais qu’elle souhaitait juste l’entendre, de ma voix. Joueuse. Je lui déposai un baiser sur ses lèvres. Je m’étais juré de ne plus rien dire de mignon. Plus du tout, avant que l’on se mette officiellement ensemble. « C’est bien un peu de mystère non ? Tu peux t’imaginer tous pleins de choses. » Je lui fis par la suite des bisous dans le cou, pour rajouter ensuite près de son oreille « mais rassures-toi, c’était quelque chose de mignon. » On se regarda dans les yeux. Comme ces moments que l’on voit dans films. Ces moments où généralement toutes les filles envient l’actrice qui joue le personnage. Seulement, il ne s’agissait pas là d’un film, mais bien de la réalité. Bien qu’Aleyna aimerait surement que ce soit un film, ce moment où je fais tout pour éviter ces moments où c’est elle qui dit ces trucs. Ce truc du : à quel point elle est importante à mes yeux. Comme si elle ne savait pas. Comme si ce n’était pas voyant comme le soleil dans le ciel. Ce que je peux la détester lorsqu’elle me met dans de telle situation. Ces situations que je déteste. Où je ne sais pas comment me comporter, quoi répondre, ou faire. Non. Je suis celui qui dit normalement ça. Pas elle. « Un poquito querida. » Ouais, après le mon cœur, c’est chérie. Comme si le fait que ce soit dans une autre langue, ça passait mieux. Quel con je fais. Bon au moins, maintenant on peut correspondre dans trois langues. Anglais, français, espagnol. Quelle couple ne ferait-on pas. Ah je vous jure.

On s’était enfin mit à table. Prêt à manger. Enfin c’est ce que je pensais. Ne peut-on pas simplement manger ? Au lieu de parler des soi disantes étoiles dans mes yeux. Fidèle à moi-même je fis dans l’humour pour passer un peu à travers de ça. « Si tu veux voir des étoiles, t’en as plein dans le ciel là. » Je lui montrais alors le ciel, par la baie vitrée qui nous étaient offertes. « Peut-être plus facile à regarder qu’à travers mes yeux. » Oui, elle m’avait mit mal à l’aise. Beaucoup, même. Je n’aimais pas cela. Mais lorsqu’elle prit ma main dans la sienne, je souris. Là, je me sentais déjà un peu mieux. Elle me rassurait. De sa part, je préfère le contact plutôt que les paroles. Je reçus un sms. Par curiosité je regardais. Benedikt. Je souris au texto. Mais je n’allais pas lui répondre durant la soirée. Elle était réservée à ma princesse. Et là, d’un coup je me sentis mal. Je retirais ma main de la sienne. Lui dire, ou non ? Et puis à quoi bon ? Qu’est-ce qu’elle peut s’en foutre que je me suis fait un mec, ou plutôt que le mec s’est fait mes petites fesses. « Tu devrais manger. » Je soulevais les couvercles des plats. Une petite salade de pâtes en entrée. Une lasagne en plat. Et un tiramisu en dessert. Simple. Et italien surtout. Je voulais lui montrer à quel point j’aime la nourriture italienne. Qui n’aime pas ? Ca fait chic, tout en étant simple. C’est cool quoi. Je regardais le paysage. Tout en tapotant mon pied contre le sol. « Aleyna… » Oh et puis tant pis. Je ne veux pas qu’il y ait des secrets entre nous, avant même qu’on soit en couple. « Je… Tu sais quand on avait parlé d’aller voir ailleurs. » Son regard me pesait. Je regardais donc le repas. « Je t’avais dit que je n’allais pas aller voir des filles… mais … des mecs. Je rigolais hein ? » Je m’entendis rire nerveusement. Je me levais. « Je croyais que je rigolais, parce que… il s’est passé que. Tu es bisexuelle non ? Si t’allais voir une fille, je ne le prendrais pas mal. » C’était tout comme si je m’inventais des propres excuses. « Je sais qu’on se doit rien hein. Nous ne sommes rien vis-à-vis de l’autre, enfin toi-même tu l’as dis, on est juste amis. Mais je me sens mal. Tu sais, j’ai pensé à toi pendant que… enfin, je ne veux pas dire que je me m’imaginais toi pendant que… parce que toi t’as des seins, de beaux seins, des fesses de femmes, et puis t’as... enfin, tu ne pourrais pas. » Je m’embrouillais moi-même. Laisse-le sortir putain. « Je l’ai fait avec un mec. Voilà, c’est tout. » Je déposais enfin, à nouveau mon regard dans le sien. Soit elle était morte de rire à cause de tout ce que je venais de dire, soit elle allait mal le prendre, et… A voir.

A l’entendre, on croirait que je suis un garçon charmeur. Vous savez ce genre de mecs, les beaux parleurs, qui ne parlent que pour faire tourner la tête à leur concubine. Alors que moi. Franchement, je ne suis pas de ce genre. Ou alors lorsque je semble l’être, c’est juste pour m’amuser et bien entendu la jeune fille le comprend. Après tout, je suis un homme, et j’aime savoir, de temps en temps, que je peux toujours plaire et faire la cour aux jeunes demoiselles. Je ne faisais rien vis-à-vis d’Aleyna. Pas de ma faute si elle m’adore. Il y a ces personnes, quoiqu’elles fassent ou disent, on les appréciera toujours. Et puis, maintenant je pouvais dire qu’elle m’aimait plus que je ne pouvais le penser. Un amour plus qu’une amitié entre nous. Et pourtant. Bien que ce ne soit pas si étonnant que ça. Avec tous les moments qu’on a pu passer ensembles, nos moments rien qu’à deux. On a trouvé notre petit nuage, et dès qu’on le souhaite, on le rejoint pour passer un bon moment ensembles. Beau petit nuage, où je l’avais emmené ce soir. Nuage. Tiens marrant, de la vue qu’on a de la chambre, on pourrait vraiment croire qu’on est sur un nuage. Bref. « Si ta question est si je le ressens aussi ainsi, et bien oui. Oui, tous nos petits, enfin grands moments, je ne les oublierais jamais, et ils sont à jamais gravés ici. » Sur ce, je mis mes deux mains sur mon torse, côté cœur. Un cœur qui lui appartient, j’assume, j’ose me le dire. Un jour, il lui appartiendra totalement. Lorsqu’enfin, on aura officialisé notre relation. De vraies tortues, nous deux, côté amour. Mais au moins, on ne court pas après le temps. C’est vrai que ça devient de plus en plus dur pour moi : être à ses côtés, juste en tant qu’amis. En fait, il faut le dire : officieusement, on est ensembles, non ? On s’embrasse, on fait l’amour, on se dit des trucs trop trognons. C’est l’amour non ? C’est un peu à quoi ressemble une relation non ? Et ne pensez pas que j’ai peur. J’ai juste la trouille. Non, vraiment pas. Je parle trop, et ça me coute trop cher. Même pas encore ensemble, et j’ose dire qu’elle fait partie des femmes de ma vie. Mais il me prend quoi à la fin ? Ouais ok, elle a deviné ce que je voulais dire, so what ? Il n’y a pas de mal à ça. Je lui accorde un beau 20/20 pour ça. Mais qu’elle ne dise surtout pas que j’ai peur, car ce n’est pas le cas. Car au fond, si je me réserve, c’est pour elle. Je pense que c’est pour elle que c’est le plus difficile. Merde quoi. Qu’elle me montre un quelconque signe lorsqu’elle sera prête à mettre le passé de côté et peut-être voir le futur avec moi. Ou du moins, profiter du présent avec un nouvel amoureux, qui sera moi. Je laissais ce sujet de côté. Quant à ce qu’elle me dit en espagnol me fit sourire. Ouais ok elle m’avait percé au grand jour. Cette fille me connait trop bien. « Si. ¿ Por qué no? El idioma es más… romántico. » Ainsi que le français, ou même l’italien. Toutes les langues latines en quelque sorte. Ok c’est cool l’anglais, mais pour faire une déclaration ce n’est pas si beau. Allez comparer I love you avec Je t’aime, ti amo, te quiero. Les trois derniers sonnent plus passionnés, plus jolis comme mots. Je ris à son dernier commentaire. « Je ne t’ai pas dit que ton français était aussi plutôt cool ? » lui demandais-je avec un léger clin d’œil. Oh bon sang, je ne me lasserais jamais des fois où elle me parlait français. Son accent est bien plus prononcé que le mien en espagnol. Enfin je pense.

Ce n’est pas parce qu’on a de facilité à faire des compliments qu’on aime pour autant en recevoir. D’ailleurs, le contraire est bien vrai. Les gens qui aiment qu’on les complimente, sont-ceux qui complimentent en premier ? Oh non ! Loin de là. Oui, j’aime faire de belles petites paroles, mais je vous en supplie, évitez de m’en faire. Je le dis, haut et fort –dans ma tête-, les belles paroles me mettent à l’aise. Aleyna le sait pourtant très bien. Alors pourquoi faire ? « Ca serait une bonne idée ouais. » Elle allait peut-être le prendre mal, mais qu’est ce que j’y peux ? Je préfère être franc et lui dire. Stop. Ne dis plus ce genre de choses. C’est vrai que ça ne fait jamais plaisir de se prendre des vents, bien que moi ça ne me dérange pas plus que ça, surtout si je me retrouve en face d’une personne comme moi. Je fais avec. Ne pas le prendre mal. C’est juste la personnalité. Au fond, je n’y peux rien si je n’aime pas ça. Pour la suite, allez savoir pourquoi j’ai raconté ça. La conscience ? Ou alors juste le fait qu’on soit entre l’amitié et l’amour, et que j’avais eu besoin de mon amie à ce moment-là. Pouvoir parler de cette première expérience. Ce n’est, décidemment, pas pour moi cette situation. Tiens tiens, elle vient de dire qu’on est amis. Pour la deuxième fois de la soirée. J’avais donc raison. A propos de tout. Pourquoi devrais-je me prendre la tête ? Je l’écoutais. Je m’en voulais, mais c’était avant. Avant de l’entendre et la voir agir de cette façon. Elle ne peut pas me regarder et me dire qu’on est amis, tout en insinuant qu’il y a plus. Non, non et non. Je n’aime pas ça. On ne se doit rien. Et puis merde quoi, elle me connait. Elle sait très bien que lorsque je suis avec quelqu’un, je ne trompe pas. On serait donc vraiment officieusement ensembles ? Serait-ce ça qu’elle essaie de me dire ? Que je n’aurais pas du faire ça ? Je me retournais. Pour réfléchir. Tout était brouillon dans ma tête. Qu’est ce que je venais de faire ? Pourquoi ? Ca partait d’un bon fond. J’ai tout faux. Tout faux avec cette fille. Je l’aime bien, Aleyna, mais je vous assure qu’elle est bien trop compliquée pour moi. Elle me perd trop souvent. Que suis-je supposé faire maintenant ? M’excuser ? Et même si je fais cela, pourra-t-elle vraiment me pardonner ? Pardonner ? Pas besoin ! Je n’ai rien fait de mal. Têtu ? Non du tout. Je sais juste que je n’ai rien à me reprocher. Oui, foutues hormones. Et là je vais laisser les miennes dicter mes actes. Je me retournais, et la regardais dans les yeux, avant de dire. « Je suis vraiment désolé Aleyna, non pas pour ce que j’ai fais, mais pour ce que je vais faire. » Je pris ma veste, et sortit de la chambre. En franchissant cette porte je savais que je pouvais comme faire un trait sur le nous. Je venais délibérément de lui dire que je ne m’excusais pas, ainsi que de la laisser en plan dans cette chambre. Je suis vraiment désolé, mais à quoi ça sert de rester ici ? Tout était sensé être si parfait. Et j’ai tout foutu en l’air. Et ce ne fut même pas nous deux. Je restais un petit temps dans le couloir, derrière la porte. J’avais hésité à entrer de nouveau. Elle voulait un homme ? Elle allait en avoir un. Je pris mon courage, et je m’en allais vers la sortie. Bien qu’avant de sortir de l’établissement, je demandais à l’accueil de bien s’occuper de la jeune fille. Quoiqu’elle demande comme service, elle pouvait, ça sera toujours noté sur ma carte. Et ce fut donc avec une grande déception, de la colère, de la tristesse, du remords, que je sortis de l’hôtel. Le bonheur n’est qu’éphémère. J’aurais du le savoir, et le voir venir. Je pensais pouvoir lui faire confiance, et avoir toujours cette amie. C’est bien de ça dont j’avais eu peur. Qu’on perde une amitié au dépit de cette putain de romance. Et au fond, je ne savais même plus quoi penser, faire. Etre en colère contre qui ? Ni même qui de nous deux avaient raison. Je venais de nous faire descendre du nuage en quelques instants. Je suis un imbécile.