Je contemplais mon reflet dans le miroir de ma suite et ce dernier me renvoyait l’image d’un Augusto totalement renfrogné et agacé. Voyage de merde avec des étudiants de merde. Je me retrouvais coincé durant une dizaine de jours avec les intellos de service qui voulait visiter tous les musées du pays et avec les soi-disant rebelles de l’université de Berkeley. Après l’idée de Fredericksen sur la cohabitation qui nous regroupait tous dans l’ancienne confrérie des omicrons, nous voilà alphas, gammas et epsilons obligés de nous supporter le temps d’un voyage. Et forcément en tant que doyen, je me devais de montrer l’exemple, de participer à toutes les activités et de me montrer sous mon meilleur jour. Bref, l’enfer sur terre. Un soupir exaspéré s’échappa d’entre mes lèvres. Doucement, je réajustais la veste de mon costume tout en passant la main sur ma chemise en soie blanche. Un léger coup d’œil à ma montre m’apprit qu’il était à présent temps de faire mon entrée. La réception devait être sur le point de commencer et je mettais un point d’honneur à ne pas être en retard. Je quittais ma suite d’un pas peu enthousiaste pour aller frapper à celle de ma petite sœur, Camélia. Elle sera ma cavalière du soir. J’attendis qu’elle daigne se montrer et c’est un regard appréciateur que je posais sur elle. « Très jolie robe, tu vas toutes les éclipser ce soir. » Par forcément difficile vous me direz car nous n’avions pas que des canons avec nous dans ce palace. J’imaginais déjà les filles de la confrérie alpha arriver en tailleur hyper serré, lunettes chaussés sur le nez et les gammas … Oh les gammas en mode débraillé. Vu leur mode de vie, inutile d’espérer ne serait-ce qu’une seconde qu’ils connaissaient les créateurs de mode. Je tendis avec galanterie mon bras à l’autre Pelizza Da Volpedo histoire qu’elle s’en saisisse pour que l’on puisse partir. Francesca qui partageait le même étage que nous devait être dans le coin mais je n’avais pas de réelle envie d’aller la chercher. Mon jumeau s’en chargerait. Pour une fois Sandro servirait à quelque chose. « Comment sens-tu cette soirée ? Pour ma part assez mal. Nous allons être entourés de chimpanzés incapables de se tenir en société. Magnifique. » Finis-je par dire d’une voix blasé qui ne laissait pas de sous-entendu possible. Gusto en a déjà marre alors que nous n’avions foulé le sol italien que depuis quelques heures seulement. Les employés du Lussuosi Bellagio Grande se poussaient et collaient au mur lors de notre passage. Ils savaient tous que notre famille était on ne peut plus influente et que si les étudiants américains étaient aussi si bien traités ici, c’était grâce aux quatre pdv. Forcément, cela impose un minimum de respect dont je me délectais un rictus qui oscillait entre satisfaction et sarcasme sur les lèvres. Mon orgueil n’en était que plus flatté et mon égo se développait un peu plus encore. C’est avec une lueur de conquérant partant à la bataille que je pénétrais avec Camélia dans la grande salle de réception. Mon regard provocateur passa sur tous les convives déjà en train de se restaurer et de blablater entre eux. Pas de connaissance dans le tas, ce qui signifiait que pour le moment, je n’avais pas besoin d’aller de groupe en groupe pour faire semblant de m’intéresser à leur petite vie minable. On ne mélange pas les torchons et les serviettes comme on dit. « Je ne vois pas ton Jayan dans le tas … Où est donc passé l’homme de ta vie ? » Murmurais-je à l’oreille de ma sœur sur un ton des plus ironiques. Je me moquais avec allégresse des histoires de cœur de la petite pelizza da volpedo.

La dernière fois que j'ai posé les pieds en Italie, ce devait être pour les vacances d'été de mes quatre ou cinq ans. Inutile donc de dire que je connaissais très mal ce pays et dans d'autres circonstances, j'aurais sûrement été enchantée de ce voyage. Mais l'idée de le passer aux côtés des Epsilon et des Gamma me gâchait tout mon plaisir. Je retins un soupir en retournant chercher ma trousse de maquillage dans la salle de bain. La soirée annoncée était apparemment très chic et nous étions tous obligés de faire un effort pour nous mettre sur notre trente et un. J'avais opté pour une petite robe noire plutôt simple sans être trop classique avec les talons assortis et un fin collier de perles ; je n'ai jamais aimé en faire trop. J'imaginai que les Epsilon allaient s'amener avec leurs plus belles fringues de marque. Quant aux Gamma, j'ignorai totalement s'ils étaient capables de faire un tel effort mais il y avait sûrement plus de chances pour qu'ils n'en fassent qu'à leur tête et c'était bien ce qui me tracassait le plus à propos de ce voyage. D'accord, les Epsilon ne sont pas la meilleure compagnie qu'on pourrait souhaiter mais à part être vu de haut, on ne risque pas grand-chose de leur part. Par contre, les Gamma risquaient de n'avoir que des idées stupides et de foutre en l'air toute l'organisation. Et s'il y a bien une chose que je ne supporte pas, c'est qu'on fasse n'importe quoi pour laisser les autres se démerder ensuite. Je jetai un dernier coup d'oeil rapide au miroir pour vérifier coiffure-maquillage-tenue puis sortis de ma chambre; je n'avais plus d'excuse pour retarder mon entrée dans la salle.
J'étais pourtant pleine de bonne volonté, prête à me débrouiller pour faire en sorte que tout se passe bien, mais j'avais à côté de cela un pressentiment tellement mauvais que je n'arrivais pas à garder l'esprit tranquille. Mon côté anxieux et maniaque prenait le dessus sur mon côté optimiste et une petite boule de stress noua mon estomac. « Suuuuper Lizbeth, tu commences déjà ta soirée en étant incapable de manger quoi que ce soit...ça commence bien. » Il n'y avait heureusement personne dans les couloirs en ce moment pour m'entendre divaguer toute seule : je n'avais vraiment pas besoin qu'on aille raconter que la présidente de confrérie des alpha est une pauvre fille qui parle toute seule, merci. J'arrivai enfin devant la porte de la salle et entrai pour voir Danahiel à quelques mètres de moi, visiblement occupé à se moquer des autres; j'étais entrée trop tard pour entendre ce qu'il disait, merci timing. Je le dépassai sans lui accorder le moindre regard, me retenant de lever les yeux au ciel, et me dirigeai vers les coupes de Champagne. Je n'avais pas vérifié mais je me doutais qu'Augusto était sûrement déjà arrivé, gâchant un peu plus ma soirée. Je m'adossai à une petite table, ma coupe en mains. J'espérai qu'un peu de Champagne dénouerait le nœud qui me tordait l'estomac et m'aiderait à garder un semblant de bonne humeur. Je pris ensuite une profonde inspiration et détaillai la salle. Elle était évidemment magnifique, exactement ce à quoi je m’attendais mais j’étais habituée au luxe et ne m’émerveillai pas longtemps. Mon regard s’attarda ensuite quelques instants sur les quelques visages qui m’étaient encore inconnus et je n’eus aucun mal à différencier les Epsilon des Gamma : j’avais eu raison de soupçonner ces derniers d’être incapable de bien s’habiller ne serait-ce que le temps d’une soirée. Mais je devais arrêter de ne voir que le mauvais côté des choses et me forçai à voir ce voyage sous le meilleur angle possible; l'Europe, le soleil, la bonne nourriture, les trésors culturels, le bronzage des Italiens...jusqu'à présent, je n'avais aucune raison de m'inquiéter de quoi que ce soit. Aucune.

VOYAGE EN ITALIE
•• .unbreakable


Fuir San Francisco, fuir l’Amérique j’en avais besoin, c’était vraiment nécessaire à la vue des derniers événements. Ma vie prenait une tournure qui m’était insupportable, sérieusement tout dans mon monde s’écroulait et cela à cause d’une seule et unique personne Jorden. Depuis son arrivée à Berkeley, il avait réussi à ruiner mon amitié avec Pi, à faire en sorte que mon père me reprendre les clés sur les hauteurs de la ville. Je contenais en moi une rage incontrôlable que j’étais prête à déverser sur la première personne qui oserait m’approcher. J’avais passé le voyage avec mes écouteurs visés dans les oreilles, en gamine capricieuse qui se respecte je n’avais ni envie de sourire, ni envie d’être sympathique. Ce fut donc d’une humeur de chien que je posais les pieds en Italie et plus particulièrement dans le palace sublime dans lequel les étudiants de Berkeley allaient s’installer quelques jours. Je ne m’extasiait ni devant la décoration somptueuse de l’endroit, ni devant le paysage de l’Italie, je connaissais bien ce pays et je connaissais encore mieux tous les endroits les plus luxueux du globe. Je prenais un malin plaisir à prendre de haut chacun des Gammas et des Alphas présents avec nous, soupirant dès que l’un d’entre eux faisaient une remarque sur la beauté des lieux. Sérieusement pourquoi étaient ils de la partie ? Qui était cette personne stupide qui leur avait dit de se joindre à nous ? Ce soir avait lieu un dîner dans la salle de réception du palace, tous les étudiants y étaient conviés. Je m’étais préparé longuement dans ma chambre, optant pour une robe qui mettait mes atouts en avant et me taillait un corps de déesse, hors de question de passer inaperçue. Ma robe bleu nuit était longue, une robe de dîner, une tenue normale et approprié pour un endroit tel que celui-ci, mais nous n’avions apparemment pas tous le même sens de la mode. Je repérais les Gammas d’un seul coup d’œil, jamais ils ne faisaient le moindre effort, ils faisaient tache, et tous mes confrères d’Epsilons s’accordaient avec moi à ce sujet. Les diamants autour de mon cou à a mes oreilles scintillaient, attrapant une coupe de champagne, je fis un signe de main à Augusto et à sa sœur déjà présent. Tout en me passant une main dans les cheveux j’arpentais la pièce, mes yeux azurs ne manquaient aucun détails, décoration, serveurs, les Gamma, les alpha, je passais tout en revue. J’avais l’air d’une garce, d’une effroyable garce, le corps emballé dans un robe haute couture, je guettais l’arrivée de Jorden, il avait des comptes à me rendre, nous avions des affaires à régler. Pensant à haute voix je soupirais entre mes dents. « La ponctualité, c’est comme l’intelligence, ça n’a pas du l’effleurer ». Sifflant une longue gorgée de champagne j’aperçue un certain Noam, debout dans un coin, je ne le connaissais pas encore mais je savais que j’allais partager mon dortoir avec lui, très peu de gens étaient arrivés et il était seul. Me redressant j’avançais vers lui d’une allure contrôlé et sexy, histoire de faire connaissance avec mon nouveau colocataire, après tout, il ne pouvait pas être pire qu’Adélaïde. « Noam, c’est bien toi ? Eileen Rosenbach, il me semble que nous allons partager le même dortoir à la rentrée. »

Je n'imaginais pas un retour aussi chanceux mais apparemment les frenchies avaient dorés mes fesses durant mon séjour dans leur belle capitale. A mon arrivée, j'avais été accueilli comme une reine par mes anciennes rencontres de Berkeley et voila qu'on me proposait un magnifique eptit voyage tout frais payé en Italie. Bon, oui, le seul hic était sûrement que j'avais été prévenu plus tardivement de l'arrivée des Epsilons et Alphas au côté de ma confrérie. Bon nan, j'avais dû être prévenu sûrement dès l'annonce du voyage néanmoins, mon imagination en entendant le mot Italie, m'avait entraîné si loin que j'avais dû égarer mon attention sur les délicieux rêves qui se tournaient plus vers le corps de délicieux apollons dans ce pays à la langue si ... Bref, je m'égarais je le savais. Néanmoins j'avais vite dû remballer mon enthousiaste lorsque j'avais sû que ce voyage comprenait son lot d'inconvénients. Pourquoi ? Oui, je devais sûrement être maudite pour que ce voyage tombe avec les epsilons. N'en avais-je pas finis avec cette confrérie ? Du moins avec certaines personnes qui la ornaient. Qu'importe, j'allais faire comme je l'avais toujours fait. M'en foutre royalement et agir comme je savais si bien le faire. Sans réfléchir. Réfléchir, ça donnait mal à la tête et ça ne faisait sûrement pas avancer les choses. Au contraire ça ammené aux doutes et aux confusions. Très peu pour moi c'était sûr !
Enfin arrivée je n'avais pu exprimer mon désarrois lorsque nous avions été réunis tous dans la même salle pour une petite "fête" d'accueil ou je ne savais quoi. Merde, il fallait vraiment qu'un jour j'écoute les autres autour de moi ou du moins que je fasse mine de m'y intérésser. Je soupira et entra donc appercevant déjà quelques personnes dont je n'avais que faire. Je n'aimais pas vraiment les epsilons mais n'avais rien contre les Alphas. Ils ne faisaient rien de spéciale. Mais c'était peut-être pire d'être ignoré ... Enfin je tourna mon regard vers Danahiel, le président de la confrérie. Merci au moins un visage que je connaissais ! Je m'approcha de lui enfin avec une mine maussade. Je t'en supplie passe moi une corde tout de suite qu'on en finisse .... Je fis une grimace et eus un sourire. J'imaginais bien son état d'esprit à ce moment-là...