Mon voyage à travers l'Europe fut, pour moi, l'aventure la plus extraordinaire que j'eus vécu jusqu'à présent. Cette liberté totale que j'avais eu, sans que mon père soit constamment derrière mon dos -bien qu'il était fréquemment en contact avec moi par ordinateur- et surtout, loin de mon connard de frère qui avait eu la délicatesse de coucher avec celle que je considérai, il fut un temps, comme la femme de ma vie. Oui, ce voyage m'avait fait du bien par le passé, il m'avait permis d'oublier mon désastreux passé, il m'avait permis d'aimer l'éducation que mon père m'avait inculqué depuis ma naissance, ce voyage avait fait de moi ce que je suis aujourd'hui : un homme. Durant cette traversée, je fis des rencontres formidables, ainsi que fort minable... Des gens avaient eu l'occasion de me marquer ainsi que d'autres, non. Dans mon épopée, j'eus beaucoup demandé mon chemin aux passants, néanmoins, un jour, alors que j'étais dans la ville de Berlin, en Allemagne, un jeune femme me demanda son chemin. Une américaine, tout comme moi. Cela me fit un peu de bien de retrouver quelqu'un de « chez moi », les Européens et les Américains étaient assez différents, il fallait l'admettre. Une chance pour cette fille du nom de Serena, je connaissais assez bien la ville dans laquelle nous fûmes. Je m'y étais attaché, elle était si grande et si belle, que je n'avais même plus envie de la quitter. L'Allemagne, un pays à voir et à revoir, l'un de mes pays favoris, j'y étais d'ailleurs originaires. Quoi qu'il en soit, je fis visiter cette grande ville à la demoiselle, durant plusieurs jours, nous fûmes rester ensemble, à marcher, marcher et encore marcher, nous en avions mal au pied tellement nous avions visités. Je me souviens, avoir apprécié cette belle blonde, qui avait un caractère qui me faisait un peu pensé au miens lorsque j'étais enfant. Timide et réservé, cela avait son charme sur cette blondinette qui était vraiment très agréable à voir. Je n'avais jamais rien ressenti pour elle, mais il fallait croire qu'elle si, apparemment. Au moment des au revoir, cette dernière, me vola un baiser. Bien sûr, cela ne m'avait jamais dérangé, au contraire c'était assez plaisant, assez flatteur. Mais il était clair qu'entre elle et moi, il ne se passerait jamais rien. Pourquoi ? Parce qu'elle était en direction d'Amérique tandis que moi j'étais encore pour un bout de temps sur le sol européen. D'ailleurs, je n'avais jamais su où elle habitait. Ou elle avait dû me le dire, mais cette information m'était complètement passé par-dessus la tête depuis toutes ses années.

Depuis ce voyage, jamais plus je n'avais eu l'occasion de repenser à cette blonde qui partagea durant quelques jours, mon périple, elle fut durant un moment une actrice oubliée de ma vie. Mais cette même personne, je la retrouvai ici, à San Fransisco et dans la même faculté que moi. C'était il y a de cela quelques mois déjà, j'avoue avoir été surpris de la retrouver ici. Le pays était quand même grand et pour être honnête, jamais je ne m'étais dit que nous pourrions nous retrouver, et pourtant ce fut le cas. A l'instant même où j'eus déposés mes yeux bleus sur cette silhouette féminine, mon cerveau -ou plutôt mon subconscient- débloqua tous les souvenirs que j'avais avec elle. Nous nous étions croisés pour la première fois depuis des années dans les couloirs, mais nous ne nous étions même pas adressés la parole. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, surement à cause du baiser ou quelque chose comme ça. Ou sans doute à cause du fait que notre amitié passagère fut assez vielle de quelques années, et qu'à cause du temps qui était passé ce n'était pas la peine d'essayer de renouer le contact. Bref, l'université était assez grande, je ne l'avais pas recroisé depuis ce jour-là, jusqu'à cette fameuse nuit. Nous fûmes dans cette même soirée qui était donnée dans l'une des confréries de Berkeley. Je l'avais déjà remarqué dès le début de la fête, je ne savais pas si c'était le cas pour elle aussi, mais au cours de cette dernière, un rapprochement se fit entre nous deux, le contact fut finalement rétablis entre nous. Nous échangeâmes quelques mots, puis nous fûmes sur la piste de danse et ce, pendants quelques heures. Je n'avais pas vu le temps passé, en compagnie de cette sulfureuse blonde que je ne reconnais plus au niveau du caractère. Elle semblait plus ouvert, plus extravertie... Durant toutes la soirée, je n'avais cessé de me demander quel événement avait changé cette petite timide en une allumeuse. Ne jugeant pas bon d'en parler sur le moment, j'avais prévu de la revoir, un jour qui sait, et ce jour-là je lui aurais demandé. Néanmoins, alors que les premiers rayons de soleil commençaient à éclaircirent le ciel qui avait jusqu'à présent une couleur bleue encre, nous rentrâmes chacun dans son coin pour finalement dormir durant quelques heures.
Mon réveil sonna ce matin, je fus levé dans un sursaut qui était plutôt désagréable. Quel idiot, j'avais complètement oublié de désactivé se fichu appareil qui, tous les matins, me tirait de mes rêves. Malheureusement, une fois que j'étais réveillé, il m'était impossible pour moi de me rendormir, même avec mes paupières lourdes, c'était mission impossible. Je décidais de me lever, titubant légèrement, je m'étais directement jeté sous la douche avec mes vêtements de la veille que je n'avais même pas enlevé pour dormir. Il fallait que je me réveille, j'avais vraiment horreur de cette sensation de fatigue perpétuelle, qui m'engourdissait les membres et me faisais ressembler à un zombie. Après avoir ôté mes vêtements et avoir pris une douche convenablement, je sortis de cette cage d'eau pour mettre les premiers vêtements propres que je trouvais, il fallait que je sorte, l'air frais m'aiderait à aller mieux. Mettant mes Ray-Ban sur le nez, afin d'éviter que tout le monde ne me prenne pour un zombie, malgré le fait que j'eus masqué du mieux que je pus mes cernes, je quittai l'université pour aller à San Fransisco. Je voulais me prendre un café, afin qu'il puisse me donner un coup de fouet. Durant mon trajet, je sentais la fatigue s'estomper petit à petit, mais cela ne suffisait pas bien sûr. Me garant dans le parking, j'accédai directement dans la rue qui me ferait rentrer dans le café, alors que j'allais passer par la terrasse, je vis un visage qui ne m'était pas inconnu sur cette dernière. Serena était là, elle aussi. Un sourire aux lèvres, elle me demandait de venir la rejoindre ce que je fis. M'installant en face d'elle, je pris enfin la parole : « Je vois que tu es encore plus en forme que moi » dis-je en enlevant mes lunettes afin de lui montrer ma tête de déterrée.