HANNELI JUNE ; « Au Starbuck, aujourd’hui, après les cours, grouille-toi. »

C’est le message qu’avait du recevoir Everleigh tôt ce matin. Sur son portable, une petite enveloppe lui indiquerait qu’une personne au nom de June lui avait envoyé un mail. June parce que si ses amis voyaient Hanneli de marqué elles se poseraient des questions. Il n’y a pas trente six mille Hanneli. Des June il y en a des tas. Enfin c’était une idée de la Zêta, alors mieux valait ne pas trop se poser de questions.

En se réveillant ce matin-là, Hanneli eu comme l’impression que se serait une bonne journée. Du soleil, une brise légère, une petite bière, un jean qui sens bon, et hop elle était partie pour une journée formidable. Le hic était que la jeune fille avait tord, comme la plupart de temps. Elle détestait toujours autant ces moments là, et décidait de faire tout son possible jusqu’à ce qu’elle ait raison. Résumons. Le premier incident de la journée arriva très peu de temps après l’extermination totale de sa pauvre cannette de bière. Voulant la lancer dans la poubelle, elle fit prendre à son bras un certain élan, mais au lieu de trancher l’air avec souplesse, celui-ci alla se griffer contre le mur rugueux se trouvant un peu trop près. Aïe. Le deuxième incident se pointa tout aussi rapidement que le premier. Se dirigeant machinalement dans les couloirs, elle croisa Everleigh entourée des ses amies. Aller hop, prend toi ça dans la face June, c’est gratos. Elle avait cours à cette heure là elle ? Tant pis. La demoiselle avait décidé que ce serait une bonne journée, alors ce serait une bonne journée. Elle se pointa devant la salle de musique, histoire que pianoter un peu avant que les cours ne commencent. Une journée qui débute en musique ne pouvait être que merveilleuse. Mais devant la salle, elle se fit incendier par un professeur parce qu’il était inadmissible que des élèves se baladent une canette de bière dans les mains à l’intérieur du bâtiment. Et zut, elle l’avait oublié celle-là. Son bras douloureux lui avait totalement fait oublier son existence. C’est là qu’elle envoya un sms à Everleigh. S’en suivi l’annonce de mauvais résultats aux examens, de mauvaise prestations théâtrale parce que mademoiselle vous n’êtes pas concentrée, votre posture n’est pas bonne et par pitié arrêter de tenir votre bras ainsi cela me dérange. Hanneli t’emmerde, abruti.

Cela allait bientôt faire deux cafés et un muffin que la demoiselle attendait son amie. Elle avait perdu sa montre en cours et devait raisonner de cette manière à présent. Deux cafés, un muffin, au moins cinq stressés du travail qui entraient et ressortaient aussitôt avec autant de café que de cernes, une vingtaine de personnes différentes, une vieille dame en face d’elle parce qu’il n’y avait plus de place et que deux chaises étaient libres ici, deux garçons juste après la vieille dame, et quelques aliens aux cheveux bleu ou vert. Bref, un petit bout de temps déjà, mais Hanneli savait qu’Everleigh finissait les cours plus tard qu’elle aujourd’hui.

Quand l’étudiante scruta les alentours, il n’y avait aucune trace d’élèves de Berkeley. A cette heure-ci, ils étaient tous au bar, au Zuni-Cofe, dans leur club respectif où à réviser. Et c’était tant mieux. Comme elle n’avait aucune idée de l’heure qu’il était et qu’il lui était donc impossible de dire si son amie arriverait bientôt ou non, elle se leva lentement et alla commander un thé, histoire de rééquilibrer le taux de théine au même niveau que celui de caféine. Un thé vert, un thé noir ? Et puis zut, une infusion fera l’affaire, et c’est moins cher. Retournant à sa place, June eu la surprise de voir que quelqu’un lui avait volé sa place.

HANNELI JUNE ; « Non mais oh ! Il y a mes affaires là, qui vous a permit de… »

Ladite personne se retourna. C’était elle. L’expression insolente de la demoiselle se dissipa brutalement pour laisser place à un large sourire. Elle s’assit en face d’Everleigh et déclara :

HANNELI JUNE ; « Ah ! Bah la voila ma bonne journée ! »

EVERLEIGH ; « J’espère ne pas être trop en retard tout de même. »

Son amie la questionna rapidement sur son temps d’attente. En fait, la phrase était formulée comme une question mais n’attendait pas forcement de réponse, sous-entendant plus des excuses qu’autre chose. Jugeant qu’Everleigh n’avait pas à s’excuser de son retard, Hanneli préféra répondre simplement, quitte à ce que le but initial ne soit pas celui là. Je m’égard ? Sûrement.

HANNELI JUNE ; « Un peu. Mais ce n’est pas grave du moment que tu es arrivée. »

Ce n’est qu’une fois assise en voyant la couleur de son infusion s’intensifier que la française réalisa quelque chose. On aurait dit une vieille grand-mère attendant patiemment l’heure du thé. C’en était franchement risible, d’autant plus qu’elle avait passé commande pour faire passer le temps plus vite et non pas parce qu’elle avait soif. Au contraire, elle n’avait vraiment pas soif, du moins pas d’une infusion. Néanmoins, ça tenait chaud aux mains et ça sentait relativement bon. Une odeur sucrée loin d’être écœurante. Vraiment. Bref.

Everleigh semblait être dans ses pensées. Mauvaise journée ? Angoisses ? Il était temps de discuter, inutile de se voir en dehors de l’université si c’est pour se regarder dans le blanc des yeux.

HANNELI JUNE ; « Quelque chose t’inquiète ? Tu a l’air soucieux. Tu sais, je peux tout entendre aujourd’hui. En même pas une matinée j’ai eu l’équivalent d’un bras sanglant et d’une bonne dose de décibels, genre au moins assez pour toute une vie, j’te laisse faire le calcul. »

June marqua une pose durant laquelle elle découvrit son bras de son gilet pour que son amie puisse le contempler. Une fois la manche relevée, elle pointa le pouce de son autre main vers le haut et se força à sourire aussi exagérément que possible. Le genre de sourire qui veux dire t’as vu un peu si c’est pas du joli joli ? Une fois la blessure observée par Everleigh, elle se dépêcha de remettre sa manche en place. C’est pas une attraction non plus, et certains clients commençaient à fixer les jeunes filles avec insistance, dont un mec un peu louche assis plus loin. Deux cafés avec ajout d'une dose d'esspresso qu'il avait pris celui là. Rien à manger et Hanneli se demandait si ses clins d'œil étaient dus à une hypertension liée à la caféine, s’il souffrait de tic ou s’il était simplement très mauvais dragueur.

HANNELI JUNE ; « A treize heure, blond de corpulence moyenne, couleurs de yeux imperceptible vu d’ici, style épuré et classique, sourire aux lèvres depuis plus d’une demi-heure, pas d’alliance je crois, aucuns bagages ni même de sac et clins d’œil très prononcés depuis ton arrivée. Ah… J’avais oublié comment c’était de rester à tes côtés. »

Et c’était vrai. Everleigh était ce genre de filles qui trainait derrière elle de nombreux garçons, qu’elle le souhaite ou non. Sortir à ses côtés, c’était s’attendre à croiser au moins un garçon lui faire les yeux doux. Et il s’agit d’un minimum. Enfin.

Et maintenant, Hanneli attendait une réaction de la part de son amie. Se retourner discrètement pour voir l’inconnu ? Ignorer et raconter sa journée ? Un mixte des deux ? On verra bien.