Je n'avais rien demandé à personne. J'étais simplement assise à ma table habituelle du café du campus, devant une tasse de cappuccino fumante posée à côté de mon carnet de dessins. Je me sentais l'envie de dessiner aujourd'hui. J'avais déjà entamé un croquis de la machine à pop-corns installée sur le comptoir. Je l'aimais bien cette machine. Elle servait toujours les pop-corns tout chauds, et ils étaient bien meilleurs que ceux à mettre au micro-ondes. Avec les filles du dortoir, quand on faisait des soirées cinéma qui duraient toute la nuit, on entrait toujours par effraction à l'Albatross avec une bonne réserve de pièces et on rentrait avec chacune son gros pot de pop-corns. Ça n'arrivait pas souvent, mais ça faisait passer le temps. Et puis fallait bien m'occuper l'esprit de temps en temps. J'ai toujours l'impression de trop réfléchir, comme si mon cerveau est toujours en marche. Pour quoi que ce soit d'ailleurs, en cours, avec les autres.. et même en dormant. Ma mère m'avait faite analyser un jour par un de ces nombreux collègues soi-disant spécialistes de l'être humain, et il avait été conclu que j'étais une enfant surdouée. Et bien pour tout dire, j'aurais préféré être quelqu'un de normal. Simplement parce que j'ai toujours l'impression de savoir tout mieux que les autres et c'est vraiment, vraiment insupportable.

Toujours est-il que j'étais là depuis environ un quart d'heure, quand l'heure de pointe sonna. Moi, je pouvais me permettre de temps en temps de sécher un ou deux cours, quand j'avais envie. C'était sûrement le seul point positif dans le fait d'être une grosse tête. Et puis j'avais la conscience tranquille, puisque ça n'affectait jamais mes résultats. Comme ça, tout le monde était content. Les élèves affluèrent en masse pour acheter de quoi grignoter entre les cours. Certains me reconnurent et me sourirent ou me firent des signes. Je me replongeais dans mon carnet de dessins. Cette fois, je m'étais attaquée au comptoir lui-même, quand je vis une silhouette bouger devant moi et s'asseoir à ma table. En général, je suis une personne relativement sociable et aimable. Quand j'ai quelque chose à dire, je le dis, mais je sais aussi me contenir par courtoisie. Du coup, je ne sais pas si mon agacement s'est révélé sur mon visage le temps que je lève les yeux vers cet inconnu, mais ce que je sais, c'est que mon coeur s'est mis à bondir dans tous les sens lorsque j'ai reconnu en face de moi le visage d'Hélias qui me regardait en souriant. Je suis persuadée qu'il allait me dire quelque chose du genre "encore toute seule Hendra ?", mais je l'avais devancé sur ce coup.

❝ Hélias !.. Bonne journée ? ❞

Depuis le temps, j'avais appris à contrôler ma voix et tout ce qui était susceptible de dérailler et de me trahir. Parce qu'il faut savoir dans tout ça qu'en plus d'être le meilleur ami que j'ai jamais eu, Hélias était aussi celui que je m'étais surprise à aimer. En fait, au tout début, Hélias et moi nous sommes connus dans une soirée, il y a environ deux ans. Il avait essayé de m'approcher, et pour moi il n'était qu'un idiot de plus dans cette université. Seulement après ça, il était réapparu dans ma vie plusieurs fois. Il venait souvent me voir quand je m'isolais et que je lisais, je dessinais ou j'allais courir. C'est vrai qu'en premier lieu, il m'a vraiment tapé sur les nerfs. En plus de ça, il avait une sale réputation de tombeur, et après la disparition de Nicolas, j'ai toujours eu du mal avec ce genre de personnes, qui jouent avec l'amour alors qu'il peut se perdre si facilement. Alors retomber amoureuse, comme ça sans le vouloir, ça m'a perturbée pendant un bon moment. Au début je voulais pas l'accepter. Parce que après tout ce temps, après ces deux ans, Hélias est vraiment devenu important, et ses idiots de sentiments que j'ai pour lui, ils pourraient l'éloigner de moi. Hélias continuait de me fixer, comme à chaque fois qu'il se demande ce que je suis en train de penser. Si il savait..

je suis désolée, c'est pas terrible comme début je trouve ._.

hélias et payton ▬ I can not believe my ears• my little sister, my best friend, I had imagined I would hear it all one day. I do not really know how to react, let me time. ;; i don't think you realize what you mean to me..

Il était cinq heures du matin, même les oiseaux n'étaient pas encore levés et n'étaient pas là pour troubler le silence dehors, et pourtant c'était seulement maintenant que je traversais ma chambre pour aller me glisser sous les couvertures. Cette fois-ci Je m'étais plutôt bien débrouillé, je n'étais pas rentré à une heure tardive. Du moins, c'est ce que je pensais. Pour moi en revanche, trouver le sommeil n'est et n'a jamais été une mince affaire. J'avais finalement sombré vers sept heures et demi, mais à huit heures et quart à nouveau j'étais réveillé, et pour de bon cette fois-ci ... J'ai toujours détester ces permanences de nuit, je rentre toujours fatigué au petit matin et malgré ça je n'arrive pas à fermer l'oeil. Soupirant j'avais donc finalement décidé de me lever, et après une douche pour tenter de me réveiller pour de bon j'avais noué une serviette autour de ma taille et avait descendu l'escalier jusqu'à la cuisine pour y grignoter quelque chose, car même fatigué s'il y avait bien quelque chose qui fonctionnait toujours, jour et nuit chez moi c'est bien mon estomac. Sortant la bouteille de laid du frigo et attrapant une pomme dans la corbeille à fruits, j'avais posé le tout sur le plan du travail le temps de sortir un verre du placard au-dessus de l'évier, lorsqu'un bruit de parquet qui craque me coupa dans mon élan et me stoppa net. Quoi encore ? Jetant un rapide coup d'oeil autour de moi je tentais d'analyser la situation : J'étais à moitié nu dans ma cuisine, le "moitié" consistant en une serviette de bain humide, et mon amie Shanelle qui n'avait ni les yeux ni la langue dans sa poche allait débarquer et se comporter à nouveau comme ...Comme, comme quoi d'ailleurs ? N'importe quoi, voilà que je devenais paranoïaque. Ouais. N'empêche, elle me met souvent mal à l'aise. Cette façon de me regarder, cette manie de débarquer toujours au mauvais moment, y avait de quoi se poser des questions. Laissant pomme, verre de lait en plan, une main solidement accrochée à ma serviette pour qu'elle reste coûte que coûte à sa place, j'avais traversé la cuisine pour me diriger vers le bruit que j'avais entendu ...

Fausse alerte, si on peut dire. J'oublie trop souvent que la charpente de la maison craque parfois toute seule, sans vraie raison. Quoi qu'il en soit, après cet intermède sympathique du retour de Casper le gentil fantôme, ce matin-là, j'engloutissais ma pomme et mon verre de lait à une vitesse qui dépassait l'entendement, et après avoir passé un jean délavé -et troué au genou droit, merci les marches- et un tee-shirt gris, je dois avouer que je n'avais pas tourné en rond pendant longtemps avant de savoir ce que je ferais de ma matinée -ou au moins du début-. Lorsque j'étais plus jeune, que faisais-je lorsque j'étais seul à la maison et quand je m'ennuyais comme un rat mort -ce qui cela dit était de moins en moins arrivé à mesure que je grandissais- ? J'allais faire du karting, tous ça c'est terminé. Dès mes premiers pas à San Francisco, ma première activité avait été de repérer tous les bars, cafés, discothèques de la ville. C'est vrai quoi, c'est là que je passe la moitié de mon temps. Et aujourd'hui l'idée d'aller en cours me désespérait au plus haut point. Bon tant pis, il fallait bien s'y rendre

Il était cinq heures, les cours étaient terminés. ENFIN, MERCI DIEU. Ce n'est pas que c'est inintéressant, loin de là, c'est juste qu'il y a des jours où l'envie est au rendez-vous et d'autres où l'envie est de rester au lit toute la journée. Ne sachant pas trop quoi faire de ma soirée, j'allais rejoindre des amis à la cafétéria de l'université. Derrière le comptoir, et sur un fond de Lenny Kravitz, une jeune femme semblait plongée dans la lecture de papiers dont je n'arrivais pas à deviner l'utilité -d'accord je suis beau et riche, mais je ne suis pas Merlin l'enchanteur non plus-, et elle ne m'avait pour ainsi dire même pas entendu arriver. Je n'étais pas non plus là pour admirer les employés bossés -ce n'est pas que la jeune fille était d'une laider affreuse- mais mes yeux se tournèrent dans le sens inverse pour repérer mon groupe d'amis qui m'attendait depuis une bonne dizaine de minutes. Ils étaient là, dans un coin assis à une table avec plusieurs verres. Mais un peu plus loin, évadée du monde et seule -comme à son habitude- se trouvait Payton ma meilleure amie. Le choix ne fut pas difficile. « Hélias !.. Bonne journée ? » Attrapant une des chaises de la table je m'asseyais en face d'elle après avoir déposé un baiser sur son front. Impossible que ça pique d'ailleurs, je m'étais évidemment rasé ce matin -la barbe du père noël, très peu pour moi-... À l'heure où je m'étais couché et vu le temps que j'avais mis à m'endormir. A vrai dire cette semaine, mes horaires de travail n'avaient pas été des cadeaux. Ce qui se voyait un peu sur mon visage -Ah non j'avais bien pris le soin de tous camouflé, vous me connaissez-... Si vous vous demandez ce que je compte faire de ma soirée, voilà la réponse : la fête. Sûr qu'une fois que j'aurais avalé mon repas du soir j'aurais beaucoup de mal à fermer l'oeil après avoir fait mon fêtard. Je vous l'avait dit, tout passe par l'estomac avec moi, et par la fête aussi. Oh et puis, la sieste se serait sûrement pour demain. A cet instant je ne pensais qu'à Payton et espèrait passer la soirée avec celle-ci. « Hey ma hendranounette d'amour ! Bonne journée, j'dirais plutôt journée chiante et épuisante. Et toi? T'as Tu n'as pas ENCORE fait la sécheuse rassure-moi? » Lui lançais-je en rigolant tout en lui tapotant l'épaule. J'avais pris cette habitude de l'appeller comme cela dès notre première rencontre. Payton déteste son premier prénom "Hendra", mais moi je le trouve très jolie, et je sais que quand je l'appelle comme ça, elle s'énerve -du moins elle essaye de faire comme si-. C'était dingue comme rien que le fait de voir la jeune femme me rendait heureux.