La peur. Saisissante et froide qui circule dans mes veines, bloquant tout mouvement. Vous savez, lorsque vous êtes terrifiés par quelque chose, vous pensez que rien ne pourrait être pire que ce que vous vivez. Vous pensez être le seul à qui ça arrive, que vous allez subir milles et unes tortures parce que vous le méritez. Complètement contrôler par la peur, ce démon qui vous glace l’intérieur, compressant tous vos organes internes. Mes jambes semblaient être comme du coton alors qu’un mouvement totalement incontrôlable de mon corps avait éclos lors du mot pour le moins ridicule ; mais dans la situation présente, effrayant. « Que font deux jolies demoiselles à une heure pareille derrière des poubelles ? » Les mots étaient là, dans ma gorge prêt à bondir pour espérer ne rien subit. Pour espérer rentrer chez soi sans casse. Mais, la peur me bloquait. Lou se relève en me tenant et j’encercle sa taille pour me donner du courage, mais ce que j’avais au plus profond de mon être était tout, sauf du cran. J’étais une couard et honnêtement, je n’en avais pas honte. Mon regard passe sur les hommes, les détaillants de haut en bas. C’est tout ce que je pouvais faire tant ma gorge était étroite. « Ben... on était en soirée, on a bu et tout et là on allait chercher un taxi, on s'est juste arrêté un instant ici pour faire pipi, mais on va vous laisser hein ! » Mes yeux pivotent un cours instant sur Lou avant que je n’affiche un air totalement niaise et idiot sur mon visage. Jouer le jeu. L’idée était bonne. Se faire passer pour deux filles complètement à l’ouest et espérer qu’il accepte pour qu’on reparte. Malheureusement, on en avait trop vu. Et c’est ce qui allait nous faire défaut.

« Je ne crois pas qu’on va vous laisser partir aussi facilement mes jolies… » Mon bras se ressert autour de la taille de Lou. Pendant un instant, j’ai eu envie de hurler, de placer mon pied entre ses jambes pour nous donner un avantage et une distance. Mais, je n’étais pas brave. Je voulais juste m’enterrer sous mes couvertures, je voulais les bras réconfortants de Juno. Je voulais partir loin d’ici, juste pour l’espoir de ne pas être ici. Tout, mais pas ça. « Voilà ce qui va se passer mes belles ! » Il fait un geste de tête aux autres hommes avec lui et bientôt la ruelle résonne de nos cris avec Lou. Ils nous avaient séparés, moi me retenant par les cheveux. Complètement bloqué par leur force, on se retrouve face au meurtrier qui sort un couteau et le passe délicatement sous nos gorges tétanisées. « Moi je crois que vous avez vu trop de chose pour nous laisser aussi facilement… » Mes yeux se ferment et sans me retenir, les larmes jaillissent. A nouveau. Mais je ne me sentais pas capable de rester forte. Il fallait que ça s’arrête. Mon corps étaient soulevés par mes tremblements, j’avais mal à la tête par mes cheveux tirés en arrière mais plus encore, mon cœur pulsait tellement fort dans mes oreilles. J’aimerais qu’il s’arrête pour ne pas être ici. Pourquoi mon cerveau ne déconnecte pas ? Comme lorsque je suis trop ivre ou défoncée ? Laisse-moi m’évader loin d’ici par pitié… « Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous… » J’ouvre les yeux, rencontrant son regard fou. « Je peux vous donner ce que vous voulez… Dites-moi votre prix… N’importe quelle somme, peut importe ! Mais laissez-nous partir, je vous en prie… » Adieu fierté. Me voilà aussi faible que tous les autres. Moi la rebelle de service qui n’hésitait pas à se battre. Mettez-moi un poignard sous la gorge, et vous me verrez ramper à vos pieds pour la supplication de la liberté. L’argent. C’est ce pourquoi ils avaient tués l’autre mec, peut-être qu’ils accepteraient ma proposition.