Un texto.

Parfois, c'est tout ce qu'il ne faut pas pour arranger d'une entrevue en privé entre deux personnes. C'est ce que Maria a choisi comme moyen pour me faire rendez-vous ici, dans ce lieu bien trop agité à mon goût mais qui semblait convenir à ce que ma meilleure amie attendait, même si rien à propos de cette rencontre ne me mettait à l'aise. Le sms avait été succinct, impersonnel, presque comme si elle l'avait envoyé par automatisme de manière à ce que je le reçoive au lever. J'avais tenté de l'appeler, mais sa ligne sonnait toujours occupé aussi me suis jamais contentée que d'un texto en retour pour confirmer. J'espérais arracher un égaiement dans son écrit à la mention de la présence de ses deux filleuls mais rien n'y fit, la froideur et le sérieux de notre échange me laissait le pressentiment que cela n'avait rien d'une visite de courtoisie. Etait-ce un instinct que j'avais développé en même temps que la tendance ultra protectrice que j'éprouvais pour ma progéniture ? Etait-ce un pressentiment comme un autre ? Ou bien étais-je simplement occupée à me faire des films et au final, Maria ne voulait dans le fond que passer un peu de temps avec moi ?

CHEYENNE – « Aidan, est-ce que tu veux bien laisser ta sœur dormir, s'il te plaît ?? »

J'avais toujours trouvé stupide d'adopter un ton gaga en parlant à des enfants, aussi ma voix était douce mais normale, comme si j'avais presque le moindre espoir qu'il me comprenne et s'exécute. Je me penchais doucement par dessus la poussette double pour rajuster un peu le vêtement de mon fils qui s'agitait pour rien en gémissant alors que sa sœur dormait tout à côté. Ce n'était pas bien pratique de se promener avec un engin pareil dans un lieu comme le Hard Rock Café, mais je ne sais comment, j'y étais parvenue, arrivée à peine un petit dix minutes avant l'heure prévue par mon amie. Le lourd manteau long que je portais en arrivant m'avait gardée au chaud pendant le trajet entre mon véhicule et le bâtiment où nous devions nous retrouver, bien que maintenant je ne me retrouvais que vêtue d'un simple sous pull clair et d'un jean bleu foncé. Quelque chose de confortable, surtout quand on devait en permanence être disponible et prêt à prendre soin de deux bambins. Je demandais si mon chien dérangeait alors que je commandais une boisson chaude à la serveuse qui vint me voir, lui demandant de revenir également un peu plus tard puisqu'une amie était supposée arriver. L'animal ne dérangeait pas, aussi fut-il autorisé à me flanquer et se coucher tant que cela ne dérangeait le chemin de personne. Ma petite famille se tenait agglutinée dans un coin ni trop chaud ni trop proche des portes aérant la pièce entière dès que quelqu'un passait l'entrée. Bref, avec mon fils bougonnant et réclamant mon attention, ma fille assoupie, mon chien couché la tête entre les pattes de ma chaise, tout était parfait et ne manquait que la venue de celle pour qui tout cela était mis en oeuvre.

CHEYENNE – « Maria !! »

Je n'avais pas trop élevé la voix, mais je faisais de grand signe de la main pour attirer l'attention sans pour autant déranger les enfants. Comment Caitlin parvenait à rester endormie malgré le vacarme ambiant, je ne parvenais à l'expliquer mais mes pensées furent bien vite interrompues par le pas hâtif de Maria en ma direction, même si son attitude fit sonner je ne sais quelle alarme quelque part dans mon centre de réflexion... J'étais douée pour tourner autour du pot, et utiliser moults détours pour éviter de parler de quelque chose en particulier et l'attitude de Maria me rappela la mienne lorsque j'avais quelque chose à dire qui laissait à désirer. Et comprendre ça n'arrangea pas mes questions. Un câlin. Je levais la main pour faire signe à la serveuse et lui demander de revenir alors que Maria semblait captivée un instant par mes enfants, m'arrachant autant un sourire qu'un petit ricanement lorsque mon fils lui en offrit pour son argent.

CHEYENNE – « Tu veux quelque chose à boire ? »

La question restait simple et offrait autant de temps à Maria de rassembler ses idées en se permettant le luxe d'une boisson chaude par ce temps on ne peut plus frais ces temps-ci... Aspirant une goulée de ma propre boisson, je me penchais ensuite pour gratter derrière l'oreille de Rayna en lui arrachant un soupir de satisfaction, alors que j'attendais patiemment que Maria ne se mette à parler.

Rayna était bien des choses, mais stupide pour un animal, ça non. Elle savait quand on parlait d'elle et cette compréhension lui fit relever la tête joyeusement avant de battre des oreilles dans l'attente de plus amples données. La queue suivit le mouvement de battue lorsque la main de Maria vint flatter l'encolure et la tête de ma chérie. Mais quand elle comprit que rien ne viendrait après la caresse de mon amie, elle reposa sa tête entre ses pattes dans un jappement las, presque triste que la flatterie soit finie si rapidement et provoqua chez moi un petit rire alors que je réalisais juste à quel point elle calquais sur mon propre caractère.. Cet animal était vraiment roi dans la catégorie "impayable"...

CHEYENNE – « Oui, bon, elle a répondu pour moi. Moi je vais bien, autant que l'on pourrait espérer en tout cas. Et comme tu peux le voir, on en a une complètement perdue au pays des rêves alors que son chenapan de frère semble bien impossible à calmer... Je pense qu'il a faim.. »

Les derniers mots étant presque murmurés, songeurs, comme marqué par l'incertitude soudaine qui me prenait. L'instinct maternel s'était bien rapidement logé dans mon coeur, mais les pleurs d'Aidan me semblaient toujours plus difficiles à déchiffrer que ceux de sa soeur. Au moins aussi difficile à comprendre qu'avait apparemment pu l'être son père à mes yeux. Et en cet instant précis je crus reconnaître l'attitude typique d'un Holden affamé aussi profitais-je de la venue de la serveuse avec le cappuccino de Maria pour demander pour aller réchauffer le biberon que j'avais préparé. Je profitais de son absence pour observer Maria, lui offrant un sourire mais sans lâcher un regard sérieux sur mon amie, comme si je voulais lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas me cacher grand chose et qu'elle pouvait tout me dire. Mais rien ne vint.

CHEYENNE – « Et comment se porte ta grande famille à toi, Madame O'Malley ?? »

J'offris un sourire taquin à la mention du nom que je lui donnais, sachant pertinemment qu'elle continuait généralement d'utiliser O'Berkeley comme patronyme et non sans me souvenir du capharnaüm général qu'avait pu être l'union de mes deux meilleurs amis. Mémorable au possible, même si j'avais bien manqué de ne jamais y assister. Au moins, ce serait un anniversaire de mariage que nous ne risquions pas d'oublier la date. Jamais... Au moins tant que j'aurais à célébrer les anniversaires de mes jumeaux. Je pris Aidan dans mes bras pour le nicher contre moi alors que j'apercevais la jeune serveuse revenir avec ce que j'avais demandé. Elle m'informa avoir déjà vérifié la température et je la remerciais d'un sourire avant d'attendre qu'elle ne disparaisse au coin pour faire couler juste une goutte sur le plat de ma main. Ce n'était pas que je ne lui faisais pas confiance mais... Je ne lui faisais pas confiance, n'en avait aucune raison et préférait encore m'assurer moi-même que je ne risquais pas s’égosiller mon enfant. J'en étais toujours à prendre soin de mon fils lorsque le silence de Maria se fit soudainement insupportable, et que je ne pouvais plus d'attendre qu'elle ne se mette à m'expliquer pourquoi nous étions là. Dans une ironie du sort qui ne m'échappa guère, je réalisais que cette fois, c'était elle qui semblait avoir une attitude secrète et évasive alors que j'étais l'amie qui comprenais qu'il y avait un problème et qui ne pouvait être patiente assez pour savoir de quoi il en retournait et tout faire pour me montrer supportive de mon amie et agir du mieux que je pouvais pour l'aider à arranger les choses. Mais je ne pouvais rien faire de cela si je ne savais rien...

CHEYENNE – « Allons Maria, nous sommes deux ici à savoir que tu ne m'aurais jamais donné rendez-vous ici si c'était simplement pour parler de la pluie et du beau temps. Que se passe-t-il ? »

L'instinct me poussait à tendre la main pour m'emparer de la sienne, mais avec Aidan posé sur un bras et le biberon dans l'autre main, le geste restait impossible. J'espérais donc convertir par le regard tout ce que je voulais faire comprendre et offrir à Maria le courage nécessaire pour faire ce pourquoi elle était venue... Quoiqu'elle ait à m'annoncer...

« Please don't make this go on forever »

Il ne fallait pas être devin pour comprendre que le minime "ça va" que j'eu en réponse à la question posée sonnait faux. Qu'il dissimulait bien plus que ce qu'elle ne laissait paraître et le regard "je-sais-tout" que je lui adressais en teintant mon expression d'une légère accusation parvint, je l'espérais, à lui faire comprendre qu'elle ne m'avait pas bernée. Mais je ne me montrais pas garce, plutôt compatissante et -tant que possible- compréhensive, aussi laissais-je le mensonge tomber pour l'instant. Je me réservais une carte "petit mensonge" pour la prochaine vérité que j'aimerais éviter de partager avec elle. Mais je ne pouvais réellement taire la frustration qui naissait en moi et qui donna vie à une exclamation verbale qui sembla affecter Maria plus que je ne l'avais désiré. Je voulais qu'elle parle, pas qu'elle se mette à pleurer.... et sûrement pas à cause de moi. Marmonnant quelques plates excuses à mon amie dans l'espoir de calmer quelque peu la lueur affolée que prenait soudainement son regard, comme si elle aurait donné n'importe quoi pour se trouver partout sauf ici, je m'avançais légèrement, déposais le biberon sur la petite table avant d'avancer ma main sur la sienne et de murmurer quelques mots.

CHEYENNE – « Hey, écoute je suis désolée. Je me suis emportée mais tu sais... Tu sais que je suis là pour toi, hein? Quoi qu'il se passe, on règlera ça. »

Je plongeais mon regard dans le sien au moins assez longtemps pour qu'elle puisse y trouver un peu du réconfort qu'elle avait su me montrer lorsqu'Andrew s'était envolé. Je n'étais probablement pas aussi douée avec les mots qu'avait pu l'être le prof de théâtre, mais j'espérais au moins qu'un peu de ce que je disais, pensais, et partageais par le regard la rassurait et l'encourageait à en venir aux faits. Maria n'avait jamais été le genre de femme à m'inviter dans un café aux antipodes de nos habitudes et préférences communes et si elle voulait me parler, je n'étais jamais qu'à un coup de fil de distance. Nous n'étions pas indisponible l'une pour l'autre, même si nos occupations respectives de mère nous prenait énormément de temps. Peut-être un peu plus pour moi, en qualité de mère célibataire. Maria pouvait au moins compter sur l'aide d'Edward pour gérer l'enfance des petits, là où je devais me débrouiller seule autant que possible. Je lui offrais un dernier sourire, secouant doucement sa main en espérant que mon attitude parle bien plus que les mots de réconfort que je ne parvenais pas à prononcer par crainte qu'ils ne soient mal pris. Mais si serein fut le moment, il fut bientôt interrompu par Aidan qui réclamait une nouvelle fois mon attention, me forçant soudain à me désolidariser de Maria avec une expression contrite sur le visage et récupérer le biberon pour le porter à ses lèvres.

CHEYENNE – « Excuse-moi. Juste... Une seconde. »

Je souriais légèrement malgré ma retraite et quelques minutes à peine suffirent pour que je recommence à nourrir mon enfant qui semblait soudainement bien plus ravi d'être redevenu le centre de mon attention. Ces hommes, dans le fond ils étaient tous les mêmes. Nourris et logés et petits chéris de dames qui ne demandaient qu'à satisfaire à leur besoin... l'idéal masculin. Maria, elle, devait profiter de la distraction pour se renfermer derrière le mur que j'avais tenté de briser; je connaissais mon amie, je savais que quelque chose la travaillait et je voulais absolument qu'elle puisse se confier à moi. Les secrets difficiles étaient comme des pansements, il ne fallait pas tirer petit à petit mais d'un seul coup et souffrir une seule fois plutôt que faire durer l'agonie. Je ne savais pas réellement si quelque chose n'allait pas, mais je le ressentais. Tout son langage corporel le hurlait, laissant paraître à peine le malaise qui empreignait le moindre de ses mouvements. Maria sauta sur l'occasion lorsque mon attention divergea à nouveau sur Aidan, me penchant juste une seconde pour faire une grimace taquine et attirer le regard de mon fils pour changer de sujet et de nous lancer sur autre chose. Au moins, peut-être que parler de moi pourrait la retirer quelques instants des tracas et, si je ne pouvais rien faire d'autre, c'était bien le minimum que je puisse lui offrir.

CHEYENNE – « Oh, plus petits monstres qu'anges, ces temps-ci. Si tu savais ce que je ne donnerais pas, parfois, pour une bonne nuit de sommeil. Au moins j'ai un petit avantage dans le fait que si l'un pleure cela ne réveille pas automatiquement l'autre -ne me demande pas comment, je ne pourrais le dire. Je me dis sans cesse que j'aurais pu avoir pire comme situation, avoir deux véritables monstres à temps plein mais je n'ai véritablement pas trop à me plaindre de ces deux-ci. Ils sont en bonne santé, moi aussi, je n'ai pas à me plaindre de ma qualité de vie et leurs grand-parents devraient arriver en ville dans une semaine pour la première rencontre. Je n'ai pas à me plaindre... »

Je gardais sous silence le commentaire qu'avait eu Maria à propos de l'affinité entre son fils et Edward. N'ayant personnellement pas eu l'occasion de présenter mes enfants à leur géniteur, je ne pouvais pas véritablement suggérer à mon amie que la situation était normale. Que ce genre de chose arrivait, parce que ma situation en était la preuve vivante... Non. Tout ce que je pouvais faire, c'était me taire et éviter de dire des conneries, laisser Maria s'émerveiller tant qu'elle semblait en avoir besoin et ajouter juste un unique détail au tableau avant de pouvoir véritablement dire que tout s'arrangerait sur le moment.

CHEYENNE – « Tu veux la prendre à bras ? »

Je faisais allusion à la dernière membre de ma petite famille qui semblait presque oubliée dans son coin. Son frère ayant apparemment décidé qu'il avait assez de son biberon n'attendait plus que je le pose sur mon épaule dans l'attente de l'éternel petit burp de digestion. Caitlin commençait à s'agiter et risquer de réclamer sa dose d'attention d'une minute à l'autre; je n'avais pas besoin de la voir pour le savoir, un peu comme un instinct maternel spécifique pour le caractère de ces deux jumeaux...

CHEYENNE – « Oh alleeeer, je suis sûre que tu en meurs d'impatience, marraine »

Elle ne voulait pas parler. Soit. Rien ne pouvait m'empêcher de me montrer taquine et espérer que mon sourire et ma bonne humeur ne la pousse à retrouver le moral à son tour et, qui sait, peut-être serait-ce juste assez pour la mettre suffisamment à l'aise et lui changer les idées. Peut-être parler. Peut-être pas. Mais si elle parlait et se soulageait d'un poids, nous en sortirions gagnantes. Tout comme nous le serions si elle passait un bon moment grâce à nous et parvenait à bannir les ténèbres de ses soucis dans un recoin de son esprit ne fut-ce que pour un instant. Gagnant-gagnant, je n'avais vraiment rien à perdre.... et l'idée même de la forcer à la confession m'agaçait. J'avais tenté l'affrontement direct et elle avait parvenu à esquiver. Peut-être que parler n'était pas la seule chose dont elle avait besoin, j'espérais juste que je puisse être celle en mesure de lui apporter. Et que, dans l'ignorance du fin fond de l'histoire, je ne commette pas de gaffe ce faisant...

« Please don't make this go on forever »

Quelque chose clochait, je le savais. Je le sentais, et juste la manière qu'a eu son regard de flancher une infime seconde alors je mentionnais aller bien envoya mon coeur dans un soupçon de panique qui ne me rendait que plus déterminée à découvrir le fin fond de l'histoire. Mais je n'avais jamais été le genre à forcer quoi que ce soit comme confession et la combinaison de savoir que 1) quelque chose clochait et que 2) Maria voulait en parler mais n'était pas prête à entamer la conversation me laissait complètement perdue. Et agacée. Et inquiète. Parce tous mes instincts me hurlaient que le souci était là, à portée de main et ma réaction première était de vouloir tout faire pour Maria mais si elle refusait de parler. Elle voulait, mais ne voulait pas en même temps et je venais à me demander si j'étais seulement bonne amie assez à ses yeux pour mériter la même confiance que j'avais eue en elle lorsque mes soucis à moi avaient fait surface.

CHEYENNE – « Tiens... »

Mes enfants n'étaient jamais qu'une distraction temporaire -je devrais avoir honte de les considérer ainsi!- mais je n'étais pas bien sûre de ce que je pouvais faire pour bien faire, quoi dire pour la rassurer, la réconforter, ou la faire rire. Avant qu'Andrew ne me foute en l'air j'y serais parvenue sans le moindre problème, mais maintenant cela se comparait presque aux douze travaux d'Hercules. Ma fille fut bientôt logée dans les bras de sa marraine, levant ses grands yeux vers la femme qui la tenait à bras et soulevant l'un des siens afin de piéger sa petite main dans la chevelure de Maria. Je n'avais pas vraiment eu l'occasion de les voir toutes les deux ensemble bien souvent, hormis lorsque Maria me présenta mon fils à Dublin alors qu'Edward s'occupait de Caitlin, là où normalement cela aurait dû être Andrew qui se voit confié nos nouveaux-nés pour qu'il s'approche de moi, me congratule et nous félicite pour notre famille. Mais cela avait été le néo-couple O'Malley qui avait eu droit à l'honneur et à l'exception de deux ou trois rencontres que nous avions eu depuis (dès mon retour d'Irlande, et occasionnellement après coup), je n'avais pas réellement passé de temps dernièrement avec Maria. En partie parce que je cherchais à voir comment je me débrouillais sans avoir l'impression de les avoir prêts à m'aider 24/7, parce qu'ils avaient paraît-il leurs propres soucis et parce que les rares fois où j'avais un moment de temps libre dernièrement, je le passais en compagnie de Logan. Mmmh... Moui, on va éviter de tergiverser à ce propos. Je préférais bercer mon fils pendant que ma fille profitait du même traitement de faveur de la part de sa marraine. J'aurais sans doute dû prendre un appareil photo avec moi, elles étaient adorables. Et pourtant, Maria n'était pas totalement elle-même. Je pouvais le voir dans la manière qu'elle avait de baisser le regard sur le visage de ma fille, ce fantôme soucieux qui voilait ses yeux juste un peu plus maintenant qu'ils se posaient sur l'enfant. Quelque chose sombra en moi, mon coeur cessa juste un instant alors que des scénarios fous faisaient irruption dans mon esprit. De dépit, je me renfonçait contre le dossier de ma chaise et j'observais le duo en tentant par tous les moyens de ne pas me laisser aller à mon imagination débordante. Mais tous les signes étaient là, sa réaction quand je parlais de la santé saine de ma famille, son émotion alors qu'elle baissait les yeux sur ma fille. Cela ne pouvait pas vraiment être autre chose, si ??

CHEYENNE – « Il est arrivé quelque chose aux enfants ... A Edward ? Il s'est passé quelque chose... »

A chaque phrase, sa pause. L'observation des expressions faciales de Maria alors qu'elle ne rencontrait pas encore mon regard, cherchant une piste me laissant savoir que j'étais sur le bon chemin. L'une et l'autre proposition ne sembla pas faire réagir Maria, mais lorsque je mentionnais que quelque chose s'était déroulé, c'était tout autre. Je ne connaissais pas vraiment la famille de la directrice, aussi si mentionner les enfants ou Edward n’avait rien provoqué, il ne restait véritablement qu’une seule autre alternative.

CHEYENNE – « Il t'es arrivé quelque chose à toi »

J'avais presque peur de la voir réagir, mais je n'étais pas stupide et il ne fallait surtout pas que Maria s'imagine avoir à me protéger de quoi que ce soit. Les amis n'étaient pas là que dans les meilleurs moments d'une vie et j'espérais qu'elle s'en rappelerait sans que je n'ai à le lui rappeler.

CHEYENNE – « Maria ? »

Je n'étais pas sûre de ce que j'espérais le plus. Qu'elle nie mes assomptions ou bien qu'elle m'explique sur le champs (ou vite, en tout cas) pour m'éviter de me faire des idées extravagantes sur ce qu'il se passait. Machinalement, je rapprochais mon fils de moi pour le câliner doucement et Rayna sembla réagir qu'il se passait quelque chose puisqu'elle s'assit soudainement avant d'aller poser sa tête sur le genou de Maria. Si même l'animal le percevait, c'est que je ne pouvais pas me tromper tant que ça, si ?

Lord, qu'elle dise quelque chose, le silence me tuait !