THE EMBARCADERO

SWANN & LUX '

« Sachez que dans la vie l'homme doit traverser un pont très, très étroit, mais ce qui est essentiel, le plus essentiel, c'est qu'il n'ait pas peur. Pas peur du tout. »

Lux était à San Francisco depuis quelques mois désormais. Elle avait eue le temps de se familiariser à la ville, d’y prendre ses marques. Tout ici, était différent de Los Angeles, beaucoup moins surfait, et ce n’était pas pour lui déplaire. Lux aimait l’histoire de cette ville, sa période hippie dans les sixties, la drogue, le sexe, et la musique. Elle aimait croire que rien n’avait changé, mais elle voyait bien que le monde avait évolué, les gens d’aujourd’hui n’étaient plus les mêmes. Sans pour autant les détester, elle s’était déjà surprise à mépriser certains des étudiants qu’elle avait croisés sur le campus. Des personnes fières, imbues de leurs petites personnes, sans valeurs, sans convictions, une jolie boite sans rien dedans. Malgré tout les cours se passaient vraiment très bien, les professeurs étaient formidables. La chimie, sa passion, mais aussi son gagne pain. Elle travaillait sans cesse sur de nouvelles pilules qu’elle pourrait revendre à prix d’or. Depuis quelques mois, elle avait même quelques clients réguliers, et de nouveaux arrivés chaque mois. Son business marchait plutôt bien, les gens aimaient toujours autant faire la fête mais ils devenaient plus soucieux de leur santé. Par conséquent, ils étaient prêts à payer une pilule le double du prix si ils étaient surs qu’elle ne soit pas coupée avec des merdes, produits ménagers, engrais, tout ce qui pouvait en soit défoncer le crâne mais qui était aussi bien plus dangereux. Le genre de pilule de MDMA, d’un trafic sordide, dealer, chef de bande, de la marchandises arrivée d’on ne sait ou. Elle proposait le must, du haut de gamme, la meilleure drogue de tout San Francisco, elle ne se gênait donc pas pour se faire une « petite » marge sur la production. Parmi ses clients, elle comptait pas mal de fils à papa, de grands fetards à qui l’ecstasy rendait la vie encore plus facile et fabuleuse ; mais lorsqu’elle recroisait ses mêmes types sur le campus elle ne les connaissait plus, ils redevenait de simples étudiants. Lux refusait de mélanger son business et ses relations d’étudiantes. Il y avait toujours le risque de la police, et elle n’avait pour le moment aucune solution si quelqu’un venait à la balancer, mais ce n’était dans l’intérêt de personne. Et puis Lux, était une fille intelligente, elle savait que chaque problèmes avait sa solution, il suffisait juste de la trouver. Elle se souvenait du nombre de fois ou elle s’était sortie de plans tordus avec Zak, ses nuits passées en garde à vue à Los Angeles, ses courses poursuites dans la nuit. Les réveils sur la plage de Santa Monica, une bouteille à la main. Elle aimait ses souvenirs, cette sensation de puissance sur le monde qu’ils procuraient, et surtout le souvenir de Zak. Comment pourrait elle l’oublier ? Le cancer l’avait emporté et elle refusait de l’accepter, et c’était pour cette raison qu’elle avait décidé d’étudier la chimie, ici, dans l’une des meilleures universités au monde. Elle avait les compétences intellectuelles suffisantes pour, et une bourse sans laquelle elle n’aurait jamais mit les pieds ici.

Malgré tout, tout n’était pas si parfait à San Francisco. Il y a deux jours, Lux avait reçu un sms d’un type. Un sms pas vraiment sympathique, il prétendait dealé lui aussi, et souhaitait la rencontrer pour parler business. Lux avait accepté ce rendez vous tordu, pour deux raisons, le danger ne lui faisait pas peur, et elle avait toujours était incroyablement curieuse. Elle voulait savoir ce que ce mec lui voulait, et si ses propositions lui permettrait d’arrondir d’avantage ses fins de mois. Lieu du rendez vous, sous un pont près de l’embarcadère pour Alcatraz, endroit quasiment désert donc, discret qui plus est, le tout à 19 heures. Lux soupira, sachant que le point de rendez vous se trouvait à l’autre bout de la ville, elle arriverait sans doute en retard, mais c’était une chose courante chez elle. Indépendante, elle se fichait de déplaire, de paraître impolie, et pire encore elle ne supportait les obligations. Elle sortie de la douche, enroula une serviette autour de sa taille et s’habilla en vitesse, une robe noire plutôt courte, une paire de boots et une veste en cuir noir. Ses longues mèches blondes tombaient en cascade sur ses épaules et sa poitrine, elle passa rapidement un trait de rouge à lèvres sur sa bouche et quitta son appartement modeste qu’elle louait depuis la rentrée.

A bord de sa Mustang noire, un vieux modèle des années 70, hérité de Zak elle parcourue la ville. Elle n’avait pas les moyens de se payer une telle voiture, elle aurait pu la revendre et se faire de l’argent, mais elle ne pouvait pas. S’était un objet sentimental ; elle avait appartenue à Zak et il lui avait offerte avant de mourir, de toute façon elle l’adorait, et elle savait qu’elle faisait pas mal de jaloux. Avec une demie heure de retard elle arriva devant le fameux Embarcadère. Elle gara sa voiture sur le bas cotés, et sortie du véhicule. Elle cherchait le pont que l’homme avait cité dans son message et s’alluma une cigarette. Elle traîna des pieds, et descendit les escaliers qui menaient à une sorte de pont sordide en contre bas. Le genre d’endroits dégueulasse ou l’on retrouve des cadavres dans les séries policières. Du haut des marches, elle pouvait déjà sentir l’odeur d’urine mêlée à celle des déchets qui étaient jonchés ici. Repaire de SDF, coin ou les jeunes allaient discrètement fumer et descendre quelques bières, en clair elle aurait préféré un rendez vous dans un bar sympa, mais la discrétion était de mise. De plus, elle était certaine que son interlocuteur ne lui voulait pas que du bien, après tout, elle devait forcement lui voler quelques clients. Une raison suffisante pour la tuer ou la tabasser ? Après tout pour certains il en fallait bien moins que ça. Malgré tout elle n’avait pas peur, la vie lui avait fait vivre des épreuves bien pires, bien plus éprouvantes et traumatisantes que ça, elle se sentait forte, invincible, elle s’était tellement renforcée ses derniers mois, le Mexique lui avait fait un bien fou. Arrivant bientôt en bas des marches, et ne voyant toujours personne elle articula.

- Hé, y’a quelqu’un ?

Le tout, avant de jurer quelques insultes sur la « propreté » des lieux et l’odeur qui y régnait. Elle tira frénétiquement sur sa cigarette, arrivant sous le pont.

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