the great escape
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The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall}

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MessageSujet: Re: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} - Page 2 EmptyLun 12 Déc - 9:31

    The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} - Page 2 1761661118082460

    Toujours assise en face de Van Stexhe, je l’écoutais parler de son stylo et plus ça allait plus je me demandais ce que je fichais ici. Aujourd’hui n’était pas un bon jour et à bien y réfléchir je n’étais pas d’humeur à écrire, surtout à propos d’un fichu stylo. Et puis un professeur qui raconte sa vie, même si ce n’est pas forcément en entrant dans les détails, ça me met mal à l’aise. Malgré tout, comme je suis bien élevée, je ne dis rien et fais mine d’être absorbée par les parole d’Alcide, comme si ce qu’il me racontait m’intéressait vraiment. En règle général, je ne suis pas du genre à me fiche complètement de ce qu’on me dit, j’essaye toujours d’apporter de l’importance aux gens qui me parlent, ne serait-ce que par respect, mais cette après midi je ne cesse de me déconcentrer, je n’arrive pas à garder mon attention sur quelque plus de quelques minutes. C’est très désagréable… Je n’ai pas envie d’être prise en grippe par un prof juste parce qu’un jour où j’avais d’ailleurs tous les droits d’être perturbée, je ne l’ai pas écouté et qu’il l’a remarqué et que ça l’a blessé dans son amour propre ou quelque chose dans ce genre là. Je devais à tout prix essayer de paraitre calme et attentive.

    Je n’écoutais que d’une seule oreille, et ma concentration n’était pas terrible, aussi je revins à moi lorsqu’il parla (de manière très brève) de son mariage à Vegas et de son annulation dès le lendemain. Dans le genre cliché, difficile de mieux faire. Je paris qu’il devait être bourré et qu’il avait épousé une stripteaseuse rencontré le soir même, elle aussi devait être bourrée. Passer devant Elvis plutôt que devant monsieur le curé, c’est d’un chic! Franchement, je ne sais pas si c’est parce que je me suis mariée jeune et par amour, mais les mariages expresse ont le dont de m’énerver, surtout quand certains le font juste «pour délirer» j’ai l’impression qu’on réduit le mariage à une simple blague, et je trouve ça tout bonnement ridicule! Lorsque j’ai accepté de me marier, je l’ai fait parce que j’étais sûre que l’homme qui me le demandait était le bon, parce que j’étais amoureuse de lui et parce que l’idée d’être sa femme me rendait fière rien que d’y penser. Le jour J fut magnifique et même s’il a fallu beaucoup de préparation pour finalement une célébration qui elle ne dura pas si longtemps que cela, j’en garde un souvenir magique, et c’est sans aucun doute l’un des plus beaux jours de ma vie. Alors entendre que certains épousent le ou la première venue, qu’ils sont unis par un gros lard habillé en Elvis et qu’au lendemain matin ils n’en ont pas plus aucun souvenir et que tout ce qu’il peuvent vraiment constater c’est qu’ils ont la pire gueule de bois du siècle, oui, ça m’énerve. Je trouve que c’est un manque de respect total pour une tradition vieille de plusieurs millions d’année. Rien que d’y penser, ça me rend dingue, et visiblement aujourd’hui n’est pas le jour où il est bon de me parler de ce sujet. Je ne pu donc m’empêcher d’afficher un visage quelque peu endurci. Les sourcils légèrement froncés, je m’éclaircis la gorge avant de sourire, gênée. «Excusez moi, hum… Je ne me sens pas très bien.» Je me mis debout d’un bond, et lui adressa un dernier regard, les yeux brillants. «Je reviens dans un instant.»

    Aussitôt dit, je me mis à courir pour sortir d’ici. Il y avait des toilettes juste à l’entrée de la bibliothèque, je poussais la porte espérant qu’il n’y ait personne. Dieu merci, c’était le cas. Je tournis le verrou pour empêcher que qui ce soit de rentrer. Et me fixant dans la glace j’éclatais en sanglots. Appuyée sur l’évier, je baissais la tête pour ne pas avoir à observer ma propre personne dans un tel état. Il fallait que je me reprenne. Ryder allait bien, j’en étais persuadée. Il était parti, mais il allait revenir. Je ne devais pas pleurer, je ne devais pas avoir peur, tout allait bien se passer. Je laissais mes larmes couler le long de mes joues, avant de me redresser et de m’observer dans le miroir. Les yeux rouges et humides, je ne ressemblais plus à rien. Heureusement que je ne portais que du maquillage waterproof, autrement ça aurait été un véritable carnage. J’ouvris le robinet et passa mes mains sous l’eau avant de me les plaquer sur le visage. Comme une petite fille après un énorme chagrin, je suffoque sans pouvoir me contrôler. Je me sens bête mais surtout malheureuse. Je n’ai pas envie de retourner voir le prof, ni de devoir lui parler de mon pendentif, ni de l’écouter me parler encore un peu plus de son stylo. J’ai envie de rentrer à la maison, d’appeler ma mère, de regarder Dirty Dancing et de manger un pot entier de glace cookie dough de Ben & Jerry’s. Pourtant je devais bien y retourner, j’avais laissé toutes mes affaires sur place et puis Van Stexhe devait certainement être inquiet pour moi, vu comment j’étais partie en courant et en disant que je ne me sentais pas bien… Je pris donc un instant supplémentaire pour me calmer. Prenant de grand inspirations et expirations, je me sentais déjà plus calme et posée. Encore une seconde et je serai prête à y retourner et à affronter les regards de mon professeur et éventuellement des autres élèves, bien que je ne fusse pas certaine qu’ils m’aient vue partir.

    Lorsque je revins à ma table, le prof y était encore assis, je lui fis un petit sourire tout en m’approchant. «Excusez-moi pour ça. J’avais vraiment besoin d’un peu d’eau fraiche, je me sens beaucoup mieux maintenant.» Bon je mentais, mais il n’avait pas besoin de le savoir, et puis c’était à moitié vrai, je me sentais légèrement plus détendue. Bon j’étais toujours bouleversée et tout et tout, mais j’espérais qu’il serait assez intelligent pour ne pas m’interroger sur quoi que ce soit qui venait de se passer. Mes yeux étaient encore rougis lorsque j’avais quitté les toilettes et je ne doutais pas qu’il puisse deviner que j’avais pleuré, mais ça arrive à tout le monde d’avoir un jour sans non? Il comprendra je pense. Je vis quelques têtes se tourner vers nous, mais je n’y prêtais pas une grande attention. Au diable les autres élèves, si je m’occupe de ce que chacun pense, je ne vis plus. Alors tant pis si c’est j’ai l’air ridicule, mais ils ne me connaissent pas, ne connaissent pas ma vie non plus et leur avis ne changera rien à mon existence.

    «Hum… On en était où déjà?»
    Je savais très bien où nous en étions resté, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre pour reprendre le fil de notre conversation. «Ah oui, vous me parliez de votre stylo avec lequel vous avez signé tout un tas de papiers…Enfin je veux dire des papiers importants et officiels qui sont probablement très significatifs.» Devais-je lui poser plus de question? Ou bien était-ce à mon tour de parler de mon pendentif? Comme je n’en avais aucune idée j’attendis que quelque chose se passe, puis je me décidais à ouvrir la bouche de nouveau. «C’est un joli stylo, probablement trop cher pour ce que c’est, mais on ne peut pas nier qu’il est très classe.» Parler pour ne rien dire. De mieux en mieux! Je mis ma main sur mon collier et leva les yeux vers Alcide. «Ce pendentif ne me quitte jamais, je le porte tous les jours et si jamais j’oublis de le mettre j’avoue que c’est toujours un petit drame. Mais ça n’arrive pas souvent que j'oublis, alors … Comme je l’ai dit, c’est un cadeau de mon père, il me l’a offert lorsque nous venions d’emménager à Santa Barbara, c’était notre premier noël loin de l’Angleterre et la neige manquait à l’appel, j’en étais malade… Mon père m’a offert ce magnifique bijoux en guise de réconfort mais aussi pour que je pense toujours à lui-même quand il était loin de moi. C’est en quelque sorte un grigri. Je ne sais pas, disons que l’avoir sur moi me rassure et me donne du courage. Je sais que c’est bête à dire et donc ridicule à entendre, mais c’est ce que je ressens.» Une fois de plus je me sentis gênée mais je masquais mon état d’esprit en souriant. Je ne savais pas trop quoi ajouter à cela, je ne voulais pas non plus entrer dans des détails trop précis, je n’avais aucune envie de me dévoiler complètement à ce professeur que je venais à peine de rencontrer. Il n’avait d’ailleurs pas besoin de tout savoir en détails pour écrire à propos de mon pendentif, d’ailleurs il ne s’était pas non plus trop dévoilé même s’il avait donné pas mal de petits détails dont je n’aurai jamais eu connaissance si ce n’était pas pour ce travail.
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    Avoir accepté de travailler en binôme avec une étudiante, ce n’était pas forcément mauvais à la base, mais il était évident que cela poussait Alcide à mobiliser sa propre histoire, en effectuant un tri sélectif pour ne pas en dire trop et pour ne pas en dire trop peu non plus. Alors il avait commencé à parler, exposant des faits, en n’émettant que très rarement des opinions. Pourtant, il savait pertinemment que c’était avec des émotions, des sentiments, des avis et des pensées personnelles que l’on pouvait mieux « accrocher » son public. Il savait que son récit était un peu fade en ce sens, puisqu’il manquait de tout cela et ne comportait que très peu d’anecdotes, mais il savait surtout que ce côté fade allait éviter d’encourager Kendall à l’interroger plus, à chercher à connaître des détails.
    Pourtant, il fallait bien avouer que l’homme avait ressenti un petit pincement au cœur en parlant de son mariage avec Brooke Rowen-Glaswell… Il avait réduit cet épisode à sa plus simple expression, se contentant de raconter ce que tout le monde dans l’université californienne connaissait déjà… Voilà pourtant bien un sujet sur lequel van Stexhe aurait aimé pouvoir s’étendre davantage… Il aimait parler de la jeune et jolie professeure de mathématiques appliquées. Elle l’inspirait, en quelque sorte, avec son magnifique sourire, sa chevelure blonde – qui semblait parfois avoir des reflets rappelant l’or le plus pur – et sa personnalité hors du commun… Il était dommage qu’Alcide ne puisse pas raconter en long et en large tout ce que lui inspirait cette délicieuse Brookje, comme il se plaisait à l’appeler. Car il l’aimait encore et toujours… ou plutôt, non, il avait commencé à l’aimer après ce mariage, petit à petit, et maintenant, il était complètement accro… mais n’avait pas le moindre espoir de concrétiser ce rêve qu’il trouvait lui-même un peu ridicule – cela faisait tellement « adolescent attardé » ! la honte – et malsain, puisque Pacey-Danyaël avait avoué à son père biologique les sentiments qu’il cultivait pour la belle. Père et fils amoureux tous les deux de la même femme… La seule issue possible était le sacrifice de l’aîné, c’était ainsi que van Stexhe avait réfléchi et c’était pour cela qu’il n’avait nullement essayé quoi que ce soit de plus.

    Tout cela, Alcide avait tout le temps d’y penser lorsqu’il était seul… même si, pour une fois, il avait quelque peu envie de se laisser tenter, d’essayer d’en dire plus sur un sujet qui le travaillait continuellement… c’est sans doute pour cela qu’il ne remarqua pas tout de suite le malaise de sa jeune interlocutrice. Il fallut attendre que la jeune femme lui dise qu’elle ne se sentait pas bien, qu’elle se lève et qu’elle s’éloigne pour que le quinquagénaire mesure pleinement l’ampleur de tout ce qu’il avait sur le cœur et la nécessité d’en parler à quelqu’un… mais Kendall s’était éloignée, d’un pas rapide, pour sortir de la salle, laissant le professeur planté là, plongé dans ses pensées et ses souvenirs… Il n’était plus en état d’écrire, à vrai dire, il lui fallait laisser son esprit vagabonder un peu pour pouvoir ensuite prétendre essayer de tenir un stylo pour couvrir d’encre quelques centimètres ou quelques pages, selon l’inspiration…

    L’homme est un être complexe. Capable du pire comme du meilleur. Mais une attitude se retrouve en tout être, l’égoïsme. Même la personne la plus altruiste au monde est un être égoïste. Car l’homme ne fait rien pour rien. Il aidera ses congénères pour de l’argent, pour effacer une dette ou même simplement pour un sourire, pour de la reconnaissance. C’est pour cela qu’une personne altruiste est elle aussi égoïste. Certes, elle ne demande rien de matériel en échange de son geste. Non, ce qu’elle attend, ce qu’elle espère qu’on lui offre, c’est un sourire, un merci qui prouve notre reconnaissance. Elle est récompensée par le fait qu’on reconnaît son existence, et que l’on parle en bien d’elle autour de nous. Une attitude si naturelle qu’on ne voit pas qu’il s’agit là de sa récompense. Et que la personne concernée ne se rend même pas compte que c’était là ce qu’elle attendait en aidant autrui. Mais si, par hasard, elle n’est pas remerciée pour son geste, regardez bien sa réaction. Son visage se crispera de colère et elle pensera que son "débiteur" est une personne ingrate et inintéressante. Preuve, s’il en est besoin, que tout homme est égoïste. Un être égoïste est, donc, régi par ses désirs. Désirs qui mèneront parfois l’homme à sa propre perte.

    Le professeur savait cela. Il n’était pas dupe. Même si sa vie ne lui semblait plus dédiée qu’à sa survie, qu’à protéger son petit monde, il savait qu’il était égoïste. Comment ne pas l’être quand vous protégiez un monde entier – même si ce dernier était tout de même moins important en taille que n’importe quelle communauté – de tout votre être simplement par désir de ne jamais le voir mourir ? De ne pas le voir souffrir, changer ou pire, quitter votre vie pour toujours. Le quinquagénaire protégeait les secrets de sa vie passée pour qu’elle reste à ses côtés, pour qu’elle reste sa Lumière et qu’elle le considère comme indispensable. Et c’était pour cette même raison qu’en sa présence il se laissait aller à ses sentiments, parce qu’il savait que son attitude de sociopathe éloignerait sûrement cette magie nostalgique de lui. Et ça, le ténébreux professeur de psychologie ne le permettrait jamais. La simple évocation de cette éventualité envoyait des courants électriques dans tout son être, libérant des effluves de désespoir mais surtout de rage. Alcide le savait, il ne laisserait pas partir sa vie facilement. Il serait même capable de tout détruire sur son passage pour la récupérer. Car cette magie était la seule chose qu’il ait daigné épouser, d’une certaine manière, c’était sa moitié – passons pour le moment le mariage avec Brooke. Elle était la Lumière de ses Ténèbres. Son obsession, son amour impossible. Et jamais il ne la laisserait, pas sans un combat, qu’il soit mental, physique, verbal ou les trois à la fois lui importerait peu. Il utiliserait simplement tous les moyens qu’il possédait.

    Mais heureusement ce jour n’était pas encore arrivé et van Stexhe espérait bien que ce jour n’arriverait jamais. Seul l’avenir le dirait, cependant il ferait tout son possible pour qu’il aille dans la direction qu’il voulait. Mais il ne pourrait que contrôler une infime partie de son chemin. Il lui faudrait donc faire comme d’habitude, réagir en fonction des événements, faire face aux imprévus et les tourner à son avantage. Si cela était possible.

    Pour le moment, l’enseignant parcourait pour la énième fois les interminables méandres de son esprit, promenade qui n’était pas sans lui rappeler ses déambulations nocturnes dans les couloirs du collège jésuite où il avait fait ses études secondaires. C’était d’un ennui inimaginable, mais au moins cela le promenait. Comme aurait dit son colocataire de l’époque, il faisait du sport ainsi. Le sport… c’était loin d’être sa passion. Il n’était pas mauvais dans les différentes disciplines sportives qu’il avait dû suivre étant plus jeune, mais il manquait de motivation et préférait de loin le sport cérébral. En effet le sport s’associait souvent à un esprit de compétition. Le besoin de gagner contre son opposant, qu’il s’agisse d’un individu ou d’une équipe. Mais si au début le petit Alcide se fichait de gagner ou de perdre, en grandissant, il avait dû développer une véritable rage de vaincre. Cependant, aujourd’hui, il se cantonnait aux sports intellectuels, exceptions faites de quelques nécessités pour rester en forme. Les échecs. Les jeux de logique… Pour le reste, remplir la tâche demandée était sa seule raison de participer aux divers jeux sportifs. De toute manière il ne voyait pas en quoi c’était si important de gagner. Certes, un sentiment de fierté vous habitait en gagnant un match difficile, mais pour combien de temps ? Quelques minutes ? Quelques heures au grand maximum. Il éprouvait une fierté bien plus intense et bien plus durable en faisant travailler son intellect. Enfin, il s’éloignait du sujet.

    Van Stexhe avançait en direction de ses souvenirs et ne rencontra que peu de personnes sur sa route. En effet les fantômes du passé préféraient se regrouper dans les bars, c’était l’idée que l’homme se faisait de l’oubli. Des terrains connus en somme, où ils se sentaient à l’aise et pensaient qu’il y avait moins de risque pour qu’ils se fassent agresser en ces lieux. Les idiots. La mort ne se limitait pas au nombre, à l’heure et encore moins à l’endroit. Quand elle voulait quelqu’un, elle se l’accaparait. On avait beau lutter, si elle ne souhaitait pas être clémente et nous laisser vivre encore un peu, elle nous aspirait dans l’au-delà. Fous étaient les êtres qui pensaient pouvoir la défier et la faire reculer. Si l’on survivait à son attaque c’est qu’elle s’était montrée charitable. Alcide le savait. Lui-même avait pu y échapper jusqu’ici. Mais ceci était une autre histoire.

    Maintenant que le cours n’avait plus lieu pour lui, étant donné le départ de sa partenaire, qu’il se sentait pris au piège comme un rat dans cette salle de la bibliothèque universitaire, le temps n’avait plus d’importance. Il était inutile de se presser, il était impossible d’éviter le destin en se précipitant. De plus, si on se pressait de réaliser tous nos désirs par crainte de mourir avant que cela ne soit fait, on risquait de se précipiter dans le gouffre du désespoir. Car si au final on ne mourrait pas ? Que nous resterait-il alors à faire ? Nous aurions déjà réalisé toutes nos envies. Or, l’homme est fait de telle manière que ce sont ses envies qui le poussent à vivre. Quand il réalise toutes ses envies, il meurt. Pas physiquement, mais mentalement.

    Oui, depuis cette chaise où il était resté assis, l’homme savait qu’il pourrait voir son reflet dans cette surface vitrifiée de la table qui lui renverrait l’image qu’il renvoyait à tout le monde ici. L’image d’un homme sombre, ténébreux, strict, sévère et fier quand il le fallait, mais humain et tout à fait disponible quand c’était nécessaire. Alors qu’il avait aussi tout à fait autre chose en lui. Si au moins la table fonctionnait comme le miroir du Riséd, dans Harry Potter, il aurait pu trouver quelque raison de vivre ici, d’espérer, peut-être…

    Ce fut à nouveau Kendall qui sortit l’homme de ses pensées, en réapparaissant auprès de lui et en s’excusant aussitôt. L’homme lui répondit d’un simple petit sourire et ne posa aucune question. Oui, elle avait les yeux un peu rouges, mais cela ne regardait pas l’enseignant, pas plus que les raisons de ce malaise soudain et inattendu. Il ne dit rien, laissant la jeune femme reprendre sa place et ses aises… et quand elle jugea que le moment était propice à un retour au travail, elle relança elle-même la conversation, embrayant presque aussitôt sur l’idée qu’elle se faisait de l’objet choisi par le professeur. Oui, l’objet était classe, oui, il coûtait horriblement cher… mais, à vrai dire, si Philippe van Stexhe avait offert à son fils un bête stylo en plastique, il l’aurait gardé tout aussi précieusement que celui-ci. Son père avait voulu marquer le coup, Alcide respectait cela, même s’il s’agissait d’une dépense plutôt inutile aux yeux du professeur de psychologie. Pendant des années, il n’avait acheté que des voitures d’occasion, le luxe de la nouveauté, il ne se l’était arrogé que récemment, avec sa belle Audi A7, mais c’était un cadeau qu’il s’était fait à lui-même, comme un gosse qui économiserait pendant des mois pour pouvoir s’acheter un nouveau téléphone portable. Pour van Stexhe, tant qu’un objet était fonctionnel – comprenez : tant qu’une voiture roulait, tant qu’un stylo écrivait – le reste n’avait aucune espèce d’importance. Le luxe, ce n’était que de l’artifice, de la poudre aux yeux…

    Et Kendall Carter Kingsley prit son tour de parole, expliquant les circonstances dans lesquelles elle avait reçu ce pendentif de la part de son père… Au fond, ce bijou traduisait à la perfection, à l’instar des paroles de la jeune femme, ce sentiment étrange qui lie un père à sa fille… en fait, Alcide aurait sans doute aimé avoir une fille. Il voulait des gosses, ça c’était une certitude, mais jamais il ne s’était posé la question du sexe des enfants qu’il voulait.
    Fille ou garçon, il en serait dingue, ça c’était certain, mais avoir une fille… Quand il s’imaginait avec une petite fille à la main, il avait l’impression de déborder d’amour. Il se voyait avec dans les yeux la même lueur que celle qui se trouvait dans ceux de Philippe van Stexhe, son père, lorsqu’il regardait Gwendoline. Les papas sont-ils toujours comme ça avec leur descendance de sexe féminin ? Il était clair que Philippe aimait éperdument sa fille… et quand Alcide voyait son beau-frère, Patrick, regarder Marie, il avait la même lueur dans les yeux, lui aussi…
    Alcide, lui, n’avait jamais connu cela. Sa mère ne le regardait pas avec cette lueur-là, elle avait plutôt tendance, trop souvent, à lui rappeler comment était Eric, ce qu’il faisait et qu’Alcide ne faisait pas… mais ce reflet d’amour fou, jamais il ne l’avait perçu dans les yeux de Kate Higgins…


    "Excusez-moi, Kendall, je peux vous poser une question ?" Oui, ça le turlupinait. Il ne trouvait pas ridicules du tout les propos de la jeune femme, il y voyait comme un débordement d’affection… "C’est de la simple curiosité personnelle… mais à vous entendre, j’ai l’impression que votre père est complètement fou de vous… Vous pensez que tous les pères ressentent cela pour leur fille ?"

    Le quinquagénaire espérait que Kendall verrait à peu près où il voulait en venir… il ne voulait certainement pas laisser entendre des jugements sur la relation père-fille de cette étudiante, mais il voulait tout simplement en savoir un peu plus sur ce lien qui peut lier une progéniture à son père. Encore une idée sur laquelle il aimait s’étendre, son désir de paternité…

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The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} - Page 2 1761661118082460

    Lorsque le professeur Van Stexhe m’interrogea, je fus d’abord surprise de sa question. J’avais du mal à voir où il voulait en venir ou s’il insinuait quelque chose. Je ne laissais rien paraitre et pris une moue penseuse, comme si son questionnement demandait une mûre réflexion. Après tout c’est un peu le cas, les relations père-fille, bien que toutes différentes, sont toujours plus ou moins compliquées à expliquer et ce qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Moi-même, j’ai toujours entretenue une étrange relation avec mon père, tantôt en admiration, tantôt en colère, je passais souvent de l’un à l’autre lorsque j’étais enfant. Cela dit une chose n’a jamais changé, c’était l’amour qui me lié à lui. Ma famille toute entière est comme cela, on s’aime et nous n’avons pas peur de le montrer. Mes parents m’ont élevé dans l’optique qu’il ne faut pas avoir honte de ses sentiments et qu’au contraire, il est même nécessaire, voire primordiale de les exprimer. Ainsi je n’ai jamais ressentit de honte à parler de ma famille et exprimer mon affection pour eux, pourtant j’ai souvent rencontré des personnes incapables de parler de leur parents sans employer un terrible vocabulaire ou sans les dépeindre tels d’horribles monstres sans cœur. Parfois même, j’ai rencontré des jeunes filles comme moi, qui n’avaient jamais dit «je t’aime» à leurs parents. Cette dernière chose me choquait toujours beaucoup, moi qui ne pouvais pas m’empêcher de toujours câliner mes parents lorsque j’étais enfant et encore moi me retenir de leur chuchoter «I love you to the moon and back» dans un français parfait que j’avais appris dès mon plus jeune âge. Justement, c’est à Paris que je suis née et c’est à Paris que j’ai passé ma première année. Mon père était parti dû à son travail de militaire, ma mère qui devait déjà s’occuper d’Oscar, mon frère né un peu plus d’un an avant moi, avait une peur bleue de donner naissance à sa fille sans être entourée. C’est pourquoi elle est allée chez ses parents, mes grands parents donc, qui vivent à Paris et c’est sur place qu’elle est restée jusqu’à ce que mon père rentre.

    FLASHBACK
    Blottie dans les bras de ma mère, âgée d’à peine quelques mois, je m’apprêtais à rencontrer mon père pour la première fois. Maman tenait Oscar par la main, mon frère n’était lui-même pas beaucoup plus vieux, il devait avoir dans les deux ans un peu passés. Et pourtant, malgré son jeune âge il s’avait très bien ce que nous faisions dans cet aéroport de Paris, Charles de Gaulle. Il mourrait d’envie de sautiller dans tous les sens mais la fermeté avec laquelle maman le retenait, l’empêchait de bouger. Elle était nerveuse, elle avait peur que je pleure au moment où elle me mettrait dans ses bras et cette pensée lui donné de l’appréhension car elle savait très bien que mon père attendait beaucoup de ce moment. Il lui avait de nombreuses fois répété qu’il n’attendait qu’une seule chose, me serrer contre lui et m’embrasser sur mes petites joues rebondies. Maman était cela dit ravie et plus encore de revoir son mari qui lui avait tant manqué, elle était impatiente de l’apercevoir et d’observer le visage d’Oscar s’émerveiller à la seule vue de son père.
    Lorsqu’elle aperçu les premiers soldats arriver au terminal, elle resserra un peu plus son étreinte autour de moi, et lorsque mon père passa la porte et que leurs regards se croisèrent, elle lâcha la main d’Oscar et le laissa courir voir notre père. Mon frère alla très rapidement se blottir dans les bras grands ouverts de papa qui le souleva du sol. Ses cheveux étaient très courts et il portait une tenue verte kaki, il avait un sac dans les même tons qu’il avait laissé tomber à ses pieds. Autour de nous d’autres familles vivaient les mêmes retrouvailles pleines d’émotion. Papa s’approcha de maman et elle se laissa tomber dans ses bras à son tour, prenant garde de ne pas m’écraser tout de même. Elle l’embrassa et l’instant de quelques seconde se perdit dans ce baiser, ces lèvres qui lui avait tant manquées… Son homme était enfin de retour. Après un instant ils se séparèrent et enfin, ses yeux se posèrent sur moi. Papa eut un large sourire et tendit ses grosses mains pour m’attraper, maman me déposa dans ses bras délicatement et observa son mari ayant un premier contact avec sa fille. Des larmes vinrent se glisser dans ses yeux, mon père avait lui aussi le regard brillant. Je me mis à gazouiller, et mes parents soufflèrent pratiquement en même temps. Je ne pleurais pas, je semblais même déjà savoir qui était cet homme me soulevant et me câlinant. Comme si nous étions déjà connectés… Papa me garda dans ses bras et fit signe à Oscar de le suivre, ce dernier se retrouva dans les bras de notre mère et tous les quatre nous quittâmes le terminal. Nous étions une famille.
    FIN DU FLASHBACK

    Quand j’y pense, je me dis que c’est assez étrange que mon père n’est pas assisté à ma naissance, je suis la seule de ses enfants qu’il n’a pas vue naitre et parfois je dois bien avouer que ça me rend jalouse. Mais d’un autre côté je sais aussi que même si nous nous sommes connus plusieurs mois après ma naissance, nous nous sommes aimés dès notre premier échange de regards. Je sais aussi que le souvenir de notre premier câlin lui reste encore plus en mémoire que ceux échangés avec mes frères et sœurs. Il m’avait tant espéré, me serrer dans ses bras c’était quelque chose qui lui avait demandé beaucoup plus de patiente que pour mes frères et sœurs. Quelque part notre séparation du début fut ce qui nous lia tant par la suite.

    FLASHBACK
    Âgée de huit ans, je regardais mon père faire sa valise. Postée dans embrasure de la porte, je n’osais pas rentrer dans sa chambre. Mon frère était assis sur le lit, près du sac que mon père remplissait. Mes deux petites sœurs qui venaient d’avoir deux ans étaient elles aussi dans la pièce, l’une sur le matelas au côté d’Oscar et l’autre assise par terre. Moi j’étais tétanisée, incapable de dire quoi que ce soit ni de faire un pas vers mon père. Mon cœur battait si fort et ma tête me tournait. J’avais mal au ventre, presque envie de vomir… Je sentis une main se poser sur ma tête et me caresser les cheveux. Ma mère tentait tant bien que mal de me consoler. Je me retournais vers elle, et la serra fort contre moi, elle me souleva, étant un poids plume à cette âge, elle pouvait encore me porter. Une main caressant toujours mes cheveux, je me blottis un peu plus fort contre elle, l’encerclant de mes bras et mes jambes. Des larmes coulèrent un peu plus vite sur mes joues et bientôt je me mis à éclater en sanglots. «Allez ma chérie, ne t’inquiète pas. Papa doit faire son travail, tu sais bien… Il va revenir Kendall. Je te le promets.» J’avais tellement envie de la croire, mais j’étais incapable de lui répondre par autre chose que des sanglots encore plus forts que les premiers. Je ne voulais pas qu’il parte, pas encore! Maman tourna des talons, moi toujours dans ses bras. «Je vais faire un bon chocolat chaud pour toi, Oscar et tes sœurs. Tu vas m’aider.» Maman pensait toujours qu’un bon chocolat chaud avec des morceaux de marshmallow pouvait soigner tous les chagrins du monde. Enfant j’ai bien dû en boire des centaines! Elle se mit à avancer en direction de la cuisine, moi j’observais la pièce qui s’éloignée peu à peu, mon père placé devant la porte, me regardait le visage attristé et les yeux brillants.
    FIN DU FLASHBACK

    Le voir partir avait toujours été un véritable supplice pour moi. A chaque nouveau départ j’étais inconsolable, incapable de sortir de mon lit pendant des heures, parfois mêmes des jours. Mon frère lui s’était forgé une carapace, il prenait les départs de papa beaucoup mieux que moi, quant à mes sœurs elles étaient encore jeune lorsqu’il arrêta sa carrière de militaire de terrain pour un poste plus haut placé mais fixe et plus administratif qu’autre chose. Elles ne se souviennent pas de ses départs incessants lors de notre enfance. Je crois que quelque part nous en avons tous souffert mais que les deux plus touchés étaient toujours maman et moi, à la différence qu’elle, elle se montrait toujours plus forte pour ne pas ajouter à notre peine, mais parfois je l’entendais pleurer la nuit suivant les départs de papa et puis elle nous faisait toujours dire une petite prière lorsqu’il était au front, plus souvent que lorsqu’il était à la maison. Je n’aimais pas prier, mais je parlais souvent à un ange en papiers que maman m’avait acheté dans un magasin de décoration. Je le posais toujours sur ma table de nuit et tous les soirs je lui faisais «un bisou pour papa», s’il m’arrivait d’oublier de le faire, je n’hésitais pas à me relever en pleine nuit simplement pour le faire. Disons que cela m’aidait à tenir et j’aimais croire qu’un véritable ange veillait sur lui.

    FLASHBACK
    Nous étions arrivés à Santa Barbara depuis quelques mois et papa effectuait sa toute dernière mission à l’étranger. Après cela, il allait prendre un poste aux nouvelles fonctions encore plus intéressantes et moins dangereuses. Il n’aurait plus à quitter le pays et même si quelques déplacements seraient encore nécessaires, ceux-ci ne s’étendraient plus sur de longues périodes. Assise dans mon lit, je finissais de lire une page d’un livre passionnant lorsque quelqu’un pénétra dans ma chambre. «Oscar, personne ne t’as jamais appris à frapper avant d’entrer?!». Mon frère me fit un large sourire, comme si ça l’excusait d’un peu près tout. Je fis rouler mes yeux avant de refermer mon livre. «Qu’est-ce que tu veux?» « Rien.». Mon sourcil droit se fronça, attendant que mon frère me donne une véritable raison de sa venue dans ma chambre. Il ne venait jamais pour «rien». «Bon d’accord… je voulais juste te dire que j’étais désolé d’avoir dit que tu voulais toujours faire ton intéressante avec papa et que je comprends très bien qu’il te manque.» Mon frère et moi nous étions disputés à ce sujet la veille au soir, lors du diner. Maman avait tenté de calmer les esprits mais c’était sans compter sur mes sœurs qui avaient voulues mettre leur grain de sel dans la conversation et n’avaient fait rien d’autre qu’envenimer les choses. Elles ne s’excuseraient pas, mais venant d’Oscar je savais que ça n’allait pas tarder et voilà que j’avais raison. «Papa nous aime tous autant, tu le sais. Et je ne voulais pas faire mon intéressante, je disais juste à maman à quel point il me manquait. Mais merci pour tes excuses. Elles sont appréciées.» Je fis un clin d’œil à mon frère qui le mit une petite tape sur le bras. «Papa nous aime tous, mais toi et lui vous avez un lien… spécial. Je suis jaloux parfois et c’est pour cela que je me suis emporté hier.». Je ne répondis pas, je savais très bien qu’il avait raison. Mon frère s’approcha de moi et me pris dans ses bras où je me laissais aller sans broncher.
    FIN DU FLASHBACK

    Papa et moi n’avions pas toujours besoin de communiquer par la parole pour se comprendre, à n’importe quel instant, il savait très bien ce que je pensais et pourquoi je le pensais. Il pouvait prévoir mes réactions à chaque fois sans se tromper et il savait aussi bien quoi dire pour me réconforter que pour m’agacer. Je l’aimais tellement fort lorsque j’étais petite, il était mon héro, l’homme de ma vie et je ne voyais que par lui. J’aimais ma mère de toute mon âme aussi mais le fait que mon père encoure le risque de mourir aussi souvent, quelque part ça le rendait encore plus important à mes yeux. J’avais tellement peur de le perdre que j’en étais malade. Et d’autres fois je le détestais de nous abandonner, de ne pas être là à chaque spectacle, ni à chaque petit bobo, ni à chaque première fois. Je le détestais de manquer tant de chose que mon frère, mes sœurs et moi faisions et je le détestais de ne pas être la pour maman. Mais plus je lui en voulais et plus ma colère reflétait l’amour que j’avais pour lui. Aussi, je ne restais jamais longtemps fâchée.

    FLASHBACK
    «Papa, maman ! Ryder et moi on va se marier !». Mes parents connaissaient déjà Ryder depuis tant d’années, il avait été mon meilleur ami depuis l’âge de treize ans, lorsque nous étions arrivés en Californie. Ils savaient aussi que nous étions en couple depuis nos dix sept ans et cette nouvelle ne les surpris donc pas. Ma mère folle de joie se leva d’un bon pour embrasser son futur beau fils, mon père lui resta assis et me fixa de ses gros yeux. Mon sourire s’évapora et laissa place à un visage interrogateur. Lui et moi savions très bien ce à quoi il pensait. Il voyait sa fille chérie lui échapper pour un autre homme. Depuis que Ryder était entré dans ma vie, il avait pris une énorme importance, et même s’il n’avait jamais effacé la place de mon père dans mon cœur, il avait pris sa place dans la case «l’homme de ma vie». Papa avait du mal à me voir grandir, mais après quelques secondes qui me parurent longues, il se leva et me prit dans ses bras. Il m’embrassa sur le front et alla ensuite serrer la main de Ryder:«Prends soins d’elle. Elle est à toi maintenant.» Il se tourna et me fit un clin d’œil affectueux. Les larmes me montèrent aux yeux.
    FIN DU FLASHBACK

    Il a toujours voulu le meilleur pour moi. Il voulait que je sois la plus belle, la plus forte, la plus intelligente, la plus drôle, la plus géniale. Pourtant il ne m’a jamais jugé sur mes défauts et il a toujours accepté mes points faibles. Les moments qui le rendait le plus fiers étaient lorsqu’il venait m’observer nager, et lorsqu’il signa les papiers pour dire qu’il accepter de me laisser faire partie de l’équipe nationale. Il était toujours heureux de me voir réussir, et être moi-même heureuse. Aujourd’hui encore, mon père et fière de moi et me le montre constamment. Lorsque je lui ai annoncé que j’étais enceinte il y a de cela quelques jours, il n’a pas été surpris et c’est même maman qui a pleuré cette fois. Quand il me regarde je vois tellement de fierté et d’estime. Il me donne de la force, il m’aide à tenir. Tout ce qui me rapproche de mon père c’est ce bijou que je porte chaque jour, ces coups de fils que j’échange avec lui et ma mère plusieurs fois par semaines, et nos regards. Ces fameux regards à l’origine du coup de foudre que nous avons eut l’un pour l’autre. Mon père est mon héro, je ne peux pas l’expliquer, c’est quelque chose à l’intérieur. L’amour d’une fille pour son père et vice versa. Je suis son trésor et il est tout un monde pour moi.

    Je levais les yeux vers Alcide et lui souris. «Vous avez des enfants Monsieur? Si oui, avez-vous une fille? Si vous me posez cette question je suppose que non, mais sait-on jamais… Mon père et moi avons une relation très fusionnelle. Il devait beaucoup voyagé lorsque j’étais enfant, mon père était militaire. L’absence et la peur de le perdre ont beaucoup renforcés notre lien et pendant plusieurs années je ne voyais que par mon lui. Je ne saurai pas vous l’expliquer et si vous n’avez pas de fille, c’est difficile à comprendre. Toutes les relations père-fille sont différentes, je suis consciente que certaines personnes n’entretiennent pas du tout de bonne relation avec leurs parents, mais en général les filles sont très attachées à leur paternel. Et les garçons à leur mère… Je ne sais pas trop pourquoi. Mais c’est certain que j’ai beaucoup de chance d’avoir une famille géniale et un père s’intéressant à ses enfants. Il m’a toujours encouragé à faire de mon mieux et il a toujours su trouver les bons mots au bon moment. Et il m’aime de tout son corps. L’amour que j’ai reçu est sans limite, ma famille est très expressive et je peux vous dire que nous débordons toujours d’un trop plein d’amour les uns pour les autres. Ils m’apportent énormément et mon père encore plus.»

    Je fis une pause. Peut-être m’étais-je laissée entrainée par ce sujet, peut-être en avais-je dit trop? Tant pis, il m’avait posé une question et j’y répondais de la manière la plus honnête que je pouvais. Quand on en venait à la famille, je ne pouvais pas mentir. J’espérais ne pas avoir dit quelque chose pouvant blesser ou mettre mal à l’aise mon professeur. Peut-être n’avait-il pas de fille mais en mourait d’envie et avec mon petit discours je lui faisais peut-être de la peine… Avait-il au moins des enfants? Je n’en avais aucune idée. Ma dernière pensée se dirigea vers Ryder, si j’étais enceinte d’une fille j’avais hâte de la voir interagir avec son père, mais l’idée me donna aussi un pincement au cœur puisque cela signifiait qu’elle devrait vivre la même situation que moi… Si au contraire j’attendais un garçon, j’espérais que les choses seraient moins compliquées. L’un ou l’autre, Ryder et moi serons heureux et on fera de notre mieux pour donner à notre enfant au moins autant d’amour que nous même en avons reçu, si ce n’est plus. Et rien que d’y penser j’ai hate de pouvoir serrer ce petit être dans mes bras, il ou elle sera une part de moi et de mon mari, il ou elle sera le fruit de notre amour. Je suis tellement heureuse en y songeant que j’en oublis mes malheurs d’il y a quelques instants, je ne pense plus au départ de Ryder, je pense seulement à son retour et à la famille que nous formerons.
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    Il y a parfois des situations où l’on se sent terriblement à côté de la plaque. Même à cinquante ans, cela pouvait encore arriver. Ainsi, en ce moment précis, Alcide avait la très nette impression de ne pas être à sa place. Etait-ce le fait de travailler en binôme avec cette jeune femme qui éveillait chez lui toutes ces questions ? Selon toute apparence, c’était bel et bien le cas. Etrange, tout de même, de constater à quel point cet exercice, tout bête finalement, pouvait mobiliser autant d’éléments personnels. Ecrire, au final, c’était une activité qui pouvait prendre aux tripes… mais c’était la première fois que l’enseignant se sentait concerné d’aussi près alors qu’il n’était, à la base, pas du tout censé participer à l’exercice. Si les circonstances avaient été différentes, si les étudiants avaient été un nombre pair, d’ailleurs, van Stexhe n’aurait pas eu cette impression bizarre d’être tellement en décalage avec lui-même. Ce qui était en train de se passer, au fond de lui, c’était une sorte de remise en question intense. Tout cela à cause d’un stylo et d’un pendentif.

    Flash-back

    Bruxelles, juin 1973.
    La crise pétrolière battait son plein, sans mauvais jeux de mots. Alcide, Gwendoline et leurs parents avaient pris l’habitude, ces derniers temps, de partir faire des petites balades, à pieds, sur les grands axes de la capitale, comme s’ils faisaient un pied de nez à tous ceux qui auraient voulu pouvoir circuler en voiture malgré l’interdiction formelle du gouvernement.
    La ville de Manneken Pis ressemblait à un énorme village. Les piétons et les cyclistes qui se croisaient se saluaient en souriant, comme si tout le monde se connaissait… Ces promenades étaient très agréables, en général. Philippe van Stexhe et Kate Higgins se tenaient par la main, formant un couple parfait, un couple qui paraissait heureux. Alcide et sa sœur, quand à eux, avaient pris l’habitude de beaucoup discuter durant ces balades. Ils étaient déjà proches, très proches, tous les deux, mais ces moments partagés donnaient l’impression d’une proximité plus importante encore.
    Ces jours-là, la famille van Stexhe finissait bien souvent par faire une halte dans un petit café ou une petite taverne où les parents s’offraient chacun une boisson fraîche – bière pour lui, jus de fruits pour elle – et où les deux enfants pouvaient chacun choisir une glace.
    Une famille unie, voilà de quoi ils avaient l’air… mais si l’on écoutait d’un peu plus près les conversations, on pouvait se rendre compte que le déchirement n’était pas loin pour cette famille en apparence unie et solidaire…


    Fin du flash-back

    Ce tout simple exercice d’écriture ramenait pas mal de choses à la surface. La mémoire avait beau être aussi la faculté d’oublier, pour le moment, van Stexhe avait surtout l’impression que sa mémoire allait finir par le pousser à bout. Il y avait trop de choses qui venaient se bousculer sous son crâne, bien trop de souvenirs qui s’entrechoquaient les uns aux autres… Quand on écrit, même une fiction, il y a toujours une part de soi qui s’infiltre dans l’écrit. Et si cet atelier visait des objectifs bien précis pour Alcide van Stexhe – mettre les apprenants en situation d’oser s’exprimer oralement mais surtout par écrit, leur permettre de s’évader et de rêver, les amener à découvrir (ou à redécouvrir) les mots et leur étrange complicité, les amener à traduire des émotions ou des observations avec réalisme et optimisme, apprendre à synthétiser, poétiser le langage, leur donner de la légèreté sans négliger le sens, développer l’imaginaire (pouvoir rêver tout en gardant les pieds sur terre), les amener à adapter leur message à une structure donnée, leur permettre de questionner, se questionner, répondre, argumenter, justifier, donner un avis, faire observer, découvrir et agir la relation qui existe entre le mot et l’image, les amener à se découvrir ou se redécouvrir en tant qu’être humain capable de faire des choses… par exemple développer la confiance en soi, redécouvrir la notion de fierté, faire découvrir l’écriture plaisir, affirmer son goût littéraire et artistique…

    Mais les activités ludiques, divertissantes et interpellantes que l’homme avait prévues, en donnant autant d’importance à l’émotion qu’à la technique, pour des productions personnelles ou collectives, que chacun pouvait concrétiser par un objet ayant un minimum d’esthétique… bref, tout cela finissait par emmener Alcide dans un tas d’émotions enfouies au fond de lui, des émotions qu’il n’avait jamais voulu révéler, des émotions qu’il gardait toujours pour lui, en règle générale…
    Merde, il avait besoin de s’interroger et d’obtenir des réponses. Il était temps. Plus que temps…


    Flash-back

    D’autres soirées, tenders ou érotiques, littéraires ou vaines, lui revenaient à l’esprit. Les reflets rougeoyants sur des peaux dénudées et les fumées balsamiques des cigares. Comme beaucoup de contemporains, Alcide avait été surpris par la libéralisation des mœurs, autant par sa soudaineté que par sa force et sa brièveté.
    Ils avaient pratiqué la gourmandise, parfois dans l’excès. Dans son cas, Alcide ajoutait la facilité que procurait le pouvoir : ses péchés étaient donc nombreux et il les avait commis avec la délectation supplémentaire de bien les identifier. La religion, qui l’avait imprégné de ses interdits, lui réservait aussi des issues respectables : la confession, l’examen de conscience, la contrition, le pardon, voire la conversion. La foi, celle dont Paul Claudel semblait avoir été gratifié un soir de Noël à Notre-Dame de Paris, celle que seul un poète pouvait recevoir de cette façon, un miracle la lui donnerait peut-être.
    Quant à la luxure – pour ne parler que de ce péché capital –, Alcide avait à sa disposition une multitude de fantasmes. Il en avait assouvi certains d’entre eux, comme pour savoir à quoi pouvait bien ressembler cette réalité-là. Peut-être aurait-il dû les vivre avec plus de conviction pour en être vraiment satisfait. Mais il avait toujours été son propre spectateur et ce recul lui avait apporté du dédain plutôt que de la satisfaction.
    Ses premières relations quasiment conjugales avaient commencé de manière plutôt classique et se terminèrent toutes au milieu de pratiques peu reluisantes. Il avait décidé, malgré tout, de renouveler l’expérience, sans mariage à la clef ; puis encore une fois dans une cohabitation plus raisonnée. Il s’était finalement résigné sous le prétexte de sa liberté de mouvements.


    Fin du flash-back

    Le sentiment de son impuissance nouvelle envahit van Stexhe alors qu’il repensait à toutes les conversations passées. Il en était sorti découragé, mais il ne voulait pas, une fois de plus, refaire mentalement le bilan de sa vie car il risquait d’attiédir son jugement.
    Les êtres humains étaient de passage et ils faisaient de leur mieux. Rien ne pouvait prolonger les choses, fi du retour en arrière et des regrets. Pourquoi justement ce soir cette doctrine qu’il avait fait sienne était-elle battue en brèche ? Une fenêtre était mal fermée. Le cri des oiseaux nocturnes peuplait ses insomnies, en soulignait les affres. A combattre la douleur, il s’affaiblissait et se laissait envahir par la reconstitution de scènes entières de sa vie ; peut-être celles que van Stexhe repoussait le plus quand il avait toute sa lucidité.

    Ses muscles étaient contractés. La migraine ne le quittait pas et le sang lui battait aux tempes comme si la pièce avait été ébranlée par des coups de bélier.

    Face à lui, la présence innocente et décalée de l’étudiante aurait pu semblait parfaire un petit éden à la mesure du professeur – ou à sa démesure, peut-être ? – mais l’homme n’avait pas prévu l’intérêt de cette élue pour les interrogations que van Stexhe soulevait. Etait-ce rédhibitoire ? Alcide savait que quelque chose avait changé, mais il pouvait encore circonscrire l’incendie à cette seule dérogation à son projet. Que cette intervention fasse remonter à la surface des fragments de l’autre vie, soit. Il s’en servirait pour se rendre encore mieux compte du bonheur auquel il pouvait accéder et pour l’immuniser.

    En réalité, en demandant à Kendall de lui expliquer un peu ce qu’il en était de la relation père-fille qu’elle connaissait, le professeur de psychologie cherchait avant tout à satisfaire sa propre curiosité… Il voulait savoir comment un enfant pouvait ressentir l’amour de ses parents, parce que lui-même avait bien trop tôt oublié ce qu’était ce sentiment envers ses géniteurs, parce que, aussi, il s’interrogeait de plus en plus sur la possibilité d’être père, lui qui ne poursuivait plus vraiment d’autre but que celui-là…
    Et ce que la jeune femme daigna lui raconter, cela ne fit qu’alimenter un peu plus son désir de paternité. Il voulait des enfants, et ce, depuis toujours, mais cette envie se faisait de plus en plus urgente, avec le temps qui passait et l’âge qui venait… Alcide voulait des enfants, au moins un, peut-être deux… Il voulait des gosses, c’était le plus important, c’était ce qui le poussait à tenir le coup, envers et contre tout. Alors il écouta, avec attention, pour pouvoir mieux essayer de comprendre quelque chose qui lui échappait complètement pour le moment…

    Le quinquagénaire avait un peu envie de connaître tous ces éléments dont parlait la jeune femme. Une famille unie… des sentiments qui étaient exprimés… des liens forts… Alcide aurait aimé vivre tout cela, il aurait adoré devenir le papa d’un enfant, fille ou garçon… mais à entendre parler Kendall Carter Kingsley, à vrai dire, l’homme se disait qu’avoir une fille pouvait être terriblement génial.


    "Un fils biologique et un fils de cœur… mais je n’ai pas de fille. Vous me donnez envie d’en avoir une, mademoiselle… Ce que vous décrivez, ça ressemble tellement à l’idée que je me fais du bonheur…"

    En fait, c’était bizarre de parler ainsi, presque ouvertement, avec cette jeune femme que l’homme ne connaissait qu’à peine. Il n’avait pas parlé d’Esmeralda Williams, même si elle représentait la seule personne que le professeur considérait véritablement comme une fille. Pourtant, très sincèrement, même si aucun lien de sang n’existait entre Esmeralda et lui, Alcide ressentait pour elle beaucoup de sentiments qui auraient presque pu le rendre exclusif. Il tenait à elle, depuis le plus profond de ses propres entrailles, comme si elle avait été la chair de sa chair.
    Tout ce que disait Kendall faisait écho en van Stexhe à sa relation avec la jeune étudiante Sigma, cette fille qu’il avait choisi de prendre sous son aile alors qu’elle était en train de perdre sa mère. Papa adoptif, quasiment, oui. On ne pouvait pas mieux dire…

    Alcide fit craquer les jointures de ses doigts, juste devant lui. Il n’y avait pas grand-chose à faire, en réalité. Toute envie d’écrire avait disparu, l’homme ne voulait plus rien d’autre que penser à cette progéniture qu’il espérait, qu’il attendait avec la plus grande impatience… mais à sa connaissance, aucune femme n’était disposée à faire de lui un papa, pour de bon. Un véritable père, pas un simple géniteur. Il voulait voir grandir ses mômes, il voulait les aider à faire leurs premiers pas, leur apprendre à rouler à vélo, à parler, leur apprendre à devenir des êtres humains responsables, des citoyens dotés d’un esprit critique et d’une solidarité sincère…


    "J’ai l’impression de passer à côté d’un tas de choses…" Le professeur de psychologie avait pensé à voix haute, mais c’était la pure vérité. Il se rendait bien compte qu’il manquait quelque chose d’essentiel dans sa vie et ce n’était pas d’épanouissement intellectuel qu’il était question cette fois. L’homme avait besoin de pouvoir s’engager, corps et âme, pour une vie dans laquelle il aurait véritablement un rôle à jouer, une vie nouvelle qui pourrait donner un sens à la sienne…

    L’homme eut soudain l’air lointain, comme perdu dans ses pensées et n’ayant absolument plus rien à faire de ce qui pouvait bien se passer dans la salle qu’il avait réservée pour ce séminaire. La réalité n’était pas très intéressante, entre ces quatre murs, quand on y pensait. Et le quinquagénaire avait de plus en plus envie de s’en aller d’ici – mais, malheureusement pour lui, un professeur qui décide de sécher un cours, c’est un peu plus flagrant que lorsqu’il s’agit d’un étudiant – alors il regarda sa montre, pour constater un peu le temps qu’il allait devoir encore rester là.
    Merde, quoi. La situation était étrange pour lui. Là, pour le moment, il ne rêvait que de rentrer chez lui et de faire un enfant. Avec Gemma, par exemple, puisqu’elle vivait chez lui pour le moment… peut-être bien qu’elle pourrait être à peu près d’accord avec le projet d’Alcide… Si elle était d’accord, l’homme allait lui faire plaisir au maximum, comme pour bien lui montrer qu’il tenait beaucoup à ce projet et qu’il serait terriblement flatté que Mrs Nightingale accepte cette idée et cette proposition… ça lui ferait tellement plaisir… mais comment un homme était-il censé proposer quelque chose comme cela ? « Allez, viens, on va faire un enfant… » ou « Et si on essayait que le sexe ensemble débouche sur une vie nouvelle ? »
    Van Stexhe ne voyait pas trop comment il aurait pu dire cela. Certes, Gemma et lui n’avaient que très peu de tabous, mais de là à parler de faire un gosse…
    Au fond, il valait peut-être mieux se focaliser sur Brooke pour cela, non ? Elle aussi elle avait envie de fonder une famille… c’était d’ailleurs quand elle avait parlé de ce projet qu’Alcide s’était remis à la trouver superbe et géniale… Bon sang, il n’était sûr de rien et ça commençait sérieusement à lui monter au cerveau, tout ça. La migraine s’accentuait.

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The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} - Page 2 1761661118082460

    En général je ne suis pas du genre à beaucoup l’ouvrir en cours. D’ailleurs je ne parle pas tant que cela, même dans la vie de tous les jours. Je suis ce qu’on appelle une fille discrète, ce que je préfère? Ecouter et observer les autres. Je ne me trouve pas inintéressante, seulement je trouve les autres tellement passionnants que j’en oublis souvent d’exister moi aussi. Faire attention à chaque petits détails, essayer d’interpréter le langage corporel de quelqu’un ou observer ses lèvres avec la plus grande attention lorsqu’il ou elle se met à parler. Les autres m’intriguent, ils m’intriguent et m’intéressent. Et mieux encore, ils m’inspirent. Souvent lorsque je veux écrire une histoire j’aime donner des tas de détails sur mes personnages, leur caractère, leur façon de se vêtir et de parler, leurs mimiques et leur gestuelle, tout ce qui fait d’eux ce qu’ils sont. Cela les rend tellement plus réels et plus proches de moi. Cette idée marche aussi dans l’autre sens, parfois je vais m’asseoir à l’intérieur d’un café et j’observe les gens effectuer un va et vient constant. Ceux qui retiennent le plus mon attention, j’essaye d’imaginer leur vie: leur boulot, leur situation familiale, leur caractère, leur enfance et l’endroit où ils vivent désormais. J’adore faire travailler mon imagination de la sorte. De même, lorsque je suis dans la rue, et tout particulièrement en hiver, la nuit tombe et les gens commencent à allumer les lumières à l’intérieur de chez-eux, lorsque je passe devant une jolie maison où un appartement laissant entrevoir une décoration design, j’essaye de visualiser quel genre de personne peut y vivre et quelle serait ma vie si j’y vivais. Je sais que c’est un peu étrange, en plus c’est mal poli de regarder chez les gens quand on n’y est pas invité, mais c’est une sorte de jeux pour moi, cela me divertit et m’aide à exercer mon esprit. Même si j’essayais, je suis persuadée que je ne pourrais pas m’arrêter de faire tout cela. Ecrire est quelque chose de véritablement fantastique. Plus jeune j’adorais m’inventer mes propres histoires pour m’endormir. Je crois que la plus part du temps, j’utilise mes propres envies, mes propres rêves, pour me plonger dans un monde différent du mien ou pour créer la vie de quelqu’un de totalement imaginaire. Mes personnages ont toujours quelque chose qui leur vient de moi, cela peut-être au niveau de leur personnalité comme au niveau de leurs goûts et idées ou encore de leur mode de vie. J’aime bien mettre une part de moi en eux, c’est de cette manière que je me dévoile le mieux et souvent sans vraiment que le lecteur s’en doute. C’est comme si je me mettais à nue dans une salle remplie d’aveugle. Je sais que je suis nue, je sais que tout mes défauts et toutes mes qualités (physiques tout du moins) sont visibles par n’importe qui, mais ces personnes aveugles auront beau tout essayer, elles ne me verront jamais. Avec les lecteurs, ceux qui ne me connaissent pas pour de vrai en tout cas, c’est facile de me dévoiler tout en restant cacher. Je plante quelques indices sur ma personne mais ils sont subtiles, jamais donnés entièrement, je veux qu’ils me devinent, je refuse d’être trop facile à cerner. Il n’y a rien de plus ennuyeux… Ecrire une passion, c’est une échappatoire, c’est comme si je m’enfermais dans une bulle remplie de toutes mes émotions. Parfois j’écris et je pleure, parfois je ris, parfois je hurle, je me laisse aller, mon cœur parle et mes doigts ne font que suivre ce dernier. Ecrire et nager, mes deux bouffées d’oxygène, si on m’enlevait l’un ou l’autre, j’en crèverai. J’en suis persuadée…

    Parler avec Alcide ne paraissait de moins en moins étrange. Je me sentais plus tranquille, plus apaisée presque. Finalement même si cela avait été légèrement bizarre au début, je pouvais presque dire que j’appréciais de communiquer de cette manière avec un professeur. Il semblait gentil et attachant, je ne me sentais pas trop proche de lui mais en même temps il semblait s’ouvrir à moi. En règle générale cela m’aurait probablement mis mal à l’aise, mais étrangement aujourd’hui cela passait. Maintenant que j’avais pleuré un bon coup, mon cœur s’était allégé, je ne me sentais toujours pas très bien, mais avoir parlé de mon père et de ma relation avec ma famille m’avait fait du bien. J’avais parfois tendance à oublier certaines choses, comme la signification de mon pendentif par exemple. Je le porte tous les jours, mais je ne pense pas tous les jours au fait que celui-ci me rapproche de mon père. Et pourtant Dieu sait que cela me fait un bien fou de me rappeler ma famille. Ils me manquent tellement, je ne vis pas très loin de mes parents et mes sœurs, mais mon frère vit à plusieurs milliers de kilomètres d’ici. Je ne l’ai pas vu depuis plusieurs mois et malheureusement on ne s’appelle plus si souvent que cela non plus. Il m’arrive de repenser à mon enfance et de me demander où son passées ces années, comment ont-elles pu passer si vite?! Hier encore j’étais une gamine qui adorait se laisser porter par ses parents et qui réclamait toujours à sa mère un verre de lait avant de dormir et aujourd’hui, je suis sur le point d’être moi-même une maman. Je suis enceinte et mariée. Ne vous méprenez pas, j’adore mon mari, j’adore mon bébé, même s’il n’est pas encore né. Ma vie est parfaite, elle est au top du top en ce moment, j’ai tout ce dont j’ai toujours rêvé, et plus encore je dirais… Mais le temps de quelques minutes, j’aimerai bien retourner dans le passé et pouvoir ressentir ce que la petite fille que j’étais ressentait lorsqu’elle se retrouvait soulevée du sol et enlacée dans les bras de son papa et de sa maman. J’avoue qu’il m’arrive d’avoir peur, peur de l’avenir, peur d’un jour ne plus être à la hauteur pour mon mariage, peur de devenir une mauvaise mère, peur de me tromper, peur de m’égarer, peur d’échouer, peur d’avoir trop peur. Et lorsque la trouille s’empare de moi, je n’ai qu’une seule envie, me blottir dans les bras de mes parents et oublier que je suis une grande fille qui a des responsabilités et qui devra bientôt prendre soin d’un petit être qui ne pourra compter que sur elle. Le temps d’un instant j’ai envie de fuir la fille que je suis pour redevenir celle que j’étais.

    Je vins poser ma main sur mon ventre. Penser à ce petit être en train de grandir en moi, c’était un sentiment incroyable. C’était tellement violent que j’en pleurerais. J’avais beau être terrorisée à l’idée de devenir maman, je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était un véritable miracle, une bénédiction. Ce petit bébé en moi m’appartenait entièrement, il venait de moi et de mon mari et en ce moment même il se trouvait à l’intérieur de mon ventre. Plus j’y pensais et plus je me sentais forte, comme si une immense force s’emparait de moi et alors que je me passais la main en dessous de l’estomac, je me sentais invisible. Je devais rester forte pour cet enfant, je devais revenir au présent et arrêter d’avoir peur. Je ne devais pas attendre de voir mon bébé sortir pour devenir mère, je l’étais devenue à l’instant même ou le test de grossesse m’avait annoncé la bonne nouvelle. Mon bébé était peut-être encore à l’intérieur de moi-même mais j’étais déjà sa maman et je le serai pour l’éternité. Alcide m’avoua être le père biologique d’un garçon et le père de cœur d’un autre. Cela m’étonna mais ne me sembla pas plus dérangeant, après tout être parents c’est surtout une question d’amour, les liens du sang bien qu’ils soient importants, ils ne sont pas obligatoires et tant mieux car il y a tant d’enfants dans le monde qui n’ont pas ou plus de parents et pour eux avoir un adulte qui s’intéresse à eux et qui les aime, peut importe que le même sang circule dans leurs veines, ils peuvent se considérer comme une famille. Lorsqu’il me dit ne pas avoir de fille, je ressentis comme un pincement au cœur. Je n’ai pas de préférence quant au sexe de mon bébé mais si c’est un garçon je suis déjà sûre d’en refaire un autre pour essayer d’avoir une fille (et vice versa si c’est une fille en fait). Je ferai autant d’enfants que nécessaire pour que Ryder et moi ayons au moins un enfant de chaque sexe. Je veux qu’il sache ce que c’est d’avoir une petite puce qui pause les yeux sur lui et qu’il sente dans son regard que pour elle, il est le plus grand héro qu’il existe sur Terre. Et pour ma part je veux les deux. Une petite fille pour sa douceur et sa volonté constante d’imiter sa maman et un petit garçon pour l’entendre me dire que je suis aussi jolie qu’une princesse et pour avoir un petit homme complètement à moi. Cet enfant est le premier donc, mais certainement pas le dernier. Alcide ajouta une phrase qui me toucha tout particulièrement. Il disait que ma description de mes relations avec mon père et ma famille en général lui renvoyait l’image du bonheur parfait. Je ne pu rien dire sur le coup. Une boule vint se glisser dans ma gorge et j’eus automatiquement l’impression que les larmes allaient se bousculer aux bords de mes yeux. La voix tremblante j’essayais de lui répondre: «Je ne sais pas si ma famille est une famille heureuse tous les jours, mais je sais qu’avec eux je suis la plus heureuse de filles. J’ai toujours eu droit au bonheur, et même s’il m’est arrivé de pleurer des torrents dans ma vie, jamais je ne me suis sentie malheureuse. Triste oui, mais pas malheureuse. Je ne connais ni la solitude, ni l’abandon, ni la trahison. Je crois… non, j’en suis sûre en fait, que j’ai les meilleures personnes du monde dans mon entourage. Je suis sincèrement bénie.». Parler de ma famille m’émouvait toujours, mais là j’étais incapable de me retenir et une larme perla sur ma joue. Je l’essuyais immédiatement et m’excusais. «Je suis désolée. C’est bête. Je suis juste très sensible aujourd’hui… Mon mari est parti au front hier. Je ne sais pas pourquoi je vous dis cela…Vous devez vous en ficher, vous avez votre propre famille et je suis sûre qu’elle est elle aussi très bien.». Je fis un sourire timide à mon professeur.

    Van Stexhe sembla songeur avant de laisser sortir l’une de ses pensées à voix haute. Je ne crois pas cela eut été volontaire, lui-même me parut surpris de s’être exprimé tout haut, mais au point où nous en étions cela m’étais égal. Après tout le professeurs sont humains comme nous. Il disait avoir l’impression de passer à côté d’un tas de choses. Cela me fit un peu de peine pour lui, mais en même temps j’avais du mal à y croire. Il avait tout l’air du type avec la vie la plus remplie et la plus géniale du monde. Cela dit les apparences sont trompeuses, comme le dit d’ailleurs si bien une certaine Mme de Chartes «Ce qui parait n’est presque jamais la vérité», bon sang c’est que mes cours de littérature française que je recevais en allant voir mes grand parents à Paris servent encore à quelque chose! Je m’étonne moi-même. Je ressentais presque un peu de peine pour mon professeur. Je ne connais rien de sa vie, je ne sais même pas s’il est marié aujourd’hui, enfin vu qu’il ne porte pas d’alliance je suppose que non, mais il peut tout de même être en couple… Je ne savais pas trop comment m’y prendre pour répondre, en fait je ne savais même pas si une réponse de ma part était nécessaire. «Je ne sais rien de vous monsieur, mais vous savez… même si vous passez réellement à côté de quelque chose, il n’est peut-être pas trop tard pour rattraper cette erreur… Je ne sais pas si vous avez quelqu’un dans votre vie, mais même si ce n’est pas le cas, je suis persuadée qu’il n’est jamais trop tard pour changer de direction dans la vie. Si vous n’aimez pas le chemin que vous empruntez, vous pouvez toujours dévier.» Je me trouvais étrangement philosophe en cette fin de journée difficile. Je ne voulais pas paraitre donneuse de leçon, ni prétentieuse ou quoi que ce soit dans ce genre, alors je m’empressais d’ajouter: «Enfin je crois…Après tout je n’ai que vingt quatre ans, je ne connais pas encore grand-chose à la vie.»



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MessageSujet: Re: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} - Page 2 EmptyLun 26 Déc - 19:01

    Ce qui était en train de se passer était pour le moins particulier. Van Stexhe n’était pas habitué à s’ouvrir aussi facilement. Il faut croire qu’il en avait grand besoin et que Kendall s’avérait être la personne appropriée pour cela. Peut-être que si l’homme avait dû travailler avec l’étudiante blonde aux gros poumons, il aurait adopté une toute autre attitude… même chose s’il avait bossé avec ce mec aux grosses lunettes et aux cheveux coiffés comme au siècle dernier.
    L’écriture… c’était ça la clef de tout. Et cette discussion revenait à une séance d’atelier d’écriture, même si tout ce qui se disait n’était pas couché à l’encre sur le papier. Comme une thérapie, en quelque sorte, un acte libérateur jouant un rôle cathartique nécessaire pour se libérer d’émotions emmêlées et lourdes à porter, à la longue…


    Flash-back

    Souvent, pour occulter ses angoisses, Alcide passait en revue les raisons de se réjouir : la perspective d’un week-end dans l’appartement d’un ami, le whisky « dix ans d’âge » acheté dans l’épicerie du quartier, le nouveau stylo à la plume encore rigide et fine et surtout le poème de Guillaume Apollinaire, qu’il ne se lassait plus de relire.
    Van Stexhe avait acheté « Calligrammes » uniquement à cause des mots « adorable rousse ». Sa voisine arborait sa chevelure rouge comme une provocation. Elle ne vécut pas longtemps dans l’appartement d’à côté. Il n’avait jamais eu l’occasion d’entendre le son de sa voix, mais la pâleur de sa peau constellée d’éphélides et le velouté de ses yeux verts hypnotisaient le jeune homme. Elle fut à jamais associée à « La tête étoilée », poème dans lequel le poids de la prophétie, le pouvoir inimaginable du poète de s’affirmer, de décréter des vérités étaient presque palpables. Lyrisme dépassant le corps, le lieu, la Terre même.
    Après l’appel à la pitié que chacun réclamait pour ses péchés, le soleil se levait enfin. Et il était féminin.

    Alcide remua son verre et s’aperçut que l’alcool avait cette même teinte. Adorable rousse. Déclamé à haute voix, le poème lui procura la sensation étrange d’avoir réveillé des présences invisibles dans la pièce. A leur intention, il esquissait un vague sourire. Il pleuvait. Le crépuscule s’écrasa assez vite sur ce coin de ville, que van Stexhe observait de la fenêtre. Les lampadaires tachaient les rues de halos brumeux et pâles. Et il se demandait ce que la vie ferait de lui, écartelé entre l’écriture, l’amour, l’insatisfaction, l’ambition et l’inspiration. Tant d’inconnues naissaient sur la crête de l’horizon et reculaient quand Alcide pensait avancer. Bien des nuits de méditation lui seraient nécessaires pour comprendre le mécanisme de l’évolution naturelle de la vie. Un autre whisky lui procura une douce torpeur, le glissa dans la peau d’un écrivain. D’une écriture automatique, il jeta des phrases sans rapport entre elles sur des feuilles volantes en espérant que ce texte décousu révèlerait plus tard des clefs, des tiroirs secrets, voire du génie.


    Fin du flash-back

    L’homme était perdu dans ses pensées, c’était un fait. Entre passé et avenir, le présent lui semblait terriblement fugace.
    Que pouvait-il encore espérer de la vie, lui qui n’avait pas l’impression d’avoir eu jusque là la moindre réelle utilité, hormis celle d’avoir accepté de jouer le rôle de père de substitution pour Esmeralda et, plus récemment, pour le petit Elyott ? A part cela, Alcide n’avait pas le sentiment d’avoir rendu des gens heureux autour de lui. Il avait cru avoir été heureux, mais c’était avant de commencer à se poser les bonnes questions, les vraies questions.

    Pourtant, quand il y pensait, il avait été très proche du bonheur à plusieurs reprises. Avec Ana, par exemple… mais leurs disputes étaient devenues fréquentes. Trop fréquentes. Beaucoup trop…


    Flash-back

    Les larmes avaient jailli silencieuses, Presque souterraines sous les reproches qu’elle faisait à Alcide. C’était elle qui gueulait et c’était elle qui pleurait. Pas de reniflement, pas de mouchoir, pas de geste : impudiques, les larmes roulaient le long de ses joues. Van Stexhe tendit les mains et lui encercla les poignets ; elle se tut alors et il découvrit dans son regard toute la pitié qu’elle tentait de lui inspirer. Il céda, tout en sachant que ce n’était que partie remise.

    "Calme-toi, Ana, s’il te plaît ! Je suis là, avec toi. Je t’aime."

    Pour exorciser les mots, il était obligé d’en restreindre le sens et Alcide se disait qu’il l’aimait sûrement : gentillesse ou lâcheté ? Ana s’était échappée pour aller s’enfermer dans la chambre, mais il n’avait rien tenté pour la retenir. L’existence parallèle qui se déroulait dans son esprit le réclamait : Vincent, son personnage, voulait surmonter son trac et Alcide se devait de l’aider. Son bureau, même vide de l’harmonie que van Stexhe appréciait, le recueillit comme un malade en crise, le soigna en urgence, le soulagea, pansa ses plaies, le berça. La demi-page qu’il écrivit fut la morphine irrésistible qui effaçait la réalité pour lui en substituer une autre plus belle et bien plus réelle.
    Il enivrait Vincent de l’odeur âcre de la poussière séculaire, qui montait du plancher et qui émanait des rideaux de velours. Il le fit happer par un cercle de lumière tandis qu’il avançait vers le pupitre et que le micro amplifiait déjà le raclement de sa gorge sèche. Al lui octroya quelques applaudissements. Vincent prit un papier plié dans sa poche et déposa cet aide-mémoire sur la tablette. Ebloui, il ne put le déchiffrer, alors il releva la tête et improvisa ce qu’il brûlait de transmettre depuis si longtemps…


    "Perdoname, Alcide… excuse-moi…"

    Le visage d’Ana, défait, esquissait ce vague sourire de circonstance. La trève lui semblait plus essentielle que les quelques lignes d’écriture de van Stexhe : elle jouait sa vie. Lui, il la dévisagea, sans quitter sa table de travail. Elle avança d’un pas dans la pièce, comme pour marquer son territoire. Alcide dut tendre l’oreille pour comprendre ses murmures :

    "Je veux tout oublie! J’en suis capable. Et toi ?"

    Avait-il remporté une victoire, alors que ni les conditions de la capitulation, ni le tracé des frontières, ni surtout les formes de l’alliance nouvelle n’étaient définis ?

    "Tu sais ce que j’attends de toi, Ana, et je veux bien croire que tu feras les efforts pour y arriver. Moi je ne désire que l’harmonie entre nous. Nos faiblesses devraient faire contrepoids à nos défauts et à nos manques. On devrait accepter…"

    "Essayons, je t’en prie !"

    Ana était à présent derrière lui et se penchait pour l’embrasser sur la joue. Il se tourna à demi et l’installa sur ses genoux. Son parfum le troublait, comme avant.

    Fin du flash-back

    Le regard du professeur se plongea dans celui de l’étudiante en face de lui. Elle lui parlait de sa famille et du bonheur qu’elle-même ressentait grâce aux siens. Elle avait pleinement conscience de la chance qu’elle avait et c’était sans doute cela qui rendait son discours aussi criant de vérité. Oui, aux yeux de van Stexhe, tout ce qu’avait décrit cette jeune femme était sans doute ce qui se rapprochait le plus de l’idée que l’homme se faisait du bonheur. Il se voyait très bien à la place du père de Kendall, il se voyait très bien être fou d’amour pour son enfant, fille ou garçon, mais surtout, il se voyait très bien être un père comme chaque gosse devrait avoir dans sa vie. La voix de Kendall avait tremblé, l’émotion, sans doute, d’être aussi sincère face à un inconnu, mais le quinquagénaire prenait cela presque comme un compliment. Au fond, ils étaient tous les deux sur la même longueur d’ondes, ou à peu près, et c’était sans doute cela qui était le plus enrichissant.
    Voyant soudain une perle d’eau salée rouler sur la joue de la jeune femme, van Stexhe prit son mouchoir, propre, qu’il tendit à l’étudiante. Elle expliqua alors ce qui la travaillait tant. L’absence… elle craignait pour son mari, il lui manquait et elle avait certainement toute une foule d’angoisses qui ressortaient de cette place laissée, pour le moment, béante dans sa vie…

    L’homme n’avait rien dit, face à cela. Qu’aurait-il pu dire, d’ailleurs ? L’absence, il connaissait cela depuis toujours. Absence de ses parents quand il était gamin. Absence de son grand frère une fois qu’Eric était décédé. Absence de toute la famille quand Alcide avait fini dans un pensionnat…
    C’est dans la béance des relations d’une vie que l’on prend conscience de leur importance. Il suffisait de penser un peu au nombre de personnes qui finissaient par lui manquer pour se rendre compte que, finalement, il aimait beaucoup ces gens-là, même ceux qui lui avaient pourri la vie…

    Alcide avait passé la majeure partie de sa vie à profiter pleinement de tout ce que la vie pouvait lui offrir comme plaisirs. Il avait voyagé un peu partout, avait couché avec des dizaines de femmes, aux quatre coins du monde, avait goûté un tas de plats et de boissons… mais jamais il ne s’était vraiment posé pour avoir une vie sereine, faite de plaisirs stables plutôt qu’éphémères.
    A cinquante ans, faisant le bilan de ce qu’il avait fait et de ce qu’il n’avait pas fait de toute la durée de son existence, van Stexhe se rendait bien compte qu’il avait loupé le coche, comme on dit. Il s’était complètement planté dans son choix de vie et il ressentait comme un vide en lui, à cause de cela. La béance avait bougé, venant carrément s’inscrire en lui-même. Il n’avait rien accompli de bien et c’était sans doute cela qui le dérangeait le plus.

    Kendall avait raison sur un point : quel que soit le chemin de vie emprunté, il y avait toujours, à un moment donné, la possibilité de tourner, à gauche ou à droite, l’opportunité de changer de vie en forçant un peu les choses.


    "A vingt-quatre ans ou à cinquante ans, il y a des variables communes, dans la vie. Ce qu’il manque toujours, c’est l’impulsion, la raison d’être d’un mouvement qui changerait les choses pour de bon…"

    La métaphore du chemin était bien trouvée, cela correspondait très bien à ce qui travaillait Alcide en ce moment.
    Souvent, d’ailleurs, lorsqu’il ne parvenait pas à trouver le sommeil, le professeur repassait mentalement des moments de sa vie, en essayant d’imaginer comment les choses auraient pu se passer s’il avait agi différemment…


    Flash-back

    C’était deux fois rien : sa jupe relevée en vitesse, mais Géraldine l’avait fait pour lui. Pour lui seul, loin du regard des adultes. La meilleure amie de Gwendoline connaissait son emprise sur les émotions d’Alcide et elle riait de le voir rougir mais son trouble à elle devait être pareil au sien. Les parents à l’époque ne s’encombraient pas de leur progéniture lors de réunions de famille : la marmaille jouait ailleurs. Comme en outre un rien leur était prétexte à sortir, les enfants se retrouvaient souvent sous la garde d’une jeune étudiante : la grande sœur de Géraldine. Cette nurse occasionnelle rassemblait tous les enfants dans les chambres de l’une des maisons où ils passaient la nuit. Alcide n’avait jamais vécu ces moments avec sérénité ou insouciance.

    Géraldine lui avait inoculé le virus de la sensualité et il en éprouvait comme une nausée permanente. Van Stexhe cherchait n’importe quel prétexte pour ne pas participer aux jeux collectifs, mais Géraldine, elle, parvenait à être frivole, à rire aux éclats, entre deux clins d’œil furtifs dans la direction d’Alcide.
    Ce samedi-là, elle retroussa donc sa jupe pour que son regard embrassât ce qui s’y cachait de si différent : l’absence de renflement marqué au bas du ventre, sous la culotte rose, dont elle avait un peu repoussé l’élastique. Leurs jeux se firent de moins en moins innocents au gré de leur avancée en âge. Les réactions d’Alcide, naturelles somme toute, lui apparurent malsaines, comme si c’était un péché. Il ne devait pas être comme les autres. Alors, il se mit à croire que la sexualité pouvait se vivre sans un amour partagé.


    Fin du flash-back

    Ana s’était endormie dans un coin de la tête de van Stexhe. Il ne pensait plus qu’à certains moments de son passé, préférant essayer d’oublier celle qui avait détruit tous ses espoirs à une certaine époque. L’homme reprenait peu à peu goût à la vie à deux, même s’il ne fallait pas vraiment parler de couple, mais ce n’était pas encore suffisant. Il manquait encore et toujours une pièce importante du puzzle.

    Flash-back

    Ils vivaient, Géraldine et lui, une de leurs dernières rencontres avant le départ de la jeune femme pour un interminable stage en Allemagne. Géraldine persistait à croire – ou voulait s’en persuader – que leur relation dont personne ne connaissait l’emprise, ne les engageait pas. Ce n’était que du plaisir : surtout, n’en parler à personne ! Qui comprendrait ? Ils ne faisaient jamais l’amour – la périphrase, même, les dégoûtait – ils se frôlaient, ils se caressaient, ils exacerbaient leur désirs parallèles.
    Dans cette voie sans issue, s’ouvrait soudain l’échappatoire que les circonstances leur imposaient. La séparation, aussi brutale fût-elle, signifiait la libération d’Alcide. Il pouvait oublier, effacer, tout recommencer ; il feindrait être alors ce qu’il ne se souvenait pas d’avoir été : innocent !
    1976, Alcide avait quinze ans. Ces jeux avaient duré neuf ans.


    Fin du flash-back

    "Voulez-vous que nous essayons, ensemble, de vous faire surmonter l’épreuve de l’absence ?"

    Dans les circonstances présentes, il n’y avait rien de malsain dans cette proposition. Alcide était touché par les émotions que dégageait cette jeune femme. Il aurait voulu pouvoir se rendre utile, ne serait-ce que pour lui changer un peu les idées.

2259 mots

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The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} - Page 2 1761661118082460

    FLASHBACK
    « Papa! Papa!». Lorsque Madison se jeta dans les bras de mon père, il l’attrapa au vol et la fit virevolter dans ses bras. Entre temps il avait attrapé Ola et comme il était plutôt bien baraqué, il avait été capable de la hisser elle aussi sur ses épaules. Observant mes deux sœurs dans les bras de mon père, lui souhaitant la bienvenue au pays comme il se doit, je ne savais pas trop où me mettre. Presque cachée derrière ma mère, je serrais fort la main de mon frère lorsque celui-ci la lâcha et se mit à courir à son tour sur papa. Mon frère et mes sœurs semblaient tous si heureux de le revoir, et les yeux de papa brillaient comme jamais. Il reposa tout le monde à terre, le tour d’hélicoptère était fini pour Ola et Madi. Il serra une dernière fois ses trois enfants dans ses bras et vint se jeter dans les bras de sa femme pour partager un premier baiser, le premier depuis de longs mois. Maman tremblait, je le sentais puisque j’étais toujours agrippée à ses jambes, cachée derrière elle. Je vis mon père s’accroupir et poser ses yeux sur moi. Je ne pouvais pas bouger, il passa sa main dans mes cheveux et tendis les bras pour que je vienne m’y lover. Un instant passa sans que ni moi, ni lui ne bouge. Je levais la tête vers ma mère qui me fit son sourire le plus rassurant. Et enfin, j’allais m’abandonner dans les bras de mon père, le cœur battant à mille à l’heure. Alors qu’il me serrait fort contre lui, j’essayais d’atteindre le plus près de ses oreilles, et chuchotais : « S’il te plait papa, t’en vas plus jamais. S’il te plait papa.»
    FIN DU FLASHBACK

    J’ai toujours très mal vécu les départs, peut-être parce que je les ai expérimenté trop jeune, peut-être parce qu’il y en a beaucoup et souvent, peut-être parce qu’à chaque fois il s’agissait de gens que j’aimais, peut-être… Et pourtant, en quittant le nid familiale j’aurai pu choisir de changer totalement d’univers, de ne pas reproduire le schéma de mes parents, j’aurai pu choisir un homme qui ne voulait pas être militaire, mais médecin. J’aurai pu. Mais voilà, le cœur à ses raisons, que la raison ignore et au lieu de faire ce que je m’étais toujours promis de faire, j’ai suivit le chemin que je voulais à tout prix éviter. J’aime Ryder, tellement, tellement. C’est l’homme de ma vie, l’amour de ma vie. Je l’aime et je n’aurai jamais pu le quitter à cause des choix qu’il a faits. Même si c’est dur, je suis avec lui et même si c’est long et pénible, je l’attends. Toujours et pour toujours.

    FLASHBACK
    Nous étions à Londres pour les vacances de Noël, j’étais folle de joie à l’idée de me retrouver chez moi, et de revoir tous mes amis. Ce soir nous été pourtant consacré à lui et moi… Ryder tenait ma main et nos doigts s’entrelacés les uns avec les autres. Un sourire était figé sur mon visage, impossible de le décoller. J’étais trop heureuse et j’avais envie que cela se voit. Soudain, comme c’est souvent le cas à Londres, une goutte d’eau me tomba sur le bout du nez, puis une seconde se fit sentir, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un énorme torrent se mette à battre son plein. Ryder et moi étions loin d’être vêtus pour une averse comme celle-ci, il se mit à courir tout en me tenant toujours la main, il me tirait presque et moi je me contentais de le suivre. Lorsqu’enfin nous arrivâmes à notre hôtel, Ryder se stoppa net. Nous étions trempés jusqu’à la moelle, il me plaqua contre le mur et m’embrassa à pleine bouche. Puis il me guida à l’intérieur et quelques minutes plus tard nous étions dans notre chambre. Il s’occupa personnellement de me déshabiller et j’en fis de même pour lui. La nuit fut douce et je n’ai jamais été plus amoureuse que ce soir là.
    FIN DU FLASHBACK

    Le professeur parlait d’un mouvement qui ferait que les choses changent. Il avait raison et honnêtement je ne voyais pas quel plus gros changement je pouvais trouver dans ma vie, que celui d’avoir un bébé. Mais était-ce assez pour demander à Ryder de lui-même changer ? Etait-ce une raison pour lui demander de le faire ? Je n’étais sûre de rien et je l’aimais tellement que je ne pouvais pas le lui demander. Même si à la base il avait été un peu poussé par son père pour devenir militaire, il ne détestait pas son job, je sais qu’il n’aime pas être loin de moi mais il dit toujours qu’il doit faire son devoir. Ryder est aussi fidèle en amour qu’en amitié, que dans tout le reste aussi. Lorsqu’il s’engage il respecte ses engagements. Et puis s’il arrêtait tout, que ferait-il ? Mais en même temps cette vie de femme qui s’inquiète, qui doit sans cesse rassurer ses enfants pour leur dire que leur père sera bientôt là, sain et sauf alors que moi-même je n’en sais rien, est-ce vraiment pour moi ? Plus ça va et moins j’en suis sûre.

    Finalement au bout d’un moment, Alcide demanda si je voulais de son aide pour m’aider à surmonter l’épreuve de l’absence. Cela me fit un peu drôle sachant qu’il restait quand même mon professeur et que je réalisais que nous nous étions vraiment embarqués dans le domaine du privé. Il venait même de me prêter son mouchoir… Je me sentais perdue, troublée. Cette séance d’écriture se transformait en thérapie, je ne savais plus rien de ce que je pensais et c’était comme si je n’arrivais plus à réfléchir correctement. Je ne me dévoile pourtant jamais autant avec des inconnus et encore moins quand ceux-ci sont aussi mes professeurs… C’est tellement étrange! Mais avec Van Stexhe ça ne me fait pas peur, comme si je l’avais toujours connu. J’étais à l’aise pour parler avec lui, la preuve je venais de lui révéler des choses très personnelles. J’avais besoin de me calmer, de me ressaisir, de redevenir moi. «Hum… je ne sais pas trop… qu’est-ce que vous proposez ?». Etait-il psy en plus d'être professeur ? Je veux dire, comment croyait-il pouvoir m’aider ? Il me paraissait sûr de lui et je savais que sa question partait d’une bonne intention mais comme je venais de réaliser à quel point je m’étais ouverte à lui, j’étais en train de prendre peur. Je ne voulais plus aller trop loin, je ne voulais plus me dévoiler. Pas autant en tous cas. J’en avais déjà bien trop dit.


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    Quand on écrit, on le fait avec ses tripes. On met toujours beaucoup de soi-même dans ce qu’on couche sur le papier. Et bizarrement, alors qu’il n’y avait encore pas le moindre mot d’écrit sur le papier, Alcide sentait bien que ses entrailles étaient tout à fait au travail en ce moment précis et depuis quelques minutes déjà.
    Comment expliquer ce qui était en train de se passer ? Van Stexhe avait l’impression que ce soir, il n’était pas nécessaire d’écrire. Pas pour le moment. Kendall, comme lui, avaient besoin d’autre chose. La discussion le prouvait bien : il n’était pas possible d’écrire alors que tout à fait autre chose était en œuvre. C’était une sorte de confiance qui s’installait peu à peu… et même si ce n’était que pour un soir, même si dès le lendemain il faudrait peut-être oublier tout cela, il était clair que ce n’était pas vraiment « normal » de se dire qu’on avait, en tant que prof, l’envie de se confier et de converser au sujet de soi-même avec une étudiante.

    Etait-ce le fait qu’il sentait que, d’une certaine façon, elle et lui vivaient à peu près la même chose ? Etait-ce parce que Kendall lui semblait aussi tourmentée par l’absence de son mari que lui-même l’était lorsqu’il était loin des personnes à qui il tenait… Bon sang, cela lui faisait songer que sa sœur, sa nièce et son neveu lui manquaient beaucoup… S’il téléphonait ce soir à sa famille, en rentrant, ce serait sans doute une bonne chose. Il devait dire aux siens à quel point il tenait à eux… c’était indispensable. Il le fallait.
    Cette jeune femme, en face du professeur de psychologie, lui faisait terriblement penser qu’il fallait qu’il se bouge pour que ses relations puissent continuer à exister et à évoluer. C’était valable pour la famille, ça l’était aussi pour l’amitié et le reste.

    Il se souvenait très bien de ce que l’absence lui avait fait subir, toute cette souffrance quand il était gamin, cette enfance volée par le décès d’un frère aîné qui lui manquait encore et toujours… Alcide était de ces gens qui avaient été forcés de grandir trop vite… et cela expliquait en partie, peut-être, pourquoi, à l’âge de cinquante ans, van Stexhe était encore et toujours dans une optique pas encore tout à fait adulte. Car oui, mentalement, il n’était pas rare que l’homme se sente un peu comme un adolescent. Il lui arrivait de réagir comme tel, d’ailleurs. C’était très certainement quelque chose qui dérangeait pas mal les autres hommes, ses collègues par exemple, parce que cette facette de sa personnalité le rendait vite proche de femmes beaucoup plus jeunes. A la limite, ça pouvait presque les attirer de se dire qu’un type de cinquante ans pouvait être encore aussi jeune dans sa tête, tout en ayant des années et des années d’expérience… Ce n’était pas pour déplaire à van Stexhe, parce qu’il est toujours agréable de sentir qu’on plait, de se dire qu’on a toujours quelque chose d’attirant pour les jolies jeunes femmes…

    C’était quelque chose qui aurait pu arriver avec Kendall… mais non, Alcide la considérait pratiquement comme son égale. Elle avait vécu des choses exceptionnelles avec son père. Elle était mariée et, même si son mari n’était pas là pour le moment, elle avait quelqu’un qui tenait à elle et qui comptait pour elle. Pour cela, l’homme l’enviait un petit peu, en réalité, il avait toujours rêvé d’une vie de couple et d’une vie de famille. Mais il n’avait peut-être pas fait ce qu’il fallait pour cela. Cela dit, comme la jeune femme le lui avait dit précédemment, il n’était jamais trop tard pour changer de voie, pour prendre sa vie en main…

    Ecouter ce que disait Mrs Carter Kingsley, c’était une manière de prendre conscience qu’il y avait des choses à mettre en œuvre pour pouvoir atteindre le bonheur dont il rêvait depuis toujours. Restait à savoir ce qu’il valait mieux faire dans son cas à lui. Qu’était-il donc censé choisir comme chemin ? Quelles décisions devait-il prendre ? Et comment les mener à bien ?
    Putain, là, sur le coup, il avait l’impression d’être à un tournant de sa vie, un moment-clef, une charnière… C’était le moment où les choix qu’il ferait allaient déterminer la vie qu’il aurait dans quelque temps… Oui, dès ce soir, Alcide prendrait certaines dispositions qui s’imposaient. Il était plus que temps, sans aucun doute.

    Le quinquagénaire avait proposé son aide à la jeune femme, parce que quelqu’un comme elle, comme n’importe quelle autre personne vivant une situation semblable ou à peu près similaire, avait besoin de se sentir soutenue. Alcide, dans des cas comme celui-ci, se sentait parfaitement à la hauteur pour ce rôle. Après tout, il avait été psychologue avant de revenir à l’enseignement et il était parvenu à aider pas mal de personnes ayant des difficultés à gérer leur stress ou leurs relations…


    "Eh bien, j’ai l’impression que vous avez besoin de vous changer un peu les idées et de sentir que vous pouvez vous sentir épaulée par quelqu’un…" L’homme savait par expérience qu’une personne qui n’allait pas très bien se devait de pouvoir faire bouger les choses elle-même, quitte à recevoir un peu d’aide et de soutien pour cela. Et puis, il fallait avouer que le quinquagénaire aimait se rendre utile de cette manière ou d’une autre. "Ecoutez, ce n’est pas vraiment dans mes habitudes, mais comme vous vivez quelque chose de difficile à traverser seule, j’aimerais vous proposer d’être une sorte de personne-ressource pour vous aider."

    Bien sûr, elle pouvait refuser, van Stexhe ne le prendrait pas mal, mais la démarche devait venir d’elle. Alcide n’allait pas insister, ce n’était pas son genre de forcer les gens à se confier à lui, mais si Kendall le désirait, si elle en ressentait l’envie et le besoin, eh bien il serait là. Pas en tant qu’ami ni en tant que psy, mais en tant qu’être humain un peu ému par ce que cette jeune femme avait bien voulu lui dire…

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The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} - Page 2 1761661118082460

    Nous n’avions rien écrit de tout le cours, nous avions seulement parlé. Parlé de choses très intimes, en tous cas pour le type de relation qu’un professeur et une élève peuvent avoir, c’était une discussion vraiment poussée et presque douloureuse pour moi. Me rappeler mon enfance était à la fois très très heureux mais aussi un peu triste parce que tout n’a pas toujours été tout rose. Et puis penser à Ryder, alors que tout ce que je voudrais pour l’instant c’est ne pas penser trop à lui. Je l’aime tellement et j’ai si peur pour lui que je me dois de m’occuper l’esprit au risque de devenir folle. Vous savez ce que c’est d’avoir tellement mal au cœur, de se sentir tellement impuissante et seule qu’on voudrait juste s’endormir quelques instant pour ne plus penser à rien. Cette journée a été l’une des plus dures de mon existence et là, alors qu’on arrive à la fin, je suis complètement claquée. HS, crevée, exténuée… J’en peux plus. Un mot de plus et je craque. Mr Van Stexhe se proposait donc d’être une sorte de soutient pour moi. Une personne sur qui je pourrais m’appuyer si j’en ai besoin. Sa gentillesse me toucha sincèrement, et j’aurais voulu lui donner le plus beau sourire que j’avais en réserve pour le remercier mais au contraire je ne pouvais absolument pas bouger autrement j’éclatais en sanglot. Je ne voulais pas me mettre à pleurer devant lui, et puis j’avais déjà tellement pleuré aujourd’hui que cette fois-ci j’étais certaine de ne plus pouvoir m’arrêter si je me mettais à le faire à nouveau. Je pris donc une profonde, très profonde même, inspiration et articula rapidement un remerciement. «Avec plaisir…». Je pris une feuille que j’arrachais dans le coin, attrapa un stylo et y nota mon adresse email. C’était moins personnel que mon numéro de téléphone et ça restait un moyen très simple et rapide de me contacter, surtout que je regardais mes mails plutôt régulièrement. «Voici mon adresse. Vous pouvez m’y contacter comme vous le voulez.». Je ne savais pas trop quoi lui dire, je ne me sentais pas bien mais je tenais à ce qu’il comprenne qu’il n’y était pour rien. Je détestais agir de la sorte parce que ce n’était tellement pas moi, mais je n’arrivais même plus à me contenir, et à contenir cette tristesse en moi. Je pris mes affaires et alla les ranger dans mon sac. Je devais partir et vite. J’avais un grand besoin d’air. «Je suis désolée de mon comportement Monsieur… je dois y aller.»

    Lorsque je poussais la porte de sortie du bâtiment et que je vis de grosse goutte de pluie venir frapper le sol devant moi, j’eus d’abord un mouvement de recul avant de me lancer. Je n’essayais même pas de me protéger de l’eau, je m’en fichais bien d’être mouillée. Le temps de rejoindre ma voiture, mes fringues étaient complètement humides et inconfortable mais ce n’était pas grave car rien que cette petite douche, m’avait fait du bien. Le trajet jusqu’à la maison me paru comme coupé du monde. Je ne saurais dire combien de temps il dura. Concentrée sur ma conduite, j’avais la tête vide. Trop fatiguée pour continuer de penser. Après avoir atteint ma porte d’entrée, j’avais sentit un énorme sentiment de soulagement. Aussitôt rentrée, je m’étais donc empressée d’ôter mes vêtements mouillés pour aller m’emmitoufler dans mon pyjama et une bonne couverture. A peine ma tête toucha mon oreiller que mes yeux se fermèrent et que mon esprit trouva enfin un peu de paix. Je m’endormis rapidement et pendant une nuit entière j’étais libre de ne plus être triste.



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