the great escape
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The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall}

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MessageSujet: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} EmptyDim 30 Oct - 22:41

    Les séminaires d’écriture avaient plusieurs facettes assez représentatives. Parfois, on cherchait à y affiner le style, parfois on essayait de stimuler l’imagination, parfois c’était surtout des séances de réécriture d’œuvres choisies ou de transcriptions en dialogue de textes narratifs.
    Alcide aimait animer ces séminaires. Il avait presque l’impression d’animer des ateliers d’écriture. Ouais, c’était sympa comme truc.

    Ce jour-là, à défaut de donner vraiment cours, van Stexhe devait s’occuper d’un séminaire d’écriture. Ce qui était un peu complexe dans la gestion de ces petits groupes, composés d’une quinzaine d’étudiants maximum, c’était que les jeunes gens qui participaient pouvaient faire partie des étudiants de n’importe quelle section : littérature, langue, histoire, psycho, philo, cinéma, ou n’importe quoi d’autre. Chacun avec de bonnes raisons d’être là, chacun avec des attentes différentes. Il fallait faire avec et essayer de contenter tout le monde. Bref, ce n’était pas gagné.
    Cependant, le quinquagénaire n’était pas du genre à baisser les bras pour autant. Il était plutôt d’avis que, peu importait les études de ces jeunes gens, ils avaient tous quelque chose en commun : la volonté d’améliorer leur écriture. Et à partir de là, beaucoup de choses étaient possibles.

    L’homme était parti de cette idée pour préparer ce petit séminaire. Rien à voir avec les cours ex cathedra, rien à voir avec les grands groupes… Un peu plus tranquille, presque plus intime… c’était lors des séminaires de ce genre qu’un professeur pouvait le mieux apprendre à connaître ses élèves.
    Pour le quinquagénaire, connaître ses étudiants était une priorité. La matière était importante, certes, mais pour qu’un jeune puisse se sentir bien, il fallait qu’on lui manifestât un minimum d’estime et de reconnaissance. Alcide faisait l’effort d’apprendre et de retenir, si pas les prénoms, au moins les noms de famille de ses étudiants, pour bien leur montrer qu’à ses yeux, ils n’étaient pas des numéros devant qui il fallait déblatérer des connaissances ou des savoirs théoriques, agrémentés de quelques explications pratiques, avant de rentrer chez soi sans plus y penser.
    Non, pour lui, il y avait tout autre chose qui était en jeu. Un jeune qui ne se sentait pas reconnu ou qui se sentait mal estimé ne donnerait pas le meilleur de lui-même. Ce qui pouvait être plus que fâcheux pour l’étudiant, mais aussi pour le professeur et, par la suite, pour l’image de l’université. C’était un effet domino : quelque chose tombe, un peu par hasard, et puis tout peut s’écrouler ensuite, sans prévenir.

    Pas la peine d’en faire tout un plat, chaque enseignant avait ses idées et chacune était défendable. Liberté pédagogique oblige, même la directrice, le doyen ou je ne sais quel inspecteur ne pouvait aller à l’encontre de ce grand principe de la liberté pédagogique. Ces gens-là pouvaient intervenir quand ça dérapait, à condition que cela s’apprenne, qu’il y ait des preuves ou, à défaut, des témoignages concordants et crédibles. Jusqu’ici, Alcide n’avait jamais été ennuyé, malgré ses nombreux écarts avec des étudiantes. Tant mieux. Mais il savait bien que cela contribuait tout de même à lui créer une sacrée réputation qui allait pousser les autorités à s’intéresser plus facilement à lui, le jour où elles débarqueraient.

    Bref, passons.

    Aujourd’hui, premier jour du séminaire, avec un tout nouveau groupe. Quinze séances au programme, à raison de deux heures par semaine, ils allaient passer, chaque semaine, une soirée tous ensemble pendant près d’un quadrimestre.
    Préférant un endroit propice au travail, Alcide avait réservé la salle de lecture de la bibliothèque. Cela leur faciliterait, en outre, l’accès à tous les ouvrages possibles et imaginables. Parfait.

    Le cours commençait à 17 heures. Et van Stexhe entra dans la salle un peu à l’avance, histoire d’être poli et de saluer la bibliothécaire comme il se devait. Cette bonne femme était sympa, pas très jolie, mais bien agréable pour discuter.
    Il était adossé contre le mur en face de la bibliothécaire lorsque les étudiants commencèrent à entrer. Il adressa à chacun et chacune un hochement de tête, puis, une fois qu’il eût compté une bonne douzaine d’étudiants, l’homme fit un petit clin d’œil à la dame derrière son ordinateur, puis, il marcha jusqu’à la salle de lecture où les jeunes gens avaient déjà commencé à s’installer autour de la grande table qui trônait au milieu de la pièce.


    "Allez-y, installez-vous…" Lui-même déposa les dossiers qu’il trimballait sous son bras sur la table et s’installa, sans trop prêter attention à qui se trouvait de chaque côté de lui. "Bon, deux heures par semaine, pour quinze séances… Ce séminaire d’écriture se veut aussi être un séminaire de lecture, l’un ne va pratiquement pas sans l’autre… Cette formation vous permettra, j’espère, d’être mieux outillés et de lire plus efficacement non seulement en augmentant votre vitesse et votre rétention mais aussi en changeant tout simplement votre façon de lire, d’écrire et d’aborder un texte…"

    Oui, il espérait que cela soit profitable à chaque personne ici présente, car, que ce soit pour eux-mêmes ou pour leurs études, ces jeunes gens devaient tirer des bénéfices de ces deux heures par semaine, sinon, cela ne servait strictement à rien.

    "Certains parmi vous me connaissent peut-être un peu, mais pour les autres, je vais prendre la peine de me présenter…" Promenant son regard sur les visages qui l’entouraient, l’homme continua : "Je suis le professeur van Stexhe. Alcide van Stexhe. Cinquante ans, européen et professeur dans cette fac. Je donne cours de psycho et de critique, mais ma formation initiale relève plutôt de la linguistique et de la littérature. J’ai pas mal de passions et pas mal de boulot, mais j’aime pouvoir prendre le temps de faire bien les choses. Voilà, en gros, je ne pense pas que vous ayez besoin de connaître le reste."

    Il avait terminé avec un sourire, parce que, en fait, il ne savait pas du tout ce qu’il était censé dire pour inspirer confiance à ces étudiants.

    "Bien, je vous propose de faire un petit tour de table, pour que vous puissiez tous vous présenter brièvement, ensuite on attaquera directement ce qui nous occupera pendant quinze semaines…"

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MessageSujet: Re: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} EmptyMar 1 Nov - 19:53

The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} 1761661118082460

    Je m’éveillais à peine lorsque l’alarme de mon réveil se mit en marche. Il était cinq heure tout pile et je devais me lever le plus vite possible pour ne pas arriver en retard à l’entrainement. J’enfuis ma tête dans mon oreiller, je ne suis pas du genre à trainer au lit, je ne peux que rarement me le permettre de toute manière. Mes entraineurs détestent qu’on arrive en retard ou bien à l’heure mais le ventre vide car on n’a pas eu le temps de déjeuner. Aujourd’hui c’est différent, c’est l’un des rares jours où ma volonté de rejoindre les bassins de la piscine universitaire est plus faible que mon désir de rester au lit pour toujours, versant toutes les larmes de mon corps. Je n’avais pas envie de me lever, je n’avais pas envie de réaliser que Ryder était réellement partit et que je n’allais pas le revoir avant plusieurs mois, d’ailleurs je ne savais pas non plus avec certitude si je le reverrai un jour. Il était partie faire la guerre et bien qu’Obama ait déclaré que celle-ci était finie et que bientôt les soldats seraient de retour à la maison, sur place la tension était encore palpable et le nombre de morts augmentait toujours. C’était la guerre, et le risque zéro n’existe pas dans ce cas là. Ryder était en danger, et il le serait pour encore plusieurs mois.

    FLASH BACK.
    Un jour plus tôt…

    Debout dans le couloir menant du salon à notre chambre, je regardais Ryder fermer son sac aux couleurs de l’armée, le reste de ses affaires étaient déjà placées devant l’entrée, il était prêt à partir d’une minute à l’autre. Ni lui ni moi n’avions dit quoi que ce soit, je me contentais de le regarder se préparer en rassemblant tout mes efforts pour ne pas pleurer. Mon cœur me criait de l’arrêter, de lui dire de rester avec moi, mais ma tête savait qu’il faisait son travail, qu’il faisait ce qu’il aimait et que de toute manière il reviendrait vite à la maison. J’étais incapable de bouger, prise entre l’envie de lui sauter dessus une dernière fois et celle de lui foutre une claque pour m’abandonner tout comme mon père l’a fait durant toute mon enfance en étant lui-même militaire. Perdue dans mes pensées, je n’entendis pas Ryder me parler, soudain je le vis venir se planter devant moi me fixant avec son regard de gros dur qui essaye de faire de bonne figure mais qui n’y arrive pas.
    Ryder : C’est l’heure bébé.
    Il s’approcha de moi et passa ses bras autour de ma taille, il me tira vers lui, je mis ma tête sur son épaule, respirant l’odeur de son cou, essayant d’intégrer chaque sensation que ressentait mon corps pour m’en souvenir plus tard quand il me manquerait. Son torse contre le mien, sa peau contre la mienne, sa main dans mes cheveux, ses lèvres sur les miennes. Je m’imprégnais de tout. Il s’écarta de moi et toucha mon ventre, il savait que la prochaine fois qu’il rentrerait je ne serai probablement pas seule, notre enfant, dont nous ignorions pour l’instant le sexe, serait né. Il se baissa et embrassa mon bidon qui était toujours plat quoi que commençant un tout petit peu à s’arrondir, mais rien qui ne puisse être vraiment remarqué. Ryder se releva et prit ma main dans la sienne, nous nous dirigeâmes vers l’entrée où il attrapa ses équipements d’une main, quelques minutes plus tard nous étions dans la voiture en route pour l’aéroport.

    FIN DU FLASH BACK.

    Je mis ma main sur le côté inoccupé du lit, la place de mon mari, froide et vide. Je ne pu m’empêcher de ressentir un pincement au cœur. C’était la deuxième fois que Ryder partait en Irak, et la première fois avait été d’autant plus difficile, mais malgré tout cette fois-ci était aussi très dure à vivre. J’étais enceinte, et j’étais terrifiée à l’idée de me retrouver seule pour vivre ma grossesse tout comme ma mère l’avait été lorsqu’elle m’attendait, elle avait pris mon frère alors âgé d’un an avec elle et ils étaient allés chez mes grands parents en France pour qu’elle ne soit pas seule pour l’accouchement. La situation est différente pour moi, je suis encore étudiante et je ne peux pas me permettre de partir vivre chez mes parents qui pourtant ne vivent pas très loin de San Francisco puisqu’ils ont leur maison à Santa Barbara, je ne leur ai pas encore dit pour le bébé, je sais qu’une fois que je l’aurais fait ils voudront venir s’installer avec moi ou quelque chose du genre. Ce n’est pas que je n’en ai pas envie, bien au contraire, mais pour l’instant j’ai besoins de temps pour me remettre du départ de Ryder et puis je ne veux pas qu’ils s’inquiètent pour moi, ni qu’ils se sentent obligés de m’aider, après tout ils doivent aussi s’occuper de mes deux sœurs vivants encore avec eux.

    Le réveil affichait maintenant cinq heure et quart, ça me laissait un quart d’heure pour me doucher, m’habiller et avaler quelque chose. Je pris une profonde inspiration et essuya mes larmes qui coulaient le long de mes joues. Je suis une grande fille, une grande fille qui a vécue toute sa vie dans une famille de militaire et qui a l’habitude de voir un être cher s’en aller pour défendre son pays, alors je vais me lever et je vais passer cette journée et toutes celle qui vont suivre jusqu’au retour de l’homme que j’aime. Je peux le faire, il suffit de sortir un pied puis l’autre du lit, une fois debout ça ira mieux. Je pris une douche rapide en moins de cinq minutes, je ne pris pas la peine de m’essuyer les cheveux puisque de toute manière ils seraient encore mouillés dans la piscine. Il ne me nécessita pas beaucoup plus de temps pour enfiler mon jean et un gros pull, il commençait à faire froid à San Francisco, vraiment froid. Je pris ensuite un bol de céréales, du lait et un comprimé de vitamine C. En moins de deux j’avais mis mes chaussures et attrapé mes sacs de cours et d’équipements. Lorsque je me mis le nez dehors je ressentis un long frisson parcourant tout mon corps. Une fois de plus je pris une grande inspiration pour me motiver à faire un pas, puis un autre, et encore un autre, j’étais prête à affronter ma journée.

    L’entrainement fût difficile, les entraineurs attendaient beaucoup de moi et à la sortie je ne pu pas retenir mes larmes, non seulement il y avait le départ de Ryder qui m’avait rendue émotive mais il y avait aussi les hormones de femmes enceinte qui jouaient. Je m’attendais à passer quelques jours difficiles et je sentais déjà que j’allais devoir faire un plein de mouchoirs en papier. J’avais mon premier cours à neuf heures, c’était théâtre et on devait jouer une série de scène dramatique, je n’eus aucun mal à faire l’exercice, le prof fut même scotché du réalisme dont je faisais preuve. J’eus le droit aux applaudissements des autres élèves, comme quoi mon hyperémotivité pouvait servir et pas seulement m’embarrasser.

    Le restant de la journée se passa entre crise de larmes et maux de tête, arrivée à la fin de l’après midi j’étais épuisée et je n’attendais qu’une chose, rentrer à la maison pour me glisser sous la couette avec un bon bol de soupe et le DVD de Dirty Dancing. Ryder n’aurait pas aimé me voir dans cet état mais tant pis, j’étais trop triste et sur le coup je n’arrivais même plus à me concentrer sur autre chose que ma peine et mon appréhension. Toute la journée mes pensées avaient été tournées vers lui, je priais intérieurement pour qu’il soit arrivé en toute sécurité, pour qu’il soit bien installé et pour que tout aille bien pour lui. Vers seize heures mon portable vibra, c’était un rappel pour me souvenir qu’aujourd’hui j’avais ma première séance d’écriture avec un prof dont j’avais oublié le nom mais qui était apparemment réputé pour flirter avec ses élèves et plus si affinités, on m’avait aussi dit de lui que bien que très charmant (et charmeur) il était plutôt bon, voir même très bon dans ce qu’il enseignait. Tant qu’il s’en tenait à m’apprendre à bien rédiger, et non à me draguer, je n’avais pas de problème avec lui. J’aurais bien eu envie de sécher son cours aujourd’hui mais c’était la toute première séance et lorsque je m’y étais inscrite j’avais fait preuve d’une grande motivation à suivre ce cours, ne pas y assister c’était plutôt bête sachant que j’en mourrais d’envie.

    Le cours avait lieu à la bibliothèque, lorsque j’arrivais sur les lieux il y avait déjà quelques personnes dont le prof, son nom me revint presque aussitôt, Van Stexhe. Il était plutôt sexy pour son âge et pour un professeur aussi… Bien qu’ici à Berkeley nous ayons quelques enseignants plutôt canons, la grande majorité était juste un tas de vieux rabat-joie. Monsieur Van Stexhe nous fit nous installer après quelques minutes, j’avais un de ses maux de tête ! Mais je fis bonne figure, il n’y avait pas grand monde ce qui était en fait plutôt cool car ça rendait la chose plus intime et moins intimidante. Le prof se présenta rapidement et il me donna l’impression d’être vraiment différent de mes autres professeurs. Il proposa un tour de table pour que chacun puisse se présenter et qu’on apprenne à se connaitre un peu mieux puisqu’on allait passer plusieurs heures ensemble dans les prochaines semaines. Il commença par mon opposée, j’allais être la dernière à parler. Je n’écoutais que d’une oreille ce que les autres racontait, ce n’est pas qu’ils ne m’intéressaient pas mais sur le coup j’avais bien d’autres choses en tête. Lorsque mon tour arriva il me fallut quelque seconde pour le comprendre, je vis tous les yeux se braquer sur moi mais il m’en fallait plus pour me mettre la pression ou me faire rougir, j’ai déjà nagée devant des centaines de personnes, je suis même passée à la télé lors des championnat mondiaux de natation, j’avais dix sept ans et à l’époque se retrouver en maillot de bain devant des milliers de gens ce n’était pas vraiment ce dont je rêvais, mais tout ça a fait qu’être devant pleins de monde habillée ou à moitié à poils, ça ne me gène même plus. Parler en publique c’est la même chose, surtout que je veux faire comédienne alors j’ai intérêt à m’y habituer je crois. Je m’éclaircis la gorge et pris enfin la parole. « Je m’appelle Kendall Kingsley et je suis en 4ème année d’art du film. Je souhaite devenir comédienne ou bien scénariste, voir les deux pourquoi pas. Travailler pour le cinéma, la télé ou même le théâtre est un rêve ! Je fais partie de l’équipe de natation de Berkeley, et également de l’équipe nationale Américaine, je serais à Londres l’été prochain pour représenter les Etats-Unis lors des Jeux Olympiques. J’ai 24 ans, et avant de venir à Berkeley j’étudiais la Médecine à Columbia. Je suis née à Paris en France mais j’ai grandit en Angleterre dont j’ai d’ailleurs la nationalité. Je suis mariée. » J’avais dit tout ce que j’avais pu, la dernière phrase que j’avais prononcée me mit une boule à la gorge. Je fis un sourire qui ne devait pas vraiment y ressembler attendant que quelque chose se passe.

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MessageSujet: Re: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} EmptyMer 2 Nov - 15:37

    La bibliothèque était un lieu qu’Alcide aimait bien. Parce qu’il était plutôt du genre dévoreur de livres, bibliophile et fervent adepte de littérature, mais aussi parce qu’il ressentait toujours en un endroit pareil comme une sorte de présence du génie. C’était comme si se trouver là revenait à côtoyer les grands de ce monde, ceux qui avaient laissé derrière eux des documents écrits pour le progrès et la postérité… Hormis cela, eh bien, il va sans dire que depuis qu’il avait passé un très agréable moment avec Gemma dans cette bibliothèque, l’homme avait tendance à voir ce lieu un peu différemment. Heureusement, d’ailleurs, que ce séminaire d’écriture n’était pas organisé de l’autre côté de la bibliothèque, parce que là, le professeur n’aurait pas pu s’empêcher de repenser à tout ce qui s’était passé… et ce n’était pas vraiment le genre de pensées idoines lorsqu’on est censé donner cours, même si les étudiants sont peu nombreux.

    Et comme les étudiants semblaient tous être arrivés dans la salle de lecture, le professeur avait commencé par introduire brièvement ce séminaire avant de se présenter lui-même de manière relativement simple. Ainsi, ses objectifs et souhaits pour ces quinze séances étaient établis clairement. Quant à ce qu’il avait dit de lui, eh bien, il fallait reconnaître qu’Alcide avait évité le pompeux et le lourd, il avait plutôt opté pour quelque chose d’humble et de presque sympathique. Car, comme tout être humain, van Stexhe n’aimait pas trop l’idée qu’on le jugeât sans chercher à le connaître. C’était pourtant précisément ce qui se passait généralement avec les professeurs : il était inévitable que les étudiants vous collent une étiquette sur le front après le premier ou le deuxième cours. Tel prof est un enfoiré, tel autre est trop sympa, celui-là ne te mettra pas en échec si tu portes un décolleté plongeant, etc.
    Alcide, lui, avait la réputation d’être un bon prof, mais qui avait la fâcheuse tendance à aimer les étudiantes de très près. Sans doute de trop près. Evidemment, c’était fondé, mais l’homme se demandait encore et toujours comment cela pouvait être arrivé de la sorte aux oreilles de tout le monde. Certes, le propre d’une rumeur est de se propager très rapidement sans qu’il n’y ait aucune vérification des sources informatives, mais van Stexhe avait toujours fait très attention pour que cette petite manie, si l’on peut dire, ne soit pas découverte ni ébruitée. Peut-être était-ce aussi parce qu’il était de renommée publique qu’il était célibataire et que cela faisait de lui une excellente cible pour tous les ragots du genre… enfin, au fond, chercher à savoir ça, c’était peut-être se chercher des excuses, en quelque sorte.

    Soit. L’important, à l’heure actuelle, c’était ce que disaient les étudiants qui étaient en train de se présenter, brièvement, chacun leur tour. Van Stexhe tâchait de retenir les prénoms de chacun. Et pour une quinzaine d’étudiants, c’était encore relativement simple, en général, sauf quand il y avait deux Jason, trois Shannon etc. Dieu merci, ce n’était pas le cas dans ce groupe.
    Chacun passa, expliquant en deux mots qui il était, quelles étaient les études qu’il faisait et de temps à autre, aussi, ce qui l’avait poussé à s’inscrire à ce séminaire. Tout se passa sans encombre et lorsque la dernière étudiante prit la parole, chacun écouta attentivement ce qu’elle disait.

    Alcide apprit ainsi que la dénommée Kendall était de nationalité anglaise, comme la mère de l’enseignant. Lui-même avait hérité de cette nationalité en même temps que de celle de son père. Au fond, tout ce qu’elle avait dit la concernant était digne d’intérêt, comme pour chaque autre étudiant présent, d’ailleurs. Peut-être que ce qui attira le plus l’attention du quinquagénaire furent les mots « Je suis mariée ». Elle était un peu plus de deux fois plus jeune que lui et elle était déjà mariée… C’était dingue, pour lui, de se rendre compte comme ça de ce que lui-même n’avait pas été capable de faire de sa vie… mais chaque fois qu’il était mis face à ce genre de réalité, van Stexhe ressentait la même déception de lui-même. Pour la peine, ça lui donnait envie de fuir, surtout de ne pas avoir à affronter ses propres limites et sa propre finitude, pas maintenant, pas en face d’étudiants…

    Le quinquagénaire eut l’air pensif pendant quelques instants. Comme s’il essayait de retenir tout ce qui avait été dit… mais qu’il tentait, en même temps, d’analyser ce qui avait été exprimé. La plupart des étudiants avaient mentionné une volonté bien ancrée de percer, à leur manière, dans les domaines qu’ils étudiaient. Cela, en réalité, l’homme s’en doutait déjà avant… Mais il était clair qu’entendre cela de la bouche de ces jeunes gens était tout à fait différent que d’avoir à le deviner.


    "Ok… alors voilà comment on va fonctionner. Dans un premier temps, nous allons travailler en binômes. Le but du jeu est de dévoiler votre style à quelqu’un d’autre tout en vous permettant de découvrir le sien…"

    Alcide avait un peu l’impression qu’il animait une thérapie de groupe, mais, en soi, avant de commencer quoi que ce soit permettant à chacun d’avancer, il fallait commencer par savoir où chacun en était, il fallait analyser le niveau de chacun, voir où il fallait faire des progrès, ce qu’il fallait travailler et comment avancer. Bref, il fallait déterminer le niveau, puis la méthode à utiliser.

    "Mettez-vous par deux, jeunes gens. Vous allez écrire à partir d’un objet, pour commencer. Un objet à qui vous allez donner une vie, des émotions, des sentiments…"

    Anthropomorphiser un objet. C’était un exercice de base, mais c’était très révélateur des niveaux et des styles. Il n’y avait pas grand-chose à dire de plus, au niveau des consignes. Le choix de l’objet était laissé libre pour chacun, il s’agissait aussi de voir un peu où et comment se situaient ces étudiants. Le choix d’un objet était déterminant… et par quoi était-il déterminé ? par le vécu de chaque étudiant, par ses goûts, par ses envies, ses désirs et ses craintes… et, en tant que psychologue, van Stexhe était assez intéressé par ces informations diverses.

    Des binômes… se mettre par deux… c’était facile et simple, mais il y avait quinze étudiants. Un nombre impair, donc. Il était clair que l’un de ces étudiants allait travailler avec Alcide. L’un ou l’une de ces étudiants, plutôt…
    Le quinquagénaire n’était pas très regardant pour le moment. Il ne comptait pas flirter avec quiconque ici présent. Pour le moment, l’homme se contentait très bien de ce qu’il avait, de ces quelques femmes, plus ou moins jeunes, qui voulaient bien de lui régulièrement. Au fond, cette régularité, si ce n’était pas vraiment de la stabilité, ça n’en était pas si éloigné pour autant. Créer une sorte de rituel, avec elles, c’était comme une sorte de petit entrainement pour le moment où, enfin, van Stexhe se sentirait prêt à passer à quelque chose de plus sérieux. Mais jusqu’ici, il ne parvenait pas encore à se décider sur qui il allait jeter son dévolu. Brooke ? il avait toujours un petit faible pour elle, mais il avait choisi de laisser cette jeune femme à son fils… Gemma ? elle était mariée, malheureusement… Heaven ? non, elle ce n’était que pour le sexe…

    Non, la vie, ce n’était pas si simple que cela. Alcide en avait de plus en plus conscience. Et il savait très bien que ce genre de préoccupations allait se ressentir dans sa propre production écrite.

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MessageSujet: Re: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} EmptyDim 6 Nov - 1:43

    The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} 1761661118082460


    FLASH BACK
    Un jour plus tôt

    « Dernier appel pour le vol D745 à Destination de Washington, DC » la voix de l’hôtesse d’American Airlines résonna dans ma tête, c’était le dernier appel avant le décollage de l’avion qui emmènerait Ryder loin de moi. Nous étions assis sur les sièges mis à disposition des passagers avant l’embarquement, nous nous trouvions à quelques pas seulement des portes menant à l’appareil. Nous nous tenions la main si fermement que j’en avais presque mal, d’ailleurs je ne savais même plus si j’avais mal de lui serrer la main trop fort ou si c’était simplement mon cœur qui souffrait trop. Ryder se leva en entendant ce dernier message d’appel et attrapa mes deux poignets, il me fit mettre mes mains autour de son cou, ce que je fis sans protester bien entendu. Ses yeux se plongèrent dans les miens et le temps de quelques secondes le monde autour de nous avait cessé d’exister. Il n’y avait plus que lui et moi, juste nous deux pour toujours. Du moins c’est ce que j’aurais voulu. Cette fois je n’arrivais plus à me contenir, une larme perla le long de ma joue, puis une autre, et encore une autre, jusqu’à l’inondation totale de mon visage. Ryder m’embrassa sur le front avant de descendre sur mes lèvres. Nos bouches restèrent collées quelques secondes avant que nous ne nous séparions, il me serra une dernière fois contre lui, me chuchota qu’il m’aimait plus que tout, et s’éloigna tout en lâchant délicatement ma main. J’étais incapable de bouger ou de dire quoi que ce soit, j’étais en train de pleurer toutes les larmes de mon corps et quelque chose me disait que j’avais de la réserve. Je réussis à articuler un dernier « Je t’aime » à mon mari qui me fit un clin d’œil avant de se tourner vers l’hôtesse et de lui tendre son billet. Elle le passa dans une machine et lui indiqua le chemin à suivre jusqu’à l’avion. Ryder me jeta un dernier coup d’œil et disparu dans le long couloir. Je me laissais aller à quelques gros sanglots, ignorant totalement les gens autour de moi. Je me fichais de savoir ce dont j’avais l’air, parce que je venais de dire au revoir à l’homme de vie, et bien qu’il doit me revenir d’ici quelques mois, il va ma manquer terriblement, c’est aussi le début de mon angoisse, celle de ne pas le voir revenir, de longues nuits blanches se dessinent devant moi.

    A peine m’avait-il quitté que je voulais lui courir après, j’en mourrais d’envie et pourtant je ne fis rien. Je me rassis pour un petit temps sur ma chaise, fixant celle d’à côté, celle où Ryder avait été assis peu de temps avant. A un moment, je tournis la tête et vis l’avion commencer à reculer, il se dirigeait probablement vers les pistes de décollage. Mon cœur se resserra encore un peu plus, quelques minutes s’écoulèrent lorsque je vis enfin l’appareil prendre son envol. A l’aide de la paume de ma main j’essuyais mes larmes puis je vins poser mon regard sur mon ventre. Je n’étais pas seule, plus maintenant en tous cas.

    FIN DU FLASH BACK


    Pendant que le prof donnait encore quelques informations je pensais à autre chose, mon mal de tête m’empêchait de me concentrer totalement, ça et aussi le fait que je n’arrivais pas à chasser Ryder et le bébé de ma tête. Tant de chose à me préoccuper, et pas le temps pourtant de me laisser aller. D’un geste nonchalant je déposais lourdement ma tête dans la paume de main, mon coude appuyé sur la table. Ce n’était pas une position très élégante certes, mais je ne me sentais pas très bien et ce n’était peut-être pas une bonne excuse pour certain, mais ça marchait très bien pour moi. Van Stexhe proposa de se mettre en binômes afin d’apprendre à connaitre le style et le niveau de chacun. Il présentait ça comme un jeu, ce qui m’allait plutôt bien, je n’étais pas d’humeur à trop me fouler. Il expliqua ce qu’il attendait de nous pour ce travail et fis ses dernières indications, je n’avais même pas réalisé qu’il avait fini de parler que tout le monde était déjà en binôme. Evidement, une classe de quinze élèves, on doit se mettre par deux, quelque doit se retrouver seul et travailler avec le prof, et forcément ce quelqu’un doit être moi. C’est un peu ma fête aujourd’hui je crois… Je me redressais dans un mouvement lent. J’affichais probablement un visage de fille déprimée prête à éclater en sanglots à tout moment, en fait c’était tout à fait le cas et j’avais beau essayer, je n’arrivais pas à le cacher. J’étais dans un piteux état et plus la journée avançait moins j’avais envie de faire des efforts.

    J’avais dit à tout le monde que j’étais mariée et ça ne m’était même pas venue à l’esprit que cela avait pu les « effrayer », je n’aimais pas qu’on me voit comme une coincée sous prétexte que j’étais déjà casée, j’avais simplement eu la chance de trouver l’homme de ma vie rapidement. J’ai vingt quatre ans, je ne suis pas non plus un bébé, être mariée à mon âge ce n’est pas forcément courant mais c’est loin d’être rare non plus. Des filles avec des bébés on en voit des tonnes qui n’ont même pas encore vingt ans, moi j’en ai quatre de plus et je suis dans une bonne situation, mis à part le fait que je sois encore étudiante, mais je touche quand même de l’argent grâce à la pratique de la natation en haut niveau. Mon mari à un bon emploi, c’est vrai que ce n’est pas le rêve car il est loin de moi et bientôt je pourrai dire qu’il est loin de son enfant, mais moi je serai là pour rassurer notre fille ou notre fils et même si je ne pourrai jamais remplacer Ryder dans son cœur, j’aurai au moins l’avantage de savoir ce que mon enfant ressent ayant vécue moi-même le fait d’avoir un père absent à cause de l’armée. J’ai un toit au dessus de ma tête, des habits avec lesquels m’habiller, et j’ai largement de quoi me nourrir, alors oui je suis jeune mais j’ai tout ce qu’il faut pour élever un bébé dans un milieu sain et stable, cet enfant sera peut-être en manque de son père parfois, mais il ne sera jamais en manque d’amour, et Ryder se fera un point d’honneur d’être présent dans sa vie le plus possible, je le sais. Il sera un aussi bon père que je serai une bonne mère. A tout ceux qui ne croient pas que j’y arriverai, j’ai hâte de leur prouver le contraire. Et si être mariée veut dire être jugée plus sévèrement que les autres filles, être moins bien acceptée alors tant pis ! Je n’aurai jamais honte de dire que je suis prise par un homme formidable et qu’ensemble nous commençons à fonder une famille. Mon cœur lui appartient pour toujours, tout comme le sien m’a été offert à jamais. Notre amour semble niais, c’est certain mais je m’en fiche, je ne m’étale pas en petites phrases cul-cul, je ne fais qu’informer la population, en particulier masculine, que je ne suis plus un cœur à prendre et que ça vaut aussi bien pour mon derrière. Au moins ça éloigne les lourdingues, les autres sont libres d’être mes amis.

    Je me retrouvais donc toute seule, le prof semblait perdu dans ses pensés quelques instants, au bout d’un moment je décidais donc de l’approcher pour lui demander ce que je devais faire. Je m’éclaircis la gorge, passa une main une main dans mes cheveux pour me dégager le visage et lui fis un petit sourire timide. « Je n’ai pas de binôme… ». J’avais l’air d’une gamine, pauvre petite malheureuse avec sa tête d’enterrement, qui n’avait pas une seule amie avec qui travailler. En soi ce n’était pas un drame, je ne connaissais personne dans ce groupe de travail et je n’avais pas honte de le dire, je trouve d’ailleurs que travailler avec quelqu’un à qui je n’ai jamais parlé c’est un peu … bizarre… Personne ne sait vraiment quoi dire, on finit par se regarder dans le blanc des yeux sans savoir par où commencer, se présenter, faire un peu connaissance ou bien entrer directement dans le vif du sujet. Travailler à trois c’est déjà un peu moins étrange, sur les trois il y en aura toujours un ou une pour être bavard, et travailler avec le prof ça peut-être intimidant, mais c’est souvent très instructif. Au fond je m’en fiche, et si je m’étais bougée de ma chaise plus vite j’aurais peut-être pu me mettre avec quelqu’un, mais là je n’avais pas vraiment le choix, soi je joignais un groupe déjà formé et j’avais l’impression de m’incruster soi Van Stexhe m’invitait à travailler avec lui. « Est-ce que je travaille avec vous où est-ce que j’essaye d’intégrer un binôme pour former un groupe de trois ? » D’habitude les professeurs me font peur, lui il avait quelque chose d’intimidant mais aussi de très curieux, je n’avais pas envie de le fuir, plutôt d’essayer d’en savoir plus. Il semblait plutôt cool, enfin pas trop non plus, mais il n’avait pas l’air très stricte et puis je voulais savoir si il était vraiment aussi bon prof qu’on me l’avait dit.

    Je n’avais pas tellement d’idée d’objet à utiliser pour le travail, c’était un peu le trou noir dans ma tête. Peut-être qu’une boite de mouchoirs ferait l’affaire. J’en avais usé des tonnes hier et je n’en avais plus assez pour me permettre de pleurer encore toute la soirée, autrement je devrais utiliser le papier toilette. Ou bien une cuillère, une cuillère avec laquelle je vais dévorer un bon gros gâteau que je vais aller m’acheter en sortant de cours ce soir. Un gâteau au chocolat, un truc tellement calorique que demain à l’entraiment je devrais travailler deux fois plus pour arriver à effacer mes excès. Peut-être que je peux me contenter d’une simple boite de chocolat ou juste d’une seule petite part de gâteau plutôt que de l’acheter tout entier. Peut importe, il me faut simplement un truc qui me réconforte. Peut-être que j’irais simplement nager, après tout il n’y a rien qui ne m’apaise plus que ça.
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MessageSujet: Re: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} EmptyMer 9 Nov - 22:00

    La séance allait véritablement débuter et il apparaissait comme une évidence que ces jeunes gens allaient en profiter pour se découvrir un peu, pour faire connaissance et pour discuter un peu. Bon, ce n’était pas le but premier de l’exercice, mais, en soi, c’était un plus. Un petit bénéfice supplémentaire qui allait peut-être permettre aux étudiants d’apprécier ce moment-là, ce qui, dès lors, constituait un atout pour le professeur. Les jeunes aimaient bien, en général, des moments comme ça durant des séances de cours, cela détendait l’atmosphère… et cela les aidait à apprécier le cours en lui-même. Rien à voir avec de la démagogie, cela dit, c’était de la méthodologie pédagogique axée sur la motivation, rien de plus, rien de moins. Mais, toute personne ayant quelques notions de gestion de groupe vous le dira : dès que l’on poursuit un objectif collectif, l’émulation et la motivation sont indispensables.

    Mais lui, le professeur, après avoir donné ses explications, ses consignes et l’un ou l’autre exemple, en était venu à laisser vagabonder ses pensées tout en laissant glisser son regard sur les étagères, le long de la tranche des livres, puis parfois vers le sol, peu importait, de toute façon, il ne regardait rien, il voyait sans voir, perdu qu’il était dans ses pensées.
    Quelles pensées précisément ? La plupart des gens croient en notre libre arbitre, que nous choisissons tous notre voie… parfois la voie est claire, parfois moins. Dans le cas d’Alcide, il savait bien que chaque changement minime, chaque légère déviation de sa voie allait influencer son chemin de vie. Ce n’était pas pour rien que les décisions qui allaient chambouler une vie entière étaient difficiles à prendre…

    Alors venaient les questions, obsédantes, récurrentes… le genre de questions qui vous empêchent de trouver le sommeil car elles vous poussent à vous tourner et vous retourner dans tous les sens… Dans le cas de van Stexhe, ces interrogations incessantes concernaient pas mal de domaines différents. Le premier gros souci de l’homme s’appelait Pacey Stenfler. Un fils biologique qu’Alcide n’avait pas connu. Un fils biologique qu’Alcide n’arrivait pas à cerner. Un fils biologique pour lequel Alcide ne parvenait pas non plus à se décider : devait-il l’accepter et le laisser lui tomber dans les bras ? rester distant ? essayer de le connaître petit à petit ? ou le rejeter directement ?
    Après ça… eh bien, il y avait tout ce qui concernait les femmes, évidemment, car les femmes, quelles qu’elles soient, étaient toujours en jeu quand il s’agissait d’Alcide van Stexhe. Cela dit, les préoccupations du quinquagénaire avaient sensiblement évolué ces derniers mois. Après sa déprime et son grand n’importe quoi avec le départ de Lucie, l’homme avait réussi à faire son deuil de cette relation morte. Mais ça lui manquait quand même ce genre de relation. Se réveiller à côté d’une femme à qui on a fait l’amour, c’était tout à fait autre chose que reboutonner son pantalon et se barrer vite fait après avoir baisé une nana. Là, l’homme songeait à trouver une remplaçante pour Lucie… il imaginait bien Brooke Rowen-Glaswell dans ce rôle, mais puisque le fils d’Alcide était amoureux d’elle, il ne pouvait pas lui faire ça… il y avait aussi Gemma Nightingale, mais elle était mariée… quant aux filles passant régulièrement dans les bras du quinquagénaire, ce n’était pas la peine d’y penser. Non, les deux candidates les plus probables et les plus intéressantes pour Alcide faisaient partie de ses collègues. Pour la première fois depuis un certain temps.
    Quoi d’autre ? eh bien les traditionnelles questions existentielles : quel sens à la vie ? quel bonheur ? quels objectifs se fixer ? Et pourquoi l’être humain est un foutu poseur de questions ?

    Celle qui sortit Alcide de cette interrogativité perpétuelle était la jeune femme qui avait parlé en dernier lieu lors du tour de table. L’homme ne savait pas combien de temps il était resté inactif, à laisser son esprit errer comme ça… mais quand il leva les yeux sur l’étudiante en face de lui, il la vit sourire. Peut-être était-elle en face de lui depuis un moment, mais il n’avait rien remarqué avant qu’elle prenne la parole.
    Le fait était que cette jeune personne n’avait pas de binôme. Elle était seule pour ce travail que l’enseignant leur avait donné. Sur le coup, l’homme avait eu un peu envie de rire en voyant la tête qu’elle tirait, mais il s’était retenu. Il lui avait souri avant de répondre, suite à la suite des paroles de miss Carter Kingsley… non, pas « miss », mais « mrs », elle avait dit être mariée. Que valait-il mieux ? Un groupe de trois ? cela pouvait être sympa, mais un rapide coup d’œil aux différents duos confirma ce qu’Alcide pensait : tous étaient déjà au travail et imposer la présence d’une tierce personne aurait pu déranger le travail en cours. Mouais… bon… Van Stexhe ne tenait pas à semer la pagaille dans les groupes. Et il ne voulait pas non plus que commencent d’incessants bavardages. Alors il suivit son intuition.


    "Eh bien, vous pouvez travailler avec moi… Kendall, c’est bien cela ?"

    Pas encore sûr du prénom. Mais ça viendrait.
    Le professeur était plutôt ouvert et avait pas mal de principes, mais il ne pensait pas que ce soit une mauvaise chose que de permettre à cette jeune femme de bosser avec lui. Après tout, même à cinquante ans, on pouvait encore apprendre des choses, même des plus jeunes. Tiens, il suffisait de penser aux cours de cuisine avec Violet… c’était elle, la petite jeune, qui mettait Alcide dans le droit chemin en matière de casseroles et de recettes. C’était elle, aussi, qui lui avait pardonné sa connerie et qui avait permis à leur relation plutôt tendue de se muer peu à peu en quelque chose de positif et de plus épanouissant qu’un mutisme gêné.
    Bref, les aînés avaient peut-être beaucoup de choses à apprendre aux jeunes… mais c’était réciproque. Et ça, aux yeux d’Alcide, c’était la base d’une bonne relation pédagogique : reconnaître qu’un étudiant n’arrive pas devant soi vierge de toute connaissance, lui reconnaître un vécu, des acquis et des idées, c’était, pour lui, très important.


    "Tenez, installez-vous là, en face de moi ou à côté, comme vous préférez." L’homme indiqua les deux chaises dont il parlait, laissant libre choix à la jeune femme. Il ne voulait pas la forcer à quoi que ce soit : ce n’était déjà pas forcément très marrant de devoir travailler en binôme avec un professeur, alors si en plus cette jeune femme n’avait pas suffisamment de liberté de choix et de décision. Oui, c’était le minimum que van Stexhe pouvait faire pour elle.

    En attendant, il allait falloir que chacun se trouve un objet. Alcide sortit de la poche de sa chemise un stylo plume de bonne qualité, le genre d’outil scripteur qui n’était pas donné et que l’on n’offrait qu’à une personne à qui l’on tenait beaucoup, ou pour remercier quelqu’un pour un grand service rendu, ou encore pour féliciter quelqu’un d’avoir réussi un concours relativement important. Un stylo Mont Blanc que l’homme tenait de son père, en réalité. Reçu le jour de son diplôme universitaire en philologie romane – ou comme on dit actuellement : en langues et littératures françaises et romanes.


    "Avez-vous un objet auquel vous tenez, sur vous ?"

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MessageSujet: Re: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} EmptyMar 15 Nov - 14:06

    The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} 1761661118082460

    Travailler avec le professeur ne me gênait pas plus que cela, en fait je dois avouer que d’un certain côté cela m’arrangeait. Je me disais que lui au moins ne me poserait pas de question sur mon humeur et serait peut-être plus « tolérant » en quelques sortes. La critique d’un professeur, aussi dure soit-elle, me rassure et me fait me sentir en sécurité, elle peut-être terrible mais je la préférerai toujours à celle hypocrite d’un camarade qui ne juge pas seulement mon travail mais aussi ma personnalité, peut-être même mon physique. Je ne suis pas du genre à faire confiance facilement et au fond de moi je pense que pas mal de gens sont plutôt malhonnêtes même si j’essaye de ne pas montrer ce que je pense. Je me dis toujours qu’il y a une exception pour confirmer la règle et je ne voudrais pas vexer cette personne le jour où je la rencontrerai. De ce fait je prétends que tout va bien dans le meilleur des mondes. Je pousse parfois tellement le vice qu’il m’est déjà arrivé d’être surnommée Candide. Quand on me voit on me prend toujours pour une douce petite chose, une fille probablement gentille (un peu trop peut-être) et légèrement bêbête. Je suppose que le fait d’être blonde n’arrange pas les choses, ce qui me renvoi à l’idée que les gens ont beaucoup trop de préjugés et d’aprioris. Je n’échappe pas à la règle, en catégorisant les autres comme des êtres indignes de confiance, portant un jugement sur tout et n’importe quoi comme si leur avis intéressait tout le monde, je les juge eux aussi. Bien sûr je suis consciente que tout le monde n’est pas à mettre dans le même sac. Encore heureux ! J’ai d’ailleurs quelques amis à qui je donnerai le bon Dieu sans confessions, je leur fait une confiance aveugle et sait qu’ils ne pourraient jamais me trahir, mais pour les gens qui me sont inconnus les choses sont différentes. Je pars du principe que ces gens, s’ils tiennent à être mes amis, doivent me prouver que je peux les croire et qu’ils me seront fidèles en toutes circonstances et vice versa. Bien entendu je ne leur dis pas directement qu’ils ont quelque chose à prouver, disons que cela se fait de manière plus subtile, je les teste un peu, et je suis prête à me soumettre à leur test également. En clair c’est un apprentissage l’un de l’autre, on s’accorde une confiance mutuelle, ou du moins on essaye de le faire, c’est un fonctionnement d’un commun accord, je donne si tu donnes et si ça marche et qu’on est sur la même longueur d’ondes ça ne pose aucun problème et tout ce fait automatiquement. Accorder ma confiance est un long processus pour moi, mais une fois qu’elle vous ait donné il est rare que je la reprenne. Je choisis toujours très bien mes amis, et je ne souhaite m’entourer que des plus honnêtes, en ce qui concerne mes relations proches en tous cas, mes connaissances sont ouvertes à un plus large public.

    Pour en revenir à mon propos, je décidais donc de m’installer à la chaise en face de monsieur Van Stexhe. Je trouvais que travailler en face à face était beaucoup plus agréable que côte à côte, ainsi on peut véritablement parler à la personne en la regardant et non en lui tournant le dos ou un truc de se genre. Je préfère voir les yeux de celui à qui je m’adresse. Le contact visuel est assez important, quoi que parfois gênant s’il est trop forcé, mais là n’est pas la question… A peine installée, il me demanda si j’avais sur moi, un objet auquel je tenais tout particulièrement. Je n’avais pas vraiment besoin d’y réfléchir, mais je fis tout de même mine d’y penser. J’avais d’abord ma bague de fiançailles et mon alliance, les seuls vrais bijoux que je porte. Si je venais à perdre l’une ou l’autre je crois que pèterais réellement un câble. D’un geste instinctif je me mis à faire tourner ma bague de fiançailles autour de mon annulaire gauche.

    FLASHBACK
    28 Decembre 2009
    Je faisais tourner mon alliance autour de mon doigt. Fixant mes mains et perdues dans mes pensées, je ne vis même pas Ryder sortir de la salle de bain. Il m’extirpa de mon petit monde lorsqu’il se laissa tomber sur le lit à mes côtés. Il me fixa avec un large sourire sur le visage. « Ma femme semble être bien pensive ! Ne me dis pas que tu regrettes déjà de t’être mariée !? » Je lui envoyais une petite tape avec ma droite et me tournais sur le côté pour lui faire face. Je ne portais qu’une petite nuisette en soie et lui un simple caleçon. Je lui rendis son sourire avant de venir me blottir contre lui. « Jamais de la vie ! En fait je pensais simplement au fait que je devais être la fille la plus heureuse sur Terre à cet instant précis. » Ryder me serra un peu plus fort contre lui, je fermais les yeux, ça me donnait l’impression d’une plus grande connexion entre nous deux. La chaleur de son corps contre le mieux le soir de notre nuit de noce. Demain nous nous envolerons pour Hawaii, pas très original comme destination mais j’avais tout de même hâte. Ryder et moi, seul au monde, ou presque. On n’avait pas prévue grand-chose à part profiter de la chambre d’hôtel et de la plage privée pour… pour nous amuser un peu. Je sentis Ryder bouger pour se retrouver au dessus de moi, ses lèvres vinrent se poser sur les miennes et ses mains remontèrent sur mes cuisses. Je sentais ses doigts courir sur ma peau et son souffle me chauffait le cou. J’ouvris les yeux et mon regard se plongea dans le siens. I was in HEAVEN.

    FLASHBACK

    J’avais aussi un porte-clés dans mon sac, qui était soi disant porte bonheur, mais l’objet qui avait un sens vraiment profond pour moi c’était un collier bien caché sous mes vêtements. Je portais la main à ma poitrine où je sentis le pendentif, je passais ma main dans mon cou pour attraper la chaine et la remonter hors de mon t-shirt. Après avoir mis mes cheveux de côté afin de pouvoir l’enlever plus facilement. Je le déposais doucement sur la table pour le montrer à Alcide. « Je dirais que ceci, est la chose la plus précieuse que j’ai. C’est cadeau de mon père. » Il me l’avait offert lorsque j’avais 14 ans. Nous venions d’arriver à Santa Barbara et il m’avait dit que ce pendentif avait appartenu à sa propre grand-mère. Il voulait que je l’ai, ce qui avait provoqué une certaine jalousie avec mes sœurs. Mais à l’époque elles étaient trop jeunes pour avoir un tel bijou, et puis je savais qu’au fond j’avais toujours été la petite protégée de mon père, bien qu’il aime chacun de ses enfants avec la même conviction. Il me l’avait lui-même mis autour du cou et avait dit que tant que je portais ce pendentif sur moi, alors lui serait toujours avec moi et qu’il me protégerait. Il avait aussi ajouté que tout était possible et qu’il suffisait d’y croire très fort, et que si jamais j’avais peur de ne pas réussir il suffisait que je prenne le pendentif dans mes mains et que je pense très fort à lui, où qu’il soit et alors il me donnerait la force de surmonter l’insurmontable. Depuis je le portais tous les jours sans exception et j’en prenais grand soins.
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MessageSujet: Re: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} EmptyMer 23 Nov - 18:32

    Quelles que puissent être les raisons de cette jeune fille de n’avoir pas réagi assez vite pour se trouver un binôme digne de ce nom, Alcide ne jugeait pas. Il ne se permettait jamais de juger une personne, d’ailleurs, il s’était toujours cantonné à des faits, à des actes ou à des productions. Et s’il finissait parfois par se faire une idée très négative d’une personne – comme James O’Malley ou Charles-Edouard Castello, pour ne citer que ces deux-là – c’était parce qu’il y avait eu quelque chose que le quinquagénaire ne pouvait pas pardonner. Et pourtant, il était relativement coulant dans pas mal de domaines.
    Concernant les femmes en général, le regard de l’homme couvrait différentes facettes, selon l’objectif de la séance d’observation – si l’on pouvait appeler ça comme ça – tantôt il pouvait avoir le regard du professeur et ne s’intéresser qu’au travail de la demoiselle, tantôt il avait le regard du psy et c’était surtout la personnalité qui l’intéressait… et parfois encore, il avait le regard d’un homme, tout simplement, et dans ce cas-là, la beauté d’une femme ne lui échappait pas.

    Dans le cadre de ce séminaire de lecture et d’écriture, à vrai dire, van Stexhe s’était fixé l’objectif de garder un regard neutre. Pas la peine de se foutre dans la merde en flashant sur une étudiante de plus… c’était déjà suffisamment fréquent comme ça, pas besoin d’en rajouter. Déjà que la réputation de l’homme n’était plus à faire… il aurait été malvenu de confirmer cela auprès d’étudiants à qui il ne donnait pas cours habituellement. Non, il valait mieux rester dans la peau du professeur et ne pas déborder, ne pas outrepasser ce que ce statut impliquait. Faire semblant ne servait à rien et tout n’était pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, comme le disait Voltaire en parodiant allègrement la pensée de Leibniz.
    Souriant pourtant à la jeune femme avec laquelle il allait devoir travailler, Alcide la vit prendre place en face de lui. Parfait, il ne serait pas tenté de laisser sa main se poser sur la cuisse de Kendall. Bon, maintenant, se mettre en face de lui, c’était le pousser à regarder les formes de la poitrine, péché mignon du professeur. Bordel, non ! ne pas penser à tout ça, surtout pas. Il suffisait de patienter deux heures, puis de rentrer chez lui et là il pourrait se taper sa collègue Gemma. Oui, voilà, il fallait ne penser qu’à Gemma et à son corps pour éviter de se focaliser sur les étudiantes. Au moins pour ce séminaire.

    Ecrire à partir d’un objet qui vous est cher est une expérience particulière. Un tel objet est chargé d’une histoire – la vôtre – ainsi que de tout un tas de sentiments et d’émotions. L’exercice consistait à rédiger, en réalité, une sorte de petite biographie de cet objet. Par ce biais, il était plus qu’évident que la personne qui écrivait était amenée à se révéler un peu. D’ailleurs, l’exercice avait des dérivés utilisés en psychothérapie, mais jamais van Stexhe ne se serait permis de partir de cet exercice, fait dans ce petit séminaire, pour analyser les étudiants présents. Non, ils venaient pour écrire, pour affiner leur style, pour essayer d’améliorer leur méthode… eh bien, c’était en ce sens que l’homme tenait à travailler.

    L’enseignant ne prêta pas vraiment attention aux hésitations de l’étudiante en face de lui. Il la vit bien chipoter à la bague, finement ciselée, qui ornait son annulaire, mais il ne dit rien, la laissant réfléchir et choisir tranquillement.
    Lui, il avait déjà choisi. Depuis longtemps. Chaque fois qu’il avait fait cet exercice, Alcide avait opté pour un objet lui venant de son père. Jamais rien de sa mère, pourtant il n’était pas en froid avec elle ni rien de ce genre… mais c’était elle qui était partie, qui avait abandonné Philippe van Stexhe avec les deux enfants qu’il leur restait… Une mère n’avait pas à fuir comme ça. Ce n’était pas de cette manière qu’Alcide concevait la responsabilité d’être parent. Kate Higgins aurait pu au moins essayer de continuer, pour Gwendo et Alcide, mais non… enfin, avec le recul, à vrai dire, Al se disait parfois qu’elle avait peut-être eu raison. La mort d’un enfant peut resserrer les liens dans un couple, mais elle peut aussi les briser. Chaque cas était différent… alors, au fil du temps, il avait pardonné à sa mère, il lui avait accordé de nouveau sa confiance et, parce qu’elle et Philippe étaient malgré tout restés en assez bons termes, Alcide était persuadé que leur séparation était logique et rationnelle, finalement. Cela dit, par habitude, le professeur avait choisi le stylo plume Mont Blanc, celui qui avait l’histoire la plus chargée aux yeux du quinquagénaire.

    Laissant à l’étudiante tout le loisir de prendre le temps qui lui semblait nécessaire pour se décider, l’homme patientait. Il n’était pas pressé, ils avaient bien le temps. Il en profitait pour garder un œil aux alentours, pour observer un peu le déroulement de l’activité pour chaque duo et, apparemment, tout le monde jouait le jeu. Ce n’était pas plus mal, Alcide détestait devoir virer un étudiant sous prétexte qu’il ne voulait rien foutre. Pour lui, cela correspondait à un échec, puisqu’un étudiant qui n’était pas motivé, cela signifiait que le cours, tel qu’il était envisagé par le professeur, n’était pas motivant. La boucle était bouclée. Et puis Kendall finit par détacher son collier. Van Stexhe se força à regarder ailleurs, parce que voir une femme ôter un bijou, cela lui inspirait pas mal de choses, et quand il posa les yeux sur l’objet trônant sur la table, entre eux, un léger sourire s’esquissa sur ses lèvres suite aux quelques mots qu’elle prononça.

    Le quinquagénaire regarda le bijou quelques instants. La chaîne était fine, le pendentif aussi. Quatre petites fleurs, ciselées sans doute dans de l’argent ou de l’or blanc, avec des reflets qui lui semblaient un peu bleutés. Une jolie pièce, en réalité, sans nul doute unique, l’œuvre d’un orfèvre à considérer comme un artiste. Mais ce ne fut pas en ces termes que le professeur parla à la jeune femme.


    "Ce sont des myosotis, n’est-ce pas ?" Bon, il se plantait peut-être complètement, mais van Stexhe était loin d’être un spécialiste des fleurs et des plantes. Des petites fleurs bleues, ça lui faisait penser à tous ces bosquets miniatures de myosotis qui envahissaient le petit jardin floral devant la façade de ses grands-parents. "Cela n’a rien à voir, mais puisque vous m’y faites penser… Vous savez, en néerlandais, myosotis se dit « vergeet-me-niet »… ça veut dire « ne m’oublie pas ». Je pense que le simple choix de ce collier en dit long sur l’affection que vous portez à votre père…"

    Mouais, il voulait bien faire, mais Alcide était parfois un peu maladroit. A moins que la jeune femme comprenne où il voulait en venir, ce qui était tout à fait possible, à la réflexion. Soit.
    Van Stexhe posa son stylo plume à côté du collier.


    "Un cadeau de mon père… Je l’ai reçu le jour de mon diplôme… et c’est avec ce stylo que j’ai signé pour être le parrain de deux garçons géniaux…"

    Rien que penser à Elyott, au fond, c’était déjà génial. Mais ici, Alcide faisait également référence à Julien, le fils de sa sœur. Julien allait avoir dix-neuf ans cette année. Ça passait vachement vite…
    Fixant alors son regard sur celui de l’étudiante, l’enseignant eut un nouveau petit sourire. Deux possibilités s’offraient à eux pour l’exercice. Ils pouvaient soit écrire, chacun de leur côté, la biographie de l’objet qu’ils avaient choisi, soit en parler l’un à l’autre et envisager l’inverse : Kendall écrirait la biographie du stylo tandis que van Stexhe se chargerait de la biographie du pendentif. Exposant les deux méthodes à la jeune femme, le professeur préféra, une fois de plus, lui laisser le choix.


    "Pour ma part, je me rangerai à votre préférence, Kendall."

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MessageSujet: Re: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} EmptyLun 28 Nov - 18:21

The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} 1761661118082460

    Des myosotis ? Aucune idée, en réalité j’avais toujours considéré qu’il s’agissait de flocons de neige. J’adore noël et l’hiver en général, mon père et moi on partage ce goût pour les festivités de fin d’année. Il y a quelque chose dans l’atmosphère de différent, quelque chose qui me met en joie. J’adore voir les gens se précipiter dans les magasins pour trouver le bon cadeau, emmitouflés dans leurs écharpes, bonnets et gants. Sans parler des repas de famille sans fin, des soirées au coin du feu après une bataille de boule de neige…Tous les bons ingrédients pour des vacances de noël réussies. Lorsque je vivais encore à Londres j’avais tout ça, mais c’est vrai qu’en arrivant en Californie, je n’ai jamais pu retrouver cette même ambiance. Il n’y a pas de neige à Santa Barbara, pas même en hiver, à moins qu’il y ait un sérieux dérèglement climatique. La première fois où nous y avons fêté les fêtes de fin d’année, je me souviens avoir pleuré, attendant désespérément ne serait-ce qu’un seul petit flocon. Inutile de dire que ce n’est jamais venu. En revanche pour me consoler j’ai reçu ce magnifique pendentif. Disons que c’était une bonne compensation. Depuis je ne l’ai jamais enlevé et d’ailleurs je le garde aussi précieusement que mes deux bagues venant de Ryder.

    Le prof continua sur sa lancée de myosotis et m’informa de ce que cela signifiait en Néerlandais, langue qui m’était tout à fait inconnue et que je ne trouvais pas des plus plaisante à entendre, rappelant un peu trop l’allemand, une autre langue que j’ai du mal à écouter. Cela dit je dois avouer que la signification du mot myosotis en Néerlandais était plutôt sympathique et étrangement coordonnée aux sentiments que j’éprouvais pour mon père et ce cadeau de sa part. Enfant je le voyais partir assez régulièrement, pour des longues ou courtes périodes, c’était dur d’être loin de lui, moi qui étais une véritable fille à papa… J’avais toujours peur qu’il m’oublie justement, j’adorais lui envoyer des lettres et en recevoir, je les gardais toutes dans une boite que je cachais sous mon lit, parfois même j’essayais de les intercepter avant le reste de ma famille pour avoir le privilège de lire sa lettre en premier, j’ai honte mais je dois bien avouer qu’une ou deux fois j’ai gardé des lettres de mon père rien que pour moi. C’était assez égoïste de ma part, mais dans ma relation avec lui, je ne suis pas très partageuse. Avec le recul et l’âge, j’ai compris que je n’avais aucune raison de me comporter ainsi, et que mon père ne m’oublierait jamais, que je devais le partager avec mon frère et mes deux sœurs et que cela ne changerait jamais. D’ailleurs je suis moins proche de lui qu’auparavant. Bien sûr je lui parle encore très souvent, mais comme je suis plus grande c’est parfois plus dur de lui parler à cœur ouvert, sans honte ni appréhension. « Désolée, en fait je ne suis pas certaine que ce soit des fleurs, mais j’aime bien la signification de myosotis, alors peut-être que je devrais penser à considérer que s’en est… » Je fis un petit sourire timide au professeur en face de moi.

    Il me présenta son objet à son tour. Un stylo à plume. Aux Etats-Unis, peu de gens connaissent ce genre de stylo, en fait c’est plutôt européen comme truc, moi-même je n’en ai pas utilisé depuis mon départ de Londres. C’est pratiquement impossible à trouver ici, sans parler des cartouches de recharge. Peut-être que c’est possible de s’en procurer un dans un magasin spécialisé en fournitures de bureau ou alors dans les magasins de luxe. Mais quelque chose me dit que ce n’est certainement pas donné… Enfin Alcide avait dit au début du cours qu’il était européen alors pas de doute sur la provenance de cet objet. En me présentant son précieux stylo, Van Stexhe m’informa que c’était avec celui-ci qu’il avait signé pour être le parrain de « deux garçons géniaux ». Je me demandais s’il avait des enfants à lui, ou bien s’il se contentait d’être parrain des gosses des autres. En fait ça me fit penser à qui je voyais pour être le parrain et la marraine de mon futur enfant. Comme j’avais appris ma grossesse peu de temps avant le départ de Ryder pour l’Irak on n’a pas vraiment eu le temps de parler des détails, et pourtant lorsqu’il reviendra le bébé sera certainement déjà là… Quand je pense qu’il va rater toute ma grossesse, ça me donne vraiment envie de pleurer. Mais je ne peux pas craquer, pas maintenant, pas ici… Je fis battre mes paupières afin de chasser les larmes qui commençaient à monter. Pour le parrain je voyais bien mon frère, mais d’un autre côté il jouera déjà le rôle de tonton alors peut-être que Ryder et moi pourrions opter pour quelqu’un qui ne fera pas parti de la famille du petit ou de la petite. Pour la marraine, j’ai ma petite idée, mais je préfère la garder pour moi pour le moment. Voilà quelque chose que Ryder et moi devrons régler à son retour. Pour l’aménagement de la nurserie il m’a déjà dit que j’étais libre de faire ce que je voulais mais qu’il valait mieux que j’attende de connaitre le sexe du bébé pour la commencer, ainsi je pourrais mieux m’orienter niveau couleur et tout le tralala. Mon père devra surement venir m’aider à peindre et à monter les meubles parce que toute seule et enceinte je ne pourrai probablement pas faire grand-chose. Les prénoms du bébé seront choisit lorsque j’aurai fait ma première échographie, Ryder m’a déjà donné sa liste et comme j’ai la mienne dans un coin de ma tête je sais déjà quelles sont nos options. On verra ça plus en détails sur skype je suppose, quand je pourrais lui parler… Le plus gros restait à faire, et bien que j’étais très excitée à l’idée de devenir maman, j’étais aussi très effrayée à l’idée de devoir surmonter tout cela toute seule.

    Pour en revenir à notre sujet, Van Stexhe me dit qu’on pouvait faire de la manière que je voulais, que lui s’en fichait et que je n’avais qu’à choisir pour nous deux. Il me tira de mes pensés, une fois de plus, et je ne su pas trop quoi répondre. Je n’avais pas une envie folle de travailler, je ne me sentais pas d’humeur à vrai dire. Il me fallait un prétexte. « En fait je ne suis pas sûre d’avoir très bien compris ce qu’il faut faire, mais je dirai que si on parle d’abord et qu’on écrit ensuite ça me semble plus simple alors je pense que c’est le mieux à faire… Si vous êtes d’accord ?! »
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MessageSujet: Re: The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} The poem that can't be written is different from the poem that isn't written or the many that are never finished {Kendall} EmptySam 10 Déc - 13:21

    Myosotis ou pas, Alcide avait dit tout simplement ce qu’il pensait, sans essayer de chercher à aller plus loin dans sa réflexion, au fond, il ne cherchait pas à analyser Kendall ou quoi que ce soit en faisant cela, il voulait juste partager son avis sur l’objet qu’avait posé l’étudiante entre eux deux. Un collier qui lui avait inspiré ces quelques souvenirs qu’il avait partagés, simplement en rappelant vaguement quelques éléments venant de son enfance…
    Pour van Stexhe, partager ça, c’était déjà pas mal, c’était presque beaucoup, même, pouvait-on dire. Et lorsque l’étudiante Iota répondit à ce que l’homme avait prononcé comme paroles, évoquant la langue de Vondel et expliquant le sens de ces mots, le professeur se sentit peut-être un peu idiot quand même : si pour Kendall ça n’avait rien à voir avec des myosotis, c’était que l’homme s’était lui-même complètement planté. Il était parti sur son idée à lui, sans penser qu’il était possible qu’il soit à côté de la plaque. Mais, finalement, ce que disait Mrs Carter Kingsley, ça n’était pas si mal que ça… en tout cas, ça n’était pas pour déplaire à Alcide d’entendre cela. Sa maladresse était peut-être quand même un peu plaisante aux yeux de cette jeune femme et ça, c’était déjà pas mal.

    Repenser à son passé, à sa propre histoire, c’était parfois douloureux, parfois c’était plutôt sympa… mais il était rare que l’homme en parle devant des personnes, surtout des femmes qu’il ne connaissait pas plus que cela. Alors voilà, ici, face à Kendall, il avait fallu choisir un objet personnel qui ne le forcerait pas à trop se dévoiler… un stylo-plume, c’était un fameux souvenir pour Alcide.
    Bon, en fait, l’enseignant n’avait certainement pas imaginé que les choses prendraient cette tournure-là. Pendant quelques instants, il sembla très clair que la jeune femme était ailleurs, qu’elle pensait à tout à fait autre chose… et puis quand le quinquagénaire proposa les deux manières de faire à Kendall, il s’était attendu à ce qu’elle en choisisse une, qu’elle lui dise ce qu’elle préférait comme manière de faire… seulement voilà, au lieu de cela, Kendall proposa de parler d’abord et d’écrire ensuite. Mmmh, cela signifiait qu’elle voulait qu’il se raconte, qu’il en dise un peu plus, non ? Elle voulait pénétrer dans son intimité, découvrir de sa bouche qui il était et ce qu’il vivait ou avait vécu… Putain, heureusement que l’homme avait choisi un objet relativement neutre malgré tout. Parce que dire non à cette demande, c’était se mettre en porte-à-faux avec elle… ce qui impliquait certainement qu’elle ne voudrait plus venir à ce séminaire…


    "Parfait, si vous vous sentez plus à l’aise comme cela, ça me va très bien…" Cela voulait dire, aux yeux de l’homme, qu’ils allaient se raconter l’un à l’autre et qu’ensuite, Kendall allait écrire la biographie du stylo, tandis qu’Alcide écrirait celle du pendentif, en tendant compte des éléments racontés de part et d’autre. Ouais, ça pouvait fonctionner comme ça. L’avantage était que l’on pouvait clairement choisir ce que l’autre devait savoir et ce que l’on préférait garder pour soi.

    Van Stexhe se plierait donc à la volonté de l’étudiante. Il esquissa un petit sourire. Il allait commencer, pour bien montrer à Kendall ce qu’il attendait d’elle, ce qu’il faudrait qu’elle fasse pour que l’exercice se passe au mieux.
    "Je vais vous donner quelques éléments concernant ce stylo-plume, ensuite vous pourrez essayer de rédiger la biographie de mon stylo… et je m’occuperai de celle de votre pendentif."

    Il était arrivé, durant un exercice comme celui-là, par le passé, que l’homme se révèle un peu trop, aussi, il était évident pour lui qu’il allait devoir faire très attention s’il voulait garder son jardin secret. Alors, oui, parler de soi, pourquoi pas, mais attention à ce qu’on disait dans des cas comme ça.

    L’homme prit son stylo en main et le regarda un moment, avant de se lancer.


    "J’avais vingt-deux ans quand mon père m’a offert ceci. Je venais d’obtenir ma licence en philologie romane. Le choix d’un Mont Blanc n’est pas anodin, je pense…" Ces stylos de luxe comptaient parmi les plus chers dans ce qui se faisait. Certains étaient plaqués d’or, d’autres d’argent… Le choix de Philippe van Stexhe s’était porté sur l’argent pour son fils, préférant offrir un bijou en or à sa fille. D’ailleurs, qu’aurait fait Alcide avec une chevalière en or ou un truc du style ? ce n’était absolument pas son genre de se parer d’or et ça n’avait jamais été son genre, d’ailleurs. "Mais mon père aurait peut-être dû opter pour quelque chose de plus simple. J’aime écrire, mais les objets chers me répugnent. C’est parce que ce stylo est chargé affectivement que je l’utilise, sinon, un crayon tout simple me conviendrait parfaitement." Tout ce qui tournait autour du fric, au fond, ça horripilait Alcide. Ça avait toujours été le cas, mais parfois il fallait mordre sur sa chique et essayer de faire bonne figure, nonobstant ses propres convictions. Surtout face à son propre père. "C’est peut-être pour atténuer un peu la valeur pécuniaire de cet outil que je l’ai utilisé dans la plupart des grands moments de ma vie… Le mariage de ma sœur, le baptême de Julien, celui d’Elyott… mon mariage à Vegas et l’annulation le lendemain… la plupart de mes contrats d’embauche, un peu partout…"

    En parlant de Las Vegas, il faisait évidemment allusion à Brooke Rowen-Glaswell, l’enseignante chargée des cours de mathématiques appliquées au sein de Berkeley. Elle avait à peu près la moitié de son âge, mais Alcide l’avait épousée, devant un sosie d’Elvis, parce qu’ils s’entendaient bien et que ce jour-là, c’était presque dans la logique des choses. Après la nuit de noces, ils avaient décidé, d’un commun accord, de faire annuler ce mariage car ni l’un ni l’autre n’avait jamais rêvé de convoler en juste noces devant Elvis ni à Vegas, ni même avec quelqu’un qui faisait plutôt partie des amis. L’histoire avait à peu près fait le tour de l’université, en réalité, et la plupart des étudiants comme des professeurs et des autres membres du personnel étaient au courant de l’affaire… ce qui ne se savait pas, par contre, c’était que van Stexhe était tombé amoureux de Brooke… et il valait mieux que cela ne se sache pas, compte tenu des sentiments que le fils biologique du quinquagénaire avait avoué ressentir pour la jolie mathématicienne…

    Avec de minuscules fossettes qui se dessinaient de chaque côté de ses lèvres apparaissait clairement le fait que l’homme était un peu nostalgique de certains passages qu’il venait d’évoquer. En disant ce qu’il avait dit, l’enseignant avait déjà l’impression d’avoir ouvert une brèche dans sa carapace habituelle. Il suffirait de presque rien, à présent, pour qu’il se sente ému… et, au fond, il espérait que Kendall ne lui poserait pas trop de questions trop personnelles vis-à-vis de ce qu’il avait daigné révéler jusque là.

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