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SANDRO&BELA Δ the pursuit of happiness.

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MessageSujet: SANDRO&BELA Δ the pursuit of happiness. SANDRO&BELA  Δ  the pursuit of happiness. EmptyLun 25 Juil - 23:51

Année : 1996.

« Monsieur Canterburry, avez-vous déjà songez à faire traiter votre fille ? » « La droguer avec des médicaments qui ne feront que masquer le problème ? » « … Quelque chose comme ça, mais sachez que ce n'est pas normal pour une enfant de six ans de se laver les mains cinq fois, de vérifier que la porte est fermée trois fois quand vous sortez, de... » « Elle est prudent, c'est tout. » « Et ça ? » dit-il en me regardant. J'ouvrais mes grands yeux d'enfants, coupable. Ils me regardaient, et je connaissais ce regard, c'était le même que lorsque je demandais si maman allait revenir. Alors je tentais de savoir pourquoi, mais rien, tout autour de moi était rangé, mes lacets pendaient de la même longueur au millimètre près comme je l'aimais, j'avais même remis en place le bureau du docteur, qui n'avait pas su ranger des objets par ordre de taille, cette tête de nœud. J'avais même trier mes billes par couleur. Et puis comme ils s'éternisaient, j'avais cru voir une tache sur mon bras. Ni une, ni deux, j'avais commencé à gratter. Mais elle ne partait pas, je me sentais malade, j'avais pas de savon, alors j'ai continué, de plus en plus vite, de plus en plus fort et finalement, quand ma peau a commencé à s'enlever j'ai fini par être un peu moins soulagée. J'ai sursauté en entendant la voix grave et familière de mon père. « Mais Bela, t'es malade ou quoi ? » « Non, j'étais sale. » « C'est une raison pour te gratter jusqu'à enlever ta peau ? » « Oui. » Il soupira et enleva sa chemise pour me la mettre autour du bras, me serra contre lui, m'empêchant de continuer, de bouger même. Mais moi, j'étais encore sale, j'avais des trucs à ranger, à enlever, à ré-arranger. J'avais commencé à sentir des larmes couler sur mes joues face à mon impuissance alors que j'entendis papa reprendre la parole. « Vous m'avez bien dit que vous aviez des psychiatres pour enfants ? » Je me mis à sangloter doucement, en voyant le sourire carnassier du monsieur en face de moi. J'avais pas besoin de me faire soigner, je voulais juste me laver, être propre.

Année : 2011.

Nerveusement, je me grattais la nuque. Par réflexe, je fis craquer les jointures de mes doigts, inquiète. Je ne voulais pas retourner dans l'enfer des hôpitaux, des médecins qui pensent mieux vous connaître que vous-mêmes. Mon psychiatre regardait ses notes, le regard fade, sans vie, parce qu'ils étaient faits pour être comme ça. Des robots à diagnostic. Cela m'arrangeait dans un sens, de ne pas voir de regards compatissants. C'était la raison qui m'avait fait arrêter les repas de famille avec mon oncle et ma tante. Je détestais leurs sourires faux lorsqu'ils se penchaient vers l'enfant que j'étais, me demandant si j'allais mieux. Alors je demandais si je pouvais aller me laver les mains – ce qui me prenait quinze minutes du au fait que je me les lavais sans aucun doute sept fois – et je pleurais dans la voiture, énervée. Les larmes salissaient mes joues et je me sentais encore plus mal, je me mettais à respirer fort et mon père s'arrêtait sur le bas-côté, ouvrait la boite à gants et me tendaient du désinfectant et des compresses. Il n'aimait pas vraiment faire ça, mais c'était la seule chose que nous avions trouvé d'un commun accord. Quand j'avais guéri, il m'avait annoncé qu'il avait remplacé le désinfectant par de l'eau et qu'il avait utilisé des arômes pour l'odeur. Je crois que c'était là, à mes quatorze ans, que l'on avait découvert une autre forme de maladie chez moi, celle que l'on renferme parce qu'elles vous donnent l'impression d'être pourris. Pas comme si je devais m'enlever de la peau à nouveau, non, plus comme si mon cerveau n'était pas normal. J'avais pris l'assiette que j'avais entre les mains et l'avais brisée la table, en me mettant à crier. Ça faisait bizarre, quand ce taux de décibels remontait à mes pleurs de bambin. Alors Adam était arrivé en trombe alors que je tremblais presque de colère, j'avais l'impression que j'allais exploser et putain ce que ça faisait mal. Il m'avait pris dans les bras, alors que j'essayais vainement de le repousser et j'avais fini par tomber dans les pommes, épuisée. Je m'étais réveillée dans mon lit et les débris d'assiette avait disparus, c'était comme si rien ne c'était passé. Adam m'avait dit à mes seize ans, que j'avais souvent des comportements comme ce jour-là si j'abusais sur l'alcool ou les substances illicites. J'avais soupiré, me rappelant des cicatrices que je récoltais à cause de ces moments de perte de conscience. « Vous vous rendez tout de même compte que vous avez un nombre relativement élevé de séjour à l'hôpital madame ? » Je ne fis que hausser les épaules. « C'est normal quand on est enceinte et que l'on fait de l'hyper tension facilement, non ? » Je vis son regard, il ne parlait pas de ça. Kienan continuait à me poursuivre, un an après. « Vous êtes arrivées deux fois aux urgences, l'année dernière. Une fois parce que vous avez fait un malaise important suite à de nombreux dommages corporelles et l'autre pour un accident de la route où le chauffeur a stipulé que vous avez débarqué nul part, vu la voiture et ne pas avoir bougé... » Je devais m'excuser pour ne pas savoir choisir mes petits-amis ? C'était la meilleur. « J'ai appris à traverser depuis. » tentais-je avec un léger sourire. Le psychiatre ferma mon dossier et croisa ses mains sur son bureau. La discussion sérieuse allait arriver. Je connaissais le déroulement de ces entretiens par cœur. Il allait commencer par m'appeler par mon prénom, pour que je me sente plus proche de lui, et il allait m'annoncer que j'étais soi-disant dangereuse pour moi-même et me dire des trucs que je ne comprendrais surement pas. « Belammée, je peux vous appeler Belammée ? » j'acquiesçai d'un signe de tête. C'était fini. Il allait me dire quelque chose de grave. « La chose est telle que ce serait dangereux pour vous. Et de plus, vous avez un fils en bas âge.... » Je le coupais tout de suite. « Je peux me faire tout le mal que je veux, j'ai des limites, je ne toucherais pas à Sid. » Il secoua la tête. « Pas dans cet état là, pas dans cet état... » Il semblait presque désolé. Je ne savais même pas ce que j'avais. Je soupirais, je commençais à sérieusement penser à rentrer à l'appartement en trombe et tout ranger, récurer et nettoyer. On essayait de trouver ce que j'avais depuis longtemps, depuis que j'avais été forcée de venir à cause de ce pseudo-suicide de l'année dernière. « Maniaco dépressive Bela. T'es hyperactive parce que tu ressens le besoin de tout ranger, tu dors pas parce que quelque chose te dérange et je parie que quand tu as des insomnies, tu te mets à ranger ou tu changes tes draps, non ? Et un jour, tu te rends compte de ton état. Dans quel bordel t'as foutu ta vie, et tu veux te mettre en colère, mais ce serait bête de déranger tout ce que tu as déjà ré-arranger comme il faut. Alors tu t'en prends à toi-même, parce que c'est encore la chose que tu trouves la plus sale, non ? Et quand tu t'en rends compte, tu passes dans une phase dépressive. » Je me tassais dans le fauteuil. J'essayais de me souvenir, de ce que je faisais quand je n'arrivais pas à dormir. Ma première nuit sans Charlie, je ne m'en souvenais presque pas. Je m'étais retrouvée avec des cicatrices sur le ventre, et au matin, un vas cassé par terre. Immédiatement, j'avais rangé. Et fait comme si rien ne c'était passé. « Et tout ça, ça veut dire quoi ? » Je déglutis, me redressait quelque peu et le vit écrire sur une feuille. « Antidépresseurs à long terme. Et on va se revoir souvent. Je dois te prévenir, il est possible que tu ne guérisses jamais, tu es restée vraiment longtemps sans rien traiter. » Il me tendit la feuille d'ordonnance et je tentais un sourire. A la place, je ris. Le genre de rire nerveux, qui fait que la personne sait que vous tentiez de faire croire que tout va bien quand une bonne partie de votre monde vient de s'écrouler. Je sortais du bâtiments et me mit à marcher dans le parc, avant de sortir de m'adosser à la grille. Je pris une boite en métal dans ma poche et sortit une cigarette. Je cherchais mon briquet dans la poche où il aurait du être et soupira. Il n'était pas autre part, je n'aurais pas fait cette erreur. Je tournais ma tête et finit par apercevoir, outre les vieilles personnes et les familles, un jeune homme d'à peu près mon âge. Je fis quelques pas, sans marcher sur les lignes des pavés du trottoir, pour le rejoindre. Je me mordis la lèvre inférieure. « Excuses-moi, je suis désolée de te déranger, mais t'aurais un briquet s'il te plait ? J'en aurais vraiment besoin. » Je détestais aborder des gens comme ça, mais je devais décompresser, avant de me mettre à mes mauvais habitudes qui, après tant d'années, revenaient quand je stressais plus qu'à l'ordinaire. Je remarquais une enveloppe avec un cachet que je ne reconnaissais que trop bien pour l'avoir vu il y a seulement quelques minutes. Je désignais la feuille, trop curieuse. « T'as pas l'air malade pourtant. » Sterling me disait souvent que je devrais arrêter de me mêler de la vie des autres, mais rien à faire, je continuais à poser trop de questions aux inconnus. Je trouvais cela plus facile, dans la mesure où je n'aimais pas quand une personne me connaissait du bout du doigt. Bien sur, il y avait Charlie, Rosie et Sterling, mais ce n'était pas pareil. Je n'avais pas cette impression qu'ils utiliseraient mes faiblesses contre moi. Ce n'était pas comme s'il cherchait à me connaître pour me détruire. Ou si c'était la cas, ils étaient encore plus vils que je ne le pensais. Et ils cachaient bien leurs jeux. Peut-être que qu'ils faisaient tous semblant autour de moi, finalement. Peut-être que rien n'était réel. Un cauchemar et j'allais me réveiller bientôt. Mais je savais que ce n'était qu'un vulgaire espoir et qu'il s'évanouirait bientôt. J'avais arrêter de rêver depuis longtemps, mes nuits n'étaient que des trous noirs. Peut-être que je ne me souviens plus de mes rêves parce que je suis obsédée par l'environnement dans lequel je me trouve, trop... parfois, je me réveillais, tout était comme avant, mais rien n'allait plus. Je sentis mon estomac se tordre alors que prenais conscience de la véracité des propos que mon psychiatre et moi avions échanger quelques temps plus tôt. Je détestais penser que je n'étais pas maître de mon état. Que j'avais des pulsions que je ne pouvais pas contrôler, que rien ne dépendait de moi, j'étais née avec une malformation dans mon comportement et elle me donnait envie d'exploser n'importe quelque chose à proximité. Mais je me rappelais le temps que j'avais mis à la nettoyer, et je tentais de me calmer. La plupart du temps, j'allais courir. Enfin, on le sait, être fumeuse et la course font rarement bon ménage. Et je ne me sentais qu'encore plus impuissante face à tout ça. J'aurais aimé être plus forte que ça, être une personne normale pour une fois, ne pas avoir à me soucier d'une prise de médicaments régulière. Il faut croire que certaines personnes ne sont pas faites pour ça. Elles ne sont pas faites pour vivre insouciant face aux problèmes qu'elles ont. Je tentais tout de même que chacun avait ses problèmes, là n'était pas le problème, mais c'était comme si tout me tombait dessus au même moment, sans que je ne puisse le contrôler ou le supporter. J'étais juste fatiguée de tout ça. Mon cœur battait dans ma tempe et j'aurais presque eue la nausée si j'étais restée dans ce cabinet trop impersonnel. Au lieu de ça, le vent battait légèrement mes cheveux, et je regardais le jeune homme à côté de moi. On avait vraiment l'air opposés comme ça, mais je savais que d'une quelconque manière, nous étions liés. La maladie pouvait faire bien des choses à bien du monde, peu importe sa forme. Je ne savais pas pourquoi des telles choses existaient. Sérieusement, c'est assez injuste. Une fois que quelque chose ne va pas chez nous, les gens nous résument par ça et nous ne sommes plus que des êtres catalogués.
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MessageSujet: Re: SANDRO&BELA Δ the pursuit of happiness. SANDRO&BELA  Δ  the pursuit of happiness. EmptyLun 8 Aoû - 0:40


« Monsieur Pelizza Da Volpedo ? » Annonça une voix féminine, probablement celle d’une infirmière, qui venait d’entrer dans la salle d’attente. Je me suis levé, non sans jeter un coup d’œil aux autres personnes présentes dans la salle. La plupart d’entre elles avaient au moins une cinquantaine d’années bien tassées, et paraissaient calmes. J’avais été soulagé de voir qu’une fois de plus, aucune personne ici présente ne m’était connue. Malgré ce maigre réconfort, une boule de stress vint s’insinuer au plus profond de moi, et me fit légèrement tiquer. C’était toujours pareil ; dès que j’entendais mon nom et que je me levais pour me rendre à ma visite médicale mensuelle, je sentais le stress monter petit-à-petit.

L’infirmière qui était venue me chercher m’invitait désormais à la suivre d’un signe de la main. J’ai hoché la tête, évitant de prononcer le moindre mot. Si cette situation n’avait pas été aussi dramatique (en tout cas à mes yeux), elle aurait pu être plus qu’intéressante. Une infirmière qui m’invitait à la suivre ? Le fameux fantasme de la blouse blanche. Il n’était pas en priorité sur ma liste des choses à faire avant de passer l’arme à gauche, mais si ça pouvait être comblé, c’était déjà ça de pris. J’ai secoué la tête en soupirant. Rien ne parvenait à me faire oublier la future consultation que j’allais avoir, même pas un éventuel fantasme. Décidément, ces entrevues régulières me perturbaient bien plus que je ne voulais le croire. L’infirmière ouvrit la porte du bureau du médecin, et s’écarta pour me laisser entrer. Au passage, elle m’adressa un petit sourire compatissant ; en échange, je lui ai renvoyé un regard noir. Je n’avais pas besoin de la pitié des gens.

« Alors Monsieur Pelizza Da Volpedo, comment allez-vous aujourd’hui ? » Demanda le médecin alors qu’il se levait pour me serrer la main. Sa pseudo gentillesse et ses courbettes m’agaçaient déjà. Je n’étais pas là pour qu’un médecin dont je me foutais royalement me fasse de la lèche, afin d’obtenir d’éventuels fonds pour une quelconque recherche ; sinon, je me serai rendu dans un dîner mondain. J’ai tenté de faire abstraction de son petit sourire, pour me concentrer sur le diagnostic.

C’était le pire moment de la consultation. L’attente. On se demandait toujours ce qui allait suivre. Les nouvelles seraient-elles bonnes ce mois-ci ? Ou bien pires ? Est-ce que ça s’était amélioré ? Dégradé ? Et les résultats de ce mois-ci comparé à ceux du mois précédent, ça donnait quoi ? Mieux, moins bien ? Toutes ces questions tournaient dans ma tête, et me dirait littéralement envie de vomir. Avec le temps, j’avais imaginé que ces consultations mensuelles devraient plus faciles à vivre, voire même à accepter. Cependant, il n’en était rien, bien au contraire : je supportais de moins en moins ces visites à l’hôpital. Je préférais savoir ; au moins, une fois qu’on est fixé, on sait à quoi s’attendre. Pas de surprise, pas d’imprévu. Ma patience ayant de grande limite, j’ai fini par manifester mon manque d’intérêt à ce que le chirurgien racontait ; il ne tarda pas à s’en apercevoir, et me tendit mes radios, qui étaient posées sur son bureau.

« Pour le moment, ça va. » Dit-il alors que je soulevais une des radios pour la mettre à la lumière, afin de mieux voir les choses. « Cependant, vous voyez, on constate une légère dégradation, juste à cet endroit là. » Continua-t-il en pointant du doigt ce qui n’allait pas. « Rien d’alarmant, cependant. Néanmoins, ça signifie donc qu’il faudra sérieusement lever le pied sur toutes sortes de choses, Monsieur Da Volpedo. Actuellement vous êtes encore en bonne santé, mais les choses vont rapidement se détériorer si vous ne vous ménagez pas. » Avoua-t-il à demi mot.

Immédiatement, la boule qui s’était formée dans mon ventre se dissipa. Certes, les nouvelles n’étaient pas réjouissantes, mais au moins, je savais ce qu’il en était. J’ai hoché la tête, afin de faire comprendre à mon chirurgien que j’avais compris ce qu’il venait de me dire. Cependant, allais-je respecter ses recommandations ? Rien n’était moins sur ; je n’étais pas du genre à obéir aux règlements, même lorsque ma vie est en jeu. Au contraire : puisqu’il ne me reste presque plus de temps, autant en profiter à fond.

« Sandro, cette fois-ci, il faudra vraiment le faire. Je sais que c’est handicapant, que ce n’est pas agréable et que ce n’est pas facile à vivre, mais il le faut. Pour votre bien. » Précisa-t-il, comme s’il avait perçu le dilemme qui était en train de se jouer dans ma tête.

Il tendit une main sur son bureau, et fit glisser son carnet d’ordonnance jusqu’à lui. Je l’ai observé faire, sans broncher. Les vacances scolaires venaient tout juste de débuter : je pourrais profiter de ces deux mois pour me ressourcer et me reposer. Quelques secondes plus tard, le médecin se leva, et je fis de même. Je savais que la consultation s’arrêtait là, et nous avions prévu un prochain rendez-vous juste avant la rentrée. Avant que je ne sorte, il me donna l’ordonnance, et me souhaita de bonnes vacances. Je l’ai remercié et, par pure politesse, lui ai souhaité la même chose avant de sortir, sans même lui jeter un regard.

Maintenant que j’en avais fini avec cette consultation, j’étais enfin libre. Libre de sortir de cet hôpital, de respirer un air plus pur, et de penser à mes vacances. C’est donc avec plaisir que je l’ai quitté. Une fois dehors, j’ai été faire quelques pas dans le parc. Sur le chemin, j’ai croisé quelques personnes ; souvent, il s’agissait d’un malade, accompagné d’une autre personne. Sans doute un membre de la famille, qui venait rendre visite. Face à ce spectacle, je me suis mentalement imaginé, accompagné de ma sœur Francesca. J’ai vite secoué la tête, pour chasser cette idée de mon esprit. Je ne supporterais pas de vivre ça, et Francesca non plus, d’ailleurs. Il était hors de question que je fasse vivre un enfer à mes proches à cause de cette foutue maladie. Légèrement désarmé face à cette vision, j’ai préféré aller m’asseoir, à l’abri des regards. J’ai vite trouvé un banc, posé sous un arbre. J’ai profité de cet instant de répit pour appeler un taxi. Alors que je venais tout juste de raccrocher, j’ai vu une fille s’approcher de moi. J’ai froncé les sourcils ; la pauvre, si elle venait pour draguer, elle allait être reçue.

Pourtant, ce ne fût pas le cas. Elle venait simplement me demander si j’avais un briquet. Je m’apprêtais à lui faire un signe négatif de la tête, quand je l’ai entendue me dire que je ne paraissais pas malade. Aujourd’hui, c’était exactement la chose à ne pas dire. Manque de bol, elle venait de mettre les deux pieds dans le plat.

« Pas de briquet, je ne fume pas. » Lâchais-je, glacial. « Et tu ferais bien de t’arrêter maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. » Continuais-je, en sachant très bien que je dépassais les bornes. « Quant à mon état de santé, il ne te regarde absolument pas. D’ailleurs, toi non plus tu ne parais pas malade. Et pourtant, tu fumes. Ce qui fait que si jusqu’à maintenant, tu as la chance d’être en bonne santé, tu ferais bien d’arrêter cette merde. » Ajoutais-je, non sans un certain ton agacé.
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MessageSujet: Re: SANDRO&BELA Δ the pursuit of happiness. SANDRO&BELA  Δ  the pursuit of happiness. EmptyVen 12 Aoû - 2:06

J'encaissais sans mal son ton froid, après ce qu'on m'avait dit il y a quelques dizaines de minutes, mourir d'un cancer du poumon me semblait être un sort beaucoup plus paisible que de rester pendant encore des années avec mes manies omniprésentes et un trop plein d'énergie qui ne cessait que lorsque je m'allongeais, prête à dormir, épuisée par la journée, et ma tête se mettait à travailler, j'étais fatiguée sans pouvoir dormir, je me retournais sans cesse, l'envie de me faire sauter la boîte crânienne qui devenait de plus en plus tentante, pour finalement faire cesser tout ça. Un pleur de Sid me ramenait à la réalité, alors que le soleil se levait doucement. Mes membres s'engourdissaient tout au long de la journée, mais je me pouvais m'empêcher de rester debout, encore et encore, jusqu'à atteindre un point de non retour qui me ferait sans doute sombre dans un sommeil pour au moins une semaine. Je finis par ouvrir mon sac et vider son contenu sur le béton. Il était mal rangé de toute manière. Je prends mon briquet, qui n'aurait pas du se trouver dans ce foutoir angoissant et le remet à sa place, après avoir allumé ma cigarette, contre l'avis de mon interlocuteur. Je finis par ranger mes affaires dans cet ordre précis qui m'est propre avant de me relever, naturellement. Pour moi, ça n'a rien de bizarre de vouloir que tout soit en ordre, que le désordre me fasse suer de panique que j'ai besoin de ranger les choses pour ranger ce qui se passe dans ma tête. Pour les médecins, c'est un trouble de la personnalité. Est-ce mal de vouloir que tout soit tel que l'on a envie ? « trop tard, trop tard, il est toujours trop tard et on a toujours des regrets chaque jour de notre vie, non ? Si t'as eu aucun regret, alors j'arrête. » Je lui fait un piètre sourire, celui que l'on fait quand on vient de vivre une chose atroce et qu'on nous demande si ça va. Le genre de sourire qui nous arrache la gueule et qui ressemble juste à du bonheur brisé. Brisé par la vie. Question piège. Tout le monde a des regrets, certains s'en veulent d'être nés, certains s'en veulent d'être ce qu'ils sont, ça nous arrive à tous, parce qu'on nous a répété que l'erreur est humaine et que l'on croit que ça va excuser chacun de nos actes, quand ils sont mauvais, et glorifier les bons. C'est d'une telle manière qu'on a élevé la race humaine, comme des Dieux, n'ayant pas le droit à l'échec, vivant par le culte des autres, mais il nous reste le droit de commettre des fautes. Où est la logique ? Il n'y a pas de logique. On est des humains, on est plus forts que la logique. Et c'est là où tous, nous nous plantons royalement, du début à la fin, de notre première respiration à la dernière.

Chaque moment faisait un peu plus mal, lorsque je me rendais compte de l'état dans lequel je m'étais mise depuis ma plus 'tendre' enfance. Je ris nerveusement. « Je suis pas malade. » Non, je n'étais pas malade, j'étais désespérée. J'avais besoin de m'occuper l'esprit dans mon hyper activité et ma seule solution avait été de façonner mon environnement tel que je le voudrais. Sain, en ordre, propre, sans tâche. Mais rien n'est comme on le souhaite, et on prend un malin plaisir à nous l'apprendre à chaque pas, on tombe, marchant sur ses propres lacets et on s'étale la gueule sur le sol, en mangeant les rochers de l'échec, vient un jour où on ne trouve plus la force, la flamme qui nous habitait, de se relever. Alors on se retourne et on s'allonge sur le dos, nargué par un soleil inaccessible. Et on lâche un dernier soupir, avant de crever, sans avoir rien accompli, sans avoir changé le monde, en ayant oublié tout nos rêves de jeunes trop ambitieux. Je pris place sur le banc, à son opposé, ayant bien deviné que je le gênait, mais sans être prête à le laisser repartir sans savoir ce qui se cachait sous cette carapace. J'étais de nature curieuse, après tout. Je tapotais la tête avec le côté brun de ma cigarette. « Ils disent que c'est là-dedans que j'ai des problèmes. Donc que je fume ou non, il y a toujours un truc de travers. J'ai tiré le gros lot. » Je lâchais un léger rire avant de tirer une taffe. Je me forçais à me dire que tout allait bien, même si je me mentais. Rien n'était comme je le voulais et ça m'angoissait, ça me foutait des sueurs froides de penser qu'effectivement, je ne contrôlais rien. De quelque manière que ce soit. Je devais lâcher cette obsession de perfection et accepter les défauts de mes journées mais pour le moment, c'était trop dur. C'était nettement plus facile de faire des semblants d'arrangements, totalement inutiles, mais qui me rassurait néanmoins. J'aimais ce sentiment de sécurité lorsque je rentrais dans une pièce, que je savais exactement où se trouvait les objets, comment je les avais laissés. Pour une fois, j'avais le dessus sur quelque chose, je le contrôlais. Le fait que ma vie soit l'exact contraire d'il y a quelques semaines avait du jouer dans la replonge. J'expirais la fumée avant de reporter mon regard sur lui. « Je l'admets, ça ne me regarde pas, mais je te demande quand même. Qu'est-ce qui t'amènes là ? » Je ne savais pas si c'était un patient ou non après tout, il pouvait simplement venir débrancher sa grand-mère, et être d'une sale humeur après cela, ce qui serait compréhensible après tout. J'espérais simplement qu'il ne soit pas toujours aussi... sec, dégoûté par tout, moralisateur. D'accord, chacun avait ses défauts, mais il fallait toujours trouver un juste équilibre entre ça, et nos qualités. Dans les deux cas, notre interlocuteur se sent... comme une merde. Avec trop de qualités vient le complexe d'infériorité, si propre à l'adolescente et cette manie de comparaison, sans cesse. Avec trop de défauts, la personne se sent mal et finit par voir les siens également. Dans les deux cas, il ne reste que deux être misérables, livrés à eux-mêmes après de terribles nouvelles, car les hôpitaux n'en donnent jamais des bonnes, assis sur un banc, à tenter de se dire que peut-être qu'un jour, tout ça vaudra la peine, peut-être qu'un jour, tout ira bien, et qu'ils pourront sourire d'une manière sincère, qu'ils auront vaincus leurs propres démons.. Mais ils savent ne plus se voiler à la face, au fond d'eux-mêmes, ils savent que rien de tout cela n'arrivera à l'aube du jour suivant. Demain sera un enfer. L'après-coup fera plus mal que le coup lui-même. Et là, ils n'auront que l'espoir pour se raccrocher. Empêcher tout ces efforts d'être vains, empêcher tout ça de n'être que de la douleur. Demain serait un enfer, mais peut-être qu'après demain, le soleil nous brulera moins les yeux et qu'on pourra vivre, ne serait-ce qu'un petit peu.
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MessageSujet: Re: SANDRO&BELA Δ the pursuit of happiness. SANDRO&BELA  Δ  the pursuit of happiness. EmptySam 20 Aoû - 17:17


En sortant de ma consultation, j’avais espéré pouvoir trouver quelques instants de paix. Et pour ça, quoi de mieux qu’un hôpital ? Les gens ici présents étaient tous malades ; ils comprendraient mon besoin d’être isolé, même momentanément, de toute vie. En dénichant ce banc, fixé sous un arbre qui devait frôler la centaine d’année, je pensais avoir trouvé « mon » endroit. Un lieu où je serai au calme, où je pourrais me vider l’esprit, et ne penser à rien. La légère brise fraîche allait d’ailleurs m’aider, j’en étais sur, à envisager mon avenir d’une façon plus sereine qu’actuellement.

Mais les choses ne se passèrent pas exactement comme prévu. A la réflexion, j’avais l’impression que ma vie était une succession d’événements imprévus, et pas forcément réjouissants ; le comble, pour quelqu’un qui aime calculer sa vie dans les moindres détails. Ainsi donc, une fois de plus, ce que je n’avais pas envisagé me tomba dessus, au sens figuré du terme. La tornade rousse venait de s’abattre, et par la même occasion, de me perturber en pleine méditation, apparemment sans savoir à qui elle s’attaquait. On ne dérange pas un Pelizza Da Volpedo lorsqu’il a besoin d’être tranquille, leçon numéro un. Surtout si c’est pour un putain de briquet, songeais-je en levant les yeux au ciel. Moi, exaspéré ? Si peu.

La vérité, c’est que plus le temps passait et plus j’avais du mal à m’adapter aux situations les plus banales. Par la force des choses (et des consultations médicales à répétition, soyons honnête), j’avais lentement basculé dans un pessimisme profond et noir. Je ne me réjouissais de rien, je n’avais envie de rien, et plus le temps passait, plus j’avais envie de m’éloigner des autres, de partir. Pas pour recommencer une nouvelle vie, non : mais plutôt pour agoniser dans mon coin, loin des gens que j’avais pu un jour apprécier. Comment pouvais-je continuer à partager leurs histoires, leurs futilités, alors que je savais pertinemment que j’étais sur la sellette ?

Plongé dans cette réflexion que je savais sans issue, j’ai momentanément oublié la tornade rousse (dont je ne savais toujours pas le nom, d’ailleurs). Jusqu’à ce que l’odeur nauséabonde d’une cigarette allumée vienne me chatouiller les narines. Si j’en croyais mes sens, elle avait fini par trouver son foutu briquet. J’ai relevé les yeux vers elle, et j’ai eu la confirmation visuelle de ce que je venais de sentir. Mes yeux glissèrent lentement vers la cigarette, avant que je ne lui ordonne, d’une voix catégorique et autoritaire :

« Ecrase-la. »

Pas de s’il te plait, pas de ton suppliant. J’étais bien au dessus de ce genre de manières, et ceux qui me connaissaient le savaient très bien. Je comptais bien sur le fait qu’elle m’obéisse, même si ça n’avait pas franchement l’air d’être dans son tempérament. Tant pis, s’il le fallait, j’irai écraser moi-même cette foutue clope, dont l’odeur me rappelait tous les jours un peu plus que je n’y avais pas droit.

En employant un ton plus que désagréable pour m’adresser à elle, j’avais pensé qu’elle aurait fini par déguerpir. Normalement, quand j’agissais de cette façon, les filles s’en allaient scandalisées, en me traitant de « goujat », « sale con », et j’en passe des meilleures. Contrairement à mon frère, je savais être gentil et aimable quand j’en avais envie ; cependant, quand ce n’était pas le moment… Eh bien, ce n’était pas le moment. Mieux valait me laisser dans mon coin, jusqu’à ce que je finisse par en sortir. Mais la fumeuse était restée. Et pire ! Elle engageait même la conversation. Bien décidé à ne pas la laisser empiéter sur mes plates bandes, j’ai répliqué.

« Ecoute. Tes regrets, tes remords et je ne sais pas quoi d’autre, tu te les gardes pour toi, d’accord ? Je ne suis pas gentil, je ne suis pas sociable, et je n’ai vraiment pas envie de parler de la pluie et du beau temps avec une fille que je ne connais pas. Ai-je été suffisamment clair ? » Lâchais-je, exaspéré.

Son vague sourire n’avait rien changé. Là, en ce moment même, j’étais désagréable. J’aurais préféré être seul, afin de pouvoir digérer le constat du médecin, mais ce n’était pas le cas. Mais les dernières nouvelles me poussaient à être exécrable, et à passer mes nerfs sur quelqu’un. C’était peut-être moche, mais c’était comme ça. J’avais besoin de me défouler, et elle était arrivée au bon moment. Tant pis pour elle, tant mieux pour moi. Enfin… Les choses n’étaient peut-être finalement pas si simples. Depuis le temps, j’avais compris ; le noir et le blanc, le yin et le yang… Tout ça, ce n’était que de la connerie. Il n’y avait pas deux pôles bien distincts, il n’y avait qu’un sombre entre-deux.

« J’ai des regrets. » Finis-je par murmurer après quelques instants de silence. « Tout le monde en a, et celui qui dit le contraire ment. »

J’avais consenti à parler d’une manière civilisée. Etrange, songeais-je en posant mon regard sur un couple qui avançait le long de l’allée damée pour rejoindre l’hôpital. Un petit rire nerveux me fit relever les yeux, et ceux-ci se posèrent sur mon interlocutrice, qui ne semblait pourtant pas amusée. J’ai froncé les sourcils alors qu’elle me disait qu’elle n’était pas malade. Franchement, j’avais du mal à y croire : sinon, qu’est-ce qu’elle ferait là ? Toute personne saine d’esprit ne viendrait pas dans un hôpital s’il n’y est pas contraint ou forcé. Peut-être qu’en fait, elle était juste l’exception qui confirme la règle. Une drôle d’exception, je tiens à le préciser.

Ma méfiance envers elle s’intensifia lorsqu’elle vint s’asseoir à mon opposé sur le banc. J’avais vraiment l’impression de vivre une situation parallèle à toute réalité. Je m’étais laissé attendrir par son air égaré, piégé par cette fragilité soudain apparente. Mais malgré tout, il était absolument hors de question que je me laisse aller à une quelconque confidence avec elle. Je ne la connaissais pas, et si ça se trouve, elle était peut-être uniquement là dans le but de me soutirer des informations, pour ensuite mieux les vendre aux tabloïds. Quand on est une personnalité célèbre, que ce soit en Italie ou même ici, aux Etats-Unis, par le biais de mon nom de famille, on apprend à se méfier de tout, et à ne faire confiance qu’à soi.

« Qu’est-ce que t’essayes de me faire comprendre, là ? » Demandais-je alors que je la voyais se désigner la tête. « T’es psychologiquement dérangée, c’est ça ? » Questionnais-je en fronçant les sourcils. « Ou comment ils disent, déjà ? Déséquilibrée ? »

Sandro et le politiquement correct, leçon numéro un : comment demander à une fille si elle est folle, sans utiliser cet adjectif ou le mot tarée. Le pire dans tout ça, c’est que je lui demandais ça d’une façon la plus anodine qui soit, comme si je lui parlais de la dernière chute de la bourse de Wall Street. Cette conversation était d’un naturel affligeant, à mon avis. Tous les deux blasés, nous en venions à être complètement dépassés par nos propres situations.

« Effectivement, ça ne te regarde vraiment pas » Dis-je alors qu’elle me demandait ce qui m’amenait là. « Franchement, tu crois vraiment que moi, un Pelizza Da Volpedo, je vais te faire des confidences sur une éventuelle visite à l’hôpital ? Tu te fous le doigt dans l’œil, ma chère. » Lâchais-je, sur de moi. Non pas que je voulais paraître supérieur ou hautain à ses yeux, mais j’avais juste envie qu’elle comprenne qu’un monde semblait nous séparer. « Enfin, c’est pas pour être méchant, hein. » Ajoutais-je, comme pour me justifier. « Mais bon, comprends moi : je ne te connais ni d’Eve ni d’Adam, et je devrais te faire des confidences… Désolé, mais chez moi, ça ne marche pas comme ça. »

Mon regard plongé dans celui de mon interlocutrice, je restais silencieux. Inutile d’épiloguer sur le sujet ; je ne me confierai pas. Pas maintenant, pas tout de suite, et certainement pas à une inconnue. Je n’étais tout simplement pas prêt ; parce que me confier, parler de mes problèmes, ce serait les reconnaître à haute voix. La dernière fois que je l’avais fait, c’était en Italie, chez un psychologue qui m’avait suivi tout au long de mon traitement. Bilan ? Une grosse dépression, un pessimisme exacerbé et un violent dégoût de tous ceux qui, selon mes propres termes, « allaient physiquement bien ». Je me connaissais, et je savais que j’étais en train de m’enfoncer doucement mais surement dans le déni : je refusais de reconnaître mes problèmes. Je ne voulais pas comprendre, je ne voulais pas réaliser : c’était trop dur. J’étais en train de foncer droit dans le mur, et au premier malaise, je savais que j’allais m’écraser face contre terre. Et que, sans doute, je ne me relèverai pas, comme n’importe quel vulgaire oiseau trop vieux et trop affaibli pour reprendre son envol. C’en était fini de l’Italien Sandro Pelizza Da Volpedo, c’était une évidence, et je devrais me faire à cette idée répugnante.
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MessageSujet: Re: SANDRO&BELA Δ the pursuit of happiness. SANDRO&BELA  Δ  the pursuit of happiness. EmptyDim 21 Aoû - 5:41

Je ne fis qu'un haussement de sourcil à sa demande et finit par détourner mon regard de lui, tirant sur la cigarette. Je ne m'étais pas donnée ce mal et cette chaleureuse rencontre pour rien. J'avais une santé de merde, c'était dit et redit, mentalement alors je ne faisais qu'équilibrer les jauges. Tout devait être mauvais chez moi, pourri jusqu'à la moelle. Prendre quelque chose de bien et le détruire. C'était ce que faisait la vie tout les jours, avec tout le monde et on crevait comme des rats, avant de chopper une quelconque maladie ou un virus aléatoire pour s'en plaindre, car nous ne faisions que ça. Nous existions pour souligner les erreurs de l'humanité, sans nous rendre compte que nous existions pour être ces fautes, effaçables d'un coup de neuf millimètres. Salissant, mais d'un coup net, tout était terminé. Aussi simple que cela. Nous n'avions juste pas les couilles d'appuyer sur la gâchette, alors nous nous lamentions sur notre pauvre vie. L'argent nous manquait. Si ce n'était pas cet argent vert qui nous faisais pleurer, c'était une solitude perpétuelle qui nous rongeait les organes. Ou la perte d'un proche, ou une crise d'adolescence un peu en retard. Tout prétexte était bon. Puis il avait commencer à parler. Cet homme semblait désespéré. Alors je le laissais cracher son venin, certains ont besoin de ça et nous ne pouvons les blâmer. Les autres, ils fument. Attende que la boule dans la gorge passe, qu'elle bousille nos poumons avec le goudron. Je reportais mon attention sur lui, cherchant la chose qui l'énerverait encore plus. Le pousserait à bout, lui ferais sauter la cervelle et que dans la détresse, il redevienne lui-même et non cette boule d'agressivité qui ne demandait qu'à exploser. Je répondis avec le sourire, pour l'agacer. « Non. » Je patientais calmement, prête à prendre n'importe quoi dans la figure. Non, il n'était pas social, pas gentil, je m'en foutais de tout ça. Les gens comme ça m'insupportaient, ils me rappelaient quel personne heureuse j'aurais pu être sans toutes ces maladies. Ils n'étaient que des allégories d'un bonheur surfait qui me donnaient la gerbe. Il finit par murmurer quelque chose et je souris, mentalement, sans trop savoir pourquoi. Sans doute parce qu'il avait raison. Je regardais le ciel quelques secondes avant de lâcher une phrase qui pourrait paraître illogique, mais nous n'étions pas là pour la conversation. « Que celui d'entre vous qui n'a jamais regretter lui jette la première pierre. » L'évangile selon Jean, chapitre 7,8, 2717. Je n'étais pas croyante pour autant. Ce n'était que des prétendues illusions pour nous faire croire que la fin n'en est pas une. Il y avait peut-être quelque chose, là-haut, ou en bas. Mais c'était un sacré connard, pour nous avoir maudit à finir ici, entre deux espoirs. Alors on tentait de se donner de la constance, assis sur un banc à attendre, attendre que ça passe, sans trop savoir ce que c'est. S'enlever cette impression dégueulasse que rien ne sera plus jamais comme avant, que tout avait changé et que l'on ne pouvait rien faire à propos de ça. On est impuissants, et ça, la plupart ne l'accepte pas. Ne pas avoir le contrôle sur leurs propres vies. Ils essayent de se prendre en main et foirent lamentablement. Je mets à rire alors qu'il tente de savoir ce que j'ai. « Je suis une tarée, ouais, mais t'inquiètes je tue pas en plein jour. » Je tire sur ma cigarette, attendant quelques secondes avant de révéler la vérité. Le pire, c'est qu'on pourrait croire que je ne mens pas. Mais je crois que tous, on pourrait faire un génocide, tellement nous sommes en train de dépérir. « Non, troubles maniaco-dépressifs. Des conneries qui me bousillent l'humeur. Des conneries tout court, en y réfléchissant bien. » Déséquilibrée, la plus grosse mascarade des médecins pour tenter de ne pas vouloir sauter par la fenêtre ou exploser en larmes. Et il finit par reprendre où il en était, avec sa colère et il se renferme. J'attends qu'il finit et essaye de comprendre. Suis-je censée le connaître ? Je le regarde franchement, perdue. Je finis par répondre, sans vraiment réfléchir. Mon cerveau est déséquilibré, après tout. « Euh... Enchantée ? T'as un nom qui ressemble à Pizza, tu dois être italien. Je crois que chez moi, on ne se pose pas trop de questions, reste à savoir si c'est un problème ou non. Je crois que ça doit dépendre de l'autre, sans doute. Un peu comme tout. » Je soutenais son regard et finit par hausser les épaules, encore une fois. Rien ne nous appartenait. C'était une condamnation. Attendre que l'autre répondre, attendre les gens lors d'un rendez-vous, attendre de grandir pour faire les choses que l'on ne pouvait pas... On regardait l'aiguille tourner sans rien pouvoir y faire, sauf, encore une fois, s'en plaindre. Blâmer les transports pour du retard, aller dans un restaurant dégueulasse pour se plaindre au serveur, aller dans les files d'attentes sans but précis, juste que soupirer sans motif valable paraît normal pour la situation. Ce sont des détails, des détails qui forment la vie d'adultes tristes et grincheux, déjà vieux, mais trop égoïstes pour sortir jeter du pain au canard. La vérité, c'est qu'on a peur de se noyer, tomber dans la marre et réaliser que c'est des putains de sables mouvants dont on ne pourrait pas s'échapper. Parce qu'au bout du compte, il n'y a plus personne, au bout du compte, personne ne tant le bras pour s'aider, personne n'est solidaire ou compatissant, personne ne comprend, on se retrouve seuls, et on ne peut que l'accepter, parce qu'au final, on l'a toujours été, on s'est juste bercés d'une douce illusion malsaine qui nous a fait du mal chaque seconde, qui nous envahissait les narines de poison inodore, comme un gaz euphorique. Le retour à la réalité n'est que plus brutal, plus dur, plus douloureux, lorsqu'on se rend compte que tout ce qu'il y a, c'est deux cons sur un banc.
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MessageSujet: Re: SANDRO&BELA Δ the pursuit of happiness. SANDRO&BELA  Δ  the pursuit of happiness. EmptyMar 13 Sep - 21:43


Aussi loin que je me souvienne, je crois que je n’ai jamais été quelqu’un de très inquiet. Je dirais même au contraire; souvent, j’avais été plus laxiste qu’angoissé. J’étais toujours là à faire tout ce que je voulais, quand je voulais, à l’instant où je le voulais ; d’ailleurs, mes parents me l’avaient reproché de nombreuses fois. Cependant, ça n’avait jamais eu d’effet ; avec un air indifférent, j’avais promis de faire des efforts. C’était mal connaître l’adolescent que j’étais ; je n’obéissais à personne. Que ce soit à mes parents, à mes professeurs, à mes amis… Je n’écoutais que moi, tout égocentrique que je suis. De rares fois, Francesca avait eu un peu d’ascendance sur moi, mais ça n’avait jamais réellement duré. « Je suis le capitaine de mon âme, le maître de mon destin. », selon les propos de Nelson Mandela. Rien ni personne ne pouvait aller à l’encontre de ça.

Aujourd’hui, avec le recul, je réalisais que cette phrase était la seule chose qui me restait. Jeune, j’avais longtemps pensé que j’étais immortel, comme un super héros, et que rien ne pourrait m’arriver. Bien sur, j’avais eu de petits accidents de parcours, mais ce n’avait pas été grand-chose : une luxation de l’épaule, une blessure au genou, et un doigt cassé. Ces petits rappels à l’ordre ne m’avaient pourtant pas arrêté, et le caïd en herbe que j’avais été avait poursuivi son chemin, sans jamais se retourner. Mais aujourd’hui… Aujourd’hui la donne avait été changée, et je me retrouvais face à mon destin, plus seul que jamais. Pour le moment, l’unique chose dont j’avais envie, c’était de retourner en Italie. Là-bas, je pourrais me reposer, et réfléchir à ce qui allait advenir. Là-bas, j’allais revivre, et prendre ce qui serait peut-être l’ultime décision de ma vie. En attendant, j’aviserai.

C’est d’ailleurs pour ça que je lui ai demandé d’écraser son putain de mégot. Elle était là, en train de fumer, tellement insouciante. Enfin, elle paraissait l’être. Elle fumait, comme si de rien était, et était en train de cramer sa vie à petit feu. Et elle faisait ça avec un naturel qui m’exaspérait plus que tout. Elle grillait ses cartouches, sa vie s’éteignait progressivement, mais elle paraissait s’en foutre comme de l’an quatorze. Cependant, j’étais suffisamment intelligent pour savoir que les apparences étaient souvent trompeuses. A l’instant où je lui demandais d’écraser son mégot, elle m’a simplement répondu « Non ». Non, vraiment ? On ne disait jamais non à un Pelizza Da Volpedo, surtout pas un Sandro sur le point de passer l’arme à gauche. Sur le coup, j’ai eu envie de lui répondre sur un ton acerbe, dont j’avais le secret.

Mais sa petite moue me dissuada rapidement ; en fait, elle n’attendait que ça. Que je m’emporte, que je m’énerve. Je n’allais certainement pas la laisser gagner si facilement. Alors, loin de me démonter pour si peu, je me suis levé. Doucement, je me suis approché d’elle, avant de lui attraper le poignet. Je l’ai légèrement serré, avant d’attraper ce qu’il restait de sa cigarette. J’ai eu un regard plein de pitié pour ce bâton tueur, avant de le laisser tomber au sol, et d’aplatir mon pied gauche dessus. Garce, je l’avais eue. Après ça, je suis allé me rasseoir, comme si de rien était.

« Problème réglé. » Lâchais-je avec un petit sourire narquois.

La gentillesse, la sympathie, tout ça, ce n’était pas moi. En réalité, ce n’était plus moi. Lorsque j’étais encore jeune, j’avais eu des avis ; de vrais amis. J’avais su être sympa, j’avais su être sociable. Mais les choses avaient progressivement changé, et pas dans le bon sens. Les années, parsemées d’embûches et d’épreuves, m’avaient rendu plus méfiant, plus amer vis-à-vis de tout et n’importe quoi. Malgré moi, j’avais été endurci, et j’avais fini par devenir digne d’un Pelizza Da Volpedo. Oh, évidemment, j’avais des sentiments, contrairement à mon père et à mon frère. Et ceux-ci me rendaient probablement plus faible qu’eux, plus vulnérable. C’est peut-être pour ça que j’avais confié à cette illustre inconnue que j’avais des regrets. Mon dieu, et dire que certains auraient payé des milliers de dollars pour m’entendre dire ça… Et voilà que je me retrouvais à faire des confidences gênantes, dans un endroit gênant, à une fille que je n’avais jamais vu. Pathétique, vraiment.

J’ai eu un petit rire en l’entendant me citer une phrase biblique. Dire que j’avais passé des heures (interminables), sur les bancs de l’église… On dit merci l’éducation religieuse que mes parents avaient tenu à m’inculquer ! Un peu en vain, il fallait bien le reconnaitre ; je n’avais jamais adhéré à toutes les idées de l’église catholique. D’ailleurs, je n’avais jamais crû en une quelconque instance supérieure ; sinon, tous les malheurs ne se produiraient pas. Non ? Bref, moi qui pensais en avoir fini avec toutes ces balivernes, voilà que j’avais replongé en plein dedans, au moment où je m’y attendais le moins.

J’ai préféré faire l’impasse sur mes pensées bibliques, alors qu’elle me répondait, d’une manière légèrement ironique, à ma question. Evidemment, je me doutais bien qu’elle n’était pas réellement instable psychologiquement, sinon les médecins ne l’auraient jamais laissée se trimballer dehors et toute seule. J’ai esquissé un petit-sourire, avant d’hausser les épaules.

« Je resterai dans la postérité… Ci-gît Sandro, assassiné par une déséquilibrée. » Dis-je en faisant une croix au sol avec mon pied. « Ouais, je vois. Chacun ces problèmes, n’est-ce pas ? » Ajoutais-je alors qu’elle m’avouait sans réticence qu’elle souffrait de troubles maniaco-dépressifs.

J’ai haussé les épaules, me sentant complètement impuissant, que ce soit face à ma propre situation ou à la sienne. Je n’ai même pas tenté de l’aider d’une quelconque manière, et encore moins tenté de la rassurer avec des mots qui, je le savais par avance, seraient vains. De toute façon, que reste-t-il des gens comme nous, des gens malades ? Avec le temps, nous sombrons peu à peu, et nous assistons à notre propre déchéance. Nos relations, nos amis, nos parents y assistent aussi, plus impuissants que jamais, et absolument incapables de nous sortir de cette spirale infernale. Les gens qui ne vivent pas les mêmes situations finissent par nous prendre pour des personnes aigries, déçues par la vie, déprimées. Peut-être qu’elles ont raison, à la réflexion. Et puis finalement, nous touchons le fond, définitivement, et nous nous écrasons au sol pour ne plus jamais nous relever. Triste vie, tiens.

« Affligeant, tu ne me connais même pas. » Dis-je en levant les yeux au ciel, pourtant presque soulagé. « Tu ne fréquentes pas Berkeley ? » Demandais-je en fronçant les sourcils, après m’être souvenu que toute la population jeune de San Francisco n’étudiait pas forcément à Berkeley. « Bref, oui, Italien jusqu’au bout des ongles. Et fier de l’être, d’ailleurs. »

Sandro, où la modestie incarnée. Je n’étais pas franchement emballé à l’idée de lui faire des confidences sur mon état de santé ; à vrai dire, je n’avais envie d’en parler à personne. Chacun ses problèmes, chacun ses blessures. Mon dossier médical n’avait pas besoin d’être dévoilé aux yeux de tous ; d’ailleurs, je pense que je gérerai assez mal si jamais mon état de santé devenait soudainement public. Mais bon, passons : ce n’est pas le cas, et je n’ai pas envie de me pourrir la vie avec ça. J’ai d’autres chats à fouetter.
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MessageSujet: Re: SANDRO&BELA Δ the pursuit of happiness. SANDRO&BELA  Δ  the pursuit of happiness. EmptyDim 23 Oct - 22:08

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