Je ne veux pas vous mettre à l’essai, je veux que vous me disiez franchement si oui ou non vous le feriez.

Cooper fixa l’étudiante dans les yeux. Pas de phrase comme elle venait de dire, juste une réponse claire et nette.

Votre réponse ne changera pas la décision que j’ai déjà prise.

En effet, avec ce qu’elle lui avait dit, il devait bien avouer que la balance penchait d’un côté plus que de l’autre. Fixant donc la jeune femme, il l’écouta parler et se mit à sourire.

Vous êtes très douée pour passer de la pommade, ça je dois l’admettre.

Se redressant dans son fauteuil, il prit sa poubelle et il y jeta les papiers qu’il avait sur son bureau, qui ne lui servaient pas et tout ce qui datait du déjeuner livré. Puis, il posa la poubelle par terre et il prit sa tasse de thé vide et sortit de son bureau. Pas un seul mot pour la jeune femme. Non, ça n’était pas un test pour savoir si elle allait venir le rejoindre ou pas. Allant faire chauffer de l’eau pour son thé, il passa alors par le bureau de sa secrétaire et prit quelques papiers. Puis, il alla se faire son thé, avant de revenir à son bureau. Fermant la porte derrière lui, il regarda l’étudiante qui était toujours là et il s’installa à son bureau. Il posa son thé sur sa droite et il donna les papiers pour le contrat à la jeune femme, ainsi qu’un stylo.

Remplissez votre contrat.

Il s’assit mieux dans son fauteuil et soupira doucement en la regardant.

Vous allez devoir adapter votre emploi du temps entre l’université et votre emploi ici. On va voir ça dès que vous aurez finit de remplir tout ça.

Attrapant sa tasse de thé, il en but une gorgée et regarda la jeune femme qui remplissait les différentes lignes et cases. Il resta silencieux jusqu’à ce qu’elle finisse de tout remplir et il regarda ensuite les papiers pour voir si tout était bien remplit. Tout semblait parfaitement bien.

Pour cet été, vous devrez être ici à partir de 8h tapantes. Un seul retard et vous aurez des corvées à faire. Au second retard, vous resterez sur votre chaise à ne rien faire. Au bout de trois retards, vous prenez vos affaires et vous partez définitivement.

Il n’allait pas payer une personne à ne rien faire, même si le second retard disait le contraire, mais il savait aussi qu’en général tout le monde se reprend en ne faisant rien.

Vous me suivrez sur mes affaires. Je vous laisserez dans un premier temps voir les affaires, préparez votre argumentation et vous renseignez sur tout, ainsi que voir les clients. Pour ces derniers, je serai dans la pièce, pour poser d’autres questions que vous n’auriez pas forcément posées. Puis, une fois au tribunal, vous serez là en temps qu'observatrice et à ce poste, vous devrez tout regarder, tout analyser, pour que l'affaire soit traitée au mieux et me dire ce que moi je n'aurai pas vu ou entendu.

Autant qu’elle sache tout de suite ce qu’il voulait d’elle, au moins elle aurait toutes les cartes en main.

Des questions ?

Lexie ne s’attendait plus à avoir ce fichu contrat posé sur le bureau, juste devant elle. Maintenant qu’elle était échauffée, elle s’était plutôt attendue à devoir argumenter encore et encore, quitte à s’épuiser à la tâche. Ce n’était pas en soit un problème insurmontable, étant donné que la répartie était l’une de ses qualités et qu’elle était prête à presque tout pour obtenir finalement un emploi dans le cabinet de Cooper. Aussi ne répondit-elle pas immédiatement aux différents dires de l’avocat, des détails sur l’emploi qu’il lui offrait à la proposition de partie de jambes en l’air, plongeant immédiatement dans la lecture du contrat qu’il venait de lui soumettre. Se faire embaucher, oui, mais Lexie n’était pas idiote, du haut de ses vingt ans. Elle voulait connaître chaque détail de son contrat afin de ne surtout pas se faire avoir. Elle prit donc le temps qu’il lui fallut pour tout lire et s’imprégner ainsi de chaque détail avec une attention toute particulière. Ce n’est qu’après être absolument sûre d’elle-même qu’elle s’empara du stylo qu’il lui avait précédemment tendu pour mieux signer chaque page dudit contrat, non sans une attention non moins particulière. « Je ne supporte pas d’être en retard, je serais donc en avance tous les jours et pour les éventuelles fois où je ne pourrais pas être présente, vous serez prévenu à l’avance. J’ai pour habitude d’étudier chaque détail dans mes études par conséquent vous n’aurez aucun souci de rigueur de ma part. J’apprendrais tout ce que vous me permettrez d’apprendre et si vous craignez que je ne sois pas à la hauteur, nous pourrons toujours nous entraîner avant un vrai face à face avec client. Pour les audiences, je prendrais toutes les notes que je pourrais prendre et ne manquerait pas de vous observer en détail. Je ne suis pas à l’aise avec les corvées…Alors soyez sûr que je serais fiable. La confiance engendre la confiance après tout, n’est-ce pas ? » Lexie n’avait laissé aucun détail au hasard, et avait bien reprit chaque parole de Cooper afin qu’il ait bien conscience que tout avait parfaitement été assimilé dans son esprit. Le seul détail qu’elle avait laissé de côté exprès, c’était la proposition sexuelle qu’il lui avait faite. Non pas qu’elle soit gênée le moins du monde par ladite proposition, mais elle faisait la distinction entre le contrat et les conditions du contrat, avec tout ce qui n’avait pas de rapport direct. Il viendrait un moment où elle allait revenir sur ce dossier-ci, mais en attendant, autant régler chaque point avec rigueur pour ne pas s’éparpiller dans tous les sens. « Pour ce qui est de mon emploi du temps, je travaille lundi et mardi de huit heures à vingt heures, avec une seule heure de pause déjeuner, durant laquelle je peux étudier un dossier en profondeur, suivant l’affaire que vous m’accorderez. Le mercredi, je m’adonne à mes révisions en cas d’examen, et par conséquent cette journée peut vous être accordée sans problème. Le jeudi, la matinée est prise par deux travaux dirigés de politique, mais l’après-midi je la passerais évidemment ici. Vendredi, pareil, bien que je finisse une heure plus tôt, aussi viendrais-je dès la fin de ma dernière heure. Je peux travailler le samedi si vous le souhaitez et le dimanche, je peux très bien le passer à l’étude des dossiers et à la préparation des audiences avec vous. Dernière chose, les vacances vous seront réservées, excepté quatre jours pour mes révisions. Je travaille vite en général car au fur et à mesure, je ne me laisse que rarement dépasser par les évènements. Est-ce tout ce que vous souhaitiez savoir ? Oh, et travailler tard ne me dérange absolument pas, j’ai pour habitude de dormir très peu. Quand commençons-nous ? » Lexie était impatiente. Le droit l’avait toujours attirée, pour son plaisir, et si les cours l’ennuyaient, elle savait que l’apprentissage terrain allait la passionner littéralement. Surtout que l’opportunité de travailler avec un avocat aussi illustre que Cooper ne pouvait qu’être saisie…Elle n’allait pas être traitée en simple stagiaire, et donc en larbin, elle aurait plutôt son mot à dire. C’était une responsabilité supplémentaire qu’elle était prête à encaisser, quitte à ce qu’il lui mène la vie dure pour qu’elle lui donne satisfaction…Lexie n’était pas seulement bosseuse à l’extrême, elle avait le goût de l’effort et n’avait aucun problème avec les ordres. « Et pour répondre à votre question…Si cela nous aide à nous mettre d’accord en cas de désaccord, l’option peut-être à ce moment là envisagée. Le goût du travail bien fait, toujours. » Lexie savait qu’elle était culottée et que la qualité risquait d’être autant appréciée qu’agaçante. Mais ça, c’était un prix bien moindre à payer, n’est-ce pas ?

Elle prenait le temps de lire le contrat et il savait qu’elle devait s’attendre à un piège. Mais non, aucun piège à l’horizon. En tout cas, pas dabs le contrat en lui-même. Evidemment, Cooper allait poser des pièges pour plus tard, mais pour le moment, il voulait que tout soit clair, net et précis. La laissant donc lire, puis signer, il apprécia le fait qu’elle signe. Désormais, elle était à lui à mi-temps. Elle avait ses études à Berkeley, comme lui enseignant là-bas à mi-temps. Ecoutant alors la jeune femme parler, il se mit à sourire en coin. Buvant de son thé, il écouta à nouveau avec attention tout ce qu’elle disait. Prenant une feuille, il nota rapidement les horaires qu’elle donnait pour son emploi du temps. Il y aurait des jours où ils ne feraient que se croiser, mais il lui donnerait quand même du travail. L’entendant demander quand ils commençaient, il la regarda.

N’oubliez pas de manger tout de même, je ne voudrai pas vous voir vous effondrer lors d’un interrogatoire.

Il taponna le contrat et le posa sur le côté de son bureau.

Pour commencer, à voir quand vous aurez finit vos examens. Je vous fais commencer tout de suite après.

En effet, il préférait quelle passe ses examens en premier lieu et ensuite il la ferait travailler pour lui. Buvant de son thé, il haussa un sourcil aux derniers propos de l’étudiante.

Oui, toujours.

Il hocha la tête, tout en souriant. Buvant une grande gorgée de son thé, il regarda la jeune femme.

Je vais vous faire visiter, pour que vous puissiez avoir une première idée des lieux.

Se levant de son fauteuil, il alla vers la porte, la laissant le suivre. Allant vers les premiers bureaux, il présenta les employés les plus anciens. Trois femmes et deux hommes. Puis, il passa près de la cuisine, qu’il lui montra également. Les toilettes, la salle pour les photocopies, les fax et autres, puis le coin fumeur et il alla vers les autres bureaux au fond et présenta les employés les plus jeunes, une femme et deux hommes. Puis, il passa vers le secrétariat pour la présenter et il vit le regard désapprobateur de la secrétaire.

Je sais que vous n’êtes jamais d’accord avec moi, mais je suis le patron.

Souriant, quand il la vit lever les yeux au ciel, il repartit vers son bureau et ouvrit une pièce avec un bureau.

Vous travaillerez ici.

Laissant la jeune femme entrer et voir comment était le bureau, il mit ses mains dans ses poches.

Ah, la première visite d’une entreprise pour un nouvel employé, une institution ! Lexie était toute enthousiaste à l’idée d’avoir réussi son parcours du combattant en signant finalement un contrat dans le cabinet de Cooper. Mais son enthousiasme était modéré et peu visible, évidemment. Elle se contentait de s’attarder sur la visite qu’il était en train de lui faire faire, se permettant cependant de sourire lorsqu’il lui énonça qu’ils ne seraient pas souvent d’accord, et pour cause, c’était elle l’employée et lui le patron. Dans le fond, il n’avait pas tout à fait tort…Surtout que Lexie avait un caractère plutôt bien trempé et savait faire part de son avis, tout en usant d’une diplomatie étonnante pour son âge. Ce n’est d’ailleurs qu’une fois dans le bureau qu’elle élargit son sourire, sans pour autant répondre immédiatement. C’était comme si Cooper avait prévu à un moment donné d’embaucher un réel assistant pour l’aider dans des affaires épineuses, et dont il pourrait être fier…Quelqu’un qui saurait le conseiller, l’épauler, et se taire lorsque cela serait nécessaire. Quelqu’un ayant les épaules de Lexie, en somme. Elle n’avait pas l’intention de laisser sa maladie empiéter sur un travail qui allait lui plaire à coup sûr. Elle allait évidemment s’empresser de compartimenter sa vie pour mieux la vivre, ne mélangeant surtout pas ses études en politique avec sa collaboration avec l’avocat qu’était Cooper. Un vrai challenge à venir, et de nombreuses nuits blanches à prévoir, mais Lexie était d’ors et déjà prête mentalement à sauter le pas. « J’ai presque fini mes examens, ne vous en faites pas. Et puis…Je suis quelqu’un d’organisé en général, alors n’ayez pas peur de me faire part du programme que vous souhaitez suivre avec moi d’entrée de jeu, je suis toute ouïe. » Ce qui était parfait avec le bureau qu’il lui donnait, c’est qu’il était juste à côté de celui de l’avocat. Il n’y allait pas avoir besoin qu’elle l’appelle au téléphone pour qu’il réponde à une éventuelle interrogation, il lui suffirait de se lever, d’ouvrir une porte après avoir frappé soigneusement contre celle-ci, et de poser sa question en face à face. Le bureau était en lui-même on ne peut mieux agencé. « On dirait que vous vous êtes attiré les foudres de la secrétaire mais…Je sens que je vais adorer ce bureau ! Fonctionnel, pratique… » Inutile de dire que pour elle, travailler ici était bien plus qu’une opportunité, c’était la première étape vers un avenir professionnel brillant. Et plus que de l’admirer au niveau de son surf, elle souhaitait entrevoir la façon de travailler de Cooper, suivre son quotidien et lui coller aux basques jusqu’à ce qu’elle soit en mesure de le conseiller et de se rendre réellement indispensable. En plus de payer ses factures, elle allait donc être en mesure de s’accomplir pleinement dans le travail…Comment aurait-elle pu rêver mieux ? Il venait de lui offrir l’opportunité de sa vie, la toute première, si l’on excluait son passé en tant que trapéziste et jongleuse. Là, ce n’était pas avec des objets qu’elle allait devoir jongler, mais bien avec des mots. « Si cela ne tenait qu’à moi, je commencerais dès aujourd’hui » ne put-elle s’empêcher d’ajouter alors qu’elle venait de s’asseoir sur le fauteuil de son bureau afin de le tester. Ce n’était plus de l’enthousiasme à ce point là, c’était du dévouement dans son image la plus extraordinaire. « Vous donnez quoi à faire à vos stagiaires, d’habitude ? Non parce que je pourrais aussi vous aider à les gérer. » Lexie ne souhaitait pas spécialement être la secrétaire de Cooper, mais l’observer faire passer des entretiens, pourquoi pas. Après tout, elle avait tellement de choses différentes à apprendre qu’il était passablement difficile pour elle de savoir par où commencer. « C’est vous le patron. »

Se levant de son fauteuil, Cooper amena Lexie à le suivre, pour aller visiter le cabinet. Après tout, autant qu’elle voit ses collègues et qu’elle puisse savoir où elle allait travailler dans quelques jours ou semaines. Faisant donc un tour, il finit par lui présenter son bureau et il mit ses mains dans ses poches, en attendant de savoir si elle avait des questions ou tout autre chose à ajouter. Souriant à ses propos, il hocha la tête positivement. Elle serait bien assez tôt ce qu’il voudrait d’elle. Il avait des affaires en cours qu’elle pourrait voir et qui serait utile pour lui. Un nouveau point de vue ne lui serait pas de trop. La voyant s’installer à son bureau, il prit appui sur la porte et soupira doucement. Elle était jeune, il le savait parfaitement, mais elle avait une volonté de faire et il savait qu’elle pourrait lui être utile. Si ça n’avait pas été le cas, il n’aurait cherché à discuter avec elle.

C’est un jeu entre nous. Elle me rabaisse et je l’ennui à longueur de journée.

C’est vrai qu’il avait l’habitude. Il avait d’ailleurs choisit sa secrétaire, pour sa force de caractère et pour le fait qu’elle ne se laisse pas avoir par lui. Elle savait dire non et elle le disait très ouvertement. Elle était plus que franche et ça, c’était une qualité qu’il appréciait toujours. Souriant toujours aux propos de l’étudiante, il leva les yeux au ciel.

Alors, en temps que patron, je vous ordonne de lever vos fesses de ce fauteuil et de sortir d’ici.

Il lui fit signe de se lever et de venir. Une fois qu’elle s’exécuta, il ferma la porte derrière lui à clé et il la donna à la jeune femme.

Nous fermons tous nos portes le soir en partant, pour qu’aucuns dossiers ne soient dérobés, même si un pied de biche brise facilement une porte.

Laissant donc la clé à la jeune femme, il retourna dans son bureau avec elle.

Appelez moi quand vous serez libre. On commencera par faire des essais un samedi, pour que je puisse voir de quoi vous êtes capable.

Il préférait prendre son temps un jour de week-end, pour parvenir à avoir des facilités à lui dire que si allait et ce qui n’allait pas.

« Cooper, on a besoin de toi. »

Se levant, il ferma sa veste et fixa l’étudiante.

Bienvenue parmi nous.

Il serra la main de la jeune femme et lui rappela qu’elle devait lui passer un coup de fil avant de venir, pour qu’ils décident d’un jour, pour se voir. La laissant ensuite partir, il sourit et alla voir ses collègues, pour une affaire apparemment complexe.