Flashback. Il y a de cela sept ans & quelques années plus tard. 'Escuse-moi, je viens à peine d'arriver et je suis complètement perdue. Tu ne saurais pas où se trouve la maison communale s'il-te-plaît?' Nous étions pendant les vacances scolaires et je venais de décrocher mon premier travail dans le mannequinat. Travail qui m'avait demandé un voyage à New-York. En 17 années de vie, je n'avais encore jamais mis les pieds sur ce continent qu'est l'Amérique. Les seules fois où je quittais ma Grèce natale c'était pour la Tunisie, pays d'Afrique, pays de ma mère. C'était donc pour moi la première fois que je m'étais les pieds dans le pays de la grande pomme et j'étais avide de tout découvrir. Seulement voilà, même avec une carte géographique en main, je n'étais pas très douée en ce qui concernait l'orientation. Oui, ce sens là, tu l'as ou tu ne l'as pas et apparemment, il semblait que je ne l'avais pas. Le jour avant, j'avais eu un jour de repos, à cause du décalage horaire. Ce jour-là était donc mon tout premier jour de travail et nous avions tous rendez-vous devant la maison communale. A cet instant, je ne savais pas encore pourquoi, et mon seul souci était de trouver l'endroit assez vite afin de ne pas être en retard, chose que je détestais par dessus tout. J'avais donc pris mon courage à deux mains et j'avais accosté la première personne qui passait à côté de moi. En l'occurence, c'était un charmant jeune homme qui devait, à vue d'oeil, avoir un peu près mon âge. Je lui avais souris, d'un genre de sourire qu'on faisait pour dire à quel point on était désolé de déranger. Et désolée, je l'étais réellement. Fort heureusement, le jeune homme ne m'envoya pas balader, comme je le craignais. Il décida même de m'accompagner jusque là. C'est donc après l'avoir remercié que nous avons commencé à faire connaissance, tout en marchant. Il s'appelait Mike. Mike Rider et j'étais loin de me douter à cet instant qu'il allait être une des personnes les plus importantes dans ma vie. Pendant mes quinze jours à New-York, j'avais revu Mike très souvent. Le jeune homme me servait de guide, me montrant les endroits les plus branchés. Une complicité naissait et je lui faisais déjà entièrement confiance. Mon travail se termina et je dus me résoudre à rentrer en Grèce. Ce fut d'ailleurs Mike qui me raccompagna à l'aéroport. Avant de passer les douanes, le jeune homme m'avait prise dans ses bras et un instant, je m'étais sentie transportée. Il avait alors posé ses lèvres contre les miennes et doucement, nous nous étions embrassés. Oui Mike m'attirait et je me souviens d'ailleurs que je m'étais posée plusieurs questions sur le vol du retour. Mais la vie reprit son cours et les questions au sujet de Mike s'envolèrent. Nous étions restés en contact et nous prenions régulièrement des nouvelles l'un de l'autre. L'attirance avait fait place à une amitié. Amitié qui se solidifiait plus les mois passaient. A 18 ans, je décrochais une bourse pour une des meilleures universités de New-York et bien entendu la première personne au courant fut Mike. Comme nous avions la chance d'être dans la même université, nos liens continuèrent à se solidifier. Je considérais à présent Mike comme mon frère de coeur. Bien sûr j'avais déjà deux frères. Nikos ne faisait que me sermonner et Petros était celui avec qui je me sentais le plus proche. Mais je n'avais pas cette complicité que j'avais avec Mike. Avec lui, tout était différent, tout était facile et les confidences sortaient très facilement de ma bouche. C'était le seul à qui je me confiais, le seul qui partageait mes bons comme mes mauvais moments. 'Mike, je vais me marier avec Jaylen. Tu veux être mon témoin?'J'avais 20 ans quand je m'étais fiancée et ce malgré le désaccord de mes parents. Ils ne connaissaient pas Jaylen qu'ils le jugeait déjà. Il n'était ni grec ni tunisien et encore moins musulman, il ne saurait donc pas me rendre heureuse. Maman ne se souvenait plus que mon père n'était pas plus musulman que Jaylen le jour de leurs fiançailles. Mes parents et le reste de ma famille c'était donc opposé à cet amour et ne voulait pas de ce mariage. Mike était au courant de tout et à vrai dire, si il était à mes côtés, c'était comme si un membre de ma famille était présente et cela suffisait. Et de toute façon, je pensais à ce moment que rien ni personne ne pourrait me séparer de Jaylen. J'avais tort. Ce qui nous sépara fut l'alcool ou la connerie. Ou bien les deux, au choix. Ce soir là, j'avais passé ma soirée avec Mike. Quand j'étais rentrée chez moi, le cauchemard commença. En effet, je retrouvais Jaylen dans les bras de Mayssa, une de mes amies. Ce soir là, je chassais Mayssa de chez moi et je rompis avec Jaylen. Avant de courir me réfugier chez Mike, qui restait la seule personne sur qui je comptais vraiment. Tout comme je me confiais à lui, il faisait de même. Je peux dire encore maintenant qu'il n'y a que lui qui connait tout de ma vie et je connais une grande partie de la sienne.

'Quoi? Non mais tu rigoles de moi Aida? ...Ne pas me fâcher? Comment veux-tu que je ne me fâche pas! Ils ne peuvent pas faire ça!... Tu crois vraiment? Et bien c'est ce qu'ils verront!' Je raccrochais tout en marmonnant. Je venais d'avoir Aida une de mes petites soeurs -en tout j'en avais deux; Aleyna completant la paire de jumelles- au téléphone et elle avait été chargée de me délivrer un message. Ou plutôt elle voulais m'annoncer le message avant que mes parents me téléphonent pour me le dire eux-même. Comme ça j'éviterais la surprise. J'aurais plutot voulu éviter la nouvelle tout court. Mes parents n'avaient pas encore compris que je n'étais pas une chose que l'on possédait et pour qui on décidait de tout. Moi j'avais un cerveau et je revendiquais ma liberté. Liberté que mes parents n'aimaient pas. Avec mes fiançailles gachées, je faisais honte à la famille. Alors qu'ils n'avaient jamais accepté Jaylen, ils m'en voulaient ou plutôt me traitait de fille instable qui ne savait pas ce qu'elle voulait. Ils pensaient certainement que je n'étais pas capable de me choisir un mari, mais c'était l'amour et rien d'autre qui avait guidé mes pas. Mes parents m'avaient laissé tranquille quelques années mais aujourd'hui j'allais sur mes 24 ans et il était temps que je pense à me marier. Ils avaient d'ailleurs trouver le gendre parfait: une très bonne situation, une bonne éducation, apparement pas mal dans son genre d'après Aida. Il avait donc tout pour plaire et pourtant cette attitude ne me plaisait pas. Il était hors de questions que je me fiance cet été quand je reviendrais pour les vacances, que cela leur plaise ou non. Pour moi, l'amour était plus important que l'argent, ils n'avaient pas encore compris cela. Dans tout mes états, j'envoyais un sms à Mike. C'était toujours la première personne à être informée de tout, cela n'allait pas changer. 'Coucou frerot. Ca va? Tu as un moment de libre cet aprem? Il faut que je te dise quelque chose' Nous étions samedi et le rendez-vous fut pris à 16 heures, au Starbuck. Le Starbuck était un endroit que j'appréciais beaucoup, c'était d'ailleurs là qu'il faisait le plus excellent des viennois, une de mes boissons préférées. Puisqu'il me restait un peu de temps devant moi, j'avais filé sous ma douche et en était ressortie d'un peu meilleure humeur. Le fait de voir Mike très vite me rendait heureuse et lui aussi aurait peut-être besoin de se confier. Il vivait une situation assez pénible niveau coeur et je me devais d'être là quoiqu'il arrive. Je m'appretais donc en vitesse. Un trait de maquillage plus tard, j'empruntais les transports en commun. Bien que j'avais depuis fort longtemps le code de la route, je n'avais jamais mis les pieds derrière un volant. Allez savoir pourquoi. J'arrivais donc à 15H45 devant le Starbuck Coffee. Je pénétrais dans le café et cherchais du regard mon frère de coeur. Je ne le vis pas, à moins que ce ne soit ma myopie qui me jouait des tours. Après tout, j'étais partie trop vite et j'avais oublié de mettre mes lentilles. Je me dirigeais vers une table qu'on occupait souvent Mike et moi quand nous venions ici et je décidais simplement de l'attendre patiemment. Mon regard scrutait l'entrée. D'un moment à l'autre, il serait là.

Cela faisait dix minutes que j'étais installée au Starbuck et je m'impatientais déjà. J'avais toujours eu cette horreur d'attendre et pourtant Mike n'était pas en retard puisque j'étais arrivée en avance. Je regardais l'heure une enième fois, croisait les jambes, mon regard se perdant dans le lointain. Mon esprit s'évada une nouvelle fois vers l'atroce nouvelle qu'Aïda m'avait donnée aujourd'hui même. En fait, j'aurai préféré ne pas savoir, pas tout de suite. Je n'étais pas prête à combattre une nouvelle fois mes parents et pourtant je ne voulais pas me soumettre à leur décision. C'était complètement incensé, je ne le connaissais pas! Aïda m'avait dit que c'était un charmant jeune homme qui avait de l'argent, un des meilleurs partis qui puissent exister là-bas. Ma petite soeur voulait même m'envoyer une photo mais j'avais refusé. Je ne voulais pas voir la tête de mon futur fiancé pour la simple et bonne raison qu'il n'y aurait pas de fiançailles. J'étais parfaitement contre, ce qui ne m'empêchait pas de pester contre mes parents et de réfléchir à la manière la plus adéquate pour qu'ils annulent. Têtus comme ils étaient, cela ne se révélerait pas facile. Alors que j'étais complètement perdue dans mes pensées, je sursautais en sentant Mike tout près de moi. Il me fit la bise et je lui envoyais un sourire radieux. Le fait qu'il soit arrivé annulait les minutes que j'avais attendues auparavant, par ma faute puisque je préférais être avant l'heure à chaque fois. Avant qu'il ne s'asseye, j'eu le temps de l'observer et de le trouver toujours très beau. On avait des yeux, c'était fait pour s'en servir non? Surtout que de mon côté, il n'y avait pas d'arrières pensées, je me disais juste que j'avais de la chance d'avoir un si bel homme pour frère de coeur et que certaines filles devaient m'envier d'être si proche de lui.

- Il semblerait que j'aille autant de chance que toi! J'ai tiré le gros lot en ayant le droit à un café avec un des plus beaux jeunes hommes du campus.

J'avais pris le ton de la rigolade mais mes paroles étaient sincères. J'avais toujours aimé complimenter les personnes qui me tenaient à coeur. Et comme je considèrait Mike comme mon frère, il n'y verrait aucun plan drague. De toute façon, draguer c'était pas mon truc, moi si un homme me plaisait vraiment dans le sens où je me serais bien vue avec lui, je n'osais pas me jeter à l'eau. Les rateaux, c'était vraiment pas mon truc. Je fis un sourire à Mike avant de continuer.

- Merci d'avoir accepter de passer du temps avec moi. Comment ça va?