Voilà déjà un mois et demi que les cours avaient repris et Calla n'avais pas vraiment eu de vie sociale depuis. Bien que passionnée par ses études de médecine, sortir un peu et voir ses amis lui permettrait sans doute de se changer les idées et, par la même occasion, de s'amuser un peu. Elle était fatiguée ces temps ; elle avait beaucoup fait de baby sitting pour une de ses amies et avait gardé Maya de nombreuses heures et de nombreux jours. Ainsi, lorsque Dylan, qui n'est autre que sa meilleure amie, lui proposa de la rejoindre à la plage en fin d'après-midi - ou du moins dès qu'elle aurait terminé ses heures de cours, Calla n'hésita pas une seconde et accepta l'offre de la jeune fille. Bien qu'elle ne savait pas trop qui il y aurait d'autre, elle se doutait bien qu'après la scéance baignade et bronzage, une fête aurait sûrement lieu. Peut-être qu'elle aurait ainsi l'occasion de faire des rencontres. Ces temps, Calla n'avait la tête que dans ses cours, et quand elle avait le malheur de pense à autre chose, elle pensait à Ryan. Jamais elle ne pourrait se résoudre à accepter sa disparition, et surtout, jamais elle ne comprendra l'injustice dont la vie peut parfois faire preuve.

Il était à présent 16 heures et Calla n'était plus qu'à quelques minutes de la plage. Elle portait son tout nouveau maillot de bain orange et avait enfilé sa petite robe noire par dessus. En guise de chaussures, elle avait préféré opter pour des nus pieds, se disant qu'elle serait de toute façon à pieds nus tout du long de la soirée. Lorsqu'elle arriva, elle vit Dylan lui faire de grands gestes, lui indiquant de la rejoindre. Chose que Calla fit. Il n'y avait pas que Dylan, il y avait également deux ou trois de ses amis, mais la jeune Pearce ne parvenait plus à se souvenir de leur nom, les ayant croisé qu'une ou deux fois et ce très brièvement.

Alors que Calla commençait à se détendre au soleil pendant que les filles étaient parties se baigner, elle était loin de se douter de ce qui allait se passer, ou plutôt, de qui allait réapparaître dans sa vie. Lorsqu'elle leva la tête et baissa ses lunettes de soleil Ray Ban, elle vit une fille qui attira son attention. C'est dingue, elle aurait jurer qu'il s'agissait de sa soeur Shiloh, mais lorsque celle-ci se retourna, Calla pu constater que ce n'était pas elle. Un sentiment mélangé de soulagement et de tristesse se fit ressentir. Ainsi, elle se leva et marcha quelques minutes au bord de l'eau, écoutant le bruit des vagues, du vent, ainsi que celui que faisait les enfants jouant au ballon au bord de l'eau. Elle ne pu s'empêcher de repenser à son père, à sa mère, à Shiloh... à la vie qu'elle avait au Mexique et surtout à la famille soudée qu'ils formaient. Aujourd'hui, Shiloh et Calla ne se parlaient plus. Bien que consciente qu'elle était celle qui avait lancé un ultimatum à l'autre plus d'une année auparavant, mais ne voulait pas admettre qu'elle en souffrait beaucoup. Voir sa petite soeur virer du mauvais côté, prendre de la drogue, avoir de mauvaises fréquentations, et surtout, foutre sa vie en l'air en ratant ses années scolaires sans exploiter son don pour le dessin la rendaient malade. Puis, elle releva la tête pour voir où elle allait. Et la, elle revit une jeune fille susceptible d'être sa soeur, bien que ses cheveux soient plus longs et que ses jambes soient plus fines. La manière qu'elle avait de se tenir ne laissait presque aucun doute, mais le soleil empêchait Calla d'en être complètement sûre. Elle décida de s'approcher et s'aperçut qu'il s'agissait bien d'elle. Un moment de panique pris soudainement Calla, qui failli alors faire demi-tour. Qu'allait-elle lui dire ? Qu'elle regrettait que leur relation ait pris cette envergure ? Qu'elle aimerait arranger tout cela ? Ou au contraire, qu'elle ne souhaite plus jamais la revoir ?
Calla s'approcha de plus en plus, puis arriva à hauteur de Shiloh, qui lui fit un sourire timide. Calla hésita un instant puis remarqua que sa petite soeur n'avait nullement l'air surprise de la voir. « Salut, Shiloh... », lança l'ainée sur un ton plutôt froid.

Membre de la confrérie Théta, puis de celle des Sampi après la suppression de la première, Calla faisait partie des gentils. Un peu trop même. C’est une fille toujours positive, gentille, généreuse, altruiste, et surtout, à l’écoute et toujours prête à aider ses amis. Mais voilà, la jeune demoiselle a également son petit caractère et l’un de ses plus gros défauts est la rancune. Non, elle ne pardonne pas facilement et est dotée d’une excellente mémoire. Ainsi, beaucoup de personnes l’ayant trahie une fois se sont vu éjecter de sa vie et ce pour toujours. Avec Calla, on ne revient pas en arrière, mais on réfléchit avant d’agir afin d’éviter ce genre de situation plutôt cocasses. Mais malgré ce trait de caractère plutôt radical, il y tout de même une chose qui prime sur tout le reste et sur laquelle la rancune de Calla n’a aucune chance à long terme : la famille. Ayant perdu sa mère à l’âge de 3 ans ainsi que son mari il y 2 ans, son père et sa sœur sont tout ce qui lui reste. Et voilà qu’elle avait réussit à s’embrouiller avec sa sœur. Calla ne s’était jamais mis réellement à la place de Shiloh, sa petite sœur, mais avait toujours pensé que c’était une femme forte et responsable. Et voilà qu’elle le lui prouvait encore une fois aujourd’hui, en ayant le cran de venir discuter avec elle malgré la réaction inattendue qu’aurait pu avoir Calla. Cette démarche semblait être un appel un secours, comme si Shiloh avait besoin de sa sœur. Vraiment besoin. Calla était debout, sans voix, et buvait les paroles de sa petite sœur, qui tentait tant bien que mal de s’expliquer. La voilà qui se mettait à s’excuser, sans plus s’arrêter. Des excuses que Calla attendait depuis bien longtemps, depuis trop longtemps, et qu’elles ne pensaient jamais voir arriver. Shiloh s’arrêta un instant, puis repris, comme si elle ne voulait pas prendre le risque de se faire interrompre par Calla avait d’avoir terminé. C’est ainsi que la jolie Gamma continua dans ses explications, d’arguments en arguments. Calla avait chaud. Mal à la tête, aussi. A vrai dire, les paroles de sa petite sœur lui firent comme l’effet d’un couteau dans le cœur. A présent, Calla, toujours en train d’écouter, avait les larmes aux yeux. Avec un peu de chance, Shiloh ne s’en apercevrait pas. Depuis tout ce temps, Calla attendait des excuses de sa petite sœur, la voyant comme une droguée capricieuse qui avait abandonné leur père au Mexique, juste pour suivre ses traces, qui en plus de cela avait réussi à rater sa première année, et en beauté. Jamais, vraiment jamais, Calla ne s’était mise ne serait-ce qu’une seconde à la place de Shiloh, sa petite sœur. Ses paroles firent l’effet d’une bombe. Tout ce qu’elle disait était vrai. Rien n’était de sa faute, mais plutôt de celle de Calla. Après tout, c’est bien elle qui est partie étudier à New York, alors à peine âgée de 17 ans. C’est encore elle qui a abandonner son père, mais également sa sœur, « juste » pour devenir médecin, « juste » pour avoir la chance d’obtenir une éducation meilleure. C’est encore elle qui s’est mariée et qui est devenue veuve, se lamentant sur elle-même et sans prendre en compte le manque d’affection de Shiloh. C’est encore elle qui n’appelait jamais, ou du moins pas souvent, pour prendre des nouvelles de sa famille. Et quand Shiloh est arrivée à Berkeley et a commencé à prendre des cochonneries, c’est encore Calla qui n’était pas là. Trop occupée à faire des reproches, chose qui pourtant ne lui ressemblait pas vraiment, la jeune brunette n’avait pas pris le temps d’écouter sa sœur. Comme une demoiselle qui veut devenir psychiatre, peut-elle se permettre de ne pas être à l’écoute des gens. A présent, Shiloh termina son petit discours. Elle n’avait plus souffle, puisqu’elle avait tout déballer d’une traite, sans pouvoir s’arrêter. Calla pouvait voir que la Gamma était émue, et particulièrement sensible en ce moment. Calla ne savait pas quoi dire. Par où commencer ? Elle avait tellement de chose à dire, tellement de chose à se faire pardonner. « Shiloh… si tu savais comme je suis désolée. Il est vrai que tu m’as déçue plus d’une fois, et que je voyais tes actes comme totalement stupides. Je pensais que agissais de la sorte juste pour me faire payer d’être partie, de t’avoir laisser comme ça, alors que je ne voyais vraiment pas le mal dans ce que j’avais fait. Pour moi, partir était comme une évidence et jamais je n’ai eu l’intelligence de me mettre à ta place. Cela fait maintenant plusieurs années, des mois, que j’attends que tu viennes t’excuser, sans trop savoir quelle serait ma réaction, et maintenant que c’est fait, je me rends compte que la seule fautive dans l’histoire, eh bien c’est moi. Prendre de la drogue, traîner avec toutes ces mauvaises influences, ces espèces de « faux » amis que tu as pu avoir, ce n’était pas juste pour me faire chier, mais juste une manière plutôt inconsciente de me faire savoir que tu avais besoin de moi, que tu avais besoin d’aide. Et aujourd’hui je m’excuse sincèrement d’avoir pris autant de temps à réaliser mes erreurs. Tu as raison, tout le monde à le droit à une deuxième chance, et tout le monde peut changer. A commencer par ce changement de confrérie, c’est merveilleux. Vraiment, ça me fait plaisir d’entendre cela ». Et voilà, la deuxième sœur Pearce venait de tout déballer à son tour. Comme nous étions en janvier, le soleil commençait déjà à se coucher, sans pour autant qu’il fasse nuit. Et comme les températures sont agréables tout au long de l’année, les gens restaient sur la plage jusqu’à point d’heure. Heureusement qu’il faisait un peu moins jour, pensa Calla. Ainsi, Shiloh ne verrait pas ses larmes, qui mourraient d’envie de couler sur ses joues. La plage était toujours aussi pleine, les enfants jouaient, tout le monde semblait heureux. Et voilà les deux jeunes brunettes, en train de se réconcilier. « Je suis tellement désolée… » ajouta une dernière fois Calla.

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