« I don’t know where we going .. I don’t know who we are »

La jeune femme était assise sur sa chaise quand elle remarqua son visage, son regard et son désarroi. Il n'arrêtait pas de bouger comme si ça pouvait l'aider à réfléchir. Enfin, ce n'était qu'une supposition et on ne peut pas dire qu'il n'aura pas essayé.. Il avait fait le premier pas cette fois, il avait essayé de s'exprimer mais il semblerait que Shawn ne soit pas doué pour ce genre de comportement. La jeune iota était dans sa chambre comme coupée du monde, elle ne voyait pas ce qui aurait été plus facile que ça pour lui, de s'excuser au moment même. En même temps, on pouvait trouver ça lâche de se satisfaire d'un écran et d'une certaine distance entre deux personnes pour essayer de gagner un pardon. Néanmoins la relation de notre duo s'était tissée de cette manière, derrière cet écran. Alors que la discussion avait quand même débuté, la jeune femme ne peut se retenir de commencer les reproches, les petites attaques, c'était sa façon à elle de se protéger, de se camoufler de ce qu'elle avait déjà vécu. Shawn était quelqu'un à qui elle s'était attachée et elle ne pouvait pas le nier. « Visiblement, tu me connais aussi bien que je te connais … » Il n'avait pas tort et ce soir, en était une preuve. Même s'il ne la voyait pas, il devait de se douter des émotions que son visage dessinaient. Elle était loin d'être souriante car cette discussion rappelait également qu'il y avait eu cette dispute. Ces paroles qui blessent et cette incompréhension qui les sépare. Deux mois étaient passé et c'est comme s'il n'avait jamais existé. A un moment donné, elle a même douté de sa présence à Berkeley. Shawn aurait pu partir et tout recommencer. Qu'est ce qui pouvait l'empêcher de partir ? Rien à priori, alors dans un plus grand silence, elle s'était habituée à son absence. Enfin, c'est ce qu'elle résonnait de faire, d'accepter. Mais comment arriver à vouloir oublier quelqu'un de si particulier.. Perdita n'y arrivait pas. Alors simplement, elle essayait de vivre avec cette dispute, ces cris et ses reproches. Peut être qu'un jour, il se rendrait compte qu'il en avait trop fait, trop dit et qu'il ne l'avait pas retenu. On ne peut pas revenir sur les erreurs du passé, on doit juste en prendre les conséquences et les assumer jusqu'au bout, jusqu'à la fin. La jeune femme ne semblait pas faiblir. Elle ne voulait pas se montrer car il n'y avait rien à voir. « c'est surement vrai vu que tu t'es servis de l'une de mes plus grandes faiblesses pour me mettre au plus bas et me pousser à partir. » Elle n'y allait jamais par quatre chemins surtout quand elle avait accordé sa confiance à quelqu'un. Elle savait que les conséquences seraient chères mais elle n'avait jamais pensé douter de lui, de tout ce qu'ils avaient pu se dire. C'était peut être la chose qu'elle avait dite de trop. Sans tarder, le jeune homme semblait s'agiter et il ne lui fallu pas longtemps pour savoir. « Tu sais quoi Perdi’, je vais aller chez toi. Et je repartirai pas tant qu’on aura pas parler en face à face. » N'ayant pas le temps de réagir, de le stopper que le jeune homme avait fini par sortir de cette pièce. Il avait laissé la caméra qui laissait tout voir. Il avait posé ses lunettes, c'était levé et sans tardé avait claqué la porte. Allait - il réellement venir ? Elle avait le pressentiment que oui. Alors qu'elle frottait ses yeux. Elle ne savait pas si sa venue était la meilleure des solutions. Ils pourraient se disputer encore plus et ne plus avoir l'envie de fréquenter l'autre. Perdita savait son état d'esprit. Elle savait que pour elle, ce n'était pas l'instant rêvé; la rancœur se faisait encore sentir dans ses propos.

Elle ramassa alors ses affaires qui trainaient. Téléphona à Davery, sa meilleure amie qui comprit très vite que quelque chose ne tournait pas rond. Alors, elle lui expliqua en quelques mots la suite des événements. Son amie essayait de la rendre zen. Mais elle savait aussi qu'au moindre truc, la jolie blonde pourrait déraper et dire des choses qu'elle regretterait sans aucun doute. En raccrochant, les choses ne s'arrangeaient pas. Perdita faisait dès à présent les cent pas dans la confrérie. Heureusement peu de monde trainait à cette heure dans le salon ou la cuisine. Elle prit place sur l'un des tabourets de cette pièce, un jus d'orange à la main, elle se mit à penser. En un an, sa vie avait changé. La jolie blonde était arrivée timide et réservée mais ces premières rencontres l'ont aidé à se laisser vivre, à être totalement elle. Aujourd'hui, elle a une bande d'amis, une confrérie qu'elle apprécie mais aussi des garçons qui la trouvent à leur goût. Seulement Perdita aurait aimé que Matthew soit toujours là, juste présent à ses côtés ou même savoir simplement qu'il peut encore respirer. Il serait fière de voir qu'elle a continué, qu'elle est inscrite en droit dans l'une des plus grande université du pays. Certes loin de New York et de chez elle, mais près d'elle - même, car elle est resté identique, elle est toujours cette demoiselle de qui il a pu tombé amoureux. Peut être un peu plus réservé, un plus distante et moins chaleureuse mais dans le fond, mademoiselle Da Pitruzzela est toujours intact. Quelques fissures sont présentes mais sa force et sa détermination l'emmèneront aussi loin qu'elle le souhaite. Quand elle tourne le visage vers la fenêtre et remarque le véhicule stationné sur le devant. Shawn ne mentait donc pas. Il était là. Alors se levant, elle hésita et puis bon, elle ne voulait pas non plus que les gens parlent en voyant un epsilon devant la maison des rouges. S'approchant de la porte, elle l'ouvre mais ne se montre pas. A lui de voir s'il veut allé au bout, s'il veut lui parler, s'il veut voir son visage..

Perdi d'am & Shawn le vilain

Shawn était dans sa voiture, les bras croisés sur le volant, doutant sur les bienfaits de sa venue. En faite, il n’avait rien à perdre à son sens. Du moins, c’est ce qu’il pensait, sauf qu’à présent, en bas de la maison des Iotas, il trouvait qu’il y avait beaucoup trop de personnes susceptibles d’entendre ce qu’il allait dire à la jeune femme. Il regarde le livre qu’il a pris et se dit que finalement, il n’en aura pas besoin, et le lance dans un coin de la voiture. Il lui faut un coup de fouet, et ce coup de fouet ne doit pas être lié de près ou de loin à de l’alcool et encore moins à de la drogue. Son seul leitmotiv sera un pacte qu’il venait de passer avec lui-même. S’il ne va jusqu’au bout, il se fait la promesse silencieuse de vendre tout ce qui lui appartient, de donner l’argent à n’importe qui et de partir vivre au Kenya. Malheureusement, Shawn était bien capable de le faire. Et si les bookmakers étaient dans le coin, ils ne parieraient pas sur l’avenir de la compagnie Williams avec Shawn à sa tête. Shawn sort du véhicule lentement, ponctuant ses pas par de longues respirations. Le voilà qui remonte l’allée des iotas, se demandant encore s’il est préférable d’attendre devant la porte ou de sonner. Il hésite, mais puisqu’il n’est pas patient, il va provoquer le temps et faire au plus vite. Une fois qu’il est fixé, il sera fixé. Phrase inutile mais réelle. Visiblement, il a eut raison, la porte s’ouvre mais personne dans l’embrasure.

Profonde inspiration, il avance jusqu’au pas de la porte, ne sachant pas vraiment s’il voulait entrer ou simplement la faire sortir. Il ne semble pas y avoir beaucoup d’animation dans la demeure de la confrérie. Les plus sages devaient dormir et les moins devaient être partis pour revenir un peu plus tard dans la soirée. Ne sachant pas ce qui est le plus logique, il décide de rester dehors pour parler, et se contente d’une petite interrogation : « Quelqu'un ? »

Il attend quelques secondes, n’osant pas pencher sa tête pour voir ce qui se passe à l’intérieur. Un jeune garçon, surement une première année, vient à passer devant la porte, se demandant surement pourquoi un homme parle à une porte ouverte n’osant pas entré. Shawn secoue sa tête, et en grand comique sarcastique, il ne peut pas s’empêcher de faire de l’humour un peu douteux pour qu’il parte assez rapidement. « Oui, je suis un vampire. Et je te conseille de ne pas m’autoriser à entrer sinon je suis capable de te drainer de ton sang en moins de deux secondes. » Rire machiavélique comme dans les films, se prenant pour le méchant de l’histoire, il lui adresse un regard des plus sombres ayant pour résultat de le faire secouer la tête et de partir dans une pièce adjacente. Au moins une paire d’oreille en moins, se contenta de penser l’Epsilon. Shawn avance encore un peu et vient poser ses pieds sur le paillasson sur lequel les lettres grecques de la confrérie étaient. Monsieur Williams n’aurait pas été contre un petit joint pour rendre cette rencontre moins importante, ou même une petite injection. Rien qu’une piqûre, ça ne fait pas tant de mal que ça. Il reprend son sérieux quelques secondes, prend une profonde inspiration et tente le tout pour le tout, en venant dans l’embrasure de la porte n’ayant pas reçu d’invitation franche pour entrer. Sauf qu’il voit des iotas pour le moment, mais pas SA iota. Du coup, il demande à la première personne qu’il croise.

« Il n’y aurait pas moyen pour me dire où se trouve Perdita ? Blonde, gentille, avec un sourire digne des plus grande miss de ce pays, et elle vous a peut être accessoirement dit de ne pas me dire ou elle se trouvait… »

Il espère bien que ce n’est pas le cas, car si ça se produit, il va attendre pendant des heures. En faite, si elle veut le faire attendre pendant des heures et même une journée, cela ne le dérange pas, il est déterminé et ne va pas flancher. Pas déjà et puis l’enjeu est beaucoup trop grand. Et en grand joueur, il ne peut pas perdre. Et puis, échouer n’est pas une option, en faite ce n’était même pas considérable. Du coup, Shawn fait de son mieux et quand Shawn fait de son mieux, il ne voit aucune raison sur son chemin pour qu’il ne réussisse pas. Mais un homme qui porte tant d’espoir à cet instant ne peut que foncer droit dans le mur, sauf qu’il n’en est pas encore conscient à cette heure ci. Même si elle avait donné ses ordres pour ne pas qu’on l’aide à la retrouver, l’étudiant allait tout de même faire ce qu’il faisait le mieux : soudoyer pour réussir.

« Ok, la personne qui me dit où se trouve Mademoiselle Da Pitruzella sera l’heureuse gagnante de quatre cents euros. »

Et en moins de temps qu’il n’en faut, un doigt se tourne vers l’endroit où la jolie blonde se situe, pas forcement cachée, et Shawn sort ses billets dans sa poche et les tend à son éclaireur. Il la regarde, alors qu’elle était debout à côté de la porte, pas cachée, simplement non visible de là où se trouvait l’Epsilon. Il la regarde et ne sait plus quoi dire, quoi penser. Ca faisait tellement longtemps qu’il ne l’avait pas vu qu’il a perdu ses mots. Sa bouche s’ouvre ses cordes vocales sont prêtes à parler, mais rien ne sort. Il a beau essayer encore et encore, il doit tout simplement avoir l’air d’un idiot et se décide donc de resserrer ses lèvres. Il regarde, et la seule chose qu’il a envie de faire, c’est la prendre dans ses bras mais sa conscience et sa raison se liguent pour lui déconseiller. Du coup, comme l’idiot qu’il est, il demande : « Comment vas-tu ? »

« I don’t know where we going .. I don’t know who we are »

Il allait surement ne pas tarder.. Dans la maison des iotas, la demoiselle fait les cent pas, décidant enfin de savoir pour arrêter d'avoir l'air d'une folle. Alors regardant par la fenêtre, elle remarqua sa présence. Shawn était toujours identique. Derrière son regard, le mystère reignait toujours. Elle se rappelle de la première fois où elle l'avait à travers cette webcam. Elle se rappelle de ce regard qui en laisse penser long. C'est envie qu'elle avait eu directement d'en savoir plus, de percer un mystère, de savoir qu'il était réellement et d'où il venait, quelle était son histoire et ses goûts. Elle s'y était attachée, s'y était liée.. Peut être un peu trop maintenant, elle réalisait combien elle s'était laissée emporter par ces sentiments. Peut être minime jusque là, mais cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas eu un tel sentiment. Certes petit par rapport à ce que peut signifier l'amour avec un grand A. Mais important pour la demoiselle qui s'était jurée de ne plus jamais aimer, de ne plus ressentir la moindre miette de cette chose qui peut changer votre vie du début à la fin. Alors le voyant arriver et sortir du véhicule, la demoiselle se leva et alla ouvrir la porte. Cependant, elle se voyait mal se tenir debout devant l'entrée. Alors elle s'en éloigna de quelques pas et l'attendait. Seulement le beau brun est un réelle phénomène. C'est de dehors qu'il prononce ces quelques mots : « Quelqu'un ? » Non bien sûr, la porte s'est ouverte toute seule même pas besoin de dire la formule de la caverne d'alibaba, ici c'est porte ouverte surtout pour les epsilons. Sourire aux lèvres, elle espère qu'il va aller plus loin. Après tout, elle ne saurait pas comment le saluer. Après cette petite discussion sur l'ordinateur, elle ne savait pas très bien comment prendre les choses. Elle qui ne voulait pas trop lui montrer son regard, son visage, se voyait mal l'accueillir bras ouvert comme si rien ne s'était jamais passé. Ce n'est pas vraiment son genre et en plus, plutôt réservée même s'il n'y avait pas bain de foule au rez de chaussée de la maison des rouges, elle se tiendrait. Les gens parlent vite et ce n'est pas vraiment le meilleur moment pour lui balancer une petite taquinerie à la figure, encore moins la concernant avec Shawn. Si les gens se mêlaient plus souvent de leur popotin, les histories de chacun iraient beaucoup mieux. « Oui, je suis un vampire. Et je te conseille de ne pas m’autoriser à entrer sinon je suis capable de te drainer de ton sang en moins de deux secondes. » Accompagnant cette réflexion de son rire qui était censé être maléfique, il n'entend pas celui fin de la jolie blonde. Qui à l'aide de l'une de ses mains, essaye de retenir le peu de bruit qui sort de sa bouche. Il n'y avait vraiment que lui pour dire de telles choses. La suite des évènements se passait vite. Il fit quelques pas de plus, demandant après Perdita et finissant par sortir ce qui fait de lui un epsilon. Il propose alors de l'argent si quelqu'un arrive à trouver celle qu'il recherche. Il va vraiment jusqu'au bout et elle état loin de s'imaginer une telle situation. Néanmoins des fois, elle aimerait qu'il comprenne que tout ne s'achète pas, que la vie ne tourne pas d'un billet vert. Mais il ne suffit pas une minute pour qu'un vienne chercher la récompense et lui indiquer ma position.

Attirée, il s'approcha d'elle. Aucun mot ne sortit mais les yeux ne mentent pas. « Comment vas-tu ? » Fermant la porte de la confrérie, Perdita ne répond pas de suite. Regardant les personnes ne trouvant dans les pièces adjacentes à l'entrée. Elle fait quelques pas, lui faisant signe de la suivre. Montant les marches de l'escalier, elle se dirige vers sa chambre. C'était sans aucun doute l'endroit parfait pour discuter sans croire que tout le monde était là, les oreilles bien ouvertes. Lorsqu'il ferma la porte derrière lui, elle prit la parole. « ça va, j'ai vécu pire et j'ai vécu mieux. Et toi comment vas tu ? » Prenant place dans la première pièce qui était sa chambre, elle s'assied sur le bord de son lit. Le regard posé sur le jeune homme, elle essaye de paraitre normale. Elle ne veut pas lui montrer qu'il a de l'importance, se serait trop beau, il penserait peut être avoir gagné. Elle ne sait pas de quelle manière il la considère et si pour lui, c'est une amie parmi tant d'autres, elle ne veut pas qu'il sache que pour elle, il a fait la différence. Alors elle essaye de sourire mais il ne faut pas être devin pour savoir qu'ils sont un minimum forcés. Si tout pouvait être plus facile, s'ils ne s'étaient jamais rencontrés.. Tellement de choses lui traversent l'esprit. S'il ne l'avait pas reconnue dans ce couloir, elle ne serait pas partie avec lui au Canada. Elle n'aurait pas vu cet unique paysage. Elle n'aurait pas sentie la chaleur de son corps, le goût de ses lèvres. Elle n'aurait pas connu non plus, cette dispute. Sa façon de prendre une situation et de lui balancer sans le moindre remord sur son visage, un secret qu'elle lui avait confié. Car pour Perdita son passé est un précieux et elle le confie qu'aux personnes qu'elles pensent sincères ou honnêtes et qui ne pourraient jamais s'en servir comme arme pour la nuire. Seulement ça n'a pas été le cas avec Shawn et c'est bien ça qui l'attriste depuis deux mois. Néanmoins pas question de se laisser aller, les larmes avaient suffisamment couler. Ce soir, face à lui, elle essayait de faire la forte, celle qu'il n'avait pas touché. Elle essaye de faire comme si jamais rien n'avait existé comme si jamais il ne l'avait touché, comme si jamais elle n'avait été percé à chacun de ces baisers, de ces touchés. « Tu veux quelque chose à boire ? » Faisant comme si de rien n'était, comme s'il n'y avait pas de raison à sa venue. Elle se comporte comme s'il était n'importe quel invité et qu'il n'y avait rien d'anormale. Comme s'il n'était pas venu voir son visage parce qu'elle lui avait simplement refusé de se dévoiler devant lui, derrière cet écran qui pouvait les réunir à nouveau, comme par le passé.. Comme si rien n'avait changé.

Perdi d'am & Shawn le vilain

Comme si rien n’avait changé …

C’est ce que Shawn pensait alors que Perdita lui proposait d’entrer. Il n’arriverait pas à comprendre ce qu’il se passait. Madame n’était pas capable d’avoir une conversation à travers un écran et en face de lui, elle faisait comme si de rien n’était. Non, c’était certain, Monsieur Williams avait du raté quelque chose de certain. Il reste debout dans l’entrée de la maison du système grec, incapable de dire quoi que ce soit. Doucement, il s’enferme dans un mutisme en observant ce qu’il se passe autour de lui. En faite, il ne s’attendait pas à un accueil comme cela. Rien ni personne ne semblait décider à expliquer pourquoi à présent Perdita était calme, ne faisait aucune remarque sur tout le temps qui s’était écoulé sans qu’ils n’avancent dans leur relation, même qu’ils reculent. Docilement, il obéit et suit la jeune femme pour qu’ils se trouvent dans un endroit où le peu de regard et le peu de paire d’oreilles qui étaient encore dans la demeurent pourraient entendre et voir ce qu’il se passe.

Dans la tête du jeune héritier persistait quelques questions qu’il ne poserait probablement pas tout de suite. Pourquoi ne l’avait elle tout simplement pas rayer de sa vie et empêcher de rentrer dans ces lieux ? Peu être parce qu’elle ne voulait pas créer de scandales chez les Iotas où tout est toujours trop rose au goût de Shawn. Mais si tel était le cas, et qu’elle ne voulait pas créer d’histoire, à ce moment là pourquoi ne l’a-t-elle pas tout simplement prit à part dehors. Et la question primordiale était pourquoi ne rentrait elle directement pas dans le vif du sujet ? C’est vrai, elle n’avait jamais tourné autour du pot dans leur relation, alors pourquoi maintenant ? Maintenant qu’ils n’étaient qu’à deux, pourquoi ne lui balançait elle pas des horreurs à la figure, la frapper, lui hurler dessus ou même pleurer ? Autant de possibilités qui n’avaient pas lieu. Pendant quelques minutes, le jeune étudiant pensa même qu’elle n’était pas elle-même. Peu être une jumelle venue d’on ne sait où mais à sa façon de marcher, il comprit rapidement que c’était bien elle, l’unique et la seule Perdita en chaire et en os. Mal à l’aise, il toussote avant de répondre par une autre question, ou du moins une réflexion. Elle ne s’énerve pas, alors il va la pousser à le faire. S’approchant rapidement et furtivement de la demoiselle, il vient se placer devant elle, la dominant d’une tête. Son regard sombre se pose sur celui de la jeune femme, et il va essayer de sonder son esprit, mais il comprend qu’il n’a aucune chance de comprendre ce qu’il se passe dans l’esprit de la demoiselle, il ne la connait plus, et de ce fait ne la comprend plus. Il secoue sa tête et lui murmure quelques mots.

« Pourquoi ? » Il garde le silence. Simple question ! Il ne veut pas savoir pourquoi elle ne va pas si bien que ça, mais il veut savoir pourquoi elle parle de cela. Il y avait tant de sujets à aborder alors pourquoi parler de ce qu’il ne les intéresse pas tant que cela. Ses larges sourcils légèrement broussailleux se froncent, signe qu’il essaye encore bêtement de comprendre ce qu’il se passe dans sa tête, mais rien. Toujours rien. Encore une fois, il ne sont pas en harmonie, et dans le fond, Shawn a peur qu’ils ne le soient plus jamais. Jamais, ce mot raisonne dans son esprit et il frissonne encore et encore sans pour autant qu’elle ne puisse le voir grâce à sa veste qu’il a toujours sur le dos. Puisque les regards ne se répondent pas, ou plutôt plus, il va parler, même s’il n’est pas un grand bavard, il s’éclaircit la voix doucement mais les mots qui sortent sont bruts et secs.

« Tu pourrais faire des milliers de choses ! Me frapper, m’hurler dessus, pleurer, me tuer même, et tu as entièrement le droit ? Alors pourquoi ? Pourquoi faire comme si rien ne s’était passé, alors qu’il y a à peine quelques heures tu me disais qu’on ne pourrait plus être comme avant ? Tu veux quoi que je me mette à genou pour que tu me parles comme tu le devrais ? Parce que si c’est le cas je peux le faire ! »

Et le pire dans tout cela, c’est que Monsieur Williams était sérieux. Il n’y avait pas de gestes plu avilissants que celui là, et pourtant s’il fallait le faire, il était prêt à le faire. Pour toutes les personnes qui connaissent l’héritier, ils sauront qu’il était impensable de le faire, et pourtant s’il le fallait, il le ferait. Mais puisqu’elle ne demande rien, il ne le fait pas au contraire. Doucement mais surement depuis qu’il a mit les pieds dans cette confrérie, il commence à bouillonner et plus le temps passe et plus son niveau limite de patience est reculé. Mais à force de le reculer, il est évident qu’il va finir par la franchir. Et le silence, ou du moins l’absence de reproches de la part de la jolie blonde n’aidant pas, il se met à bouger. En faite, il tourne en rond dans la pièce. L’Epsilon ne prend même pas le temps de voir à quoi ressemble la pièce, il tourne, il tourne. Encore et encore, jusqu’à ce que l’inévitable arrive. Shawn perd patience. Il souffle pour ne pas exploser malgré tout, et serre les dents. Impulsif, ce petit manège dure moins de trente secondes et le voilà qu’il reprend la parole. Sa grosse voix grave reprend le dessus et le ton monte sans qu’il ne l’ait vraiment voulu.

« Bordel, Perdita ! Tu sais que je suis un putain d’égoïste, et crois moi je m’en voudrais toujours de ce que j’ai pu te dire là bas, et crois moi que je donnerai tout ce que j’ai pour que tu puisses oublier ce qui s’est passé et me pardonner ! Tout ce que je sais, c’est que je peux pas. Et le seul moyen d’avancer, c’est que tu réagisses ! BORDEL, que tu fasses pas semblant que ce n’est pas important et que tu fasses quelque chose ! »

« I don’t know where we going .. I don’t know who we are »

Il était là, face à elle. L'emmenant même dans ses lieux, elle monta jusqu'à sa chambre et sans un mot. ça devait être le pire. Le fait qu'elle ne dise rien et qu'elle reste distante comme ça. La dernière fois qu'ils avaient été l'un en face de l'autre. La situation avait tourné au vinaigre et quoi de plus normal quand une personne qu'on pense différente, se révèle avoir les vices d'une personne parmi tant d'autre. Il l'avait blessé comme poignardée en plein coeur sans en ressentir le moindre remord. Du moins c'est ce qu'elle avait toujours pensé jusqu'à ce soir.. Elle tenait à lui. Tellement de choses s'étaient passées entre eux, sans même qu'elle ait eu le temps de se protéger. Shawn est loin en réalité d'être facile à déchiffrer et encore aujourd'hui, elle a du mal à comprendre ce qui a pu se passer pour qu'il agisse comme ça. Peut être qu'elle ne le saurait jamais.. Seulement, il ne semblait plus décidé à faire comme rien n'avait existé, comme si nous n'avions jamais pensé la moindre seconde qu'à deux, l'existence pouvait avoir d'autres facettes. Cependant pendant deux mois beaucoup de choses s'étaient déroulées. Des gens étaient rentrés dans sa vie, d'autres étaient partis. Et Shawn n'avait jamais disparu. Elle y avait pensé. Elle y avait rêvé et parfois même, elle avait essayé de l'oublier. Voulant se rendre à l'évidence, pendant ces longues journées, où elle pensait que cette relation n'avait été que le fruit de son imagination. Il la questionna mais elle ne répliquait pas. Que pouvait - elle répondre à un pourquoi ? Elle - même ne le savait pas. Elle ne trouvait pas les mots et le silence était sa seule évidence. Mais ça ne semblait pas être la même chose pour le jeune homme. Il voulait qu'elle bouge et même de n'importe quelle façon. « Tu pourrais faire des milliers de choses ! Me frapper, m’hurler dessus, pleurer, me tuer même, et tu as entièrement le droit ? Alors pourquoi ? Pourquoi faire comme si rien ne s’était passé, alors qu’il y a à peine quelques heures tu me disais qu’on ne pourrait plus être comme avant ? Tu veux quoi que je me mette à genou pour que tu me parles comme tu le devrais ? Parce que si c’est le cas je peux le faire ! » Autrefois, elle n'aurait pas attendu qu'on lui propose. Elle aurait pris les devant et même si elle le voulait à l'instant, ses lèvres étaient comme liées. Silencieuse et comme inerte, elle clignait tout juste des yeux. L'observant faire les cent pas, cherchant ce qui pourrait la bousculer. Même si elle mourrait d'envie, elle avait peur de faiblir. Elle ne voulait pas craquer. Perdita est assez forte pour survivre à ça, du moins c'est ce qu'elle se force à croire, à vouloir. Elle s'est promise qu'aucun garçon ne pourrait la rendre ainsi, si différente, si conciliante. Terminant de faire les cent pas, il s'arrêta et continua de discuter. « Bordel, Perdita ! Tu sais que je suis un putain d’égoïste, et crois moi je m’en voudrais toujours de ce que j’ai pu te dire là bas, et crois moi que je donnerai tout ce que j’ai pour que tu puisses oublier ce qui s’est passé et me pardonner ! Tout ce que je sais, c’est que je peux pas. Et le seul moyen d’avancer, c’est que tu réagisses ! BORDEL, que tu fasses pas semblant que ce n’est pas important et que tu fasses quelque chose ! » Les mots étaient lourds et sa patiente n'avait plus de limite.

Alors que pouvait - elle dire ? Que pouvait - elle faire ? Essayant de détourner son regard du jeune epsilon, elle regarde dans le vide. Son âme se perd dans tout ce qu'elle avait cru pendant ces deux mois où il avait comme disparu de la surface, du monde dans lequel elle essayait de survivre. Alors quand une image lui revient en tête, elle prend conscience que c'est peut être la dernière fois qu'elle pourrait lui dire ce qu'elle a sur le coeur, lui dire tout ce qui lui passe par la tête. Car demain est peut être trop loin, sans aucun doute après se sera trop tard. On ne peut pas revenir en arrière toute sa vie. Sinon on risque d'y perdre le fil, on risque de se perdre soi même dans les souvenirs du passés, empoisonné par nos remords. Elle commence à comprendre que c'est maintenant ou jamais. « Maintenant pour toi, c'est important ? Pourquoi maintenant et pas avant ? Tu m'as regardé d'une façon que je n'arrive pas à oublier. Ton verre à la main, j'avais l'impression de n'avoir aucune importante. J'étais juste là pour que tu passes du bon temps en compagnie, voilà ce que j'ai compris. » D'un ton assez relevé, elle avait osé ouvrir la bouche. Enfin, elle avait montré qu'elle était touchée et peu importe si cela devait être leur dernière révélation, la dernière fois où elle pouvait dire ce qu'elle avait sur le coeur. Elle le ferait. Car elle ne voulait pas avoir de regret et se dire dans quelques temps que tout aurait pu être différent si elle avait réagis. Et elle ne s'arrête pas.. Le son de sa voix augmente dans les octaves quand elle continue d'évacuer tout ce qu'elle retient. « Après deux mois, tu montres signe de vie et tu voudrais que je fasse quoi.. Tu veux que je te dise que tu as été un crétin et que je m'attachais à toi. Mais je l'ai compris ta mise en garde. Seulement, c'est moi - même qui aurait du me retenir. Je n'aurais pas du enlever les barrières pour te laisser entrer dans me vie. Tu ne peux pas imaginer comme tu as tout chambouler. Tu ne peux pas imaginer où on aurait été après tout ça. » La rage dans le ventre, elle ne trouvait plus ses mots et décida de lui tourner le dos, le temps, elle aussi de marcher dans un peu dans cette pièce. Elle n'était pas bien grande mais tout d'un coup, c'était la seule chose qui pouvait nous aider à évacuer le trop plein, en marchant. Il était juste là. Après tout ça, il voulait qu'elle réagisse et c'est ce qu'elle faisait. Peut - être qu'il lui fallait du temps pour pardonner la méchanceté qu'il avait eu envers elle. Mais il faudrait du temps pour beaucoup de choses qui découlent de cette relation. Du temps, pour recommencer, pour effacer, pour accepter, pour continuer.. Du temps pour comprendre qu'on s'attache trop vite à certaines personnes. Du temps avant tout pour oublier.. Cependant, on ne peut pas oublier. C'est presque impossible, chaque fragment de notre existence demeure en nous à jamais. Si elle devait retenir quelque chose de cette histoire, se serait sans aucun doute, le premier baiser. Celui qui l'a fait succomber.. « Qu'est ce que tu attends sérieusement ? Que j'efface tout et qu'on recommence.. C'est ça ton plaisir. Mais pour moi, c'est impossible » Elle avait prononcé ses mots dans une discrétion absolue comparé aux paroles précédentes. Montrant peut être qu'elle avait été touchée, qu'il avait su la charmer..