Bien que l'été était finalement arrivé, l'étrange personnage que j'étais avait pris la pire décision qui pouvait exister : prendre des classes durant les mois de juin et de juillet. Pour prendre de l'avance et alléger mes prochains semestres, quoi. Ça m'avait semblé être une sage décision. Comme ça j'allais pouvoir me concentrer sur mes cours principaux lors de la session d'automne. Maintenant que je subissais les conséquences de mes actes, cette décision ne me semblait plus tout à fait raisonnable. Alors que tous mes amis avaien enfilé leurs maillots de bain ce matin, moi j'avais enfilé mon sac à bandoulières par-dessus mon épaule droite et j'avais pris le chemin d'un amphithéâtre vide quelconque dans lequel j'allais pouvoir avancer mes leçons en vue de mon cours de cet après-midi. Il faisait chaud, le soleil plombait sur la ville. Tout le monde se ruait dans l'eau ou dans les cafés dotés d'air climatisé. Et t'avais moi, là, qui allait m'enfermer entre quatre murs, dans le silence le plus lourd qui puisse exister.

Je déposai mon sac à côté de moi et posai mes pieds sur le dossier du banc en avant de moi. Je ne ferais jamais une chose pareille sachant que d'autres personnes allaient voir cet acte de rébellion - il ne faut tout de même pas abîmer le mobilier de l'université ! -, mais comme on aurait pu entendre une mouche voler sur tout le campus, je me disais que je pouvais bien me permettre d'être un peu plus confortable. Je sortis alors un cahier de notes et j'entrepris de relire tout ce que j'avais noté d'intéressant sortant de la bouche de mon professeur lors du cours dernier. Après une bonne heure à transcrire et retranscrire pour que l'information soit bien ancrée dans ma tête, je me permis une petite pause café. Enfin, surtout une pause biscuit, puisque j'étais trop paresseuse pour aller me chercher quoi que ce soit à l'extérieur. Tout en mangeant mes biscuits au chocolat et à la crème - style Oreo, you know -, je me promenai dans l'amphithéâtre et remarquai qu'il s'agissait d'une classe de cinéma. Un grand écran était descendu devant le tableau et à l'arrière se trouvait un projecteur. J'allai y jeter un coup d'oeil par curiosité et découvrit des cahiers de notes, des crayons, un sac vide et un DVD qui en sortait légèrement. Comme si quelqu'un avait eu la même idée que moi, mais s'était enfuit en laissant tout derrière lui. J'attrapai sans grande gêne le DVD et l'insérai dans le lecteur relié au projecteur. Une projection débuta. Pas même cinq minutes au film s'était écoulées quand une jeune demoiselle entra dans la salle, l'air assez surprise de me trouver là, à regarder ce matériel cinématographique. J'appuyai sur le bouton "pause". « Oh ! Salut euhm ... C'est à toi ? Excuse-moi. J'étais curieuse. » Je me relevai, maintenant gênée d'avoir été prise la main dans le sac. D'autant plus que je reconnaissais la jeune étudiante. Je l'avais croisée à quelques reprises dans des endroits divers, et j'avais rapidement compris qu'elle avait un sacré caractère. Beaucoup plus que moi, du moins. « C'est vraiment du bon matériel que t'as là, tu sais ! » M'exclamais-je, essayant de ne pas trop attiser le feu.