I WILL BE THE PRINCESS, AND YOU WILL BE MY DARK PRINCE ✿ “On essaie de se dire que la réalité vaut mieux que le rêve. On se persuade qu’il vaut mieux ne pas rêver du tout. Les plus solides d’entre nous, les déterminés s’accrochent à leurs rêves. Il arrive aussi qu’on se retrouve en face d’un rêve tout neuf qu’on avait jamais envisagé. Un jour on se réveille, et contre toute attente, l’espoir renaît, et avec un peu de chance on se rend compte, en affrontant les événements, en affrontant la vie, que le véritable rêve, c’est d’être encore capable de rêver.”KIENAN&NINA

Elle n’en pouvait plus de lutter. Lutter contre lui, contre ses pensées, contre ses envies... Elle était fatiguée, simplement fatiguée. Elle ne tarderait pas à tomber. A baisser les armes. D’ailleurs, elle se sentait déjà envahir par la beauté du rêve. Le reste de la pièce était floue. Elle ne voyait que les yeux de Kienan dans les siens, et la perplexité dans son regard. Il devait réfléchir, sûrement. Elle, non. Elle avait fait son choix. Même si il refusait d’admettre ce soir que vivre ici était la meilleure chose à faire, Nina tenterait de le convaincre encore et encore. Peut-être pas demain, peut-être pas la semaine prochaine, mais elle y arriverait. Parce qu’il savait qu’elle avait raison, qu’il ne pouvait qu’être mieux ici. Il suffisait qu’il s’aperçoive que les chaines qui le maintiennent à son état d’aujourd’hui pouvaient facilement être brisées. Ca prendrait du temps, oui. Ca prendrait de la patience, de la colère, sûrement qu’ils auraient des disputes. Peut-être des plus grosses que ce soir là. Peut-être bien oui. Mais le résultat final semblait si beau que Nina pouvait endurer ça. La pression qu’elle exerçait sur les épaules de Kienan se relâcha. Ca lui faisait mal. Elle laissa ses mains revenir vers elle, en fermant les yeux une nouvelle fois. « Juste cette nuit, hein ? » Sans chercher à le contredire encore une fois, elle acquiesça. Plus assez de force pour simplement lui adresser un petit sarcasme. « Tu verras... » Et puis elle sentit qu’on la prenait dans ses bras. Ses pieds décolèrent du sol, et les mains de Kienan l’entourait. Il semblait sûr de lui. Habituellement, elle aurait refuser de se laisser faire comme ça. Elle aurait sorti un énième « Je peux me débrouiller toute seule », mais pas cette fois. La force, toujours... Elle lui manquait. Elle se laissa aller contre l’épaule de son meilleur-ami, et entoura son cou de ses bras. Elle était bien, là. Elle aurait voulu y rester longtemps. Mais bientôt, elle se retrouva dans son lit. « Il faut dormir. Il faut dormir pour moi. » Elle s’allongea, plongeant ses jambes sous la couette et enlaçant son oreiller comme si c’était la plus belle chose au monde. Elle sentait le regard de Kienan posé sur elle. Elle rouvrit les yeux, doucement. Elle avait peur. Peur qu’il parte, qu’il retrouve la rue, qu’il reprenne son sac, qu’il ne revienne pas, qu’il fasse une connerie. Il était encore assez près d’elle. Doucement, elle souleva son bras, et prit la main du gamma. Elle l’attira vers elle, l’obligeant à s’allonger auprès d’elle. Il ne pouvait que se laisser faire. Elle rabattu les draps sur eux, comme pour lui faire comprendre qu’il ne la quitterait pas de si tôt. Et elle s’endormit.
Elle rouvrit les yeux deux heures plus tard. Kienan était toujours là, endormit. Un sourire doux. Et elle les referma.

Attiré contre elle. Attiré comme par une force irrésistible. Kienan sourit légèrement. Maladroit, il la laissa l'entraîner sous la couette chaude et rassurante. Il aimait la sentir contre lui. Il l'aimait.
Le choc de la vérité le surprit. C'était insurmontable. C'était comme réaliser quelque chose de terrible, d'insensé. Kienan ferma les yeux après s'être assuré que ceux de Nina étaient clos. Il attendit que la respiration de sa meilleure amie soit plus régulière. Il attendit qu'elle soit plus douce. Comme diffuse. Cela avait toujours étonné Kienan. Le fait que la respiration humaine se fasse toute petite une fois que l'on dort. Comme si on était mort. Mais le visage de Nina n'était pas celui d'une morte.
Malgré les pleurs, les larmes, les cris et les coups, ils avaient fini par trouver l'apaisement auquel ils aspiraient. Le visage de Nina était serein. Serein. Plus de lutte. Juste un abandon total.
Sommeil.
Et dans les affres des rêves Kienan la sentait -

San Francisco, Avril 2004

— Tu viens, Kie' ?

Elle court devant lui, elle court et ses cheveux blonds font rougir le soleil du printemps. Elle est belle et quand il la regarde il est fier. Fier d'être son ami, d'être le premier à l'avoir accueilli. Parce qu'elle est belle, Nina. Elle est belle en dehors et en dedans. Kienan accélère l'allure. J'arrive, dit-il en souriant légèrement. J'arrive, attends moi. Elle est là depuis deux semaines et c'est déjà comme s'ils avaient passé la moitié de leurs deux vies ensemble. Pourtant quinze ans ! Quinze ans ce n'est rien, rien du tout, même pas le quart d'une vie. Mais en quinze ans il se passe beaucoup de choses.
Et Nina était certainement l'une des plus belles qui soient arrivées à Kienan.
Il sourit.
Il court.
Il la rattrape.
Elle rit.
Il l'embrasse sur la joue.
Elle le repousse.
Il court encore.
Elle le suit.
Il ouvre les yeux -

Il la sent contre elle.
Dormir. Dormir et récupérer un peu de forces. Noyé sous la couette, dans la couette, collé à Nina, collé à ce corps frêle qu'il aurait pu briser comme une brindille. Dans le plus profond de ses songes il soupira. Pourquoi était-il ainsi ? Pourquoi décevait-il tous ceux qu'il touchait, de près ou de loin ? Pourquoi n'était-il pas capable de simplement rendre quelqu'un fier de lui ?
Non, c'était à n'y rien comprendre mais les rêves les -
rêves.
Kienan s'abandonna à ce semblant de répit, comme une trêve improbable dans une vie beaucoup trop instable pour connaître ce genre de situation en temps normal. Mais il fallait croire qu'apparemment, la vie avait décidé de montrer un peu plus de clémence à son égard. Heureux ? Ce n'était sans doute pas le mot, mais Kienan était loin d'être dans le même état qu'un quart d'heure auparavant. Il venait de vivre une nuit mouvementée. Et sa côte avait beau l'élancer; il avait beau porter des vêtements qui n'étaient pas les siens ; son corps avait beau être couvert d'hématomes et de bleus ; son estime personnelle avait beau être au plus bas, il y avait bien longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi bien.
Fermant les yeux à nouveau, tentant de trouver une position plus confortable et qui appuierait moins sur son torse, il referma les yeux.
Tout était bien.

The END.