the great escape
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Between the darkness and the dawn • Lyzabeth

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MessageSujet: Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Between the darkness and the dawn • Lyzabeth EmptySam 6 Nov - 15:12

Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Gc10 Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Gc14

• What started as a whisper, Slowly turned into a scream. Searching for an answer Where the question is unseen. I don't know where you came from And I dont know where you've gone. Old friends become old strangers Between the darkness and the dawn. Amen omen, will I see your face again? Amen omen, can I find the place within To live my life without you? I still hear you saying "All of life is chance, And is sweetest, is sweetest when at a glance" But I live, I live a hundred lifetimes in a day. But I die a little In every breath that I take. I listen to a whisper, Slowly drift away. Silence is a loudest, Parting word you never say. I put your world Into my veins Now a voiceless sympathy Is all that remains. • BEN HARPER - Amen Omen

    La vie commence par une souffrance. Le cri de douleur d'une mère, mais également d'un enfant, souffrant à son premier souffle de la brutalité de la vie. Et la vie se termine… Je ne sais pas exactement à vrai dire, sinon je ne serai pas là, à côté du lit de mon fils, à le regarder dormir. Par contre, je peux dire avoir déjà vu au moins un ange. Zadig. Ce bébé est un ange, croyez moi. Une belle petite bouche, un petit nez à croquer, des grands yeux bleus magnifiques. Je ne remercierais jamais assez Lyzabeth de l'avoir mis au monde. Pourtant, une partie de moi la déteste à chaque fois que je dois laisser mon petit ange avec elle. C'est difficile, et ça fait mal. Je me remets petit à petit de la séparation, mais notre petit garçon m'aide vraiment à m'en remettre. C'est mon rayon de soleil, c'est celui qui me fait sourire, et qui me donne la force d'oublier celle qui m'a mit dans cet état de noirceur. Bien que je sais que je n'arriverai jamais à l'oublier, elle fera toujours partie de ma vie. Et je dois petit à petit changer ma vision des choses, ne plus la voir comme la femme de ma vie. Je regarde Zadig, tout paisible, tout calme. Heureusement qu'il ne peut pas comprendre ce qui se passe. Mais si les choses restent telle qu'elles sont quand il deviendra plus grand, il comprendra, et ça ne sera certainement pas facile pour lui. Et pour moi aussi, si jamais Lyz' venait à partager sa vie avec quelqu'un d'autre. Je n'ose même pas imaginer à quel point je serais brisé.

    Je quitte finalement la chambre de bébé, m'affalant sur le canapé, et allumant la télé. J'ai le regard vide, en réalité je me concentre sur le moindre petit son du talkie walkie, au cas où Zadig venait à se réveiller. Je sais aussi que je devrais bosser un peu, étant donné que j'ai un examen. Mais je n'en ai pas la force, et puis j'ai révisé non stop jusqu'à présent, je méritais bien ce petit instant de répit. Un petit coup d'oeil à l'heure. Dans dix minutes je dois poser le petit ange à Lyzabeth, et dans une heure et vingt minutes j'ai mon examen. En gros, ce qui m'attendait allait être affreux. D'ici deux heures, je m'imaginais assis face à mon sujet d'Histoire, la gorge serrée d'avoir quitté mon fils. Mais on ne sait jamais, l'avenir n'est pas tout tracé comme on pourrait le croire. Un accident de voiture pouvait tout changer. Oui, la personne devant apporter les sujets d'examen pourrait avoir un accident de voiture, non mortel bien sûr, mais qui empêcherait aux sujets d'arriver à temps. Quoi qu'au final, passer cet examen, je m'en fichais. Le pire c'était de quitter Zadig. De revoir Lyzabeth aussi, ça me ferait mal, comme d'habitude. Et cette douleur au fond de mon coeur se transformerait certainement en colère, sans trop que je ne sache pourquoi. J'éteins finalement la télé, un petit gazouillement ayant retenti à l'intérieur du talkie walkie. Alors je me lève d'un bond, et fonce en direction de la chambre du petit ange. Il est là, allongé dans son lit, les yeux grands ouverts, sa peluche dans les mains. Je crois qu'il lui parle, ou du moins qu'il essaie. Je ne peux m'empêcher de rire légèrement, et c'est alors qu'il remarque que je suis là, me faisant ensuite un énorme sourire, s'agitant dans tous les sens. "Oui j'arrive mon ange, j'arrive." Je le prends dans mes bras, me sentant être l'homme le plus heureux du monde. Ses petites mains trifouillent je ne sais quoi dans mes cheveux, et je le berce doucement, l'embrassant sur la joue, avant de murmurer. "Papa t'aime plus que tout au monde, n'oublies jamais ça mon bébé, jamais." Il me regarde avec ces gros yeux, je ne sais pas s'il a compris mes mots, mais au fond de moi je suis sûr qu'il a compris le message.

    Je descends finalement avec lui, lui enfile sa petite veste, et des petites converses, inutiles certes, mais tellement mignonnes à ses pieds. Ses affaires étant déjà toutes prêtes, je prends les deux sacs sur mon épaule, Zadig dans mon autre bras, et nous quittons la maison. Il me regarde, encore et toujours. "Tu es content d'aller voir maman ?" Il gazouille, et je souris. "Oui, c'est ce que je pensais." Je ris légèrement, mon rire s'accentua en sentant des petits doigts essayer d'entrer dans ma bouche. Je fais mine de les manger, entendant ainsi le petit rire de mon petit garçon, qui évidemment recommence à mettre ses mains dans ma bouche. Une vraie petite boucle sans fin, jusqu'à ce qu'au final il soit installé à l'avant dans son cosi. Je range les affaires dans le coffre et m'installe à côté du petit ange. J'allume la musique, souriant lorsque Zadig gazouille tel un vrai bébé chanteur. "Tu aimes Ben Harper mon bébé ?" Je lui souris, profitant des derniers instants avec lui, fredonnant au volant, ne pouvant m'empêcher de sourire en voyant le plus beau des garçons du monde essayer de danser en suivant au mieux le rythme de la chanson. Puis, au bout de quelques minutes, nous arrivons à "la maison", mais la voiture de Lyzabeth n'est pas là, je devine donc qu'elle n'est pas encore rentrée. Je prends Zadig dans mes bras, et toque à la porte pour être sûr, mais personne n'ouvre. Alors, nous reprenons nos places dans la voiture, et j'allume à nouveau la musique. "J'espère que maman ne va pas tarder." Et nous commençons à discuter tous les deux, ce qui m'a réchauffé le coeur et comblé de bonheur. Au final, mon petit fiston commence à s'endormir, alors j'éteins la musique, et attends sagement.

    Cinq minutes sont passées, et toujours pas de trace de Lyzabeth. Je sors de la voiture, faisant les cent pas, avant de reprendre place sans bruit aux côtés du plus beau, toujours endormi. Je me rends compte que dans une heure, l'examen commence. Je perds peu à peu patience, ne faisant plus attention au temps qui passe. Ce n'est que bien longtemps après, qu'enfin, Lyz arrive. Il ne me reste que dix - quinze minutes pour rejoindre l'université. Je sors alors de la voiture, en colère, la laissant à son tour sortir de son véhicule, avant de commencer à râler, m'avançant vers elle. "C'est pas trop tôt ! Ça te dérange si j'arrive en retard ?" J'avoue, je démarre fort, mais bon, on s'était fixé une heure précise, elle aurait dû être la plus tôt…
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MessageSujet: Re: Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Between the darkness and the dawn • Lyzabeth EmptyJeu 11 Nov - 18:48

Between the darkness and the dawn • Lyzabeth 90HvDO Between the darkness and the dawn • Lyzabeth BfR3pO Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Dbxw6O
your love is my weakness
« THE BROKEN CLOCK IS A COMFORT, IT HELPS ME SLEEP TONIGHT. MAYBE IT CAN STOP TOMORROW FROM STEALING ALL MY TIME. I AM HERE STILL WAITING THOUGH I STILL HAVE MY DOUBTS. I AM DAMAGED AT BEST, LIKE YOU'VE ALREADY FIGURED OUT. I'M FALLING APART, I'M BARELY BREATHING WITH A BROKEN HEART THAT'S STILL BEATING. IN THE PAIN THERE IS HEALING, IN YOUR NAME I FIND MEANING. SO I'M HOLDIN' ON, I'M HOLDIN' ON, I'M HOLDIN' ON; I'M BARELY HOLDIN' ON TO YOU. »
On dit, « partir pour mieux revenir ». Quelle connerie. Sept jours que mon petit ange était parti, que je n'avais pas vu ses yeux fatigués, son sourire timide, que je n'avais pas entendu son rire ou même ses cris. Sept jours que mon cœur peinait à battre. Il n'avait plus de raison pour en même temps, je pouvais le comprendre. Chaque fois c'était pareil, cette déchirure, cette envie de tout foutre en l'air et de taper à la porte de mon... mon quoi ? Mari, ami, ex, que sais-je. Lui et moi, ça faisait bien plus de temps qu'on ne se parlait pas. Juste des mots perdus par ci par là, un "'on se voit dans une semaine" ou "dis lui que je l'aime", rien de plus ou de moins. C'était de ma faute, le contraire serait un beau mensonge. Mais quelque chose en moi me poussait à lui en vouloir aussi, sans même savoir pourquoi. Il ne m'avait jamais fait de mal, jamais trahi, déçu ou laissé tomber. Des mensonges il y en avait eu, mais juste de temps à autre, et jamais trop graves. Jusqu'au dernier jour il était lui-même, un père parfait et un mari aimant. C'est tout ce que je pouvais souhaiter, et pourtant j'avais tout détruit sans même penser aux conséquences qu'il y aurait pu avoir sur notre fils. Un égoïsme comme ça on se demande comment ça existe. Et pourtant j'avais réussi à briser le cœur de celui qui m'avait fait revivre. C'était la seule chose qui me tourmentait; lui avoir fait du mal. Ca me rongeait tellement que ces derniers jours je n'avais aucune notion du temps ou de l'espace. Je vivais sans vivre, mangeait et buvait sans plaisir, partait en cours le cœur lourd et sortait les pensées encore plus pleines. Maxwell me hantait comme jamais, toujours derrière ou devant moi, toujours là. Et pourtant... j'avais toujours cette colère envers lui que je ne comprenais pas. Se méprendre et s'apprendre, c'est ce que mon père m'avait répété toute ma jeunesse. Mais moi, idiote, j'avais fait que me méprendre sur toute la ligne. J'avais transformé ma vie en enfer durant toute mon adolescence, mais Maxwell avait réussi à m'en sortir. Il m'avait appris le bonheur et la confiance en soi, et mon seul merci était notre rupture. Aujourd'hui, les seuls vrais bons moments étaient avec Zadig. Tout ce qu'il faisait me donnait le sourire, même quand il était bougon et criait à tue-tête pour son biberon. Avec sa petite bouille d'ange, ses yeux azur et ses petites fossettes, lui dire non était plus difficile qu'aux yeux du chat bottée. J'espérais que Maxwell soit plus autoritaire de ce côté là, mais le contraire ne m'étonnerait pas. Notre fils avait hérité du charisme de son père, et il l'utilisait déjà comme sa meilleure arme. Un raclement de gorge à côté de moi fut assez pour me tirer de mes pensées. J'avais un partiel dans dix minutes et je pouvais pas me permettre de le rater – si ma moyenne flanchait encore ce semestre j'étais bonne pour retaper. J'avais déjà un goal dans ma tête, une ambition qui remontait à des années déjà et qui, avec Zadig, était ma seule raison de continuer à tenir debout. J'étais loin d'être la plus brillante ou la plus cultivée, mais j'avais vécu assez de choses pour savoir ce que je voulais comme carrière, et personne n'allait m'arrêter de ce côté là.

C'est donc le cœur lourd et l'esprit plein que je m'assis en face de la copie blanche. Elle resta blanche pendant une demi-heure avant que je me décide à prendre mon stylo entre mes doigts tremblants. Ils tremblaient parce que je n'avais aucun contrôle sur moi-même, et parce que, pour la première fois, j'étais tétanisée à l'idée de revoir Maxwell. Tous les sept jours c'était trop et pas assez. Il me manquait chaque seconde de chaque fichue minute, mais dès qu'on se voyait j'étais prête à m'enfuir. Mais Zadig serait dans ses bras, bientôt dans les miens, et c'est tout ce qu'il me fallait pour me concentrer sur les questions et faire de mon mieux pour y répondre. J’avais rien contre ces épreuves de gestion et d’économie, c’était plus une passion qu’un devoir vraiment, mais à ce moment j’aurai pu déchirer la feuille en deux et bondir hors de la salle. Je voulais répondre "Zadig" à chaque question et écrire "Maxwell" tout au long de mon développement. Pas très instructif, mais j’étais loin de penser à ça. J’avais un mois pour remettre de l’ordre dans nos vies, un mois et pas plus. Je savais que Max ne pouvait pas attendre indéfiniment pour une réponse, pour connaître l’avenir de notre "nous", mais j’étais toujours aussi perdue que le jour où je lui avais avoué avoir besoin de recul. Je ne savais pas ce que je faisais, et la situation m’échappait complètement, quelque chose qui me rendait encore plus nerveuse. Et s’il partait pour de bon... Si tous nos souvenirs ne devenaient rien d’autre qu’une mauvaise cicatrice... ? J’essayais de comprendre si c’était vraiment ce que je voulais, s’il n’y avait pas une raison plus profonde à notre rupture que mon propre manque de confiance. J’étais coupable sur tous les plans, mais ça ne voulait pas dire que j’étais responsable de toutes nos erreurs. Comme cette fois où il m’avait menti pour rien, bien avant que Zadig ne naisse. Ca nous avait séparé parce qu’on n’avait pas encore conscience de ce qu’être sans l’autre signifiait. On s’était plongés tête baissée dans une guerre froide, mais, pendant les jours suivants, l’absence de l’autre était plus forte que n’importe quelle colère. Aujourd’hui c’était un peu pareil, il me manquait tellement que c’était la seule chose à laquelle je pensais, et l’idée de voir où j’en étais sur un plan personnel s’était enfuie par la fenêtre. Il n’y avait que moi même pour m’aider, et mon père aussi éventuellement, mais il avait tendance à être aux abonnés absents et je voulais pas lui laisser un énième message. Son répondeur était surement plus au courant de mes histoires que lui-même. Je soupirai et posai mon regard sur l’horloge en tête de classe. Plus qu’une heure et je pouvais me permettre de penser à ce que je voulais. Durant cette heure j’oubliai tout, littéralement tout ce qui se passait autour et à l’intérieur de moi, et me concentrai uniquement sur ma copie. Après la dernière réponse et le dernier paragraphe, je me levai et rendis mon argumentaire. J’avais la tête qui tournait, le cœur qui battait beaucoup trop rapidement et les mains moites. Sans même y réfléchir je traversai le campus et me dirigeai vers ma confrérie. J’avais beau ne plus vraiment y habiter, les Gammas étaient comme ma deuxième famille, et dans notre maison tout était fait pour nous distraire. J’aurai voulu pouvoir parler à Sterling mais à la place, je m’allongeai sur le canapé en attendant de pouvoir me donner le courage de rentrer. Max arriverait surement dans une vingtaine de minutes et si ma mémoire était bonne, il avait aussi un examen. Mais sans que je m’en aperçoive réellement, mes paupières se fermèrent et Morphée m’emporta en ricanant.

« Merde merde merde. »J'aurai du savoir que j'allais m'endormir, quelle idiote. Sans même faire attention au monde autour de moi, je courus jusqu'à la voiture et allumai le moteur. Mon portable n'avait plus de batterie donc prévenir Maxwell était rayé de la liste. Il allait me détester encore plus, mais j'étais plus énervée contre moi qu'autre chose, donc connaître sa réaction me passait au-dessus de la tête. Mais j’étais même pas capable d’être à l’heure pour mon fils, qu’est ce que ça disait de moi ? Ugh, j’avais pas le temps pour ces remises en questions. Pour l’instant je devais conduire le plus rapidement possible jusqu’à la maison. Bien sur il y avait des embouteillages d’enfer et une des routes était barrée. Peu connue pour ma patience j’étais prête à faire un carnage. Juste dépasser tout le monde, qu’importent les conséquences, et enfin arriver à la maison pour revoir mon fils. Après plusieurs injures, une crise de nerfs anticipée et deux feux rouges grillés, je vis enfin la maison. Au moment où je me garai, mon regard se posa sur un Maxwell visiblement aussi remonté que moi. « C'est pas trop tôt ! » Et merde, pas maintenant. J’avais beau avoir été stressée toute la journée de le revoir, ces dernières heures m’avaient tellement retardé que j’étais prête à me lâcher sur le prochain passant. « C'est vraiment pas le moment Max. » Je me mis à chercher Zadig du regard sans succès, et mon cœur fit un bond en pensant qu’il ne l’avait pas emmené, ou que pire, quelque chose lui était arrivé. Ignorant sa remarque sarcastique, je commençai à devenir frénétique. « Il est pas avec toi ? Qu’est ce qui s’est passé ? »J’aurai pu m’affoler encore plus, mais j’avais le sentiment que ça ne ferait qu’aggraver la situation, et j’étais vraiment pas d’humeur à ce qu’on commence une énième dispute. En me retournant vers Maxwell cela dit, quelque chose me dit que la querelle était loin d’être finie.
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MessageSujet: Re: Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Between the darkness and the dawn • Lyzabeth EmptyDim 21 Nov - 19:13

    La colère. C'est comme un être qui s'empare de notre corps et qui dévaste tout. Il en fallait beaucoup pour me mettre en colère, et je pense pouvoir affirmer que mes proches le savent. S'ils me voient en colère, ils savent en général qu'il s'est passé quelque chose d'assez important pour me faire sortir de mes gonds. La colère est la seule chose qui peut me faire perdre le contrôle de moi-même, de mes actes, de mes paroles. Alors attendre une heure dans la voiture, aurait sûrement de mauvaises conséquences sur la suite des événements. Surtout que ce n'était pas rien, loin de là. J'attendais Lyzabeth. Celle qui me faisait souffrir depuis un moment maintenant. Celle qui me faisait attendre dans l'incertitude pendant un temps indéterminé. La mère de mon fils, qu'elle faisait attendre lui aussi. N'était-elle pas capable d'être à l'heure au moins pour lui ? Et puis en plus, il y avait cet examen. Et le stress qui va avec bien sûr. Et vu l'heure qu'il était, je savais que j'allais être en retard, j'espérais juste ne pas être refusé en arrivant. Au moins que je n'ai pas un zéro qui descende ma moyenne. Puis enfin, Lyz' arriva. Elle avait l'air en colère, bien qu'elle, elle ne serait pas en retard à son examen. Au lieu d'être énervée, ne pouvait-elle pas être au moins désolée de son retard ? Non, apparemment elle ne l'était pas. Par politesse elle aurait au moins pu s'excuser. Et voilà que ça en rajoutait à ma colère déjà immense. "Ah, parce que c'était le moment d'arriver en retard peut-être ?" Oh oui, j'étais énervé. Et oh oui, elle allait le payer. Je n'aimais pas être comme ça, mais à ce moment là, je ne pouvais vraiment plus me contrôler, c'était trop. Et voilà qu'elle se mit à paniquer. "Ne t'inquiète pas, je ne suis pas du genre à oublier notre fils, moi…" J'avais les poings et la mâchoire serrés, mes sourcils étaient froncés, et je ne lâchais pas Lyzabeth du regard. Un regard noir et signe de toute ma colère par ailleurs. Sans m'en rendre compte, voilà que j'élevais la voix. "Tu te rends compte que ça fait une heure qu'on t'attend ?" Je m'approchais d'elle, les secondes me tapant sur le système comme pour m'énerver d'avantage. "Oh, et je ne te demande même pas si tu te rends compte que je vais arriver en retard à mon examen, ça doit bien être le cadet de tes soucis… "

    Je plaçais une main sur mon front, le serrant le plus fort possible, aussi fort que je serrai la mâchoire, mes dents en grinçant presque. Je fis un signe de tête vers la voiture. "Il dort." Puis j'attrapai le bras de Lyz', pour qu'elle reste là. "Ne vas pas le chercher maintenant, je crois que là il faut qu'on parle…" Oui, il fallait qu'on parle. J'avais besoin d'explications sur son retard, c'était sûr, mais pas seulement. J'avais besoin de savoir où elle en était. Comment elle voyait l'avenir. Je devais attendre encore un mois, une trentaine de jours… Et je ne savais pas si j'en étais capable. À ce moment-même, je me disais que je ne pouvais pas attendre. À la voir, en colère comme ça, sans même se soucier des conséquences de son retard, ça me mettait hors de moi. Et je me disais que je n'avais plus aucune importance à ses yeux, et que le divorce était ce qui nous attendait au bout du compte. Alors pourquoi attendre ? Pourquoi attendre si c'était pour que l'on se gueule dessus comme ça à chaque fois que l'on se voyait ? Je n'imaginais pourtant pas le divorce. Ma vie sans elle, avec quelqu'un d'autre même. Et sa vie à elle, la voir dans les bras d'un autre. Ce serait typiquement la chose qui me mettrait en colère, et pour cette raison, je savais que si nous divorcions, je ne pourrais plus la voir. Ce serait au-delà de mes limites. Mais le pire dans l'histoire, ce n'était même pas ce qu'elle ou ce que moi pouvions ressentir, mais ce que Zadig ressentirait en voyant ses parents ne plus s'adresser la parole. Je ne voulais pas qu'on le fasse souffrir. Mais c'était trop tard. J'étais sûr que ce petit ange était déjà conscient de la situation. Et je nous détestais, Lyz' et moi. Je détestais notre couple. Parce que nous n'étions que des égoïstes, et que nous ne pensions pas à notre fils. Je savais pertinemment que tout était entre les mains de Lyzabeth en ce moment, qu'elle pouvait choisir de réparer la situation ou non, mais je me détestais quand même. Parce que si ce samedi, je ne m'étais pas fait passé pour mon frère, elle et moi ne serions jamais tombé amoureux. Il n'y aurait pas eu de mariage, pas de Zadig, et donc pas la souffrance que nous lui infligions. Mon fils était ma vie, ma fierté. Et en rien je regrettais sa naissance. J'aurais juste voulu lui éviter tout cela. Mais je n'en avais pas le pouvoir, malheureusement…

    Je fixais toujours durement Lyzabeth, qui semblait être toujours autant en colère. "Alors, tu m'expliques ton retard ? Qu'est-ce qu'il y a de plus important que Zadig hein, dis moi…" Je provoquais la querelle, mais c'était la colère qui s'était emparée de moi. Si j'avais été dans mon état normal, je n'aurais rien dit de tout cela, ou alors, à chacune de mes paroles, le regret se serait emparé de moi. Mais là, c'était loin d'être le cas. Je ne ressentais rien d'autre que de la colère. La tristesse habituelle à cette situation, et l'amour qu'il me restait pour Lyz' s'était envolé pour le moment. Il ne me restait que la colère. Elle était aussi forte que les muscles qui serraient mes poings. J'aurais pu casser un verre rien qu'en le tenant dans ma main. Pourtant je n'avais jamais été violent, jamais. Et ce n'est pas parce que j'étais en colère que je le deviendrais, surtout pas avec Lyz', mais pourtant mes poings ne pouvaient se desserrer. Ma mâchoire non plus. Et mes sourcils restaient froncés eux aussi. Mon coeur ne battait plus, il frappait contre ma poitrine, comme s'il voulait se défouler lui-aussi. Et mes paroles étaient incontrôlables. Je le regretterais peut-être quelques heures plus tard, mais ça me passait à des kilomètres. "Ça sert à rien d'attendre un mois pour divorcer Lyzabeth. Ça sert strictement à rien d'autre qu'à empirer la situation. Tu en as strictement plus rien à faire de moi, tant mieux pour toi. Mais arrête de retarder l'inévitable…" Mon regard était blessant, comme s'il voulait poignardé Lyz'. Mais lui non plus je ne le contrôlais pas. Heureusement que Zadig dormait et ne voyais pas la scène, heureusement. J'avais l'impression qu'il n'était plus que le fruit d'un amour brisé. Un amour brisé, et certainement bel et bien foutu. C'était fini, sans espoir. C'est comme si j'étais mort. Comme si une partie de moi était morte. Car je commençais à réaliser, à renoncer à celle que j'avais tant aimée. Je commençais à me faire à l'idée que je devais l'oublier, qu'elle ne serait plus celle à côté de qui je m'endormirais le soir et me réveillerais le matin. Elle ne serait certainement plus qu'une inconnue à mes yeux. Je devrais oublier son parfum, la doucement de sa peau, la sensation de ses lèvres contre les miennes. Tout cela était fini. Tout ce qui m'avait rendu si heureux, tout ce qui m'avait fait changé, tout ce qui avait bouleversé ma vie s'envolait à jamais. J'étais comme un bateau à qui il allait manquer son ancre. Je n'aurais plus de point d'attache. Mis à part quand Zadig serait avec moi. Mais à travers lui, c'est elle que je verrais. Et à travers ses yeux, je verrais toute la souffrance que nous lui infligeons. Et ce futur que j'avais en tête, cet avenir qui m'attendait probablement, c'était l'enfer. J'aurais voulu mourir, maintenant, ou dans les minutes qui allaient suivre...
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MessageSujet: Re: Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Between the darkness and the dawn • Lyzabeth EmptyDim 19 Déc - 23:34

→ I need you to rewind time, give me a couple minutes to fix us.
Même dans l’effusion de la colère, l’épanchement brutal et franc de ces sentiments qui coulaient comme du poison dans mes veines, j’avais le sentiment de ne pas véritablement saisir ce qui nous avait poussé jusque là. Maxwell n’était pas quelqu’un de colérique, et c’était une qualité que j’avais imitée à raison de passer mon temps avec lui. Mais aujourd’hui la couleur sombre de ce vice se mêlait aisément à la dureté de ses mots, tous employés avec attention, et dont la cible était certainement le centre de mon cœur. Il me faisait du mal comme je lui en avais fait, c’était la moindre des choses, mais la façon dont il relâchait toute sa douleur, la facilité avec laquelle ses yeux perçants me dévisageaient, me disait tout ce que j’avais besoin de savoir. Je n’avais aucune raison de le contredire, de m’emporter dans une fausse plaidoirie pour défendre ma cause et mes actions. La vérité était que j’avais été trop égoïste, toujours à contrebalancer ma culpabilité par de faux arguments et de fausses justifications. Maxwell valait mieux que ça ; une femme qui comprend et soutient, qui est assez mature pour se tenir la tête droite même lorsque tout son être est en conflit, une femme qui est là à chaque faux pas et qui jamais ne laisse tomber. Je n’avais pas laissé tomber, j’étais toujours là, mais notre amour s’était dégradé, et du rouge fusionnel émulant notre passion il était devenu gris, triste et sévèrement abattu. Je voulais passer à autre chose, outre cette douleur martelante et cet amour qui donne de l’espoir pour le déraciner ensuite. J’avais envie de mettre au goût du jour ce qui nous tracassait tous les deux depuis des mois, mais que ni lui ni moi n’osions prononcer. C’était tellement facile après tout, juste deux trois signatures ici et là, et tout le fondement même du mariage s’effondrait, ne laissant derrière lui qu’un arrière gout amer et la poussière d’un amour bafoué. Mais je savais malgré moi que tout mon être brulait encore pour lui, pour chacun de ses mots et tous ses regards, et que ses promesses et murmures restaient ancrées en moi, impossibles à taire. J’avais laissé Maxwell me confier un amour et un désir que l’on n’éteindrait jamais, pas avec toutes les larmes d’un unique corps ou tous les océans. Parfois je détestais ce sentiment, cette notion profonde d’appartenance qui m’avait toujours fait buté ; j’avais besoin de mon espace de confort, de mon égoïsme sauvage et de ma fierté. Peut-être que ce n’était qu’une question d’égo après tout ; cette ronce qui nous enserre, qui enfonce profondément ses épines en nous, s’assurant qu’on ne s’en libère jamais. Qu’elle me poignarde dans le dos ne m’étonnait pas. J’étais trop fière pour le bien de ma famille, trop pleine du poison orgueilleux pour être la femme de quelqu’un, encore moins la mère. Zadig était un Atwoodth à part entière et sous toutes les coutures de toutes les manières, il ne perdait pas beaucoup au change sans moi. Mais je n’avais pas connu ma mère et je connaissais cette impression de vide trop bien pour la lui infliger. Et puis ses grands yeux bleus plein d’innocence m’avaient déjà trop hypnotisé pour que je lui fasse du mal en quittant son père. Il y avait trop d’insouciance et de bonheur dans son regard pour le détériorer, et notre famille ne pouvait pas supporter un nouveau cœur brisé. Le chagrin mutuel de ses parents pesait déjà dans toute la maison, et c’était injuste qu’il en soit le soufre douleur.

La voix âpre et résonnante de Maxwell me rappelait à l’ordre, me forçant à me questionner sur les dernières minutes. Peut-être que j’avais tord, que nous étions bel et bien finis, laissant derrière nous tous nos souvenirs et notre euphorie, et que son regard dur ne s’attendrirait jamais. Peut-être, juste peut-être... que j’étais allée trop loin dans cette histoire de rupture, et qu’ "un jour" signifiait réellement "jamais". Inconsciemment j’avais pu nous pousser à bout tous les deux, provoquant cette colère chez lui et cette passivité chez moi, le rendant lui surement plus agacé. Mais quelles limites n’avions nous pas testé dans notre couple ? Et de façon plus importante, quels mots nous pousseraient enfin au bord du précipice, mettant fin à ces mois de douleur et d’incertitude. Durant une fraction de seconde mes bras se levèrent machinalement, désirant rien de moins ou de plus que s’enrouler autour de son cou, et le serrer contre moi, lui implorant de me pardonner et de comprendre mes angoisses et mes doutes, tous plus éphémères et futiles les uns que les autres. Mais sa dernière phrase ré-invoqua ma véhémence, m’aveuglant une nouvelle fois à tout ce que j’avais pu me demander. « Oublier mon fils ? » Mon esprit reprit soudainement conscience du corps auquel il était rattaché, me ramenant bien vite à cette dure réalité, teintée de haut en bas du rouge ocre de notre colère. « Je fais que penser à lui toute la semaine, tous les jours, tu me prend pour qui Maxwell ? » D'ailleurs, je ne voyais plus que lui, notre fils, le seul qui me retenait de crier tout ce que je pensais à ce moment, le seul qui m’aidait à mesurer mes propos. Mon regard se perdait à droite et à gauche, le cherchant sans relâche, tout pour l’apercevoir ne serait que quelques secondes. Il était immobile dans son siège de voiture, yeux fermés et souffle paisible, ignorant tout de la scène de ménage à quelques pas de lui. Je remerciais Morphée pour une fois, même s’il m’avait trahi aujourd’hui, et priais intérieurement que son sommeil ne soit pas dérangé. Mais, lorsque la main de Maxwell agrippa mon bras d’une force que je ne reconnus pas venant de lui, tout mon flegme s’envola. « Tu crois que t’es le seul à avoir des examens ou quoi ? J’ai pris du retard parce qu’il y a des embouteillages sur toutes les grandes rues, donc me sors pas tes sermons et reproches pour m’enfoncer encore plus. » Irritée jusqu’au bout des ongles, je repoussais son bras le plus loin possible du mien.

Maxwell était parti, remplacé par cet homme que je reconnaissais plus. Ou peut-être que je n’avais aucune envie de le reconnaître, préférant me réfugier dans le souvenir de mon Max, celui que j’avais poussé à me fuir et me détester. Je n’avais aucune raison de croire qu’il m’aimait encore, c’était naïf de ma part, surtout après cette attente interminable et vaine que je lui avais imposée. Au bout du compte je n’avais aucune réponse à mes questions, si ce n’est celle que j’avais toujours connue, et qui me jurait que Maxwell était le seul que je pourrais jamais véritablement aimer. Le reste n’avait pas d’importance, semblait futile et dépourvu d’intérêt. Mais, la situation rendait les choses difficiles et les décisions fragiles, et l’inconnu en face de moi me poussait à bout. « Je t’ai dit que j’avais besoin de réfléchir, et toi tu me balance constamment le divorce en pleine figure, je suis supposée penser quoi ? » Encore et toujours ce mot, cette entité qui sépare tout ce qui a constitué un couple, le scinde en deux et le jette dans le vide. Ne plus jamais me réveiller à ses côtés, ne plus jamais l’embrasser, le faire rire, l’aimer, comment vivre sans celui qui m’avait appris à respirer et profiter, ça n’avait pas de sens. Bien sur j’aurai Zadig, mais lorsque la fin de la semaine arriverait encore, et que son père viendrait le chercher, mon monde redeviendrait gris et dénué de sens, et j’avais déjà trop souffert de cette teinture sale dans le passé pour la revivre aujourd’hui. Malgré tout un morceau du puzzle manquait, comme si, enfin, j’allais pouvoir délivrer Maxwell de l’attente et lui dire ce qui me pesait, mais qu’encore un élément me retenait en arrière. C’était pire que courir au ralenti, j’essayai de rattraper une réalité qui n’était qu’illusion. Des mois de chagrin pour rien, encore. Ma voix bien sur s’était fragilisée, ne reflétant que trop bien mon état d’âme. « Maxwell... vas t-en s’il te plait. Je t’appellerai dans la semaine pour te donner des nouvelles de lui. » Et les larmes remontaient tranquillement jusqu’à mes yeux, les menaçant mais ne tombant jamais réellement. J’avais besoin d’être avec mon fils, mon unique échappatoire.
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MessageSujet: Re: Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Between the darkness and the dawn • Lyzabeth EmptyMar 21 Déc - 14:15

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« It's a little bit funny This feeling inside me.
I'm not one of those who can Easily hide.
I don't have much money But boy if I did
I'd buy a big house where We both could live.
And you can tell everybody This is your song.
It may be quite simple but Now that it's done
I hope you don't mind That I put down in words
How wonderful life is Now you're in the world. »


    Lyzabeth se tenait là, debout devant moi. J'avais l'impression d'être un monstre, j'avais l'impression de la torturer à chaque fois que j'ouvrai la bouche. Comme si chacun de mes mots était un poignard qui venait s'enfoncer dans son coeur. Et les yeux de celle qui était aujourd'hui encore ma femme ne reflétait que trop bien la haine qu'elle avait pour le monstre que j'étais, mais aussi la douleur que je lui faisais. L'attendre ici plus d'une heure, avec Zadig dans la voiture, cela avait allumé en moi une flamme de rage et un flux de colère que je n'avais pas contrôlé. Je lui avais craché mes mots à la figure comme si j'avais voulu que leur violence gifle son visage. Pourtant, lui faire du mal était loin d'être ce que je voulais. Et ça me faisait encore plus de mal à moi-même, que d'être comme ça avec elle. Mais je n'avais pas pu me contrôler. Peut-être que tout ce qui était mauvais en moi avait pris le dessus sur le reste. Peut-être que le monstre que je suis dorénavant avait tué l'homme que j'étais. En réalité, Lyzabeth était mon remède. Elle purifiait mon être, éclairait mon âme, et égaillait mon coeur. Depuis que je l'avais perdu, je n'étais plus le même. Je m'emportais beaucoup plus vite. J'agissais sans réfléchir, sur un simple coup de tête. Je tapais parfois contre les murs quand mes nerfs étaient en surchauffe. Pas étonnant, étant donné que je dormais très mal depuis la séparation. Trois heures grand maximum par nuit. Et dans mon sommeil, c'était elle que je voyais. Parfois même, je l'imaginais avec un autre homme. Et je me réveillais en sueur, et même en larmes par moment. Mais quand j'avais Zadig, tout allait mieux. Il me faisait revivre, et oublier les choses qui m'attristaient. Mon fils était un ange, un vrai. Alors quand il était avec moi, le monstre s'en allait. Je devais lui montrer le bon exemple, il devait rester un ange. Je comptais même lui apprendre à ne jamais blesser la femme qu'il aime, jamais, quelque en soient les circonstances. De toutes les manières, avec ou sans mon aide, mon petit garçon prendrait les bonnes décisions, je le savais. Je le voyais dans ses grands yeux bleus, qu'il était aussi pur qu'un ange. Mais ses parents étaient trop égoïste. Lyz' et moi nous déchirions mutuellement, sans même penser aux conséquences. Zadig était trop petit pour comprendre ce qu'il se passait. Mais quand il serait plus grand, quand il comprendrait que ses parents s'aiment aussi fort qu'ils se détestent, quand ils verraient à quel point nous nous faisions du mal tous les deux, alors il en souffrirait. Il serait le fruit d'un amour brisé. Alors il fallait que ça s'arrange. C'était ce que je souhaitais le plus, surtout que Lyzabeth me manquait, et que je l'aimais plus que tout au monde, elle autant que Zadig. Et si j'étais un monstre aujourd'hui, c'était parce que j'étais blessé. J'avais besoin d'elle pour qu'elle me soigne, pour que ses lèvres fassent cicatriser mon coeur, et que ses mots essorent mon être pour en faire ressortir ma rage. Je voulais tellement que cela s'arrange, ou au moins que ça n'empire pas, que j'étais contraint de me taire. Je serrai les lèvres, ne voulant plus dire des mots que je ne pensais pas, ne voulant plus la blesser. Pourtant ma colère était toujours là, elle tapait contre ma poitrine. Et mes yeux brûlaient d'envie de faire un carnage, alors ils étaient peut-être un peu trop sombres et perçants, mais je n'arrivais pas à les contrôler, c'était mes yeux ou ma bouche.

    Les mots de Lyzabeth me blessaient, le ton qu'elle utilisait aussi. Et mes mots à moi ne demandaient qu'à sortir de ma bouche, si vous saviez ô combien je luttais pour ne pas m'enflammer. J'aurais voulu lui dire des choses qui ne feraient que la blesser, et que seul le monstre en moi pensait. "Tu as oublié Zadig Lyzabeth, la preuve ! Il t'a attendu une heure, une heure !" Mais rien ne sortit de ma bouche. J'avais les lèvres serrées, ce qui devait me donner un air diabolique et en colère. Mais ça valait mieux pour nous que je me taise et que je fasse peur à voir plutôt que le contraire. Il y avait eu des embouteillages ? Je ne demandai qu'à la croire, mais je n'y arrivais pas. Je connaissais les horaires de ses examens, j'étais allé les voir à Berkeley pour être sûr qu'elle aurait le temps de rentrer quand je lui déposerais Zadig, et que moi j'aurais le temps d'aller aux miens. Le temps qu'elle avait mis pour arriver me semblait bien trop long. Alors voilà que je commençais à penser sérieusement qu'il y avait quelqu'un d'autre dans sa vie. Mon coeur se brisa en au moins un milliard de morceaux. Je serrai les poings pour ne pas hurler de douleur, et acquiesçai finalement quand elle me demanda de partir. À ce moment là, j'avais l'impression que tout était terminé. Que tous mes espoirs s'effondraient. J'allais tomber dans la dépression, j'allais prendre des risques sur la route en rentrant, je le savais d'avance puisque ma vie perdait tout son sens. Bien sûr, il y avait Zadig. Mais il ne serait pas avec moi cette semaine. Et quand il serait plus grand, il me verrait déprimé, et triste. Je savais bien que je n'étais pas assez fort pour me remettre d'une rupture définitive avec Lyzabeth, et je suis sûr qu'elle le savait aussi. Je ne voulais pas que mon fils me voit comme ça, et je ne voulais pas non plus qu'il me déteste parce qu'après dix ans de divorce je continuais à faire souffrir sa mère car je l'aimais encore. Je respirai calmement, marchant jusqu'à la voiture, et pris doucement Zadig qui se réveilla tranquillement. Il plongea ses grands yeux bleus dans les miens. Je devais être fort pour lui. Je devais être prêt à tourner la page si mes hypothèses étaient vraies au sujet de Lyz'. Je ne devais pas tomber dans la dépression, je ne pouvais pas abandonner mon fils. Il était la plus belle chose qui m'était arrivé, et malgré tout, le monde était mille fois plus beau depuis qu'il était né. Je l'embrassai alors sur le front, puis murmurai. "Je t'aime mon ange, pour toujours. Ne l'oublie jamais…" Je fermai alors les yeux, profitant de ses petites mains caressant mon visage. Il allait me faire pleurer ce petit monstre, mais je ne pouvais pas craquer devant lui.

    J'ouvris finalement les yeux, et me retournai vers Lyzabeth, lui déposant doucement notre fils dans les bras. Puis je me dirigeai à nouveau vers la voiture, ouvrant le coffre pour prendre le sac de Zadig que je posai sur mon épaule. Marchant jusqu'à la maison en silence, je déposai le sac devant la porte histoire de faciliter la tâche à Lyz'. Je restai un instant devant la porte de la maison, soupirant tristement, puis fis le chemin inverse vers la voiture. Un dernier regard vers les amours de ma vie, mais rien de sortit de ma bouche. J'ouvrai la portière, et entrai dans le véhicule. Le moteur s'alluma, et mes pieds sur les pédales agissaient comme des pantins. Une petite marche arrière, et je roulai ensuite vers la route. Je ne roulais pas spécialement vite, mais je ne regardai pas où j'allais. Mes yeux étaient figés sur le rétro, regardant Lyz' et Zadig disparaître à l'intérieur de cette maison qui était la mienne quelque temps plus tôt. Cette maison qui était mon paradis, ma bulle de joie, le havre de paix de ma famille que je m'étais juré de protéger. Je ne les voyais plus, ils étaient rentrés à l'intérieur tous les deux. Et quand je reposai mon regard devant moi, et qu'une larme coulait sur ma joue, je me rendis compte que j'étais en plein milieu de la route à la sortie de la cour de notre maison. Et une voiture arrivait à toute vitesse sur ma gauche. Je n'eus le temps de rien faire.

    Le trou noir. Le vide. Je n'avais jamais songé à ma mort. Je m'étais dit que j'avais le temps. D'ailleurs, je ne sais même pas où je suis. Le noir m'entoure. J'ai mal, partout, je sens comme un liquide chaud sortir de mon corps et former une flaque autour de moi. Il y a du verre aussi, j'en ai sur le visage. Mais je ne peux pas bouger. Je suis coincé, prisonnier. Et doucement, j'ai cette impression de m'élever, un peu comme si je rejoignais les bras de Morphée. Je revois une dernière fois le visage de Zadig, mon fils. Ses yeux bleus, son petit nez, et son sourire. Si le temps était venu pour moi d'aller voir les anges, je leur demanderai de veiller sur lui. Et sur elle aussi. Lyzabeth. La femme de ma vie, celle que j'aimerais toujours. Je m'en veux de l'avoir fait souffrir. Si j'avais pu lui dire une dernière chose, ça aurait été…



« And this will be the first time in a week
That I'll talk to you And I can't speak
Been three whole days since I've had sleep
And I got the point that I should leave you alone
But we both know that I'm not that strong
And I miss the lips that made me fly. »



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PS. I LOVE YOU

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MessageSujet: Re: Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Between the darkness and the dawn • Lyzabeth EmptySam 8 Jan - 23:27

Between the darkness and the dawn • Lyzabeth I1wMB2 Between the darkness and the dawn • Lyzabeth FPS4ZK Between the darkness and the dawn • Lyzabeth F8bDWv
❝ Miles apart from where we once were ❞

Juste un murmure, le tourbillon des feuilles mortes sur le sol, le vent qui siffle pour annoncer son passage, les nuages qui s’écartent au gré du ciel qui les domine. Un silence qui se dilate en un battement mais semble s'étirer sur toute une éternité. Puis un cri vient déchirer l’atmosphère, ou un prénom plutôt. Il nait dans le fond de ma gorge mais s’étouffe aussitôt que la première syllabe est prononcée, contrebalancé par le bruit raisonnant de deux corps métalliques qui se heurtent. En un moment une nature morte devient vivante, inspirée par une tragédie qui coulera sur le sol. Bientôt des bruits de vitres donnent un son au tableau, une mélodie qui l’accompagne pour le rendre plus agréable; mais il reste atroce. Le rouge cinabre se verse comme un liquide précieux, se mêlant au bitume dur et terne. Puis, plus rien. La résonnance s’estompe sur le tableau et disparaît, les cris d’effroi qui voulaient s’échapper de mes lèvres sont mort-nés, mon esprit a rompu avec mon corps, et le vent s’en est allé, portant avec lui les dernières feuilles qui avaient osé lui résister auparavant. Une seconde devient une minute, bravant toute règle du temps, et mes os se cabrent devant la paralysie qui les enserre. Il faut une autre seconde avant qu’un cri mutin me ramène à la réalité, mais mon cœur hurle de douleur, et je prie pour qu’on me réveille, je prie pour que mes yeux remettent de l’ordre dans cette illusion de la réalité. Mon corps, abimé par le choc auquel il fait face, ne bouge plus, et si mes bras ne tenaient pas d’eux mêmes, mon fils serait au sol, pleurant plus fort pour me tirer de ma transe ; en vain. Muet, c’était le mot. La blessure acide de ma culpabilité germait d’abord dans mon cœur, se trouvant ensuite un logis dans mon corps tout entier. Elle s'ancrait à son aise, toujours dans un profond silence. J’avais l’impression d’être au milieu d'un océan, qu'importe lequel, et regarder à perte de vue sans cligner des yeux, de peur de laisser passer un détail crucial, une particularité qui pourrait être brève mais décisive. Autour, juste un flot continuel dont l'apparence était calme mais la réalité impitoyable. Mon corps n’était qu’une machine automatique. Zadig tenait dans mon bras, balançant sa tête de droite à gauche d’un air dépité mais peu conscient. Jamais je ne pourrai lui permettre de regarder la scène qui se dressait devant nous. Si elle faisait parti d’un des souvenirs de son père, si elle le tourmentait aussi cruellement qu’elle me terrifiait... Secouant la tête, je me précipitai sur le téléphone. Mes doigts étaient des furies qui composaient trois chiffres, et ma voix suppliait à celui qui m’entendait de venir, de se dépêcher...

L’aller était lent et agonisant. Maxwell n’était pas la seule victime de l’histoire, mais l’autre conducteur, bien que fautif, se balançait lui aussi entre la vie et la mort. Les pleurs et cris de Zadig au son des gyrophares me martelaient le cœur, mais sa détresse ne faisait que nourrir la mienne. J’étais coupable sans même vouloir le nier ; mon cœur s’était entaché du sang de mon mari, et il battait désormais pour nous deux, battait pour se rattacher à l’autre et se retrouver. Une fois qu'il l'avait extirpé de la carcasse brulante, ils le mettait sur un brancard, un semblant de lit qui allait lui apporter la vie ou la mort. J’étais incapable de me résoudre à la dernière possibilité. Je courrais vers ma propre voiture alors que les pompiers taisaient le feu criminel. Les gyrophares s’éloignaient de plus en plus, mais les cris de Zadig ne cessaient pas, comme s’il savait ce que son monstre de mère avait causé, comme s’il faisait un deuil prématuré. « Arrête mon ange je t’en supplie... » je murmurai, ma voix se bloquant dans ma gorge. Je ne pouvais pas l’écouter si je voulais arriver jusqu’à l’hôpital. Mon cœur battait en staccato, mes yeux ne s’arrêtaient plus de pleurer, mes jambes et mes mains tremblaient, mais rien n’avait d’importance du moment que Maxwell n’ait rien. Installer Zadig prit plus de temps que prévu, mes mains moites se décidant à ne plus m’écouter. Mais c’était la route qui s’opposait au trajet, me forçant à trop réfléchir, trop paniquer, à mettre mon fils en danger. La pluie se mettait à tomber silencieusement d’abord, comme une messe qui s’inaugure, mais elle s’écrasait rapidement sur les vitres de la voiture, résonnait plus bruyamment, comme un orchestre qui re-naît petit à petit. Dans l’obscurité de mes pensées il n’y avait que ce son effroyable, cette attente qui s’étire et se dure, et mon fils aussi, trop innocent pour comprendre les vérités à ne pas dire.

***

« Derrière l'attente, il y a tout : la permission gratuite d'évoquer un beau visage ou de dialoguer avec une ombre. » Le silence plongeant de la nuit avait englobé la chambre comme une vulgaire miette insignifiante, dessinant sur ses murs les ombres sombres et trompeuses que la pleine lune projetait. Ironique mais cruelle pleine lune, dont un des mythes était d’empirer le cas des malades. J’étais assise à l’intérieur, et pourtant j’avais l’impression d’être en dehors de mon corps et de contempler la scène d'ailleurs. Il y avait trop d'enjeux dans une même chambre, trop d'espoir qui attendait d'être justifié ou écrasé. Maxwell était le seul tenant de l'épée de Damoclès qui valsait au dessus de sa tête. Je le regardais, calme, attentive à chacun de ses gestes. Mais des gestes il n’y en avait pas. Juste le son capricieux d’une respiration qui peinait, et qui inhalait puis exhalait avec l’aide constante d’une machine. J’étais assise, ou peut-être debout, mais Lyzabeth n’était plus dans mon corps, puisque sans mon sauveur il n’y avait plus d’espoir, et sans cet espoir je n’avais aucune raison d’être, aucune envie de faire le constat de ma médiocrité. Il valait mieux pour elle qu’elle se taise, qu’elle ferme ses yeux et dorme aux côtés de celui qu’elle avait trop tourmenté, et qu’elle ne bouge plus un seul de ses os extenué par le chagrin. Les parents de Maxwell avaient pris Zadig avec eux, m'accordant cette nuit aux côtés de leur fils. Mais qui avait-il à dire ou à faire ? Fallait-il s'excuser ou se haïr, se morfondre ou se dérober... rien ni personne sauf Lyzabeth ne voulait de la réponse, mais elle était trop lâche pour la chercher, même en face d'un mari qui n'avait eu pour seul tord que de trop l'aimer. J'essayais de me retrouver en vain, parce que j'avais trop honte d'être elle. Elle me dégoutait comme la peste, et si je pouvais changer les choses, je lui aurai interdit de s'approcher de Maxwell la première fois, de se tromper quant à son identité. Je l'aurai laissé marcher sans l'interrompre, et jamais n'y aurait-il eu d'amour, de mariage, de Zadig, de nous. Y penser maintenant me semblait insensé, une autre raison pour m'éloigner de la vraie question. Mais Maxwell aurait-été heureux sans moi, sans ces peines de coeur qui vous font tomber dans le vide, sans cette rupture égoïste entachée d'orgueil et de fierté. Tu es devenue ça, je pensais tout bas, quelqu'un que toi même tu ne respecte pas.

Une dernière larme chaude roula sur ma joue, se précipitant ensuite jusqu'au sol, et s'écrasant sans un son, sans une preuve. J'avais trop pleuré pour essuyer la trace qu'elle avait laissée derrière elle, et mes mains restaient immobiles, agrippant doucement celle de mon Adonis déchu. Sa tête étaient entourée d'un bandage blanc, mais ses paupières fermées étaient visibles, et j'aurai donné n'importe quoi pour revoir le bleu azur de ses yeux. Son bras gauche était plâtré mais le reste de son corps avait survécu l'accident; qu'importe, ma résolution tombait en miettes, et mes pleurs redoublaient, portant tous la trace de ma culpabilité. « Max, s'il te plait... réveille toi.. j'y arriverai jamais sans toi... » Fini l'apologie soudaine, mes larmes se calment mais mon souffle se heurte, et je reste une autre heure dans ce silence qui paralyse. Toujours rien à part un médecin et deux infirmières qui vérifient ses stats. Rien ne change, le coma, le néant, Maxwell est seul quelque part, perdu entre deux mondes, et je suis impuissante et inutile. Les médecins disent que parler aide, que certains anciens comateux ont affirmé s'être sentis guidés par la voix de leurs proches. Mais qui a t-il à dire à l'homme qu'on aime lorsque celui-ci pense que vous ne l'aimez plus ? Les mensonges sont trop nombreux à rectifier, et la vérité... Non, peut-etre que la vérité valait le coup d'être racontée. « Ils me disent tous de te parler... » j'essayai tout bas. « Ca fait sept heures que j'essaye de trouver par où commencer... » et que j'échoue misérablement j'ajoutai dans ma tête. J'étais perdue à nouveau, pas convaincue qu'il voudrait réellement m'écouter, ou qu'il me voulait dans la même pièce que lui. « Je me suis jamais autant... haïe que ces derniers mois. Je me rappelle de chacune de tes expressions, toutes celles qui étaient de ma faute. Comme la première fois où tu m'a laissé Zadig. Ou le lendemain de... cette nuit. » je finissais en un souffle, me rappelant vivement de la fois où on avait cédé, ou notre amour avait surpassé mon égoïsme et que nos deux corps s'étaient réunis, comme deux aimants qui se retrouvent enfin. « C'était lâche de ma part de t'avoir donné de faux espoirs, de t'avoir utilisé. J'étais idiote Maxwell, une pauvre conne pommée et égoïste. » Mes yeux me piquaient de fatigue cette fois-ci, mais j'étais terrorisée à l'idée de m'endormir. Et s'il se réveillait et que personne n'était là pour lui ? « T'as pas le droit de souffrir, pas comme ça, pas ici... Je t'en supplie Max te laisse pas partir; ça a pas besoin d'être pour moi, mais fais le pour Zadig, ou tes parents, tes frères... » Pas un geste ou un mouvement, juste le son de sa respiration difficile, et du bip occasionnel soulignant son rythme cardiaque. Je voulais en dire plus, m'excuser davantage, mais il devait en avoir trop entendu déjà, et je m'étais accommodée au silence de la chambre, qui m'emportait doucement dans un sommeil que je ne voulais pas.
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MessageSujet: Re: Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Between the darkness and the dawn • Lyzabeth EmptyVen 14 Jan - 23:21

Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Laxwell
i need you to come back home.



    Je dors, je meurs, je vie. Je ne sais pas. Je ne sais plus rien. Il fait noir, j'ai froid. J'entends des gyrophares s'approcher de moi. On me soulève, j'aimerais ouvrir les yeux, bouger ne serait-ce que mon petit doigt, mais je n'y arrive pas. Alors je me laisse faire, je me laisse aller, jusqu'à finalement sombrer dans un chaos sans nom. J'ai toujours imaginer la mort comme un vide, un trou noir où l'on ne ressent rien, où l'on ne voit rien, où même il nous est impossible de penser. J'ai toujours été effrayé par ce vide, par ce rien. En l'occurrence, je n'étais pas mort, puisque mes pensées résonnaient lourdement dans mon crâne. Je me parlais à moi-même. J'avais mal à la tête, comme si elle était en feu. Je ne sentais plus mon bras. J'avais mal, je souffrais. J'en pouvais plus, c'était épouvantable. J'avais l'impression d'être brûlé vif. Mais le pire, c'était que je ne pouvais pas hurler, pas crier au secours. J'étais prisonnier de mon corps. Alors, trop faible pour continuer la lutte, je m'étais laisser sombrer dans un sommeil sans fin. Je m'étais endormi dans cette chambre, une chambre toute blanche, sans couleurs, sans vie. Il y avait une présence à mes côtés, j'entendais des sons, des bips aussi. Respirer aurait pu être mission quasiment impossible, mais je ne faisais rien, rien du tout. Pourtant je respirai quand même… Je… Mais qui était ce "je", qui étais-je ? Je ne le savais même plus. J'étais perdu, et un instant même, je m'étais demandé si je ne venais pas de naître, de débarquer comme ça dans ce monde qui m'était encore inconnu. Mais je savais que ce n'était pas le cas. Je m'étais perdu. Je n'étais rien d'autre qu'une enveloppe charnelle. Cette pensée qui l'emplissait était un inconnu. Avais-je quinze ans ? Soixante ans ? Je ne le savais même pas. Angoissé, terrifié par toutes ces questions sans réponses, je me laissais à nouveau envahir plus profondément par ce chaos qui maintenant m'était familier.

    Le coma, ce n'est pas la mort, mais ce n'est pas la vie non plus. Puisque nous sommes dépendants, dépendants de machines. C'est comme une ellipse dans notre vie. Une ellipse sans durée fixe. On peut être plongé dans le coma une nuit, un mois, un an, dix ans… Personne ne sait, personne ne peut prévoir. C'est affreux, parce que dans ce cas là, tout le monde est impuissant. Le comateux est prisonnier. Les médecins ne sont pas magiciens. Et les proches, la famille, ils parlent à un fantôme, à un corps sans vie. Et ça, c'est déchirant, affligeant. On a envie de se battre, d'agir, de secouer celui qui a été enlevé par le coma, de le secouer jusqu'à ce qu'il se réveille. Malheureusement cela serait inutile. Il n'y a que le temps capable d'arranger les choses. Il n'y a que la patience pour nous tenir compagnie, bien que l'impatience nous ronge, bien que la peur nous ronge. Chaque seconde de silence alourdit la torture et nourrit l'angoisse. Chaque non-mouvement rappelle la mort menaçante. Il n'y a rien à faire dans les moments comme cela.

    J'ai l'impression de me réveiller, mais mes yeux ne s'ouvrent pas. Non, je ne me suis pas réveillé, je suis juste conscient, mais toujours bel et bien enfermé dans ce satané coma. Une voix me parle, c'est une voix féminine. J'ai l'impression de la reconnaître, de savoir de qui il s'agit. Il me semble entendre un prénom. Zadig. Un prénom qui, sans que je sache pourquoi, m'inspire tendresse et amour. J'ai l'impression d'entendre une sirène me parler d'un ange. Je n'arrive à saisir aucun autre mot que ce prénom. Mais cette voix m'apporte de la chaleur, cette voix me donne envie de me battre, de me réveiller. Elle est mon guide, ma lumière à travers les ténèbres. Je sens sa main agripper la mienne, et j'ai envie de contracter mes muscles pour lui faire signe que je suis là. Mais je n'y arrive pas. J'ai envie de pleurer, je suis à deux doigts de m'effondrer. Heureusement qu'elle m'aide à tenir bon. Son timbre, la douceur et la mélodie qui émane jusqu'à mes oreilles me calme et m'apaise. Puis, au bout d'un moment, plus rien, le grand silence. Pourtant elle est toujours là, à mes côtés. Sa main tient toujours la mienne, et je sens sa présence. Épuisé par ces quelques minutes durant lesquelles mon âme s'est éveillée, voilà que je me rendors, une nouvelle fois, me laissant à nouveau sombrer dans le chaos, dans le noir, dans le rien. Et j'espère qu'elle vienne m'en sortir, cette voix, je voudrais la retendre une nouvelle fois.

    J'entraperçois de la lumière. Il y a une lueur faible devant mes yeux. Cette lueur m'éblouit doucement, et mes paupières se lèvent. Durant quelques minutes, je ne vois rien, juste du flou. Puis ça y'est, tout devient net. Les traits de celle qui a dormi à mes côtés parviennent à moi. Elle est si belle et semble si pure. J'ai espéré pouvoir la reconnaître, savoir de qui il s'agit, mais rien. Je ne la connais pas. Pourtant elle doit me connaître. Sa main est toujours dans la mienne, et je n'ai pas envie de la lâcher. Je n'ai pas non plus envie de réveiller celle qui, à priori, m'a guidé jusqu'ici, jusqu'à la vie, enfin. Il n'y a pas d'infirmières, et je ne ressens pas le besoin de les appeler. Alors je reste là, allongé dans mon lit. Au pied de celui-ci je distingue une pancarte avec, je suppose, les relevés de mon rythme cardiaque ou autre. J'arrive à y lire mon prénom. Maxwell. Oui, ça me dit quelque chose. J'ai un vague souvenir qui me revient aussi. Celui d'être un joueur de football. Je ne saurais dire pourquoi d'un coup, je me souviens de ça, je ne saurais même pas dire si c'est vrai ou non. Quelques minutes après mon réveil, je sens la douleur m'envahir de la tête aux pieds, mais je lutte pour ne pas gémir. Non, il ne faut pas que je la réveille, elle a l'air épuisée… Alors je serre les dents, et tait ma douleur. Je tourne ma tête vers elle qui, désormais, a hypnotisé mon regard. Je la dévisage, j'apprends chaque trait de son visage, essayant de savoir pourquoi elle est là, qui elle est pour moi. Mais rien. Je grimace, ce qui me donne l'impression d'avoir tiré ma peau jusqu'au déchirement. "Hmm…" La torture est plus forte que mon envie de me taire, et voilà qu'elle bouge, doucement. Et ses yeux s'ouvrent. Je ne pense pas qu'elle m'ait vu tout de suite, mais quand son regard a croisé le mien, j'y ai reconnu comme une lueur. Ses yeux m'étaient familiers. Comme si auparavant j'avais passé au moins une année entière à les contempler. Mais ils ne m'apportent rien, aucun prénom, aucun souvenir d'une relation passée avec elle, rien. Elle n'est pour moi qu'une inconnue qui a dormi à mon chevet. Alors qu'elle semble perdue dans sa surprise, je me risque à briser le silence. "Je… euhm…" Parler m'est difficile, et ma voix est enrouée. Je réessaie. "Bonjour." Je me sens bête, je ne sais pas quoi dire. Je prends une inspiration plutôt difficilement avant de reprendre. "Je… J'ai… Mmrph…" Je commence à paniquer, alors je me tais, jusqu'à retrouver mon calme. "Je crois que… je ne sais plus… rien…" C'est flou, je ne suis pas sûr qu'elle ait compris. Sa main toujours dans la mienne, je la serre un peu plus fort, comme pour lui faire signe de ma détresse.
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MessageSujet: Re: Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Between the darkness and the dawn • Lyzabeth EmptyMar 8 Fév - 23:50

Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Laxwell
ANGELS AND AIRWAVES ιllιlı If you hear a distant sound, and some footsteps by your side. If you feel like coming round, I will take you for a ride. If you wish it, wish it now. If you wish it, wish it loud. If you want it say it now. If you want it say it loud. We all make mistakes and turn it out. We all make mistakes, here's a lifeline if you want one too. ✜ LIFELINE

Le sommeil m'avait frappé comme une masse, sans même prévenir, et ma tête était tombée sur le lit de Maxwell, juste au niveau de son épaule bleuie par le choc de l'impact. Les médecins avaient expliqué que la plupart de ses hématomes étaient bénins, mais chacun me rappelait mes erreurs et notre souffrance commune, et je me promettais silencieusement, comme un mantra formel, que jamais plus mes actions ne mettraient en danger ma famille. J'avais poussé l'égoïsme et l'orgueil à l'accès, et pourtant je n'étais pas celle à en souffrir physiquement. Il n'y avait aucune justice là-dedans, comme si la balance de Thémis s'était éclipsée sans me juger. Pour me faire pardonner une énième fois, ma main recouvrait toujours la sienne dans la capacité qu'elle pouvait, comme si l'attente de sentir ses doigts bouger n'était pas véritablement vaine. Mais rien ne pouvait nourrir l'espoir qu'il reviendrait des limbes, et mon cœur ne tenait qu'au rythme de ses propres inspirations, comme pour lui insuffler le souffle qui le rendrait conscient. La fatigue avait prit un tournant tout autre, et je ne rêvais plus que d'un néant sombre et sans vie, où mon corps et mon esprit n'avaient plus le courage de lutter contre l'emprise de la douleur et de la culpabilité. C'était un sommeil à demi conscient, comme si une partie de moi ne voulait pas quitter Maxwell, et qu'elle s'accrochait inlassablement au quelconque son qui pouvait survenir. L'attente était aussi vicieuse que l'espoir, et les deux semblaient s'être donné le mot pour étirer le temps le plus loin possible et le rendre insurmontable. Des heures pouvaient passer sans que l'espoir ne soit renouvelé, mais je refusais d'être fataliste pour cette fois-ci, même si l'instinct semblait parfois vouloir reprendre le dessus sur mon esprit. J'avais rapatrié tout l'optimisme que j'avais pu avoir depuis ma naissance dans chaque recoin de mon corps. Chaque sourire et chaque écho de nos rires me donnaient de nouvelles raisons pour me battre, pour nous, pour la famille que nous avions fondés, et pour les souvenirs que mon coeur revivait constamment. Malgré tout il n'y avait rien de positif, pas d'infime espoir sur lequel je pouvais me reposer, juste cette attente sèche et lente. Et pourtant, pourtant, un glissement de peau fut assez pour raviver tout espoir mort-né, et comme s'il avait essayé de passer outre mon état d'inconscience, mon cœur avait fait un bond dans ma poitrine, et mes yeux s'étaient ouverts. Les mouvements de Maxwell étaient tous faibles et saccadés, tout juste ce dont à quoi on pouvait s'attendre. J'arrivais à lire la douleur dans le bleu de ses yeux, ce grand Pacifique qui m'avait beaucoup trop manqué. Un grognement s'échappa ensuite de sa gorge, accompagné d'une grimace qui en d'autres circonstances m'aurait faite sourire. Cette fois-ci elle n'exprimait que le craquement de ses os et le malêtre qu'il ressentait, et j'aurai tout fait pour prendre sa douleur et la faire mienne. Plutôt mille fois qu'une si on m'en laissait la permission.

Je réalisais que l’attente était terrible parce que le dénouement était bien plus qu'imprévisible. Mais en regardant les paupières de Maxwell se lever et se relever le plus lentement possible, comme si elles aussi souffraient le martyr, tout mon corps s’arrêta de fonctionner. Pendant un laps de temps mes poumons ne respiraient plus, mon cœur ne battait plus, mes yeux ne clignaient plus, et mes os s’étaient tous glacés en un coup, percevant la délicatesse imperturbable de la situation. Puis mon cœur se bomba jusqu'à n'en plus pouvoir, et je sentis ma gorge se nouer et les larmes aveugler mes yeux; tous signe d'un renouveau que je n'arrivait pas encore à comprendre, mais que Maxwell semblait déjà vivre. Ma main libre agrippa un bout de draps, le serrant le plus fort possible et laissant apparaitre des plis imparfaits. Ca me frappais en une seconde que la chambre qui nous entourait était trop... immaculée, trop blanche, trop linéaire, trop blah. Mon regard avait été trop fatigué pour le remarquer auparavant, mais l'émergence de mon Iota me redonnait un coup d'énergie, et j'étais désormais attentive à chaque son, aussi faible soit-il, qui pourrait venir d'entre les lèvres qui m'avaient offertes un nombre incalculables de baisers. Maxwell méritait la perfection mais celle qui nous entourait était trop triste, et tout mon être semblait se revigorer d’un coup, poussé à bout par l’aboutissement de l’espoir. Vivre sans Maxwell c’était comme respirer sans envie, manger sans faim, boire sans soif; il n’y avait aucun intérêt à persévérer sans ses mots pour me rassurer, ses bras pour me réchauffer, sans la lueur dans ses yeux lorsqu’il tenait Zadig. Quelle égoïste j'avais fait, et quelle torture lui avais-je infligé. Pour quoi ? Rien, un amour bafoué et blessé. Serrant mes dents, je me relevais alors sur mes pieds, sentant les fourmis dans mes jambes me donner le tournis mais n’y prêtant aucune attention. Tout mon corps était une masse de coton, et seules mes mains avaient la force qu’il fallait pour tenir celles de Maxwell. Lui seul était important à ce moment, au diable ma fatigue et ce poids sur mon front et mes tempes. Ces derniers temps j’avais eu le temps de penser à ce que je pourrai dire, à ce que ma conscience me criait d’avouer depuis des semaines. Notre amour m’avait frappé de plein fouet, trop fort et trop chargé d’un seul coup, et Zadig m’avait ouvert les yeux en un sens, comme un frein trop brutal qui propulse les corps en avant. J’aimais notre famille à en crever, mais je m’étais oubliée sur le chemin, et une Lyzabeth que je croyais avoir oublié s’était forgée un passage dans mon cœur, lui insufflant tous ses doutes et ses vices. L’amour l’avait toujours repoussé parce qu’elle était convaincue de ne pas le mériter, de n’avoir rien à faire d’un cœur si ce n’est vivre du jour au jour avec. Maxwell avait changé tous mes principes du jour au lendemain, mais pensant jouer les altruistes, j’avais délaissé ma propre personne et perdu mes ambitions et mon histoire. J'avais transféré ma colère sur lui parce que c'était la chose la plus facile à faire, et j'étais bien connue pour jouer les lâches dans les moments critiques. Ma colère avait déteint en un semblant de regret et de mauvaise foi, et au lieu de me remettre en question j'avais fait éclater notre couple.

Maxwell en soufrait plus que tout maintenant. Du bandage couvrant sa tête aux bleus parsemants son corps, de la crispation de ses muscles aux plissements de ses yeux. Sa voix enrouée faisait battre mon coeur, et même si ses mots étaient confus, je souriais un peu plus à chacun, laissant les larmes couler librement le long de mes joues. Mais avant que je ne lui empêche de se forcer à parler davantage, je sentais mon sang se glacer à sa dernière phrase. Mais c'était impossible qu'il ne se souvienne de rien... Ca ne pouvait pas lui arriver une deuxième fois, pas encore, il avait assez souffert pour qu'on lui inflige ça. Mais peut-être que ça n'était que le choc de l'éveil; les médecins disaient que les débuts pourraient être difficiles, qu'il devrait se réadapter à son corps et son esprit engourdi par le sommeil. Il y avait eu le risque que la mémoire soit touchée par le choc, même durant l'opération... mais comment était-ce juste que ces peurs soient fondées ? Et qu'est ce qu'étais "rien" ? Pas de mémoire d'hier, de l'accident, de son plat préféré ? Ou pire... bien pire... Pas de mémoire de son prénom, de ses parents, ses frères, ses amis... son fils, pas de souvenirs cohérents entre chaque scènes, pas de lien logique... "Maxwell..." j'hésitai d'une voix tremblante. "Tu veux quelque chose ? De l'eau ? Tu dois avoir soif..." Je t'aime, je n'aurai jamais du partir, pardonne moi, je t'aime, je ne suis rien sans toi, sans Zadig; des mots qui s'étaient tous logés dans ma gorge mais semblaient ne pas pouvoir en sortir, comme si bloqués par la peur imminente qui s'installait en moi. "Tu as eu un accident... tu ne te rappelles pas ?" Je murmurai le plus bas possible, ne voulant pas le brusquer. Il devait déjà être déchiré entre confusion et doutes, et la dernière chose que je voulais était empirer sa détresse. D'une main distraite j'appuyais sur le bouton d'appel, gardant toute mon attention sur lui. Je ne voulais pas être celle avec toutes les réponses, et ses médecins avaient tenu sa vie entre leurs mains, et étaient plus à même de lui expliquer. Je sentais la pièce tourbillonner autour de moi, mais mon mari avait besoin de moi, qu'il puisse me reconnaitre ou pas. J'essayais de contrôler le rythme de mon coeur, la peur qui dansait macabrement le long de ma colonne vertébrale, mais rien n'y faisait, et je me contentai de le regarder, empêchant d'autres larmes de couler, et priant intérieurement que sa confusion n'était due qu'à son réveil.
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MessageSujet: Re: Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Between the darkness and the dawn • Lyzabeth EmptyJeu 10 Mar - 19:05

Between the darkness and the dawn • Lyzabeth By_Vividtruth_GG4 Between the darkness and the dawn • Lyzabeth Dairb Between the darkness and the dawn • Lyzabeth 2asfsafsasaf
OUR LOVE IS FAR AWAY


    Le coma. C'est un peu comme la mort en un sens, on entre dans un tunnel dont on est pas sûr de retrouver la sortie. Quand on y entre, on ne sait pas ce qui va se passer, on ne sait pas si on est condamnés, ou si on va s'en sortir. J'y suis entré, j'avais une vie, dont je me souvenais presque entièrement. Et voilà que je viens d'en sortir, mais je ne sais plus rien, j'ai tout oublié. Je ne suis plus dans le coma non, mais je ne suis pas vraiment sorti du tunnel. Je suis toujours dans l'ombre, dans le néant. C'est comme si mon réveil m'avait tiré d'un lieu tranquille à un enfer douloureux. Mais heureusement, quand mes paupières se sont levées, elle était là. Elle, cette parfaite inconnue qui paradoxalement me semblait tellement familière. Elle et son visage si doux, si apaisant. Je ne savais pas, ou plutôt je ne savais plus qui elle était, mais elle m'aspirait confiance. Je sentais à travers ses prunelles argentées un déluge de sentiments, tous mélangés les uns avec les autres. De la peur, de l'angoisse… Et autre chose, un sentiment plus chaleureux. Ce déluge de sentiments s'échappait de ses yeux. Des larmes coulant sur ses joues, comme la pluie qui pendant mon sommeil avait délavé ma mémoire, y effaçant chaque souvenir. J'avais ses mains dans les miennes, je m'y accrochais comme si elle représentait mon seul espoir, ma bouée de sauvetage. Sa voix était tremblante. Elle me rappelait mon prénom, Maxwell, un homme que je n'était plus. J'acquiesçai avant de lui répondre, toujours avec ma voix enrouée qui raclait l'intérieur de ma gorge. "Oui, je veux bien de l'eau s'il te plait…" Sa voix tremblante se transforma en un léger murmure. J'avais eu un accident, mais non, je ne m'en souvenais pas. Alors, je me contentai de secouer la tête à sa question, tandis qu'une de ses mains après avoir relâché la mienne, appuya sur le bouton d'appel. Son geste me semblait être comme un SOS, comme si elle seule elle n'arriverait pas à gérer la situation. Ses yeux étaient encore humides, et des larmes finissaient leur course sur ses joues. J'avais peur. Peur de la faire souffrir sans le vouloir, bien que je savais que c'était déjà le cas. J'attrapai ensuite le verre d'eau qu'elle me tendait, la remerciant d'un signe de tête avant de boire deux gorgées qui me firent le plus grand bien. Le reposant ensuite sur ma table de chevet, j'entendis des pas dans le couloir, des pas rapides, et des voix. Un médecin d'une quarantaine d'année et deux infirmières entrèrent dans la chambre, et à mon plus grand regret, celle qui jusque là m'avait permis de ne pas plonger dans l'angoisse relâcha mon autre main et s'écarta de moi pour laisser sa place au médecin, qui à l'aide d'une petite lumière me brûlant les pupilles venait m'examiner. Il me posa plusieurs questions, tandis que les infirmières relevaient les chiffres sur l'écran à côté de mon lit. Est-ce que je savais quel jour nous étions ? Est-ce que je me souvenais de mon accident ? De mes proches ? De ma famille ? De ma vie ? Mes réponses à ses questions furent toutes négatives. Et mon regard se posa sur mon inconnue, qui semblait détruite. Elle souffrait à cause de moi. Qui était-elle ? Comment j'allais m'en sortir ? Des larmes finirent par couler le long de mes joues, sans que je ne puisse les contrôler. Le médecin essaya de me calmer, essayant de me rassurer. Après m'avoir donné quelques cachets pour la douleur qui parcouraient mes membres et qui frappait à l'intérieur de mon crâne, on m'emmena passer des examens. Alors que je sortais de la chambre, allongé sur mon lit tiré par les infirmières, mes yeux ne quittèrent pas le visage meurtri de mon seul espoir. J'aurais voulu qu'elle vienne avec moi, qu'elle me tienne la main pendant les examens, mais elle n'en avait pas le droit. J'étais abandonné, seul dans une angoisse qui me glaçait le sang. Seul au monde…

    ✽ ✼ ✽ ✼ ✽ ✼ ✽ ✼ ✽ ✼ ✽

    Les examens révélèrent qu'en effet, ma mémoire était touchée. Mais les médecins étaient confiants. Selon eux, avec le temps, et grâce à l'aide de mes proches, tout me reviendrait naturellement. Et je finirais par me souvenir de tout. Cela devrait durer quelques semaines, et ma mémoire devrait revenir graduellement. Il suffirait que je regarde quelques photos, qu'on me raconte des évènements de ma vie. Et il fallait aussi que je me repose beaucoup. Mais l'angoisse avait toujours le dessus sur tout. Parfois, il m'arrivait de faire des petites crises, de croire que j'étais condamné. Mais on m'avait prescrit un traitement pour m'aider à surmonter cela. J'avais aussi appris qui était l'inconnue présente à mon réveil. Lyzabeth, une amie très proche. Elle avait un fils d'ailleurs, Zadig, un véritable petit ange. Aussi, ma famille était venue ma voir. J'avais un frère jumeau, ainsi qu'un autre frère. Plusieurs amis étaient passés aussi, comme Constance par exemple. Ils m'aidaient tous à leur manière, même si j'étais conscient de leur infliger à tous une peine qu'ils ne méritaient pas. Je me sentais coupable et non plus victime. Ma mère et mon père me montrèrent plusieurs albums photos, et me parlèrent de mon histoire, de mon caractères, de mes goûts. Je me rappelais désormais mon poste de capitaine de l'équipe de football, mon adoration pour les pâtes au fromage, les lasagnes et le chocolat. Apparemment je n'étais pas un mauvais garçon, du moins c'est ce qu'on me disait. J'étudiais l'Histoire, une matière qui me passionnait et dans laquelle j'étais plutôt doué. Mais c'était tout. Voilà où s'étaient arrêtés mes progrès cinq jours après mon réveil. J'évoluais de manière normale selon les médecins. D'abord je me souviendrais des petites choses avant de me rappeler du reste. Il ne fallait pas que je m'inquiète. C'était tellement facile à dire, mais au fur et à mesure des jours, je devenais un peu plus confiant. Surtout que j'avais le droit à une visite quotidienne de Lyzabeth. Elle m'aidait beaucoup. Sa simple présence m'aidait, et m'apaiser. Car je savais que je pouvais compter sur elle. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle représentait pour moi, mais je savais que je m'attachais à nouveau à elle, et qu'au jour d'aujourd'hui, elle avait une place importante dans ma vie.

    Aujourd'hui, la journée avait été comme les autres. Mes parents étaient passés ce matin, m'apportant des fruits et du chocolat, puis toutes les heures j'avais eu la visite d'une infirmière. À quinze heure j'avais eu une petite séance de sport pour ma rééducation, qui d'ailleurs se passait très bien. J'avais repris l'habitude de mon corps, et j'avais retrouvé mes muscles récemment perdus. Physiquement, j'allais mieux, ça se voyait, même si je devais toujours garder mon plâtre au bras. J'avais aussi une petite cicatrice sur la joue, et une autre sur le torse, sans compter celle qui était sur mon crâne, mais qui ne serait plus visible quand mes cheveux auraient repoussé. En attendant, je devais garder un petit bandage pour la protéger. Une fois ma séance de sport terminée et ma douche prise, je m'étais allongé sur mon lit, puis attrapant la télécommande, j'avais allumé la télévision de ma chambre. Les dessins animés, voici ce que j'avais décidé de regarder. Au moins, il n'y avait rien de tragique, mais que des histoires à la fin heureuse et où les héros s'en sortent haut la main. C'était exactement ce qu'il me fallait. Les minutes passaient sans que je m'en rende compte. C'est alors qu'elle arriva, Lyzabeth. Elle entra dans ma chambre en moins de deux. Pris de panique, je m'étais dépêché d'essayer d'attraper la télécommande pour changer de programme, mais au lieu de l'attraper, ma maladresse la fit tomber au sol. Faisant mine de rien, et cachant ma honte, je lui souris innocemment. "Bonjour."
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