12 h 00. Soit 6 heures après l'heure où Griffin aurait du décoller. Et bien c'était raté et il était maintenant obligé d'acheter un nouveau ticket direction Londres pour l'heure qui suivait. C'était con, et ce n’est pas comme si il avait plein d'argent dans les poches. Il était donc dans la plus mauvaise humeur qui soit.
Quand vint son tour pour acheter son ticket, il fut rapide -

« Je voudrais un ticket pour Londres dans le prochain avion,et vite. »

« Un bonjour ne serait pas de refus monsieur... »

Il la regarda si méchamment qu'elle n'insista pas et elle regarda l'écran pour regarder les places libres. « J'ai quelque chose en classe éco? ça vous va? » Il hocha de la tête avec impatience et plaça son bagage, sur le côté. Elle fit les procédures et après un quart d'heure d'attente impossible, il récupéra enfin son ticket. Il se sentit tout d'un coup mieux, sûr de pouvoir prendre le prochain avion et d'arriver à Londres le lendemain. Il regarda sa montre et vit qu'il n'y avait que 15 minutes jusqu'à l'embarquement. Il se dépêcha alors de se mettre dans la fil d'embarquement et 15 minutes plus tard, on embarqua.

Est-ce qu'il se doutait à ce moment là qu'il était sur le point de rencontrer une femme charmante? Non, naturellement non. Comme quoi il avait bien fait de rater son avion à 6 heures du matin, qui avait d'ailleurs été la conséquence d'un enchainement d'évènements très surprenant. Si Griffin avait l'air très bien, là, habillé d'une chemise blanche et jeans bleus, ce n'était pas par hasard. Le soir d'avant, il avait avec urgence fait entrer dans un magasin de vêtements, quelques minutes avant sa fermeture, pour trouver quelque chose à mettre pour Londres et son rendez vous important. Malheureusement, s’il y avait quelqu'un qui ne savait pas acheter des vêtements, c'était bien Griffin. Depuis tout petit, c'était les femmes de sa vie qui l'habillaient ; sa mère, ses petites amies, ses ex... Et donc il n'avait jamais eu de problème jusqu'à là. Mais hier, il n'avait pu joindre aucune et il devait se rendre à l'évidence, c'était à lui de se taper les magasins cette fois. Après une demi-heure de découragement, il avait découvert par hasard une porte et était rentré dans le local de vêtements du magasin. Et sans se rendre compte, il fut enfermé dans le magasin et très ironiquement, oh son avion partait à 6 heures.

Alors quand il s'assit à sa place dans l'avion, 43A, près du couloir, il ne se doutait pas qu'une jolie jeune femme allait s'assoir à la seule place à sa droite, près de la fenêtre. Après tout, pour l'instant c'était une terrible journée pour le jeune homme qui allait être en retard à Londres et qui avait déversé son porte monnaie pour pouvoir se repayer un ticket.
Griffin rangea son sac et s'assit de nouveau, sortant son portable pour faire l'éteindre. C'est alors qu'il sentit la présence de quelqu'un à sa gauche...

ABBYGAIL&GRIFFIN;
Everything could happen at time...

Nouvelle épopée vers Londres. A croire que sa tante aimait la faire tourner en bourrique et la faire crapahuter à travers le globe, juste pour le plaisir. Mais Abby avait appris à accepter la chose sans trop se plaindre, même si prendre l’avion, pour quelqu’un d’aveugle, pouvait paraître comme une épreuve insurmontable. Comme quoi, l’expérience faite à la force du poignet avait parfois raison de la jeunesse de Abby…Fondamentalement, la petite fille qu’elle était restée pendant des années avait fini par foutre le camp. Du coup, elle acceptait les doléances de sa tante. Il fallait dire que Abby n’avait plus que ça qui la raccrochait vraiment à la ‘vie’. Son fiancé avait été tué dans l’accident qui lui avait pris sa vue, elle avait énormément de mal à se lier aux autres, alors se vider l’esprit en prétextant sans cesse être quelqu’un d’autre était presque reposant. Mentir pour n’importe quel prétexte, ne jamais dévoiler son jeu clairement, et feindre d’être une parfaite gourde pour ne jamais attirer les projecteurs sur elle…Fatalement, elle s’en sortait plutôt bien jusqu’ici. Il fallait dire qu’elle ne s’embarrassait jamais avec des amants, n’avait plus eu de liaison depuis un lustre, et le vivait très bien. Sa solitude la rassurait, puisqu’elle n’avait pas à mentir ni à feindre une quelconque envie d’être aimable. C’était tout bonnement parfait…Même si sa ville natale lui manquait affreusement. Certes, elle allait être prochainement confortablement installée dans un avion à destination de Londres, mais elle ne savait pas ce qui la retenait parfois de s’offrir des vacances plus que méritées en Russie, loin de tout. Sans doute était-elle devenue trop dépendante de ses études pour oser faire faux bond à ses habitudes…Résultat, elle commençait à avoir sérieusement le mal du pays, bien que l’on ne puisse en décerner le moindre millimètre sur son visage totalement impassible. C’était bien simple, Abby était actuellement plongée dans un bouquin passionnant, plus précisément Hamlet de Shakespeare. Une histoire étonnante, passionnante, et qui lui faisait quitter la réalité avec un délice infini. Ce fut pourquoi elle leva à peine le nez lorsque l’hôtesse vint la chercher pour l’aider à monter dans l’avion. La jeune femme faisait son possible pour être aimable face à la jeune aveugle, qui ne dit décidément pas un mot. Elle ne ferma même pas son bouquin, se contentant de le tenir d’une main tandis qu’elle tenait de l’autre sa canne d’aveugle. L’hôtesse la conduisit jusqu’à sa place, la 43B, mais pour se faire, il fallait que son voisin de siège daigne la laisser passer.

« Il faudrait que je puisse passer, en fait. Donc lève tes pieds, t’inquiètes, je bouge pas pendant le vol. »

Abby, fidèle à elle-même, n’employa pas un seul instant le vouvoiement. Pourquoi s’embarrasser en politesses, n’est-ce pas ? Après tout, d’un seul claquement de doigt, elle pouvait forcer l’hôtesse à lui trouver une place en classe affaire pour peu qu’elle se décide à y mettre le prix. Certes, elle n’avait pas nécessairement envie de faire honneur à la confrérie Epsilon pour l’instant, ce fut pourquoi elle attendit patiemment que son voisin la laisse passer. Une fois qu’elle pu s’asseoir, elle souffle bruyamment avant de caler sa canne d’aveugle juste à côté d’elle, et de reprendre activement sa lecture. Qui était son voisin, qu’est-ce qu’il faisait là et pourquoi avait-il mis un siècle avant d’enlever ses jambes, autant dire qu’Abby s’en fichait comme de sa première robe. Du reste, elle s’était vêtue d’un ensemble blanc, chemise décolletée plus pantalon, afin de choisir la carte de la discrétion. Abby savait que sa tante apprécierait la chose…

« Je voudrais une vodka frappée, s’il vous plait. »

Avant même que l’hôtesse n’ait posé la question, la jolie jeune femme avait déjà commandé, avec un accent russe à couper au couteau. Ce n’était pas la peine que celle-ci gâche de la salive à lui balancer une carte qu’elle ne pourrait pas lire, surtout qu’elle savait déjà ce qu’elle prendrait. Dès lors qu’elle eut la petite bouteille entre les mains, elle l’ouvrit d’un geste vif avant d’en boire une légère gorgée. Se faisant, elle ne faisait pas preuve des réflexes purement alcooliques des russes : Abby était plutôt du genre à déguster ce qu’elle buvait ou mangeait. Autant dire que même le fait de boire une vodka frappée ne lui fit pas lever le nez de son bouquin, en braille bien évidemment. Comme si rien ne pouvait la déconcentrer, pas même le brouhaha qui se trouvait juste à côté d’elle : Abby faisait habilement abstraction.

Assis dans son siège, Griffin regardait tranquillement son téléphone. On l'avait appelé six fois. Il fronça les sourcils puis reconnut le nom de plusieurs amies qui répondaient seulement maintenant à ses appels désespérés du soir d'avant, pour de l'aide en question vestimentaire. Il supprima les notifications et remit son portable dans sa poche. Il sentit soudain une présence à sa gauche et leva ses yeux pour voir une jeune femme brune qui regardait étrangement le siège à côté de Griffin. Il essaya d'attraper son regard, mais étrangement elle semblait persuadée qu'il fallait fixer ce qu'il y avait à côté de lui. Il fut encore plus surprit quand elle commença à lui parler, et d'une manière si familière - attends, on se connaît? ou je suis supposé la connaître? - mais il ne se souvenait pas de sa tête et il se souvenait normalement des jolies filles. Elle lui demanda de se pousser et il le fit sans broncher. Lorsqu'elle fut assise, il se rassit et puis son regard tomba sur la canne d'aveugle qu'elle venait de poser à ses côtés : il regarda la jeune femme, puis la canne, puis la jeune femme encore une fois, et comprit qu'elle était aveugle. Et en effet, quelques secondes plus tard, elle sortit un livre en braille et commença à lire, passionnée.

Griffin resta sans voix - alors si on lui avait dit qu'il resterait bouche bée devant une femme un jour, il ne l'aurait pas cru. C'était lui le manipulateur, eh. Mais alors là, il ne s'attendait pas à ça, et d'un coup, son voyage en avion prenait une allure, certes mois ennuyante mais complètement étrange. Il se tourna vers sa voisine donc mais aucune parole ne sortit. Mais qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir lui dire... alors comme ça vous êtes aveugles? Haha c'était ridicule même d'y penser. Il pouvait lui demander ce qu'elle lisait mais étrangement tout ce qu'il aurait pu demander à une autre femme normalement, semblait un grand affront et il avait honnêtement un peu peur de son assurance. Devait-il la vouvoyer? Même si elle l'avait tutoyé? Et il s'en posait des questions - sa bouche s'ouvrait puis se refermait, qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir lui dire. Alors finalement, il se remit tête contre siège et contempla les cheveux de l'homme en face en fronçant les sourcils. Il n'aimait pas les challenge, mais alors là c'était même pas un challenge, c'était de la pure tentation.

Les surprises n'étaient pourtant pas finis. La voix de sa voisine ressurgit de nouveau, et ordonna une vodka frappée avec une telle force et détermination, que Griffin se demanda si il devait aller au fond de l'avion pour demander à l'hôtesse de l'air. Mais deux secondes plus tard, une hôtesse de l'air, aux grands yeux bleus arriva avec un grand sourire, servant déjà la vodka a la voisine de Griff. Celui ci hallucina - comment avait-elle su que l'hôtesse de l'air était là, n'était elle pas aveugle? Il se gratta la tête, étudiant le visage impassible de la jeune brune et se mordit la lèvre. Mais merde quoi, il fallait qu'il lui adresse la parole, c'était la chose la plus intéressante qu'il avait jamais vu. Et cette accent qu'elle avait. Griffin voulait mourrir- il fallait absolument qu'il lui parle.

L'hôtesse lui demanda ce qu'il voulait, et sans réfléchir, il demanda la même chose machinalement. La jeune femme à côté de lui avait déjà ouvert la bouteille et prit une gorgée, toujours plongée dans la lecture. Lorsque l'hotesse partit, il prit une grande gorgée, comme pour se donner du courage et s'adressa à elle, ses grands yeux verts la prenant en toute entier.

« Excuse moi » dit-il doucement, touchant son épaule doucement pour prendre son attention
« qu'est-ce que tu lis ? »

ABBYGAIL&GRIFFIN;
Everything could happen at time...

« Tiens, un autre qui boit de la vodka ? Ou alors c’est pour prouver ta sublime virilité que tu me suis là-dessus ? Tu aurais du mal. Mes origines jouent pour moi, mon chou. »

Abbygail n’avait vraiment pu s’empêcher de faire remarquer la chose. C’était tellement évident qu’il avait commandé cela machinalement que la demoiselle ne pu que laisser échapper un sourire, à la fois narquois et amusé. Son armure était tellement évidente que nul n’avait osé l’enfreindre jusqu’ici. La jolie russe aimait sa solitude, elle aimait être odieuse pour éviter que l’on ne s’intéresse de trop près à ce qu’elle était vraiment. C’était sa manière d’éviter toute question gênante concernant son handicap, ou même d’être considérée comme inférieure. Abby avait la prestance et le charisme de la famille Vodianova certes, et c’était grâce à ce trait de caractère purement familial qu’elle brillait toujours lors de ses examens de danse. Evidemment, son voisin de siège ne pouvait pas l’imaginer, ou même ne serait-ce que sans douter aussi ne dit-elle plus aucun mot jusqu’à ce qu’il ne prenne la parole, pour lui poser une question banale à souhait. Le pauvre garçon, il n’avait pas du savoir comment engager la conversation, et devait bien s’ennuyer dans son coin pour l’aborder de manière aussi singulière. Tant pis pour lui, il l’avait amusée. Oui, la demoiselle s’amusait de peu, et c’était un peu cruel que de rire de sa tentative de discussion…Mais Abby ne pu retenir un rire, bien qu’elle le cacha légèrement avec sa main droite. Elle ne répondit pas tout de suite, cherchant justement une réplique qui pourrait marquer les esprits : Lui dire de but en blanc qu’elle lisait Hamlet et que c’était passionnant était bien trop banal…Elle se permit d’abord de calmer son rire, avant de boire une nouvelle gorgée de sa petite bouteille de vodka frappée. Abby était presque tentée de fermer son livre, de répliquer puis de le rouvrir, comme pour prouver à cet illustre inconnu qu’il l’indifférait au plus au point, mais là encore, elle s’abstint. Elle se contenta de déposer son ouvrage sur la tablette en face d’elle, se calant d’un même coup un peu mieux dans son siège avant de se racler sa gorge, comme si elle allait faire un important discours dans la seconde. Ce n’était absolument pas le cas, et ce jeune homme ne méritait peut-être pas la salive qu’elle s’apprêtait à gâcher, mais qu’importe…Au bout de quelques secondes d’hésitation, Abby plongea son envoûtant regard bleu eau-de-mer dans le sien, avec une telle intensité qu’elle se serait presque surprise elle-même.

« Hey, arrête de croire que je vais te mordre, Body. Je crois que si j’avais voulu te tabasser, je l’aurais déjà fait depuis longtemps…Ah mais non j’y pense ! C’est toi le mec, j’aurais été désavantagée voyons. Tu devrais boire plus de vodka, ça te décoincerait sûrement. »

Abby ponctua sa phrase d’un clin d’œil, n’allant surtout pas jusqu’à le toucher physiquement. Certes, elle aurait pu lui rendre la pareille étant donné qu’il avait eu le ‘mauvais goût’ de lui tapoter l’épaule pour attirer son attention…Mais elle avait l’intention de passer son voyage dans le calme, pour une fois. Son ton avait donc été à la fois sarcastique et purement impassible, comme si elle enterrait la hache de guerre avant même d’avoir commencé la bataille. N’importe qui aurait pu croire que l’une des deux filles du mafieux le plus influent de Russie de ramollissait, mais ce n’était pas cela. Disons qu’Abby avait parfois ses moments de paix, aussi surprenant que cela puisse paraître…Et bien qu’elle ait décidé de vider le contenu restant de sa bouteille de vodka cul sec. Ce n’était pas grand-chose pour quelqu’un ayant l’habitude de boire, mais si Abby n’en avait pas eu l’habitude, elle aurait certainement été très enjouée dans la seconde qui aurait suivi. A la place, elle commanda, l’air décidé avec néanmoins un sourire planqué sur ses lèvres :

« Je pourrais avoir la même chose ? Merci. »

Son accent était décidément à côté, mais cela faisait vraiment son charme. Car cette fois, ce fut un Stewart proprement charmant qui vint lui apporter une seconde vodka frappée, même si le sourire qu’il arborait n’était aucunement visible par la demoiselle. Ca ne faisait rien, ce n’était certes pas ce qui allait l’empêcher de reprendre son bouquin, avant d’énoncer à son voisin, sans même le regarder à nouveau :

« Au fait, je lis Hamlet. Tu sais, ce bon Shakespeare, tout ça…Lui au moins n’avait pas peur des mots. Pas d’offense, hein. »

Si, en l’occurrence, son voisin pouvait très bien être offensé…Même si cette attaque ne lui était pas réellement destinée.

A la réponse de la jeune femme à côté de lui, Griffin fit un grand sourire. Alors comme ça, elle aimait faire des piques. Et bien, elle ne devait pas bien aimer la compagnie si elle repoussait les gens comme ça dès qu'ils faisaient une quelconque action - en effet, d'autres auraient sans doute laissé tomber après quelques minutes de conversation avec elle parce que les garçons aimaient être rassurés qu'ils n'allaient pas se récolter un gros vent à la fin de la conversation. Mais Griffin n'était pas comme ça - déjà, il préférait les jeunes femmes comme celle à côté de lui car elle était différente. Différente au moins de ces stupides BETA qui n'avaient pas bougé un petit doigt de toute leur existence et qui cependant avaient des banques remplies de dollars, des hommes à leur pied et un avenir tout près. Elles avaient aussi l'horrible manie de flirter jusqu'à ce que le pauvre garçon tombe pour elles et puis de l'ignorer - et si par chance le garçons plaisait et avait une chance de tomber dans leurs lit, il devait d'abord remplir toute une série de conditions copyright les BETA de Berkeley avec par exemple : est-ce qu'il est beau/riche/sportif/bien foutu/fou de moi et oh bien sûr, est-ce qu'il m'aime. Griffin ne pouvait pas les supporter, et non pas parce qu'elles ne le trouvaient pas craquant mais parce que c'était vraiment des filles sans fond. Et Griffin, qui bien sûr prenait le physique en premier pour toute relation, avait besoin d'un peu plus, un peu de mystère, d'humour et avec des cellules grises qui ne se limitent pas à disons savoir la différence entre son tee-shirt dior et celui de sa copine... qui est bleu. BREF, retournons à nos moutons, voilà Griffin assit à côté d'une jeune femme qui n'était vraiment mais vraiment pas pareil aux filles qu'il avait l'habitude de voir et ce changement faisait du bien. Et il aimait les challenge et celle là lui plaisait. Alors quand il entendit sa petite remarque, il étouffa un rire et répondit, un petit sourire au bout des lèvres. Et nul besoin de vouvoyer, elle avait bien établit cela au début.

« Ne t'inquiètes pas, je n'ai aucunement besoin de prouver cela vois tu, parce que contrairement à toi, je n'ai pas besoin d'attaquer mon voisin si il prend la même boisson que moi en prouvant MA "sublime virilité" avec mes origines.»

Quelques instants plus tard, quand Griffin lui demanda ce qu'elle lisait, question qui mènerait à une réponse longue peut-être d'un mot, il trouva étrange son manège. Au lieu de répondre du tac au tac, elle continua à baisser la tête vers son livre de braille, pour ensuite hésiter, puis prendre une boisson de sa vodka, puis se cala dans son siège, se racla la gorge - Griffin la regarda étrangement, qu'est-ce qu'elle allait faire, lui faire un résumé? lui cracher à la gueule? Envouté par cette jeune femme, Griffin attendit tant bien qu'il put au point de recommencer à parler,mais elle commença à parler, ses yeux dans les siens. Et il resta bouche bée à ce qu'elle dit, et commença à sourire, ébahit par cette jeune femme. Eh mais elle avait des problèmes de féminité ou quoi? Pourquoi elle s'énervait tellement. Elle devait vraiment détester les hommes ou quelque chose et soudain la tentative de l'approcher devint moins intéressante - ça se trouve, c'était une lesbienne qui avait été ignorée par son premier amour et qui attaquait de ses paroles maintenant tous les hommes qui se pointaient sur son chemin. Alors au lieu de répondre directement, il fit la remarque

« Tu sais tu devrais peut-être boire un peu plus aussi, j'ai l'impression que tu te sens inférieur à moi rien qu'à tes paroles. Arrêtes de t'énerver voyons, ça ne fait que cinq minute qu'on se connaît et si t'avais l'intention de me tabasser, moi je n'en ai jamais eu l'idée. » Il rit « Présentes toi plutôt - moi c'est Griffin, je suis à Berkeley et je n'ai jamais fais de mal à personne si ça peux te rassurer. »

Et quand elle lui répondit finalement à sa question de départ - il répondit du tac au tac. Il l'avait vu finir le reste de sa bouteille, peut-être qu'elle n'était pas très sobre et que de mauvais souvenirs d'hommes lui étaient venus à la tête - il avait simplement eu la malchance d'être placé à côté d'elle à ce moment là. Mais il le doutait. Tout d'elle le rendait ébahi même si sa foi en gagner sa confiance semblait impossible et qu'il y allait sûrement avoir un gros silence entre eux durant tout le voyage et pas d'adieux à la fin.

« Et ben dis donc... » il rit « t'aimes bien lancer des piques au gens ou c'est que moi? Parce que quand j'ai voulu te parler c'était dans le but de sympathiser et non pas de me faire attaquer par une russe à l'accent ridiculement sexy. »

Ouais, il était un peu en colère, peut-être que son ego était un peu touché même, il faut bien l'avouer quoi. Mais comment ne pas l'être après s'être fait traité de sous homme, de coincé et d'illettré en quelques minutes. Et Griffin préférait largement les louanges de BETA et les nuits enflammés à ce moment là. Bah, il était piqué.

Mais bon, le voilà maintenant coincé dans cette avion avec une russe énervée contre le monde et les hommes et pendant encore plusieurs heures.

ABBYGAIL&GRIFFIN;
Everything could happen at time...

« Abbygail…Abby pour les intimes, mais comme nous ne le sommes pas, on va s’en tenir au prénom entier, hein ? »

Oh, Abbygail savait pertinemment que son comportement commençait à piquer sérieusement l’orgueil du jeune homme, mais elle n’en avait rien à faire. C’était tout elle, ça…Tester d’abord, apprécier ensuite, tout en rattrapant habilement son tempérament proprement insupportable. Elle n’avait jamais été habituée à ce que l’on lui mange dans la main, et par conséquent, elle n’était pas douce en retour. Cela étant, elle ne pouvait dénier que le compliment dissimulé de ce Griffin lui fit plaisir : Le ridiculement était peut-être de trop dans la phrase, mais comment lui en vouloir ? Il était sûrement de ces étudiants de Berkeley qui se croient irrésistible, à qui l’on lèche les bottes à tout instant, et qui n’ont pas un sou de modestie. Au moins, si Abby lui avait appris à être un tant soit plus discret et modeste, sans doute avait-elle gagné sa journée. Mais elle doutait qu’il fasse partie du clan rare des hommes prêts à évoluer. N’existe-t-il pas un dicton qui dévoile que les hommes sont incapables de changer, d’évoluer ou de progresser ? Bien sûr que si, cela doit forcément exister, puisqu’elle avait vérifié la chose à l’expérience. Ce n’était pas pour cela qu’elle était allergique à la gente masculine, puisqu’elle avait été fiancée avant que son bien aimé ne décède dans l’accident de voiture qui lui avait coûté la vue, mais elle n’aimait pas se faire embobiner. Elle jouait donc clairement carte sur table, jouant la carte de l’indifférence avec un tel aplomb que c’en était sûrement insultant pour ceux qui ne souhaitaient qu’une chose : Obtenir son attention, ne serait-ce que pour quelques secondes. C’était ainsi qu’elle analysait le comportement de Griffin, visiblement bien malchanceux d’être tombé sur l’impassible Abbygail Vodianova pour son voyage jusqu’à Londres. Ce fut également pourquoi elle éclata de rire après quelques secondes de silence entre eux. Celui-ci passa inaperçu des autres, qui discutaient tous de choses et d’autres. Mais la demoiselle ne retint pas une seconde de plus son amusement face à la situation. Pourquoi se priver d’un peu de moquerie gentillette ? Non pas qu’il l’ait particulièrement méritée, mais il n’empêche que ses réactions la faisait rire, et il pouvait bien croire ce qu’il voulait, c’était un état de fait suffisamment rare pour être noté. Elle referma son bouquin, sans pour autant le regarder immédiatement, souhaitant tout d’abord calmer son rire avant de reprendre, d’une voix nettement moins glaciale :

« Qui te parle de vendetta ou d’envie de tabasser ? J’suis désolée monsieur propret, mais je préfère être glaciale d’abord pour voir ce que les gens ont dans le ventre. Je tombe tellement souvent sur des lourdingues qui ne méritent même pas qu’on leur offre un grain de riz qu’il n’y a pas de mal à être sur la défensive, hein. Après, si tu es habitué à toutes ces mijaurées qui battent des cils dans leurs robes super provoc et que tu jettes après utilisation…T’as frappé à la mauvaise porte, c’est clair. »

Abby continuait à siroter sa vodka tandis qu’elle donnait ce semblant de leçon de vie au jeune homme, qui lui était pourtant inconnu il n’y avait pas une heure. Peut-être qu’il n’était pas à jeter par la fenêtre tout de suite, néanmoins, une large part de prudence restait habilement placée sur la façon de faire de la demoiselle : Hors de question de lui accorder trop de crédit ou de terrain d’entrée de jeu…S’il appréciait la bataille, alors il gagnerait sa confiance avec la bonne vieille méthode. Patience est maîtresse de sûreté, non ?

« Oh et pour info, je suis parfaitement calme. Tu m’as jamais vue en rogne, voilà tout…Désolée, héritage russe, je n’y peux rien ! Héritage familial, tout bien réfléchi. Mais c’est sûr que tu es parfait. Pour ça que tu n’as vu que ma colère sans comprendre pourquoi je t’envoie délicieusement chier depuis tout à l’heure, monsieur propret. Rien à voir avec la virilité, j’suis pas un mec et heureusement. Les mecs savent pas draguer, bon dieu… »

Aie…Maintenant qu’Abby s’était accrochée à ce nouveau surnom, Griffin était bon pour l’entendre tout au long du voyage. Mais elle n’était pas désagréable pour autant. Un peu moqueuse, certes, mais nettement plus souriante qu’au départ. La preuve en était faite, elle n’avait plus son bouquin dans la main, uniquement la petite bouteille de vodka frappée qui rendait ses doigts tous froids. Mais elle le regardait plus ou moins dans les yeux, c’était déjà ça de gagné. Elle ne comprenait absolument pas pourquoi il voulait à tout prix parler avec elle alors qu’ils pouvaient très bien s’ignorer jusqu’à l’arrivée, mais soit, s’il voulait risquer de se brûler les ailes, Abby pouvait difficilement faire les prudes ou les mijaurées indéfiniment. Mais il ne fallait pas qu’il s’attende à ce que cela soit facile…La jolie russe était sûrement la fille la plus difficile à charmer de Berkeley ! Sûrement parce qu’elle ne pouvait pas voir les gens et qu’elle n’éprouvait aucun besoin d’être avec quelqu’un. C’était ça, sa véritable force dans le fond.

« En fait, j’ai un avantage. J’peux pas vouloir te draguer si je ne te voie pas. Pour te voir, faudrait que je touche ton visage, et je le ferais pas avant d’avoir bu un litre de vodka cul sec. Pour info, je suis sobre…Question d’héritage, j’crois pas que tu puisses comprendre, petit casanova. Enfin, petit…Simple supposition, va pas froisser ton orgueil illico, j’ai pas de fer à repasser sous la main. »

Abbygail... tiens c'est joli, pensa Griffin lorsque la belle lui donna son prénom. Mais elle ruina tout en continuant de parler, une fois de plus, de manière non civilisé. Abby pour les intimes, mais lui évidemment était bien loin de cette notion et devait s'en tenir à Abbygail. Oui il comprenait, tout à fait même, mais fallait-il vraiment ressortir la distinction entre eux? Elle aurait pu tout de même dire son prénom et arrêter de parler avec un petit sourire. Mais évidemment, la miss n'était pas comme les autres et ne s'en défendait pas - si une autre avait eu l'occasion d'être coincé dans un avion avec lui pour plusieurs heurs, elle aurait de suite fait tout pour en connaître plus sur lui, mais Abbygail, elle, ne lui avait même pas demandé son prénom. Comme quoi, il fallait s'attendre à tout avec elle et surtout pas de civilités. C'est pourquoi Griffin arrêta de parler, un peu déçu du manque d'intérêt d'Abbygail et surtout, plus d'inspiration car il allait de toute façon se faire flinguer à chaque parole. Il regarda autour de lui, les gens lisaient tranquillement ou regardaient par la fenêtre - c'est peut-être ce qu'il aurait du faire, c'est à dire qu'il aurait du laisser tomber depuis le début, comme les autres. Parce que maintenant il était coincé sur un avion avec elle et ben... c'était pas très sympa comme ambiance. Il tourna ses yeux vers son visage délicat et elle, qui devait avoir aperçu le silence depuis un petit moment, éclata de rire. Il ne savait pas trop quoi en penser et la regarda, ranger doucement son livre Hamlet, prince de Denemark, pour ensuite prendre un peu de temps avant de lever les yeux vers lui, afin de lui adresser la parole. A la surprise de Griffin, la voix était nettement moins glaciale et il écouta, un demi sourire aux lèvres, la jeune femme parler.

La première chose qui fit Griffin sourire de plus belle - fut le surnom qu'elle lui donna. Mr propret. Il aurait bien rigolé si ce surnom était destiné à un autre, mais puisque c'était en fait pour lui même, il garda la même expression. Elle continua à parler, toujours un peu sur sa défensive mais Griffin s'y habituait - il fallait dire qu'il ne la connaissait vraiment pas encore et encore moins dans son état normal. Rah mais il l'aimait comme ça, et cette étrangère lui plaisait de plus en plus il fallait bien le dire. C'est à ce moment là qu'elle précisa qu'elle était tout à fait calme. Il rigola à l'intérieur de lui même - ah vraiment? calme? Griffin ne le pensait pas.

« Je vois que tu as une certaine image de moi, et si tu veux savoir, je préfère les filles qui ont un peu plus qu'un grain de sel dans le crâne, même les robes super provoc, ça passe bien. » Il rit, charrieur. Et ses yeux regardèrent la jeune fille tout en large pour une fois - il fallait bien avouer que les vêtements plus couverts avaient aussi un certain charme sur elle... mais ce n'est pas lui qui allait avouer ça à la russe coléreuse. « Non t'inquiètes pas. Je recycle, je jette pas - j'ai un peu de cœur. » Il rit, se demandant si elle allait le prendre au sérieux, s'offusquer, et demander à changer de place. Son pauvre cœur féministe... La phrase qui suivit le fit bien rire - alors comme ça il ne savait pas draguer? Ou plutôt elle avait dit, les "mecs" en général ne savaient pas, mais Griffin voyait bien que c'était destiné pour lui. Griffin sourit alors et répondit un sourire moqueur au lèvre.

« Alors comme ça je ne sais pas draguer? Mais ma belle, il suffisait de me demander. Je n'essayais pas de draguer mais de faire ta connaissance au lieu de te toucher les fesses au premier abord comme un connard. » Il pensa ensuite à la façon dont son physique était d'abord ce que les filles voyaient en lui. Là, avec Abbygail, ça marchait pas vraiment comme ça, et il se sentait presque moins confident - après tout c'était pas juste. Et les propos de la belle confirmèrent ce qu'il pensait. Elle ne pouvait le voir, et ainsi n'avait pas besoin de draguer. Il rigola à sa prochaine remarque et répondit ; « Boire le litre de vodka cul sec c'est toujours une option? » Il rit « Non mais t'as raison, après tout ce n'est pas très juste... je ne peux que te plaire à travers des mots alors que toi rien qu'à regarder tes yeux... » il s'arrêta, un peu confus par ses paroles, où allait-il là. Puis il reprit sa bonne humeur et rit « dis moi, madame la russie, une autre vodka vous plairait-il pendant que je vous récite To be or not to be de Hamlet ?»

ABBYGAIL&GRIFFIN;
Everything could happen at time...

« Ouais, recycler c’est sûr que c’est plus classe…Je suppose donc qu’avec tes potes vous jouez aux gros bras qui se passent mutuellement les nanas, hein ? Désolée, j’suis pas un trophée. Quand je me donne, c’est tellement à bloc que j’épuise…J’peux donc pas être réutilisée, la plupart du temps. »

Abbygail ne pu s’empêcher d’afficher un clin d’œil suivit d’un sourire amplement amusé. C’était tellement facile de provoquer Griffin qu’elle ne pouvait pas ne pas céder à la tentation. Après tout, une bonne joute verbale n’a jamais fait de mal à personne, n’est-ce pas ? Il était probablement le seul voisin de siège qu’elle ait pu supporter dans tous ses voyages, et c’était suffisamment unique pour être noté précieusement. Il n’avait pas l’air d’être le premier imbécile à draguer une comparse de vol un peu jolie…Par conséquent, la blondinette n’avait aucune raison de montrer les griffes. Certes, il ne fallait pas trop en demander, elle allait continuer à lui chercher des poux jusqu’à ce qu’ils atterrissent à Londres, mais c’était de bonne guerre. La demoiselle savait être tellement plus méchante qu’il avait sûrement fini par comprendre qu’elle ne lui voulait pas de mal à lui en particulier. C’était simplement sa façon de s’exprimer, un peu brutale sur les bords, afin d’éviter d’être prise pour la première nouille venue. Après tout, elle était loin d’être bête, et sa culture témoignait d’une haute éducation, même si sa famille n’avait strictement rien d’extraordinaire. Ce n’était pas pour rien qu’elle ne se confiait jamais, et n’entrait jamais dans les détails lorsque d’aventure elle s’amusait à parler d’elle. Avoir un père mafieux, une jumelle plus menteuse qu’un agent de la CIA et une tante justement directrice d’un bureau aux services secrets…Il y avait de quoi envie de devenir une minuscule petite souris, capable de disparaître à l’œil nu en l’espace de quelques secondes. Seulement, il n’était pas question d’établir son arbre généalogique en présence de Griffin. Une simple conversation ne coûte rien, n’engage à rien, et il semblait être assez fin pour comprendre qu’ils ne se reverraient sûrement jamais. Une aveugle, aussi jolie soit-elle, ne peut qu’être solitaire afin d’être sûre qu’on ne la prenne pas pour une buse. Il y avait là un triste bilan de situation…Mais c’était nettement plus confortable ainsi.

« D’accord, t’es pas un dragueur de première. T’es sûrement un vil séducteur briseur de cœur et tout le bataclan en temps normal, mais t’as l’air assez intelligent pour comprendre que c’est pas la peine…Le fantasme de l’avion, ça va bien cinq minutes, hein ? »

Comme pour couvrir ses arrières, Abby émit un énième sourire…Sauf que celui-ci faisait presque peur, comme s’il s’agissait là d’un avertissement. S’il était effectivement aussi intelligent qu’elle l’imaginait, alors il saurait lire entre les lignes.

« Rien qu’avec les yeux on me mangerait bien, c’est ça ? Attends, laisse-moi juger si seulement les mots sont intéressants chez toi. »

Abby se tourna autant qu’elle le pu vers Griffin, les traits de son visage étant soudainement marqués par une impassibilité profonde. Lorsqu’elle était comme ça, c’est qu’il n’y avait aucune raison de craindre quoi que ce soit, mais également qu’elle s’apprêtait à faire quelque chose d’important. En l’occurrence, elle leva ses mains jusqu’à ce que celles-ci frôlent le visage de Griffin. Vous l’aurez deviné, la jeune aveugle avait l’intention d’imaginer les véritables traits de son joli minois en les touchant, comme tout non voyant se respectant. Le toucher était bien le seul sens à pouvoir la renseigner sur le caractère marqué de ses traits. Voilà pourquoi ses pouces se mirent à caresser délicatement ses pommettes, remontant légèrement sur le haut de ses joues, avant de frôler ses sourcils et d’esquisser un léger sourire. Ses mains se perdirent l’espace de quelques minutes dans ses cheveux, qu’elle évita d’ébouriffer avec trop d’ardeur, avant de laisser ses doigts redescendre progressivement vers ses joues, puis vers son cou. Abby aurait pu descendre très loin ainsi, mais elle se retint. Le but de l’exercice était d’imaginer son visage, pas de violer d’une quelconque manière que ce soit ou même, dans une certaine mesure, de le charmer. Elle se contenta donc de pencher son visage afin d’humer son parfum de plus près, s’enivrant de cette fragrance particulière durant quelques secondes avant de s’écarter, reprenant le contrôle de ses mains qu’elle replaça sur ses cuisses avant de se tourner, sans même rougir. Au fond, elle avait pris l’habitude d’agir ainsi, elle ne pouvait donc pas en être gênée.

« Oui, je dirais que tu dois être particulièrement séduisant. Rien que ton parfum est très intéressant…Un choix un peu radical, mais judicieux. »

Abby finit sa deuxième petite bouteille de vodka, comme pour marquer le fait que l’invitation de Griffin n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Elle fit un signe à l’hôtesse, qui n’était visiblement jamais loin d’eux, afin d’en commander davantage et de passer un moment plus « détendu » en sa compagnie.

« J’suis curieuse de voir comment tu vas me réciter Hamlet, espèce d’illettré propret ! »