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il y a plus de larmes versées sur la terre qu'il n'y a d'eau dans l'océan ~ roxane & jaymes

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MessageSujet: il y a plus de larmes versées sur la terre qu'il n'y a d'eau dans l'océan ~ roxane & jaymes il y a plus de larmes versées sur la terre qu'il n'y a d'eau dans l'océan ~ roxane & jaymes EmptyDim 5 Aoû - 17:29

•• La vie ne tient qu’à un fil. C’était devenu une des phrases que j’empruntais le plus. Le passé, c’est le passé. Ça c’était autre chose. C’était beaucoup plus dur à surmonter que le présent en lui-même. J’étais une fille qui vivait encore dans ses souvenirs. La fille qui n’arrivait pas à faire son deuil. Mais en réalité, est-ce qu’on le fait vraiment un jour ? Le temps efface et guérit les blessures. Je n’en étais pas aussi certaine que ça. Quatorze ans après, les blessures étaient toujours là. Et ma chair était à vif. Si cette pensée était vraie, je serai probablement en train de pisser le sang. Mais non, c’était bien ancré au fond de toi. C’était un truc dont tu ne pouvais pas te débarrasser aussi facilement. Je refermais mon bouquin de littérature, pour le jeter sur mon lit. « C’est des conneries tout ça. » disais-je, en soupirant. Tant pis, j’allais rendre un devoir à moitié rempli. Mais je ne pouvais pas écrire sur les blessures. J’avais déjà du mal à retranscrire mes émotions à l’extérieur, alors sur le papier… C’était encore pire. Mais ça, personne ne le savait. A part quelques personnes de mon entourage. Je me demandais comment j’avais réussi à ne pas aller chez un psychologue. J’aurai pu y aller mainte fois si mes parents avaient du répondant. Mais à cette époque, j’étais pire qu’instable. J’en voulais à la terre entière, j’en voulais à mon père qui conduisait la voiture. J’en voulais à Dieu tout puissant soit-il, de m’avoir pris ma sœur aussi jeune. A mon adolescence, j’étais impuissante. Et je remarquais qu’à vingt-et-un ans, je continuais à faire fonctionner mon mal-être. Faut croire que finalement, j’aimais bien souffrir. J’étais certainement aussi masochiste qu’un SM lui-même. Sauf que moi, je ne prenais pas mon pied. J’étais n’empêche une bonne comédienne. On pouvait me décerner la palme de celle qui cache le mieux ses sentiments. Je gardais tout ceci en moi, parce que c’était mon jardin secret. Et même si certaines personnes étaient au courant, elles ne savaient pas tout. Au diable la littérature ! J’avais besoin de sortir prendre un peu l’air. Perdita n’était pas là, et heureusement. Si elle me voyait dans un état second, j’étais certaine d’avoir le droit à un discours sur le deuil, et sur la vie qui se poursuivait devant moi. Certes, je n’avais pas le droit de la gâcher mais Laurane, l’avait-elle demandé ? Non. Au final, je n’étais qu’un vulgaire moustique aux yeux du monde entier. J’allais un jour ou l’autre la rejoindre. Et bien évidemment, j’avais hâte. Je regardais ma caméra, dont je ne me séparais jamais. C’était un peu une confidente pour moi, mais sans que celle-ci ne puisse ouvrir la bouche. Parfois, j’avais besoin d’évacuer sans avoir une personne en face de moi qui le prendrait probablement mal. Je n’avais envie de blesser personne, j’avais simplement besoin de me retrouver seule. Le meilleur endroit pour ça était la plage. Je me décidais enfin à prendre ma caméra, mon téléphone portable et mes clefs de voiture. Et que personne ne m’empêche de partir. La solitude me permettait aussi de me sentir mieux après avec mes amies. Autant tout sortir maintenant, sinon jamais.

J’étais simplement à quelques minutes de la plage de San Francisco. En voiture, c’était dans la poche en vingt minutes sans les bouchons quotidiens. J’avais la chance de débarquer sur la plage un samedi après-midi. Le samedi comme tout Californien qui se respecte, était attribué très souvent au shopping. Faire les magasins n’allait certainement pas m’aider à me sentir mieux. Voir l’horizon, et les vagues me donnaient un air mélancolique. Nostalgique des années passées. Je fermais ma voiture à double tour, puis je me dirigeais rapidement vers le sable. Je me rendais compte que le sable entrait rapidement dans mes chaussures en toile. « Et m*rde… » disais-je, en retirant mes chaussures. Je les laissais en plan. Je n’étais pas folle. Je n’étais pas allée sur la plage hyper fréquentée non. Là, j’étais certaine de trouver quelqu’un pour venir me déranger. Je connaissais un petit banc de sable, qui devait faire la taille de deux maisons en longueur. Il était assez connu des jeunes étudiants qui faisaient la fête le soir. Moi, j’y allais quand j’avais un coup de blues. Il n’était pas très grand en longueur, mais en largeur il était assez impressionnant. Plus j’avançais, plus le vent commençait à faire virevolter mes cheveux. L’air marin était bel et bien là, et me faisait du bien. J’ouvrais ma caméra, pour appuyer sur la touche play. J’avais envie de lui parler, j’avais besoin de lui parler. J’aurai probablement tout donné pour entendre le son de sa voix au moins une seule fois. Ou même l’entendre prononcer mon prénom, avec son joli rire cristallin. Les vieux souvenirs se bousculaient dans ma tête. Je filmais l’étendue de sable, et mes pieds qui marchaient à vive allure. Puis je décidais de braquer la caméra vers les vagues. Mes cheveux se bousculaient devant mes yeux. « Regarde ça ma chérie, n’est-ce-pas magnifique ? » disais-je, en tournant la caméra sur moi. Je souriais bêtement devant l’objectif. J’étais persuadée qu’elle m’observait. « J’aurai aimé que tu vois ça, au moins une seule fois dans ta vie. » Je tournais à nouveau la caméra vers les vagues. J’avançais, encore et encore. C’était bête, mais je me sentais libre. Les gens qui passaient à côté du banc de sable pouvaient penser que j’étais narcissique. Que je me filmais seule, en train de parler pour le fun. Mais quand on est seule et quand on a besoin de parler, on est au fond bien content d’avoir quelque chose ou quelqu’un à qui parler. Je parlais à ma sœur par le biais de ma caméra. Je touchais le collier que j’avais autour du cou. Ce collier contenait la seule et unique photo que j’avais de ma sœur jumelle. J’avançais encore, et me retrouvais les pieds dans l’eau. Elle n’était ni trop froide ni trop chaude non plus, c’était la température idéale. « J’ai toujours pensé que tu étais là-bas de l’autre côté, et que tu m’attendais sagement. » disais-je, en montrant l’océan Pacifique du doigt. Je riais nerveusement, puis refermais ma caméra. Je me trouvais stupide. Les larmes me montaient facilement aux yeux, comme si c’était devenu un automatisme. Prononcer son prénom le déclenchait souvent aussi. La nuit, je rêvais souvent de cet accident. Soit en cauchemar, soit en rêve. Le rêve qu’il ne se soit jamais produit. J’aurai probablement été une autre personne, à ses côtés. D’un revers de la main, j’essuyais les petites larmes qui coulaient sur mes joues. Je reculais afin de sortir mes pieds de l’eau, puis m’installais sur le sable sec. Je rangeais ma caméra dans mon petit sac, prévu à cet effet. Et je restais là, devant l’eau, silencieuse. Mes yeux me piquaient, remplis de larmes. Je restais là, à admirer l’horizon. Il n’y avait pas un seul bruit, juste celui du vent et des vagues qui mourraient sur le sable mouillé. Je ne voulais surtout pas être dérangée, pas maintenant. Je n’avais pas envie que quelqu’un me voit en train de pleurer ma sœur, évacuer ma tristesse, et nourrir ma colère. ••


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MessageSujet: Re: il y a plus de larmes versées sur la terre qu'il n'y a d'eau dans l'océan ~ roxane & jaymes il y a plus de larmes versées sur la terre qu'il n'y a d'eau dans l'océan ~ roxane & jaymes EmptyJeu 16 Aoû - 1:36

1100ÈME MESSAGE POUR TOI :plop:
« Carpe diem quam minimum credula postero » avait un jour écrit un célèbre poète latin portant le nom de Horace. Cette phrase fut reprise plus tard par bons nombres poètes faisant partie du mouvement littéraire des romantiques. Cueille le jour, sans te soucier du lendemain, c'est ainsi que nous pouvions traduire cette phrase relevant de l'épicurisme. Dans mon enfance, au plus j'en savais sur l'Antiquité au plus je pouvais confirmer la théorie disant que cette époque fût la plus belle et la plus intelligente que l'humanité eut traversée. Il est difficile de croire, que des gens ayant vécu plusieurs siècles avant nous pouvaient avoir bien plus d'avances intellectuelles sur nous et pourtant c'était bien le cas. Peut-être n'avaient-ils jamais eut l'idée de créer une plateforme où les populations du monde pourraient communiquer entre elles par le biais d'un ordinateur ou d'un téléphone, mais on pouvait dire que les philosophes, poètes, musiciens, écrivains ayant fait partie des siècles antérieurs au notre avaient tout compris à la vie, à la vraie vie. Notre passage sur Terre, est aussi fin qu'un cheveu, aussi bref qu'un soupir. Il est clair qu'en un rien de temps, nous nous retrouverions dans l'au-delà avec nos proches, morts avant nous durant cette lutte sans merci qu'était la vie. Il y a des moments, où les gens regrettent leur existence, pour ma part, cela m'est très peu arrivé. Dans un sens, c'était assez idiot de se dire que nous ne voulions pas être en vie, car c'était bel et bien le cas, nous respirions, nous pensions, bref si l'on ne voulait plus du cadeau ultime qu'était la vie, il ne restait plus qu'à se tirer une balle dans la tête ou autre. Ainsi était ma vision des choses, notre vie sur Terre n'était pas aussi merdique à tel point que nous voulions mettre fin à nos jours. Rien n'était vraiment dramatique, tout était surmontable, c'est seulement lorsque nous faisions face à nos sentiments, que tout se compliquait, que tout basculait du côté obscure. Il ne fallait pas être idiot pour se dire que nous devions ignorer ces petites choses que nous sentions au fond de nous, dans notre coeur. C'est ce que j'aifais moi, durant toute ma vie. Je repoussais mes sentiments et voilà comme j'étais, un coeur de pierre. Non, ce n'était pas une mauvaise chose, beaucoup pourrait le croire, mais moi pas. Si jamais j'avais eu le malheur d'écouter mes sentiments, je ne serais plus qu'un gars ordinaire qui se ferait sans doute bouffer par tout le monde. Actuellement, j'étais un garçon plein de charmes, un mec, fils d'un ancien Premier Ministre anglais qui avait n'importe quelle fille à ses pieds, j'étais un requin et pratiquement tout le monde devait se méfier de ma présence lorsque j'étais là. La vie ne m'a pas fait de cadeaux non plus, on pouvait croire que le luxe et l'argent pouvaient en être deux beaux, mais il fallait voir l'état de notre « belle famille » qui n'était qu'une image de marque pour mon paternel. La famille Brown était plutôt désastreuse, surtout depuis la fausse couche de ma mère. La mort de mon petit frère avait creusée encore plus le fossé qui séparait mes géniteurs entre eux. Ainsi que moi, j'eus le coeur en miette. C'est d'ailleurs la seule fois où j'avais été triste, et où je pouvais l'être encore. Je n'ai jamais eu l'occasion de connaître celui qui aurait dû être mon petit frère. Souvent, je m'imagine comment il aurait pu être à notre époque, physiquement, mais aussi mentalement. Je m'imaginais souvent notre superbe relation fraternel, il y aurait, certes, eu des hauts et des bas entre nous, mais sans doute plus de hauts pour quelques bas. Nous serions tous les deux dans la même université, je suis sûr qu'il aurait accepté de me suivre à Berkeley, je ne sais pas en quoi il aurait pu étudier, je n'arrêtais jamais de penser qu'il aurait pu faire un grand métier, à la hauteur de notre nom. Un métier tel que chirurgien, avocat, psychologue ou autre. Quoi qu'il en soit, c'était assez frustrant de penser à lui, car avant même qu'il ne découvre pour la première la douce lumière du soleil, ou l'air qui lui permettrait de respirer, il était mort. C'est comme si on lui avait coupé l'herbe sous le pied. Personnellement, je ne crois pas au destin, dire que c'était le sien, c'était complètement absurde, pourquoi lui ? Pourquoi serait-il mort avant même de ne connaître la vie ? Pourquoi des crétins, des assassins et autres pouvaient vivre et pas mon petit frère, ce brillant futur chirurgien, avocat, psychologue ?

Aujourd'hui, j'avais mal au coeur. Je ne parlais pas de maux que l'on a lorsque nous sommes malades, que nous dégueulons le contenu épais ayant macéré dans notre estomac. Ma douleur était fictive, du moins, c'est ce que je m'efforçai de me dire. En me réveillant ce matin, j'eus pris connaissance que cela faisait maintenant dix-huit ans que mon frère était mort dans le ventre de ma mère. Malgré les années passées, le fait que je ne l'ai jamais connu, j'étais plus ou moins bouleversé par ce jour très spécial. Jamais, je n'avais oublié l'anniversaire de sa mort, non jamais. C'était une date qui m'avait marqué et qui restera dans mon gros cerveau jusqu'à la fin de mes jours, je le savais. Me saisissant de mon cellulaire, je composais un numéro de téléphone de douze chiffres. « Jane Packer à l'appareil, je vous écoute » entendis-je dans mon téléphone. « Bonjour, ici Monsieur Macauley-Brown à l'appareil, je souhaiterai faire parvenir un assortiment de bouquet à placer dans le mausolée familiale, vous connaissez la chanson je suppose. » dis-je à la femme qui avait décroché le téléphone. Cette femme me connaissait, toutes les années, elle avait l'occasion de me parler, car toutes les années, je faisais parvenir des fleurs auprès de mon petit frère qui était enterré dans le mausolée de la famille Brown. J'avais ma place, juste au-dessus de lui et dès lors que je perdrai la vie, je pourrai me mettre au-dessus pour le protéger dans la mort. Quoi qu'il en soit, je détestai ce jour maudit, encore plus aujourd'hui, car je ne pus lui rendre visite. Ayant quitté Londres pour venir terminer une affaire ici, je ne pouvais pas être auprès de ma famille, mais qu'importe, même à des milliers de kilomètres, j'honorai sa mémoire en pensant à cet être qui ne vit jamais le jour. Sans grand but, je quittai l'université dans ma belle décapotable rouge et rouler, rouler encore et toujours. Je pris n'importe quelle route, je visles paysages citadins défiler autour de moi et au bout d'une heure de route, je me retrouvai sur la côte de San Francisco. J'y connaissais un magnifique endroit, où je pus un jour conclure avec une jolie demoiselle. Faire l'amour à la plage, rien de plus merveilleux ne trouvez-vous pas ? Quoi qu'il en soit, il m'avait semblé que cet endroit était isolé et seulement utilisé pour des fêtes nocturnes. Étant en pleine journée, je doutai fort qu'il y est quelqu'un. Sortant de ma voiture flambante, j'ôtais mes chaussures en cuire ainsi que mes chaussettes pour les prendre dans la main. Le contact du sable légèrement humide me fit un bien fou, j'aimais cette sensation, c'était agréable les jours d'été. J'avancai à pas lent, respirant l'air marin qui me faisait un grand bien, lors de mon arrivée à San Francisco, ce fut la première chose que je visitai, la côte. Je n'avais jamais vu l'océan, ce grand étendu d'eau qui était sur plusieurs millier de kilomètres... Je trouvais beaucoup de réconfort à être ici, mais ma surprise se fit lorsque je vis que je n'étais pas seul à vouloir profiter de cet endroit. Nous étions nous deux, ici, seuls. Aurais-je pus un jour me dire que cette femme, celle assise sur le sable non loin de moi serait mienne ? Non, je ne crois pas. Et pourtant...
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•• Ma main restait posée sur mon collier. Je n’avais jamais enlevé ce collier depuis la mort de ma moitié. Il était en quelque sorte, la dernière chose qu’il me restait d’elle. C’était son collier. J’avais simplement changé la chaîne, parce que j’avais grandis. Je grandissais mais elle, n’était pas là. Elle ne restait qu’ancrée dans mes souvenirs, dans des vidéos. Et encore, ma sœur n’aimait pas vraiment se faire prendre en photo ni même se faire filmer contrairement à moi qui faisait tout le temps l’imbécile devant la caméra. Finalement, je regrettais de ne pas avoir forcé mes parents à avoir quelques images d’elle. A force, je n’arrivais même pas à me souvenir de son visage. La photo continuait à retracer ses traits qui commençaient à s’effacer peu à peu de ma mémoire. Je me maudissais au fond de moi, de commencer à l’oublier. Le temps passait. Quatorze ans après les faits, même si je n’oubliais pas ma douleur, j’arrivais quand même à oublier son visage rieur. Le temps finissait par tous nous rattraper, d’une façon ou d’une autre. Tout le monde passait de l’autre côté. Il y avait simplement des personnes qui passaient avant que leur heure vienne. Je trouvais cela bien injuste. Mais c’était une triste réalité. Le plus dur n’était pas pour la personne qui rejoignait l’au-delà mais pour ceux qui restaient sur Terre. Il fallait vivre avec l’absence de l’être perdu. Finalement, je refusais justement cette absence. Même si j’oubliais son visage, je ne prenais plus le temps de vivre ma propre vie. Je passais complètement à côté de la mienne, parce que la sienne s’était arrêtée brusquement. C’était les faits inexpliqués que la gémellité. Je ne pouvais pas expliquer ce lien qui nous unissait. Nous n’étions que deux gamines mais on pensaient comme une seule et même personne. C’était bizarre, mais j’aimais cela. J’aimais cette proximité entre nous. Puis ce jour-là, ce lien fut brisé. Perdre un jumeau, c’était comme perdre une moitié de soi. J’expliquais cela souvent à mes parents, qui ne comprenaient pas toujours pourquoi je me mettais dans des états pareils. Ils n’en savaient rien, ils n’étaient que des ignorants. Ils ne savaient pas à quel point je pouvais me sentir brisée. Quatorze ans après, les morceaux n’étaient toujours pas recollés mais j’arrivais à faire quelques efforts. J’essayais de m’ouvrir un peu aux autres, je me confiais de plus en plus. Ce n’était pas dans mes habitudes. Je n’aimais pas parler de mes malheurs aux gens. Tout le monde a ses problèmes. Voilà pourquoi je ne parlais pas de ma sœur. Je m’étais bien planquée derrière ma seconde personnalité énergique qu’était Tigrou. J’étais bien comme ça. Au moins, ça ne poussait pas les gens à en savoir trop sur moi. Néanmoins, je commençais à me faire choper peu à peu en flagrant délit. Je craquais de plus en plus ces derniers temps, alors je ne devrais pas. Me replonger dans mon passé me faisait mal, mais cela me faisait encore plus mal lorsque l’on me disait que j’y vivais encore. Ce n’était que la pure vérité. J’étais encore coincée en 1997, encore coincée dans cette foutue voiture. Je n’avais pas fait son deuil non plus, parce que je ne l’avais pas vue morte. Pour moi, elle était quelque part. Et surtout réincarnée dans ma caméra. C’était peut-être bête, mais ça me soulageait dans un sens de parler à cet objet. Objet qui ne me quittait jamais, comme ma sœur d’ailleurs. Les gens me trouvaient probablement bizarre à parler toute seule, que grand bien leur fasse. Je me foutais de leur jugement. J’étais dans ma bulle, et j’étais prête à y rester le temps qu’il fallait. Tant pis, si ça ne plaisait pas.

Je fixais l’horizon avec une certaine nostalgie. Je me mettais à imaginer ce que ma sœur aurait fait comme études. A part vouloir faire comme papa. Je m’imaginais dans la même chambre qu’elle, dans la même université. J’étais probablement plus pot de colle qu’elle en réalité. Et au final, c’était elle qui était partie en premier sans me dire au revoir. Le cauchemar continuait et perdurait dans le temps. J’avais simplement envie que ça cesse. Ça me faisait trop mal. J’essayais de ne pas y penser, mais c’était bien plus fort que moi. Ca surpassait bien plus que ma propre conscience. Comme si elle m’ordonnait au final, de ne pas oublier ce jour, pour ne pas l’oublier. Et j’en souffrais. L’être humain n’était qu’une guimauve. L’être humain se laissait facilement avoir par les sentiments. J’en étais la première victime. Mes sentiments étaient comme décuplés. J’avais peur de la mort comme si j’avais une simple phobie des araignées. Elle savait que je n’allais jamais cesser de l’aimer. Alors au fond pourquoi continuer à me torturer ? Je séchais rapidement mes larmes, qui n’étaient qu’un simple geste quotidien. Pleurer devenait presque une routine, quelque chose que je devais accomplir pour me sentir mieux. Je devais pleurer parce que j’en étais obligée. Je me sentais comme un patin comme ça. Et je n’arrivais pas à m’en sortir. Même si j’allais me recueillir lors de chaque vacances à Londres, je n’étais jamais entrée dans le mausolée familial. J’exprimais comme un refus de voir, un refus de réaliser. C’était peut-être pour ça, que j’étais coincée dans cette spirale. Je ne savais pas quand j’allais m’en sortir. Je savais juste que j’étais coincée et pour un bon moment. J’observais la beauté de l’océan qui s’étendait à des milliers de kilomètres. Le Japon était de l’autre côté. Un magnifique pays que j’adorerai visité. Perdue dans mes pensées, j’entendais le bruit d’un moteur s’arrêter. Décidément, ce n’était pas pour aujourd’hui la tranquillité. Ce petit coin finissait par être de plus en plus fréquenté par les étudiants de Berkeley, et de plus en plus par les habitants et les touristes. Dommage, j’appréciais le calme de cet endroit. Je me tournais discrètement, pour voir quelle personne allait me rejoindre. C’était un homme, d’à peu près mon âge. Peut-être un peu plus âgé. Visiblement, il avait l’air friqué vu la gueule de sa voiture. J’avais aussi de l’argent, mais je ne voulais pas le montrer. Je n’y touchais qu’en cas d’urgence absolue. Je refusais de me dire que l’argent faisait le bonheur. Pour moi, il ne me procurait qu’un bonheur matériel et c’était amplement suffisant. Peut-être qu’il venait aussi admirer le paysage. C’est vrai que le coin était magnifique. Discrètement, je plaçais la photo de ma sœur dans le collier et le refermais. C’était mon trésor, mon jardin secret. Je décidais d’interrompre mon silence. Je me surprenais à engager la conversation. Ce n’était pas quelque chose d’habituel chez moi, mais plutôt inédit. « Je vois que je ne suis pas la seule à aimer cet endroit… » disais-je, d’une voix sereine. Mon petit coup de cafard était bien loin désormais, ce n’était qu’un coup de quelques minutes. Je ne me doutais pas que l’inconnu qui se trouvait aussi sur la plage souffrait aussi de la perte d’un être cher. Le deuil était partout, et bouffait les gens. C’était ça aussi la vie, après la mort. ••


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