Je venais de sortir de mon dernier cours du matin. Pratiquement tout le monde était parti manger mais moi je préférai sortir dans le parc, pour respirer et découvrir un peu Berkeley. Je venais d'arriver et pour l'instant, j'étai un peu perdue mais comme je n'aimai pas demander de l'aide aux autres, je me débrouillai seule. Je m'assis sur un banc, les jambes croisées, mes mains sur celles-ci. J'observai les alentours, il y avait quand même du monde malgré l'heure. Je soupirai, j'avais l'air d'une paumée au beau milieu de tous ces élèves... Quand je pense que si j'étai restée en Floride, j'aurai sûrement été entourée de tous mon cercle d'amis et on serait là, à discuter des derniers ragots. J'espère que je ne regretterai pas mon choix d'être ici, ni mes futurs rencontres... Bon Emma, fais quelque chose ou tu vas vraiment avoir l'air ridicule ! Je sorti sans attendre mon GSM et me mis à envoyer des SMS à mes amis, restés en Floride. Comme je l'avais prévu, tous me répondirent dans la minute qui vint. Jamais l'un d'entre nous ne se séparait de son téléphone et encore moins depuis mon départ. J'étai tellement absorbée dans mes conversations via SMS que je ne n'avais pas remarqué qu'une personne venait de s'asseoir à côté de moi et m'observait. Lorsqu'enfin je senti son regard peser sur moi, je relevai la tête et le regarda, prête à lui demander quel était son problème mais quand je le vis, je stoppais net ma phrase toute faite. Un mec, plutôt beau et qui n'avait pas l'air si innocent que ça... Je souri et demanda :

- Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Est-ce que je suis si fascinante que ça ?

J'oubliais souvent de me nourrir. C'était tout moi ça, tellement absorbé par tout ce qui se passait autour de moi pour avoir du temps pour moi même. J'étais soit en train d'étudier, soit en train de parler à quelqu'un, ou encore en train d'élaborer un plan machiavélique à appliquer sur une personne que je ne nommerais pas. Bref; la vie était comme chaque jour, je sortais de mon cours d'histoire de l'art avec un petit sourire en coin aux lèvres, essayant de ne pas penser à Orianne qui s'infiltrait dans ma tête à chaque fois qu'elle le voulait. A croire qu'il y avait une mini elle qui vivait à l'intérieur de moi même. Je ne devais pas être déstabilisé par cette créature, qui apparemment ne voulait pas de moi du tout. D'habitude, avec mes petites amies, je tournais rapidement la page, mais c'était différent. Je savais pourtant que ça ne marcherait jamais. Du coup, il fallait me trouver une autre compagne et je jaugeais les filles du regard pour savoir qui me mériterait. Car il n'y en avait que très peu qui pouvaient se hisser à la hauteur seulement de mes chevilles et qui méritaient de me fréquenter, moi, Jules. C'était un grand privilège ou je le voyais comme tel en tout cas. Je me dirigeais machinalement vers le parc, surement pour étudier un peu, et trouvais un banc déjà occupé mais avec une place de libre. Je m'y asseyais et tournais mon regard vers la fille charmante qui avait déjà trouvé place ici et qui semblait collée à son téléphone, pour la juger du regard elle aussi. Ses vêtements n'avaient pas l'air d'avoir beaucoup de valeur, elle avait un bon portable mais ça ne voulait rien dire, quand à ce qu'elle était intelligente ou pas .. Mais cette pensée fut interrompue par une phrase, la jeune femme ayant remarqué le petit manège qu'il avait mis en place.

« Je te juge, c'est tout. Tu étudies quoi exactement ? »

Les études déterminaient aussi les chances que nous aillions bien ensemble ou pas. Et puis, sans oublier les bonnes manières, je reprenais la parole.

« Jules De Calbiac à votre service »

Je lui adressais un clin d'œil. Elle devait deviner, enfin si elle était un peu cultivée, que j'étais français, car un léger accent se faufilait dans mes phrases. Et en plus, mon nom disait tout.

(désolé je t'avais complètement oubliée O.O)

La demoiselle à côté de moi ne m'intéressait pas plus que la reproduction des escargots, mais elle semblait avoir du charme et quelque chose à revendre alors, je voulais en savoir plus sur elle. Plus mon cercle social s'agrandissait, plus le nom de Jules était répété, alors, il était tout à fait normal que j'agisse de cette manière. Je ne la connaissais pas mais qu'importe, je me réservais le droit de juger qui je voulais quand je le voulais. L'estime sur elle n'était pas très haute ? C'était à revoir. Je ne la connaissais pas après tout, mon avis pouvait bien changer.

Ainsi donc je ne suis pas un total inconnu à tes yeux, j'étudie en effet les arts. L'histoire de l'art me passionne le plus mais je suis aussi des cours de pratique, je dessine. Comme le film est aussi basé sur de belles prises scéniques, je pense que nous pourrions avoir de belles conversations à ce sujet-ci. Sache que mes connaissances ne s'arrêtent pas à ce que j'étudie, comme d'autres idiots que l'on peut croiser sur le campus.

Alors comme ça elle se surnommait reine ? Je doutais que d'autres l'appellent de cette manière mais soit, j'aimais les filles qui avaient une haute estime d'elles même. Parce que cela faisait un point commun avec ma propre personne pardi ! Je commençais à l'apprécier.

Queeny ce sera, car je pense que tu n'es pas encore en droit de t'appeler reine, mais reine en formation me semble plus approprié. Quant à moi je n'ai pas de surnom mais s'il te vient un jour la volonté de m'appeler King ne te gène pas.

Elle déduisit que j'étais français, encore un bon point pour elle, et je lui adressais un semi-sourire. Alors comme ça elle avait habité là bas ? Encore un point commun, décidément, moi qui pensait que cette rencontre ne serait qu'une parmi tant d'autres, je pouvais bien me tromper.

En effet je suis français, je suis le correspondant de Xelle si tu la connais, et je viens de la Sorbonne. Tu dois connaître, non ? Et tu habitais où, à la capitale ou dans la campagne ?

Je la voyais mal se traîner dans la boue et traire les vaches mais elle pouvait me surprendre, après tout. Elle souhaita m'informer de son statut, elle était riche encore un bon point, de la plus riche des familles de floride encore un bon point, elle s'intéressait à la mode, tant mieux, c'était un art comme un autre; et elle portait du Burberry. Ainsi donc je m'étais trompé, mais je n'étais pas assez cultivé sur ce genre de choses pour reconnaître la marque des habits à leur tête.

- Je viens de Paris même si ce n'est pas le lieu où je suis né. Très belle ville, si l'on exclut les quartiers mal famés. Alors comme ça tu es riche ? Cela tombe bien, moi aussi. Comme je ne souhaite pas être ton ami gay, je n'irai pas faire les magasins avec toi mais je vais supposer que tu as bon goût en matière de vêtements. Ce n'est pas trop mon domaine je dois dire.