Qu'est-ce qu'il me prend ? Vais-je regretter ce que je suis sur le point de faire ? N'est-il pas préférable de laisser la situation dans l'état où elle se trouve ? Maria ne va-t-elle pas m'en vouloir ? Andrew me laissera-t-il m'exprimer au lieu de me donner un poing en pleine figure ? Ne vais-je pas envenimer les choses ? Des tonnes de questions se disputaient la place dans mon esprit, alors que je conduisais, à bord du 4x4 de la brunette. Elle s'était achetée ce petit bijou il y a peu de temps, et je n'arrêtais pas de l'embêter pour l'utiliser, si bien qu'au final, elle accepta de me laisser le véhicule pour la journée. Je me dirigeais vers la partie Sud de San Francisco, prenant la route pour atteindre l'appartement de Cheyenne. Inutile de préciser que je ne compte pas y rencontrer cette dernière, mais son petit ami, Andrew. La jeune femme, elle, se trouvait en compagnie de Maria pour aller faire du shopping. Doucement, elles se retrouvaient un peu plus pour passer du temps ensemble. Quelques jours auparavant, elles avaient été prendre soin d'elles dans un SPA réputé de la ville. Dans le fond, cela me rassurait. Cheyenne avait besoin de souffler un peu alors qu'elle était enceinte de jumeaux. Maria, elle, ressentait la nécessité de se changer les idées alors que son moral n'était pas au beau fixe dans la mesure où elle s'était prise la tête avec Andrew au point de mettre un terme à leur grande amitié.

Petit retour en arrière... Tout a commencé quand j'ai fait souffrir Maria. Andrew est venu me chercher des noises. Nous avons fini par nous battre comme des chiffonniers. Puis c'est lui qui a terminé par faire souffrir Cheyenne, sa petite amie. J'ai donc trouvé normal de lui rendre la monnaie de sa pièce. Bon, en contrepartie, ça m'a valu une cote cassée qui me fait encore souffrir aujourd'hui, même si cela ne m'empêche pas de me déplacer. J'avoue que le résumé fait très soap opéra, ça m'exaspère d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, Maria a demandé des explications à Andrew pour plusieurs paroles blessantes qui m'ont été infligées de sa part. Au final, prise de tête, engueulade et claquage de porte entre les deux meilleurs amis. Et même si la brunette garde la tête haute, il n'en reste pas moins qu'elle souffre énormément de la situation. Elle souhaite retrouver son meilleur ami même si elle ne conçoit pas son comportement vis à vis de moi.

Tout ceci explique la scène présente. Je me dirige donc vers l'appartement de Cheyenne, dans l'espoir d'y trouver Andrew. Je viens à l'improviste. Pourquoi ? Parce que ce dernier n'aurait jamais accepté que je vienne si je l'avais prévenu quelques heures plus tôt. Ce que je compte faire ? Calmer le jeu, lui expliquer qu'il doit renouer son amitié avec Maria, même si je continue de nourrir une certaine haine envers lui. Il m'a blessé, m'a trainé plus bas que terre, bien plus sur le plan moral que sur le plan physique et pourtant, Dieu sait que mon corps s'en est pris plein la figure. Soit... Ce qui m'importe aujourd'hui, est le bonheur de la femme que j'aime. Et je suis même prêt à jouer les amis avec Andrew, à faire croire à Maria que nous nous sommes réconciliés, juste pour lui faire plaisir. Bien évidemment, ce sera faux, mais j'estime que ça pourrait être un bon mensonge. Enfin... encore faut-il que ce crétin d'Holden accepte de jouer le jeu.

Je me gare sur ce parking que je ne connais que trop bien. Quelques minutes plus tard, me voilà devant la porte. Je sonne et attends là, les mains dans les poches, le visage quelque peu arrogant et mauvais. L'idée de voir Andrew ne m'enchante pas. Je fais uniquement cela pour Maria.

Assit à table, Andrew regardait son ordinateur. Il avait ouvert une page blanche et il avait envie d’écrire. Il avait déjà écrit un premier livre, qui ne marchait pas trop mal et son agent, lui avait dit de se mettre à écrire un second bouquin. Andrew avait des idées bien évidement, mais il ne savait pas comment les exprimer. Il avait bien écrit plusieurs choses à la main, mais pas encore sur son ordinateur. Le syndrôme de la page blanche ? Sans doute oui. En ce moment si dans l’ensemble tout allait bien pour Andrew, ça n’était pas totalement vrai. En effet, d’un côté il était heureux en couple. Il venait d’emménager depuis peu chez Cheyenne. Ils allaient être parents dans quelques mois et tout se passait bien. Il y avait eu des frayeurs, mais rien de méchant et c’était le plus important. De plus, Alexis et Cheyenne s’étaient encore plus rapprochés qu’avant et ça faisait très plaisir à Andrew. Cependant une chose le chiffonnait depuis plusieurs jours. Après s’être une nouvelle fois battue avec Edward, il avait vu débarquer Maria. Des paroles avaient été échangées avant qu’un trait soit tiré sur leur amitié. Il avait réellement eu du mal à l’encaisser. Maria était sa meilleure amie depuis tellement longtemps qu’il n’en revenait toujours pas. Evidemment, il y déjà eu des crises entre eux, mais ils trouvaient toujours un terrain d’entente pour signer un traité de paix. Mais cette fois c’était bien différent et Andrew savait que c’était terminé. Les choses avaient été trop loin et Andrew savait qu’il ne serait pas capable de se rapprocher d’Edward, même pour faire plaisir à Maria.

Il n’avait pas envie de mentir à la jeune femme et il avait été claire là-dessus, seulement elle ne voulait plus de leur amitié, si les choses étaient ainsi. Au début Andrew n’avait pas parlé de cette histoire. Puis Cheyenne avait bien vu qu’il n’allait pas bien et il lui avait expliqué la vérité. La jeune femme l’avait soutenue dans le sens où elle l’avait aidé à aller mieux. Même si le fait de devenir père l’enchantait énormément, il n’arrivait pas à s’enlever toute cette histoire de la tête. Pour preuve encore aujourd’hui, vu qu’il n’arrivait pas à écrire un seul mot. Eteignant son ordinateur portable, il soupira et alla le ramasser dans la chambre. Retournant ensuite au salon, il alluma la télévision et commença à la regarder. Cheyenne était de sortie avec Maria, ce qui avait attristé Andrew encore plus. Alexis, elle était partit avec sa grand-mère chercher quelques éléments de décorations pour la chambre de la demoiselle. Andrew ne pensant pas recevoir de la visite. Entendant en effet sonner, il fronça les sourcils. Eteignant la télévision, il alla jusqu’à la porte d’entrée et ouvrit. Fronçant les sourcils, il serra les dents et referma la porte aussitôt. Ca n’était vraiment pas le moment pour Edward de venir. S’il voulait crier victoire, Andrew ne voulait pas l’entendre. Retournant vers le salon, il soupira quand on sonna encore à la porte. Retournant vers cette dernière, il l’ouvrit et fixa l’homme.

Il va falloir que je dise au gardien que tu n’es pas le bienvenue ici.

Il allait refermer la porte, quand il vit Ed poser sa main sur la porte. Soupirant, Andrew le regarda.

Si tu viens pour parler de ce qui s’est passé dans la salle de théâtre ou ce qui c’est passé avec Maria, tu peux partir tout de suite, je ne veux pas te parler et je n'ai pas envie de t'écouter parler, pour quelque raison que ce soit.

Je ne savais pas comment allait réagir Andrew en me voyant ici. Mal, très certainement. Comment cela aurait-il pu être autrement ? Mais qu'allait-il bien pouvoir faire ? M'engueuler ? M'ignorer ? Me casser une nouvelle fois la figure ? Je n'en avais aucune idée et je devais avouer appréhender quelque peu la situation. Cette sensation désagréable s'intensifia au fur et à mesure que j'entendais les pas lourds de l'homme se diriger vers la porte d'entrée. Néanmoins, mon visage ne montrait absolument rien de tout cela. Il restait neutre, voir même quelque peu arrogant. Je n'avais pas envie qu'il croit que j'ai peur de lui, car ce n'était pas du tout le cas, même si je devais par ailleurs avouer qu'il se débrouillait très bien lorsqu'il s'agissait de se battre. Bref. La porte s'ouvrit. Je relevais la tête et l'observais dans les yeux. Il serra les dents et quelques secondes à peine plus tard, la porte se referma sur mon nez. Ah non ! Je n'ai pas fait la route uniquement pour ça. Et, comme je suis têtu et que je ne baisse pas aussi facilement les bras, je sonnais de nouveau en appuyant sur l'interrupteur à côté de la porte. Il était grand temps que nous ayons une discussion. Une confrontation même.

Il revint à la porte, l'ouvrit et me balança une remarque de façon à clairement me faire comprendre que je n'étais pas le bienvenue ici et qu'il serait préférable qu'il en informe le gardien. Cela serait d'autant plus stupide dans la mesure où Andrew se trouvait avant tout dans l'appartement de Cheyenne, et c'était bel et bien à elle de choisir si oui ou non, j'avais le droit de venir jusqu'ici. Et, dans la mesure où, contrairement à l'homme, elle m'apprécie grandement, il ne risquait pas de voir ses rêves se réaliser. Mais s'il croyait que je prenais un quelconque plaisir à venir le voir, il se mettait le doigt dans l'œil. Je faisais uniquement cela pour Maria, mais aussi pour Cheyenne. Elle est enceinte et je n'avais pas envie de lui causer des problèmes en lui montrant plus que nécessaire que le père de ses jumeaux n'est qu'un crétin fini à mes yeux, moi, son meilleur ami. Soit. Je sortais de mes pensées à la seconde même où je vis la porte commencer à se refermer une nouvelle fois sur moi. Cette fois-ci, je ne laissais pas l'occasion à Andrew de gagner. Je posais ma main à plat sur la porte et la poussais, de façon à la retenir. Ainsi, l'homme ne put que se résoudre à accepter la confrontation.

« Si tu viens pour parler de ce qui s’est passé dans la salle de théâtre ou ce qui s’est passé avec Maria, tu peux partir tout de suite, je ne veux pas te parler et je n'ai pas envie de t'écouter parler, pour quelques raisons que ce soit. » Oh, il est très intelligent pour comprendre où je voulais en venir ! Après tout, qu'espérait-il ? Que j'allais lui parler du temps qu'il faisait dehors ? Bien sûr que j'allais évoquer avec lui les tensions qui nourrissaient notre relation. Et sans même le lui demander, je m'invitais en passant le seuil de la porte, afin de rentrer à l'intérieur de cet appartement que je ne connais que trop bien pour y avoir passé beaucoup de temps en compagnie de Cheyenne. Je vis débarquer le berger allemand de ma meilleure amie. Un sourire se dessina sur mes lèvres. « Salut toi ! » Je caressais l'animal que se laissa faire, visiblement heureux de l'attention que je lui portais. Il faut dire que j'adore les chiens.

Finalement je me redressais – position plus agréable en vue de ma cote cassée. Me tournant vers Andrew, je l'observais dans les yeux. « Ne vas pas croire que le fait de te voir m'enchante. » Bonne entrée en matière... « Je viens te voir, parce Maria est très attristée de votre dispute. Qu'on se déteste nous deux, c'est une chose. Mais je ne suis pas aveugle, je vois très bien qu'elle a besoin de toi, elle a besoin de son meilleur ami. Vous êtes tous les deux très fiers, mais il faut que l'un de vous fasse le premier pas. » Je ne comprenais même pas comment j'arrivais à être aussi calme en sa présence. En effet, je gardais en moi toute la rancœur que je pouvais éprouver pour lui, les paroles blessantes qu'il a pu m'infliger et qui me blessent encore beaucoup aujourd'hui. « Je dois avouer que l'idée que vous ayez rompu votre amitié m'a fait plaisir sur le coup. Mais ça a été très bref. Je déteste voir Maria dans cet état là. Alors je te le demande : vas la voir, fais le premier pas et montre lui que nos tensions ne peuvent pas briser votre amitié... s'il te plaît... »

Parler avec Edward était la dernière qu’Andrew voulait faire. Déjà que c’était difficile pour lui de savoir Cheyenne et Maria faisant du shopping, il n’avait pas besoin que l’irlandais en rajoute une couche. L’ancien soldat allait mal depuis que Maria et lui avaient parlés. Il ne savait pas comment arranger les choses et en même temps il n’avait pas envie de faire le premier pas. Il avait été clair avec Maria, il ne ferait aucun effort envers Edward et la preuve fut bien là quand après avoir vu qui se tenait derrière la porte, il la claqua. Seulement il n’eu pas le temps de faire quelques pas pour retourner dans le salon, qu’il entendit sonner à nouveau. Le problème était qu’Edward avait raison. Andrew n’était qu’en partie chez lui. Oui désormais cette maison était aussi la sienne, mais c’est Cheyenne qui prenait beaucoup de décisions. D’ailleurs Andrew devait avouer que quand parfois, il avait l’impression d’entendre à nouveau l’irlandais lui dire qu’il était soumit. C’était des propos qu’il avait trouvé aussi blessant que ce qu’il avait dit à son interlocuteur. Mais quelque part il devait avouer qu’il n’avait pas tort. Andrew n’était pas toujours à l’aise dans son couple. Non pas qu’il reprochait quoi que ce soit à Cheyenne, non en fait c’était à lui qu’il se reprochait beaucoup de choses. En effet, il n’avait jamais vécu en couple. Avec la mère de sa fille Alexis, il n’avait pas pû parce qu’il avait dû retourner dans l’armée et la jeune femme était morte avant qu’il ne revienne à terre. Alors pour Andrew être en couple c’était véritablement quelque chose de nouveau et il ne savait pas toujours comment se comporter avec Cheyenne. De plus, il n’avait jamais eu de modèle féminin pour l’aider. Sa mère avait toujours été en tournée au théâtre et il ne l’avait jamais vu avant plusieurs années auparavant. Aujourd’hui, elle était très présente, mais pour l’écrivain, c’était trop tard et parfois il s’en mordait les doigts quand il ne savait pas comment réagir face à Cheyenne.

Alors qu’il allait à nouveau fermer la porte, Ed l’en empêcha et il le regarda. Cette fois-ci il ne voulait pas que ça aille plus loin. Non il n’en viendrait pas aux mains. D’une part parce qu’il n’avait pas envie de se battre, surtout ici et parce qu’il avait encore mal des coups reçus plusieurs jours auparavant. Parlant franchement, il fixa donc l’homme avant que ce dernier ne s’invite tranquillement. Ouvrant grands les yeux, Andrew fixa le pas de la porte où il n’y avait plus personne et Ed qui venait de tranquillement entrer. Soupirant, il ferma la porte derrière lui et fronça les sourcils. Non mais Rayna aussi se foutait de lui ou quoi ? Cheyenne avait pourtant dit à Andrew que seule elle pouvait être apprécié de la chienne et voilà que celle-ci faisait des joies à Edward. Non mais là Andrew n’en pouvait plus. Non seulement dans son couple il ne savait pas où se placer, mais si en plus l’animal de Cheyenne se mettait du côté d’Edward ça n’allait plus aller. Le pire fut que les chiens d’Andrew ne bougèrent pas d’un pouce. Ils devaient sans doute être dans le chambre d’Alexis, refuge qu’ils semblaient apprécier. Fixant alors l’homme dans les yeux, quand celui-ci se tourna vers lui, il l’écouta avec attention. Serrant les dents, Andrew écouta sans parler. Il n’avait pas envie que Edward lui fasse la morale, il n’avait vraiment pas besoin de ça.

Non.

Fixant l’homme dans les yeux, il ne voulait pas céder.

J’ai dis à Maria que je ne ferai pas le moindre effort. Elle sait que je ne t’aime pas et elle sait tout comme toi et moi que c’est réciproque. Je n’ai jamais mentit à Maria, ça n’est pas aujourd’hui que ça va commencer.

Seulement il avait mal, très mal même. Il ne voulait pas qu’Ed le voit d’ailleurs, c’est pour ça qu’il gardait les sourcils froncés, même si la seule chose qu’il voulait faire, c’était hurler tout le mal qu’il avait en lui.

A mes yeux, tout était plus ou moins clair. Andrew et moi avions beau nous détester, les filles n'avaient rien à voir dans l'histoire. C'est comme si je coupais les ponts avec Cheyenne sous prétexte que je ne peux pas m'empêcher de ressentir une fureur noire envers son petit ami, lorsque je le vois. Certes, la situation est assez compliquée et délicate, mais une tension entre deux membres d'un même groupe ne signifie pas devoir diviser ce dernier en deux parts égales. Nous ne sommes plus des enfants. J'étais prêt à faire des efforts, à ignorer Andrew pour ne pas lui coller mon poing dans la figure et j'étais sûr qu'au fond de lui, il serait capable de faire de même. Ce fut la raison pour laquelle je cherchais ainsi à le résonner. Si je savais que tout était déjà peine perdue, je ne gâcherais pas mon temps ici.

Andrew semblait particulièrement énervé par ma présence, par mon comportement car je venais d'entrer tranquillement à l'intérieur de l'appartement, comme si ce dernier avait été le mien, mais aussi par ma complicité avec Rayna, le berger allemand de Cheyenne. Cette dernière n'était pas très commode en temps normal, et elle ne laisse pas grand monde l'approcher. Le fait est que j'ai toujours eu un feeling avec les chiens et puis, elle a certainement comprit que je ne voulais pas du tout de mal à sa maîtresse. Au final, je croisais le regard énervé de Holden et prenais mon courage à deux mains pour lui faire la conversation, tenter de lui faire comprendre les choses, sans hausser un seul instant la voix, ni même me jeter sur lui pour tenter de prendre ma revanche. Mais avec une cote cassée, c'était déjà peine perdue.

Néanmoins, la tâche ne fut pas simple, car à peine j'eus terminé qu'il répondit par la négative. « J’ai dis à Maria que je ne ferai pas le moindre effort. Elle sait que je ne t’aime pas et elle sait tout comme toi et moi que c’est réciproque. Je n’ai jamais mentit à Maria, ça n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. » Je fronçais les sourcils en l'observant. « Je ne te demande pas de mentir, je te demande de faire le premier pas vers elle pour ne pas briser votre amitié. Car à tes yeux, ça serait lui mentir que de lui dire que tu tiens trop à elle pour couper ainsi les ponts ? » Je secouais négativement la tête, sans pour autant le quitter des yeux. Il n'avait pas le droit de ne faire aucun effort, car il avait beau dire ce qu'il voulait, il ne fallait pas être devin pour comprendre qu'il souffrait énormément de la situation présente. Je me pinçais les lèvres l'une contre l'autre, durant quelques secondes, avant de reprendre la parole. « En revanche, tu mentirais en l'ignorant, en faisant comme si tu n'en avais plus rien à foutre d'elle. Alors qu'est-ce que tu attends ? Je vois bien que toi aussi, tu souffres de cette situation. Pourquoi vous continuez de vous faire du mal ? Tu trouverais normal que je coupe les ponts avec Cheyenne juste sous prétexte que je déteste te voir en peinture ? Je sais que ça te ferait plaisir, mais que ça ferait souffrir celle que tu aimes. Si les rôles étaient inversés, c'est toi qui serait dans mon appartement en train d'essayer de me convaincre de revenir vers elle. » Un soupir s'échappa de mes lèvres. Andrew n'est qu'une tête de mule, probablement autant que moi et Dieu sait que c'est chiant, très chiant. J'aurais aimé qu'il réagisse rapidement, qu'il accepte de faire le premier pas et que je sorte d'ici le plus vite possible car sa présence m'était particulièrement désagréable.

Andrew n’avait plus sa meilleure amie et ça lui faisait mal, alors voir Edward maintenant n’était vraiment pas la chose à faire. Il ne supportait pas l’homme et il n’avait pas envie de parler avec lui et il avait encore moins envie de l’écouter parler. Seulement, ce dernier s’invita dans la maison de Cheyenne et le pire fut de voir Rayna être proche d’Edward. Pourtant Cheyenne avait dit à Andrew à quel point sa chienne ne faisait confiance à personne, même si elle les connaissait. Alors pourquoi à Ed ? Soupirant, il préféra ne pas se poser plus de questions et il ferma la porte qui avait été encore ouverte. Se retrouvant donc face à l’homme, il l’écouta parler avant de lui qu’il ne ferait pas d’effort. Andrew préférait être clair sur tout ça. Il ne supportait pas l’irlandais, alors il ne voyait pas pourquoi il ferait semblant face à son ex meilleure amie. Ecoutant l’homme répondre, Andrew fronça les sourcils et soupira. L’homme n’avait pas comprit ce qu’il voulait dire et il soupira une nouvelle fois.

Si je dois aller vers elle, elle me demandera forcément de ne serais-ce te tolérer dans la même pièce que moi, chose que je ne pourrai pas.

Autant être clair encore une fois. Andrew ne voulait pas perdre son temps en paroles inutiles et encore moins avec Edward.

Si tu t’éloignes de Cheyenne je n’en serais que plus content et tu le sais parfaitement.

Mais il savait aussi que la jeune femme ne serait pas bien.

Mais je ne serai pas aller te voir. Ce seraient vos histoires, pas les miennes. J’aurai simplement soutenue la femme que j’aime, mais je n’aurai certainement pas été te voir.

Ca même si c’était la colère qui prenait le dessus, il parlait très sérieusement. Il n’aurait pas été voir Edward et il le savait parfaitement. Il aurait été là pour sa compagne, mais il ne serait jamais allé vers l’homme, au contraire, il aurait été trop content de le voir s’éloigner de Cheyenne.

Je sais que ça dois te coûter de venir ici et de me parler Edward, mais tu n’étais pas obligé.

Il baissa les yeux quelques secondes avant de le regarder à nouveau.

Comment va Maria ?

Il fronça légèrement les sourcils. Il n’avait pas pû s’en empêcher et il espérait vraiment que l’autre en face n’allait pas sourire, sans quoi il lui ferait ravaler ses dents.

« Si je dois aller vers elle, elle me demandera forcément de ne serait-ce te tolérer dans la même pièce que moi, chose que je ne pourrai pas. » Si le simple fait de m'ignorer lui était impossible, en effet, cela nous poserait un sérieux problème. Si Maria et Andrew venaient à se reparler pour continuer leur belle amitié, effectivement la brunette lui demanderait de faire un effort, comme j'en serai contraint aussi. Elle ne nous demandera pas d'être amis, mais au moins de pouvoir nous trouver dans la même pièce que l'autre sans ressentir l'envie soudaine de nous entretuer. Enfin oui, nous pouvions bien avoir cette envie, mais ne devrions pas passer à l'acte. Donc l'ignorance me paraissait être le meilleur moyen pour, entre guillemets, nous supporter. Ça ne sera pas facile, certes, mais nous le devions... Enfin, uniquement quand Andrew sera décidé à arrêter de faire sa tête de mule et donc d'accepter de mettre sa fierté de côté pour une belle amitié qui, jusque là, lui a toujours donné du baume au cœur. A lui de voir s'il était assez idiot pour laisser un tel lien lui filer entre les doigts.

Je levais les yeux au plafond suite à sa parole suivante. « Si tu t’éloignes de Cheyenne je n’en serai que plus content et tu le sais parfaitement. » Ainsi il avait si peu de respect pour la femme qu'il dit aimer ? C'était tout simplement inconcevable. Je pars dans l'esprit que si celle dont je suis amoureux n'est pas heureuse, je ferai tout mon possible pour lui faire décrocher un sourire et faire en sorte qu'elle se sente bien. Et ce, même si en contrepartie, cela signifiait faire de grosses concessions et me rendre malheureux. Andrew ne semblait pas être dans la même optique et il pourrait dire ce qu'il veut, mais ses paroles ne faisaient que traduire un grand égoïsme de sa part. En effet, il disait que si les rôles avaient été inversés, jamais il n'aurait pris la peine de venir me voir pour arranger les choses. Cela ne signifiait-il pas qu'il faisait passer son propre bonheur avant celui de Cheyenne ? Ou bien était-ce uniquement cette haine envers lui qui me rendait aveugle sur les véritables raisons de son comportement ? « T'es un crétin... », murmurais-je, avant de secouer négativement la tête, comme désespéré par lui et par tout ce qu'il pouvait représenter.

Oh oui, ça me coûtait énormément de venir le voir, de mettre les pieds ici même pour une autre raison que celle de venir à la rencontre de Cheyenne. « Comment va Maria ? » Je sentis la veine près de ma tempe droite ressortir alors que je serrais les dents. Non, ne le frappe pas Edward, tu es déjà dans un sale état, et puis il n'en vaut pas la peine, tu viens d'en avoir la preuve. Je passais mes mains dans mes cheveux mi-longs et le fusillais du regard avant de prendre la parole, sur un ton on ne peut plus mauvais. « Mal, je viens de te le dire. Après, si tu veux admirer son état, je t'en prie, vas la voir et vas lui dire à quel point t'es un crétin sur qui elle ne peut plus jamais compter ! » Je m'approchais de l'homme, restant néanmoins sur mes gardes. Ne sait-on jamais. « On va se marier fin août. Elle aurait voulu partager la nouvelle avec toi, jusqu'à ce qu'elle se soit souvenue que son meilleur ami, son frère, était loin maintenant. » Je tournais un instant la tête vers Rayna qui nous observait avec de grands yeux ronds et surpris. Puis je reposais mes orbes bleus sur l'homme. « Ne vas pas croire que la haine que tu peux ressentir pour moi n'est pas réciproque. Mais je suis prêt à faire des efforts, pour elle, pour Cheyenne. Si tu n'es pas capable de faire de même très bien, je n'en attendais pas vraiment plus de ta part en fait. J'avais juste un tout petit espoir. Allez salut. », lui lançais-je, quelque peu énervé et dégoûté par son comportement, alors que je me dirigeais vers la porte d'entrée. À quoi bon rester si je parlais à un mur ?

Rien ne serait simple et Andrew le savait parfaitement. Maria avait été véritablement touchée par ses propos, il le savait parfaitement aussi. Alors faire un pas vers elle, serait d’une part reconnaître qu’Ed a raison, mais d’autre part, ça ferait voir à Maria que tout n’était pas perdu. Que l’irlandais ait raison c’était bien la dernière chose que voulait l’enseignant, mais sur ce coup là il devait avouer que ça n’était pas le plus important pour lui. Il voulait simplement voir sa meilleure amie et arranger les choses. Maria lui manquait et il n’aimait pas ça. Il voulait pouvoir tout partager avec elle comme avant. Encore plus avec l’arrivée des jumeaux dans les prochains mois. Andrew voulait avoir une personne avec qui parler, autre que sa compagne. Il ne dit à la remarque que l’irlandais murmura. Il l’avait bien entendu, mais il savait aussi qu’il n’avait pas tort. Oui, Andrew était un véritable crétin. Il fallait qu’il bouge pour voir Maria, mais d’un autre côté, il ne voulait pas non plus jouer la comédie. Il savait que si la jeune femme le voyait ça ne ferait que la peiner d’avantage. Demandant finalement des nouvelles de la jeune femme, il fixa l’homme. Il avait entendu ce que ce dernier lui avait dit juste avant, mais il voulait de vraies nouvelles. Savoir comment ça allait avec Ambre et Aaron. Savoir si elle partait pour les vacances et ce genre de choses là. Allait-elle partir ? C’était surtout ça que voulait savoir l’enseignant. Fixant son interlocuteur, Andrew le regarda se passer une main dans les cheveux avant de croiser son regard noir. Puis, l’écoutant avec attention, une seule information percuta le cerveau de l’homme. Mariage. Elle allait se marier ? Il n’écouta que vaguement les propos suivants de l’homme. Rien que d’avoir parlé mariage c’était déjà un choc pour Andrew. Seulement, il sortit de ses pensées quand il vit du mouvement. Fixant alors l’irlandais qui partait, il fronça les sourcils.

Elle va se marier avec toi ?

Haussant les sourcils, il préféra se rattraper avant qu’Edward ne prenne mal ses propos.

Oui enfin je sais bien que ça doit être avec toi, mais pourquoi ? Pourquoi tu me l’as dit ?

Oui bon normalement ça aurait dû être Maria qui devait lui faire cette annonce et pas Edward. Seulement Andrew soupira et fixa l’homme.

J’irai la voir, mais tu ne devras pas être là. Je préfère être seul avec elle et pouvoir parler librement.

Il ne disait pas cela méchamment pour une fois. Non, il demandait juste une certaine intimité. Il savait que si l’irlandais était là, il ne pourrait pas parler aussi librement que s’il était seul avec Maria. Il espérait donc que l’homme le comprenne.

S’il te plaît.

Pour qu’il en arrive à dire cela, il fallait vraiment qu’il ait besoin que son collègue lui rende ce service.

Je n'avais peut-être pas à annoncer cette nouvelle à Andrew. En effet, peut-être que Maria aurait voulu s'en charger, si leur relation s'était améliorée. Le fait est que si ça n'avait pas été le cas, c'est Cheyenne qui lui aurait appris l'heureux événement. En effet, cette dernière allait vite être au courant de cela, dans la mesure où O'Berkeley comme moi, sommes très amis avec elle. Et si Hutchinson est invitée, il paraît logique que Holden le soit aussi. En fait, je ne bronchais pas vraiment par rapport à cela. Même si je détestais Andrew du plus profond de mon âme, je m'étais déjà fait à l'idée qu'il serait inscrit sur la liste des invités, et ce, sans même en avoir encore parlé aevc Maria. Je savais que sa présence lui serait nécessaire, ainsi, je ne m'y opposerai pas. Après tout, il est comme le frère qu'elle n'a jamais eu. Comment puis-je lutter contre cela ? Tant qu'il ne me cherchait pas des noises à ce moment là, tout se passera très bien. Et je l'imaginais déjà se lever, quand on demandera si quelqu'un souhaite s'opposer à cette union. Oh... s'il venait à se lever, je ferai un massacre, je l'étriperai, lui casserai chacune de ses dents et l'enverrai dans la mer glacée d'Irlande.

« Elle va se marier avec toi ? » Je fronçais les sourcils. Non, non, elle va se marier avec notre chien. Qu'est-ce qu'il peut être crétin quand il s'y met, vraiment... Bien sûr qu'elle allait se marier avec moi. « Oui enfin je sais bien que ça doit être avec toi, mais pourquoi ? Pourquoi tu me l’as dit ? » Je l'observais dans les yeux. L'un comme l'autre, nous laissions nos sourcils froncés, si bien que notre ride du lion respective ne faisait que se creuser d'avantage au dessus de l'arête de nos nez. « Si je ne te l'avais pas dit, ça aurait été Cheyenne qui te l'aurais appris. Elle est avec Maria en ce moment et je suis sûr qu'elles vont en parler. Et en rentrant ce soir, que crois-tu ? Qu'elle va garder le silence ? Oui, peut-être, uniquement pour te préserver... jusqu'à ce que tu reçoives une invitation. » Oui, ainsi, je lui faisais bien comprendre qu'il serait invité. Après, il avait tout le loisir de faire ce qu'il désirait, y comprit de décliner l'offre.

« J’irai la voir, mais tu ne devras pas être là. Je préfère être seul avec elle et pouvoir parler librement. S’il te plaît. » Oh s'il n'y avait que cette condition pour qu'il bouge enfin ses fesses et accepte de faire le premier pas pour une réconciliation, bien sûr, je ferai en sorte d'être absent. Je croisais les bras contre ma poitrine, sans même chercher à le quitter des yeux. « Très bien. Envoie moi juste un texto pour me dire quand tu passeras, que je me tire. » Puis je reprenais la route jusqu'à la porte d'entrée de l'appartement de Cheyenne. « Merci de faire ça... pour elle. » Oui, même si Andrew m'insupportai, je ne pouvais être que reconnaissant pour sa preuve de maturité. Finalement, je posa ma main sur la clenche de la porte et l'ouvrais. « Allez, salut. », furent les deux derniers mots que je prononçais, avant de quitter l'appartement.

THE END