Solitude [PV Sacha]

Invité

Tu erres, tout seul. Comme d’habitudes, as-tu envie de chanter. Seul, mais cela lui plaît. Il est tard, les cours sont finis. Mais alors pourquoi ne rentre-t-il pas chez lui, le jeune homme ? Parce que son chez-lui, ce n’est pas la chambre qu’on lui a attribué, ce n’est pas cet endroit bourré d’étudiants. Lui, il habite loin, à plusieurs kilomètres. Même s’il a été banni, renvoyé de sa douce maison, de sa chère famille, son cœur s’en va toujours vers eux une fois l’heure de quitter l’établissement. Que font-ils en ce moment ? Et que fait-il, lui, assis sur les marches d’un couloir où peu de monde passe, le dos collé au mur comme s’il avait besoin d’une aide pour ne pas tomber ? Il soupire, ferme les yeux, ouvre les yeux. Seul, à tout jamais ? Peut-être. Ou peut-être pas. Il a des amis. Mais aucun d’eux ne comble le vide qu’il a en lui, creusé par l’absence de certaines personnes qui par leur présence à ses côtés l’ont aidés à se construire. Atahualpa est une maison à qui on a enlevé des briques. Des courants d’air passent en lui, refroidissant le chaud foyer qu’est son âme. Petit à petit, les flammes s’enfuient, malmenées par le vent, disparaissent. Quelqu’un passe, lui tape dans le tibia et marmonne ce qui doit être une excuse. Alors l’étudiant ramène ses longues jambes tout près de lui, pour ne pas gêner. La tête baissée, il n’est plus qu’une masse habillée de noir et de clous. Juste un élève parmi tant d’autres. Sauf que lui est assis par terre, la tête entre les mains, attendant que tout autour de lui, le temps passe. Et le temps passa. Mais toujours rien. T que fait Atahualpa quand il n’a rien à faire ? Il fume. Personne dans les environs, els couloirs semblent déserts. Ce ne sera pas le premier à fumer ici, ni le dernier. Aucun tort, aucun orgueil à le faire. Ce n’est pas vilain, ni immoral. Normal de fumer quand on a envie de fumer, et d’avoir la liberté de fumer où il le désire. En deux claquement de doigts, son zippo s’enflamme, sa clope grille, la fumée s’élève. Qu’il est heureux, là, tout seul. Long soupir garni de nicotine. Rire de bien-être. Reniflement habituel. Enrhumé ? Non, dédaigneux de ce qui l’entoure. Même, la, cigarette ne l’apaise pas. Alors, agacé, il l ’éteint, à peine l’a-t-il commencé, en l’écrasant entre ses pieds. Ah ! Rien donc ne peut l’apaiser ?

Voilà le jeune homme qui se lève, laissant pour seule trace de son passage une cigarette à peine entamée, éviscérée et saignant son tabac sur le sol. Il prend son sac, la balance sur son épaule, descend quelque marches, puis s’arrête. Où peut-il bien aller ? Nulle part. Alors Atahualpa se rassoit. Frustré de ne savoir où aller pour quoi y faire. Choisissons donc encore une fois l’immobilité, pour ne pas changer. Quelqu’un d’autre finira par passer, le traîner ailleurs, choisir pour lui. C’est tellement mieux ! Le mexicain remet la tête entre ses bras et attends-donc, chantonnant que quelqu’un vienne ramasser le détritus qu’il est. Alors, tri sélectif, poubelle de la cuisine, décharge ? Tant d’endroits où on peut le mener !

Invité

Une pluie fine venait caresser le sol bétonné du campus de l'université. Ce petit désagrément laissait seulement l'espoir des beaux jours prochains dans l'esprit des étudiants. Ces pluies n'étaient peut-être pas si anodines... Sacha gardait le regard plongé à travers la fenètre, alors que son cours de littérature se déroulait dans une lassitude lourde... Il adorait ça, mais il y avait des cours...ça passait pas. Comme cette fabuleuse leçon sur la description et son lot de théories et procédés à s'enfiler...formidable... Bref, il devait rester encore un peu plus d'une heure...patientons. Le regard du français semblait terne, à peine troublé par le reflet fugace des goutelettes fines qui éclataient devant lui. Même la grace d'Eléonore, qui inconsciemment devait luter pour attirer l'intention du rèveur sur ce qu'elle disait, même ses charmes normalement vénérés, ne parvenait pas à engendrer ici une seule intention, innocente ou non. Pas qu'elle se décourageait vite, mais il fallait avouer qu'étrangemment, elle s'inquiètait que le français n'ait pas essayé de tout le cours de la mettre mal à l'aise... Elle n'allait pas s'en plaindre...quoi que...

La sonnerie retentit. Il lui adressa un au revoir on ne peut plus ponctuel, rejetant la hanse de sa besace sur l'épaule, rejoignant bien vite, d'un pas las, le ramdam des couloirs... La jeune femme eut un léger mouvement vers lui, teintée de doute. Il s'inquiètrait pour elle plus tard... Il y avait plus important pour le moment... Après Amely, c'était Maxxie qui l'avait quitté... Il fallait qu'ils le quittent tous, le laissant sombrer toujours un peu plus, palier après palier dans ce gouffre vide. La douce ironie du sort lui avait envoyé Lucja, qui était apparue telle une Grace dans ces nuages coupables... Il n'était pas [encore] seul, mais ne prend-on pas conscience des choses qu'une fois perdues...? C'était bien vrai... Et tout ça ne l'aidait pourtant pas à encore s'accrocher à ce qu'il lui restait... Mais il devait se ressaisir, il n'était pas le seul à avoir des soucis, insignifiants ou pas...

Il claqua son casier, encore une fois, d'un geste machinal qui se voulait virulent. Il n'aspirait qu'à se lover amoureusement dans son lit, avec on ne sait quelle boisson sur sa table de chevet, une playlist choisie (après mieux vaut s'assurer de la nature des mélodies), et une cigarette pendante tendrement à ses lèvres... Il devait ainsi outrager de nombreuses règles de la vie des maisons universitaires mais, entre étudiants, tout ça restait entre nous... On s'amuserait beaucoup moins sinon..! [XD] Mais bon, ses pensées n'étaient pas les siennes, et l'université se vidait à mesure que le Soleil rejoignait les flots...

Berkeley s'endormait peu à peu, malgré quelques rumeurs encore perceptibles. Sacha était repassé par le sécrétariat, histoires de paperasse sans importance, et il se mettait enfin en marche pour rejoindre sa chambre. Direction plumard!

Il allait sortir par le grand hall, lorsqu'il crut reconnaitre au détour d'un escalier une ombre familière. Toute recrovillée sur elle-même, à peine mouvante, émettant une harmonie craintive, dont les traits singuliers lui revenaient pourtant à l'esprit. Il s'approcha doucement, avant de se pencher juste au-dessus de cette masse unie dans la molesse, soufflant simplement:

_ Salut toi....

, avec une faible liesse, le regard insidieusement pétillant.

Le sourire naturellement timide, il se rappela d'un coup que s'il ne s'adressait pas à Atahualpa, il aurait d'un bel idiot... Oh et puis zut, ce ne serait ni la première et encore moins la dernière fois qu'il s'afficherait de manière excessivement gauche... Il ferait jouer le coté déluré des français, ou juste le sien, déjà avéré...

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