Une chaleur étouffante, presque irréelle semblait avoir envahi la chambrée ce qui n'aidait pas notre jeune polonaise à trouver le sommeil. Elle se tournait, se retournait et expirait en de profonds soupirs ; songeuse. Cela faisait à peine deux jours qu'elle était à Berkeley, que tout semblait déjà sans dessus-dessous. Tout d'abord, il y avait ce comité d'accueil qui ne lui lâchait pas la grappe et lui en voulait d'être partie comme une furie, ils étaient responsables d'elle .. C'est vrai, la demoiselle n'y avait pas songé ; ici, elle n'était pas majeure. Ah, bougre ; pour une fois qu'il y avait quelque chose de sympa à vieillir, voilà qu'on lui enlevait. Puis il y avait eu ses retrouvailles avec Sacha qui n'avaient pas été aussi idyllique qu'elle les avait imaginé ; merci Maximillian ... Et le pire était sans nul doute sa rencontre de l'après-midi, une certaine omega dénommée Caitlyn qui avait eu le don de la sortir de ses gonds et surtout de foutre en l'air son nouveau corsage. Bref, toute cette pression accumulée en à peine 48h ne pouvait retomber aussi facilement. Ainsi notre ingénue, se leva, s'ébourriffant au passage sa crinière brune et traversa sa petite chambre pour s'installer sur l'appuie fenêtre. Le visage collé contre la vitre, elle cherchait un peu de fraîcheur. Elle aurait très bien pu ouvrir tout simplement la fenêtre ; mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C'est alors que nostalgique, elle regretta ces nuits pluvieuses où Paris semblait disparaître dans l'eau de pluie .. Où elle avait l'impression de dominer le paysage, seule. Pas de pluie s'abattant sur la fenêtre, pas de mistral qui s'engouffre par la porte d'entrée, pas de neige pour vous glacer le sang ; juste cette épouvantable chaleur. Le mal du pays ? C'était peu dire ... * Ressaisis-toi ; c'est pas le moment de craquer ! *[i] Trop tard. Une larme perlait sur le visage de notre ingénue qui la laissa glisser le long de sa joue, Puis après un moment, elle finit par se reprendre en main et s'essuya ses yeux rougis d'avoir trop pleuré. Pourquoi fallait-il toujours que les choses lui échappent ?! Elle regrettait souvent de n'avoir aucun self-contrôle, elle essayait pourtant de se contenir et y travaillait au quotidien ; mais comme dirait le dicton "chassez le naturel et il vous rattrape au galop". Elle finit par prendre la direction des douches pour se passer un coup d'eau sur le visage lorsqu'elle entendit une porte claquer dans le couloir. Elle pressa ainsi le pas, de sorte à ne pas être surprise en nuisette et en larme qui plus est. Elle rentra donc dans la première cabine de douche, claquant la porte avec vivacité. Pas de chance pour notre ingénue, mais les douches semblaient se mettre en route via un détecteur. Elle se retrouva donc arrosée des pieds à la tête sans avoir rien demandé. C'était la douche froide dans tous les sens du terme.

C'est donc irritée que la jeune Golebiewski regagna son petit 10m². Elle attrapa la première serviette qui était à portéé de main et s'essuya son visage ruisselant. Décidemment, le karma semblait s'acharner contre la belle... C'est alors qu'elle prit une profonde inspiration, détaillant sa chambre avec minutie. Le capharnaüm qui y régnait et dont elle s'était habituée au bout de toutes ces années (on est bordélique ou on ne l'est pas ^^) semblait cette fois-ci la gêner plus qu'autre chose. Elle ne pouvait donc décemment pas rester ici, inerte, sans rien faire. Elle attrapa donc son trench qui traînait sur un coin de son bureau et enfila en vitesse un vieux jeans, qui semblait jurer avec sa nuisette affriolante. Elle n'était pas d'humeur à se pomponner, ni même à s'attarder plus longtemps. C'est donc sans plus tarder qu'elle glissa son petit bras dans la seconde manche du manteau, le refermant machinalement, histoire d'être décente et surtout de ne pas attraper une pneumonie ou quelque chose du genre. Elle saisit donc une grosse écharpe, avant de disparaître derrière sa porte verte anis. L'ensemble blue jean, trench, nuisette noire et basket qui aurait juré sur n'importe quel modèle, lui seyait pourtant à merveille, comme la majorité de sa garde robe. Ainsi, ce que certain appellerait faute de gout, devenait sur notre jeune polonaise un style tout à fait charmant. Puis très franchement, qui aurait bien pu la juger ? Les couloirs étaient déserts..

Le vent qui s'engouffrait dans les couloirs sombres et sinueux de l'université avait une musicalité particulière cette nuit là, presque rassurante. La petite française érait dinc dans ces couloirs à la recherche d'un objectif, une bonne raison de ne pas regagner sa chambre. Mais il n'y avait rien, juste elle et le silence.. Puis, l'idée d'un petit tête à tête avec les étoiles apparue comme étant "la" bonne solution. Elle avait toujours aimé ça, aussi petite qu'elle était. Elle se plaisait en effet à détailler chaque météore avec intérêt, en deviner le signe, le dessein, la signification. De plus l'air frais l'oxygènerait, ce qui ne lui ferait pas de mal loin de là. Elle empreinta donc l'escalier en ferrail qui menait au toit. Loin d'être des plus rassurants, celui-ci grinçait sous le joug de son pied un peu trop lourd ou lent... Elle finit par arriver devant la grande porte d'où l'air semblait provenir. Il tournoyait en un râlement indécis qui fit douter la belle. * Et si l'administration passait par là ? * Cette pensé ne l'effleura qu'un quart de seconde, le temps de venir à bout de cette porte. Lorsqu'elle en franchit le pas, l'air glacé s'empara de son corps en feu. Cette rencontre entre jour et nuit, chaud et froid, la fit grelotter doucement. Mais au lieu d'avoir l'air déçue ou encore insatisfaite, elle souria. S'était plaisant ; elle se sentait vivre, ressentait la moindre petite partie de son être. S'est donc pleinement satisfaite qu'elle leva les yeux au ciel et s'enquit à trouver la grande ours, comme une môme devant un livre Où est Charlie ?.

Soudain un soupire, une sonorité inconnue vint la faire sortir de son investigation. Qui pouvait bien se trouver dehors à se les geler à une heure si tardive.. Soudain, cette reflexion perdit tout son sens puiqu'elle était là (--'). Elle fixa alors la silouhette songeuse qui se profilait à seulement quelque mètre de là. Vu la carrure, Lucja devina qu'il s'agissait d'un homme, il était installé près de la bordure du toit, la tête dans les étoiles. Lucja n'esperait qu'une chose, qu'il n'est pas envi de sauter ou je ne sais quoi... Elle ne se sentait pas l'humeur d'une wonder woman ou encore d'une psychologue. Elle avança discrètement, la curiosité la rongeait. Elle voulait voir, savoir qui était ce jeune homme ?!