Une soirée mondaine. L’idée ne la tentait pas. Pourtant, maintenant que son succès avait fait d’elle une figure mondaine, se montrer n’était plus une option. Le monde devait la voir pour que ses affaires poursuivre leur train. La voir signifiait évidemment la juger.  Aussi, le choix de la tenue constituait un questionnement ardu pour une jeune femme peu habituée aux sphères de la mode. Pragmatique, Madison avait prit un conseiller dans l’une des boutiques de vêtements les plus tendance du moment. Toutes ses robes, ses chaussures, ses sacs… Pourquoi faire ? Madison ne savait pas se vêtir, d’autres se chargeraient de lui enseigner les bases de la mode. Si ça ne tenait qu’à elle, son jean troué et ses baskets auraient suffit. Mais la vie n’était pas si simple que ça. Une bonne leçon lui avait été offerte peu de temps auparavant. Si son petit cul tenait à rester en vie longtemps, la tête se devait de prendre  en mains les rênes de la son existence.  Depuis, Mad ne laissait plus rien au hasard. Maîtresse absolue du contrôle sur son environnement et sa petite personne, rien ne devait lui échapper. Les apparences changent tout… tout jusqu’aux plus petits détails. Voilà une vérité éternelle. Aussi, Mad apportait une grande importance à la situation et aux choix qui s’opéraient dans ce magasin.

Durant un moment, elle avait hésité entre la somptueuse robe rouge vif et la pratique petite robe blanche crème. L’un dans l’autre, la blondinette ne se sentait pas à l’aise. Marcher avec des talons ? Sentir sa taille serrée d’un corsage, outil du diable ? Non merci. Malheureusement, on lui avait assuré que toutes les filles porteraient de magnifiques modèles de robes et des escarpins. Tablant sur du classique, son petit corps fut ficelé dans une robe noire et perché sur des talons aiguilles.

Coiffée, maquillée et finalement prête, elle rejoint son chauffeur. La mascarade pouvait commencer. Comment conduire avec des talons pareils ? Comment sortir d’une voiture avec ? La question se posa alors qu’elle tentait de calculer la manière la plus adaptée pour mettre le pied au sol sans déchirer la robe. Le tissu entravait ses mouvements. Agacée, Madison coupa court à la réflexion plutôt que d’avoir l’air d’une idiote à agiter la jambe sans parvenir à sortir. D’un pas large, elle enjamba le bord de la voiture pour venir au sol. Sa jambe dévoila une bonne partie de son sous vêtement dans le mouvement avant que l’appuie ne soit trop fragile. Chancelante, la petite bascula contre son portier. Le brave malheureux reçu un poids sur le torse sans parvenir réellement à la maintenir. La chute fut inévitable. L’entrée en matière sonnait réellement bonne pour ce soir. Sûr que ce petit incident ne passerait pas inaperçu.

Les genoux écorchés donneraient un genre nouveau à son style. Dans une grimace de douleur, Madison accepta la main tendue pour l’aider à  se relever. Si ses jambes se remettraient, son égo ne savait pas réellement. La seule consolation du moment s’avérait être la certitude de croiser l’homme qui l’avait invité. Nul doute qu’il serait occupé et accaparé avec la montagne d’hôtes qu’il accueillait en une soirée.  Pourtant, quelques minutes suffiraient à Madison. Au bras d’un illustre inconnu, Madison se fraya un chemin vers l’entrée. On s’occupait de son manteau, s’assurait qu’elle n’avait pas besoin de soin et déjà on l’entrainait vers la salle de réception. Impossible de souffler  deux minutes pour se remettre de tout ça ? Apprécier la grandeur des lieux ? Le luxe de chaque petit détail ? Impossible de savoir quoi penser, surtout. La timidité avait toujours étouffé la blondinette. Alors se retrouver soudainement dans cette masse grouillante d’individus prêts à la dévorer aiguisait ses crocs.
Le torse gonflé, la tête haute et le regard hautain, Madison se dirigeait vers le fond de la pièce. Son sens de l’analyse lui permettait de rapidement mettre un nom sur un visage s’il était connu. Un sourire s’offrait parfois à elle avant qu’elle ne réponde d’un hochement de tête. Non, que personne ne vienne lui parler maintenant. Elle avait besoin de retrouver une personne en particulier, lui dire qu’elle était passée et ensuite s’échapper dans sa tour d’ivoire pour reprendre ses activités des créations, de gestion et un rythme de travail effréné… C’était ça, toute sa vie : le travail.

Les réceptions, les diners mondains, voilà tant de choses que les jeunes riches n'aiment pas et que les vieux riches adorent. Il faut prendre sur soi la première fois, puis ensuite cela va de mieux en mieux. Andrew lui a toujours baigné dedans, déjà à dix ans il était obligé de venir. Jouant en se cachant derrière les robes des grandes de ce monde, celles qui l'avaient connu gamins venaient encore, ayant l'âge de sa mère, certaines même lui avait fait du gringue pour essayer de le séduire. Le jeune Andrew avait bien grandit et était comme un poisson dans l'eau. Il n'aimait pas forcement ça, boire du champagne alors qu'il n'aimait pas forcement ça, manger des petits fours où il n'y avait pas grand-chose, crever la dalle parce qu'il n'y a rien de consistant à se mettre sous la dent. Sourire, sourire encore, faire un chèque toujours plus gros et surtout faire un chèque assez gros pour ne pas être jugé. Les us et coutumes font mal, très mal, surtout quand on ne les connait pas. Son père lui avait toujours dit "Ils connaissent tous notre fortune, ils s'attendent donc à un don en conséquence par rapport à ce que l'on gagne", il lui avait même appris la formule pour toujours donner assez sans donner trop, car le trop est lui aussi mal vu. Il ne faut pas mettre mal à l'aise les gens avec trop d'argent, il faut qu'ils ne se sentent pas gêner en voyant votre chèque car soyez sur qu'ils le regarderont. Aujourd'hui on donnait pour un pays d'Asie, victime d'un séisme. Andrew en avait parfois marre de donner à droite à gauche, les pays avaient de l'argent et se devaient d'aider leurs habitants. Mais encore une fois son père lui avait enseigné que donner ouvrait des portes, paraitre désintéressé alors qu'on ne l'est pas, voilà la clé du succès. Il envoyait toujours un homme de confiance dans les pays où il envoyait son argent, officiellement pour suivre l'avancé des travaux, voir s'il n'y a pas de magouille derrière tout ça. Officieusement pour signer des contrats et donc tel un investissement le don est intéressant s'il rapporte plus que la dépense, que ce soit d'un point de vue pécuniaire ou notoriété.
Ici tout le monde le connaissait, il n'arrêtait pas de serrer des mains, de baisser la tête gêner après quelques compliments de femmes ayant toutes deux fois son âge au minimum. C'était ça la vie de riche, se draguer, recevoir des compliments, il avait souvent l'impression d'être une femme. Une femme entourée de lions qui veulent la manger. Il était certainement le plus jeune et s'il ne l'était pas il était le plus jeune riche d'ici. Pas dur de le savoir vu qu'il frappait maintenant à la porte du podium des fortunes mondiales. Il voulait la première place, question d'orgueil, mais il allait devoir travailler de plus en plus. L'argent appel l'argent il est donc toujours difficile de prendre une place vu que la personne devant vous gagne beaucoup plus que vous rien qu'en intérêt bancaire. Voilà pourquoi l'Asie pouvait être intéressant, après le Moyen Orient, l'Asie devait voir l'enseigne Walton, le monde ne devait être qu'un grand terrain de jeu pour le propriétaire de tout juste 27 ans.

Ce soir il y avait aussi un gout différent, sa petite protégée Madison allait faire sa grande entrée dans le monde impitoyable des affaires. L'histoire est longue, elle avait commencé au bas de l'échelle, c'était fait toute seule et maintenant elle comptait dans le monde des grands. Encore jugées comme service, oui les riches avait une catégorie, il y avaient les plus riches d'entre eux qui faisaient vivre les gens. Puis il y avait les riches qui eux faisaient leur argent en vendant des choses aux autres riches, ils étaient un peu moins bien vu, pourquoi? Tout simplement parce qu'ils prenaient l'argent. Les styliste ayant fait fortune n'était pas bien vu par exemple, ils étaient souvent traités de voleurs et pourtant on s'arrache leur création dans les hautes sphères, trop de mauvais coups...
Ne la cherchant pas vraiment c'est elle qui tomba sur lui, elle était magnifique, ça changeait pas mal du jean trouée et des chaussures de mecs, elle était belle avec son blond pratiquement blanc, mais il fut tout de suite attiré par le côté négligé qu'elle avait sur elle, était elle tombée? A en voir ses genoux c'est ce que l'on pouvait penser, cachant son sourire en coin il ne pu s'empêcher de lui poser la question, il ne la jugeait pas et elle en était consciente. Il était là pour l'aider, être l'épaule qu'il lui fallait dans ce monde de brute, puis avoir un Walton comme épaule était certainement quelque chose de top. "Ravissante ce soir! Mais tu as eu une petite sortie de piste ou quoi?" dit-il en montrant les genoux de la jeune femme.

22 ans et probablement trop fortunée. Madison ne connaissait aucune us et coutume de ce monde. Il n'avait rien de différent de l'univers de la rue. La règle demeurait la même, paraître le plus fort. Néanmoins, elle devait admettre que les apparences appelaient différentes formes de présentation. Haute couture, coiffeur hors de prix et vocabulaire trop évolué pour la donzelle. Madison avait appris à faire peur, à se faire crainte. Ici, il fallait séduire, attirer les bêtes avec du miel pour mieux les mener par le bout du nez.

Le regard de la jeune femme observait les autres autour avec un forme de dédain non camouflé. Pathétique! L'oisiveté ne possédait aucune place parmi ses occupations. Aucune! Boire du champagne? Se passer de la pommade? S'exhiber dans des robes hors de prix? Non merci. Plus encore, donner de l'argent à des pauvres? Mais pourquoi? Personne ne lui avait jamais donné quoique ce soit dans sa foutu vie, même quand elle crevait de faim dans les bas fonds!

"Tu déconnes? Je ressemble à un rôti ficelé et fourré à l'ail prêt à se faire bouffer. Je vais virer mon chargé de communication... Robe qui serre, talons et même épilation! Pourquoi je me suis fait faire le maillot, personne ne va voir ma culotte ce soir et je me démerde très bien toute seule ! J'ai l'impression d'avoir été violée! "

Son parfum avait été choisi parmi les dernières créations de Dior mais Mad continuait à penser qu'il empestait. Ce n'était pas parce qu'un mec en costume cravate lui avait dit que c'était sa plus belle création qu'elle devait le gober! Ca pu, voilà tout! Madison haïssait les robes, qu'une esthéticienne tripote son intimité pour faire une chose qu'elle pouvait réaliser elle-même et les talons la rendaient ridicule! Inspirant profondément pour se reprendre, la blondinette offrit son sourire le plus hypocrite possible à Andrew.

"Quelle charmante réception. Merci pour cette invitation."

Oui, cette phrase avait été apprise par coeur et réalisée par son chargé de communication ou chargé d'image. En réalité, Madison avait l'impression qu'Andrew avait fait en sorte que tout le monde ait soudainement envie de suicider et léguer toute sa fortune à l'Asie pour elle ne savait qu'elle cause humanitaire stupide. Mais, Madison avait repéré un homme en approche et elle savait qu'elle devait paraître comme eux. Ce qu'elle n'avait pas noté c'est que l'individu en question n'était qu'un serveur chargé d'un plateau rempli de choses étranges. Il s'arrêta prêt d'elle pour lui proposer des petits amuses bouches tendant le tout vers elle. L'avantage, c'est qu'au vu de la quantité, elle ne risquait pas d'être encore plus à l'étroit dans sa robe. Dire qu'elle n'avait rien mangé depuis ce matin pour entrer dans cette foutue tenue. Madison avait fait les poubelles dans son adolescence. Servez lui n'importe quoi sur un plateau, elle le mange. Cependant avoir crevé de faim apportait de vilaines habitudes: la faim devient une hantise. La peur de manquer marque l'esprit avec une force incroyable. Personne ne pouvait comprendre s'il n'était pas quasi-mort de faim, un soir d'hiver dans une rue glauque des bas quartiers.

De plus, son chargé de communication avait prévu de nombreuses situations, mais pas cette éventualité. Madison attrapa le plateau présenté par le serveur dans un merci et le garda pour elle. Les mains occupées par l'objet bien trop grand pour elle, Madison semblait avoir l'estomac dans les talons. Quoi? C'était tout pour elle, non? Le serveur se retrouva démuni devant la situation mais n'osa pas troubler une invitée. Il hocha la tête dans une salutation polie et s'éclipsa en direction des cuisines. Des sourires en coin, des gloussements et Madison avait déjà envie de jeter le plateau sur la tête d'un idiot un peu trop hilare. Quel était le problème, encore? Il y avait toujours un foutu problème à chaque fois qu'elle bougeait le petit doigt!