the great escape
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ashtray heart /swanael

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Nael Silvano Sala
there's no place like berkeley
Nael Silvano Sala
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MessageSujet: ashtray heart /swanael ashtray heart /swanael EmptyDim 19 Avr - 21:17

« - Swan … Tu vois, ça fait un putain de temps, et pourtant c'est fou, c'est toi la première à laquelle je pense, pour parler. J'espère que tu vas bien ; ça avait l'air, la dernière fois que je t'ai vu au banquet de l'autre con là .. je sais plus comment il s'appelle.. t'avais l'air... bien. Moi … moi bah j'aurais vraiment besoin de t'entendre à l'autre bout du fil. Rien de grave, mais j'ai besoin de parler ce soir. Je sais que t'es pas mal occupé, mais si t'avais ne serait-ce que dix minutes à m'accorder... Je t'embrasse. »

« - C'est moi … Encore, je sais. Je suis sûre que ça te déplaît pas. Et si ça te déplaît, j'ai plus qu'à m'enterrer, ça ferait qu'une merde de plus à ma liste de merdes. Tu sais, quand tu disais souvent que j'avais toujours le don d'être dans les situations à la con ? Bah t'avais raison. On devrait me remettre une médaille tellement je suis doué pour ça. [rires] Je t'embête pas plus longtemps. Mais essaye de rappeler, me fais pas croire que t'as des clients à t'occuper à cette heure. »

- - - - - - - - - - - -

Un brouhaha assourdissant régnait dans la rame du métro new-yorkais. Pourtant Nael n'entendait rien, ne prêtait même, aucune attention à l'agitation palpable. Les oreilles accaparées par la musique de sa playlist, volume sonore maximal, les yeux résolument fixés sur son portable, Nael s'était coupé du monde. Il n'y avait plus que ses photos qui existaient, celles qui défilaient devant son écran de téléphone, pinçant à chaque fois, un peu plus son cœur déjà bien mélancolique. Ses doigts passaient rapidement sur certains souvenirs, plus lentement sur d'autres. Soudain, ils s'immobilisèrent. Sous ses yeux, un cliché de Swan et lui. Pris des mois auparavant en Grèce, ils avaient la peau burinée, les traits fatigués mais le regard brillant, pétillant sous l'effet de l’adrénaline procurée par leur virée en voiture empruntée. Cela faisait des siècles qu'il n'avait pas vu cette photo. Et de ce fait, les pensées se bousculaient désormais par dizaine, sans qu'il puisse toutefois en extraire le sentiment dominant. Ça lui paraissait loin, tout ça. Le cliché montrait une bulle d'osmose quasiment complète, dans un ensemble de chaos. Ils avaient réussi à ne pas s'entretuer pendant quelques mois, puis leurs éternelles querelles avaient repris le dessus. C'était comme si leurs deux cerveaux se mettaient toujours d'accord sur la même chose ; ne composons pas ensemble trop longtemps. Déchirons-nous, et regardons ensemble comment ils s'en sortent avec ça. Et finalement, ils s'en étaient cette fois-là sortis sans trop casser de meubles ; c'était d'un commun accord qu'ils avaient laissé la remise des diplômes et la prise de chemins différent les séparer. On reste amis, s'étaient-ils en quelque sorte assuré. Mais à y regarder de plus près, la belle promesse d'une amitié sereine battait un peu de l'aile. Bien qu'à l'autre bout du pays, Nael croisait régulièrement Swan dans des soirées new-yorkaises. Ou plutôt, il croisait son ombre, n'osant jamais, briser les derniers mètres qui les séparaient l'un de l'autre. Alors il restait loin, essayant de se faire une idée de son état d'esprit, à défaut d'avoir le courage de lui demander comment ça allait. Il s'était depuis, longtemps interrogé sur la raison pour laquelle il n'arrivait plus à approcher une personne qu'il connaissait pourtant depuis des années. Et l'évidence lui avait éclaté aux yeux, un jour où comme à l'instant même, il rentrait chez lui après une journée monotone. Une frontière les séparait désormais ; ils n'appartenaient plus au même monde. Il la voyait de loin, entourés d'une cour de personnes huppées, d'hommes pour la plupart. Il la voyait resplendissante et toujours plus charismatique, le sourire aux lèvres, celui qui voulait dire, vous ne me connaîtrez jamais, mais ça m'amuse de voir que vous essayez. Et lui, il notait tout ça, puis croisait son regard dans une baie vitrée, s'arrêtant sur l'image qu'elle lui renvoyait. Celle d'un homme au regard un peu éteint, au teint un peu terne. Subsistaient encore quelques traces d'une aura innée chez lui ; et lorsqu'on le voyait danser, rire aux éclats, sous l'emprise d'une ivresse presque continue désormais, on pouvait encore distinguer l'homme enjoué et enthousiaste qu'il avait toujours été. Mais lorsqu'il quittait l'ambiance de ses soirées débridées, on voyait bien que quelque chose s'était froissé chez Nael. La faute à des rêves contrariés, le gamin bordelais devait maintenant se coltiner des jobs éreintants et merdiques, revêtir un costume qu'on était pas censé endosser après un cursus dans une université comme celle de Berkeley. Heureusement, dans cette ville à l'activité ininterrompue, il avait réussi à se créer une vie nocturne qui lui permettait de se libérer du quotidien; Nael faisait peut-être encore plus la fête que lors de ses années étudiantes, parce que c'était bien là une chose pour laquelle il était doué, et surtout bien là une chose qui arrivait encore à le satisfaire. Alors forcément, à côté de Swan qui traçait brillamment son parcours, il faisait tâche. Mais bon, c'était pas grave. Elle le méritait. Lui aussi pensait de base, le mériter, mais il avait fini par se dire que c'était la vie, qu'il avait sous-estimé l'impact du facteur chance sur une vie, et surtout ce que ça faisait lorsqu'il était pas là. Tant pis. Il était pas malheureux pour autant ; il avait un toit, un travail, c'était déjà pas donné à tout le monde. Swan et lui avançaient bien mieux séparément. Mais alors qu'il se faisait cette réflexion, des réminiscences d'une nuit pas si lointaine lui revinrent en tête. Et finalement, ce qui se détachait dans l'amas de pensées éveillées par la vue du cliché apparaissait désormais très clairement : c'était la honte. Quelques jours plus tôt, il avait appelé Swan. Il revenait de soirée, sans avoir réussi à vraiment s'amuser. Chose qu'il faisait rarement, il avait alors continué d'enchaîner les verres, tristement seul dans l'appartement. L'envie d'entendre la voix de la jeune femme s'était alors faite surprenante puis pressante, et avant qu'il ait eu le temps de s'en rendre compte, il avait déjà composé son numéro. Une fois, deux fois, cinq, six fois peut-être. Il ne savait plus exactement. Comme il ne savait plus le nombre de messages qu'il lui avait laissé. Ce dont il se souvenait parfaitement par contre, c'était le genre de conneries qu'il avait pu lui conter sur sa messagerie vocale. Il aurait préféré oublié. Mais le jeune bordelais se rassurait en se disant qu'elle ne l'avait pas rappelé. Il avait l'espoir dès lors, que les messages ne se soient pas envoyés. Qu'il ait été trop déchiré pour appuyer sur le bouton dièse. Nael leva les yeux alors que le métro ralentissait. Son arrêt approchait. La machinerie s'arrêta et il sortit de la rame, puis remonta l'avenue avant de s'engouffrer dans l'immeuble de l'appartement de Lola. Il se demandait si elle était de sortie, et surtout, espérait qu'elle ne le soit pas. Il  avait ce soir-là, cette envie de passer un peu de temps à l'appartement tranquille, avec elle. Quand il s'apprêta à ouvrir la porte, celle-ci était déjà déverrouillée. Il ne s'en formalisa pas, Lola oubliait souvent de refermer derrière elle, quand elle rentrait. Mais lorsqu'il pénétra dans le vestibule, ce n'était pas Lola, assise sur le canapé. Il s'arrêta, son cœur rata un battement. Il dut attendre quelques secondes avant d'être en mesure de pouvoir parler. « Swan. » lâcha-t-il simplement. Dérouté, il ne savait que dire d'autre. Il referma la porte derrière lui, posa les clés sur le bar, tout cela avec une lenteur exagérée, qui lui laissait le temps de reprendre contenance. A la fin, il hésitait toujours sur l'attitude à adopter. « C'est Lola qui t'a ouvert ? » Il avait conscience d'être là un peu formel, mais il ne pouvait se résoudre à dire qu'il était content de la voir. Bien sûr que dans un certain sens, il l'était. Mais dans un autre, il se revoyait encore composer son numéro, quelques jours plus tôt. Et il n'était pas assez bête pour croire qu'il n'y avait aucun rapport avec sa visite complètement impromptue. « Décidément, t'as toujours ce même don pour me surprendre dans mon propre chez-moi. » Un sourire incertain sur les lèvres, il faisait là référence à la visite surprise qu'elle lui avait faite en Grèce. Mais aussitôt le souvenir prononcé, Nael regretta ses paroles. Elles lui rappelaient une période de sa vie où il était bien plus heureux qu'à l'instant. Or, il se devait de ne pas être nostalgique devant une personne qui, contrairement à lui, semblait avoir parcouru bien du chemin.

- - - - - - - - - - - -

« Le monde ment, on m'a menti, j'ai plus d'avenir, c'est fou comme ça bascule hein ? Et y a personne. Sauf cette boîte vocale qu'est trop cool, je peux lui dire n'importe quoi, c'est ouf, elle m'écoute. J'me sens las, tu crois que si je bois un verre de plus, la sensation partira ? Devine combien j'en ai bu, c'est [paroles inintelligibles] … Swan ? T'es là ? [silence] Ah non, j'ai cru, mais toujours pas ... »
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Swan Cartwright-Hansen
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MessageSujet: Re: ashtray heart /swanael ashtray heart /swanael EmptyLun 20 Avr - 22:39


- - - - - - - -
Au début, ce fut une toute petite tâche, comme une forme de nostalgie. Mais non, en se rapprochant bien, on pouvait discerner l’aspect mauve de la mélancolie. Et de plus près encore, on pouvait voir la vraie nature d’une certaine tristesse.


~

« Recommencez ! » Le ton sec de l'exigence, l'art de porter sa voix de sirène au-dessus du son subjuguant des clarinettes de jazz, la rigueur absolue au bout des lèvres, Swan avisa la scène d'un regard rigide à la quête de la perfection. Sur les podiums brillait sa troupe de danseuses, des filles aussi jeunes qu'elle vectrices de charme et de glamour dans leurs robes à frange des années vingt. Sous ses ordres, elles reprirent chacune leurs places et attendirent la première note d'Hit the road Jack avant d'exécuter des pas de charleston qu'elles avaient fait des centaines de fois. Dans quelques minutes, ce temple de la Belle Epoque ouvrira ses portes pour offrir à ses convives une soirée délirante dans le monde étincelant de jeunes garçonnes croquant leurs libertés et s'affirmant face à ceux que certains appellent encore le sexe fort. Ses yeux verts d'eau plongeaient chaque soirs dans cet océan de lumières et supervisaient avec charisme tous les détails de cette grande machine. De la chorégraphie réglée au millimètre, en passant par la composition du menu du jour, jusqu'aux bouteilles de rhum rangés soigneusement derrière le comptoir du bar, Swan voyait tout, était partout. Depuis qu'elle s'était lancée dans cette folle aventure, à peine le pieds sortie de la prestigieuse université de Berkeley, elle ne vivait que pour ça, ce travail devenu maladif. Elle s'en gavait chaque jour, restait des heures après la fermeture devant l'écran de son ordinateur à décrypter la croissance continue de son chiffre d'affaires. C'était ça, sa vie maintenant. Se lever à cinq heures et admirer avec sa première clope du matin entre les mains les couleurs de l'aurore à travers la baie vitrée de son appartement trop grand. Arpenter les couloirs éteints de sa jolie boîte à succès sur les coups de six heures, écouter le silence,  l'immense silence d'une solitude qu'elle se refuse d'accepter. S'installer dans la chaise de son bureau, allumer son ordinateur et se nourrir des heures et des heures des dernières évolutions du marché. C'était devenu mécanique, comme un moulin qui ne cesserait de tourner. La vie à cent à l'heure, la tête plongée dans le travail à coup d'heures supplémentaires et de réceptions d'affaires. La vérité, c'est qu'elle se consumait à petit feu à l'intérieur, le monde tremblait sous ses pieds, elle était prête à s'effondrer. Se noyer dans le travail était devenu le seul moyen durable qu'elle avait trouvé pour tenir debout. Occulter de ses pensées ce quotidien superficiel, cette luxure flamboyante qu'elle avait pourtant longtemps renié. La voilà plongée dedans. La tête la première. Seule, oui, toujours seule. « Mrs Hansen, quelqu'un a essayé de vous joindre. Voulez-vous que je rappelle le numéro ? ». Le souffle chaud de la petite Leah, nouvelle stagiaire à ses pieds de patronne, lui brûla le coin de l'oreille. Les yeux rivés sur les pieds de ses danseuses, Swan ne porta guère attention à sa présence, totalement obnubilée par l'exécution de cette chorégraphie. La voix portée au-dessus du vacarme des saxophones, Leah retenta sa chance. Cette fois-ci, et pour la première fois depuis des heures, Swan tourna la tête. « Un contact professionnel ? »  Elle eut à peine le temps de retourner son attention sur la scène que sa petite stagiaire s'était empressée de lui répondre en hochant la tête. « Alors, laissez tomber. » conclut-elle sans se préoccuper le moins du monde de la personne qui pouvait bien la réclamer au bout du fil. Elle avait tranchée. Sa vie personnelle était relayée au second plan et ses rares amis de l'Université qui faisaient encore l'effort de la joindre se tombaient rapidement sur sa messagerie. Le principe est simple : tout ce qui ne concerne pas, de près ou de loin, sa société ne l'intéresse pas, ou plutôt, ne l'intéresse plus. Résignée, Leah s'en alla, la musique s'arrêta. Et sa voix rigide s'éleva à nouveau. « Recommencez. »

Elle a le regard qui dérive, le cœur qui valse dans sa poitrine, les mains qui tremblent. Elle tremble. Pour de vrai, oui, elle ne rêve pas. Elle tremble. Le corps déstabilisé, elle l'entends, cette voix grave ayant bercée ses nuits quelque part dans Paris et chatouillée son cou dans une chambre d'hôtel en Grèce. Elle l'entends, assise sur le coin de son bureau de travail, les yeux vides, vides d'émotions. Il fait nuit, il est trois, peut-être quatre heures. Et elle l'entends. Nael. Son Nael à Elle. Perdu derrière des échos de musique étouffés, une soirée arrosée, un verre d'alcool qu'elle imagine à moitié vide entre ses mains. Elle le voit adossé contre un mur, la tête baissée sur le comptoir d'un bar, le coeur agrippé à un lampadaire dans un jardin bondé de monde. Elle le voit. Rien que ça, c'est déjà trop. Pourtant. Elle éteint la lumière, s'installe dans le fond de sa chaise les jambes pliées contre sa poitrine, le menton posé nonchalamment sur ses genoux. Elle regarde sa ville à travers la fenêtre : la Nouvelle Orléans, ses lumières nocturnes et ses rues désertes. Sa main appuie sur l'un des boutons de son téléphone fixe. Vous avez trois nouveaux messages, qu'on lui réponds. Elle l'entends. Une nouvelle fois. Et ça fait mal, ça lui fait mal.  

Une porte entrouverte devant les yeux, Swan vérifia pour la troisième fois l'adresse des lieux sur son téléphone portable et jura de virer la personne qui l'ait amené jusqu'ici s'il s'avérait qu'elle se soit trompé d'endroit. Lassée de devoir prêcher le vrai du faux, elle s'aventura avec prudence à l'intérieur de cet appartement dans lequel elle ne détecta aucun signe de vie. Et pourtant, une veste noire posée négligemment sur le canapé du salon lui ôta bien vite l'ombre d'un doute. D'une démarche lente, elle s'en approcha et osa à peine la toucher comme s'il s'agissait d'une œuvre d'art. Un mince sourire se hissa mécaniquement sur le bord de ses lèvres rouges. Un parfum familier venait de raviver ses papilles d'adolescente. Elle était à lui, cette veste. Le paradoxe des sentiments la foudroya dès lors. La joie de retrouver des sensations passées et la mélancolie d'un temps où rien ne semblait pouvoir les toucher. C'est à ce moment là qu'elle prit conscience à quel point ils avaient été heureux ensembles, oui, ils avaient été heureux. Même si ce fut court, bref et sans aucun doute tâché par leurs légendaires disputes. L'essentiel avait été là. Et leur échappait à présent. Alors qu'elle venait de s’asseoir et peinait grandement à se remettre de ses émotions, elle l'entendit. Pour de vrai. Cette voix grave à quelques mètres d'elle. Nael sur le pas de la porte à prononcer son nom. De suite, elle remarqua son visage éteint, les cernes de fatigue autour de ses yeux, aussi grandes que les siennes, au fond. La seule différence, c'est qu'elle, personne ne les voyait. D'un coup, son cœur manqua un battement. Lola. Lola, la même Lola avec qui elle partageait son appartement à Berkeley, et qui partageait désormais sa vie, à Lui. Qui sait s'ils n'avaient pas fini par être assez stupides pour tomber fou amoureux l'un de l'autre. La gorge serrée, elle eut envie de vomir. « Il faut dire que cette fois-ci, tu m'as un peu poussé. » Étrangement, sa voix restait neutre, colorée par un certain engouement. Son rôle de dirigeante aidant, Swan était devenue encore plus douée qu'avant : en un rien de temps, elle réussissait à passer des rires aux larmes et était capable de faire transparaître n'importe quelle émotion. Et ce, même si à l'intérieur, tout se cassait la figure. « En tant qu'amie... » Elle s'arrêta un quart de secondes, presque étonnée par ses propres paroles. L'éventualité d'une quelconque amitié entre eux lui semblait... impensable. Et pourtant, c'est bien ainsi qu'ils s'étaient quittés quelques mois auparavant. Amis. «... je me devais bien d'être là. A moins que tu ne veuilles pas de moi, et dans ce cas, je peux t'assurer que je vais te faire un scandale pour m'avoir fait déplacé jusqu'à New-York pour rien. » lança t-elle d'un air léger, refoulant la poussière de ses véritables sentiments. Un sourire allégé en matières grasse sur le coin de la bouche. Elle avait décidé de se prendre au jeu. Amis, qu'ils avaient dit.
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Nael Silvano Sala
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MessageSujet: Re: ashtray heart /swanael ashtray heart /swanael EmptySam 2 Mai - 23:01

Nous trinquerons à l'avenir,
Au souvenir des misères,
A ces airs qui nous réchauffent

A cette eau qui a manqué,
A ces ponts qu'on a baclé,
A ce gras sur nos épaules...

On parlera du silence,
De l'étirement des distances
entre nos verres qui s'entrechoquent.
trois minutes sur mer, à demain




Incroyable mais vrai, son esprit virevoltant vers Swan semblait avoir agi comme un aimant, qui avait irrémédiablement ramené l'objet de ses pensées près de lui. C'était un truc de fou que de la voir là, devant lui, tangible. Il lui suffisait de faire un pas, de tendre le bras; il pouvait effleurer sa peau du bout des doigts, saisir sa main. Il n'y avait aucune trace de cour arrogante autours d'elle, aucune barrière physique ne pouvait les séparer. Néanmoins, il ne pouvait se résoudre à l'approcher de plus près. Il n'avait jamais été aussi mal à l'aise qu'en cet instant. Pourtant, il en avait eu des occasions d'avoir honte, de son comportement, des crasses qu'il avait pu lui faire. Mais même lorsqu'il s'était senti roi des cons, lorsqu'il n'avait été qu'un enfoiré immonde, jamais il n'avait eu l'impression qui l'étreignait en ce moment même, celle d'être aussi peu à sa place auprès d'elle. « Moi, t'y avoir poussé ? » répéta-t-il, feignant de ne pas comprendre l'allusion. Dans son cerveau, ça tourbillonnait. Ses craintes devenaient réelles, et les appels, dont il avait encore l'espoir qu'ils se soient perdus dans le néant, avaient bel et bien été enregistrés. Il était mortifié des espèces de messages bourrés de détresse qu'il lui avait laissé. Ça sortait d'où, ce ton plaintif d'abord ? Ça lui ressemblait pas, de s’apitoyer sur lui-même de la sorte. Il n'avait jamais eu aucune envie d'éveiller la pitié, il ne voulait pas d'une charité à deux balles. Et voilà que pourtant, la compassion de Swan était remontée au level mille, à en juger par les kilomètres qu'elle venait de se taper pour le rejoindre dans l'appartement qu'il partageait avec Lola. Il n'était même pas flatté d'être à l'origine de tant de réactivité chez la jeune femme. Tout ce qui revenait dans sa tête de façon lancinante, c'était qu'il devait donner une bien belle image de loque en puissance. Et pour quelqu'un de fier comme Nael Silvano Sala, c'était le genre de chose qui ne passait pas. « En tant qu'amie... » Elle s'arrêta, et pour la première fois depuis qu'il était rentré, le bordelais croisa son regard. C'était vrai qu'ils se l'étaient dit, qu'ils seraient amis. Ça paraissait tellement anodin de balancer ce genre de chose, mais des mois après la promesse, ça lui faisait toujours aussi drôle de regarder Swan et de se dire, bah oui Nael, c'est ton amie. Se le persuader, c'était pas facile. Mais il continuait, car peut-être était-ce après tout, la façon dont ils devaient se considérer, pour tenir sur la durée. Le sentiment d'amitié était peut-être leur cure, leur moyen d'annihiler cette instabilité qui les avait toujours bouffé dans le passé. « Je me devais... m'avoir fait déplacé... Mon Dieu Swan, on dirait que je t'ai mis un couteau sous la gorge pour que tu viennes. » s'amusa-t-il sur le même ton qu'elle, avec une légèreté qu'il feignait bien plus qu'il ne ressentait. Sa voix ne trahissait rien, mais il savait que ses gestes étaient raides, sous l'effet de la tension qui l'étreignait. Malgré le ton badin de Swan, le bordelais ne passait pas à côté de l'information qu'elle venait de laisser échapper : il était le seul et l'unique raison de sa venue à New-York. Il reprit, en haussant les épaules, l'air désabusé. « D'autant plus que je pense te décevoir, mais tu as décelé une urgence là où y en avait pas. Rien ne justifie vraiment ta venue. » Et même si ses paroles avaient pour but de balayer l'image pitoyable que Swan avait dû se faire de lui après les appels, il se sentait réellement sincère, en disant cela ; il se représentait les messages laissés sur la boîte vocale comme une déformation liée à l'alcool, une extrapolation d'un sentiment mélancolique qui se faisait de plus en plus présent désormais. Souffrait-il réellement, qu'il n'en avait pas conscience. Il ne se posait pas la question de savoir s'il était heureux. Il avait comme éteint son cerveau sur ce genre de considérations, et se contentait de tituber sur la route de la monotonie, sans y réfléchir plus. Finalement, l'alcool semblait avoir créer une brèche dans les barrières qu'il s'était inconsciemment mis. Mais même de ça, il ne s'en rendait pas compte. « Écoute, tu sais bien comment quand je suis déchiré, je dis souvent que des conneries. Mais là je peux rectifier, et tu vois très bien qu'aucun suicide ne se trame ici. » Maintenant qu'il avait enfin osé river ses yeux dans les siens, il ne les lâchait plus. C'était quelque chose, que de pouvoir à nouveau échanger un regard avec elle. Ça lui faisait revenir toutes ses sensations mises de côté, et finalement si simples à retrouver. Mais le privilège avait son revers, et la situation présentait son double-tranchant. Ça l'incitait à se réfugier dans un passé certes inattaquable, mais surtout révolu. Quelque chose qui avait été assimilé, ou du moins il en avait l'impression, par son invitée du jour. Au vu de ce qu'il avait fait quelques jours plus tôt, pour lui, c'était toujours en cours d'acquisition. « Puis y a tout ce qu'il faut, à New York. C'est bien connu, c'est la ville de tous les possibles. » Il réalisa que dans sa bouche, la phrase sonnait malencontreusement comme une sacré farce, la pire des arnaques. Fallait dire que cette ville d'aspect si attrayante, avait tendance à jouer à la roulette russe avec ses habitants. Joue et gagne, ou perds et fais-toi écraser. Et actuellement, Nael se sentait mis en pièce, petite fourmis dans une marée humaine, trop hors-circuit pour pouvoir prétendre trouver sa place. Mais que Swan se rende compte de cela, c'était bien sûr pas le plan. « Tout va bien, j'te jure. » insista-t-il, gommant dans sa voix toute trace de ce qui avait pu rendre sa dernière phrase ironique. Il tourna les talons, se dirigea vers la cuisine, où il sortit deux verres et une bouteille de vin. « Cela dit, maintenant que tu es là, je peux me comporter en hôte exemplaire. Et t'offrir un verre, histoire qu'effectivement, tu ne sois pas venue pour rien. » déclara-t-il, tournant la tête vers elle et lui offrant un sourire étincelant, digne de l'acteur qu'il aurait pu être, dans une autre vie. Il reporta son attention sur les verres qu'il était en train de servir, jetant de temps à autre, quelques coups d’œil furtifs vers Swan, observant ses réactions. L'amadouer avec un bon vin, y avait moyen. Mais il la connaissait assez pour savoir que malgré l'apparente légèreté de ses mots, qu'elle lui fasse effectivement un scandale, y avait aussi largement moyen.
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Swan Cartwright-Hansen
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MessageSujet: Re: ashtray heart /swanael ashtray heart /swanael EmptySam 9 Mai - 20:23

- - - - - - - - -
C'était le temps d'une autre année
Le temps des néons allumés
Le temps des témoins des colombes
Le temps de la vitesse et de l'ombre
Le temps des lettres jetées au feu
Le temps où on était heureux

C'était le temps des bords de mer
Le temps des Gainsbourg, des Prévert
Je revois tes cheveux défaits
Dans la chambre d'hôtel tu jouais
Et moi sur la banquette arrière
Je voyais le monde à l'envers
- - - - - - - - -

le vent de l'hiver, raphael

~
Des miettes de vert dans un fragment bleu. Un regard timide qu'il jeta sur elle, qu'elle jeta sur lui pour se dire des choses qui ne se voient que dans le fond des yeux. Un sourire caché derrière des mois d'absence, l'inavouable recouvert par le silence. La dernière fois, ils étaient l'un en face de l'autre, les cœurs tristes déjà tournés vers l'espoir d'une jeunesse florissante. Se quitter pour mieux se retrouver aurait pu être leur promesse scellée ce soir-là, en marge de la cérémonie des diplômes où ils furent tout deux conviés. Une longue écharpe aux couleurs de Berkeley autour du cou et la légendaire toque bleue marine au-dessus de leurs têtes, ils avaient laissés des points de suspension s'écrire sur les pages de leur histoire. Instable et déchirée. C'était étrange, cette manière qu'ils avaient de se parler. La valse des tonalités venait de changer de bord. Les sons stridents de leurs disputes passées bourdonnaient dans ses oreilles, souvenir de cette époque où ils s'aimaient d'un amour à rendre sourd. Désormais, c'était la légèreté de sa voix qui portait ses paroles amusées, un souffle nouveau dans une amitié qui peinait à éclore. L'étrangeté de la situation lui fit soudainement comprendre qu'ils avaient, l'un comme l'autre, essayé d'avancer. Swan le regarda avec cet œil complice, un mélange de tristesse douce et de tendre empathie. En l'observant, elle se voyait elle, titubante sur les lignes de la vie et qui le soir venu s'enfermait dans la plus grande des solitudes, en attendant un bonheur qui ne viendra pas. Il était le reflet de ses failles, ce pourquoi elle l'aimait autant qu'elle pouvait bien le haïr. Avec ses grands airs étonnés, Nael pouvait bien parler : elle savait, comprenait. La surprise d'abord pour feindre la réalité, se déculpabiliser ensuite pour laver ses remords, rejeter la faute sur l'autre, se dire qu'on a tords de se plaindre d'un rien, c'est rien, ça va, ça ira. Peut-être. C'est ce que font les gens, les gens qui n'osent pas, qui ne parlent pas. C'est plus simple de faire semblant. « Tu te fous de moi ? » qu'elle lui balança avec ce rire entre les dents, une note sincère et sans artifice. « Je suis venue pour te voir, toi, Nael. J'en ai rien à foutre de New-York et du nombre de bars que tu as bien pu te taper pour m'appeler l'autre soir. Je ne suis pas là pour te faire la morale, Dieu sait que je ne suis pas la mieux placée pour jouer ce rôle. » Se tirer une balle dans le pieds, voilà ce qu'elle venait de faire. Entre ses mots décousus d'une vérité sincère, Swan venait de lui entrouvrir les portes sombres de sa routine quotidienne. Murée du matin jusqu'au soir dans son bureau flambant neuf, marqueur de sa réussite et témoin de ses nuits d'insomnies, elle était prise aux pièges dans les gouffres d'une vie qui la bouffait un peu plus chaque jours. Boire pour oublier, s'effacer et faire semblant d'aimer. C'était facile pour elle, moins pour lui. A le voir l'âme surexcitée, le geste de ses mains désordonnées qui se battaient dans le vide, un sourire façonné sur la bouche et sa démarche agitée courant presque jusqu'à la cuisine. Son corps entier appelait au secours.  « Ne me prends pas pour une idiote. Les gens heureux n'appellent pas en pleine nuit complètement torchés, ils ne laissent pas plusieurs messages sur le répondeur d'une personne qu'ils n'ont pas vus depuis des mois. Les gens heureux ne font pas ces choses-là. » lança t-elle avec cette voix de lavande, calme, posée, pleine de vérité. La justesse de ses mots contrastait avec sa retenue habituelle. D'ordinaire, Swan aurait joué la fille candide qui ferme les yeux, elle l'aurait laissé se terrer dans ses mensonges parce que c'était ce qu'elle avait toujours fait, elle ; se persuader d'aller bien pour espérer aller mieux. Un rouge carmin se déversa dans son verre de vin, un énième stratagème pour parfaire le théâtre d'un bonheur absent. De suite, elle l'arrêta. Sa main froide effleura son poignet, ses yeux verts rivés sur lui avec cette spontanéité qu'on ne lui connaissait pas. « Je ne te demande pas d'accepter mon aide, parce que je te connais et c'est bien le genre de choses que tu es incapable de faire. » Elle eut un sourire qui glissa bien vite au coin de ses lèvres. Sur ses paroles, elle prit conscience de ce qu'ils étaient, deux âmes déchirées qui ne cesseraient jamais de s’entretuer. Et ça, même s'ils s'étaient dit amis. C'était plus fort qu'elle ; elle continuera toujours à souligner ses défauts avec ce ton taquin et son sourire mutin. Ils n'étaient bons que pour ça, de toute façon. « Je te demande juste de l'entendre. Tu en fais ce que t'en veux, je m'en fiche... » Et elle piqua la tête dans son verre de vin, baissant la garde pour la première fois depuis qu'elle avait croisé son regard. La saveur sucrée de l'alcool lui redonna des couleurs, un sourire fin et des sensations perdues. Son cœur amoureux avait parlé. Elle, qui des mois durant, avait refusé de faire face à la réalité, venait de s'exprimer avec une rare franchise. Peut-être parce qu'en le regardant rire faussement à la vie ainsi, c'était un peu d'elle-même qu'elle voyait à travers lui. « Ce n'est pas comme si tu étais totalement seul non plus. » conclut-elle avec ses lèvres rouges trempées de vin. L'image de Lola, la jolie Lola qui avait partagé sa vie et côtoyait désormais la sienne, lui traversa l'esprit. Swan avait beau essayé, elle n'arrivait même pas à s'en réjouir. Comme si la simple idée de l'imaginer à sa place l'écartait irrévocablement du terrain de jeu. Un chemin qu'elle avait pourtant désiré et qui lui semblait bien plus difficile à affronter. Mais elle y arrivera, puisqu'elle se relève toujours. Un jour, elle saura le regarder prendre le bras d'une créature d'ange, parvenant à s'accrocher à son cou avec les dix centimètres de ses talons aiguilles. Un jour, elle l'écoutera lui narrer ses mésaventures conjugales et devra enfiler le costume de la bonne copine aux conseils miraculeux. Un jour, elle aura ce sourire débile qu'on tous ces gens en découvrant le visage laiteux d'un nouveau né. C'était ainsi qu'ils devraient être : le reste, ils avaient déjà essayé, tout  avait foiré. « En attendant, tu en oublierais presque les bonnes manières. » Elle posa son verre à vin sur la table basse du salon et s'accapara la bouteille qu'elle coinça entre ses cuisses, après avoir bu au goulot trois bonnes gorgées. Du grand Swan, dans toute sa splendeur.
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Nael Silvano Sala
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MessageSujet: Re: ashtray heart /swanael ashtray heart /swanael EmptyMer 8 Juil - 16:01



I was thinking how complicated life is and how there are no simple roads or paths.
We are a fabric of mistakes and hurts; a family tree of fumbled attempts, successes and failures.

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Regard désarmant, qu'elle posait sur lui en cet instant où il niait sans trop y croire, mais avec une véhémence remarquable. Ça faisait longtemps, qu'on ne l'avait pas fixé de cette façon. Aussi sincèrement, aussi intensément. Elle n'était pas la seule à remarquer son désarroi, mais elle était la seule n’affichant pas un air embarrassé, à la vue d'un Nael qui semblait s'être cassé la gueule en pleine ascension. Ses paroles, de la même manière, transpiraient la vérité. Elle ne passait pas par quatre chemins, elle ne cherchait pas à broder quelque chose sur lequel elle aurait pu avouer à demi-mots, ce qu'elle pensait réellement. Silencieux, il accusa le coup. C'était pas normal, qu'elle puisse aussi bien retranscrire sa situation. Qu'est-ce qui pouvait bien clocher dans sa vie ? Elle avait tout, tout ce qu'elle avait toujours voulu. Elle était l'icône des années 20 diablement moderne de la Nouvelle Orléans, femme d'affaires accomplie qui faisait fantasmer les hommes, presque tout autant les femmes. Il avait toujours été soulagé en suivant de loin le brillant parcours de Swan, en pouvant voir qu'elle, s'en sortait bien. Mais voilà que Nael était bien obligé de prendre un peu de recul, les paroles de la jeune sud-africaine brisant la vitrine dorée bâtie autours d'elle. « Les gens heureux font surtout des choses sans raison, ils flippent parfois la nuit parce qu'ils ont l'impression que tout leur bonheur peut être remis en cause, puis ils se réveillent le matin et ils oublient. Tu devrais le savoir, non ? T'es pas une personne heureuse toi ? » balança-t-il, l'air de rien. Les confessions à demi-mots de Swan n'étaient pas tombées dans l'oreille d'un sourd. Et quitte à se lancer dans des discussions sur le bonheur, il préférait parler du sien. « C'est vrai que sur certains aspects, ça merde un peu en ce moment dans ma vie. Mais rien qui puisse justifier que tu prennes un air aussi sérieux ; qui peut bien s'estimer comblé à tous les points de vue ? J'ai dramatisé le tableau. C'est bon. Ça va pas plus loin. » continua-t-il en haussant les épaules. Il détestait se sentir ainsi, comme l'homme à aider à tout prix. Elle n'était pas condescendante pour un sou, elle lui parlait exactement de la façon dont il fallait ; mais il n'arrivait pourtant pas à interpréter ses mots d'une autre façon que comme la preuve qu'il était devenu un oiseau fragile sur lequel il fallait veiller. A ce train-là, il aurait préféré qu'elle ignore son appel; qu'elle l'ignore à jamais ou bien qu'elle réponde sur le coup. Mais certainement pas qu'elle vienne lui parler de vie et de bonheur, des jours plus tard, alors qu'il avait tenté de tourner la page et d'effacer l'appel de sa mémoire. « Je t'entends, Swan ; après, ça veut pas forcément dire que j'écoute. » rétorqua-t-il, sourire amusé et légèrement espiègle affiché sur son visage fatigué. La présence de Swan avait au moins le mérite de raviver un esprit provocateur qui avait tendance à sommeiller, faute de stimulation suffisante. L'audace, l'appel du risque comme de l'interdit, le goût de la réplique et de la provocation, tout semblait avoir foutu le camp, depuis l'arrivée du jeune homme à New-York. On ne pouvait même pas dire que c'était un Nael des mauvais jours, agressif et ayant tendance à broyer du noir, qu'on observait ces derniers temps. Cette fois-ci, sa tendance à n'avoir aucune mesure l'emmenait étrangement à devenir un Nael sans couleurs, pâle copie de lui-même qui ne réagissait désormais plus à grand chose. Mais même si ce qui faisait la singularité du jeune homme avait prit le large, fallait croire que c'était pas non plus parti trop loin. Ça restait accessible à des personnes comme Swan, qui de par sa nature, faisait réapparaître chez Nael la sienne. « Lola m'héberge, Lola empêche la routine, Lola est toujours là, et Lola cuisine bien. Je ne peux pas me plaindre, effectivement. » Il glissa un regard en direction de la jeune femme, espérant secrètement découvrir une pointe de jalousie sur son visage à l'entende de ces mots. Bien sûr qu'il pensait ce qu'il disait à propos de Lola ; mais insister de la sorte auprès de Swan, ça n'avait que pour but d'observer une éventuelle réaction de sa part. Il se sermonnait d'ailleurs d'avoir de telles motivations, mais il n'avait résolument pu s'en empêcher. Un jeu comme celui-là n'avait plus sa place dans leur relation actuelle ; ils étaient censé être entrés dans une ère aux bases plus saines, dénuées de toutes les espèces de chamailleries qui avaient pu les mener à un naufrage auparavant. Il suivit Swan du regard tandis qu'elle se réinstallait sur le canapé, verre posé sur la table, bouteille à la bouche. Devant cette attitude typique chez elle, un rire lui échappa et il prit à son tour place sur le canapé. « T'as raison. C'est bien mieux comme ça. » acquiesça-t-il en lui enlevant la bouteille des cuisses. Lui-même prit quelques gorgées et sourit largement à Swan, imaginant le tableau qu'ils pouvaient offrir vu de l'extérieur ; c'était comme si rien n'avait changé, comme s'ils étaient toujours ces deux jeunes adultes insouciants qui buvaient toute la nuit à la bouteille, défiant clairement le futur d'oser venir éclater leur bulle. C'était comme s'ils étaient toujours sur la même longueur d'onde, comme s'il y avait toujours un Lui & Elle qui s'amusaient à briser toutes les règles d'un monde trop conventionnel. Le truc, et à mesure qu'il s'en rendait compte, son sourire disparaissait, c'était que tout avait changé. Et se complaire dans un moment comme celui-ci, où tout paraissait être exactement comme avant, c'était pas ce que voulait Nael. C'était salvateur sur le moment, destructeur sur le long terme. Pour une fois, et c'était rare chez lui, le jeune bordelais ne se préoccupait pas que de l'instant présent. Et de ce fait, ça lui paraissait terrible de rester dans une sorte d'illusion entretenue. Fallait mieux briser le charme maintenant, pour ne pas trop s'abandonner à la mélancolie plus tard. « Alors, c'est quoi la suite après ça ? On se bourre la gueule jusqu'à trois heures du mat' puis on descend courir pieds nus dans les rues de New-York ? » lâcha-t-il soudainement d'une voix pleine de lassitude. Entre ses mains, la bouteille, sur laquelle il ne cessait de tapoter avec un rythme rapide. Il était à la fois fatigué, triste, énervé. Ils était si proches, et pourtant il se sentait si loin d'elle. « Pourquoi tu prends la peine de traîner encore avec moi, ça se voit tellement qu'on est plus dans la même sphère. Boire jusqu'à l'aube, moi je peux encore me le permettre. Toi, je suis sûre que t'as bien plus intéressant à faire. » Ça rimait à rien cette visite ; quoi qu'il ait pu penser la nuit où il avait eu le malheur de décrocher le téléphone et de composer le numéro de Swan, elle ne pouvait rien pour lui, puisqu'il était persuadé qu'elle ne pouvait plus le comprendre.
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Swan Cartwright-Hansen
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MessageSujet: Re: ashtray heart /swanael ashtray heart /swanael EmptySam 11 Juil - 23:57

" I  think the whole point of being with someone is so you can talk to them and let go of everything; and even when you´re at your worst, they still like you, they still want to speak to you and care about you. "
- - - - - - - - - -


La délicatesse des mots frappant comme une bombe en plein cœur. La question qu'elle redoutait le plus venait de sortir de sa bouche avec cette légère innocence. Il venait de rebondir sur les indices qu'elle venait de lui offrir sur la triste réalité de sa vie. Elle aurait du s'en douter, Nael reste ce gosse sur la défensive sautant sur la première occasion pour retourner la situation à son avantage. Sous la pression de son regard, elle se raidit bien conscience du poids qu'elle allait devoir accorder à sa réponse. Était-elle heureuse ? La vraie question était plutôt de savoir si elle l'avait déjà été tout court. L'espace d'un court instant - à peine une demie-seconde - Swan songea à son enfance, les après-midi à parcourir la savane avec sa mère, les nuits à écouter les contes de son père assise sur le bord de leur terrasse. Le dessin coloré d'un quotidien facile fait de petits riens, un bonheur authentique qu'elle semble avoir perdu pour toujours. Les matins noirs depuis s'enchaînent, des centaines et des centaines de journées comme celle-là, à signer des contrats prestigieux et parfaire la réputation sans faille de son cabaret à succès. Pas une minute à elle, elle court dans les aéroports, elle court dans les hôtels, rarement avec le même homme, sa vie n'est plus qu'un souffle, terrible et sans rêve. La nuit en remplace une puis une autre dans le silence sourd d'une douleur grandissante. « Je vais bien, la plupart du temps. Et ça me suffit. Il y a des gens plus malheureux que moi. » lâcha t-elle avec courage et un peu de volonté, en montrant une image différente de la femme glaçante aux émotions perdues. Son cœur vibrait d'une sensibilité nouvelle, comme si face à lui, elle s'autorisait enfin à lâcher prise. De son ancienne vie – pas si lointaine que cela – Nael était la seule personne à la rattacher encore à ce qu'elle était et aimait être auparavant. Libre. Lui s'exprimait à sa manière en contournant le fond du problème, elle lut sur son visage quelques traits d'agacement. Bien vite remplacés par une pointe de fantaisie sur le bord de ses lèvres.  « Pour ça au moins, tu n'as pas changé. Tu n'écoutes personne Nael, tu ne t'écoutes même pas toi-même. » lui fit-elle remarquer en laissant l'un de ses doigts jouer avec son verre de vin. Sa remarque amusée la fit sourire. Un souvenir de douceur qui la ramenait à cette période frénétique où ils se défiaient à longueur de journée. Cette vie-là lui semblait si loin : elle prit soudainement conscience du chemin qu'ils avaient tout les deux parcouru, des chemins bien distincts qui les séparaient un peu plus chaque jour. Un semblant de nostalgie l'envahit, elle ne voulait pourtant se rappeler de rien. Le cours des choses l'a rattrapa hélas lorsqu'il prononça le nom de Lola. Lola, quatre fois. Jamais il n'a autant parlé d'une fille comme ça. Un quart de seconde suffit pour que la froideur de son regard se délecte de sa glace, une évidente jalousie dans le cœur de ses yeux verts et puis plus rien. Elle connait l'issue, elle sait feindre la joie et cacher son malheur. « Cette fille sait tout faire, elle est géniale. » Un mince sourire ensoleille son visage alors qu'à l'intérieur, elle les imagine dans cet appartement à rire jusque tard dans la nuit sur le dernier film qu'ils ont vu ensemble dans le petit cinéma du coin. Elle les voit vivre en s'entraidant l'un et l'autre et se rends compte qu'elle, elle n'a personne sur qui compter. Personne. Son père voyage à travers le monde avec sa nouvelle femme, une certaine Lucy, qu'elle a vu pour la première fois sur un cliché pris lors d'un séjour en Thaïlande. Elle est jolie et bien plus jeune que lui, leurs visages transpirent l'amour et la jeunesse. Il l'appelle une fois tous les deux mois, une discussion banale presqu'entre deux inconnus. Toujours les mêmes mots, « Tu vas bien – Oui, et toi ? - Je vais bien ». Comme d'habitude, l'essentiel leur échappe et le malaise survenu à la mort de sa mère n'a jamais véritablement disparu.  Ils se voient peu comme autant de fois qu'elle croise ses rares amis. Des amis de route pour la plupart, des gens égarés et plongés dans leur solitude quotidienne. Nael a Lola, elle n'a personne et ce triste constat ne fait qu'accroître un peu plus le vide de son cœur. D'une seconde à l'autre, le tableau changea de tonalité : sa voix grave prit un air désenchanté comme si l'étrangeté de la scène venait tout d'un coup reprendre les couleurs de la réalité. Il les décrivait comme deux vieux potes d'enfance qui s'enivraient d'alcool pour fêter leur retrouvaille. Le sourire étatique de Swan s'effaça peu à peu, elle le voyait défaitiste, résigné. Non pas sur lui, sur Eux. « Plus intéressant à faire ? » reprit-elle dans un rire amer, surprise par le pessimisme qui émanait de sa réaction. Sa main fouilla dans son petit sac en cuir et y dénicha son téléphone portable. Au contact de son doigt, l'écran tactile s'alluma sur une photo de leurs deux visages halées en Grèce l'été dernier, un cliché qui faisait office de fonds d'écran. Elle s'empressa de le faire disparaître et composa le numéro de son bureau à la Nouvelle Orléans. « Sam ? ... Annules tous mes rendez-vous fixés à New-York cette semaine et débrouilles-toi pour les déplacer le week-end prochain. Je dois absolument boucler mes dossiers avant la fin du mois … Non, rien de grave. J'ai juste une urgence à régler et ça risque de prendre quelques jours … Très bien, merci. » exigea t-elle avec chic et bienséance avant de raccrocher d'un geste déterminé. Elle éteignit son portable sans la moindre inquiétude, cela faisait des semaines qu'elle mourrait d'envie de le faire. Elle pourra enfin se couper de cette routine étouffante et vivre, un peu. « Ils sauront très bien se débrouiller sans moi. J'ai bien mieux à faire de toute façon. » Son regard érosif se posa sur la silhouette immobile de son compagnon de cœur, son urgence. Swan lui piqua la bouteille des mains pour la déposer sur la table basse du salon. Ses yeux d'eau désormais plantés dans les siens. « Je peux me bourrer la gueule jusqu'à trois heures du matin et courir en sous-vêtement dans Central Park sans aucun problème. Je peux aussi te parler de ma vie ô combien passionnante toute une nuit et t'expliquer par a+b pourquoi j'ai sauté dans le premier avion pour venir te voir. Je '' traîne '' avec toi si j'en envie, et là tout de suite, c'est tout ce que je demande. » Sa voix s'accrochait à un minuscule sourire brûlant de sincérité. Mots après mots, Swan acceptait de se dévoiler et ouvrait pour la toute première fois son cœur au seul grand amour de sa vie. Elle ne saurait expliquer pourquoi maintenant, pourquoi avec lui, elle était prête tout simplement. Et Dieu sait qu'ils sont bien rares ces instants où sa forteresse daigne lâcher les armes. « Mon ami me manque... Il me manque. »
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Nael Silvano Sala
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MessageSujet: Re: ashtray heart /swanael ashtray heart /swanael EmptyLun 3 Aoû - 1:11

Walking down to the waters edge,
asking why I’m here instead of home,
now I stand alone.
I stop to stare at the ocean side
Im breathing in just to feel it’s side
with his like you were here...
with me.

Is it my fault ?
We’ve been missing each other.

~ ~ ~

at a glance, message to bears.Il l'observait à la dérobée, tandis qu'elle se dévoilait ; un peu, pas de quoi écrire une thèse sur ses états d'âme, mais pour Swan, c'était déjà beaucoup. L'un comme l'autre avaient l'habitude de bâtir des murs afin de protéger des sentiments trop difficiles à avouer. A s'avouer. La forteresse de Swan était sans doute la mieux bâtie des deux, car à l'inverse de Nael, elle se laissait rarement emportée par des vagues d'émotions plus grandes qu'elle. Et pourtant, elle osait bien plus facilement que lui ouvrir les portes de son quotidien, pas si enchanteur qu'il n'y paraissait. Il resta silencieux devant son aveu. Des gens plus malheureux qu'elle, mais trop de gens bien plus heureux, traduisait Nael. Même s'il n'en disait rien à voix haute, il était forcé de constater que les réflexions de Swan l'amenaient irrémédiablement à méditer sur cette question du bonheur qu'il avait jusque là, refuser de considérer. Partir à l'assaut de New-York, ça avait été pour lui, comme être lâché dans le vide, le parachute dysfonctionnant en prime. Il avait toujours pensé être capable de se débrouiller seul, et n'avait donc jamais redouté ce moment où il sauterait le pas. Il s'était fourvoyé ; c'était pas parce qu'il jouait les indépendants depuis l'âge de douze ans et qu'il s'était presque élevé par lui-même, qu'il savait pour autant avancer seul. Il maîtrisait parfaitement tout ce qui concernait l'art de la débrouille, savoir se démerder en toute circonstance et en toute situation. Mais pour ce qui était de donner une ligne directrice, une impulsion à sa vie, il constatait désormais à quel point il avait été négligeant. A trop être insouciant, il devait bien admettre qu'il était aujourd'hui paumé, incapable de rebondir après un échec qui, il en était sûr, aurait été balayé d'un revers de main par bien des autres.  « Vaut mieux pas, pour le nombre de conneries que je débite à la minute. » rétorqua-t-il à sa remarque l'air léger, son regard pourtant perdu dans la contemplation du verre de vin posé sur la table basse. Intérieurement, il songeait qu'elle n'avait pas entièrement vu juste. Il avait beau jouer les imbéciles et faire comme si tout ce qu'elle disait était du vent, il était bien forcé de reconnaître, et ce même s'il ne l'aurait jamais fait à voix haute, qu'elle, il l'écoutait. Peu importait à quel point la teneur de ses paroles pouvait l'agacer, elles trouvaient toujours le moyen de se frayer un chemin dans son esprit. Il leva les yeux à temps pour observer la réaction de Swan à l'évocation de Lola. Évidemment, il n'y avait rien de particulièrement mémorable à voir sur son visage. Il n'était pas surpris et pourtant, une pointe de déception lui serra le cœur. Comme si malgré lui, il avait secrètement eu l'espoir d'entendre un souffle d'ironie dans la constatation qu'elle faisait-là à propos de sa colocataire. Et puis l'amertume succéda à la déception, changement de décor, c'était un Nael las et sombre qui faisait son entrée en scène. Il s'attendait à ce qu'elle parte en claquant la porte, maugréant contre ce mec-là qui se refusait à accepter une aide dont il avait besoin. Mais il semblait qu'il s'était trompé, aussi bien en croyant qu'elle avait plus intéressant à faire, qu'en pensant qu'elle le lâcherait pour cela. Sous son regard maussade quoi qu'intéressé, elle annula ses rendez-vous, éteignit son portable. L'écran d'accueil, les représentant tous les deux sourires éclatants, disparut soudainement mais trop tard ; à la vue de ce flash qu'il n'aurait du voir, son cœur bondit. Et tandis qu'elle justifiait son action, lui n'avait de yeux que pour l'écran désormais noir du cellulaire, où il arrivait encore à percevoir le fantôme du cliché. Il releva la tête, son regard s'accrochant au sien, en même temps qu'elle lui annonçait d'un ton sans réplique, les projets qu'elle avait là dans les jours à venir. Stupéfait, il médita quelques secondes puis lâcha, abruptement :  « T'es une grande malade. Je crois que tu saisis vraiment pas dans quel quotidien chiant à mourir tu t'engages. » Il jouait les blasés, pourtant il était touché. Touché par cette sorte de loyauté dont elle faisait preuve, ce désir qu'il sentait sincère, de vouloir l'empêcher de sombrer. Mais il était aussi agacé de voir qu'elle ne faisait pas l'effort de comprendre à quel point elle n'avait rien à faire ici. Sa propre obstination lui semblait normale, celle des autres, toujours étrangement malvenue.  « Mais ok. Viens. » Sans rien ajouter, il se leva d'un bond, prit son poignet et l'entraîna vers la sortie. Le contact de sa main dans la sienne lui sembla inconvenant et il rompit vite leur proximité, en dévalant les marches d'escalier le menant à la porte de l'immeuble. Débouchant à l'air libre, Nael jeta un coup d’œil derrière lui, vérifiant si Swan le suivait toujours. Elle devait encore se demander dans quoi il allait les embarquer. Cette fois-ci, y avait rien de fou dans ses ambitions ; c'était même tout le contraire.  « Voilà. Je vais te montrer ce que ça signifie exactement de traîner avec moi en ce moment. » murmura-t-il alors qu'ils s'arrêtaient devant la carte représentant l'ensemble du réseau des métros new-yorkais.  « Je pars de l'appart à 8:15 et je prends cette ligne ; je travaille ici, je décharge et charge des meubles, en gros. Ici je fais un autre boulot, mais seulement deux jours par semaine. Parfois, je mange pas sur place, je vais là quand j'ai une pause assez longue pour. Je fais mes courses là. J'ai pas de jour précis pour ça, je change à chaque fois, ça me fait un peu ma petite folie de la semaine. » dit-il non sans sarcasme sur les derniers mots, tandis que son doigts cheminait à travers les lieux qu'il évoquait. « Fin de journée, je reprends la ligne du matin. Je rentre. Puis je sors à nouveau, le soir. Là j'avoue, je change souvent d'endroits, mais j'y fais toujours la même chose. » Faire ce constat à voix haute avait quelque chose de profondément triste, et Nael se surprit à penser que même dans sa tête, son quotidien avait l'air moins emmerdant.  « Puis je rentre, et je recommence tout. Ce qui nous fait donc plus ou moins un petit triangle, un périmètre assez restreint pour mener une vie, dans une ville comme New-York. » conclut-il, en se tournant vers Swan, l'expression neutre. Lui qui voulait en dire le moins possible, la laissait finalement découvrir une partie de son quotidien. Seul moyen pour qu'elle comprenne peut-être, à quel point elle était dans le circuit, et pas lui.  « Alors oui effectivement, pourquoi ? A la lumière de ce que je te montre, explique-moi par a+b comment ta vie peut-elle être pourrie au point que tu préfères traîner avec moi. » C'était pas qu'il n'entendait pas, ses sous-entendus sur son propre quotidien. Mais il n'arrivait tout simplement pas à imaginer comment les choses avaient pu mal tourner pour elle ; à imaginer que les apparences pouvaient être trompeuses à ce point.  « Crois pas qu'on fasse un concours de qui s'éclate le moins en ce moment. Crois pas que je me plaigne. J'te le répète, aucune urgence, je vais bien. Mais... » Il  n'acheva pas sa phrase, poussant un long soupir à la place. Se balançant sur une jambe, il se tut quelques secondes avant d'enfin, expliciter le fond de sa pensée.  « Ne doute jamais d'à quel point t'es importante pour moi. Je veux pas te dire de te barrer. Mais si c'est pour me voir paumé, dans un univers que... que je ne m'approprie pas, je préfère encore te manquer. » Il venait là de lâcher la bombe à haute voix, et ce pour la première fois.
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Swan Cartwright-Hansen
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MessageSujet: Re: ashtray heart /swanael ashtray heart /swanael EmptyVen 14 Aoû - 23:56

" flash forward to the future. forty, fifty, years. you’re married. kids. grand kids. i’m long dead. and you look over to the woman sitting next to you. and she’s gray, and she’s old. but, you love her. "
- - - - - - - - - -

. But if we're strong enough . Une vague sourde d'émotion l'envahit à la seconde où son regard en amande perça le grand rire jaune de Nael. Un rire qui transpirait l'entrain, l'envie et le déni. Elle sentit naître en elle un sentiment d'empathie pour celui qu'elle connaissait depuis tant d'années et qui lui semblait pourtant si loin d'elle. Il déconnait, voilà ce qu'elle se disait. Il déconnait pour se cacher derrière une certaine réalité  difficile à admettre, il déconnait pour ne pas lui laisser entrevoir ses trop grandes blessures. L'art du paraître, Swan connaissait - et maîtrisait - mieux que personne. Les rouages de cette technique bien rodée, elle les avait tous testé ; du sourire en coin pour masquer sa colère au pincement de lèvres pour retenir un flot de larmes en passant par de jolies paroles déguisées afin de s'extirper d'une conversation délicate. Et finir par avoir ce visage éteint, sans émotion, sans trait de sentiment, rien qu'un regard vide entièrement faussé par sa propre maîtrise. C'était évident, tellement probable qu'elle se retenu de réagir. Suffisamment maligne pour jouer la bonne copine candide, Swan préférait le laisser croire qu'elle s'était contenté de boire ses paroles pour tomber dans son piège. « Crois-moi, je n'ai pas peur de m'emmerder. J'ai presque oublié ce que c'est. » répliqua t-elle l'air léger, histoire de contrer sa remarque un poil maussade sur son propre quotidien. Nichée jour et nuit dans son bureau pimpant de jeune entrepreneuse, elle se devait d'être disponible à n'importe instant pour fixer un prochain rendez-vous ou gérer les imprévus. Son temps, à elle, restait suspendu à celui de sa boîte et à la fortune colossale que celle-ci lui rapportait chaque jour. Alors, un peu de fantaisie dans cette monotonie luxuriante n'était pas pour lui déplaire. Entraînée par la main décidée de Nael, elle sortit de l'appartement et le suivit sur les trottoirs new-yorkais dans un quartier qu'elle connaissait à peine. Ces trottoirs mouillées par une fine pluie d'été n'avaient rien avoir avec les avenues opulentes de l'Upper East Side, où les sacs Chanel côtoient des dames richissimes habillées de la tête au pieds par Christian Dior. Ce constat amer lui resta en travers de la gorge tandis qu'il commençait à lui expliquer les différents instants d'une de ses journées ordinaires en pointant à chaque fois des noms de stations de métro sur l'immense carte du réseau. Sa voix, maussade, contait ce quotidien avec un élan de tristesse refoulé, son regard vitreux restait rivé sur l'itinéraire, ses doigts formaient ce triangle maudit pour conclure le cycle de sa nouvelle vie. Loin des paillettes et des planches de théâtre. A nouveau, Swan sentit son cœur se serrer. La bouche entrouverte, elle ne se risqua pas à l'interrompre totalement captivée par sa main qui bougeait, sa voix qui lui parlait, son petit cœur qui osait s'ouvrir. En quelques phrases, il était parvenu à lui donner ce semblant de vérité qu'elle était elle-même incapable d'offrir. Désormais, l'image d'un Nael désabusé traversant les rues de New-York se dessina dans ses pensées. Elle le vit se tuer à la tâche en accomplissant ses petits boulots, elle le vit errer sur ce trottoir, celui d'en face et d'autres encore plus loin en rêvant d'un avenir meilleur. Elle comprit alors l'énorme désillusion qui se traduisait de ses paroles et se lisait dans ses yeux. Il souffrait. Il souffrait en silence. Et elle, comme une idiote, avait choisi le meilleur moment pour disparaître et le laisser en plan. Un reproche qu'elle se fit à elle-même alors qu'au même instant, une bombe nucléaire se déchargea à toute vitesse sur son pauvre cœur. Ses derniers mots, lâchés dans un seul souffle, manqua de la faire fléchir pour de bon. Je préfère encore te manquer, qu'elle se répéta une fois, puis deux, puis trois. Comment a t-il pu oser lui dire ça ? Un long silence s'ensuit durant lequel ils se défièrent du regard, elle comme lui cherchant une porte de secours. Ses plaies d'antan avaient beau se rouvrir, sa cage thoracique frôler l'hémorragie et le reste de son corps risquer de s'effondrer d'une seconde à l'autre sur le bitume, Swan ne laissa rien, absolument rien transparaître. « Tu veux savoir à quoi ressemble ma vie désormais ? Très bien. » lâcha t-elle sèchement en l'affrontant du regard. A cet instant, elle ne le quitta plus une seule seconde des yeux. «  Je ne me lève pas le matin, je ne me lève pas tout court. La nuit, je vis comme je vis le jour. Je travaille au bureau, je sors dans des bars et puis je rentre chez moi dans un appartement désert. Je passe des heures à faire la vaisselle, j'attends que ma tête s'apaise un peu avant d'aller me coucher. Souvent, j'arrive pas à dormir alors je prends des médicaments. Ça marche... parfois. Le matin, je me réveille pour aller travailler. J'ai une équipe à diriger, une boîte à faire tourner. Je suis partout et nul part à la fois. On m'apporte pleins de dossiers que je dois lire dans la minute, on m'invite à des dîners où je m'ennuie profondément. Mais je souris, je dis oui, parce que j'ai pas de raison d'être malheureuse. » Sa voix commença à dérailler sans qu'elle ne puisse rien faire. Le fond du gouffre ne lui semblait plus très loin. Elle reprit sa respiration avant de continuer sur la même lancée. « Ma vie n'est pas pourrie, Nael. Je ne me plains pas de ce que j'ai, je l'ai voulu et je suis fière d'en être là. Le truc, c'est qu'il n'y a personne à qui je peux raconter mes journées, personne qui s'intéresse suffisamment à moi pour daigner m'écouter. Je vois des gens tous les jours, ils me parlent de placements financiers, grandes villas et vacances dans les Hamptons. Je les vois moi, mais eux, ils ne voient rien du tout. » Personne n'a jamais vu quoi que ce soit. Son père, ses anciennes copines névrosées des défilées de mode, ses connaissances de la route, ses amants d'un soir, ses amis de Berkeley, ses collègues de travail, son assistant Sam, et même Nael, aucun d'eux ne l'a vraiment vu. Elle. Aucun d'eux n'a jamais su voir sa douleur, celle d'avoir perdu une mère et d'avoir vécue depuis avec la peur entêtante d'être quittée. Pour ça, il fallait partir avant pour ne pas être celle qui souffre mais celle qui fait souffrir. « Tu peux te dire que je suis une sale gamine capricieuse qui ne sait tellement rien foutre de son argent qu'elle préfère le claquer en rendant visite à une personne qu'elle n'a pas vu depuis longtemps. Ou tu peux aussi comprendre que c'est juste une fille qui a envie de voir son ami pour lui parler du dernier film qu'elle a vu et lui raconter ses péripéties du quotidien. » Les lèvres livides, les yeux brûlants, Swan sentit une larme, une seule, rouler sur ses joues roses. Étrangement, elle ne fut saisi par aucune vague d'angoisse. Pour une fois, elle s'en foutait de pleurer, là, au milieu des passants, elle s'en foutait qu'il la voit comme ça parce que c'est ce qu'elle est réellement. Fragile. Quoi qu'elle fasse et quoi qu'elle dise. « Maintenant, je ne veux pas t'emmerder avec mes histoires. Tu n'as qu'à me dire de ne plus revenir et je te laisserai tranquille. »
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Nael Silvano Sala
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MessageSujet: Re: ashtray heart /swanael ashtray heart /swanael EmptyVen 16 Oct - 23:10

- C'est dur d'avoir envie de protéger quelqu'un et d'en être incapable, fit-il observer.


Ils se tenaient au beau milieu de cette rue minable, plantés là, comme des cons, figures esseulées dans un monde qui tournait trop vite pour elle, pas assez pour lui. C'était la déconvenue ; ces deux personnes qu'on pensait capable de résister stoïquement aux épreuves imposées par leurs nouvelles conditions, ces deux-là qu'on imaginait pas se mettre spontanément à nu, faisaient craqueler des carapaces soudainement trop lourdes à porter. Il voyait désormais Swan, comme il n'avait pas été capable de le faire depuis son arrivée à New-York. Depuis plus longtemps, même ; depuis peut-être toujours. L'aveugle recouvrait la vue, mais pour lui, le miracle se teintait d'amertume. Car la fragilité de Swan lui apparaissait d'autant plus vive, sa propre bêtise, d'autant plus évidente. Réduire le bonheur d'une personne à la façon dont elle menait sa vie professionnelle, ça n'avait pas de sens. Persister à croire qu'elle s'en sortait bien, parce que c'était rassurant mine de rien, c'était pas la bonne méthode. Ça apaisait les angoisses, ça n'en rendait pas pour autant la réalité plus belle. Elle s'était tu depuis quelques minutes et Nael n'esquissait pourtant pas un geste, sonné, sans doute comme elle, par leur dernier échange. Maintenant que tout était lâché, qu'ils avaient exprimé craintes comme espoirs déçus, plus rien n'était pareil. Ils ne pouvaient plus jouer avec d'éternels faux-semblants, plus broder sur des discours vaguement allusifs. Il étaient désormais cœur à découvert l'un face à l'autre, grelottant sans cette carapace tombée à terre, fragilisés par la recherche d'un nouvel équilibre, eux qui n'avaient jamais choisi d'aller à la facilité. « T'as qu'à appeler. » La voix un peu enrouée, Nael avait parlé bas, et pourtant, il semblait que ses paroles avaient transpercé la nuit. « Quand t'as personne qui veut t'écouter, je veux dire. Ce portable, que tu dois parfois avoir envie de jeter par la fenêtre, il sert à ça aussi. A appeler ceux qui s'en foutent pas. » Son regard clair dévisageait la jeune femme avec une sorte d'attention nouvelle, celle dont il manquait parfois cruellement, et qui se faisait soudainement très naturelle chez lui. « Penses-y, la prochaine fois. Je suis sérieux. Je décrocherai. » Un vague sourire moitié ironique, moitié sincère, s'étala sur son visage. Il n'avait pu s'empêcher cette petite pique. Il se l'avouait à présent, s'il avait accueilli Swan avec tant de réticence, c'était aussi à cause de cela ; il avait été vexé par cette non-réponse, cette sorte de vent glacial qui avait soufflé sur lui lorsqu'à de trop multiples reprises, il avait du se contenter d'une stupide voix pré-enregistrée de répondeur. A présent, sa crainte de n'être pour Swan, qu'un objet d'indifférence, de mépris, s'était évaporée. La sincérité brûlante de son intérêt se manifestait dans ce voyage à New-York qui, il s'en rendait réellement compte à présent, n'était pas anodin. « Mais du coup, je vois pas de quel film tu veux qu'on parle. Tu dois pas avoir le temps d'y aller, au cinéma. C'est quoi le dernier truc que t'as vu ? Titanic ? » fit-il d'un air railleur. Il avait recommencé à bouger, signe que la conversation entre eux, reprenait une dynamique plus légère. Même ses yeux, bien que toujours marqués par cette même gravité auparavant inconnue chez lui, semblaient soudainement un peu plus animés. « Puisque t'es là maintenant, et que tu es bien décidée à t'emmerder avec moi, on va commencer par faire ça. Aller au cinéma. Et t'inquiète pas, on aura tout le temps que tu veux pour en parler. » Il l'invita à le suivre, après un bref regard sur la carte ; il sortait des sentiers battus ce soir, fallait-il pas qu'il se perde. Ils échangèrent peu de mots sur le chemin, pour ne pas dire aucun. Comme si d'en avoir trop dit, ils devaient désormais rétablir la norme en faisant vœu de silence. Il se sentait bien, pourtant. La gêne avait disparu, et son esprit semblait soudainement plus enclin au divertissement. D'avoir remis les choses à plat, peut-être allaient-ils enfin réellement s'affirmer comme des amis l'un pour l'autre. Cette amitié, ils la voulaient tant, mais ils avaient fait si peu d'efforts jusqu'à présent. Il se pouvait que les choses changent ; et un jour, peut-être même cela cesserait-il d'être étrange, entre eux. Ils débouchèrent finalement à l'angle d'une rue où le cinéma devenait soudainement visible. Il n'y avait pas foule devant les portes; les séances devaient avoir commencer. Nael pénétra l'entrée, jetant de vifs coups d’œil de tous les côtés. Comme il avait imaginé ce projet sur un coup de tête, et même en sachant à peu près les sorties de la semaine, se décider n'était désormais pas une mince affaire. Il lança un regard à Swan. Il n'allait pas pouvoir compter sur elle pour le choix du film; elle était encore plus paumée que lui. Il reporta son attention sur les murs, son œil soudainement attiré par les couleurs douces d'une affiche. Il sourit, et chuchota à l'adresse de la sud-africaine. « Par ici. » Pour on ne savait quelle raison, il n'y avait personne à la billetterie, et les vendeurs de sucreries étaient bien trop affairés pour faire attention à eux. Nael, qui ne laissait jamais filer les occasions du genre, se laissa alors glisser dans la salle correspondant à l'affiche repérée. Les meilleures places étant prises, ils se rabattirent sur deux sièges dans le fond gauche. Et puis ils se laissèrent porter par la projection. Le film était d'ambiance tranquille ; c'était un scénario simple mais sincère, où le réalisateur accordait plus d'importance à la capture des émotions, qu'à un réel rythme tenant l'assistance en haleine. C'était à vrai dire, le genre de film que les néophytes avaient du mal à apprécier, surpris par une lenteur qu'il était aujourd'hui plutôt rare de retrouver au-dehors. Une vingtaine de minute plus tard, Nael entendit Swan lui demander pourquoi il avait fait ce choix-là. Il tourna la tête vers elle ; dans la pénombre, il voyait un visage qui, quoi que somnolant, ne semblait pas exprimer l'ennui. Il lui sourit, reportant son attention sur l'écran, sans un mot. Il avait tout gagner. S'il avait choisi ce film, c'était parce qu'il avait pensé que pour une fille lasse de passer sa vie à courir, une projection d'une telle tranquillité serait une berceuse bienfaitrice. Lui, n'était pas fatigué, mais il appréciait avec une sorte de délectation, les images d'une rare intensité que lui délivrait l'écran. Soudain, il s'en rendit compte. C'était la première fois qu'il retournait au cinéma, depuis cette fois-là où il avait décidé d'abandonner le plateau de tournage, tournant le dos à une destinée tant désirée. Il avait été impossible pour lui pendant des mois, d'approcher un cinéma à plus de trois mètres. Mais une nouvelle fois, Swan lui avait retourné l'esprit, reléguant au stade de comportement ridicule, un blocage qui lui avait paru insurmontable. Ils tanguaient encore pour trouver l'équilibre de leur nouvelle relation; à défaut, ils avaient trouvé un îlot de sérénité sur lequel se réfugier, juste le temps d'une séance; ou peut-être davantage.


- On ne peut pas protéger les gens, petit, répondit l'autre. Tout ce qu'on peut faire, c'est les aimer.
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