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elastic heart (yan).

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MessageSujet: elastic heart (yan). elastic heart (yan). EmptyJeu 9 Avr - 10:07


YANNIE
And I wanted it, I wanted it bad but there were so many red flags. Now another one bites the dust. Yeah, let's be clear, I'll trust no one. You did not break me, I'm still fighting for peace.

Annie n'avait pas très bien dormi cette nuit. Elle avait placé la faute à son insomnie sur le décalage horaire, et cette peur de l'avion qui lui tordait à chaque fois le cœur et le ventre dès que ses pieds se trouvaient à quelques mètres du sol. Il y avait de quoi en perdre le sommeil, ne pas arriver à se gorger de songes réparateurs. La réponse votée et adoptée, on ne bougerait plus sur les raisons, et on ne blâmerait sûrement pas les retrouvailles, Annie possédait trop de fierté pour rendre Yan responsable de son manque de sommeil. Dans sa chambre d'hôtel, elle tournait pourtant en rond depuis deux bonnes heures, jetant des regards frénétiques à son montre. Elle, qui pourtant possédait le calme des anges -une expression de sa mère, il fallait donc remettre la véracité de ces propos en doute-, ne tenait pas en place. Un instant, elle pensa enfiler un jogging, trouver des basket, et aller courir dans un parc pour s'aérer l'esprit. Mais quel parc ? Elle ne connaissait rien à San Francisco. Rien d'autre que les hauts lieux touristiques, et, jusqu'à preuve du contraire, on n'allait pas courir sur le Golden Gate à huit heures du matin. Une nouvelle fois, elle gagna son lit, s'allongea toute habillée sur sa couette, et attrapa son portable. New-York lui manquait déjà. Ses buildings imposants, le vent qui vous poussait à aller vous perdre entre les tables des cafés, son agitation de jour comme de nuit, ses stressés, ses touristes, ses chiens, son bitume. La demoiselle n'était pas habituée à sortir de la Grosse Pomme. Ne connaissait du monde que ce qu'on avait bien voulu lui montrer quand elle était jeune adolescente, et que ses parents décidaient qu'il était de bon ton de changer d'air pour les vacances. L'Europe, l'Asie, l'Amérique oui, mais seulement ces espaces réservés aux touristes. Le cœur des villes, ce qui les faisait battre, les rendaient merveilleuses, elle ne l'avait jamais ne serait-ce qu'aperçut. Elle en connaissait un, de cœur. Un seul et unique, et il battait assez fort pour éclipser tous les autres. Un mouvement d'humeur s'empara de son calme retrouvé. Elle aurait dû annoncer la couleur des semaines plus tôt : ça serait New York et nul part ailleurs. S'ils devaient retravailler ensemble, renouer, elle ne sauterait pas dans le premier avion, l'attendrait bien sagement dans la même salle qui, quelques mois auparavant, avait noué leur aventure. Oh, et voilà qu'un vertige la reprenait. Voilà que son cœur s'emballait de nouveau, et cette fois on ne pouvait pas blâmer le manque de sommeil, la manque de New-York, ou l'angoisse de l'avion. Non, ce qui la tiraillait depuis le début, au point de la tenir éveillée, était l'idée de revoir Yan après tout ce temps. Elle mordilla l'intérieur de ses joues, chercha dans son répertoire le numéro de son fiancé, Noah, et comme dans un élan de défi contre le monde entier, lui envoya un pitoyable : je pense à toi. Je pense à toi, c'était tiède comme message. Ça ne voulait rien dire, ou du moins pas vraiment. Je pense à toi pourquoi ? Comment ? En bien ? En mal ? S'il avait fallu trancher aujourd'hui, on aurait pu avancer la thèse du je pense à toi pour me rassurer, comme une sorte de roue de secours face à l'angoisse grimpante qui me fait tourner en rond, dans une chambre d'hôtel luxueuse (qu'est-ce qu'un jacuzzi face à l'angoisse). Il ne répondrait pas (Noah attendit d'ailleurs que le soir se soit couché sur San Francisco pour lui répondre un aussi pitoyable moi aussi.) Quittant une nouvelle fois son lit, elle allongea le pas jusqu'à la salle de bain ; passa une main dans ses cheveux pour leur donner un peu plus de volume, et maquilla ses lèvres d'un rose pâle. Prête -depuis maintenant deux bonnes heures-, Annalise décida qu'il était grand temps de se mettre en marche.

Le taxis s'arrêta devant la maison de Yan. Elle regarda une nouvelle fois l'adresse qu'il lui avait envoyée par sms quelques jours plus tôt. Elle était au bon endroit. Ann glissa hors de la voiture, claqua la porte derrière elle, et leva le menton vers l'endroit. Bien, maintenant que l'on était là, il s'agissait de ne pas faire marche arrière, de ne pas prendre ses jambes à son cou et prétexter un oubli, un besoin de dormir, un avion raté, un message perdu, un chauffeur de taxi assez idiot pour l'avoir emmenée à l'autre bout de San Francisco, ou une autre urgence à laquelle personne n'aurait cru. Elle tira sur le bas de sa robe et activa ses jambes, le son de ses talons disparaissant au profit de celui de la rue. En bas, elle appuya sur l'interphone, passant nerveusement sa main droite sur son bras gauche. Tout était clair, entre eux : ils n'étaient plus ensemble. Il n'y avait donc aucune raison d'être aussi inquiet. Pourtant, le cœur et la raison obéissent parfois à une logique qui nous échappe, et son vertige sembla augmenter de façon proportionnelle au nombre de sonneries qui résonnèrent dans l'interphone. Yan n'était pas là. Ou pire, Yan était trop défoncé pour bouger, entendre la sonnerie. On frôlait à peine les neuf heures, était-il seulement levé ? Que ferait-elle dans ce cas là ? Retourner à l'hôtel et travailler sur les partitions toute seule ? Après tout, il n'y avait rien à enregistrer aujourd'hui, elle pourrait se débrouiller accompagnée par sa seule présence. Serrant la mâchoire, elle fit lâchement un premier pas en arrière, mais fut bientôt rattrapée par cette voix qu'elle connaissait par cœur.
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MessageSujet: Re: elastic heart (yan). elastic heart (yan). EmptyVen 10 Avr - 20:26

I dreamt about you nearly every night this week, how many secrets can you keep? 'cause there's this tune I found that makes me think of you somehow and I play it on repeat, until I fall asleep, spilling drinks on my settee.



Neuf heures. C’est ce que sa montre lui renvoie lorsqu’un bruit lointain le tire du sommeil, le force à décoller la joue du coussin. Les chiffres dansent devant ses yeux, s’impriment sur ses rétines brûlantes puis disparaissent dans un nuage de coton. Il se rendort, émerge à nouveau, retombe dans les bras de Morphée puis se réveille une troisième fois, hagard. Neuf heures. Nouveau coup d’œil à sa montre, calcul rapide : ça fait presque exactement deux heures qu’il a abandonné la manette de sa PS4 et qu’il s’est endormi tel quel sur le canapé sans pouvoir trouver la force – et l’intérêt – de se traîner jusqu’à son lit à l’étage, la cigarette encore coincée entre deux doigts. Depuis, toute la cendre est tombée sur le parquet et il met le pied en plein dedans quand la sonnerie finit par le faire sursauter. Neuf heures et il ne comprend pas ce qu’il se passe, quel jour on est, quel con sonne à son portail à une heure pareille, ça doit bien faire deux ans et demi qu’il n’a pas ouvert l’œil aussi tôt, même le facteur ne passe pas aussi tôt dans ce quartier, il a la décence d’attendre onze heures au moins… Puis soudain, son cerveau s’éclaire. Ça ne peut être que Paulo. Même pas besoin de regarder par la fenêtre pour confirmer son intuition : il n’y a que Paulo pour débarquer à une heure pareille, les mains fébriles d’avoir bossé toute la nuit lui criant : « encore, donnes-en-moi encore, j’ai besoin de finir ma thèse, je suis à sec, panique à bord, Yan-pitié-sauve-moi ! ». Ouais, ben Paulo peut bien attendre qu’il se serve un café d’abord. La bouilloire siffle pendant qu’il se passe le visage sous l’eau, frotte ce qui ressemble à une barbe de trois jours et qui est en réalité une barbe de deux semaines – pilosité de jeune puceau, il n’y peut rien – avant de sortir un sachet d’instantané et de tout verser dans une tasse. Quand il revient dans le salon il se dit que c’est vraiment le bordel, que si ce n’était pas Paulo il refuserait tout net d’ouvrir la porte mais… bon, il ne va pas le laisser crever dehors, hystérique, et risquer d’attirer l’attention sur son business prospère, alors il écrase le bouton d’ouverture du portail et lance un – Entre ! rauque. Le portail, uniquement fermé la nuit – sa nuit à lui, entre 3h du matin et midi en moyenne – est une vague solution pour empêcher son chien de gambader trop loin quand Yan ne le surveille pas, ce qui se révèle être une méthode assez naze puisque même quand Yan est éveillé il n’a pas que ça à foutre que de surveiller son Pinscher. Tant qu’il ne mord personne il peut bien faire ce qu’il veut, y compris vider les poubelles de sa voisine qui s’entassent dans son arrière-cour comme si les soulever jusqu’à sa boite aux lettres relèverait d’un effort surhumain. La faute aux familles du quartier. La faute au facteur. Yan déverrouille sa porte d’entrée et reste là à siroter son café imbuvable jusqu’à ce que quelque chose ressemblant à des talons claquant sur les marches le tire de ses rêveries. Les baskets de Paulo ne font pas ce genre de bruit. Paulo ne porte jamais de robe et Paulo ne s’est sûrement pas transformé dans la nuit en une jolie blonde qu’il ne connait que trop bien. – A… Annie ? La surprise le fait s’étouffer, littéralement, et il renverse un peu de Nescafé sur les dalles. Il s’est avancé sans s’en rendre compte en lui barrant l’entrée de son manoir en décomposition, car soudain ce n’est pas la question de savoir ce qu’elle fout là qui occupe toutes ses pensées : il a plutôt le réflexe absurde de vouloir lui cacher le foutoir dans lequel il vit. Il a encore la marque du coussin sur la joue, n’a même pas pris de douche, empeste la cigarette froide et elle se tient sur son perron comme une fleur, fraîche et resplendissante. – Je… On avait dit New York, j’ai déjà acheté mon billet, je comprends pas ce que tu fous là à une heure pareille… ?! Est-ce que c’est vraiment possible qu’il ait été à côté de la plaque au point de confondre New York et San Francisco ? Avril et Mai ? Il se souvient vaguement lui avoir envoyé son adresse mais… c’était pour qu’elle lui envoie un sample ou autre truc du genre, non ? S’il réfléchissait deux secondes il se rendrait sans doute compte que l’agresser de cette façon alors qu’elle a traversé tous les Etats-Unis pour venir le voir est non seulement stupide mais aussi totalement déplacé. Non, il ne pourrait pas croire qu’elle aurait fait le déplacement spécialement pour lui. Pas après la façon dont ils se sont quittés, en cris et claquements de portes. À vrai dire, ses pensées sont envahies par le parfum d’Annie dont le nom lui est inconnu mais qu’il pourrait reconnaitre entre mille, et cette odeur combinée à l’effusion de souvenirs qui l’accompagne le laissent sur le carreau. Il ne peut pas l’inviter à entrer et il ne peut pas non plus détacher les yeux des siens alors il reste là, aussi mou qu’un marshmallow mais prétendant être sur la défensive histoire de se donner une contenance. Les oiseaux chantonnent à leurs oreilles, papillonnent sous le ciel bleu, c’est le printemps dans le ventre de Yan et laissez-moi vous dire qu’il déteste ça.


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MessageSujet: Re: elastic heart (yan). elastic heart (yan). EmptySam 18 Avr - 9:56


YANNIE
And I wanted it, I wanted it bad but there were so many red flags. Now another one bites the dust. Yeah, let's be clear, I'll trust no one. You did not break me, I'm still fighting for peace.

Très bien, Yan n'était pas chez lui. Nerveusement, elle se mit à taper du talon contre le sol, jaugeant la grille qui l'empêchait de rentrer dans le manoir. Peut-être aurait-elle dû appeler avant de passer. Mais après tout, c'était prévu, ce rendez-vous. Elle n'avait pas à s'annoncer vingt fois, n'avait pas à se la jouer secrétaire de sa propre venue. Yan n'était pas là, car il l'avait oubliée, ou n'en avait strictement rien à faire, ce qui ne l'aurait sûrement pas étonnée. Maudite soit son idée, d'avoir demandé à venir cette fois à San Francisco, prétextant une envie de changer d'air qui ferait du bien à leurs deux inspirations. New-York, c'était trop chargé de souvenirs. C'était une boite immense qui renfermait des petits riens capable de vous tordre le ventre de nostalgie, ou d'imposer à votre visage le sourire idiot que créaient toujours les bons moments. New-York, c'était les bons moments, et les mauvais moments. San Francisco, une page vierge. Une malle vide, qu'il faudrait prendre soin de remplir avec la plus grande délicatesse. On n'y laisserait que peu de choses, assez pour encore voir le fond quand elle sauterait dans l'avion retour. Un avion retour qui traversait déjà son esprit quand, après deux minutes plantée devant un interphone muet, elle recula d'un pas. Le taxis, bien entendu, ne l'avait pas attendue. On ne prenait pas soin de vérifier si la porte resterait fermée. Dans le fond de son sac, elle trouva son portable, commença à composer le numéro quand la voix de Yan, lasse, lui indiqua d'entrer sans plus de cérémonie -une voix de celui que l'on vient de tirer du lit, ah, il était donc en train de dormir-. Avec une brève hésitation, elle allongea finalement le pas, jusqu'à se retrouver face à une nouvelle porte fermée, qui ne le resta pourtant pas longtemps. Son bref énervement sembla s'évaporer aussi rapidement qu'elle l'avait attrapé en découvrant la mine mal rasée de Yan. Entre sourire ou garder un air des plus neutres, ses lèvres semblèrent choisir pour elle et se tordirent dans un piteux rictus, presque gênée d'être là. Elle n'allait quand même pas s'excuser d'être à l'heure, et au bon endroit, pensa-t-elle rapidement, entrant dans un de ces débats intérieurs dont seuls les paniqués semblent posséder le secret. Car paniquée, elle l'était. Revoir Yan n'avait rien d'anodin, et si elle s'était figurée que cela serait facile maintenant qu'elle portait comme une armure une bague autour de son doigt, elle se l'était plantée dans l'oeil, et sûrement jusqu'au coude. « Yan. » répondit-elle d'un ton plus strict qu'elle ne l'aurait imaginé. Comme un léger reproche à cet air qui ne lui souhaitait pas la bienvenue ici, un air qui lui disait clairement : désolé, je t'avais complétement zappée. Machinalement, elle leva le poignet pour regarder sa montre. Neuf heures quatre, on n'avait pas vraiment bougé depuis son dernier coup d'œil. « C'est une heure tout à fait normale pour qui se couche à des heures normales. » elle arqua un sourcil, effaçant son élan d'énervement d'un coup d'oeil malicieux. Parfois, elle se demandait ce qu'elle avait bien pu trouver à Yan, il était tellement différent des hommes qu'elle fréquentait habituellement, tellement différent de son fiancé actuel. Lui se levait bien avant elle, enfilait un jogging pour aller faire un tour à Central Park, rentrait, se préparait pour se rendre au travail, rentrait à une heure bien précise, jamais avant, mais jamais après. Il y avait une certaine routine, qu'elle n'avait jamais connu avec Yan. Yan, il improvisait sur le moment, qu'importe si cela débouchait sur un petit quelque chose, ou un grand rien du tout. Au moins, Yan vivait comme il l'entendait, ne pliait pas la nuque face au moindre emploi du temps, face à la moindre horloge et contrainte sociale. Peut-être était-ce ça, finalement, qui l'avait charmée bien avant de la faire déchanter, sa différence par rapport à son petit monde bien parfait et si bien construit. Cette étincelle furtive qu'il avait pu apporter à sa vie l'espace de quelques semaines. Un sourire éclaira son visage en repensant à certains de ces décalages, elle faisait face à du grand Yan ce matin. « profite de ton billet déjà acheté pour visiter New York le mois prochain, en attendant on a du travail aujourd'hui. » elle glissa la pointe de sa langue sur ses lèvres, le détaillant sans laisser entendre le moindre mot pendant quelques secondes. Elle attendait, semblait-il, que quelque chose se passe. « Yan, est-ce que tu vas m'inviter à entrer chez toi ? » souffla-t-elle enfin, sur ce ton que l'on pouvait adresser parfois à certains enfants, oscillant entre la consternation et la pointe d'amusement malgré tout.
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MessageSujet: Re: elastic heart (yan). elastic heart (yan). EmptyDim 26 Avr - 20:15




Est-ce que c’est de l’ironie qu’il croit entendre ? Non, impossible, Annie à peine arrivée ne peut pas se foutre de sa gueule, c’était simplement inimaginable, dans ses souvenirs elle était… Non, n’invoquons pas les souvenirs. Ses souvenirs se sont brouillés, leurs détails comme des petites gouttes d’eau qui ont envahi toute la partition jusqu’à se rejoindre et ne former qu’une flaque parfaitement homogène. Annie n’existe plus en nuances dans son esprit : quelque chose d’injuste et stupide (le temps) a poli ses angles, adouci ses défauts, oublié son sourire. La voir sur son palier lui renvoyer la balle après qu’il lui ait fait étalage de toute son impolitesse – même s’il est capable de bien pire, disons que c’est l’échauffement, l’effet de surprise – ne faisait donc écho à rien. Annie créait de nouvelles gouttelettes, dissolvait la flaque en crachant dedans, envahissait à nouveau son espace vital en posant ses coloris un peu partout. Il devrait se marrer, accueillir ce signe du destin les bras ouverts – c’est ce que n’arrête pas de lui répéter la yogi-en-herbe qui lui sert de voisine – ou bien avouer à voix haute qu’ils s’y prennent vraiment comme des pieds depuis le départ, qu’il est temps de rectifier le tir. Oui. Mais non. C’est son heure, sa maison, sa ville et il a raison. – Ce ne sont pas dans les heures normales que l’inspiration pointe le bout de son nez. Il se retient tout juste d’ajouter ‘n’est-ce pas’, ‘tu le sais bien’ ou ‘qu’est-ce que tu en sais après tout’ mais a l’impression que ces quelques mots flottent tout de même dans l’air, sur un petit nuage menaçant entre eux. Annie a beau lui agiter le drapeau blanc universel sous le nez, il est incapable de le voir et de faire de même – et il n’a même pas encore aperçu la bague… Elle sourit et lui soupire à l’idée qu’il va devoir poursuivre une énième compagnie aérienne pour se faire rembourser son billet – obtenu en promo qui plus est, donc non remboursable à tous les coups, peine perdue. – Non, je déteste New York. A cause de toi. Et à cause de moi aussi, surtout. Une mouche vole tandis que Yan replonge le nez dans son café et qu’Annie attend poliment devant lui. Il va devoir retourner à New York dans un mois, le ventre noué, mais il sait déjà qu’il s’arrangera pour tomber sur Annie « par hasard » (bien sûr). New York c’est Annie, croyez-le ou non il n’avait jamais mis les pieds là-bas avant de s’y envoler pour travailler avec elle – peur que tout ne soit pas assez Mad Men à son goût – et s’il y retourne, son empreinte à elle va le suivre partout, même dans les lieux où ils n’ont jamais mis les pieds ensemble, soit environ 99% de la ville. Il déteste et il adore New York en même temps et quelqu’un d’un peu plus mature, peut-être sa yogi de voisine, pourrait lui souffler tout bas que c’est justement comme ça que l’on décrit quelqu’un qu’on aime, dans toutes les variations du terme. Toquade, répondrait Yan. Infatuation, machin sans issue, lâchez-moi bon sang, il est neuf heures, pourquoi… pourquoi… Annie brise soudain le léger malaise qui s’est installé entre eux, lui demande bien trop poliment s’il va rester comme un con à lui barrer le passage et à refuser de collaborer. Entrer dans le bordel qui fait office de salon ? Maintenant ? – Eh bien, en fait, Annie, écoute, c’est que j’avais pas prévu et… et… non. Il se gratte la barbe du bout des doigts, les cheveux, et réalise qu’ils n’ont nulle part d’autre où bosser. S’ils ne bossent pas, Annie repart. Et si Annie repart…  – C’est un peu le, euh, souk là-dedans, tu vois, je voudrais pas que… je sais pas si c’est l’idéal… Bon, attends. Laisse-moi cinq minutes, ferme les yeux et je reviens. Tu fermes les yeux ? Laissant la porte grande ouverte, Yan s’enfonce à reculons dans son salon et scanne rapidement les alentours. Les instruments ? OK, posés un peu partout mais libres d’accès, pas trop poussiéreux. Canapés et fauteuils : OK, pas trop mal. Table basse ? Disparue sous les cartons de pizzas, les bouteilles et autres objets qu’il n’a pas le temps d’identifier. Dans l’immédiat c’est donc là que son action de propreté doit se concentrer. Yan court chercher un sac poubelle, vérifie d’un bref coup d’œil qu’Annie ne regarde pas le cirque d’une paupière ouverte puis, sans cérémonie et avec beaucoup de bruit, balaye toute la table du bras avant de nouer le sac. Une ou deux télécommandes se sont sûrement retrouvées dedans mais tant pis, Annie attend sur le palier. – Voilà. Fais comme chez toi, balance-t-il en la défiant silencieusement de faire un commentaire. L’effort (et l’idée qu’Annie soit invitée dans sa tanière) l’a rendu un peu fébrile alors il s’allume une clope et soudain ne sait plus où se mettre. – Café ?

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MessageSujet: Re: elastic heart (yan). elastic heart (yan). EmptyMar 5 Mai - 17:34


YANNIE
And I wanted it, I wanted it bad but there were so many red flags. Now another one bites the dust. Yeah, let's be clear, I'll trust no one. You did not break me, I'm still fighting for peace.

«qu'est-ce que tu en sais ? Tu as déjà essayé de travailler à des heures normales ? » continua-t-elle sur un ton plus léger, ne s'offusquant pas de ses mots, et levant ostensiblement les yeux vers le ciel comme s'il lui était actuellement témoin de la scène qui se jouait quelques mètres sous son absence de nuages. Il était parfois surprenant de se rendre compte de la rapidité à laquelle les disputes pouvaient être oubliées, ou, au moins, mises de côté. Sur le pas de la porte de Yan, Annie ne semblait plus capable de se souvenir de tous ces mots, tous ces conflits qui avaient porté les larmes à ses yeux, de rage, de peine. Il ne resterait que celles qu'il pouvait provoquer lorsqu'il la faisait rire de ses remarques, qu'elle pouffait sans prendre soin de cacher ses lèvres derrière le dos de sa main. Sinon, pourquoi serait-elle ici ? Pourquoi aurait-elle demandé à travailler, de nouveau, avec Yan Mateev si sa rancune avait été trop béante et douloureuse pour qu'elle se présente ainsi à lui ? Certes, Yan était un bon musicien, même très bon, mais elle aurait pu se débrouiller pour trouver quelqu'un d'autre s'il n'y avait eu que ça. Yan, qu'importe leur histoire, était inscrit quelque part dans son cœur, dans des couleurs qu'elle ne parvenait pas toujours à définir. Comme ce matin, alors qu'elle avait envie de dessiner un sourire malicieux sur ses lèvres roses, qu'elle le regardait comme un gamin prit en faute car c'était presque ce à quoi il ressemblait, lui et ses phrases pleines d'une aigreur qu'il ne prenait pas le soin de cacher, et ces deux yeux qui s'étaient arrondis en la trouvant, là, devant sa porte à l'attendre lui. A son dégoût de New-York, elle ne répondit plus que par deux joues gonflées, qu'elle ne laissa pas éclater en un soupir las. Bien, nous n'étions pas là pour parler de la beauté de New-York, de ses avenues, de ses magasins par milliers, et de tous ces endroits qui auraient pu rendre Yan dingue de la grosse pomme s'il avait daigné y retourner. Annie, qu'importe son envie à chaque fois dévorante de défendre sa vie envers et contre tous, laissa filer, s'ils voulaient un jour se mettre au travail. D'ailleurs, le travail, ils ne comptaient sûrement pas écrire de nouvelle symphonie sur les dalles d'un perron ? Le destin avait beau frapper à la porte, comme l'avait un jour dit Bethoveen, il n'était sûrement pas resté planté les deux pieds sur un paillasson bienvenue. « Non ? » répéta-t-elle sous la surprise, la bouche ouverte en un o moitié déçu, moitié scandalisé, qui se referma bien rapidement quand la suite se fit entendre. Un o qui se transforma en un petit rire, bras croisés sur sa poitrine, devant l'explication. « tu n'as pas besoin de faire d'effort pour moi. » mais sa phrase s'était déjà perdue dans les mouvements de Yan. Se prenant au jeu, elle tourna le dos, ferma les paupières, en ouvrit une, la referma encore une fois. Ah si la voisine passait par là pour promener son chien, qu'aurait-elle pensé de cette jeune fille aveugle devant la porte grande ouverte de la maison de Yan Mateev... Mordillant l'intérieur de sa joue dans la curiosité, le bruit d'objets que l'on déplace l'interpellant, le voile noir ne resta pas bien longtemps. D'un pas discret, marchant sur la pointe des pieds pour éviter à ses talons de trahir sa présence, elle avança doucement vers l'entrée, jetant un regard à l'intérieur. Du chaos, elle ne vit pas grand chose, son regard se concentrant principalement sur un Yan qui tournait la tête à droite, à gauche, triant à la va vite ce qu'il pouvait. La scène lui arracha un nouveau sourire, et un rire qu'elle parvint à garder muet ; enfin, elle recula de quelques pas, retrouvant son poste. Yan était tellement étrange, pensa-t-elle. A des lieux de ce qu'elle avait connu, et connaitrait sûrement le restant de ses jours, dans son monde bien parfait, dont chaque aspect semblait avoir été travaillé avec soin. La moindre mèche folle était en fait due à une savante mise en scène. A son appel, elle entra -de nouveau- dans la villa. « c'est très bien, chez toi. » laissa-t-elle entendre d'une voix douce en jetant un regard circulaire à ce salon qu'elle avait déjà aperçu quelques minutes plus tôt. « Un thé plutôt. » elle plaça son sac sur le canapé, se laissa tomber à ses côtés, les yeux toujours valsant d'un côté à l'autre de la pièce. Un silence s'installa, lui laissant le temps de mordre sa lèvre inférieure qui ne semblait plus vouloir se dessiner autrement qu'en un sourire amusé. « tu … as une femme de ménage drôlement efficace. »
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MessageSujet: Re: elastic heart (yan). elastic heart (yan). EmptyDim 10 Mai - 22:35



Son cerveau enregistre tous ces changements, les expressions, les sourires, les moues amusées, mais il ne sait pas quoi en faire alors il les abandonne à moitié étudiés, baignant dans leur analyse vaseuse, en les ignorant avec une nonchalance d’habitué. Tant qu’Annie ne montre pas des signes flagrants de colère ou de mépris, ne tire pas la sonnette d’alarme en faisant une grimace que même ses neurones à peine réveillés, levés du mauvais pied surtout, ne pourront ignorer : tout va bien. (Ce n’est qu’une fois la ligne dépassée, le point de non-retour atteint, qu’il songera avec amertume à tout ce qu’il a mal fait.) Sa phrase repasse en boucle alors que Yan tire un peu trop nerveusement sur sa cigarette. Tu n’as pas besoin de faire d’effort pour moi. Il n’a pas répondu, trop concentré justement à faire tous les efforts du monde pour elle, dans la mesure du possible, et à lui faire bien plus de place qu’elle ne le mériterait (pense-t-il amèrement avant de regretter aussitôt cette remarque stupide). Il l’observe entrer, englober toute la pièce du regard et l’imagine d’entrée condamner ses mauvaises habitudes devant son tribunal personnel. Il devrait s’en foutre. Il ne devrait même pas y penser. Pourquoi alors est-ce qu’il sent une pointe de soulagement lorsqu’elle finit par le complimenter ? Est-ce qu’il s’attendait à ce qu’elle dise non, ça ne me va pas, trop bordélique pour faire semblant de travailler, je me tire et qu’elle lui évite du même coup de se prendre la tête inutilement ? Deux secondes qu’Annie est dans sa maison et son cerveau en est déjà retourné, bien, ça commence bien. – Tu … as une femme de ménage drôlement efficace. Sa remarque devrait déclencher un tas d’émotions négatives, devrait renforcer la rancœur qu’il semble produire par centaine de milliers de tonnes quelque part dans ses tripes ou bien dans son cœur desséché, mais contre toute attente c’est la combinaison gagnante qui sort : un sourire. Le plus dangereux car le plus sincère. Le plus sournois aussi, celui qui tire immédiatement des plans sur la comète, qui commence à imaginer à quoi le reste de la journée, soirée, nuit, pourrait ressembler s’il ne s’y prend pas trop mal. Rien de tout ça n’arrivera jamais, mais le sourire vient d’assimiler un évènement majeur et à son sens révélateur : Annie est dans son salon. Sur son canapé. À titiller ses sarcasmes comme s’ils avaient fait table rase sur leur passé tout maigre. Ça ne peut pas être innocent. Ou bien ça l’est. Pourquoi pas ? Il n’en sait rien. Annie lui semble trop saine d’esprit pour revenir de plein gré vers un type comme lui. Il n’y a que sa mère pour l’adorer alors qu’il continue systématiquement de « passer sous des ponts » au milieu de toutes leurs conversations téléphoniques. Annie ? Non, faut pas déconner. Mais la vision du canapé est tenace alors il tente de l’oublier en allant se cacher dans la cuisine, faisant bouillir une eau déjà trop bouillante et criant presque au-dessus du boucan pour se faire entendre. – J’ai pas de thé, désolé ! Puis une fois les deux tasses en main, d’une voix plus légère et, miracle, presque guillerette : – Et pas de femme de ménage non plus mais ça, je crois que tu l’avais déjà deviné. Quoique je veux bien t’engager si tu… Ce n’est qu’en revenant s’asseoir dans un fauteuil à côté d’Annie – surtout pas sur le canapé, trop près d’elle – et en poussant une tasse dans sa direction qu’il remarque quelque chose d’inhabituel. Quelque chose de brillant à son annulaire gauche. Son regard passe du doigt à Annie, d’Annie à son doigt, rencontre ses yeux et s’y arrête véritablement, pour la première fois depuis qu’elle est apparue sur son paillasson. Trois longues secondes où on entendrait une mouche voler… avant de se fixer ailleurs, le plus loin possible. S’il n’était pas déjà chez lui il se serait probablement levé et barré sur le champ. Aurait claqué la porte beaucoup trop fort, comme  dans les films, parce que c’est comme ça qu’il est censé réagir, non ? Il n’a pas envie de lui demander. Pas envie d’écouter l’histoire qu’elle va lui raconter, voir son visage à elle s’illuminer en parlant de son nouveau prince charmant pendant que le sien tentera, et échouera misérablement, de garder un air impassible. Yan se racle la gorge, écrase son mégot dans un reste de bougie à portée. – OK. Boulot. Par où on commence ? Les non-dits reviennent former un nuage électrique au-dessus de leurs têtes tandis que la voix de Yan reprend sa méfiance du départ, sa dureté, son impatience, sans qu’il ne cherche à les cacher. Il n’y a qu’à lui-même qu’il arrive à mentir à la perfection. Et oui, il est borné au point d’être capable d’ignorer l’alliance/bague de fiançailles (il ignore la différence) d’Annie jusqu’à la fin des temps si on lui laisse cette possibilité.

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