« Ma chérie tu seras bien sage ces trois jours d'accord? Tatie Valentina va te garder et j'espère que tu ne feras aucune bêtise d'accord? » La jeune femme regarde sa petite fille qui se contente d'acquiescer avec un sourire. Evidemment qu'elle sera adorable avec Valentina, ce n'est pas la première fois que cette dernière garde Savannah. Seulement, ça n'avait jamais été pour trois jours. Et June espère sincèrement que tout se passera bien. Mais après tout, elle fait entièrement confiance à son amie, qui connait sa fille depuis sa naissance, et même avant lorsqu'elle s'amusait à faire des cercles dans le ventre de sa mère. Elle embrasse fort sa fille et sert à nouveau Valentina dans ses bras. Elle la remercie encore une fois de garder sa fille et elle monte dans son taxi qui l'emmène à l'aéroport. Grant Sullivan a décidé d'organiser un concours pour élire la ville la plus fêtarde des Etats-Unis, et de nombreuses villes y participent, toute voulant montrer leur supériorité. Alors bien sur, June aurait pu participer à l'évènement à la San Francisco, qui n'est autre que sa ville d'adoption. Mais participer à la gay-pride n'intéresse que très peu la jeune femme qui l'a déjà fait auparavant, et qui préfère essayer quelque chose de nouveau. Et puis, ce qu'elle a envie réellement, c'est de rendre visite à Erin à la Nouvelle Orléans, alors qu'elle ne l'a pas vu depuis quelques temps déjà. Dans l'avion qui l'emmène dans la ville du jazz, la jeune femme est excitée comme une puce à l'idée de revoir Erin. A chaque fois qu'elles se voient, quelque chose part en cacahuète. Erin a toujours l'envie d'emmener June toujours plus loin, toujours plus follement, et June qui auparavant était dingue et sans limite, c'est lourdement calmé depuis qu'elle est devenue maman. Alors forcément, Erin cherche à récupérer la June d'avant, celle qui ne s'arrêtait jamais, qui était capable de l'emmener avec elle sur la route sans problème. Qu'importe, l'ancien epsilon de berkeley lui pardonne à chaque fois et lui pardonnera toujours parce qu'après tout, elles sont comme ça, elles sont amies au-delà de tout, elles sont partenaires de crimes. Son trajet est long. Bien trop long à son goût et râle toute seule. La première classe est loin de lui suffire amplement mais tant pis, elle n'aura pas le choix. Elle se contente de lire le script du prochain épisode de sa série et essaie d'apprendre ses lignes par cœur, tout en cherchant à comprendre pourquoi l'épisode prendra une telle tournure. Mais enfin qu'importe. Après plusieurs heures à s'impatienter dans son siège première classe, l'avion finit enfin par se poser et June foule enfin le sol Néo Orlandais. La douceur du climat la saisit de plein fouet et la force à sourire malgré la fatigue. Ses bagages récupérées, elle hèle un taxi et donne l'adresse de son amie. Elle lui donne un supplément pour qu'il accélère le mouvement et que la jeune femme soit le plus rapidement possible auprès de son amie. Finalement, en une trentaine de minutes, la franco-suédoise arrive devant chez Erin. Elle monte quatre à quatre les marches pour arriver chez elle et elle sonne à la porte. La blondinette ouvre la porte et apparaît des plus stupéfaites. « Supriiiiiiiiiiiise ! J'espère que tu n'as rien de prévu pour les trois prochains jours parce que je te réquisitionne. » qu'elle crie avant de lui sauter dans les bras. Dieu que c'est bon de la retrouver après des semaines à ne pas avoir croisé son chemin. June entre chez elle comme si elle était dans sa propre maison et court poser ses affaires dans une des chambres. Revenant au pas de course devant une Erin éberluée, June affiche un sourire gigantesque. « Bon, j'ai cru comprendre qu'une fête de dingue se profile aujourd'hui à la Nouvelle Orléans, je me suis dit qu'il serait de bon ton que je vienne un peu en profiter avec toi ! » Voilà qui devrait faire plus que plaisir à son amie qui lui a toujours fait comprendre qu'elle n'attendait que ça. C'est pourquoi June a décidé que pendant ces trois jours, il ne sera plus question de son rôle de maman, de l'image qu'elle renvoie. Elle a bien l'intention de profiter pleinement de ces trois jours, sans penser aux conséquences, n'importe quelle conséquence que ce soit. « Bon, j'ai déjà prévu une tenue pour ce soir. J'ai amené une de mes robes préférées, tu vas voir elle est à tomber par terre ! Et j'hésite entre les cheveux relevés avec une pony tail ou lisser mes cheveux et les rabattre sur le côté. Hum choix difficile, tu me conseilles quoi? » Après quelques échanges pour se décider, June opte finalement pour une pony tail, accompagnée de sa robe préférée. Ah l'ensemble rend parfait. Et Erin est à tomber par terre elle aussi. Les deux jeunes femmes prennent donc la direction de Bourbon Street et s'arrête dans le premier bar qui s'offre à elle. June commande deux bières et en tend une à Erin. « A la tienne ma belle. Que cette soirée soit aussi mémorable que les précédentes ! » Nul doute que ce soir, les deux amis vont être réunies comme auparavant sans que rien ni personne ne puisse les arrêter.

J'étais arrivé à la fête sur Bourbon Street avec mes deux comparses préférés, Andy et Noah. Depuis trente minutes déjà, on s'était commandé deux pichets de bière que l'on avait partagé entre colocs, attendant la quatrième habitante de notre charmante demeure, qui devait être accompagnée de Calista. Je ne savais toujours pas comment je me sentais face à cette intrusion dans notre quatuor merveilleux. Enfin, c'est surtout parce qu'il s'agissait de Calista. N'importe qui d'autre, cela m'aurait laissé de marbre, j'étais loin d'être le sauvage voulant préserver ses meilleurs amis du reste du monde. Seulement, là, il s'agissait bel et bien de la belle blonde, avec ses yeux à faire mourir d'une crise cardiaque. Avec toutes les frites que je venais d'avaler, les risques que mon coeur s'arrête étaient encore plus élevés qu'à l'habitude. Bon, jusqu'à maintenant, ça va. Mais elle était chiante, parfois. Dans le sens où elle ne riait jamais de mes blagues et décidait plutôt de me dévisager avec son air supérieur. J'avais l'impression d'être replongé dans mes jeunes années, durant lesquelles mes blagues faisaient rire toute la population strictement masculine. Avec le temps, je pensais avoir développé un humour accessible aux deux genres, mais il fallait croire que non, avec elle. Bref. On s'en fout. J'allais continuer d'être con, et elle n'aurait qu'à s'y faire. « Bon ben si elles n'arrivent pas bientôt va falloir changer d'endroit, hein. La tournée des bars se fera pas toute seule. » Lâchais-je alors qu'un silence venait tout juste de s'installer. Je déposai alors mon verre de bière pour tenter d'imiter Teddy. « Tu crois que je devrais mettre cette robe-là, ou bien celle-là ? Elles ont l'air identiques, mais c'est subtil, il y en a une qui a un centimètre plus court que l'auuuuutre ! » J'avais dit cela d'une voix aigue, posant mes mains sur mon torse, comme si Teddy parlait réellement toujours en se touchant la poitrine. Alors que je terminais mon imitation, mon regard croisa celui d'Erin, qui marchait avec une amie. Elles entrèrent dans le bar d'en face. Mon coeur se figea, car, après ce qui s'était passé la dernière fois lors de notre dîner improvisé, je ne savais pas trop comment réagir face à elle, et surtout face à Noah. Je détournai donc rapidement le regard, évitant le conflit pour ce soir.  « Aaaah, les voilà !!!! » Dis-je en applaudissant alors que Calista et Teddy entraient dans le bar.

Aujourd’hui était un jour de fête dans tous les sens du terme, la Nouvelle Orléans était animée dans certaine rue, notamment celle de Bourbon Street, le quartier français de NOLA où je comptais emmener mon ami d’enfance fraichement retrouvé. J’étais toute joyeuse à l’idée de passer cette soirée avec lui, de passer tout le temps possible avec d’ailleurs. On ne s’était pas revu depuis nos retrouvailles, mais on s’envoyait des messages dès qu’on le pouvait. Souvent pour se raconter nos journées ou d’autres banalités de ce genre. Le principal étant qu’on se contacte. J’étais à l’appartement, on aurait pu croire que j’allais à un rendez-vous avec Noah tant j’avais pris de temps pour me préparer. Tout ça pour quoi ? Pour finir par mettre une jupe en jean avec une paire de basket compensé, un haut simple et une veste en jean. Merci les trois heures devant l’armoire juste pour ça. Je filais en direction de l’aéroport, Adrian arrivait en fin de soirée et resterait surement un peu plus longtemps. J’espérais pour lui qu’il n’avait pas prévu d’hôtel, ce soir il dormirait à la colocation, et surement pas sur le canapé.
J’attendais impatiemment que l’avion atterris et de le voir pour lui sauter dans les bras comme à nos retrouvailles. « Tu as fait bon voyage ? » Je souriais déjà comme une gosse. « Jusqu’à ce que tu repartes tu es à moi, je te lâche plus ! » Et le monde pourrait s’arrêter de tourner que ça n’aurait aucune importance, tant que l’on passait un bon moment.
Un peu plus tard, une fois les affaires déposé, je l’emmenais direction le lieu de la fête. « Tu m’as promis de savoir faire la fête, il va falloir que tu me montres ce que tu as dans le ventre maintenant. » Je lui donnais un coup de coude dans les côtes en rentrant dans l’un des bars de la rue déjà bondés de monde. S’il y avait bien une chose que je connaissais, c’était bien ce monde-là, celui de la fête. Et ça, j’allais montrer à Adrian de quoi j’étais capable aussi. Je reconnaissais au loin Calista avec des amis, sans trop voir avec qui elles étaient, je lui fis un rapide signe de main. Je comptais lui présenter Adrian durant la soirée. Mais pour le moment, je me la jouais égoïste. Je voulais l'avoir juste pour moi. Mais j'irais la rejoindre assez rapidement. « Deux tequilas frappés » demandais-je au serveur qui nous les apportait dans la foulés. « A nous et cette soirée qui ne fait que commencer ! » Je portais le verre à mes lèvres, et je devais m’avouer que le liquide me brûlait un peu le long de ma gorge. Ça faisait surement un long moment que je n’avais pas fait la fête comme je le pensais mais qu’importe. Ce soir, je remettais les compteurs à zéro, oubliant beaucoup de chose autour de moi, sauf Adrian. Ce soir était une soirée riche en promesse.

« Serait-ce moi, ou Woody est ouvertement entrain de se foutre de toi Teddy? » Elle rigole en voyant la scène à travers la fenêtre du bar, Woody imitant une jeune femme entrain de se préparer. Ca ne peut qu'être Teddy, Woody n'oserait pas se moquer de la Barton. Andy semble baragouiner quelque chose à son tour mais de là où elles se trouvent, les deux jeunes femmes n'entendent strictement rien à la discussion. Et comme Cali sait qu'Andy n'est pas son plus grand fan… ce n'est peut-être pas plus mal qu'elles n'entendent pas ce qu'ils disent sur elles. « Ce soir, je te veux on fire teddy ! Les cocktails, les shoots, tout ça, c'est illimité ! J'ai sorti la carte de crédit Noël, alors à volontééééé ! » Sa carte de crédit Noël, c'est celle qui contient tout l'argent que la jeune femme a reçu après avoir gagné son procès et tout l'argent que sa sœur lui a légué à sa mort. En somme, c'est la jolie carte de crédit à deux millions de dollars et des poussières. Cali attrape son amie par le bras et l'entraine dans le bar le sourire aux lèvres, pendant que Woody acclame leur arrivée. Cali va lui claquer deux grosses bises sur les joues. Elle aime bien Woody. Elle a du mal avec ses blagues à deux balles et son humour un peu trop étrange à son goût mais elle l'aime bien, elle commencerait presque par être vraiment à l'aise avec lui. Elle salue Andy d'un geste de la main et d'un sourire plus timide pendant qu'il fait tournoyer Teddy pour son arrivée. Oui, Andy et Cali ce n'est définitivement pas le grand amour, ils ont du mal à se supporter. Ou du moins, ils sont tout le temps entrain de se chamailler, de s'emmerder. Mais pour Teddy, pour Noah, ils le font, ils font en sorte de se supporter. Et le meilleur pour la fin, Noah apparaît dans son champ de vision. Elle courait presque vers lui avant de le prendre dans ses bras. « Bah quoiiiii, j'ai commencé l'apéro avant de partir histoire d'être dans l'ambiance directement. » Elle anticipe d'avance à la première réflexion de Noah qui va très certainement de voir Calista si câline et si joyeuse, elle qui en temps normal est beaucoup plus renfermée. Au loin, elle voit la sœur de Noah passer et elle agite sa main pour lui dire bonjour. « T'es pas avec Edea ce soir? Pourquoi t'es pas avec ma cousine? Je croyais que vous étiez ensemble moi !» Mon dieu, l'alcool désinhibe totalement Calista et la rendrait presque… gentille. Teddy la regarde du coin de l'œil, avant de secouer la tête. Elle attrape au passage un serveur qui passe par là « Vous savez quoi? la prochaine tournée est pour moi ! faites vous plaisir les gars ! Et pour moi ce sera une vodka champagne s'il vous plait. » Oh, c'est certain, Calista, requinquée par son petit weekend avec Oliver, est bien décidée à profiter pleinement de sa soirée avec sa meilleure amie et ses colocataires, et faire de la Nouvelle Orléans, la ville la plus festive qui soit.

Bien entendu que la Nouvelle-Orleans avait répondu à l'appel de Grant Sullivan. S’il y avait bien une chose pour laquelle NOLA était réputée à travers le pays, c’était pour son côté festif. Une énorme soirée avait été organisée sur Bourbon Street, et pour marquer le coup, nous avions décidé d’y aller entre colocataires. Bizarrement, c’était assez rare que nous sortions tous les quatre ensemble de la sorte. On s’entendait bien dans l’ensemble, mais les soirées à quatre, nous les passions à l’appart’, pas dans les bars ou les clubs de la ville ; probablement parce que nous avions tous des groupes d’amis différents. Les trois garçons m’avaient donné rendez-vous dans un bar, mais j’avais décidé de ne pas y aller seule. Je les aimais bien, mais une présence féminine supplémentaire ne serait pas de trop ce soir. J’avais donc convenu avec Calista que j’allais passer la chercher à son travail avant d’aller à la soirée. Affalée sur le siège de ma voiture, je l’attendais déjà depuis vingt minutes et elle n’était toujours pas sortie. Un coup d’oeil à mon téléphone, pas de réponse à mes textos non plus. On allait être en retard à la soirée. A coup sûr les garçons auraient déjà commencé à boire comme des trous et on allait les retrouver à moitié ivre mort lors de notre arrivée. Calista frappa à la vitre de ma voiture et me sortit de mes pensées. Ni une, ni deux, je démarrais, direction l’appartement - grillant un feu rouge au passage - pour aller se changer avant d’aller au bar. Une heure plus tard, nous arrivions au dît bar, après avoir pris quelques shots à l’appartement, histoire de se mettre en condition pour la nuit qui nous attendait. Je n’avais jamais mis les pieds dans cet établissement et je ne savais donc pas vraiment ce qu’il valait. J’espérais juste qu’il ne s’agissait pas d’un bar à ivrognes qui passent leur soirée accoudés au comptoir à reluquer les filles. A travers la fenêtre du bar, les deux filles apercevaient Woody bouger dans tous les sens. Vu les sourires sur les visages d’Andy et de Noah, ça avait l’air plutôt drôle. « Tu rigoles ? C’est censé être moi ça ? Je suis persuadée qu’il passe plus de temps que moi dans la salle de bain le blondinet. » répondais-je à Calista. A peine rentrées dans le pub,  les garçons nous interpelèrent, au moins, ils ne passaient pas inaperçus. Arrivées à leur table, Andy se leva, m’affubla d’un surnom inhabituel - auquel je lançais un regard intrigué - avant de me faire tourner sur moi-même et de me dire que j’étais jolie. Aucun doute, ils avaient déjà commencé à picoler, et probablement depuis un petit moment. « Arrête de dire des conneries et au lieu de me faire tourner sur moi même, paie-la donc, ta tournée. » Aussitôt dit, aussitôt fait, on me colle une pinte sous le nez et on me pria de la boire illico, la soirée va être longue. Mais loin de me débiner, je prenais la pinte à deux mains et en boit de très longues gorgées. J’allais me lâcher ce soir, pour la fierté de la Nouvelle Orleans, pour montrer comment on faisait la fête ici, et mes colocataires et Calista allaient être aux premières loges. « Ne joue pas Gardner, t’arriveras pas me suivre. » lançais-je pour le provoquer. Je savais pertinemment qu’à ce petit jeu, j’avais bien moins d’expérience que mes trois colocataires, mais j’étais d’humeur joueuse ce soir, à mes risques et périls. Deux personnes que je ne connaissais pas arrivaient à notre table, de ce que je compris, l’une d’entre elles était la cousine de Calista. Mais à peine eus-je le temps de leur adresser un bonjour timide que ma meilleure amie décidait elle aussi de payer sa tournée. Vodka-champagne, rien que ça. La carte de crédit Noël était bien de sortie ce soir, elle n’avait pas bluffé. « C’est pas trop raffiné pour vous les affreux ? » balançais-je en me tournant vers mes trois colocataires. J’avais l’habitude de les voir avec une pinte de bière à la main, certainement pas une coupe de champagne. « Enfin ça devrait convenir à Woody, on l’a aperçu bouger comme une vraie pin-up tout à l’heure. »