Je le regardais avec un drôle d'air. Je savais ce qu'il insinuait et ça ne me plaisait pas. Mais quand on est chez soi, on aime être chez soi justement et s'y sentir comme tel et malgré son idée rappelant vaguement notre vieil arrangement, je dois dire que j'étais dubitatif. J'avais accepté pour les soirées et apéro un peu à contre coeur mais là qu'on finance aux 3/4 mon appartement, je dois dire que rien que cette idée me foutait un petit coup. Je pense que ceux qui me connaissent diraient sans problème que je ne suis pas quelqu'un possédant un égo sur-dimenssionné mais ne pas avoir un trop gros égo ne veut pas spécialement dire : ne pas en avoir du tout. Et là, rien que l'idée me paraissait être un peu plus que je ne pouvais l'accepter. Merde à 27 ans devoir partager les frais de son appart ça me rappelait mon premier "trou" à Brooklyn où je faisais fifty/fifty avec mes parents. Nous avions donc beaucoup de points sur lesquels il allait falloir discuter avec Finnley mais je pensais ce que j'avais dit un peu plus tôt : une coloc' serait certainement très drôle.

- "File la bouteille un peu, ça fait des mois que je le zieute lui ... j'ai rigolé. Il m'a tendu la bouteille que j'ai saisi, j'ai aussitôt avalé plusieurs gorgées. J'ai reposé la bouteille sur la petite table d'appoint et l'ai regardé - "Et toi tu bois quoi maintenant ? " nouveau petit rire.

Je n'ai jamais compris pourquoi mais Finn adorait faire des bisous sur les joues des gens. Enfin c'était étrange mais il faisait souvent ça pour déconner et avec n'importe qui, c'était plutôt le genre de petit baiser délicat et "mignon" que j'aimais faire aux femmes (la bave en moins). Aussitôt qu'il avait posé ses lèvres contre ma joue, j'y passais machinalement le revers de ma main. QUEL DEGUEULASSE !

- "Putain Finn j'ai trop faim ... [b] Petit regard désespéré à l'assiette qu'il avait mangé avant que j'arrive. [b]T'es plutôt room-service ce soir ou on va se chercher un putain de bon burger ? petite seconde de réflexion ... On est à NOLA c'est triste de pas manger un truc typiquement français mais bordel, un bon gros burger avec extra-bacon ce serait juste orgasmique !" une petite gorgée a fait passer.

Aaron n'avait certainement pas aussi faim que moi mais j'étais debout depuis des heures et mon dernier repas remontait à 11:30 ce matin, heure à laquelle l'espèce de "cantine" des employés ouvrait. Un endroit fort peu agréable, beaucoup trop climatisé, où la bouffe servie ne serait même pas offerte à des chiens ... En bref, on y allait parce que nous préférions tous dormir 30 minutes de plus le matin que de se faire à manger mais vraiment ... ce n'était pas pour le goût qu'on s'y retrouvait.

- "Tu sais que je t'aime bébé quand tu fais l'homme ... je me suis approché de lui en lui souriant j'ai déposé un baiser baveux sur son front. Je me sens fort avec toi, je me dis que tous les deux on est invincible bébé" petit rire.

Finn m'a regardé et nous avons passé cinq minutes à joueur à ce jeu là ... C'était ma façon à moi de me foutre de sa gueule pour ce qu'il venait de faire quelques instants plus tôt. En utilisant l'humour, il savait que j'avais relevé ce qu'il venait de faire mais que ça me faisait rire plus qu'autre chose et c'était le cas.
Nous avions convenu de ne plus parler de cette histoire d'appartement, nous en visiterions, de toutes les sortes, dans tous les quartiers, de toutes les tailles et à tous les prix et nous choisirions celui qui nous irait à tout les deux. C'était plus ou moins le deal dont nous avions convenu en plus du 50/50 car même pour rire je lui avais fait d'une voix mielleuse "J'aime être ta poule de luxe bébé ", nous savions tous les deux qu'il s'agissait là d'une semie vérité. Je crois que c'est d'ailleurs à cet instant que d'un seul coup d'oeil nous avons convenu que chacun règlerait la moitié de l'appart et que c'était la seule façon pour que ça marche.
Les burgers étaient arrivés si vite que je me suis même demandé si le livreur n'avait pas été prévenu à l'avance.

- "Et maintenant c'est qui qui triche ? ai-je lancé à Finnley alors qu'il venait de mordre dans son burger alors que j'étais à peine en train de déballer le mien de son emballage en papier. Une petite secondes plus tard, je me suis laissé tomber sur le lit. Meilleur orgasme de ma vie putain ... Ca c'est du burger il a rigolé tout en mangeant résultat, nous sommes passés à deux doigts d'un voyage à l'hôpital. Après une ou deux tapes dans son dos (un peu comme on pourrait le faire à un bébé), il était sorti d'affaire et nous rigolions comme des gosses à une situation qui n'était pourtant pas si amusante que cela. Tu sais que tu ne vas pas pouvoir sortir de cette pièce sans m'avoir donné l'adresse, le nom ou quelque information sur la provenance de ce burger hein ?! "

Nous avons lancé la musique et je n'entendais maintenant plus que les paroles de la chanson raisonner dans ma tête. Nous nous étions contenté d'allumer la tv sur MTV et après la troisième chanson consécutive de Miley Cirus, je me suis levé pour mettre fin au carnage. La télécommande était restée sur le balcon et le supplice avait assez duré, il était temps qu'un de nous se dévoue pour mettre de la vraie et bonne musique. Quelque chose nous permettant en tous cas de ne pas nous suicider dans la demie-heure.

- "A titre consultatif, t'aimerais écouter quoi ? Non parce que les nana qui parlent de leur crise d'ado et de "l'amour de leur vie" ça me donne la nausée. on a opté pour MTV RnB, seule chaine qui ne proposais pas de chanteur en dessous de 20 ans. D'ailleurs, en parlant d'histoire de coeur pour ados en crise, t'en es où toi ? Jcrois que la dernière fois qu'on a eu une conversation à ce propos j'étais tellement déchiré que les souvenirs me manquent ..." j'ai rigolé. A vrai dire j'avais aussi pas mal de mal à suivre tout ce qui se passait à ce niveau là pour Finn.

Ce qui est drôle dans notre amitié avec Aaron c’est qu’on ne se connait même pas depuis une décennie, et pourtant des fois j’ai l’impression de le connaitre depuis toute ma vie. Pour l’énerver je sais pertinemment quoi dire et quoi faire, pour lui remonter le moral je connais les bonnes adresses et les bonnes personnes à appeler, quand je le cherche je finis toujours par le trouver et quand je ne l’attends pas mais que j’en ai grand besoin, je sais qu’il sera toujours là, comme par magie. Alors nos conneries de petits bisous sur la joue, les petites moues que j’affichais sur mon visage pour le faire rire et surtout les petites vannes qu’on s’envoie à longueur de temps, tout ça on le fait parce qu’on se connait.
Dieu merci il n’avait pas répliqué avec un de ses fameux baisers et semblait même plutôt étonné que je lui en fasse moi-même un sur le front,je le regardais, en souriant, tout victorieux !
- "Ravi d’être ton meilleur coup, l’inverse m’aurait pourtant étonné … " petit clin d’œil, petit sourire, nouveaux éclats de rire.

Ces burgers étaient délicieux et j’avais toujours appris à déguster longuement et calmement ce que je mangeais. Contrairement à Finn je n’engloutissais pas toute nourriture qui pouvait se trouver à l’horizon. Aussi, suite à sa remarque j’ai pris mon temps, plus que d’ordinaire d’ailleurs et c’est lorsque son visage a affiché une mine énervée que j’ai savouré ma meilleure bouchée : j’étais en train de faire craquer Finn en prenant mon temps alors que lui avait déjà terminé tout ce qui était comestible.
Une fois qu’il m’ut promis de recommander ces mêmes burgers dans quelques semaines « à l’appart », je me suis senti soulagé. Malgré le fait que mon installation ne datait maintenant plus d’hier, je n’avais pas vraiment eu le temps de visiter la vielle et ainsi faire le tour pour avoir tous les « bons plans », Aaron pourrait certainement m’aider à cette tâche et je comptais bien rattraper toutes mes heures supplémentaires une fois que nous habiterions ensemble. Dans un premier temps pour emménager et ensuite pour profiter de la ville que je ne connaissais finalement pas du tout.

Aaron venait de s’étaller dans le lit, on a discuté de Teddy, il m’a dit que ça n’était pas vraiment joyeux joyeux et je me suis soudain dit qu’il était peut-être ici pour elle. J’ai préféré ne pas aborder le sujet, on n’était pas ici pour faire une soirée pyjamas non-plus et je crois que si j’avais été à sa place, je n’aurai pas voulu qu’on me pose la question. Résultat il a fini par me retourner la question et je dois avouer que je ne savais pas trop quoi répondre.
- "Toujours aussi drôle Finnley. Non sérieusement j’en sais rien, depuis que je suis ici ça a été plutôt étrange. Commençons par dire que j’ai rencontré du monde à foison mais que pour le moment, ça ne mène pas à grand-chose … Y a bien cette fille que j’ai vu pendant un match de football avec laquelle on a bien ri mais jsais pas trop tu sais … Et puis, jsuis pas certain d’être en mode « bisous bisous ptit cœur » " Aaron a explosé de rire. De toutes les expressions que j’employais, c’était celle qu’il préférait ! C’était mes sœurs qui disaient ça quand elles étaient plus petites pour dire qu’elles avaient un copain ou qu’elles étaient sur le point de passer à l’acte. Bref, j’avais repris l’expression qui faisait toujours beaucoup rire Finn.
Fouine qu’il est, il a répliqué qu’il voulait tout savoir. Je lui ai expliqué que la discussion s’était tout simplement installée parce qu’elle avait réalisé que j’étais en train de matter ses seins qui étaient en train de devenir rouge flamboyant avec le soleil et sur ces bonnes paroles on a continué à boire. Deux ou trois heures plus tard je suis rentré chez moi. Je commençais à m’écrouler de fatigue et vu que nous étions partis à papoter plutôt qu’à sortir, quand Finn a lui aussi commencé à fermer les yeux, je lui ai souhaité bonne nuit, ai appelé le room service pour qu’ils viennent lui emmener deux grandes bouteilles d’eau et une bassine (avec lui, je n’étais jamais trop prudent) et je suis redescendu dans le lobby. J’ai voulu attendre un taxi mais quand à l’autre bout du fil on m’a annoncé qu’il fallait attendre 45mn, que tous les taxis étaient en course, j’ai eu beau essayé de faire croire que c’était pour un client important, aucune des compagnies avec lesquelles nous travaillions n’a pu me promettre une attente inférieure à 30mn. J’ai donc décidé de rentrer à pied, fatale erreur, le trajet m’a pris prêt d’une heure et quand je suis rentré chez moi, je me suis dit que j’aurai dû dormir dans la chambre de Finn, ça m’aurait évité le même trajet le lendemain.