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« Some friendships never end. »

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MessageSujet: « Some friendships never end. » « Some friendships never end. » EmptyMer 15 Aoû - 17:46



Aujourd'hui, je fais l'effort d'être gentil, ouvert et… et ce sera déjà bien assez. Voilà ce que s'était dit Joe Shark en se levant ce matin. Après s'être étiré, il lâcha un grognement de satisfaction à la façon d'un félin une fois sa sieste terminée, puis il tourna la tête pour observer sa conquête de la veille se mouvoir doucement dans les draps. Brandy. Ou Cindy. Bref, une jolie brune prometteuse. L'éditeur se leva de son lit puis passa une main sur sa mâchoire légèrement barbue d'un jour ou deux. Il avait proposé à Noah de l'emmener à l'hôpital. Non, pas pour le faire interner : une fois, c'était largement suffisant. Quoiqu'il faudra un jour discuter de son obsession envers les enfants… Shark avait tendance à diagnostiquer ça comme une maladie orpheline. Gentil, on a dit. Gentil. Il secoua la tête à cette pensée puis descendit les escaliers pour se rendre en cuisine et se préparer un petit-déjeuner. S'il avait décidé d'inviter Noah à passer un moment à l'hôpital, ce n'était ni pour lui ni pour Joe : c'était pour qu'il puisse rencontrer Sophie. Certes, la Française ne serait certainement pas très loquace, le coma a souvent tendance à réduire la conversation des gens. Une chance, quand on y réfléchit, car Connor tenait son côté pipelette de sa mère. Un vrai moulin à paroles, cette Sophie. Le seul moyen que Joe avait trouvé pour la faire taire, c'était de lui fourrer de la nourriture dans la bouche ou bien de la renverser sur un lit pour s'occuper d'elle… du temps où ils étaient ensemble, du moins.
Noah lui avait maintes fois reproché son attitude, ces temps-ci, et malgré son côté extrêmement boudeur lorsqu'il était vexé ou contrarié, Joe avait médité les paroles de son frère de cœur. Au fond, celui-ci avait raison. Oui, Shark reconnaissait avoir tort. En partie, tout du moins. Il ne pouvait pas reprocher à Noah de lui faire telle ou telle remontrance s'il ne lui expliquait pas certaines choses. Lui et sa sale manie de garder jalousement le secret sur sa vie privée, cela allait finir par lui faire perdre l'un des rares hommes pour qui Joe aurait fait n'importe quoi. Même s'il ne voulait pas spécialement parler de Benedikt qui venait de faire irruption dans leurs vies, il pouvait au moins lever le voile sur un mystère qu'il avait entretenu pendant une décennie au total : Sophie. La seule femme qui aura réussi le tour de force de le rendre amoureux. Lui, l'insensible compulsif qui change de femme comme de chemise.

Après son thé matinal – gingembre et cranberries – le quarantenaire regarda son téléphone pour consulter ses mails, textos et l'heure. Une fois cela fait, il se rendit à la salle de bains. Entre temps, la jeune femme avec qui il avait passé la nuit venait d'en sortir et lui fit un clin d'œil en retournant à la chambre pour récupérer ses affaires et s'en aller. Génial, pas de blabla inutile ni de demande de téléphone, la femme parfaite. Notre homme se rasa rapidement puis prit le temps de se laver et s'accorder un moment "winner" face à son miroir. Oui, l'autosatisfaction à travers la glace de la salle de bains, c'est un grand classique du prétentieux narcissique qui s'assume. Une chemise, un pantalon puis une veste et le voilà parti. A bord de sa Corvette, le businessman sillonna la ville pour rallier la maison de son bichon. Il n'allait quand même pas prendre sa voiture… dans la sienne, ils iraient beaucoup plus vite, enfin ! Joe stationna devant la maison au moment où Noah en sortait, il lui ouvrit la porte côté passager de l'intérieur. "Bonjour, chaton. Bien dormi ?" Oui, aujourd'hui, Joe s'était dit qu'il serait gentil. Ca n'arrive pas si souvent, encore moins depuis quelques mois, alors autant sauter sur l'occasion. Pas de gamins à l'horizon, parfait. L'Anglais avait bien spécifié qu'il n'emmènerait QUE l'écrivain et personne d'autre. Pour une fois, il voulait se retrouver seul avec lui. Comme au bon vieux temps.
Ils roulèrent à bonne vitesse jusqu'à l'hôpital, slalomant entre les voitures comme dans un jeu vidéo. Et la sécurité routière ? Mouais… le code de la route n'étant pas le livre qui se vend le mieux, Joe ne prêtait que peu d'attention à ce genre de littérature administrative et pratique. Et tant pis pour les éventuelles attaques cardiaques de Noah qui, lui, était toujours d'une prudence extrême et pas que sur la route. Ils arrivèrent sur le parking de l'hôpital et montèrent jusqu'à l'étage où Sophie dormait paisiblement, au plus grand regret de tous. "Bon, prêt ? Toi qui voulais au moins quelques réponses, j'espère que ça va te satisfaire." Il adressa un vague sourire à son meilleur ami puis ouvrit la porte sans prendre la peine de frapper. A l'intérieur, personne hormis cette femme étendue sur un lit. Brune, fine et d'une rare élégance. Contrairement à la majorité des conquêtes de Joe, il ne s'agissait pas d'une petite jeune, mais plutôt d'une femme entre l'âge de Noah et celui de l'éditeur. Des traits paisibles, quelques détails laissaient entendre qu'elle était même plutôt du genre à rire souvent lorsqu'elle était éveillée. Quoiqu'une nuit, Joe l'avait surprise à avoir un fou rire en étant endormie, un spectacle rarissime qu'il s'était maudit de ne pas avoir filmé… "Voilà, je te présente la mère de Connor, Sophie Gallagher. Tu peux dire tout ce qui te passe par la tête, de toutes manières, elle ne répondra rien qui puisse être désobligeant !" Joe préférait prendre cela sur le ton de la blague, cela lui évitait de laisser paraître cette mélancolie qui le hantait sans arrêt lorsqu'il se trouvait dans cette chambre. Naturellement, il s'était assis au bord du lit, juste à côté d'elle. Son regard se posa sur son visage un instant avant qu'il regarde enfin Noah. "Écoutes, je… j'aimerai m'excuser. Je n'ai vraiment pas été de bonne compagnie ces derniers temps, et je me suis mal comporté avec toi. Tu n'es pas responsable de ce qui arrive, donc ma mauvaise humeur ne devrait pas te retomber dessus." Ce n'est vraiment pas tous les jours que Shark tiendrait un discours pareil, c'est certain. Mais il sentait l'un de ses liens les plus chers risquer de faiblir voir de se briser par sa faute, alors il devait réparer les pots cassés. "Si tu as des questions à me poser, c'est le jour. Dès demain, je remets le silence radio."
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MessageSujet: Re: « Some friendships never end. » « Some friendships never end. » EmptyVen 17 Aoû - 15:18

Fauteuil ok. Télévision, ok. Cuisine, ok. Pas de traces sur le comptoir. Parfait. Enfin, il pouvait respirer. Depuis près de deux heures, Noah était occupé à faire le ménage dans la maison. Et bien laissez-moi vous dire une chose : habiter sous le même toit que deux jeunes garçons, un adolescent, une jeune femme enceinte et donc en proie aux hormones les plus fantaisistes qui soit, sans compter un chien et un chat qui se poursuivaient dans toutes les pièces en se hurlant dessus, c'était FA-TI-GUANT. Mais vous connaissez Noah. Tout le monde connait Noah : il ne se plaindrait jamais d'une telle situation. Non seulement parce que faire le ménage l'avait toujours détendu, mais en plus, parce qu'il voyait d'un très bon oeil le rapprochement significatif entre tous ces membres de la même famille. Enfin, à peu près. Disons que Benedikt avait un côté protecteur pour son petit frère, particulièrement touchant, et qui lui rappelait d'ailleurs sa propre relation avec Joe à une certaine époque. Pour le reste, il devait admettre qu'ils en étaient au point mort. L'adolescent continuait d'éviter, depuis qu'il était installé chez lui, je cite : « La blonde délurée qui me tape sur le système à force de crier mon nom à chaque fois qu'elle me voit », Max et Connor avaient toujours le même problème de communication, problème qui avait empiré depuis l'arrivée du grand frère surprotecteur, et Benedikt avait toujours du mal à se rapprocher de son Tonton No' qui essayait malgré tout de l'infantiliser comme son propre fils. Oui bon, finalement, le bilan n'était pas aussi positif. Enfin, aujourd'hui, c'était journée détente. Personne à la maison. Les uns étaient allés en randonnée, les autres faire du shopping, et lui avait été contacté récemment par son meilleur ami pour l'accompagner – enfin – rendre une petite visite à Sophie. Noah n'avait jamais été pressant à l'égard de Joe, à propos de la jeune femme. Il savait que le sujet est plus sensible que tous ceux qu'ils avaient déjà partagé par le passé. La preuve : il n'avait su ce qui lui était arrivé qu'en raison du babillage incessant de son neveu. D'ailleurs, l'écrivain en avait longtemps voulu à l'Anglais de l'avoir tenu éloigner de la seule femme qui avait réussi le tour de force de le faire tomber amoureux, mais qui en plus, était la mère de Connor, celle qu'il aurait aimé connaître. Finalement, puisqu'elle était dans le coma, que ni l'un ni l'autre ne pouvaient rien y changer, et enfin, parce que Noah n'était rancunier que pendant deux secondes et demi, il avait oublié sa rancoeur pour se jeter corps et âme dans un projet qui l'avait toujours tenu très à coeur : prendre soin de son ami.

Maison toute propre, ne lui restait plus que dix minutes pour prendre une douche, enfiler quelque chose de confortable sans attirer l'attention sur lui – ou faire honte à Joe, l'un allant de paire avec l'autre – et débarrasser le jardin de cette chose informe que Connor appelait nain de jardin, et qui avait tendance, dès qu'il rentrait un peu trop tard à la maison, à lui fiche une trouille monstre. Ce genre d'objets devrait être interdit aux commerces, c'est moi qui vous le dis. Même le chien faisait le tour plutôt que de passer devant.

Dix minutes plus tard, et Noah ressortait donc de sa chambre. Il avait choisi un pantalon en coton tout simple, blanc à fines rayures grisâtres, des chaussures sans marques mais très confortables elles aussi, et une chemise grise pour aller avec le tout. Quant on y pense, depuis que Sydney habitait chez lui, l'écrivain avait de bien meilleurs goûts vestimentaires. Voilà quelque chose à mettre sous la dent de Joe Shark. Lui qui se plaignait continuellement de la demoiselle... Remarquez, ce n'était pas comme si Noah avait eu le choix. Il ne comptait même plus le nombre de fois où il avait vu la jeune mère traîner autour de ses placards en affichant une mine de dégoût qui disparaissait aussitôt qu'il apparaissait. C'est lorsque ses chemises, chaussures et même ses sous-vêtements, ont commencé à disparaître jour après jour, que Noah avait fini par se dire qu'elle venait les lui voler lorsqu'il s'absentait de la maison, pour les brûler dans la cuisine. Oui, dans la cuisine, évidemment. Cela lui avait semblé plus normal. Les hormones, je vous répète. Enfin bref, il avait heureusement réussi à la convaincre de lui garder quelques vêtements sous le coude, même si ceux-ci ne lui plaisaient pas, pour éviter de devoir se balader nu dans la maison. Ce qui, encore une fois, n'avait pas semblé gêner Sydney outre mesure.

« Bonjouuur. Hum...pas tellement, mais ce n'est pas important. Et toi ? Je présume que tu as passé une excellente nuit vu ton sourire. Comment s'appelle t'elle cette fois ? » le taquina gentiment son meilleur ami après avoir refermé la porte d'entrée et de déposer un bisou sur la joue de Joe. Un rituel qu'il était le seul à perpétuer depuis le lycée, et qui, en public, agaçait toujours sensiblement notre homme en costume. Plus tard, alors que Noah avait bouclé sa ceinture plutôt deux fois qu'une, et bien serré le bouquet de tulipes qu'il avait acheté pour Sophie contre son torse – comment oublier la conduite particulièrement scandaleuse de notre Anglais – qu'il manquait de faire plusieurs fois un arrêt cardiaque du côté passager – lui, ainsi qu'une vieille femme et son chien qui avaient eu le malheur de traverser trop lentement le passage piéton – ils arrivèrent enfin à l'hôpital. Sans lui répondre sur le coup, Noah devait admettre qu'il était un peu angoissé. Après tout, ce serait la première fois qu'il allait voir et faire connaissance avec une femme qui avait pourtant partagé pendant un long moment – en comparaison des objets sexuels que Joe avait à son bras à longueur de temps – la vie de son meilleur ami. L'impression d'être devant le plus grand secret qui puisse exister... C'est là que son regard se posa sur le corps étendu sur le lit d'hôpital. Elle était encore plus ravissante que ce qu'il s'était imaginé. Sereine, malgré son état. Rien à voir avec les poupées siliconées de Joe. Il comprenait maintenant ce pourquoi il en était tombé amoureux. Cette femme respirait la joie de vivre, la douceur et le naturel. Noah se plaisait même à penser qu'Emilie et elles auraient sûrement été les meilleures amies du monde. « Sophie, je suis Noah. Je suis sûr que vous me connaissez, comme j'aimerai à mon tour vous connaître. J'espère que vous aimez les tulipes, je vous apporte un bouquin de mon jardin. Je les pose sur la table de chevet, Il y a un mot, que vous lirez lorsque vous vous réveillerez... » Un léger murmure dans la chambre de la jeune femme. Noah ne détachait pas ses yeux de ce spectacle d'une rare émotion. Joe qui la contemplait, triste sans le laisser deviner. Il ne l'avait jamais vu dans cet état. Patient, mais hurlant intérieurement de ne rien pouvoir y faire. Et puis, il commença à s'excuser. Un sourire avait envahi les lèvres de l'écrivain, tandis qu'il posait sa main sur son épaule, le rassurant aussitôt sur ses propres paroles. « Je comprends, ne t'en fais pas. Tout est arrivé si vite... » L'accident, Sophie, Connor, Sydney et Max, et enfin Benedikt … qui pouvait lui en vouloir de perdre un peu le sens des priorités. Sans compter que Joe n'avait jamais aimé les surprises, Noah le savait bien. « Parle-moi de vous. De ce que vous avez vécu ensembles. Je veux tout savoir. Quand est-ce que tu l'as connu, comment s'est déroulée votre première rencontre, quand t'es-tu aperçu qu'elle t'avait pris ton coeur et qu'il était trop tard ... » ironisa Noah en souriant.
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MessageSujet: Re: « Some friendships never end. » « Some friendships never end. » EmptyVen 17 Aoû - 21:55



"Tout ce dont je suis sûr, c'est qu'elle s'appelait 90 C et qu'elle mérite ses galons d'acrobate." avait répondu Joe avec un large sourire encore un peu rêveur. Comme le lui répétait assez souvent Logan, il devait avoir une libido comparable à celle d'un adolescent qui découvre le plaisir solitaire. Ou d'un chimpanzé en période de reproduction. Dès le jour où l'innocence - si tant est que ce terme puisse lui convenir - de l'Anglais lui avait été retirée, il n'avait jamais cessé d'assouvir ses désirs, quoique ceux-ci ne seront jamais totalement satisfait en raison d'un appétit trop grand pour qu'une vie humaine suffise à le combler. Pour peu qu'à l'âge de quatre-vingt dix ans, on le retrouve sur un lit d'hôpital en compagnie d'une call-girl, il n'y a pas des kilomètres. En revanche, ce qui le fit tiquer un peu, c'était de savoir que Noah avait mal dormi. Fatigue ? Maux de tête ? Surmenage ? Harcèlement sexuel de la part d'une certaine blonde enceinte à la libido insatisfaite...? L'inquiétude de l'éditeur à l'égard de son "troisième enfant à charge" avait toujours été au centre de ses principales préoccupations, malgré son insensibilité récurrente et ostensible. Toujours est-il qu'il veillerait sans doute un peu plus tard à tenter une régence partielle de la maison Clives étant donné le nombre incroyable de résidents qui avait augmenté de façon exponentielle en à peine quelques jours. On connait Joe, lui et sa manie de toujours vouloir tout contrôler pour se sentir à l'aise... Si tant de monde faisait trop pour son pauvre biquet blond et bouclé, la maisonnée risquait fort de voir débarquer le businessman avec l'une de ses légendaires listes pour remettre un peu d'ordre. Il concevait déjà avec difficulté que son meilleur ami adore faire la poussière avec un plumeau, un tablier et des gants à plume - God, quelle image dégradante pour la virilité - il était hors de question qu'autant d'activité d'un coup ne chahute trop Noah.

En attendant, Joe avait laissé Noah parler avec Sophie, et ce sans faire la moindre remarque moqueuse. Chaque semaine, pendant très exactement trois heures trente, l'Anglais s'installait sur le lit à côté de Sophie et lui parlait sans s'arrêter pour lui raconter les épopées de la semaine, les activités de Connor ou bien l'actualité. On dit toujours qu'il faut parler aux gens dans le coma et sachant que ceux-ci ne peuvent pas répondre, Joe trouvait même qu'ils étaient de parfaits interlocuteurs. On écoute et on se tait. C'est moins cher qu'un psy et c'est plus gratifiant pour l'ego que d'aller se confesser à l'église. En attendant, l'éditeur avait retiré le bouquet de roses du vase qu'il y avait près d'elle pour changer l'eau et y mettre les tulipes rapportées par son frère à la main verte. En plus de savoir tenir une maison, il savait tenir un jardin... une vraie ménagère de banlieue. Stop, Joe, on avait dit gentil, aujourd'hui !!
Lorsqu'elle se réveillerait. Cela faisait maintenant plus d'un an et demi que Joe n'attendait que ça. Si seulement elle pouvait être plus réactive à la voix de l'écrivain... Il comprenait que Noah puisse lui en vouloir de ne lui avoir jamais parlé de Sophie, bien qu'ils aient vécu deux ans ensemble. Un record qu'aucune femme n'a jamais su égaler, étant donné le naturel volage de ce prédateur. La seconde sur le podium avait réussi à garder Shark fidèle pendant... trois jours. Oui, il y a de la marge. Et encore, ces trois jours-là, il avait seulement été cloué au lit par une grippe affreuse, autrement il aurait filé vite fait dans les night-clubs. "Les tulipes sont ses fleurs préférées. Avec les roses orangées mélangées aux blanches." Après huit ans de séparation et d'absence, Joe s'en souvenait encore. Lui qui oubliait presque toujours la date d'anniversaire ou même le prénom de son fils cadet, c'est un signe.

Oui, tout était arrivé d'un coup. En près d'un an, les vingt années que Joe avait mis pour bâtir sa vie avaient été fortement ébranlées. Noah le connaissait sûrement mieux que personne, lui qui avait à maintes reprises tout fait pour lui épargner la moindre petite surprise... La maison d'édition Shark se souviendra du scandale proféré par le patron lorsque le personnel avait jugé bon de lui préparer une fête surprise pour son anniversaire. Grave erreur qui avait valu une colère homérique de l'intéressé. Alors là, au moins quatre surprises d'un coup, notre Anglais avait frôlé la syncope. Mais il avait laissé cette situation le dominer trop longtemps. Il était temps pour lui de reprendre les rênes et d'accorder enfin à Noah l'attention qu'il avait toujours eu venant de lui. "Désormais, je ne te lâches plus, mon coco." annonça-t-il avec un air très énigmatique. Bonne ou mauvaise chose ? Seul l'avenir répondra à Noah.
Il voulait tout savoir sur son histoire avec Sophie. On a coutume de dire que deux ans, c'est peu de choses dans la vie d'un homme... mais tout dépend des deux années en question. Ils n'avaient jamais été mariés, ne s'étaient jamais affichés l'un avec l'autre en public et aucun de leurs amis n'était au courant de leur relation... mais Joe avait été amoureux fou. Comme jamais il ne l'avait été. Et cela l'avait même effrayé. "C'était à Londres, il y a une dizaine d'années. J'étais dans un pub où je jouais un morceau à la guitare puisque la scène était au public. Les femmes adorent les hommes musiciens... Et j'ai croisé son regard. Il y avait quelque chose d'espiègle, de fort, peut-être un peu naïf par moments, mais un regard très intense. Je suis descendu la voir et j'ai commencé à parler avec elle. Il lui aura fallu trente secondes pour qu'elle admette m'avoir aguiché pour venger une amie à elle que j'avais mis dans mon lit la veille... et sur ces bonnes paroles, elle m'a envoyé son cocktail en pleine figure." En y repensant, la main de Joe s'était instinctivement glissée dans les longs cheveux bruns de la mère de Connor, un sourire presque rêveur flottait sur son visage. "Je l'ai rattrapée à la sortie pour lui dire que je trouvais dommage qu'elle me fasse un scandale alors qu'on n'avait même pas encore couché ensemble... et j'ai réussi à décrocher un dîner avec elle. Un dîner où nous avons discuté, ri, mangé et bu... et sans sexe à la fin. Oui, pas de sexe après un dîner gastronomique, même moi ça m'a choqué, à l'époque." concéda Joe en levant les yeux au plafond avec un air exaspéré.

Par la suite, l'éditeur parla à Noah de quelques anecdotes, comme ce voyage à Venise où elle avait insisté pour ramener une colombe blessée à l'hôtel et qu'ils avaient baladé avec eux pendant tout le séjour, de peur qu'elle "s'ennuie à force d'attendre que sa pauvre patounette guérisse, dans ce grand palace luxueux si froid". Commander une table dans un grand restaurant en précisant qu'une petite timbale d'eau serait la bienvenue pour la colombe de compagnie, c'est affreusement gênant pour un homme tel que Shark, mais on ne peut plus naturel pour la miss Gallagher. Il y avait aussi eu la fois où il l'avait retrouvée nue et allongée dans les buissons autour de chez elle, bloquée à l'extérieur de sa maison verrouillée... Une très longue histoire. Joe ne manquait pas de conversation sur elle et se remémorer tous ces souvenirs lui fit du bien. Il regarda ensuite Noah pour aborder un sujet qui le concernait de plus près. "Il y a une raison pour laquelle je n'ai pas voulu te parler de Sophie. J'avais peur qu'un jour, elle me quitte et que tu t'empresses de vouloir jouer les mères poules à me consoler... tu sais que j'ai horreur que les gens me prennent en pitié. Et puis je voulais me laisser le temps de voir ce que la vie avec elle pourrait donner, loin de tout jugement extérieur, de la foule, des photographes, des magazines. Sophie est une femme très simple et je n'avais pas envie de l'exposer aux yeux des autres avant d'être sûr qu'on resterait ensemble. Et j'ai bien fait d'attendre, au fond." conclut-il avec une mine un peu plus maussade. "Elle est partie à peu près une semaine après la mort d'Emilie, cela faisait deux ans que nous étions ensemble. M'occuper de toi m'a permis de tirer un trait sur ma vie amoureuse et sur l'idée d'être en couple. Entre toi qui souffrais de cette tragédie et Sophie qui venait de me lâcher, j'ai décidé de ne plus me faire piéger par les sentiments. J'étais très bien avec un ami tel que toi et mes conquêtes à côté, ça suffisait à ma vie sociale. Et c'est encore le cas aujourd'hui, surtout depuis l'arrivée inopinée d'une descendance sortie de nulle part." précisa-t-il en appuyant un regard sévère sur son blondinet adoré. En d'autres termes, qu'il n'essaie pas de le caser avec qui que ce soit, y compris Sophie, car Joe le prendrait très mal. Il acceptait de se livrer, mais pas pour être ensuite la victime de certaines machinations soi-disant destinées à enrichir son humanité. Il n'en voulait pas, de cette humanité, et encore moins d'une histoire d'amour. Avec une entreprise à gérer, sa carrière de professeur et sa famille - Noah en faisant partie - sa vie était suffisamment chargée. Ses conquêtes, c'était son petit plaisir personnel qu'il n'aurait délaissé pour rien au monde. "Sophie m'a quitté à cause d'une bêtise que j'ai dite. On parlait de notre possible avenir et quand elle m'a parlé d'enfants, j'ai évidemment répondu que je n'en voulais pas. Que j'étais trop égoïste pour la partager avec qui que ce soit, ou que les bébés étaient une maladie dont on ne se débarrasse qu'après dix-huit années de cauchemar, je ne sais plus trop... Toujours est-il qu'à ce moment-là, elle devait sûrement être enceinte de Connor. J'imagine qu'elle ne voulait pas avorter, donc elle a plié bagages et elle est partie du jour au lendemain. Sans un mot." L'amertume était encore perceptible dans la voix du Britannique, et pour cause : l'une des raisons pour lesquelles il regrettait que Sophie reste plongée dans le coma, c'est qu'il ne pouvait pas l'engueuler comme il en avait envie depuis bientôt neuf ans. "Voilà, tu sais à peu près tout, mon chat. Question, réaction... pitié, pas d'air compatissant, sinon je crois que je vais être malade. J'ai dis que je serais gentil aujourd'hui, mais il y a des limites."
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MessageSujet: Re: « Some friendships never end. » « Some friendships never end. » EmptyDim 19 Aoû - 13:15

Il n'avait pas envie, et ce n'était ni le moment ni l'endroit, de lui faire une remarque sur l'acrobate à la poitrine généreuse qu'il avait envoyé au septième ciel cette nuit. Joe avait décidé d'être gentil, lui serait plus conciliant ce matin. Conciliant, et à l'écoute, après des semaines passées à ne voir de son meilleur que son ombre, et espérer qu'ils puissent enfin avoir une discussion sérieuse sur la famille de ce dernier. « C'est vrai ? Je lui en apporterai tous les jours dans ce cas. Tu crois que l'infirmière verra d'un mauvais oeil que je redécore sa chambre ? Elle me paraît trop ...blanche. » demanda Noah le plus sérieusement du monde en interrogeant du regard son ami assis près de là. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas le blanc. Il n'aimait pas les hôpitaux. Et au fond de lui-même, Noah était persuadé que Sophie ne les aimait pas non plus et aurait été ravie d'être dans un lit rose, entourée de fleurs du jardin, le plafond d'un joli bleu tendre ...enfin, vous voyez l'image qu'il espérer combler. Sauf qu'à défaut de pouvoir tout repeindre, Noah se contenterait de décors 'artificiels'. Ballons, cadeaux à tout va, fleurs, dessins de Connor sur les murs … il avait tout calculé. En attendant, le ton mélancolique de Joe ne lui avait pas échappé. Comme il s'en doutait depuis qu'il avait fait la connaissance de son neveu, et que celui-ci lui avait appris l'accident de sa mère, et du fait que Joe le lui ait caché, Noah avait compris que ce dernier tenait à cette femme qu'à toute autre, et avait ainsi respecté son désir de garder son secret profondément enfoui dans un coin de son esprit. Joe Shark ne faisait pas dans le sentimental. Et pourtant, il était homme à tout abandonner pour offrir une vie de bonheur aux personnes qu'il aimait. Preuve en est de ce qu'il était advenur de Noah aujourd'hui. Un écrivain à la renommée mondiale, qui avait survécu au décès de son épouse, et qui avait une famille à laquelle il tenait comme la prunelle de ses yeux. Tout ce qui n'aurait pû être sans la présence de Joe Shark.

Le sourire de Noah en disait long sur ce qu'il pensait des paroles prononcées par ce dernier. Joe aurait beau le surveiller, il n'en ferait toujours qu'à sa tête, et réciproquement. De toutes façons, leurs retrouvailles quotidiennes le manquaient terriblement. Depuis que Connor était arrivé, Joe passait davantage de temps à son bureau plutôt qu'en leur compagnie. A croire qu'il voulait fuir quelque chose, ou quelqu'un. Jamais plus Noah ne le laisserait s'éloigner avec autant de facilité. Lui non plus n'allait plus le lâcher.

Tout en l'écoutant, un brin rêveur en s'imaginant chaque scène que lui décrivait l'éditeur avec une précision désarmante, Noah pouffa dans sa barbe en pensant au cocktail dégoulinant sur le visage de son meilleur ami. « Une femme de caractère, j'en étais sûr. » murmura t-il pour lui-même en observant le visage reposé de Sophie. « C'est qu'elle savait déjà y faire avec toi, mon chat. » ajouta t-il ensuite en songeant à Joe, surpris de savoir qu'il n'allait pas pouvoir passer la fin de la soirée en galante compagnie mais aussi l'intérêt qu'il avait soudainement porté à la farouche gazelle. Quant à l'épisode de la colombe, l'écrivain manqua de s'étouffer tellement il riait. Décidément, il adorait cette jeune femme. Déterminée et amoureuse de la nature, il n'en fallait pas plus pour qu'ils s'entendent. « Tu as toujours eu peur des sentiments... c'est dommage. Ce sont eux qui nous font grandir, tu sais. » soupira Noah en se promettant à l'avenir, de veiller un peu plus au bien-être de son meilleur ami, pour son propre salut. Il ne pouvait pas indéfiniment vivre les jambes en l'air, sans voir autre chose que le sexe, les jolies jambes. Et fonder un foyer ? Oui, à l'époque, cette idée était inconcevable, mais aujourd'hui ? Tout avait tellement changé dans sa vie. C'est alors que l'éditeur lui parla de leur rupture, provoquant un éclair de culpabilité dans les yeux bleus du blondinet. Une semaine ? Alors ...c'était juste après sa tentative de suicide. Dire qu'il avait été si égoïste et n'avait pas conçu un seul instant que son ami puisse être aussi ...désemparé que lui. « Je suis désolé. Je suis désolé de ne pas avoir été là pour t'épauler. » avait-il soufflé en baissant les yeux, l'air penaud. Même si, en un sens comme le disait Joe, sa douleur et son inconscience lui avait permis d'éviter d'y songer, ce n'était pas de cette manière que cette histoire aurait dû se terminer. Preuve en est que si Noah avait eu tous ses esprits à ce moment-là, il aurait tout fait pour convaincre Joe de retrouver la femme qu'il aimait, dût-il faire le tour du monde s'il le fallait. « Benedikt est ton fils, Joe. Que tu le veuilles ou non, il va bien falloir t'en occuper un jour ou l'autre sans penser uniquement au salaire que tu lui fournis. Ce n'est encore qu'un enfant, même si tu refuses de l'admettre. Il n'a que 21 ans. » Encore un problème en suspens dont ils devaient discuter au calme. Certainement pas devant Sophie qui avait besoin de repos, mais plus tard, lorsque tout le reste aurait été mis sur le tapis et évacué une bonne fois pour toutes.

Ainsi donc, la jeune femme aurait aimé être mère lorsqu'ils formaient un couple. Une information qui parut ne pas le surprendre. Il avait même poussé un soupir en apprenant la nouvelle. Toutes femmes avaient un jour le désir d'enfanter. Même Emilie et lui avaient songé à fonder un foyer à l'époque. « Que voulais-tu qu'elle te dise, Joe ? Vous étiez si jeunes, et tu avais été catégorique. Je suppose qu'elle a eu peur que tu ne lui fasses changer d'avis. Ou qu'elle a préféré partir le temps que tu ...mûrisses. Cela ne veut pas dire qu'elle ne t'en aurait pas parlé un jour, qu'elle ne serait pas revenue. » C'est en tous cas ainsi qu'il concevait la fugue de Sophie. Une façon de prouver à son homme que rien n'était acquis d'avance. Elle voulait un enfant de lui, et elle l'aurait, quoiqu'il en pense. Et s'il fallait pour cela attendre qu'il se responsabilise, elle ferait ce qu'il fallait. Noah comprenait le ressentiment de son ami, presque autant que la raison pour laquelle Sophie l'avait quitté. Il regrettait simplement que rien n'avait changé aux yeux de l'éditeur aujourd'hui. « Tu lui en veux encore, n'est-ce pas ? D'être partie ? De n'avoir rien dit au sujet de ton fils ? » A l'intonation de sa voix, c'était ce qui lui semblait être, mais il préférait en être sûr avant de faire des suppositions. « Quelle aurait été ta réaction, si elle te l'avait dit, Joe ? Tu y as déjà songé ? » Une façon pour lui de lui faire comprendre que rien n'était perdu, qu'il pouvait, en quelque sorte, faire marche arrière. Maintenant qu'il l'avait retrouvé, maintenant qu'il savait la vérité … Restait à savoir s'il le désirait vraiment.
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MessageSujet: Re: « Some friendships never end. » « Some friendships never end. » EmptyDim 19 Aoû - 20:46



Joe avait émis un simple sourire : déjà que Connor avait dû être quasiment ligoté pour qu'on l'empêche de crayonner sur les murs de la chambre de sa mère, inutile de dire que le personnel de l'hôpital accueillera très mal un autre blondinet de 34 ans prêt à jouer aux décorateurs d'intérieur dans la pièce où dormait Sophie. Mais l'intention était touchante. D'ordinaire, Joe voyait d'un très mauvais oeil tout homme - médecin ou non - qui posait ses yeux sur Sophie. Mais Noah, c'est tout à fait différent. Il est tellement innocent et gentil qu'on lui donnerait le bon Dieu sans confession. En plus d'être adorable, il était perspicace. Effectivement, Joe avait toujours eu peur des sentiments, peut-être parce qu'il frayait dans un milieu où la sentimentalité était une faiblesse facile à exploiter. Pour se tailler sa carrière, l'éditeur avait dû abandonner son humanité, laisser tomber toute tentation émotionnelle pour ne réserver sa bienveillance assez particulière qu'à de très rares individus à l'image de l'écrivain. Pourquoi appréciait-il plus telle ou telle personne ? Impossible d'expliquer. Pourtant, les faits sont là. Il aimait son fils cadet - pour l'aîné, on repassera d'ici dix ou quinze ans - il aimait Noah, Sophie, Logan et... et c'est à peu près tout. Jamais il ne parlait à qui que ce soit d'autre de sa vie privée, jamais il n'aurait été jusqu'à donner sa vie pour quelqu'un d'autre en dehors de ces quelques personnes. Une fois, on l'avait piégé une fois sur les sentiments qu'il éprouvait envers son fils, on ne l'aurait pas deux fois. Ce qui s'était produit à Londres resterait un secret, pour la sécurité de Noah. Mais quoiqu'en dise ce dernier, rester à l'écart de cet enfant était la meilleure protection qu'il puisse lui offrir. Moins il lui témoignerait d'affection, moins ses adversaires seront tentés de se servir de cet enfant. "Ne sois pas désolé, Noah. Pas maintenant, ni autrefois. Sophie était partie, c'était moins dramatique que ce qui s'est produit avec Emilie." Une preuve supplémentaire de l'absence totale d'égoïsme avec l'écrivain, c'est qu'il préférait minimiser sa propre existence pour servir le bien-être et la protection de son frère de coeur. A l'époque, Joe ne s'était même pas posé la question de savoir s'il devait en parler à Noah. Il avait tenté de se suicider, sa femme était morte... il lui avait semblé naturel de s'occuper de lui sans venir se lamenter sur ses propres problèmes démesurément mineurs comparés aux siens. Pas une seule fois il n'avait éprouvé de l'agacement à soutenir Noah, ni même à se sentir lésé. Il avait choisi de ne rien dire et Noah n'avait pas à s'excuser d'un comportement voulu. Il avait tenu son rôle de meilleur ami, comme l'écrivain le faisait aujourd'hui.

S'entendre parler de Benedikt lui fit hérisser les poils sur ses avant-bras. Effectivement, il allait bien devoir un jour se résigner à ce dire que ce gamin déjà adulte et profondément haineux était son fils. Toutefois, Joe n'avait pas envie de laisser ce jeune homme prendre une place trop grande dans sa vie pour l'instant. Pas tant qu'il n'aura encore rien tenté de sérieux pour l'attaquer. Noah semblait oublier que malgré la distance et leurs différences, c'était bien le sang d'un Shark qui coulait dans les veines de ce Russe. Endurci par la vie, c'est un véritable colosse dominé par la colère auquel il devait faire face. La perspective de se dire qu'il avait peut-être engendré ce qui causerait sa perte l'effrayait car elle était criante de vérité. Benedikt voulait se venger et tant qu'il n'aurait pas accompli cette vengeance, elle lui tournerait dans la tête. A ce titre, Joe ne pouvait pas le laisser prendre la même place que Connor. Pas pour le moment.
Joe choisit de rester silencieux à ce sujet, acceptant sans broncher le point de vue de l'écrivain. Il ne voulait pas en parler maintenant et encore moins devant la mère de son fils cadet. Au moins, elle, elle avait eu la décence de s'en occuper comme une vraie mère l'aurait fait, pas comme cette vulgaire traînée qui s'était baladée avec le produit de sa semence dans les froides et miséreuses contrées de la Russie. Ils revinrent à Sophie, au fait qu'elle l'avait laissé sans la moindre nouvelle et sans même qu'il sache qu'il allait être père. L'Anglais s'enferma dans un mutisme équivoque en écoutant Noah l'interroger sur son ressenti. Au fond, il en voulait toujours beaucoup à Sophie. Elle l'avait blessé dans son amour-propre et ça, pour un homme aussi orgueilleux que Joe Shark, c'était presque impardonnable. Surtout venant d'une femme. De la seule femme qu'il avait jamais aimé. Il attendit un moment puis posa son regard bleu lagon sur elle. "J'aurais changé, Noah. Sincèrement. Si elle m'avait dit qu'elle était enceinte à ce moment-là, la première chose que j'aurais fait, cela aurait été de lui demander pardon d'avoir répondu avec autant de cynisme." L'éditeur demeurait quelqu'un de très franc et pour qu'il admette qu'il aurait pu s'excuser face à une femme, cela voulait bien dire qu'il était sérieux. Il avait répondu ce qu'il répondait toujours vis-à-vis des enfants car, malgré tout, il était loin d'être un grand fan des culottes-courtes. On ne le changera pas, c'est comme ça, il faut s'y habituer. En revanche, qu'elle préfère le quitter en pensant qu'il n'aurait pas assumé son propre enfant, un enfant qu'il aurait eu d'elle... ça, c'était blessant et dégradant. Une honte. "J'avais une trentaine d'années, une carrière florissante, une femme charmante qui m'a rendu fidèle à elle pendant deux ans. Deux ans, quand même ! Rien que ça, ça aurait dû la mettre sur la voie. J'étais prêt, j'aurais pu l'accepter et peut-être même m'en réjouir. Oui, Noah, je lui en veux. Je suis en colère et je garde cette colère en moi depuis plus de huit ans. Qu'est-ce qu'elle imaginait, en partant ? Que j'allais sagement attendre qu'elle revienne ? C'était mal me connaitre. Lequel de nous deux n'était pas le plus mûr ? Celui qui a annoncé sans réfléchir qu'il ne voulait pas d'enfant ? Ou celle qui, au premier obstacle rencontré, préfère prendre la fuite plutôt que de me parler ?" Pour lui, la balance était égale, ou alors elle penchait un peu plus du côté de Sophie. Il avait posé son regard sur Noah, c'était la première fois qu'il parlait de ses griefs envers cette femme à quelqu'un. La première fois qu'il acceptait de reconnaître qu'il était à la place de l'homme délaissé sans vergogne. Pourquoi aurait-il mis un point d'honneur à se débarrasser de toutes ses conquêtes après les avoir faites passer dans son lit ? Les premières années, c'était une vengeance contre Sophie et les femmes en général. Puis au fil du temps, c'était devenu une habitude profondément ancrée dans son mode de vie. "Ca va faire un an et demi que je regarde Connor grandir, bouger et vivre en me demandant ce qu'aurait été ma vie si je l'avais élevé moi-même. Et maintenant, voilà qu'un autre rejeton pointe le bout de son nez, et encore plus vieux que le précédent. J'ai l'impression que les femmes se font un malin plaisir de se servir de moi comme d'un mâle reproducteur pour ensuite partir pondre et élever le gamin loin de son géniteur qui ne fait office que d'étalon. Je sais que je suis loin d'être un modèle de père exemplaire, mais ça reste quand même très vexant." Décidément, fallait-il que Noah soit vraiment un être à part pour qu'il ose se confier sur ses problèmes... On avait presque l'impression de les retrouver comme au bon vieux temps. Enfin.
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MessageSujet: Re: « Some friendships never end. » « Some friendships never end. » EmptyMer 22 Aoû - 9:42

« Je sais mais …j’aurai aimé être là pour toi, comme tu l’as été pour moi pendant toutes ces années. » souffla le blondinet en songeant à toutes ces fois où Joe lui avait sauvé la mise, moralement comme physiquement parfois. Depuis qu’il était tout môme et se faisait brutaliser par des imbéciles en maillot orange. Depuis qu’il était tombé amoureux d’Emilie. Depuis qu’il l’avait perdu. Malgré son porte-feuille bien garni, Joe avait toujours répondu présent pour son meilleur ami, alors que ce dernier se suffisait de peu. En un sens, il culpabilisait de ne pas avoir été à l’image de ce que Joe avait toujours espéré de lui. One change pas sa nature profonde, mais on finissait par en être rassasié avait dit un auteur dont le nom m’échappe aujourd’hui. Certes, la situation qu’il avait vécue avec son épouse, était une tragédie que la séparation d’une petite-amie ne pouvait égaler. Sauf qu’il s’agissait de Joe. D’un homme qui ne se fiait qu’à son instinct. Qui considérait aujourd’hui qu’une femme était appréciable du moment où sa langue était aussi silencieuse que ses neurones, et que ses jambes soient démesurément longues. Joe avait droit au bonheur, autant que son frère de cœur. Et il l’avait perdu, parce qu’il avait choisi de s’occuper de ce dernier plutôt que de suivre, de rechercher, la femme qu’il aimait. Alors oui, on pouvait comprendre que Noah se sente coupable de cette situation désormais. Puisque Joe en était amoureux, il l’aurait sûrement retrouvé si l’écrivain n’avait pas été sur sa route. Et il aurait vécu différemment d’un libertin aujourd’hui. Il en avait pour preuve, les dernières paroles de son ami qui le firent intensément réfléchir sur l’impact négatif qu’il avait eu dans sa vie. Et la promesse qu’aujourd’hui, il ne ferait plus la même erreur.

« Mais elle est partie, Joe. Elle est partie et tu as aujourd’hui un fils. Je conçois que la pilule ait pu être difficile à avaler, mais tu ne peux pas lui en vouloir éternellement. D’une, parce que ce n’est pas la colère qui va changer ce qui s’est passé, de deux, parce que 8 ans se sont déjà écoulés depuis, et enfin, tu ne penses pas que des explications s’imposent avant tout le reste ? » Connor. Malgré les prétentions du père, Joe aimait son fils plus que n’importe qui au monde. Les regrets que Noah entendait dans sa voix grave et mélancolique lui suffisaient à croire que son ami pouvait encore changer d’opinion à ce sujet. « Dans le cas de la mère de Benedikt, c’est très différent. Ne mélange pas tout. Sophie n’avait pas le droit de s’en aller, je veux bien te le concéder. Vous viviez une merveilleuse histoire d’amour que tu n’as jamais pu et voulu reproduire depuis. En revanche, pour la mère de Beni, tu ne l’aimais pas. Même si tu aurais fini par accepter l’idée qu’elle soit enceinte, il était trop tard, et rien de bon n’aurait pu sortir de votre relation, puisque tu ne l’as jamais considérée que comme une fille parmi tant d’autres, comme celles qui passent dans ton lit, pour le quitter le lendemain matin, sans un mot. » Il avait murmuré. Pour Sophie. Pour éviter qu’elle ne les entende et ne soit, en partie, détruite, par l’homme qui lui faisait face après 8 ans d’absence. « La mère de Beni ne voulait pas d’un père, à l’origine. Elle voulait d’un petit-ami. Du moment où tu ne pouvais pas remplir ce rôle, et où, d’après ce que j’ai cru comprendre, tu l’as rejetée de telle sorte qu’elle ne puisse plus concevoir l’amour avec toi, son choix fut rapidement fait, sans avoir pris en compte l’enfant qu’elle portait à ce moment-là. Beni m’a même dit qu’elle n’était pas au courant lorsqu’elle est partie. Elle n’aurait pas pu revenir sachant ce qui s’est passé entre vous, de toutes façons. Elle a gardé cet enfant pour elle seule. Parce que c’était une partie de toi qu’elle n’aurait jamais… mais elle ne s’est pas servie de toi pour avoir cet enfant, qu’elle n’avait jamais désiré, au fond. C’est du moins, ce que moi j’en pense. A toi de me dire si je me trompe. » Il ne le jugeait pas, ni ne lui faisait de reproches ou d’essayer de dissiper sa peine et sa colère. Il jouait son rôle d’ami, comme autrefois, à lui conseiller ce qu’il pensait être juste, à lui donner son opinion en attendant la sienne, qui serait sa complémentaire.
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MessageSujet: Re: « Some friendships never end. » « Some friendships never end. » EmptyMer 22 Aoû - 21:34



Mais Noah avait été là, quoiqu'il en dise. Il avait été là, physiquement, et ça avait suffi à faire le bonheur de Joe. Il n'attendait pas de ses amis qu'ils soient là à le consoler, à le traiter avec compassion ou, pire encore, avec pitié. Il attendait seulement une présence, quelqu'un à qui il puisse se confier lorsqu'il le souhaiterait et avec qui il pouvait se changer les idées. C'était suffisant, largement. Pour cela, Noah était un vrai petit frère comme il en avait toujours rêvé sans oser le dire à un père trop strict et autoritaire. Qu'importe qu'il ne l'ait pas poussé ou soutenu, tout dépend de la façon dont on voyait les choses. Le fait de s'être occupé de l'écrivain avait comblé un immense vide affectif aujourd'hui à peu près rebouché. Ne restait plus que cette colère à régler. "Je suis rancunier, Noah. Et ça, tu ne pourras jamais le changer." souleva-t-il avec un air plus que sérieux. Si le grand blond était capable de pardonner en trois secondes, l'éditeur avait une rancune particulièrement tenace. Il ne pouvait pas haïr Sophie pour le restant de ses jours ? Pas sûr. A la rigueur, ses sentiments envers la jolie brune pouvaient assouplir la rigueur de caractère du grand requin blanc qu'il était, mais pas plus. Par exemple, jamais il ne pourrait pardonner à la mère de Benedikt. Oui, il l'avait mise dans son lit pour la jeter... et alors ? Il était le seul responsable dans cette histoire ? Il était vraiment le seul à blâmer pour la misère que ce gosse avait traversé ? Si cette fichue pom-pom girl menée par sa libido avait eu un regain d'intelligence pour lui avouer qu'elle avait un enfant, elle n'aurait peut-être pas eu l'indomptable colère de Shark sur le dos. Et lui ne se retrouverait pas avec un Russe enragé qui avait juré sa perte. Parce qu'en plus, il ne pouvait même pas acheter totalement la bonne conduite de cet adolescent turbulent... C'était à vous rendre fou. Il écouta tout de même Noah sans s'emporter, autant parce qu'il y avait Sophie que parce qu'il avait la version de Benedikt grâce au relais de celui qui l'hébergeait. Eh oui, père et fils ne s'adressant pas la parole autrement que pour se menacer mutuellement, la communication n'était pas le point fort de ce semblant de famille. "Elle ne s'est peut-être pas servie de moi pour le faire, mais en attendant, c'est moi qui récolte ce fou furieux mal sapé !" murmura-t-il sur une voix excédée, comme si les deux hommes se cachaient de Sophie alors que celle-ci était tout à fait inconsciente. On aurait dit un vieux couple qui se chamaille à voix basse pour ne pas faire peur à leurs enfants... c'est qu'ils étaient pudiques sur ce plan, nos deux Anglais. "D'après lui, je suis entièrement responsable de ce qui s'est passé. Oui, j'ai mis sa mère enceinte, et alors ? Ca fait de moi le seul fautif de l'histoire ? Sa mère était une véritable chaudière ambulante qui se pensait meilleure que les autres. Je l'ai seulement... on va dire que je l'ai remise à sa place. Il fallait bien que quelqu'un le fasse, non ?" A l'entendre, on jurerait que ses années d'études de droit n'avaient pas fait de lui le meilleur avocat qui soit, vu la défense qu'il montait pour se prémunir des charges qui pesaient contre lui. "D'accord, je reconnais être en partie responsable de ce qui est arrivé à cette pauvre fille... mais est-ce que ça fait de moi la seule tête de turc ? Alexandra était une égoïste complètement siphonnée : élever un enfant dans la misère, c'est ça qu'elle appelle une preuve d'amour ? Non, je n'aurais jamais eu la moindre relation durable avec cette femme, mais j'aurais au moins pu faire en sorte que mon propre fils ne connaisse pas un sort pareil. Même à des kilomètres de distance." L'argent ne résout pas tout, mais ça aurait sûrement pu lui épargner de passer pour le sans-coeur qui met une fille enceinte pour ne plus jamais se préoccuper d'elle. Si elle s'est sentie humiliée, elle n'avait qu'à y réfléchir à deux fois avant de s'envoyer la moitié des hommes d'Oxford dans son uniforme de cheerleader. La fierté exacerbée du quarantenaire ne reconnaitrait jamais sa responsabilité totale, c'était clair et net. Si Benedikt attendait cela pour se sentir libéré ou quoique ce soit de ce style, il pouvait se dorer.

"Il va falloir se m..." Joe s'arrêta brutalement en tournant la tête. Sourcils froncés, il resta immobile en observant Sophie. Non. Non, il devait rêver, ce n'était pas possible. Incapable de faire le moindre mouvement, il était presque aussi figé qu'elle. Sophie venait d'ouvrir les yeux. Deux grands yeux couleur noisette, aussi clairs que le jour où il les avait vus pour la première fois. Elle semblait fixer un point à l'horizon, elle ne clignait même pas des yeux... L'éditeur s'approcha tout doucement, un peu comme s'il se trouvait face à un animal craintif qu'il ne fallait pas effrayer. Par réflexe, il passa plusieurs fois sa main devant les yeux de la mère de Connor. Aucune réaction. "Sophie ? Tu m'entends ?" La main de la brune agrippa son poignet avec une vigueur peu commune, de quoi faire sursauter le businessman. Sophie tourna la tête vers lui, l'observant avec ces mêmes yeux grands ouverts au point qu'elle en était presque effrayante. Là, cette fois, c'était sûr : elle était vraiment consciente. "Dear God !" s'exclama le Britannique. Il tomba à la renverse du lit et se releva à la vitesse de l'éclair pour foncer comme une bombe hors de la chambre. "Docteur, docteur !! Eh oh ! Elle est réveillée, elle est réveillée !!" C'était presque la première fois qu'on voyait Joey Richard William Shark bondir avec autant d'entrain en public, sans se soucier de son impeccable flegme anglais. Il s'affala contre le bureau de la secrétaire et la saisit par les épaules. "Sophie, Sophie Gallagher !! Elle est réveillée, elle est sortie du coma, elle m'a attrapé le bras et elle m'a regardé !" La secrétaire médicale écarquilla les yeux et ce fut à son tour de bondir de son bureau pour rameuter au plus vite toute la troupe de médecins affairés sur le cas de Sophie depuis son admission ici. C'est une meute d'environ quinze personnes qui attendit sagement à l'entrée de la chambre pendant que le spécialiste restait seul avec Noah et Joe à l'intérieur. "Alors ? - J... Joe... Co... Co-Connor..." Le businessman ne put retenir un sourire en entendant le son de sa voix, ne serait-ce que dans un faible murmure. "Nous devons lui faire faire une batterie d'examens. La période de coma étant relativement élevée, nous devons nous assurer que son métabolisme parviendra seul à tourner de nouveau à plein régime, ou s'il a besoin d'assistance. Je vais lui injecter un tranquillisant le temps de calmer cette remise en route, afin qu'elle puisse sereinement passer les examens." Pendant que le médecin s'exécutait, Sophie avait tout doucement commencé à remuer sa tête pour regarder Noah avec un air étonné. "Connor...? Oh... Je suis restée endormie combien de temps ? Comme tu as grandi..." Joe leva les yeux au plafond avec un petit sourire au coin des lèvres. On aurait pu mettre ça sur le compte d'un réveil lent ou du tranquillisant qui commençait à faire effet... mais non. C'était l'état naturel de Sophie. Quelques minutes plus tard, l'équipe l'avait débranchée de ses moniteurs pour l'emmener au pôle des examens. Ils reviendraient d'ici une demi-heure. Joe s'assit sur un fauteuil dans le couloir et passa une main sur son visage. "Si j'avais su, je t'aurais emmené plus tôt. Tu devrais aller visiter les autres comateux, tu as l'air de leur faire un effet incroyable, mon bichon." dit-il en levant les yeux vers son frère de coeur.
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MessageSujet: Re: « Some friendships never end. » « Some friendships never end. » EmptySam 25 Aoû - 9:19

Il est vrai que Joe et Noah n'avaient pas la même conception de l'amitié. Même si celle que lui apportait son meilleur ami n'avait pas de prix, aux yeux du blondinet, celui-ci aurait aimé faire exactement le contraire de ce que Joe recherchait. Le consoler, sans pour autant le prendre en pitié puisqu'il savait que ce dernier détestait ce type d'attitude, l'aider à remonter la pente, lui parler, changer d'air … bref, toutes ces choses qu'il n'avait pu faire et qui caractérisait parfaitement la personnalité si altruiste de notre écrivain britannique.

« Je peux au moins essayer. » avait-il soufflé avec un faible sourire en observant de nouveau la femme qui avait tant compté aux yeux du business man. Tout comme Joe lui-même, Noah ne se lasserait jamais de tenter de transformer certains détails de la personnalité de son ami. A commencer par son besoin, soit disant naturel, de toujours s'enticher de créatures aussi somptueuses que superficielles. Quant au cas de Benedikt, il était complexe. L'enfant n'avait pas eu de jeunesse heureuse, comme la plupart des gamins américains de son âge, comme l'enfance de son frère cadet. C'était cela, et Noah le savait, que Joe se reprochait. En comparant son propre vécu à celui de son fils récemment découvert. Non, il n'était pas le seul à blâmer pour la bonne raison que l'un et l'autre, s'ils avaient appris pour la grossesse d'Alexandra, ne lui auraient sûrement pas permis d'emmener ce gosse à des milliers de kilomètres, dans l'enfer sibérien, vivant dans les bas quartiers de la Russie. Mais on pouvait prendre les choses en sens inverse. A savoir que si Joe avait placé son orgueil autre part qu'au dessous de la ceinture, pour changer, il n'aurait pas mise cette jeune femme enceinte, ne l'aurait pas non plus humilié s'il fut au courant des conséquences que pouvaient engendrer cette sale habitude de toujours vouloir manipuler et critiquer autrui. Des arguments que le blondinet avait tenu à garder pour lui, encore une fois, par respect pour la malade allongée sur ce lit d'hôpital. En revanche, en tant que papa poule attitré, Noah supportait difficilement la haine et la rancoeur que Joe manifestait à l'égard de l'adolescent. Pour avoir discuté longuement avec ce dernier, et avoir appris certains pans de sa vie que l'éditeur ignorait encore, et qu'il avait promis de tenir secret, l'écrivain savait que sa jeunesse fut aussi douloureuse, que les mots blessants que lui portait son propre père. D'où le ressentiment de Noah à son égard, qu'il refrénait autant qu'il pouvait encore. « Joe, arrête. Tu n'es pas correct avec cet enfant. Il a perdu sa mère très jeune, que voulais-tu qu'il fasse ? Il n'avait pas d'autres choix que de chercher une aide. Et vu qu'ils vivaient dans la misère, c'est bien normal qu'il cherche à se rapprocher d'un homme qui possède tout un royaume. N'importe qui en ferait de même. Il n'a pas d'argent, si ce n'est le tien, et je peux t'assurer qu'il n'en utilise que le strict nécessaire. Quant à son style vestimentaire, tu devrais te renseigner sur les adolescents. Ils ont tendance à s'habiller … différemment du bon chic, bon genre, à cet âge. » Murmures qui montaient en intensité, à mesure de leur discussion et de leur animosité. « Ce n'est pas une raison, Joe. Tous les jeunes font des erreurs. Garçons comme filles. Chacun a ses responsabilités dans cette histoire. Le seul qui n'a jamais eu son mot à dire, c'est Benedikt. Il a dû vivre, sans l'avoir demandé. Et ne me répètes pas encore une fois que toi non plus … j'ai compris ça. N'empêche qu'il est trop tard pour faire marche arrière, et qu'il est ton fils. Tu ne peux pas l'envoyer balader sous prétexte que tu n'as rien demandé. D'autant plus que remettre quelqu'un à sa place, comme tu le dis si bien, ne veut pas forcément dire 'coucher avec'. » répliqua Noah en fronçant les sourcils et se penchant un peu plus vers son ami pour que Sophie ne puisse les entendre. « Je sais, Joe. Je sais. Et comme tu n'as pas pu le faire par le passé, c'est ton devoir de le faire maintenant. Au moins le temps qu'il puisse voler de ses propres ailes. » Benedikt avait beau être majeur, aux yeux de son 'oncle', il restait un enfant. Et vu son comportement plutôt agressif, voire associal, ce n'était pas prêt de changer tant que personne ne lui tendrait la main pour lui apprendre qu'il y avait d'autres façons de communiquer dans la vie, qu'en battant du poing sur la table.

« Hum ? » Pourquoi s'était-il arrêté de parler, tout à coup ? Regardant dans la même direction que son meilleur ami en se demandant ce pourquoi il s'était tû, Noah eut aussitôt une moue surprise – les yeux agrandis, les lèvres entrouvertes, les poils hérissés sur tout le corps – en découvrant à son tour, que Sophie avait les yeux grands ouverts. « Oh God ! Joe ... » Aussi étonné que lui, l'éditeur s'était alors approché, timide, voire craintif de pouvoir la perdre à nouveau. Une fois sûr et certain qu'il ne rêvait pas, il s'était alors élancé dans le couloir, tel un ressort sur pattes, devant les yeux amusés de son ami qui ne put retenir sa joie – bien évidemment contagieuse - et son bras au passage. Pendant quelques secondes, Noah resta donc seul dans la chambre, en compagnie de Sophie. Il la contempla, hésitant à intervenir ou non, avant de s'abaisser vers la jeune femme, toujours souriant, même … ému. « Bonjour, Sophie. Ne t'inquiète pas, il va revenir très vite. Le temps de réaliser ... » Il l'avait tutoyé, comme si c'était tout naturel, comme s'ils se connaissaient depuis des années, alors qu'ils ne s'étaient même jamais rencontrés.

« Je ... » Joe était revenu, escorté par plusieurs médecins et infirmières qui se penchaient tour à tour sur le cas de l'ancienne comateuse. L'éditeur eut tout juste le temps d'échanger quelques mots, avant qu'ils ne la raccompagnent en salle de soins, afin de l'examiner, et alors que Noah, d'abord dérouté par le prénom qu'elle lui avait donné, n'avait su que répondre sur le moment, et resta immobile, suivant le lit mobile des yeux, jusqu'à sa disparition à l'angle du couloir. « Elle a cru que j'étais … Connor ? » répéta t-il pour lui-même en dévisageant Joe qui, une fois n'est pas coutume et sans doute parce qu'il était en proie à une joie incommensurable, faisait de l'humour. « Oui... » Songeur, il n'avait même pas écouté un traître mot de ce que ce dernier venait de dire. Allo, ici la Planète Terre, j'appelle la Lune … « Joe...elle est réveillée … c'est ….c'est merveilleux. Je suis si heureux pour toi. Oh, et Connor !! Il faut lui dire !! Vite, passe-moi ton téléphone !! God, j'imagine déjà la tête qu'il fera !! Non attends ….c'est toi qui dois lui annoncer la bonne nouvelle. Et avec gentillesse, je te surveille. » le gronda gentiment son ami en lui collant le téléphone sous le nez, en tapotant des mains. On aurait dit un enfant devant le stand de jouets.

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MessageSujet: Re: « Some friendships never end. » « Some friendships never end. » EmptySam 25 Aoû - 11:39



S'occuper de Benedikt comme le ferait un père digne de ce nom... une tâche ingrate qu'il se sentait incapable de remplir. Pas sur le plan affectif, en tout cas. Avec Connor, il était un père pratique qui veillait à ce qu'il ne manque de rien, qu'il ait un toit, l'accès à la meilleure scolarité du pays et une protection parfaite. Mais il ne pouvait pas lui offrir l'amour démonstratif d'un père pour deux raisons. La première, pour ne pas laisser entendre qu'il était si proche de son fils que cela. Ses vautours de concurrents ne mettraient pas longtemps pour s'en servir contre lui, comme l'avait fait Norah. La seconde était plus simple : Joe n'était pas démonstratif. Les sentiments le mettaient mal à l'aise, l'éducation que sa mère lui avait transmis exigeait une parfaite sobriété en toute occasion possible. L'Anglais parmi d'autres Anglais. Shark aurait fait merveille dans la famille royale britannique, à n'en pas douter, le protocole n'étant qu'une formalité pour un homme dont les émotions étaient si rares à détecter. Malheureusement, le côté plus Français transmis par Sophie avait rendu Connor incroyablement plus expressif qu'il ne le serait jamais, et Joe avait un mal de chien à gérer cette excentricité. A côté, Noah ferait un père démesurément plus proche de ses enfants sur le plan affectif, c'était une certitude. Il arrivait à l'éditeur d'envier un peu cette facilité qu'il avait à se lier aux gens, malgré la moquerie ou les remontrances qu'il faisait à l'égard de l'écrivain. Mais sa paranoïa et son manque d'humanité faisaient immédiatement surface pour contrer cette envie de lâcher prise. Alors, dans ce cas de figure, comment parvenir à aimer un jeune garçon comme Benedikt ? Il était majeur, déterminé à se venger en lui pourrissant l'existence, et empli d'une haine viscérale à son encontre... même en luttant ou en donnant raison à Noah sur chaque mot qu'il avait tenu, Joe n'arriverait sûrement jamais à mettre de côté son propre ressentiment. Benedikt lui paraissait beaucoup trop instable pour qu'il parvienne à l'approcher car, contrairement à son petit frère, il était un véritable Shark. Et un Shark russe élevé dans la misère donne obligatoirement un Shark dangereux. Presque aussi dangereux que Shark senior.

Voir Sophie réveillée et partir avec cette escouade de médecins lui fit prendre conscience d'une chose... peut-être que son envie d'être père aurait été moins absente s'il avait eu une femme avec qui partager ça. Peut-être que s'il avait élevé Connor, s'il l'avait fait avec Sophie, il aurait accueilli Benedikt à bras ouverts au lieu de garder ses distances comme un chasseur face à un animal sauvage et farouche. Un brin de regret l'envahit et, plus que jamais, il en voulait à la Française d'avoir choisi le cours de son existence à sa place. Mais comment lui hurler dessus maintenant ? Tout ce qu'il avait été capable de faire en la voyant éveillée fut de sourire presque béatement comme un adolescent. Même après des années à ruminer sa colère, le naturel simplissime et charmant de Sophie pourrait sans doute balayer cette rancoeur d'un battement de cils. "Oui, elle t'as pris pour Connor... rien de bien surprenant, je pense qu'il tiendra davantage de son oncle que de son père en grandissant." ironisa Joe avec un léger sourire au coin des lèvres. Noah n'était peut-être pas du même sang que lui, mais on aurait pu s'y méprendre en voyant Connor. L'éditeur était convaincu que l'avenir promettait son fils à une ressemblance extraordinaire avec Noah. Ils avaient un caractère très proche, ils étaient extrêmement liés l'un à l'autre, et l'excentricité transmise par Sophie trouvait un écho parfait dans celle de l'écrivain.
Ah, ça y est, une réaction. Comme un gosse devant une vitrine de Noël, Noah était surexcité maintenant que Sophie était réveillée. De toutes manières, ces deux-là étaient faits pour s'entendre, à côté du rabat-joie peu expressif qu'il était. Il ne put retenir un léger rire amusé, trop heureux de cette nouvelle pour s'empêcher ce bref excès dans son comportement naturellement mesuré. "Arrêtes de sautiller partout, chaton, tu vas finir par avoir mal au ventre et à la tête." dit-il en prenant le téléphone. C'est dingue, par moments, il avait vraiment l'impression d'avoir un grand gamin à gérer. Et il adorait ça, même s'il le cachait autant que possible. Noah sans son côté naturel, ce n'était plus vraiment Noah. Joe composa le numéro du centre aéré puis attendit patiemment. "Bonjour, je suis Monsieur Shark. Pourriez-vous me passer mon fils, s'il vous plait ? J'ai quelque chose d'important à lui dire." La jeune femme au bout du fil s'excusa quelques instants le temps d'aller chercher l'enfant. Joe tourna la tête vers son frère de coeur et soupira en voyant sa tête de Chat Potté. "C'est bon, ça va, je mets le haut-parleur." Il appuya sur la touche du téléphone pour que Noah puisse participer à l'annonce également. "Allô ?" fit une petite voix qu'ils reconnurent sans difficulté. "Fils ? J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer : Maman s'est réveillée." Sobre, simple... mais qui cueillit l'enfant sans aucun mal. "QUOOOOI ?! C'est vrai ?! Trooooooop bieeeeeen, j'peux venir, j'peux la voir, dis, dis dis ?!" La réaction de Connor tira étrangement l'un des rares larges sourires à Shark, un sourire particulièrement heureux et presque un peu ému. "Tonton No' est avec moi à l'hôpital, je vais envoyer Marc te chercher et on t'attend ici, ça marche petit ? - Ouaaaaiiis !! Tu dis à Tonton d'acheter un 'tit sachet d'bonbons et du Champomy pour fêter ça !" Bah tiens, toutes les occasions sont bonnes. Le Britannique leva les yeux au plafond en soupirant puis tendit le téléphone à Noah pour qu'il puisse répondre à son neveu comme bon lui semblerait. En attendant, il prit son propre téléphone pour envoyer un sms à Marc afin qu'il passe maintenant au centre pour récupérer Connor au plus vite et rallier l'hôpital car Sophie était réveillée. Et dans la minute qui suivit, Joe reçut un texto blindé de smileys souriants et de petits coeurs de la part de son assistant. Inimitable, celui-là.
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