Ma main libre parcourt le corps de Pavel partout où je pouvais l'atteindre, effleurant la longueur tremblante de ses bras, courbant mes doigts contre son épaule, descendant plus bas jusqu'à son torse impeccablement dessiner. Je voulais tout enregistrer. Chaque ligne parfaite de ce corps que je rêve de posséder jusqu'à la moindre de ses réactions lorsque mes doigts sont en contact avec sa peau. Mais mon cerveau était comme hors ligne, mon esprit vidé et ouvert à rien d'autre qu'au plaisir que ne cesse de m'offrir le Russe. Je penche la tête sur le côté, offrant cette ligne subtile de mon cou à ce dernier afin qu'il vienne s'en délecter. Mes soupirs ne cessent en rien et un dernier gémissement rauque se glisse de ma bouche lorsque je le sens onduler contre mon bas-ventre. Dans un premier temps, je fronce les sourcils, mais un instant plus tard et mes mains prennent possession de la taille du Gamma avant que nos corps ne fassent plus qu'un. Ces bruits jumeaux de désir sont obscènes alors que nos corps se pressent et se confondent l'un contre l'autre. Mon regard ébène quitte son dos pour se lever et je me plais alors à contempler ce reflet érotique que m'offre l'étudiant par le biais du miroir suspendu. Si le tumulte de la fête au-delà de ces murs ne pouvait être ignoré, je pouvais très bien l'outrepasser pour l'atténuer et mettre un rempart entre ce dernier et les gémissements perpétuels que délivrait Pavel à chaque nouveau coup de bassin que je lui offrais. Le monde extérieur ne comptait plus, puisque mon propre monde se trouvait juste là, sous mes yeux, et que je n'allais en rien le lâcher. Lorsque la morsure aiguë du désir avait reflué bien des minutes plus tard, se tassant en une braise éternelle, je sens mes jambes se dérober sous mon propre poids et plaque ainsi mon torse contre le dos de Pavel, alors courbé au-dessus du lavabo, mes lèvres balaient son omoplate d'une douce et brûlante caresse et mon corps ne cesse de trembler, enfin repu d'un besoin qui se voulait beaucoup trop pesant depuis ces derniers temps. Cherchant à retrouver un souffle qui s'est vu être effréné, voir presque coupé au cours de nos batifolages, je redresse légèrement ma tête pour l'observer une fois de plus au travers du miroir nous faisant face. Son visage remonte à son tour et nos regards se croisent, même si ce n'est qu'indirectement et à mon tour, je ne peux m'empêcher de laisser un sourire presque niais étirer légèrement mes lèvres. Il n'était plus question de revanche ou de victoire, ni même d'une simple partie de jambes en l'air sans le moindre retour, non, tout cela allait beaucoup plus loin qu'une simple histoire dans le vent. L'admettre n'est pas évident, mais faire taire ce ressenti est une chose tout aussi délicate. Le contact de sa main dans la mienne est alors la seule chose capable de m'arracher de son reflet, gardant mes yeux rivés sur ce geste si surprenant dont je ne voudrais que jamais le contact vienne à se briser. Lorsqu'il se retourne enfin, un sourire arrogant étire mes lèvres suite aux termes qu'il vient de poser. Mon bras s'enroule autour de sa taille, se posant sur le bas de son dos pour l'attirer à nouveau contre moi. Son corps contre mon corps... C'est un contact dont jamais je ne pourrais me passer, comme un besoin perpétuel de l'avoir rien que pour moi et rien qu'à moi. « C'est ça. À d'autres tu feras croire ça, mais pas à moi. » Tu te trahis toi-même, Pavel. De ta manière de sourire jusqu'à ton regard pétillant de malice, tout trahit tes véritables pensées. Mais pour une fois, je ferais taire mon arrogance et ne continuerais pas à chercher la petite bête. Je finis par le lâcher et fais un pas en arrière avant de remettre un par un mes vêtements à leurs places initiales autour de mon corps. « La porte de ma chambre sera ouverte pendant quelque temps ce soir. » Où est-ce que je veux en venir ? « Une fois que t'auras raccompagné ta morue, je pourrais en partie te montrer que tout cela n'était qu'un avant-goût de ce que je suis capable de t'offrir. » Mes lèvres se plaquent une dernière fois sur celles du Gamma, trahissant un besoin possessif de ne pas le laisser s'en aller. Tu es à moi, Pavel. Et n'est pas né celui ou celle qui voudra t'arracher d'à moi. Les derniers boutons de ma chemise attachés et je quitte les toilettes tout en resserrant ma cravate et en passant la paume de mes mains sur les multiples plis que comporte mon costume. Un dernier passage furtif de ma main dans ma chevelure désordonnée et je retrouve Tessa dans la salle de bal. Ce que Pavel et moi étions l'un pour l'autre et ce que nous étions arrivés à partager était un grand mystère à mes yeux, une énigme dont je passerais volontiers le reste de ma vie a essayé de résoudre.