N'importe quelle personne saine d'esprit aurait été très clairement la bienvenue à cette soirée, mais Amanda, plus que n'importe qui. Je me dis même qu'il n'y aurait pu avoir mieux que cette dernière pour me tenir compagnie. Même si je ne m'étais jamais confiée à elle sur certains points de ma vie, je sais tout bonnement qu'elle sera parfaite dans le rôle de celle qui saurait me changer les idées et me faire penser à autre chose qu'à cette sensation de mal-être qui s'était instauré en moi au cours de mes ébats avec un certain Russe. Rien que sa réplique cinglante et fausse a l'audace de me donner le sourire et à me focaliser sur cette attaque. « Que de vilaines paroles sortant d'une si jolie bouche. Si je ne te connaissais pas, je dirais que tu en penserais le moindre mot, mais toi et moi savons que c'est loin d'être le cas. » J'adresse un furtif clin d'œil à la brunette pour la féliciter de son jeu digne des plus grandes comédiennes. Cette manière de nous chercher et de nous provoquer dés que nous nous trouvions en compagnie de l'un et de l'autre était, d'une manière ou d'une autre, un moyen de prouver à quel point nous tenions l'un à l'autre. Mes sourcils se haussent rapidement en entendant chaque terme que la jeune femme vient à prononcer. Amanda cache un côté plus que malsain en elle, et j'avoue que cette partie me plait, parce que je peux être machiavélique à ce point également, sauf que je ne l'avouerais jamais clairement à voix haute. Certes, mon frère est déjà au courant de ce que j'aimerais faire subir à notre père, mais lui, il est un cran au dessus des autres. Le frère jumeau dans toute sa splendeur, inégalable. « Rappelle-moi de ne jamais te mettre en colère, de quelque manière que ce soit. Je tiens à ma vie et j'aimerais éviter que mon corps ne vienne à se faire bouffer par les poissons au fond de l'océan. » Je suis clairement convaincu qu'elle serait capable de m'assommer, de m'attacher avec une corde et de me jeter au fond de la mer afin de laisser les poissons et autres grosses bestioles s'occuper de mon corps une fois que je serais mort asphyxié. Cependant, et malgré la présence de la demoiselle, mes pensées ne pouvaient s'empêcher de se tourner vers Pavel. Ne pas penser à lui était clairement une mission des plus impossibles. Quelque chose s'était produit, quelques instants plus tôt, quelque chose qui semblait me dépasser plus que ce que je n'aurais pu imaginer. Un sourire se dessina sur mes lèvres, Amanda avait tort sur toute la ligne. « Il ne l'a jamais été, tu le sais très bien. Disons juste que j'avais d'autres préoccupations ces derniers temps et qu'il m'était presque impossible d'y faire ne serrait-ce qu'un bref détour. » J'aurais voulu revoir la jeune femme plus souvent, c'était indéniable, mais entre ma dispute avec mon père qui m'avait conduit tout droit à l'hôpital et le fait d'avoir passé quelque temps chez mon frère jumeau afin de récupérer du traumatisme crânien dont j'avais été atteint, autant dire que je n'avais pas eu le temps pour traîner dans un lieu qui me permettait de penser un peu à autre chose dés lors que je m'y trouvais. C'est d'une oreille quelque peu distraite que j'écoute la suite de ses propos. Je les approuve, certes, mais il m'est presque impossible de quitter Pavel du regard. L'on pourrait croire que j'admire son harem, en bon tombeur de femmes que je suis, l'illusion était parfaite, mais la vérité était autre. « Ce n'est pas pour rien que je suis venu ici. Le feu, la chaleur, les filles, les bikinis et les atouts que ces vêtements tentent de camoufler. Tout ce qui peut faire mon bonheur. » Elle parlait de lui, de ce Russe sur lequel mes pensées se focalisaient, mais je n'allais rien confirmer. Rares étaient ceux au courant du secret de ma bisexualité, et malgré la confiance que j'avais envers Amanda, elle non plus n'était en aucun cas informée. « C'est un parfum que j'aime arborer, je pensais que tu étais déjà au courant. » Un sourire finit par accompagner l'affirmation portée par Amanda et enfin, je reporte toute mon attention sur cette dernière. Ne plus penser à Pavel, ne plus penser à lui, ni à cette soirée plus que désastreuse. « Allez, on va prendre un verre. Regarder les cadavres c'est pas trop mon genre et je pense que nous avons de véritables experts dans l'assemblée qui sauront parfaitement quoi faire. » J'entraîne donc la barmaid avec moi, un peu plus loin jusqu'au bar, nous éloignant donc de ce corps sans vie et de cette foule d'étudiants. « Alors, qu'est-ce que je sers à la sublime femme que tu es ? », lançais-je alors que j'étais penché par-dessus le bar, attrapant trois bouteilles différentes par pur hasard. « Le mélange à la Rayan ? » C'est-à-dire, mettre tout ce qu'il me passe sous la main dans un verre, bad idea.

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