Les soldes ! Grand Dieu, les soldes ! En grande bêta qui se respect, la blonde avait poussé la première le magasin de marque où elle pourrait remplir son armoire avec un Westwood. Prête à tuer pour la petite robe qu’elle avait remarquée la vieille, la blonde se ruait en direction du rayon. La main posée sur sa taille peina à tirer le cintre. Malheur, une grognasse tentait de lui piquer sa petite merveille. Lâche ça grognasse pensa si fortement Cailin que la suite fut évidente.

Alors ? Où logeait sa cousine depuis son accouchement ? L’idée de voir le nouveau membre de sa famille, lui avait déjà effleuré l’esprit à de mainte reprise. Néanmoins, Cailin avait voulu s’assurer qu’elle n’apporterait aucun ennui à la brunette, pas plus qu’elle ne l’inquièterait inutilement avec des hématomes, des frayeurs incontrôlables et autres réjouissances du même ordre. Hormis un traitement assez lourd, Cailin se portait comme un charme dans sa ravissante robe Westwood. Un tissu soyeux et de luxe mettait en avant des rondeurs féminines. Le claquement de ses talons attirait les regards pour glisser sur ses fesses. Le balancier qu’imposait la démarche à ses hanches hypnotisait les plus esprits les plus bas, au mal situés. Arrivée devant chez Tacha, la blonde vérifia trois fois qu’elle était bien au bon endroit. Des pleurs de bébé lui indiquèrent qu’elle avait atterrit au bon endroit. Une chose était sûre au moins, elle ne réveillerait pas la petite.

Une doigt fin appuya sur la sonnette pour signaler sa présence. C’était impossible d’être autant stressée de rencontrer un membre de sa famille. Il fallait dire que Tacha et Cailin n’avaient échangé que par mail, téléphone ou lettres. La distance ne les avait pas aidées. Watson avait prit soin de s’assurer que Tacha puisse obtenir de l’argent assez régulièrement. Néanmoins, la vie n’avait pas toujours été facile pour elle et elle n’avait pas pu être aussi présente qu’elle ne l’aurait voulu. Tacha avait fait le vœu de rester en Russie plutôt que de la rejoindre. Cailin n’avait pas souhaité la séparer de ses proches sur place. Le choix n’avait peut être pas été le bon. Qui sait ?

Maintenant que la porte s’ouvrait à la volée pour mieux souffler ses mèches dorées, la bêta eut un mince sourire. Autant se présenter rapidement, avant que Tacha ne la prenne pour une erreur échouée sur le seuil de sa porte.

« Salut Tacha, c’est Cailin… Watson. »

Tacha l’avait d’abord connu sous l’identité de Sixteen Potts, son nom de naissance. Cailin avait demandé à changer de nom lorsqu’il était devenu trop lourd à porter, que les journalistes ne cessaient de la harceler, que les familles des victimes de son père chercher vengeance ou l’interrogeait sur les raisons du geste de son paternel. Comme si elle avait pu le savoir, comme si elle avait été dans sa tête. Plus tard, Cailin avait expliqué à Tacha qu’elle avait changé de nom. Elle lui avait même demandé de garder le secret en lui racontant l’importance de son besoin d’anonymat. Faire savoir qu’elles étaient cousines, c’était révéler qu’elle était réellement Sixteen. Aussi, depuis son changement d’identité, leur rapport était devenu plus comme celles de copines, de façon à éviter les soupçons.

« Je vois que ton installation c’est bien passée. » Ajouta-t-elle comme pour combler le vide.

Loin de montrer son malaise, Cailin présentait un beau sourire, le sourire d’une séductrice. C’était la seule façon pour elle de s’exprimer, qu’importe si elle ne comptait pas draguer Tacha. Cependant, une multitude de scénario lui courait l’esprit. Et si Tacha avait trouvé sa famille et ne souhaitait pas voir Cailin ? Et si… Et si… Loin de la confiante femme fatale, Watson se sentait vulnérable, sans la moindre confiance depuis des mois, depuis son agression, depuis l’annonce de sa toute proche mort. Tout ça se présentait mal pour elle.

Voilà dix bonnes minutes maintenant que la petite Angelina pleurait et criait à pleins poumons, cette dernière sortant tout droit de ce qui semblait être un véritable cauchemar. Par tous les moyens, Tacha essayait de calmer la petite princesse, mais sans grand succès. Elle venait d'être changée il y a deux minutes à peine, refusait de prendre son biberon, et même les chatouillis ou autres grimaces n'arrangeaient en rien la situation. Même la bercer encore et encore dans ses bras ne l'apaisait en rien, et Benedikt n'était guère présent pour l'aider dans cette épreuve de force. Ce dernier étant à l'université, elle ne comptait absolument pas lui téléphoner et le déranger. Elle pouvait s'en sortir seule... Ou au pire, elle appellerait Noah pour quelques conseils de médecin. « Allez Angie, chuutt, ce n'est rien, rendors-toi. », murmura la jeune mère à l'encontre de sa fille tout en continuant à la bercer et à faire les cent pas dans l'appartement. Tacha se mit d'ailleurs à chantonner une berceuse dans sa langue natale, une mélodie que sa mère lui avait toujours susurrée au creux de son oreille afin de l'aider à trouver le sommeil. Mais pour sa propre fille, et surtout pour l'occasion, la magie n'était guère en train d'opérer et la Gamma pensait à la tonne de boulot en retard qu'elle avait à rattraper et qu'elle ne pourrait pas tant qu'Angelina ne sera pas calmée. Elle aurait pu être du genre à perdre patience, comme tout nouveaux parents, mais non. La jeune mère gardait un calme à toute épreuve, et ne se préoccupait que trop peu d'elle-même depuis la naissance de sa fille, faisant passer le bonheur de la petite avant tout le reste. La sonnette retentit alors dans tout l'appartement, et la Gamma poussa un long soupir. Ne manquait plus que ça, comme si elle n'avait pas assez à faire avec Angie. À tous les coups, il s'agissait du voisin, pas très heureux, voir carrément mécontent, dés lors que la petite rousse se mettait à pleurer. Il ne pouvait pas dire que les concerts étaient nombreux, Angelina n'était pas l'un de ces poupons qui pleuraient sans cesse, car elle était plus du genre jovial, à toujours rire, sourire et s'émerveiller de tout et n'importe quoi. S'approchant de la porte alors qu'elle tenait toujours sa fille dans ses bras, Tacha l'ouvrit et ne put s'empêcher de laisser un air surpris prendre possession des traits de son visage. C'est une femme, grande, blonde, élégante, qui se tenait à présent face à elle, une personne qu'elle ne connaissait en rien. Tout du moins, l'étudiante n'avait pas l'impression de l'avoir déjà croisé. Mais lorsqu'elle se présenta, Tacha resta bouche-bée. Cailin Watson n'était nul autre que sa cousine, qu'elle n'avait cependant jamais vue. Leurs dialogues se résumaient par des lettres ou des e-mails, mais jamais encore les deux jeunes femmes ne s'étaient vues, ne serrait-ce que par le biais d'une simple photographie. « Cailin, hum... » Que dire ? Angelina était toujours en train de pleurer, bien que ses pleurs n'étaient à présent plus que de simples sanglots. Cailin était d'une élégance à couper le souffle, Tacha ne pouvait le nier, de son physique, en passant par sa tenue vestimentaire, alors que contrairement à elle, la jeune mère ne ressemblait à rien. Les cheveux, un tantinet en bataille, elle portait une chemise un peu trop grande pour elle ainsi qu'un jean débraillé. Rien à voir avec la luxueuse robe que portait sa cousine, laquelle venait de mettre un terme au silence gênant qui s'installait entre les deux femmes. « Euh oui, oui... Merci. Tu... tu veux entrer ? » C'est une question qui ne sonnait pas comme telle, car Tacha se décala de devant la porte afin de laisser Cailin entrer dans l'appartement, refermant au passage la porte derrière la jeune femme. « Je suis désolée, je ne m'attendais vraiment pas à te voir ici. » Cela se voyait d'ailleurs à l'air déboussolé qu'elle arborait.

Au vu des cris à l’intérieur, elle était à la bonne adresse. A croire que l’on étranglait ce pauvre petit bébé. Mais la porte s’ouvrit sur la silhouette toujours aussi séduisante de sa cousine. C’était de famille d’être sexy. Un sourire s’étira aussitôt à la brunette. Naturellement, Cailin était rousse. Cependant, depuis son changement d’identité, elle avait fait le choix de devenir blonde. Un coup de pinceau pour décolorer et tout allait pour le mieux.

« Je veux bien, oui. Merci. » Souffla la jeune femme pour se faufiler de suite dans l’habitat. Le regard courrait sur le petit être entre les bras de sa cousine. La curiosité la poussait à vouloir la voir d’un peu plus près.

Bien sûr qu’elle ne s’attendait pas à la voir. Cailin devait se faire discrète dans ses relations familiales. La jeune femme avait beaucoup d’ennemis prêts à tout pour lui causer bien des ennuis. La journaliste avait toujours prit soin de toujours protéger les siens, de façon à éviter de revivre un drame familial. De plus, Cailin ne se formalisait jamais à la tenue. En tout cas, elle en était incapable lorsqu’il était question de la famille. Si d’apparence, elle jouait les pouffes superficielle, en réalité, elle savait reconnaître la valeur d’un être sous les pires haillons. De son côté, la tenue restait irréprochable, une obligation. Ses relations professionnelles et ses contacts n’avaient pas forcement la même capacité à observer plus loin que l’apparence physique. Si elle tenait à garder son boulot, elle devait s’habiller de belles parures de marques. Elle s’imaginait déjà le carnage que subirait sa carrière si elle osait se pointait en jean à l’un de ses rendez vous.

« Tu veux un peu d’aide ? » Demanda la jeune femme en se penchant un peu vers la petite.

Cailin pouvait lui sortir son curriculum vitae de nounou au besoin. Après avoir élevée deux enfants, elle savait très bien comment s’y prendre. Le premier avait un an et le deuxième quelques jours quand elle s’était mise en couple avec son ex fiancé. Ses deux enfants avaient été comme les siens jusqu’à ce que Marc la batte avant de s’enfuir avec son héritage. Bien sûr, elle avait aussi prit soin de Louna lorsque Cheryl était décédée. Ce petit bébé si fragile… En tout cas, la petite avait de sacré cordes vocales et elle savait râler comme il se doit. Un sourire en coin annonça la plaisanterie.

« Elle a les cordes vocales et le caractère de la famille. »

Un caractère imposant, la capacité à pester comme il se doit et surtout le crier haut et fort.

[HRP: Désolée, c'est médiocre. Je coince un peu sur ce perso en ce moment ]

La gêne, c'est sans aucun doute la sensation qui s'engouffrait petit à petit en Tacha au fur et à mesure que les secondes venaient à s'écouler alors qu'elle ne cessait de contempler sa cousine. Peut-être est-ce le fait de voir d'aussi jolis vêtements portés par un membre de sa famille. Sa mère n'avait jamais eu beaucoup d'argents, et ce qu'elle recevait, elle le dépensait en nourriture pour entretenir sa chère fille et encore aujourd'hui, l'histoire se perpétuait. Tacha et Benedikt se débrouillaient comme ils le pouvaient, épaulés cependant par le paternel Shark. Malgré tout, la petite Angelina leur demandait bien des choses et eux aussi se devaient de manger, alors pour s'habiller élégamment, il n'y avait pas de miracles. L'on ne fait qu'imaginer des vêtements de luxe sur sa peau et on se contente des tenues à bas prix jusqu'à ce que la situation financière ne vienne à s'améliorer. Pour sa fille, Tacha était prête à faire bon nombre de sacrifices. Rien ne comptait plus que le bonheur de son petit ange. Lorsque Cailin proposa son aide, la Gamma fut tout d'abord réticente, prête à flanquer la blondinette à la porte. Personne ne touchait sa fille, mais pour le coup, la jeune femme était à bout de nerfs à entendre pleurer cette partie d'elle sans qu'elle ne puisse y changer quoi que se soit, et Cailin semblait bien plus sereine qu'elle ne pouvait l'être à l'heure actuelle, alors... pourquoi pas ? « Euh oui, si tu sais faire taire un bébé le temps d'au moins cinq minutes pour que mes oreilles arrêtent de saigner, je te revaudrais ça. » Hésitante dans un premier temps, elle accorda un dernier regard à l'encontre de sa cousine, histoire de s'assurer qu'elle ne présentait aucun signe qui allait la pousser à faire le moindre mal à cette petite bouille. « Je me demande vraiment si c'est de notre côté de la famille ou plutôt celle de Benedikt. » Vu comment le père Shark hausse des fois le ton, cela ne serrait guère étonnant que les cordes vocales de la demoiselle viennent tout droit du côté du père. Bon d'accord, Tacha aussi, sait brailler comme il se doit, mais passons ce tout petit détail de rien du tout. Hésitante dans un premier temps, plusieurs secondes viennent à s'écouler avant que finalement, elle ne glisse sa fille dans les bras de Cailin. Cependant, la jeune mère reste à l'affut, au cas où elle se devrait de rapidement intervenir. Voilà, chérie, va casser les oreilles d'une autre. « Voilà, alors je te présente donc ma petite Angelina. Ne juge pas sur le physique, elle a tout hérité de ses grands-parents. » Les cheveux roux, les yeux bleus, autant dire qu'elle n'a pas grand-chose, physiquement parlant, de ses parents. « Alors, qu'est-ce qui t'amène ici ? », enchaîna bien vite la Gamma après s'être assurée que sa petite perle était entre de bonnes mains. Mère poule jusqu'au bout des ongles.

Une quoi ? Une jambe ? Une main ? Une oreille ? Qu'avait donc fait sa cousine à son enfant ??!! Si bien qu'à la réflexion que la jeune femme avait lancée, les sourcils de Tacha s'étaient dressés d'eux-mêmes et ses yeux sortaient littéralement de leurs orbites. Finalement, elle se détendit, en entendant qu'ils allaient tous bien dans le meilleur des mondes, encore heureux, sans quoi elle aurait viré sa cousine d'ici en deux temps, trois mouvements. « Trois ? T'as du courage. Je ne dis pas qu'Angelina est une peste, mais je pense que je ne me contenterais seulement d'elle pour le restant des années à venir. Avec Benedikt, ça fait un deuxième gamin à la maison. » Il lui arrive des fois de devoir prendre une serviette et d'éponger la commissure des lèvres de son compagnon parce qu'il mange comme un véritable glouton. Encore heureux qu'elle n'ait pas besoin de lui faire faire son rot, pour ça, le Russe se débrouille comme un véritable chef. Croisant les bras contre sa poitrine dés lors que Cailin eut la petite dans ses bras, maman louve se réveilla et resta à l'affut du moindre faux mouvement venant de sa cousine. Bon, elle avait eu trois gosses, pas la peine de s'inquiéter, non ? Si ?! Non. Deux minutes, c'est le temps qu'il fallut à Angeline pour arrêter de pleurer et regarder droit dans les yeux la jeune femme qui la tenait, la scrutant de ses grandes billes azur, presque émerveillée par cette impressionnante blonde qui la berçait. « Tu sais, si jamais tu avais besoin d'une quelconque aide, tu pourrais me le dire. Maintenant que je suis là. » Cailin l'avait toujours aidé, même à distance, et elle considérait avoir une dette envers elle. Même si Tacha n'avait pas voulu qu'elle l'aide à venir aux Etats-Unis, ayant eu ses raisons, ses amis, et notamment Benedikt qu'elle n'aurait pu abandonner, l'étudiante en gestion se devait de la remercier pour tout ce qu'elle avait pu faire pour elle au cours des années où elles avaient échangé de nombreux messages. La Russe la comprenait, elle aussi rêvait bien souvent de sa vie d'avant, celle où rien d'autre ne comptait qu'elle et ses amis, cette vie à affronter les autorités au point de les pousser à bout, par moment, elle regrettait tout ça. Elle avait sa fille, une famille, et surtout elle avait affaire à un homme qui pouvait lui ôter tout cela en un claquement de doigts. « Oh, ça va. Fatiguée. Entre les courtes nuits et Angie qui demande toute mon attention, sans compter les études, j'avoue ne plus trop savoir ou donner de la tête. » Dépassée par les évènements, il n'en était pas autrement, et pourtant, elle continuait à faire face, le sourire aux lèvres, la tête haute. « Et s'il y a bien quelque chose dont j'ai besoin, c'est d'une baby-sitter. Alors si tu as des contacts, je suis preneuse. » Un sourire étira les lèvres de la jeune mère, attendrie par l'image de sa fille qui agrippait d'une main et avec une infime délicatesse, un bout de la robe de Cailin. « Mais pas non plus gens louches, hein. On parle de ma fille. La chaire de ma chaire. » Parce que le premier qui osera faire le moindre mal à ma merveille finira en petits morceaux dispersés aux quatre coins du globe. « Tu veux quelque chose à boire ? Un morceau à manger, peut-être ? Le parrain de la petite fait d'excellents fondants au chocolat, il en reste un morceau. » La venue de Kilian à l'appartement est toujours une bénédiction au vu de la cuisine de ce dernier, un régal pour les papilles. La marraine d'Angelina ? Aucune décision n'a été prise, le cœur de Tacha balance quant à ce sujet.

Cailin souriait doucement. Tout le monde disait ça au début. Plus jamais, juste le dernier. Finalement, les femmes remettaient le couvert plus rapidement que ca n’en avait l’air. Berçant doucement la petite, Cailin prêta son attention sur la petite chose qu’elle avait entre les bras. Elle était si fragile.

« Tu sais, les choses n’ont toujours pas changé. » Cailin offrit un sourire à Tacha en guise de remerciement pour sa proposition.

Malheureusement, Tacha avait été informée, plus jeune, des raisons qui avaient poussé Cailin à changer d’identité. Oui, elle continuait à la considérer comme un membre de sa famille mais personne ne devait jamais faire le lien, personne ne devait savoir qu’elles étaient cousines et permettre à un fanatique adepte de vengeance de comprendre que Cailin n’était autre que Sixtine. Cailin n’était qu’une adolescente lorsque son père adoptif avec commis un attentat sur un hôtel. L’acte avait coûté la vie de centaines de personnes, déchiré des familles et provoqué quelques vagues diplomatiques. Cailin avait été placé sous la tutelle de son oncle et avait dû subir un procès éprouvant, des humiliations continues et diverses autres réjouissances. Lorsqu’elle avait cru l’ensemble terminé, la presse avait trouvé un moyen de relancer la chose. La suivant partout, gâchant sa vie, la tournant au ridicule. Certaines familles lui écrivaient, parfois, pour mieux déverser sa colère. Rien de grave, rien de méchant mais tout particulièrement perturbant. Aussi, Cailin préférait éviter qu’on relie Tacha à celle qu’elle était avant. Et si tout le monde pouvait connaître son arbre généalogique, personne en devait connaître celui de Miss Watson.

« Même si pour moi tu es et tu resteras toujours ma cousine, personne ne doit le savoir. Surtout maintenant. »

Être des amies, oui, pourquoi pas. Après tout, elles avaient pu se rencontrer à la faculté. Personne ne pourrait douter de leur rapprochement à présent. Sentant la main sur sa tenue, Cailin sourit doucement.

« Non, je ne connais personne. Mais si tu veux, le jour où tu en trouveras une, je demanderai à un pote policier de fouiller dans son dossier pour voir s’elle est fiable. Je pourrais même la faire suivre ou la suivre une ou deux semaines pour m’assurer qu’elle ne fait de suspect. »

Sérieuse ou pas ? Impossible de le savoir. En tout cas, elle était bien capable de le faire. Cailin fréquentait Valentina, Maisy ou Charlie. Aucune ne serait bonne pour du Baby sitting. Elles étaient fiables mais trop occupées. Charlie était, de plus, un peu trop spéciale pour convenir. Cailin et elle s’étaient rencontrées en maison de redressement. Charlie était la fille d’un trafiquant d’art et autre combines illégales. Elle avait enseigné à Cailin de nombreuses techniques pour voler sans se faire pincer. Inutile de préciser que Cailin était devenue une voltigeuse de haut vol et qu’elle préparait déjà un coup pour dérober une super saphir dont l’acheteur se frotait déjà les mains. Charlie était la revendeuse et Cailin la suivrait les yeux fermés. Comme quoi, les maisons de redressement n’avaient pas toujours l’effet s’escompté.

« Et puis, le temps que tu trouves, je pourrais la garder quelques heures. Tu pourras sortir avec ton homme comme ça. C’est important de se retrouver dans tout ça. Ca aurait été avec plaisir pour le gâteau mais je dois garder la ligne. J’expose demain pour du Body painting…. Je serais presque nue alors… Je ne veux pas un poil de graisse sur mon chef d’œuvre !»

Chacun sa lubie, celle là, c’était celle de Cailin. Elle se peignait dessus ou se faisait peindre sur le corps avant d’inverser les rôles.  Parfois, elle utilisait simplement son corps pour marquer la toile et laisser une œuvre moins fugace que celle faite sur le corps.

« Je suis un régime strict, de toute façon. T’imagine même pas comme je rêve de m’enfiler un hamburger, des frites pleines de sauce, un coca et un cheesecake avec un donuts… Enfin, je crois que mon foie ne tiendrait pas le coup. » Cailin ria doucement. « Et puis, je dis que tu dois crever d’envie de l’enfiler ce fondant ! »

Ne pas retirer de la bouche de Tacha un fondant au chocolat ! Non, surtout pas !

Tacha comprenait, bien évidemment, garder les autres éloignés pour leur propre bien et leur propre sécurité, même si elle avait toujours cherché à mettre sa propre vie en danger. Peut-être que de savoir qu'elle était la cousine de cette fameuse Sixtine Potts allait lui donner bien du fil à retordre, mais la Russe avait toujours connu la misère et les situations délicates, elle-même plongeant les deux pieds dans des emmerdes ô combien éprouvantes. Echapper aux forces de l'ordre, commettre des vols, pirater toutes sortes de systèmes informatiques, elle s'en était toujours très bien sortie. Elle était également passée au travers d'un viol quelques années auparavant, venant à loger une balle en pleine tête de l'homme en question. Mettre sa vie en danger était son quotidien. Un quotidien perdu au profit de sa nouvelle vie de famille qui devait se montrer plus exemplaire que jamais, maintenant que l'étudiante avait la petite Angelina auprès d'elle. Alors, elle se contenta de hocher la tête en signe de compréhension. Pas même Benedikt n'était au courant de ce lien familial dont elle disposait auprès de Cailin, elle avait tenu promesse. « Oh, ne t'inquiètes pas pour ça, Benedikt et moi auront déjà toutes les informations nécessaires concernant cette personne avant même que tu puisses bouger ne serrait-ce que le petit doigt. » Tacha avait su faire preuve du plus grand des sérieux en débitant ces quelques mots. Évidemment, qu'elle veillerait au grain à ce que sa progéniture ait la meilleure baby-sitter qui puisse exister. Elle n'était pas capable de s'en occuper chaque jour tout en mêlant ses cours et ses futurs projets d'avenir. Depuis la naissance de la petite, elle était restée cloitrée ici, n'était sortie qu'à de maintes occasions afin de voir telle et telle personne, mais Angie avait toujours été présente à ses côtés dans ces moments. « J'ai déjà les personnes adéquates pour garder Angie dés que nous voulons un peu sortir. Mais, j'ai besoin d'une autre personne qui puisse la garder pendant... mes heures de cours. Je n'ai pas remis les pieds à l'université depuis qu'elle est née et je compte y retourner dés que j'aurais trouvé quelqu'un de fiable. » Ce n'est pas qu'elle n'avait pas confiance en Cailin, mais son instinct de mère l'empêchait presque de confier la demoiselle à sa cousine. Un médecin et une étudiante en médecine comme baby-sitter de secours, il n'y avait rien de mieux pour se sentir rassuré. Si bien qu'elle appelait Noah et Kirby toutes les cinq minutes dés lors qu'elle leur confiait Angelina. « Il faut croire que le gène du je mange n'importe quoi sans prendre un gramme n'est pas passé par tous les membres de la famille. Et tu oses laisser des gens dessiner sur ton corps ? » Sa cousine devait être masochiste, allez savoir, comment pouvait-on laisser certaines personnes vous toucher de la sorte ? « Mmh, t'as pas tout à fait tort, ça en fera plus pour moi, merci. » Imaginez un peu la pauvre Russe qui se devait de partager ce délicieux fondant au chocolat, déjà qu'elle agressait Beni à coups de fourchette dés qu'il tentait de lui piquer un morceau... « Alors, qu'est-ce qui t'amènes par ici ? » Telle est la question. Cailin aurait pu se manifester à de nombreuses autres reprises, et c'est aujourd'hui, précisément, qu'elle se décidait à passer le cap.

Cailin se contenta d’hocher la tête. Une réplique simple de la part de Tacha mais qui lui coupa toute envie d’aller plus loin. Même si la journaliste comprenait sa cousine et sa façon de faire, elle réalisait que son monde demeurait déjà bien clos. Pas de besoin particulier, pas envie de laisser une place non plus et l’idée de s’imposer ne traverserait jamais l’esprit de Cailin. Déjà à plusieurs reprises la blonde avait tenté de faire entrer Tacha dans sa vie. A chaque fois, la russe avait fait d’autres choix. Si Cailin les respectait, elle réalisait qu’une forme de distance resterait à jamais entre les deux. A l’instant, elle se sentait comme un chien dans un jeu de quilles ou pire encore. Aussi, elle ne chercha pas plus longtemps à créer une forme de conversation, de lien ou quoique se soit d’autre.
Tacha avait sa vie. Nul besoin de la perturber, même avec les plus belles intentions. Tacha venait de perdre une année universitaire et Cailin pariait qu’aucune baby sister ne conviendrait à la brune. A ce rythme, elle finirait mère au foyer et plus tard, lorsque ses enfants seraient trop grands et auront quitté la maison, elle se retrouverait seule et s’engagerait dans la vie pour pourrir ses belles filles ou beau fils. La dure vie des femmes au foyer, en sommes. La journaliste esquissa un sourire.

« C’est moi qui peint. Le body painting peut aussi se faire en utilisant son corps comme pinceau.» Expliqua Cailin en utilisant de grands raccourcis. Inutile de partir en explications et théories. Cailin se contenta de ne pas rire en imaginant Tacha tenter d’enfoncer un pinceau dans le cul d’un peintre un peu trop entreprenant.

Pour la deuxième fois, Tacha l’interrogea sur ses intentions et la raison de sa venue. Cailin redressa un sourcil, perplexe. Elles en avaient déjà discuté. Probablement est-ce une forme de signal pour lui indiquer de s’en aller. La Bêta ne savait plus réellement et elle n’avait pas envie de réfléchir. Rien n’était simple pour personne et Tacha avait probablement besoin de temps. Elle avait été idiote de venir ici. Peut être aurait elle dû prévoir quelque chose pour éviter les blancs et les questionnements. Peut être oui… En attendant, la blonde ne se sentait pas à sa place et à juste titre.

« Je suis venue voir comment tu allais. » Expliqua Cailin dans un discours bien différent du premier.

Et s’en aller, bonne idée oui. Ses longs moments à se regarder sans savoir quoi dire la rendaient bien pire encore qu’à son arrivé. Tacha allait bien. Tacha avait une famille et au final, c’était tout ce qui importait pour Cailin. L’ancienne Cailin n’aurait pas hésitée un instant avant de prendre sa cousine par la main pour l’inciter à prendre la petite et partir se refaire une beauté. Les soucis d’argent ne lui auraient pas causés tant d’ennuis. Cailin aurait pu offrir tout ça pour la naissance de la petite, ou prendre le faire alors qu’elle prévoyait d’autres cadeaux. Elle aurait prétendue que Tacha avait bien besoin d’une remise en forme et que son petit ami ne pouvait qu’apprécier. Mais aujourd’hui, la blonde n’avait plus ni assurance, ni certitude et naviguait en eaux troubles. Et puisque Cailin ne pouvait se permettre d’entendre un « non », elle choisissait de fuir, encore. Avant de se décider à prendre une décision hâtive envers sa cousine, elle jeta un dernier coup d’œil à la bouille d’Angelina.

« Peut être pourrais tu prendre des cours du soir. Si on planifie convenablement, je pourrais la garder durant tes cours et je t’enverrais une photo de la petite tous les quarts d’heure pour que tu sois sûre qu’elle va bien. Je pense qu’il serait bénéfique, pour toutes les deux, de passer un peu de temps ensemble. »

Hors de question de laisser sa cousine se vautrer dans cette vie là. Certes, elle n’avait pas connu Tacha mais Cailin restait certaine qu’elle valait bien plus que de finir sa vie en maman poule.

« Tu ne peux pas continuer à rester enfermer ici tout le temps. » Justifia Cailin. « Et je n’ai pas envie de laisser ce qu’il me reste de famille derrière moi. »