Briller à côté d’un mannequin aurait pu sembler complexe. Cependant, Cailin relevait le défi avec un sourire de satin. L’ombre délicate de la bienséance la portait bien mieux que ses talons aiguilles. Le verre à la main lui offrait la contenance idéale pour répliquer d’une voix soyeuse pour les salutations de mises au changement de partenaires.

Depuis quand un aussi petit diamant tel que Cailin s’assortissait des plus puissant et riche des métaux ? Sa valeur demeurait bien trop insignifiante pour qu’ O’Malley n’égare son bras contre elle. La bêta ne prit pas le temps de se surprendre de son geste ou de s’en sentir flatter. Les rouages de son monde n’avaient rien d’inconnus. Il attendait quelques choses d’elle mais la journaliste savait qu’il n’était ni question de sexe, ni d’affaires, ni même de journalisme. Concrètement, elle n’avait que sa belle bouille à proposer à O’Malley, pour le reste, il n’avait qu’à claquer des doigts pour l’avoir. Dans l’attente de son propos, la blonde porta sa coupe à ses lèvres. Un geste voué à lui offrir une contenance plus qu’à réellement l’hydrater. Aucune goutte d’alcool pour elle. Rester sobre avait été sa marque de fabrique. Jamais un verre, jamais une cigarette, jamais de drogue… rien.

« Si je suis déçue, c’est uniquement de vous entendre m’appeler Miss Watson. » Taquina Cailin dans l’espoir qu’il laisse tomber le temps d’un échange les principes et politesses. Le sourire de mise s’étira plus sincèrement pour cette fois. Pourquoi jouer les hypocrites quand l’intérêt qu’elle vouait à James demeurait réel ? Son besoin de retrouver le vrai James la poussa à serrer un peu plus fortement le bras de son compagnon.

« Rassurez-vous, vous êtes l’unique personne sur laquelle j’ai sauté à la sortie de son travail. » Un sourire taquin enveloppa le regard malicieux qu’elle jeta à son interlocuteur. « Mes autres rencontres sont d’un ennui mortel à côté de celle là. » Délicatement, la blonde pivota pour faire face à James. Le bras jusqu’alors entre ses doigts se retrouva libéré dans une caresse. Le temps d’effleurer le tissu haute couture de son veston. « Mais à mon tour, je ne peux qu’être curieuse des raisons qui vous poussent à cette fausse reddition. Vous m’avez tenu si soigneusement éloigné jusqu'à présent. » La coupe de champagne trouva le plateau qu’un serveur égarait dans les environs. « Je ne suis plus une débutante, Monsieur O’Malley, j’ai passé l’âge de l’innocence facile et comme vous le savez, je n’ai pas besoin de notoriété. Alors, pourquoi donc le grand James O’Malley entraine-t-il une journaliste à l’écart ? »

Elle misait gros. Mais plus gros le risquait était et plus le résultat se savourait. La couleur de ses cheveux n’indiquait en rien le degré de son intelligence. Jamais Monsieur James O’Malley n’aurait cédé si facilement à une conversation autour d’un verre avec elle. Il le lui refusait depuis des mois, plus d’un an presque. Leur dernière conversation avait eut des répercussions particulièrement houleuses pour le multimilliardaires. Cependant, son couple restait toujours debout. Par respect pour Maëlle, Cailin s’imaginait que James ne réitérerait aucun entretien. Visiblement, elle avait eut tord. Loin de s’en plaindre, elle ressentait le besoin cuisant de comprendre. L’avait-il reconnu ? Impossible ! Peut être qu’un détail l’avait trahi ?

Il l’avait reconnue. Son visage n’exprimait rien, trop habitué à tout maîtriser à la perfection. Pourtant son regard lui disait tout. La façon dont il la contemplait, son maintien, son vocabulaire… Enfin, elle n’était plus l’étrangère. Trop occupée à se réjouir et à serrer le bras de James entre ses doigts, Cailin peinait à garder une distance correcte entre elle et lui. Bien. Maëlle avait fait son petit caprice comme une petite fille battant des poings dans le vide en quête d’un résultat. Le seul qu’elle obtient fut de blesser n’importe qui n’importe comment et surtout la mauvaise personne, en voilà une perte de temps. Cailin la laissa s’éclipser, ou presque. La blonde laissa sentir son pied dans les pattes de Maëlle juste assez pour qu’elle soit entravée mais pas assez pour se vautrer en beauté. Attention aux vagues dans la coupe de champagne, princesse. La chute est proportionnelle au nombre de personne qui nous pousse.

Glissant langoureusement de la place adjacente à celle d’opposée, la Bêta fit face à James. Il semblait plus poli de communiquer les yeux dans les yeux. Le monde autour semblait toujours si apprêté. Cailin ne se formalisait plus. Avant d’engager toute forme de discussion avec James, Cailin avait l’intention de minimiser les potentiels pots cassés pour l’avenir de la soirée. Déjà que la top modèle avait préfère repartir avec le plus soporifique des avocats de la ville, il ne manquerait plus qu’elle subisse un sort bien pire si James le décidait.

« Si j’avais été plus avisée, je t’aurais fait payer cher mon silence. Tu en as conscience n’est-ce pas ? Ce genre de scène devant une journaliste, c’est juste du pain béni. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, James. Une seule autre provocation de ce genre et je me fais un plaisir de la mettre en première page. Et sans me vanter, je suis douée en article incendiaire. Je digère déjà bien difficilement qu’elle puisse prendre le rôle de …  tu sais. Je sais que j’ai joué avec le feu et je ne comprends pas trop ce qu’il se passe entre vous deux mais je ne vais pas supporter une scène à chaque fois que je te parle. »

Watson n’avait rien perdu de son sourire, de son air séduisant et de son apparence mielleuse. Non, d’extérieur, elle ressemblait  à ses femmes prêtes à séduire, prête à aller plus loin aussi. Cependant, menacer James n'était pas forcement une bonne idée pour garder une bonne relation avec ce dernier. Levant très doucement la main pour stopper tout élan de revendication de la part de James.

« Je ne voulais pas qu’on se fâche. J’ai un peu de mal avec le self-control dernièrement. » Inspirant dans un air plus sérieux, elle décida de partir sur une autre base. « En tant que femme et pour montrer patte blanche dans tes nouvelles relations, je peux t’assurer qu’elle n’a besoin que d’une chose : d’être rassurée, presque autant que tu as envie de l’être de ses sentiments vis-à-vis de toi. D’accord, ca ne me regarde pas. Mais elle ne serait pas venue avec cet homme si elle était sûre que tu l’attendais ici-même et seul. Tu es un homme très convoité, James. La concurrence est rude pour Maëlle et elle a probablement besoin de savoir qu’elle a une place dans ta vie, même si elle n'est pas miss parfaite ou issue des beaux quartiers. Les femmes sont fragiles, il faut ménager leur sensibilité. »

Elle le savait pertinemment, puisque c'était exactement ce qu'elle éprouvait vis à vis de son amitié avec James. Avait-elle encore le droit à une place dans sa vie? Elle reprenait son souffle, riant doucement au passage d’un serveur pour s’emparer d’une coupe d’un jus de fruit encore méconnu.

« Je m’occupe de Asher-Grey si tu veux… » Poursuivit elle en portant sa coupe à ses lèvres avec un petit air mutin. Comment changer de sujet lorsqu’elle prenait une pente glissante.