J'émergeais peu à peu du sommeil léthargique dans lequel j'étais plongé. Mon esprit était embrumé, mon cerveau n'avait pas encore daigné me remettre en mémoire les événements de la veille. Après une bonne dizaine de minutes à me prélasser et à remettre à la seconde suivante mon réveil, j'ouvris enfin les yeux plutôt difficilement. Le décor qui m'entourait était tout sauf familier. Je n'étais pas chez moi, et encore moins dans mon lit. La pièce était assez grande, et laissait déjà imaginer le reste de la maison qui ne devait pas être des plus étroite. Un simple regard sur la seconde moitié du lit, me remit immédiatement les idées en place, ce qui me fit légèrement écarquiller les yeux. Un corps élancé, quasi nu, se tenait là près de moi, baignant dans un profond sommeil. La soirée d'hier était encore assez floue dans ma mémoire. Je ne comprenais toujours pas comment j'avais pu atterrir dans cette pièce, qui plus est accompagné d'un homme. J'étais pour le moins perdu, hésitant entre attendre patiemment son réveil pour répondre à mes interrogations, ou fuir cette chambre immédiatement et faire comme s'il ne s'était jamais rien passé. Parce qu'il s'était forcément passé quelque chose, non ? Mon jogging et mon tee-shirt jonchant le sol ne faisaient qu'appuyer cette supposition. Finalement je décidais de rester, étrangement je ne me sentais pas si mal que ça, ni coupable de quoi que ce soit, j'avais le sentiment que je n'avais pas passé une si mauvaise soirée la veille, j'avais peut-être même été bon, dans l'hypothèse où il s'était réellement passé quelque chose bien évidemment. Un petit sourire en coin se dessina sur mes lèvres à cette pensée, que je chassais quasi-immédiatement en constatant que je n'étais pas en si bonne hygiène que ça. Ma peau était légèrement collante, et j'empestais l'alcool à plein nez. Je me levais donc rapidement, en tentant de faire le minimum de bruit possible afin de ne pas réveiller le corps inerte allongé sur le lit. Je l'observais quelques instants, pas le moins du monde gêné par sa nudité. Il était plutôt bien battit, les traits de son visages étaient fin mais empreint d'une masculinité qui ne faisait que renforcer sa beauté. Ses lèvres étaient ni trop fines ni trop charnues, quant à sa mâchoire légèrement carré faisait ressortir sa virilité. Sa barbe de quelques jours me fit sourire bêtement, j'avais définitivement une obsession pour la pilosité masculine. Seigneur, cet homme était fichtrement beau. Ses cheveux bruns étaient regroupés en un amas désordonné, presque semblables aux mien, si on ne prenait pas compte de leur teinte. Sa peau, d'un blanc translucide, presque comparable à de la neige, contrastait avec mon épiderme basanée et dorée. Jolie mélange, pensais-je. Ce n'est qu'après de longues minutes d'intenses regards vers cet apollon, que je me mis en quête d'une salle de bain. Je trouvais rapidement celle-ci, et me glissais ensuite dans la douche. Le jet d'eau brûlant sur mon corps me permit d'émerger complètement de mon sommeil, des briques de souvenirs de la veille me revenaient peu à peu en mémoire. Je les replaçais dans l'ordre et les énumérais mentalement. Hier j'avais visiblement bu, un peu trop il semblerait, et dieu sait que je n'étais pas en mesure de me payer le moindre verre. Une idée s'imposa alors en moi, avais-je profiter de la générosité de ce jeune homme dont je ne connaissais même pas le nom, pour me mettre dans un état pitoyable ? Sûrement. Mais comment diable avions-nous pu finir dans ce lit, après la soirée d'hier ? C'est sur cette énième et inlassable interrogation qui revenait en boucle dans mon cerveau, que je sortis de la douche. J'attrapais une serviette accrochée et m'essuyais rapidement avant de passer celle-ci autour de ma taille et de rejoindre la chambre que j'avais quitté une vingtaine de minutes plus tôt. Il était toujours là sur le lit, les traits de son visage aussi paisibles que ceux d'un enfant. Je me mis à imaginer comme à mon habitude, un tas de scénarios sur ce que pouvait être sa vie, alors que j'étais appuyé contre le mur en face du lit sans pouvoir détacher mon regard de sa vue. Il devait probablement être un étudiant. Il étudiait l'art, ou non peut-être la littérature, ou encore la biologie. Il ne semblait pas pauvre, ni trop riche, plutôt de la classe moyenne. J'avais peut-être tort. Quel âge avait-il ? Pas plus de la vingtaine, j'en étais convaincu. Était-il aussi bourré que moi hier soir ? C'était fort probable. Une petite moue boudeuse se forma alors sur mes lèvres à cette pensée. Il ne devait surement pas se souvenir de moi. Et si je m'en allais maintenant, se rappellerait-il seulement avoir passé la nuit avec un inconnu ? Plus je l'observais et plus je tortillais mes doigts, me touchant sans cesse les mains, comme pour réprimer le besoin qui se faisait de plus en plus envahissant, de le toucher, de faire parcourir mes doigts sur sa peau claire, de découvrir sa texture qui semblait si différente de la mienne. Je secouais mon visage en fermant les yeux pour chasser cette image de mon esprit et repris ma place aux côtés du jeune homme. Attendant avec encore plus d'impatience son réveil que je sentais proche à présent.
Petit dépravé rêvait doucement, le visage écrasé contre son oreiller, la bouche entre-ouverte et un peu sec, les yeux fermés et le cul au vent. Il était à poil, mais il s’en fichait totalement puisqu’il dormait. Il rêvait mais rien n’était clair. C’était beaucoup trop épars pour ressembler à un rêve concret, mais il revoyait toujours ce visage. Un beau brun avec un magnifique sourire. Il s’étonna lui-même de trouver un type séduisant. Même en rêve, ce n’était pas quelque chose qu’il avait déjà affirmé aimer; un visage masculin, un corps masculin, un touché masculin…Non, jamais rêver, même si il en rêvait en ce moment même. Sans trop savoir si c’était encore un rêve ou un souvenir, il garda les yeux fermés, mais commençait à prendre peu à peu conscience de son environnement. Quelqu’un se lève du lit, le bois craque un peu et le matelas moelleux reprend sa forme. Un chien peut-être…Il n’avait pas de chien. Son colocataire n’était définitivement pas du genre à venir se coucher avec lui. Alors une fille, sans doute rencontré la veille, ce qui expliquait aussi sa gueule de bois, sa bouche sèche et pâteuse, et son mal de crâne naissant. Il garde les yeux fermés, désireux de retrouver le sommeil, mais l’activation de la douche dans la salle de bain le garde éveillé. Il ouvre un œil mais un rayon de soleil meurtrier vient taquiner sa rétine. Il referme aussitôt et essai d’apprivoiser le sommeil, de le retrouver au moins pour ne pas avoir à endurer ce mal de crâne. Peine perdue. Il essaie de se souvenir du visage de la femelle qu’il a ramené, mais rien de lui ne vient. Seul le visage du garçon lui reste en tête. Il ne rêve pas et le trouve encore séduisant, étrange…Il s’était déjà posé la question à ce sujet, mais aucune réponse n’était venue. Après tout, comment savoir s’il aimait alors qu’il n’avait jamais essayé? Dans un petit mouvement de rage après vaine tentative de se rendormir, il chasse le drap qui cache sa nudité, enfin, ses fesses ; il est sur le ventre. Comme il est occupé à rager comme un con, il ne se rend pas compte que la douche s’est arrêtée. Il ne se rend pas compte non plus que l’intrus est revenu dans la chambre. Il ne sait pas non plus que c’est le mec au super sourire. Il ne bouge pas, tant pis. Il aurait espéré que sa conquête se casse. Il n’aimait pas les discussions matinales avec les filles débiles qu’il pouvait chopper. Il n’aimait pas non plus devoir les virer lui-même en leur expliquant gentiment qu’il n’en avait rien à foutre. Et il n’aimait pas partager son lit le matin. D’ailleurs, lorsqu’il sentie le matelas s’affaisser sous le poids de l’intrus, il ouvrit les yeux et se retourna. La lumière lui brûla un peu les yeux, yeux qu’il cligna rapidement avant de se retrouver face à face avec son rêve. Il fige un peu, idiot. Il se redresse lentement dans le lit, vraiment lentement, comme si il était devant un prédateur, puis il fronce les sourcils lorsqu’un paquet de question lui vient à l’esprit. ‘’Alors ça…Je m’y attendais pas du tout…’’Était tout ce qu’il avait pu sortir, de façon rauque à cause de sa gorge sèche. Première parole du matin. Il n’eut pas envie de la chasser. Il était intrigué. Comment avait-il pu se retrouver avec quelqu’un comme lui dans son lit? Il l’avait payé? Il avait eu un soudain fantasme homosexuel à assouvir? Il…s’était fait violer? Non, peu probable. L’odeur de son gel douche vint lui chatouiller les narines. Il venait de se laver, et Ethan sentait encore le vieux fond de bière. Son haleine ne devait pas être terrible non plus…
Ne me rendant pas compte que le jeune homme près de moi avait émergé du sommeil, je sursautais légèrement lorsque sa voix résonna dans la chambre. Elle était comme je l'avais imaginé, magnifique tout comme lui, et cette petite pincée de raucité du matin ne la rendait que plus agréable. Je clignais des yeux plusieurs fois de suite en regardant l'homme face à moi qui me fixait aussi curieusement que moi. Je me demandais s'il se posait les mêmes questions auxquelles mon esprit tentait de répondre depuis mon réveil ou s'il était conscient de ce qu'il s'était passé. Bien que son regard, et ses mots m'affirmaient le contraire. Après un bref instant, je me décidais enfin à répliquer.
- Hum..Salut, dis-je en mordant ma lèvre. Man, je crois que t'es aussi paumé que moi. On a.. j'veux dire on a fait des trucs ?
J'avais prononcé cette phrase avec difficulté sans pour autant détourner mon regard du sien. J'étais là, vêtu d'une simple serviette autour de la taille en guise de vêtement, assis sur le lit d'un étranger, qui avait pour toute et simple réaction, parût déçu. Je déglutis amèrement à cette pensée en sentant la déception m'envahir à mon tour. J'avais espéré qu'il se souviendrait de la nuit passé à vrai dire, qu'il me regarde longuement et qu'il me murmure que la nuit passée avait été merveilleuse. Son regard avait été insistant mais ses mots avaient été tout autre. Mon esprit commençait légèrement à s'échauffer et des tas de pensées l'envahirent sans même me laisser le temps de m'y préparer. Je décidais néanmoins pour tenter de masquer mon expression déprimée et la moue triste qui s'était dessinée sur mes lèvres, de me relever précipitamment et d'attraper aussi rapidement que possible mes quelques habits qui jonchaient le sol. Je me retournais dos à l'étranger et retirais ma serviette pour la laisser tomber au sol, dans l'espoir qu'il détournerait les yeux de lui-même gêné par ma nudité. Je mis un peu plus de temps que prévu pour me rhabiller, bien malgré moi. Comme dans toute situation gênante, elle se devait de l'être jusqu'au bout, se réveiller dans le lit d'un parfait inconnu, qui plus est un homme n'était pas suffisant, il fallut que je m'y reprenne à plusieurs reprise pour enfiler mon boxer. La première fois que je tentais de le glisser sur mes jambes, je manquais de peu de tomber en soulevant trop brusquement mes membres inférieurs, la seconde je l'enfilais à l'envers. Bien heureusement, la troisième fut la bonne. Je me sentais misérable, et avais comme un sentiment de n'être qu'un gamin honteux en cet instant. Mes joues avaient sûrement adopté une teinte quelque peu rougeâtre mais peu importait, me dis-je mentalement. Dieu merci, enfiler le reste de mes habits fut bien plus facile et rapide. Je me retournais finalement, légèrement dépité face à l'homme avec lequel j'avais partagé ma nuit, puis me rassis près de lui, hésitant quelque peu tout de même. Je passais ensuite une main dans mes cheveux pour tenter de les discipliner, ce qui n'eut pour tout et seul effet, que de les désordonner davantage.
- Au faite, moi c'est Kyle, si ça t’intéresse, finis-je par murmurer avec fluidité et plus d'assurance que je ne l'aurais espéré dans ma voix.
Si il comprenait bien; aucun des deux ne se souvenaient de quoique ce soit. Il pouvait donc conclure qu'il s'était passé un truc. Il s'observa, pas différent de d'habitude, et pourquoi l'aurait-il été de toute façon? Seulement, il n'avait pas ce sentiment de bien-être qu'il avait habituellement après une nuit du genre, mais c'était sans doute à cause de son énorme gueule de bois et du malaise qui flottait dans la chambre, en plus de son odeur. Si il pouvait se sentir lui-même, alors son invité improvisé devait s'en doute le trouver dégoûtant. Mais ce qui semblait le déranger encore plus, c'est qu'Ethan ne disait absolument pas un mot. C'était tout lui, ne rien dire et observer. Et en silence, il observa le pauvre se démener pour enfiler une simple paire de boxer, tandis que lui ne bougeait pas de son pieu. Pendant ces moments de silence, il réfléchissait. Mais là, il luttait carrément pour avoir un once de souvenir. Cependant, il remarqua que son silence était beaucoup plus dévastateur qu'autre chose. Il n'était certainement pas un expert en relation humaine, mais il semblait que son hôte se sentait mal. Très mal. Pourtant, il n'avait rien dit et il ne le chassait pas. Mais si il ne disait rien, il allait sans doute s'enfuir sans jamais revenir, et Ethan ne pouvait pas le laisser partir dans de telle circonstance. Autant normalement il en aurait rien eu à foutre, mais maintenant, il voulait absolument savoir. À sa plus grande surprise, lorsqu'il fut habillé, il ne prit pas la fuite. Comme quoi le désir de savoir devait aussi l'envahir. Encore de sa voix rauque, il prend la main de Kyle pour la serrer. ''Ethan Sa..Wackerly. Désolé pour mon manque d'éloquence, j’essaie juste de donner un sens à tout ça...'' En plus de sentir son odeur, il sentait son haleine. Dégueu. Il finit par se lever et lâche la main de Kyle. Il veut absolument se laver les dents, se laver tout court, parce qu'il déteste être sale. Il se dirige vers la porte de sa chambre, pas du tout soucieux de cacher ses attributs, et abandonne Kyle pendant quelques secondes. Sauf que...Si il le laisse tout seul, il pourrait penser qu'il doit partir, et adieu le mystère non-résolu. Avant de se rendre à la salle de bain, il passe sa tête dans le cadre de porte de la chambre et regarde le jeune homme. ''Tu viens? J'en ai pour quelques minutes.'' L'inviter sous la douche? Non, mais plus urgent encore que de se laver, c'était de savoir. Il n'avait jamais eu un tel black out après une soirée. Normalement, tout lui revenait quelques minutes après son réveil. Mais peut-être qu'après tout,c'était mieux de ne se souvenir de rien? Il n'attend pas qu'il le suive, il reprend son chemin et se dirige naturellement vers sa brosse à dent. Le goût du dentifrice le fait un peu grimacer. Pas fameux avec le mélange d'alcool et autre. Il se sent quand même plus présentable lorsqu'il termine de se nettoyer la bouche, de rincer avec de l'eau, pour finir par boire de l'eau pour faire passer sa voix rauque.
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