« Je … je… ne veux pas en savoir davantage. » m’exclamai-je aussitôt en faisant comme si je n’avais rien entendu. Je ne suis très…doué pour discuter de certains sujets. Que ce soit avec mes parents, Joe qui me taquinait dès qu’il en avait l’occasion, ou même William. Peut-être parce que nous venions tout juste de nous retrouver, allez savoir. Il n’empêche que le sexe faisait partie de ses sujets qui me mettaient continuellement mal à l’aise. Non, je ne suis pas moine et je n’ai pas fait d’abstinence. Mais il y a une nette différence entre pratiquer avec son partenaire et en parler à voix haute à ses proches. « Tss, tu sais que tu es bête. » soufflai-je en riant. N’importe qui, à moins d’être complètement idiot, savait en effet qu’il ne serait pas prudent de rester dans le lit de sa maîtresse le matin, alors que son mari risquait de débarquer d’un moment à l’autre. Cependant, le fait de savoir que William avait derrière lui des années d’expériences ne le rendait pas moins idiot selon moi. « Ce serait tellement plus simple que tu tombes amoureux. Tu pourrais ainsi rester au lit auprès de la compagne sans craindre l’arrivée inopinée de son mari. Et puis, je ne comprendrais jamais pourquoi Joe et toi vous vous contentez du sexe pour tout rapport avec le genre opposé. Je ne vois vraiment pas ce que vous y gagnez. » soupirai-je pour moi-même en allant ouvrir les rideaux de sa chambre. « Non, par pitié, ne réponds pas, je sais déjà ce que tu vas dire. » ajoutai-je aussitôt en levant les yeux au ciel. Sexe = my life. « Lorsque vous tomberez amoureux, et je suis sûr qu’un jour vous le saurez, ne vous en déplaise, vous comprendrez enfin ce que je vous ai toujours dit. Le sexe sans amour est comme une fleur sans parfum. Après l’avoir butiné, son manque d’odeur nous rappelle la fadeur de ses pétales. Quant à Kirby, tu sais ce qu’on dit : mieux vaut prévenir que guérir. » Soupir en m’asseyant sur le lit, à ses côtés. « Notre relation vient à peine de débuter, et je n’ai pas envie que ma mère se mette à jouer les espions amateurs. Tu sais comment elle est. D’ailleurs, je me demande si je la leur présenterai un jour. » énonçai-je avec le plus grand sérieux. « C’est quand même risqué. Rien que le fait qu’elle soit blonde comme Sydney lui posera problème. » Ma mère n’aime pas les blondes. Elle est blonde de naissance, nous sommes tous d’accord. D’ailleurs, je ne sais pas d’où lui vient ce ‘problème’, mais d’après notre père, elle l’avait déjà lorsqu’ils se sont rencontrés. Et inutile de vous dire qu’après avoir rencontré Sydney, et après notre rupture, rien ne s’est arrangé.

« Qu’est-ce que c’est ? » Dans un bond, je me lève sur lit pour le rejoindre. La curiosité a toujours été l’un de mes principaux défauts. Depuis l’enfance, je n’ai jamais réussi à me tenir éloigné plus de trois secondes des affaires ‘secrètes’ de mon frère. Il fallait toujours que je sache ce qu’il avait rapporté. Que ce soit de nouvelles billes, un bulletin de notes sur lequel je décidai de dessiner un gros « 2 » à côté du « 0 » pour qu’il ne se fasse pas gronder par nos parents – sauf qu’évidemment, vu mon écriture à l’époque, cela n’avait jamais fonctionné – ou les petites culottes que je volais en cachette. Non, je n’avais pas l’esprit déplacé. Mais comme toutes les culottes de petite fille, elles sont généralement rose, bleu, verte, avec des dessins à l’intérieur. Je trouvais ça tellement joli que je les volais pour avoir toute la collection. Pathétique, je sais. « Quoi ? Il … il est mort, tu crois ? » Passés 34 ans, j’espère bien. « Ohh nonn, c’est de ma faute, je l’ai pas nourri. Je suis un monstre. » murmurai-je l’air véritablement dépité. Ce n’est qu’un jeu, Noah. « Mais… qu’est-ce qu’il faisait dans ton tiroir aussi ! Si ça se trouve, c’est toi qui l’as étouffé ! » Décidé à venger l’honneur de mon chien, je me précipite alors sur l’un de ses oreillers, pour le lui balancer en pleine figure. « Tueur de chien virtuel ! » criai-je en pouffant de rire. Comment ça les batailles d'oreillers, ce n'est plus de mon âge ?

© code de boo. gif de tumblr.

« On est écrivain, ou on ne l’est pas. » répliquai-je pour toute réponse avec un grand sourire. Et dieu sait que la littérature et la poésie ont toujours fait partie de mes grandes passions. Bien loin devant les mathématiques, les sciences en général, matières pour lesquelles j’étais naturellement sous doué. « Je…oui, je sais. Surtout que je n’ai pas envie que Kirby revive la même scène qu’a dû endurer mon ex. » Parce que oui, j’avais eu une ex. La nièce de Joe, pour être exact. Celui-ci lui en avait-il déjà parlé ? Peut-être que oui, peut-être que non. « Mais…nos parents ne veulent que notre bonheur, normalement, non ?! » soupirai-je en baissant les yeux sur mes mains jointes, en pleine réflexion existentielle. Oui, je suis un altruiste né, mais vous le saviez. « Me marier ? » J’ouvre les yeux grands comme des soucoupes à sa réflexion. Non seulement le mariage n’est pas à l’ordre du jour, au vu de la relation naissance que j’entretiens avec la jeune femme, mais qui plus est si je devais attendre d’être marié avant de la présenter aux parents, je m’attends déjà à voir les foudres de la matriarche me servir de guide jusqu’à la fin de mes jours. « Non non, surtout pas. Tu as raison quant au fait que c’est encore un peu trop tôt. Mais de là à attendre si longtemps… » Oui parce que je n’ai pas du tout l’intention de me remarier aussi ‘vite’. Certes, ça fait maintenant plus de 5 ans aujourd’hui que ma défunte épouse nous avait quittés. Et oui, j’avais fait mon deuil de notre relation. Toutefois, Kirby avait encore de belles années devant elle, et était encore très jeune. Je n’avais pas envie d’aborder un sujet aussi ‘engageant’ avec elle, d’une parce qu’elle n’était sûrement pas prête à l’assumer, de l’autre, parce que je ne l’étais pas plus qu’elle. Avec Emilie, tout avait été simple d’avance, puisque nous nous étions aimés dès le premier regard. Avec Kirby, je devais tout recommencer. La séduire, lui prouver que j’étais un homme responsable, qui ne la laissait jamais tomber, quoiqu’il arrive. Et de mon côté, je devais apprendre à prendre du recul pour ne pas comparer ce que j’avais connu aux côtés de ma femme, à ce que je vivais aujourd’hui aux côtés de Kirby. Et étant donné que ma relation avec l’Anglaise avait été idyllique en tous points, il me fallait du temps avant d’être certain de ne pas tout faire rater. « JE.. tapais l’incruste ? Non mais c’est la meilleure ça ! Parce que toi tu ne venais jamais mettre le souk dans ma chambre, peut-être ? En plus, tu m’as volé certains jeux sous prétexte que je les cassais trop vite. » grognai-je en cherchant de nouveaux trésors dans son tiroir. Si ça se trouve, je vais en trouver d’autres qui m’appartiennent. Combien on parie ? Et alors qu’il s’apprête à rétorquer, je lui envoie un oreiller plein de plumes à la figure, transformant aussitôt la chambre, en salle de ring, comme par le passé. God que ça m’avait manqué ! On riait aux éclats. Les plumes blanches volaient aux quatre coins de la pièce. Je sautais sur le lit et n’avait pas le temps de me retrouver de l’autre côté que William m’y attendait déjà. « Tss, c’est parce que je t’ai laissé gagner, tu penses. » lui assurai-je en m’asseyant sur son lit et l’observant étendu à mes côtés. « Ohhhh, il fonctionne à nouveau ! » Oui Noah, il fonctionne à nouveau et toi tu as 35 ans. « Merci, Wiwi. » La dernière fois que je l’avais appelé par ce surnom ? A la station de ski. Cela m’arrivait de temps en temps, inconsciemment biensûr, lorsque je me sentais vraiment bien. « Qu’est-ce que c’est ? Du sucre ? » Je m’approche du sachet de poudre blanche. Si ça avait été du sucre, il n’aurait pas parlé de le fumer, No’. « Oh MY GOD, C’EST DE LA DROGUE ?!! » C’est ça, crie encore plus fort pour que toute la maison entende. « Tu devrais le jeter, c’est trop dangereux. » Remarque à mes yeux, même un ciseau pouvait être dangereux. « Là tout de suite ? » Je jette un dernier coup d’œil au sachet blanc. Si tu ne t’en débarrasses pas, je le ferai moi-même quand tu auras le dos tourné. « J’ai faim. Donc, je vais manger avant que maman ne remonte et ne découvre …ça. » murmurai-je en tendant le doigt vers le bordel qui régnait dans sa chambre. On rangera plus tard. Mais oui, mais oui. « Ensuite, je n’ai pas encore décidé. Et toi, que comptes-tu faire ? »

© code de boo. gif de tumblr.