Sortir avec des garçons alors que j'ai des devoirs à faire et à rendre, ça ne me ressemble pas. Sortir avec des epsilons encore moins. Mais là je faisais les deux et en même temps ! Je savais très bien qui était Jorden Rosenbach et qui étaient les Rosenbach en général. Tout le monde -ou presque- les connaissait. Ils sont enviés, adulés mais aussi jalousés par la plupart des gens. Moi, je suis complètement indifférente en temps normal. Je ne fais pas attention à ce genre de personnes parce que c'est ce que j'ai toujours fait ou du moins ce que j'ai toujours essayé de faire. Je ne dis pas avoir toujours réussi, j'ai eu des amis qui étaient de cette condition disons comme Aurea, parfois elle me manque et je me dis que l'on est vraiment con. Ne plus se parler parce que l'une des deux est riches et l'assume alors que l'autre le vit vraiment mal et le refoule. Ca me fait vraiment de la peine. Je me dis même que si je déteste autant ce milieu c'est peut-être aussi parce que je n'ai jamais réussi à m'y intégrer comme les autres, comme mes frères et soeurs. J'étais jalouse de voir à quel point, ils arrivaient à accepter les cadeaux de papa et maman, à jouer les gens hautains, à vivre une vie de bourge en fait. J'ai jamais réussi à y trouver ma place que ça soit dans ce monde ou dans ma famille. C'est sûrement ça qui m'a rendue aussi haineuse envers tout ce milieu là. Je préfère ne pas penser à ça. J'ai fais des choix dans ma vie que je ne regrette pas et qui font ce que je suis aujourd'hui. De toute manière, il est trop tard pour faire marche arrière. Le seul moyen de renouer avec ma famille -excepté avec ma mère- serait de m'excuser et de regretter profondément le fait d'avoir quitté le domicile familial il y a quelques années. Le problème ? Ca n'est pas le cas. J'ai bien trop de fierté pour aller demander pardon à mon père. Jamais de la vie. Même le peu de famille que j'ai à Berkeley, m'ignore royalement. Il faut dire que je fais pareil et tout le monde est content comme ça. Mais il y a des fois, où une infime très infime partie de moi aurait envie de retrouver cette vie et puis là, je vois un epsilon passer et se la jouer supérieur et je dis amen puisque enfin je retrouve la raison. Mais là avec Jorden, ma fierté en prend un sacré coup, mon égo aussi. Pour le moment, je dois avouer que je me suis trompée sur son compte. D'un côté ça me rend heureuse et de l'autre ça m'énerve d'avoir eu tort. Mais je ne compte pas baisser ma garde pour autant. Chasser le naturel, il revient au galop non ? Je préfère attendre un peu, sait-on jamais. Je préfère être prudente. Vaut mieux prévenir que guérir. Punaise trop de proverbes d'un coup là. Mes cours de français m'influencent vraiment, ça me fait peur.

Bref, je m'étais préparée en vitesse -ou pas- afin de rejoindre monsieur Rosenbach qui devait m'attendre impatiemment -qui sait- dans le couloirs de la résidence Alpha. Un petit compliment par ci et un autre par là. Il est temps d'aller boire ce fameux verre pour fêter mes vingt-trois ans. Dans le fond, ça me flattait et ça me faisait plaisir qu'il y ait pensé et qu'il m'invite pour l'occasion. Je m'étais permise de lui faire gentiment une réflexion sur sa potentille superbe voiture de luxe. Je l'avais déjà vu se pavaner avec sa sublime Maserati. Monsieur devait être très fier d'avoir une telle voiture. Je savais qu'en lui lançant une pique sur ça parce que je savais déjà qu'il y répondrait. On peut y aller à pied si tu veux mais dans les alentours il n'y a rien du tout. Je levais les yeux au ciel, préférant ne pas surenchérir à ça, j'aurais tout le temps plus tard de lui faire des remarques sur sa voiture et sa façon de vivre. Je ne m'en fais pas pour ça. Nous sortions de la résidence. Une fois dehors, je pouvais admirer les quelques rayons de soleil qui s'étaient enfin décidés à pointer le bout de leur nez. J'étais heureuse qu'il fasse beau, un rien suffisait à me donner le sourire. Profiter des choses simples voilà une des choses que ma famille n'avait jamais compris. Je lui demandais donc où est ce que nous allions boire ce verre. Là encore il se permit de me faire une petite réflexion histoire de m'embêter. Humm, on ne va pas aller à l'Absinthe bar, ça va te rappeler de mauvais souvenirs. Là il éclata littéralement de rire. Il se fiche de moi c'est ça ? J'arquais un sourcil, le dévisageant avant de venir le frapper à l'épaule. Ahahah, très drôle vraiment, h.i.l.a.r.a.n.t. ! dis je en insistant sur le dernier mot. Tss profiter de ce que j'avais pu lui dire c'était vraiment petit, du Rosenbach tout craché. Je ne pouvais qu'applaudir. Mais au fond, si les rôles étaient inversés, est ce que je ne profiterais pas de la situation hein ? Bien sûr que si, alors bon, je ne pouvais pas lui en vouloir après tout il était en position de force. Il reprenait son sérieux J'connais un petit bar sympa près du lac mais bon, va falloir que tu montes dans ma superbe voiture. J'étouffais un petit rire, il reprenait mon expression "superbe voiture", aurait-il été vexé de ma pique ? Intéressant. Il ajouta Après, tu peux prendre le bus et on se rejoint là-bas. Je soupirais d'agacement, vraiment ? Il pensait que je n'étais pas capable de prendre le bus ou même d'y aller à pied ? Il me connaît mal décidément. C'est tout à fait le genre de choses que je serais capable de faire. Je lui aurais bien répondu un truc mais le voilà déjà parti en direction du parking me laissant là seule comme une conne sans avoir quoi faire. Soit j'y allais sans lui et auquel cas ma fierté serait intact ou bien je montais dans sa voiture de luxe, je piétinais mes valeurs mais je pourrais l'embêter et le charrier. Hum, dilemme quand même. Les deux propositions sont alléchantes. Le temps de réfléchir, je ne le vois déjà plus. Zut, il doit déjà être à sa voiture et si ça se trouve il est même pas parti, tient ça ne m'étonnerait pas de lui. Bon ok, je vais avec lui mais rien que pour lui faire une remarque sur sa voiture. Ça sera mon petit plaisir de la journée. Je me dépêche de rejoindre le parking, cherchant des yeux une Maserati mais je n'en trouve pas. A la place, je le vois assis au volant d'une ... Lamborghini ?! Tient donc, on ne se refuse rien, ça y va les voitures de luxe j'ai l'impression. Je le vois déjà en train de sourire alors que je m'approche de lui. J'ouvre la portière côté passager avant de m'installer et d'attacher ma ceinture de sécurité. Tu changes de voiture comme de chemises ? Non parce que la dernière fois je t'avais vu au volant d'une autre voiture .. dis je légèrement ironique. Je posais mon sac sur mes genoux. Mais bon j'ai connu mieux comme voiture de luxe quand même enfin bon je suppose que ça fera l'affaire pour nous amener à ce fameux bar. Tu conduis bien au moins ? J'aurais peut-être du prendre le bus finalement. Un sourire au coin des lèvres. Je m'amusais de la situation mais je savais aussi qu'il aimait ça.