SHEENA-LOU GALLAGHER & JORDEN-KOL ROSENBACH

Honnêtement ? Je ne pensais pas être accro à ce point-là de mon téléphone portable. Je pensais aisément être capable de vivre sans mais j'avais sous-estimé mes capacités. Voilà plus d'un jour que je devais vivre sans et le moins que l'on puisse dire c'est que je ne m'y faisais pas du tout à ma nouvelle vie écologique. J'avais besoin de la technologie pour rythmer ma vie, c'était comme ça et pas autrement. Il fallait donc je récupère ce foutu téléphone, cela en devenait presque une question de survie. Imaginons qu'il ne tombe entre de mauvaises mains. Je ne craignais rien pour ma réputation mais c'était plutôt vis-à-vis de Gregory, mon père. Imaginons un peu que quelqu'un lui balance des informations sur mon comportement ou autre et là, je pourrais dire adieu à mon héritage, je pourrais dire adieu à Vegas. Hors de question que cela se produise, j'accordais tellement d'importance à ma carrière que je ne pourrais pas supporter de la voir s'effondrer à cause d'une erreur. C'est toujours de la faute des autres de toute façon, il fallait bien un coupable. Sauf que là, c'était moi qui l'avais oublié et personne d'autre.

Je cherchais donc machinalement l'endroit où j'aurais bien pu l'avoir oublié mais c'était futile. Je savais exactement l'endroit où il était, je me cherchais des excuses pour rien. Je ne sais pas pourquoi mais, j'appréhendais un peu de la revoir. Étonnant me connaissant. Cette fille était, comment dire, unique et le moins que l'on puisse dire c'est que notre rencontre fut à sa hauteur. Je lui avais sauvé la vie en quelque sorte et au lieu de profiter de la situation comme j'avais l'habitude de faire, je m'étais contenté d'être gentil. Non, non, vous ne rêvez pas, Jorden Rosenbach s'était montré serviable et attentif envers quelqu'un. Je me trouvais juste devant la porte de la résidence des Alphas et évidemment, elle était fermée. Il fallait avoir un code ou je ne sais quoi. Cela étant, je décidais de m'allumer une clope afin d'attendre désespérément que quelqu'un daigne rentrer ou sortir. J'apportai alors la cigarette à ma bouche avant d'inspirer profondément. Je ne fumais que lorsque j'étais stressé ou que j'avais quelque chose à me reprocher. Et bien là, je n'étais pas du tout à mon aise et j'appréhendais en quelque sorte de lui parler. Ah j'avoue que cette soirée, d'avant hier d'ailleurs - fut enrichissante, j'ai appris beaucoup de chose sur cette belle inconnue mais également des choses sur moi. J'avais su me montrer gentil sans que la situation ne tourne à mon avantage, j'avais su avoir un geste désintéressé. C'était une journée à marquer d'une pierre blanche. Au bout d'une dizaine de minute, un valeureux guerrier passa par là et m'ouvrit la porte par la même occasion.  «   Mmh, merci.   » dis-je en retenant la porte et en jetant ma clope par terre. Bah quoi, j'voulais bien être gentil mais l'écologie ce n'était pas pour moi. Le mec me regarda en fronçant les sourcils, heureusement pour lui, je n'étais pas d'humeur à chercher la merde. Je me souvenais parfaitement du chemin à prendre, ce n'était pas la première fois que je venais chez les Alphas. Une fois devant sa porte, j'hésitai un instant. Qu'est ce que je faisais là ? Serait-ce le besoin de retrouver un peu de civilisation avec mon portable ou alors pour revoir Sheena ? Bonne question, je ne savais pas moi-même. J'étais partagé entre le fait de la revoir, était-ce une bonne chose ? Dans un sens, cette nana là m'intriguait, j'avais appris pas mal de choses sur elle. Mais dans un autre sens, elle m'avait clairement fait comprendre qu'elle aimait pas l'argent et toute la corruption qui l'entourait. J'en avais déduit que ma situation n'allait certainement pas lui plaire, c'était même étonnant qu'elle me parle aussi facilement. Bon, je sais que l'alcool y était pour quelque chose mais quand même. Oh et puis après tout, ce n'était pas à moi d'être gêné. C'était plutôt à elle. Je tapais donc à la porte en priant fortement pour qu'elle soit dans sa chambre. J'entendis un peu de bruit et patienta quelques secondes avant qu'elle vienne m'ouvrir. Avant même qu'elle ai pu en placer une, je répliquais.  «   Excuse-moi de te déranger Sheena mais je suis venu chercher mon portable, je crois bien l'avoir oublié chez toi.   » Je lui fit un large sourire peu convainquant. C'était la première fois que je la voyais fraîche et sans alcool dans le sang. Mince alors, elle était encore plus rayonnante que dans mon souvenir.

Mais où ai-je fichu ce foutu bouquin de français ? Je n'arrêtais pas de fouiller ma chambre, la mettant sans dessus dessous mais rien, impossible de mettre la main sur mon livre. Le hic ? J'en avais besoin pour mon cours qui commençait maintenant dans exactement trois heures. J'allais me faire tuer par le prof si je ne l'avais pas à son cours de grammaire française. Déjà que le cours en soit n'était vraiment pas des plus passionnants alors si en plus je me retrouvais avec des devoirs supplémentaires parce que je n'avais pas mon matériel, ça serait le pompon ! Je voulais garder ma place de première de la classe à tout prix et oublier un livre dans un cours de langues ce n'est vraiment pas souhaitable. Si ça se trouve c'est ma colocataire qui l'a pris ? Bonté divine si c'est ça, je pète un câble je vous jure ! En fouillant pour la énième fois ma table de chevet, je tombais par hasard sur un téléphone qui de toute évidence ne m'appartenait pas et je ne pense pas que ça soit celui de ma colocataire. Étrange, je me demande si .. Bon allez histoire de vérifier qui en est le propriétaire je peux bien l'ouvrir non ? Quoique, ça serait de la violation de vie privée, j'ai vu ça en cours de droit des personnes l'autre jour mais après tout si personne ne me prend en train de le faire, ça compte pas hein ? J'avais à la fois peur de regarder dans ce téléphone mais j'étais aussi excité de savoir à qui il appartenait même si j'avais déjà mon idée là-dessus. Au fur et à mesure de ma navigation dans ce portable, je me rendis rapidement compte que mes suspicions étaient fondées, il s'agissait bien du téléphone de Jorden. Et merde. Ça voulait dire que j'allais devoir lui parler ne serait-ce que pour le lui rendre. Quoique il a les moyens, il peut s'en racheter un autre non ? Bon ok là j'essayais de me trouver des excuses pour ne pas aller le voir mais parler à un fils à papa bourré de fric ? Ça n'est pas vraiment mon genre, ça fait longtemps que j'ai arrêté de traîner avec des gens de cette condition là, ça n'est pas pour recommencer maintenant. J'ai tiré un trait sur ces fréquentations là en quittant la maison familiale. Alors pourquoi je n'arrêtais pas de penser à lui hein ? Pourtant ça n'est pas du tout le genre de mec qui m'intéresse d'habitude vraiment pas, les connard j'en ai ma claque, les dragueurs lourds aussi pourtant lui, je ne sais pas, il est différent je trouve. Je n'arrête pas de repenser à cette soirée depuis deux jours. Je ne comprends toujours pas pourquoi il est resté avec moi sans broncher, sans rien tenter, il n'a même pas essayé de m'embrasser et j'ai deux théories à ce sujet soit je le repousse vraiment soit il n'aime pas les femmes mais j'ai des doutes sur ces deux hypothèses quand même. J'avoue être complètement perdue depuis cette rencontre, au point de ne pas être concentrée en cours et de perdre des bouquins. Je n'aime pas ne pas contrôler la situation, quand ça me dépasse je panique. Et là je stressais vraiment rien qu'en pensant que j'allais devoir aller lui ramener son téléphone. Ça ne me ressemble vraiment pas. Zen, j'essaye de respirer, reposant le téléphone sur mon bureau et repartant à la recherche de mon livre de français qui aimait bien jouer à cache-cache. Alors que je cherchais dans ma bibliothèque -oui oui je n'y avais pas encore mis le nez, je suis d'une logique- on frappa à ma porte et comme une conne, je relevais la tête oubliant l'étagère au dessus de ma tête. Autant vous dire que ça fait vraiment mal mais au moins j'ai trouvé mon livre. Autant vous dire que je me demandais bien qui ça pouvait être, déjà ça n'était pas ma colocataire puisqu'elle ne se donnait pas la peine de frapper avant d'entrer. Je me dépêchais d'aller ouvrir, intriguée de savoir qui pourrait bien être derrière la porte. Et là, le choc. Lui. Comment c'est possible d'ailleurs ? On est pas sensé avoir un code pour éviter ce genre de surprises ? Il a du sûrement voir à ma tête que je ne m'attendais pas à le voir ici. Je n'eus pas le temps de dire quelque chose qu'il en plaça une "Excuse-moi de te déranger Sheena mais je suis venu chercher mon portable, je crois bien l'avoir oublié chez toi." Hein que quoi ? Le portable ah oui c'est vrai. Je m'écartais le laissant entrer avant d'aller récupérer l'objet sur mon bureau. Tient le voilà ! Tu as de la chance, je m'apprêtais à le revendre. dis je en souriant. Ok Sheena les blagues pourries on évite hein. Sympa le fond d'écran au passage. J'avais vraiment dit ça moi ? Je me surprenais parfois. Et là je viens de me rendre compte de ma connerie. Euh mais ça veut pas dire que j'ai fouillé hein non juste que j'ai enfin rien. Ok je m'enfonçais à vue d'oeil, bien joué Sheena.Je me pinçais les lèvres espérant que ce moment gênant se termine rapidement.

Que serait ma vie sans téléphone portable ? Je vous le demande bien. C’est le seul moyen que j’ai pour rester en contact avec Gregory mon père mais aussi avec le reste du monde. Je ne suis pas un addict des réseaux sociaux, d’ailleurs je n’y vais presque jamais mais j’ai besoin de savoir que l’on peut me joindre en cas de problèmes ou autre. Eh oui, derrière mes airs à tout casser, je suis quelqu’un sur qui on peut compter et qui est prêt à aider les autres... Enfin, si je suis de bonne humeur bien sûr, n’exagérons pas non plus. Le drame si jamais il n’était pas dans la chambre de Sheena, je ne pourrais pas me permettre de le perdre ou qu’il tombe entre de mauvaises mains. J’ai ce don de croire que la terre tourne autour de moi et la moindre petite chose pourrait tout faire basculer. En même temps, ma situation familiale est tellement chaotique et instable que le moindre message mal interprété pourrait me mettre dans une mauvaise position pour la suite. Sheena ne mit pas longtemps avant de m’ouvrir la porte, elle semblait surprise de me voir ainsi. A vrai dire, j’étais aussi surprise qu’elle de ma présence ici. Tout me laissait croire qu’elle n’avait pas forcément envie de parler à un Rosenbach. Comme elle me l’avait très bien fait comprendre, elle n’aimait pas les fils à papa plein de fric qui s’exhibe et qui croit que tout lui est dû. Mon stéréotype parfait. Je n’allais pas me cacher non plus hein. J’étais né dans la bonne famille et je n’allais pas me priver pour vivre médiocrement. Même si, dans le fond, cette situation ne me plait pas plus que ça. C’est vrai quoi, je n’aime pas trop ce que je suis devenu mais si un jour je veux faire carrière et reprendre la succession de Gregory, je n’ai pas d’autres choix que de m’intéresser à l’argent. Sans dire non plus que je joue un double jeu, à la base cette situation me rend fou. J’ai ma fierté, je veux par dessus tout faire une carrière et me faire un nom parmi les grands chefs d’entreprise. Reprendre la succession de mon père est un rêve que je cultive depuis quelques années déjà mais cela implique quelques concessions, ne serait-ce qu’avec ma demi-soeur. Bref, je m’égards là.

Je n’étais pas de nature stressé et pourtant là, il semblerait bien que je sois en train de stresser. Pourquoi ? Parce qu’inconsciemment, j’accordais de l’importance à ce que Sheena pourrait penser de moi. En temps normal, je m’en foutais des autres et je les emmerdais plus qu’autre chose mais pas là. Je ne saurais pas dire pourquoi, je ne le sais pas moi-même. Quelque chose s’était passé cette nuit-là, j’avais été une autre personne, une personne non détestable et cela m’avait plu. De toute façon, Sheena était bourrée la dernière fois donc les souvenirs qu’elle devait avoir étaient certainement très vagues. La belle brune me laissa entrer et afficha un semblant de sourire. Sans attendre plus de temps, elle alla me chercher mon portable. Elle était pressée à ce point-là que je foute le camp ? Je me saisis du portable lorsqu’elle arriva vers moi et me le tendis. « Tient le voilà ! Tu as de la chance, je m'apprêtais à le revendre » me dit-elle en souriant. J’eu le même réflexe de sourire, elle aurait carrément pu le revendre et cela aurait été justifié. Ce genre de gadget se revendent super bien. Ah bah tu m’étonnes, vu le prix initial, il peut avoir du succès. Instinctivement, je le déverrouillais pour voir si j’avais un quelconque message ou un appel. Apparemment non. Ouf. J’étais rassuré, à moins que Sheena soit allée fouiller un peu dans mon portable. Aha, la curiosité est un très vilain défaut mais cela aurait été compréhensible. Si cela avait été la situation inverse, j’aurais fait exactement la même chose. « Sympa le fond d'écran au passage … » J’éclatais de rire avant de jeter un petit coup d’œil à mon portable, je ne savais même plus quel fond d’écran y était installé. Ah oui, en effet, grande classe. Je relevai la tête pour croiser le regard de Sheena, elle semblait gênée par la situation. Cela tombait bien, il n’y avait pas qu’elle, j’étais tout aussi perplexe. « La classe hein ! » dis-je ironiquement avant de rigoler. Il représentait une photo de moi avec une bière à la main, l’air complètement défoncé et abruti. La très grande classe même ! « Euh mais ça veut pas dire que j'ai fouillé hein non juste que j'ai enfin rien. » Bredouilla-t-elle en essayant de se rattraper. Elle était mignonne, je lui fis un large sourire avant de ranger le portable dans ma poche de jean. « Oh t’inquiète, je n’ai absolument rien à cacher. J’aurai fait pareil à ta place. » lui dis-je en haussant un sourcil et en prenant un air amusé. Voilà, c’était juste dans le but de détendre l’atmosphère, je ne voulais non plus que ma présence soit une corvée pour elle. De toute façon, je n’avais pas vraiment l’intention de m’attarder ici. Me connaissant, je serais encore capable d’aggraver mon cas plutôt qu’autre chose. « Je suis venu pour récupérer mon portable mais aussi pour savoir si tu allais bien. » Je m’étonnais presque de sortir cette question, sortie de nulle part. Le pire c’est que je la pensais. Cela m’intéressait vraiment de savoir comment elle allait, si elle s’était remise de sa soirée, si elle avait quelques souvenirs ou pas. J’étais assez curieux et oui honnêtement, je voulais en savoir plus sur Sheena.

Ca pour une surprise, c'est une surprise. Si on m'avait dit que ce matin que je croiserais Rosenbach dans la journée, je n'y aurais pas cru mais si on avait ajouté qu'il serait venu frapper à ma porte, je vous aurais clairement ris au nez. Non parce que pour moi, il y avait 0,01 % de chance que ça se produise et pourtant il était bien là devant moi. Je devais tirer une sacrée tête. J'avais déjà prévu un plan dans ma tête pour lui rendre son téléphone. Je serais passée à l’administration, je l'aurais déposé et une secrétaire se serait chargé du boulot à ma place. Tout était parfaitement calé mais il avait tout fait planté en se ramenant à ma chambre pour récupérer son téléphone. Il chamboule toujours tout et je n'aime pas beaucoup ça. Ca m'énerve parce qu'il est tout sauf le stéréotype du mec riche et connard à souhait comme je me l'imaginais, en tout cas avec moi. Je déteste avoir tord et pour l'instant, je dois me résoudre à penser du bien de lui. Parce que malgré tout Jorden c'est un mec bien surtout quand on voit comment il a été adorable avec moi ce soir là, je peu vous garantir que peu d"hommes auraient agi comme il l'a fait avec moi. Je ne le pensais pas comme ça et quelque part ça me dérange. Au moins quand je me disais qu'il était con et arrogant, ça me simplifiait les choses, pas besoin d'apprendre à le connaître. L'affaire était réglée mais maintenant que je sais qu'il peut être d'une nature vraiment gentille, je me vois mal cracher sur lui. Je suis pas comme ça. Bref tout ça pour dire que le fait de le voir à ma porte m'a carrément scotchée, j'aurais parié sur n'importe qui sauf lui. Déjà parce qu'on est sensé avoir un code à l'entrée, je vais devoir en parler au doyen si la sécurité laisse à désirer .. Et puis aussi parce que bon je le pensais trop fier pour venir de lui même récupérer son téléphone portable. Après avoir tiré une tête qui devait en dire long sur ce que je pensais, je l'avais laissé rentrer histoire quand même d'être un minimum gentille et de ne pas le laisser poireauter sur le pallier. Je lui dois bien ça. Je lui tendais le précieux sésame tentant même de faire une blague afin de faire disparaître la "tension" qui pouvait régner, enfin c'est comme ça que je le sentais. Il checka direct son portable, un vrai geek ce qui me fit sourire. C'est sans doute pour ça qu'il est venu, il n'en pouvait plus de vivre sans donc il a préféré le récupérer en personne. Je le complimentais -ironiquement- sur son fond d'écran mais je me rendais compte de ma bêtise, à peine mes lèvres fermées. En tout cas ça le faisait rire aux éclats, c'est déjà ça, il n'a peut-être même pas remarqué qu'implicitement cela voulait dire que j'avais regardé son téléphone. La classe hein ! Je levais les yeux au ciel amusée par la situation. Au moins, il ne s'était pas énervé ou quoi. Mais comme je suis bête, j'essaye de rattraper la situation lui promettant que je n'avais pas fouillé son portable mais au lieu de ça je bredouille deux trois mots qui n'ont pas de sens mis bout à bout. Il me sourit avant de ranger son téléphone dans sa poche. Oh t’inquiète, je n’ai absolument rien à cacher. J’aurai fait pareil à ta place. Je ne peux m'empêcher de baisser la tête en étouffant un rire. Il était honnête mais c'est vrai que beaucoup de gens auraient joué les curieux. Personnellement, je me voyais mal profiter de la situation en appelant ses contacts ou en envoyant des sms chelous non mais je sais que certains n'auraient pas hésité, en fait il a eu de la chance que ça soit moi qui l'ait gardé. Je ne savais pas trop quoi ajouter, c'était un peu le fameux moment du blanc qui rendait tout le monde mal à l'aise parce qu'on ne savait pas si on devait se dire au revoir ou bien continuer la conversation. Mais avant que je ne rajoute quelque chose, Jorden continua. Je suis venu pour récupérer mon portable mais aussi pour savoir si tu allais bien. Il avait vraiment dit ce que je pense qu'il a dit ? Il voulait savoir si j'allais bien lui ? Ok là ça devient un peu trop bizarre pour moi, Rosenbach qui prend des nouvelles de quelqu'un autre que son cercle d'amis proches .. Serait-il malade ? Oh euh ben oui ça va bien merci c'est gentil de ta part. Je me suis remise de la soirée si c'était sous entendu dans ta question. Enfin c'est pas la première fois donc j'ai l'habitude .. oh gosh je m'enfonce .. Je me pinçais la lèvre. Enfin pas que je sois du genre à finir comme ça tous les soirs hein mais je .. ça va mieux merci. Enfin c'est aussi en parti grâce à toi, je crois pas que j'ai eu l'occasion de te remercier, alors euh merci pour l'autre soir. Je réfléchissais à ce que j'allais dire. Non parce que sans toi je sais pas ce que j'aurais fait ni comment j'aurais fini en fait .. Je reposais mon livre sur mon bureau. Il allait finir par prendre la grosse tête si je continuais comme ça mais dans un sens c'était vrai, je ne disais pas ça pour gonfler l'égo de Rosenbach, il n'a pas besoin de moi pour ça de toute manière.

Et oui j'aurais fait pareil à la place de Sheena. Curieux de nature, je n'aurais pas hésité une seule seconde à aller fouiller un peu, sans mauvaises arrières pensées bien sûr. Non, j'aurais fait ça par pure curiosité, pour essayer d'en savoir un peu plus sur elle, savoir qui elle étais. Je ne sais pas mais je suis certain que l'on peut en apprendre beaucoup sur moi rien qu'en fouinant un peu dans mon portable. Ne serait-ce que les messages ou les appels passés. On peut se rendre compte que je quelqu'un qui parle beaucoup, un moulin à paroles et d'ailleurs, j'ai parfois bien du mal à m'arrêter de parler. J'étais comme ça, j'aimais parler et lorsque j'ai bu, c'est encore pire. On dit qu'avec l'alcool, les langues se délient et bien ce proverbe s'appliquait particulièrement à mon cas. J'aimais parler de tout et de rien, surtout de rien. J'avais un petit penchant pour les discutes au téléphone pendant des heures. Une vraie nana sur ce coup-là mais bon, je l'assumais parfaitement. Par contre, j'adorais parler mais il était clairement hors de question que je parle de moi. Je détestais ça, parler de moi, de ma vie, de mon caractère, ce que je pourrais éventuellement ressentir. Le pire était quand même les sentiments, j'avais en horreur les sentiments. Comme une phobie, je les refoulais intérieurement et faisait mine de rien. S'il y avait bien un sentiment que je laissais s'exercer librement, c'était bel et bien la colère. Je n'aimais pas particulièrement me mettre en colère mais j'aimais me battre. Un vrai chenapan ce petit Jorden, n'est-ce-pas ? Mais voilà, maintenant, personne n'est parfait et j'ai mon petit caractère que j'assume parfaitement. D'ailleurs en parlant de caractère, la petite Sheena avait également un caractère bien trempé hein. Derrière ses airs de petite fille intello, elle n'était pas si innocente. C'était ça qui était intriguant chez elle. Derrière les apparences, je restais persuadé qu'elle avait beaucoup de choses à me faire découvrir et que je n'étais pas aux bouts de mes surprises.

Je lui avais demandé si elle allait bien, c'était une question banale qui avait quand même son importance. Moi, Jorden Rosenbach qui demandait des nouvelles de quelqu'un et qui le pensait en plus de ça. Parce que bon, je ne connaissais Sheena que depuis seulement trois, quatre jours et pourtant, j'avais l'impression de la connaître depuis plus longtemps que ça. Malgré le petit malaise qui régnait dans sa chambre, j'étais plutôt à l'aise en sa présence. C'était assez difficile à expliquer en fait, je crois même que cela ne s'explique pas. J'avais rangé bien soigneusement mon portable dans ma poche, pour éviter qu'il ne s'échappe une seconde fois. J'attendais patiemment sa réponse qui ne tarda pas à venir. Et là, Sheena me bredouilla une réponse qui ressemblait à la fois à des excuses et à des remerciements, c'était plutôt étrange mais tellement amusant. Elle s’engouffrait dans sa propre réponse, sans trop savoir comment s'en dépêtrer. La brunette était mignonne comme tout, je ne pouvais m'empêcher de sourire. Honnêtement, je ne compris pas tout ce qu'elle venait me dire mais j'avais bien compris qu'elle essayait de me remercier comme elle le pouvait. Sans toi je sais pas ce que j'aurais fait ni comment j'aurais fini, il ne fallait pas me dire une telle chose, j'allais prendre confiance trop vite sinon. J'étais fier d'entendre ça. Je lui avais en quelque sorte sauvé la vie, sans moi elle aurait fait quoi ? J'étais son héro mystérieux ? Ok tu hallucines mon pauvre. « Bah de rien, c’est normal, je n’allais pas te laisser comme ça sur le bord de la route, à la merci de n’importe quel taré. » lui dis-je tout simplement, sans chercher à en faire des tonnes. Pour une fois que j'avais fait un bon geste totalement désintéressé, j'en étais particulièrement fier. En même temps, elle n'avait pas tord hein. A l'heure à laquelle je l'avais croisé, il n'y avais que des fous sur la route. J'étais arrivé parfaitement, tel un héro sur son cheval blanc. Oui, j'y tiens à mon image de héro. Cela dit, elle aurait pu se faire accoster par des gars mal intentionnés ou pire encore hein. Elle l'avait échappé bel. Avec tout ce qu'on voit dans les journaux en ce moment, c'était assez effrayant. Bref cela étant, je n'allais certainement pas laisser de blanc s'installer, soit je parlais, soit je partais mais je ne supportais pas du tout les blancs, les vides. Oui, c'était ça, le vide me faisait énormément peur. C'est peut-être pour ça que je parle autant, que j'ai toujours besoin d'être occupé et que je n'aime pas rester sans rien faire. « Si je ne me trompes pas, il me semble que tu avais dit que ton anniversaire c'était demain. Humm, ça te dirait d'aller boire un verre à l'occasion ? Enfin, si tu n'es pas occupé hein. » En fait, je me surpris moi-même d'avoir demandé une telle proposition. Mes mots avaient dépassés ma pensée parce qu'en réalité, je comptais la laisser et repartir à mes petites occupations. Au moins, on ne pourra pas dire que je n'avais pas écouté ce qu'elle m'avait dit hein. Aha, c'est facile de dire qu'un homme ça n'écoute jamais rien et bah pas moi. Même si en général, je ne fais pas trop attention à ce qu'on me dit, là j'avais fait un effort. Peut-être parce que c'était la première fois qu'une fille se livrait autant à moi. C'était vraiment une expérience enrichissante pour moi. Je la regardais avec un petit sourire l'air de dire, si tu es occupé c'est pas grave mais tu ne vas quand même pas me laisser partir bredouille !? Bon, je n'étais quand même pas au point de lui faire des yeux de chiens battus mais c'est vrai que je le prendrais assez mal qu'elle me mette un vent. Bon après voilà, d'après ce que ce qu'ai pu voir d'elle, Sheena est quelqu'un qui travaille beaucoup alors par manque de temps je comprendrais. Elle ne pouvait pas refuser une telle proposition, n'est-ce-pas ? En plus, c'était ma tournée. « Comme ça, je pourrais parler avec la vraie Sheena et non la Sheena qui a trop bu » dis-je avec un sourire de coin, uniquement pour la taquiner.

Je crois que parfois je devrais apprendre à me taire genre vraiment. Je parle, je parle, un vrai moulin à paroles mais le problème c'est que souvent je m'engage dans des trucs et j'arrive pas à m'en sortir, je vous raconte même pas l'horreur. Ça c'est du Sheena tout craché ! Je suis pas forcément à l'aise quand il s'agit de parler de choses vraies, je me réfugie presque toujours derrière l'humour ou le sarcasme ou l'ironie aussi enfin bref tout ce qui me permet de ne pas encore plus passer pour un boulet quoi. Alors quand j'essaye de m'excuser ou bien de remercier quelqu'un ,surtout quand cette personne est aux antipodes de mes valeurs, je perds un peu mes moyens. Moi qui suis d'ordinaire une personne plutôt sûre d'elle, de ses capacités et qui a confiance en elle, il suffit de me mettre dans une situation comme celle que je suis en train de vivre pour que je perde pied. Ça n'arrive jamais dans mes études tout simplement parce que tout es toujours planifié, on peut s'y prendre à l'avance, préparer ce qu'on va dire ou faire, apprendre par cœur des notions, c'est rassurant mine de rien d'avoir quelque chose sur lequel se reposer. C'est pour ça aussi que je préfère largement me donner corps et âme dans mes cours plutôt que d'exprimer ce que je pense vraiment, enfin vous voyez ce que je veux dire. Et puis bon entre nous hein, il n'y a pas que ça en jeu, la fierté, l'égo, tout ça aussi ça compte. Et là ce que je suis en train de faire, ça remet juste en cause tout ce que je pensais jusque là et ça m'énerve. J'aime la stabilité et de voir que tout est chamboulé, ça m'énerve plus qu'autre chose en fait. Il est vrai que d'ordinaire, je ne suis pas du genre à juger les gens sur une apparence physique, une confrérie ou pire encore sur des rumeurs. Je préfère me faire mon propre opinion sauf dans un seul et unique cas, quand il s'agit de fils et filles à papa, riches comme crésus et hautains à souhait. Oui bon je résume un peu une certaine confrérie que je nommerais pas mais avec eux je n'y arrive pas, définitivement pas. Ils sont tout ce que je déteste malgré que je suis persuadée que mon père aurait souhaité que je l'intègre, pour le prestige bien sûr. De toute manière, je ne lui parle plus, ça règle tout, je ne sais même pas s'il est au courant de ma présence ici à Berkeley, sûrement, peut-être, enfin je m'en fiche c'est du passé tout ça. Justement cette confrérie représente mon passé, un passé bel et bien enterré à mes yeux. Et autant vous dire que dès mon arrivée j'ai entendu parler de la famille Rosenbach, les représentants par excellence des Epsilons. Et là je fais quoi ? Je discute avec l'un deux, je devrais me mettre des claques parfois, vraiment. Le pire dans l'histoire ? Et bien j'aime bien discuter avec lui, j'aime bien sa présence, je l'aime bien. Ça me perturbe quand même tout ça. J'avais entendu des gens dire qu'il était aussi con que riche et vu sa fortune, j'osais pas imaginer le degré de conneries dont il pouvait être capable. Je ne me suis jamais approchée de lui en presque trois ans, ni de sa soeur parce qu'ils ne me correspondent pas. J'aurais peut-être du surtout quand je vois le comportement de Jorden avec moi, plus adorable tu meurs mais il reste un Rosenbach et rien que pour ça, je reste sur mes gardes, on n'est jamais trop prudent. Je me rends compte qu'au final, c'est peut-être moi l'abrutie dans l'histoire. J'étais quelque peu aveuglée par le dégoût pour la haute société accumulé tout au long de ma vie que je n'ai pas cherché plus loin. En tout cas je pense m'être rattrapée, je l'ai remercié de m'avoir aidée enfin en quelque sorte, je pense qu'il a compris, de toute manière, je ne répèterais pas ce que je viens de dire. Donc vaut mieux pour lui qu'il l'ait assimilé.

Bah de rien, c’est normal, je n’allais pas te laisser comme ça sur le bord de la route, à la merci de n’importe quel taré. Bon au moins il a compris que je le remerciais c'est déjà ça de moins à faire. Comme ça on a l'impression que ça m'arrache la gorge de dire merci mais en fait c'est pas le fait de remercier quelqu'un qui m'est difficile c'est le faite de le remercier lui qui l'est. Mais dans le fond, il n'a pas tord. Qui sait sur qui j'aurais pu tomber à une telle heure hein ? Si ça se trouve, je me serais faite violée ou je sais pas quoi, puis tuée, découpée en morceaux, brûlée et on aurait jeter mes cendres dans une rivière. Ok, là je psychote un peu trop, faut que j'arrête les séries policières mais quand même on est jamais trop prudent. Oui c'est vrai, en fait tu n'as fait que ton devoir mais dit moi, je rêve où même Rosenbach a une conscience et une morale ? Ben quoi ? C'était étonnant de sa part qu'il est pensé à autre chose qu'à lui et à la tenue qu'il va porter. On aurait pu penser qu'il l'aurait fait dans le but de coucher avec moi mais même pas, chose très perturbante et que j'ai encore du mal à assimiler. Je le cherchais un peu mais je n'allais pas me laisser abattre à lui bredouiller deux, trois mots non, ça ne me ressemblait pas. Je ne savais pas trop quoi ajouté d'autre, et une fois encore, un blanc s'installa et ce fut de nouveau Jorden qui nous sauva de ce moment un peu gênant il faut le dire. Si je ne me trompes pas, il me semble que tu avais dit que ton anniversaire c'était demain. Humm, ça te dirait d'aller boire un verre à l'occasion ? Enfin, si tu n'es pas occupé hein. A ce moment là, il a bien du se moquer de ma tête. Je le regardais en mode un peu paniquée, d'où il savait que demain c'était mon anniversaire ?! Je lui ai dit ça moi ? Mon dieu, quand je dis que je dois apprendre à me taire, là ça devient urgent. Qui sait ce que j'ai bien pu lui dire d'autre ? Je ne préfère pas m'imaginer les trucs qu'il a pu apprendre sur moi ce soir là. J'avoue que là, j'étais tellement fixée sur le truc de l'anniversaire que je n'avais même pas capté qu'il m'avait proposée d'aller boire un verre. Je me pinçais la lèvre, essayant de me rappeler ce soir là mais rien, je ne me souvenais de rien ou du moins, les vagues souvenirs que j'avais ne prenaient pas en compte la partie papotages et confidences avec Jorden. Il devait se demander pourquoi je ne lui répondais pas puisqu'il renchérie Comme ça, je pourrais parler avec la vraie Sheena et non la Sheena qui a trop bu Ça a au moins eu le don de me faire rire. Il a de l'humour le petit, je ne peux pas contredire ça. Je soupire passant une main dans mes cheveux. Alors déjà de un, mettons le choses au clair Jorden, je ne sais absolument pas ce que j'ai bien pu te raconter ce soir là, à mon plus grand damne mais ne compte même pas profiter une seule seconde de ça. Et deuxièmement, j'étais sur le point de refuser ton invitation parce que j'ai une tonne de boulot qui m'attend et que je ne peux pas me permettre de prendre du retard surtout pour sortir avec un mec comme toi.. Je reprenais mon souffle. mais je vais quand même te dire oui pour que la seule image que tu gardes de moi ne soit pas celle d'une fille complètement défoncée, bourrée et à l'ouest total. Question de fierté bien évidemment ! Qu'il n'aille pas s'imaginer des choses, au moins c'était clair, net et précis. Je réalisais au même moment que j'étais pas franchement présentable pour sortir, je pensais rester dans ma chambre et réviser. J'allais devoir être un minimum convenable s'il voulait que je sorte avec lui boire un verre. Par contre tu m'excuseras quelques minutes, le temps que je change de tenue quand même. Je souriais à mon tour, j'étais un peu plus détendue même si je restais sur mes gardes.

Et oui il m'arrivait d'écouter les autres que moi, pourquoi cela est si surprenant ? En fait, je suis égoïste mais uniquement quand cela m'arrange. Je m'explique, il n'est pas rare que l'on m'appel pour se confier, pour parler un instant et se livrer. Voilà, je suis quelqu'un qui parle beaucoup et même si je n'ai confiance qu'en très très peu de gens, je me laisse facilement approché et malgré tout ce qu'on pourrait penser, j'aime bien réconforter les autres. Certes je ne suis pas toujours de très bon conseils mais j'essaye de m'appliquer quand on fait appel à moi. Je ne suis pas qu'un monstre d'égoïste, ce n'est pas entièrement vrai. Bon après voilà, je ne vais pas le cacher ni le nier, j'aime ma petite personne. Et même si je n'ai confiance en presque personne, j'ai un égaux surdimensionné et je suis clairement, la seule personne en qui j'ai le plus confiance. C'est quand même dingue de ne pas faire confiance comme ça, c'est un gros défaut et j'en suis parfaitement conscient. Je ne sais pas, j'ai peur d'être déçu par les gens. Au moins là, je ne risque pas d'accorder ma confiance dans le vent puisque je ne la donne pas du tout. En fait, je suis quelqu'un d'extrêmement rancunier et je n'arrive pas à pardonner. C'est terrible hein ! Quand on s'attaque personnellement à moi, à ma famille (enfin, le peu de famille que j'ai) ou encore à mes proches, je peu vraiment me montrer mauvais. Je n'arrive pas à passer outre, c'est impossible. C'est ainsi que j'ai perdu quelques amis mais peu importe, c'est comme ça. On ne peux pas avoir que des qualités dans la vie, ça se serait ennuyant sinon. Imaginez un peu un monde où tous les pépères seraient parfaits, bordel ça serait nul. Imaginez un monde où les gens seraient tous comme moi, l'horreur ! Un peu de modestie, je suis loin d'être parfait mais c'est vrai que cette idée là est pas mal. Je trouve que dans la vie, il en faut pour tous les goûts et pour toutes les couleurs. Regardez moi par exemple - oui j'aime assez me prendre en exemple - j'ai un style vestimentaire assez particulier mais c'est ça aussi qui fait ma personnalité. Il est hors de question que je suive une mode qui ne me plait pas, je refais le monde à ma façon. La vie est tellement courte et monotone, autant la personnaliser au maximum, n'est-il pas ?

Le temps qu'elle réfléchisse, je me demandais si ma proposition ne paraissait pas trop déplacé de ma part. Bah non, pourquoi pas. Je ne pouvais pas lui demander d'aller boire un verre le lendemain parce que c'était le jour même de son anniversaire. Aujourd'hui me semblait être une bonne idée, après tout, Sheena était en train de travailler mais elle pouvait aisément le reporter à plus tard. Lors de notre discussion nocturne, elle m'avait fait part à plusieurs reprises de son souhait d'aller loin dans la vie. En fait, nous n'étions pas si différent elle et moi. La brunette rêve de décrocher les étoiles avec une détermination à toutes épreuves et moi qui rêve de laisser une trace de mon passage sur terre avec une ambition hors norme. Au moins, ma proposition eu le don de la faire rire, je n'avais pas tout perdu hein. Je la regarder me sourire, elle était adorable. En temps normal j'avais une petite préférence pour les blondes mais là, Sheena était tout à fait charmante et pourrait facilement me plaire. Elle avait un sourire envoûtant et un regard perturbant. Je la laissais déblatérer sur le fait qu'elle veuille mettre les choses au clair avec moi, qu'elle pose des conditions, qu'elle ne veuille pas se lancer avec moi comme ça. En l'entendant, je ne pu m'empêcher d'avoir un petit rire discret, c'est bon, on allait juste boire un verre, ce n'est pas comme si je l'avais demandé en mariage. Elle me faisait rire, elle était toute mignonne. Avec son air enfantin, elle semblait si fragile et si forte à la fois. En gros, elle venait de me menacer en me disant qu'il ne fallait pas que je la taquine sur ce qu'elle avait pu me raconter. Oh mais c'était mal me connaître, j'aimais bien taquiner les gens, sans méchanceté bien sur mais j'aimais ça. La petite Sheena était mal tombé avec moi. Façon de parler bien sur, je n'allais certainement pas dévoiler tout ce qu'elle m'avait dit, je pourrai en dire des choses hein. Mais je ne le ferais pas mais par contre, je comptais bien jouer un peu avec elle, la taquiner et lui faire croire certaines choses. C'était amusant, j'étais quand même en position de force, j'aimais particulièrement. Puis, la brunette me confia que si elle acceptait, c'était uniquement pour sa fierté personnelle. BAH VOYONS ! Je levai les yeux au ciel, ne quittant pas mon petit sourire amusé du visage. « Bien évidemment. » répondis-je sur le même ton qu'elle. Cette situation m'amusait pas mal, elle était amusante la petite Sheena. Cette dernière reprenait calmement son souffle, elle avait parlé d'une traite et d'ailleurs la moitié des mots m'avaient échappés. Voilà, elle venait de poser ses conditions, peut-être est-ce le seul moyen pour qu'elle accepte ma proposition ? Peu importe, elle avait accepté et j'étais content. Je la regardais avec un petit sourire amusé. « Un mec comme moi, ça va je commence à comprendre hein. » dis-je en levant les yeux au ciel et en ne lâchant pas mon sourire. Je n'étais pas du tout vexé, bien au contraire. Elle bafouillait, elle avait du mal à aligner deux idées donc après voilà, même si j'étais une fils à papa comme elle le disait si bien, elle venait quand même d'accepter ma proposition. Pas très convaincante la petite Sheena. Puis, elle me demanda de l'excuser quelques minutes, histoire qu'elle puisse se changer pour aller boire un verre. Ah mais pas de problème, qu'elle ne tarde pas trop quand même, le temps c'est de l'argent. Oh j'allais prendre un malin plaisir à la taquiner sur ça. J'aurai pu bien évidemment répondre ça mais bon, j'allais m'abstenir pour le moment. « Mais bien sur, je t'attends dehors. » répondis-je calmement. Je lui fit un clin d'oeil avant de sortir de sa chambre et de fermer calmement la porte derrière moi. Je me postais sur le mur en face de sa porte. Elle avait décidé de prendre son temps la petite dit donc. Au bout de quelques instants, elle se décida enfin à sortir de son placard. Pfiouuuu, elle était magnifique. Savait-elle qu'on allait juste boire un verre ? « Tu m'impressionnes Gallagher ! » lâchais-je spontanément. Elle était encore plus mimi qu'avant. Oui bah c'était ma façon à moi de lui dire qu'elle était jolie. Je n'ai jamais été doué pour la drague, ce n'est pas maintenant que ça allait commencer hein.

Je sais pas trop à quoi je jouais là. Parfois je me reconnais pas et ça me fait peur. Souvent, ça arrive dans des moments d'absence disons quand je sors faire la fête sans modération. Je ne suis plus vraiment moi même mais on peut rejeter la faute sur ce que j'absorbe avant, pendant et parfois après aussi. Vous savez un peu trop d'alcool, un joint encore un peu d'alcool et hop, y a plus de Sheena. Envolée. Faut pas se fier aux apparences, c'est quelque chose qui me va à merveille. Avec ma bouille d'ange -ben quoi faut être réaliste dans la vie-, on me prend souvent pour ce que je ne suis pas. Je suis même persuadée que Jorden a du penser que j'étais une pauvre intello qui sortait pour la première fois de sa vie le soir où il m'a récupérée. Du genre, elle se défonce juste pour voir ce que ça ait, pour essayer mais s'il savait. Enfin je dis ça mais il doit sûrement savoir, j'ai du lui raconter ça quand j'étais pas moi-même. Qui sait ce que j'ai bien pu lui dire. Ça aussi ça me fait peur. Je ne sais pas si je lui ai raconté d'où je venais. Peu de gens savent que je suis issue d'un milieu très aisé, je suis presque sûre que mon compte en banque -enfin celui de mes parents- doit être très proche de celui des Rosenbach. Mais ça n'est pas quelque chose dont je me vante, au contraire même, c'est plutôt une chose que j'évite d'aborder avec les autres. Je suis riche mais je le garde pour moi parce que je n'aime pas ça. Je n'aime pas ce monde, ces gens bref tout quoi. Tout ça pour en venir à un fait. Je ne me reconnais pas actuellement pourtant je suis dans mon état normal, je vais très bien, je suis lucide, consciente bref. Mais non je suis en train de fondre devant le fils Rosenbach tout ça pour quoi ? Parce qu'il est gentil avec moi, drôle et surtout à l'opposé des idées que je m'étais faite à son sujet. Je suis sûre que si je pouvais me voir là mielleuse devant lui, je me ficherais des baffes. C'est certain. Mais je ne pouvais pas nier que j'appréciais sa compagnie, j'étais moi-même quand je lui parlais et il me donnait l'impression que lui aussi. Après je peux me tromper mais je pense que peu de gens ont l'occasion de voir Jorden Rosenbach être comme ça avec eux. Alors je ne sais pas vraiment pourquoi il est sympa avec moi, qu'est ce qu'il peut bien attendre de moi, je me pose continuellement la question. Je n'ai rien de particulier, il ne court pas après mon argent hein ça semble assez logique, il a toutes les filles qu'il veut j'en suis sûre, des milles fois plus belles que moi et plus intéressantes et surtout beaucoup moins chiantes. Non parce que même après l'avoir repoussé plusieurs fois il est toujours là devant moi. Mes piques n'y ont rien fait. Il s'accroche le petit Jorden comme une bernique sur son rocher. Mais dans le fond, j'aime bien le voir "ramer" pour moi. Enfin façon de parler hein.

Bref, il a appris par mon double bourrée que demain c'était mon anniversaire alors monsieur profite de la situation pour m'inviter à boire un verre .. de suite. Au début, je pensais qu'il m'invitait demain enfin je sais pas mais non non, il me propose de boire un verre maintenant. Je ne savais pas trop si je devais accepter ou non même si dans le fond, il m'intriguait et je me disais que ça serait l'occasion de le connaître un peu plus. Et puis s'il est aussi exécrable que ça, je m'en rendrais vite compte et je ne me gênerais pas pour le planter. Parce que des mecs riches, hautains et légèrement connards sur les bords, j'en ai ma claque. J'en ai fréquenter durant toute mon enfance et durant presque toute mon adolescence alors pour une fois que je peux choisir les gens qui m'entourent, je serais vraiment trop con de prendre un vrai narcissique. Je suis quelqu'un d'optimiste alors je lui donne sa chance et puis dans le fond, je ne peux pas lui refuser ça. Il m'a bien aidée une fois sans rien demander même si je soupçonne que ce verre soit le revers de la médaille. Du genre, j'ai été cool alors tu ne peux pas me dire non pour aller boire un verre. Je lui explique donc en long et en large mes conditions et le pourquoi du comment j'acceptais histoire qu'il ne croit pas que tout lui est du et que je me laisse convaincre aussi facilement. Le coup de la fierté c'est plutôt vrai au fond, parce que sortir avec un Rosenbach c'est un peu renier mes valeurs et mes convictions mais d'un autre côté, je n'aime pas juger les gens sans les connaître, je veux me faire ma propre opinion. Je suis un peut tiraillée, genre ange et démon comme dans les films, m'voyez ? Et après, de longues minutes d'hésitation, à le faire poireauter, je lui dis que j'accepte son invitation. Je voyais bien qu'il entrait dans mon jeu et ne croyait qu'à moitié à l'excuse de la fierté. Pourtant d'après ce que j'ai entendu, il devrait me comprendre sur ce point là. Pour l'embêter, je lui faisais bien comprendre qu'il n'était absolument pas mon genre de fréquentations. Un mec comme moi, ça va je commence à comprendre hein. Je voyais bien qu'il rigolait mais j'aimais jouer moi aussi. Je prenais un air innocent. Aurais je blessé l'égo de monsieur ? oups. Roh je peux bien me moquer un peu de lui, je suis sûre qu'il ferait la même chose. Bon si je sors, je dois être un minimum convenable. Je lui prie donc de sortir le temps que j'aille me changer. Il accepte et sort m'attendre dans le couloir je suppose. Bref, maintenant je dois me dépêcher. Je cours partout dans la chambre à la recherche d'une robe en particulier, j'espère que c'est pas ma colocataire qui l'a prise sinon je l'étripe dès que je la vois. Finalement, je la trouve posée sur une chaise. Je me grouille de l'enfiler. Je l'aime bien, elle est couleur crème avec un motif liberty. Une paire de ballerines, un truc très simple. Il en va de même pour la coiffure et le maquillage, très léger, de toute manière je vais juste boire un verre. Je ne vais pas à un gala ou une réception mondaine. J'essaye de me dépêcher mais pas trop non plus, histoire de ne pas faire la fille pressée de le voir ni celle qui n'en a rien à faire. Toute une stratégie, je vous jure ! Bref, enfin je sors de ma cachette et je suis plutôt satisfaite de sa réaction. Tu m'impressionnes Gallagher ! Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire, j'étais fière de moi. Je fermais ma porte avant de me retourner de nouveau vers lui Merci bien Rosenbach, tu n'es pas top mal non plus ! On y va ? Je suppose qu'on s'y rend avec ta superbe voiture ? Je ne sais même pas pourquoi je posais la question. Un Rosenbach qui n'a pas de voiture de luxe ça n'est pas un Rosenbach. Nous sortions donc de la maison des alphas. Une fois dehors, je restais le regarder. Alors on va où au fait ? dis je curieuse de savoir.

Effectivement, je n'allais pas rester dans sa chambre alors qu'elle allait s'apprêter à se changer. Quoique, cela ne m'aurait absolument dérangé. Bah tiens, tu m'étonnes. Il faut quand même avouer que la dernière fois, accessoirement la seule fois, où nous nous étions parlés, la petite Sheena s'était changé devant moi sans aucune retenue. Aha, ça bien sûr je m'abstiendrais de lui dire. Elle semblait tellement prude que j'avais un peu de mal à croire que j'avais à faire à la même personne. Elle semblait moins épanouie, moins libre mais surtout beaucoup plus sérieuse. Mais dans un sens, c'est ça qui est intéressant avec elle, je vais vraiment pouvoir apprendre à la connaître, à la découvrir telle qu'elle est vraiment. Je pense que la dernière fois, la brunette avait envie, besoin de se confier à quelqu'un et il se trouve que ce fut moi. Pure coïncidence. J'avais su l'écouter et fermer ma gueule. Oui, oui, j'avais réussit à ne pas parler et à écouter les autres. Comme quoi, tout arrive. Moi Jorden Rosenbach, le moulin à parole, n'avait fait qu'écouter sans trop sur-enchérir. En même temps, cette expérience était tout simplement extraordinaire. En une soirée j'avais appris tellement de choses sur la petite Sheena. Même elle ne devait pas se douter à quel point elle s'était confié. Alors forcément, j'aurai pu être le dernier des enfoirés et balancer ce qu'elle m'avait dit. Parce que j'en savais des choses, même sur des personnes qu'elle fréquente relativement souvent. Mais ce n'était pas mon but premier. En fait, je n'avais pas vraiment de but. Pour une fois je me comportais comme quelqu'un de normal et ne faisait pas mon boulet. Le temps change mes gens, le temps change. Je ne désespère pas, un jour j'arriverai à être quelqu'un de bien, qui ne fait pas son capricieux pour un oui ou pour un non. Sheena faisait ressortir ce qu'il y avait de meilleur en moi et ça valait le coup de creuser un peu. Parce que je ne me le cache pas, j'ai toujours eu un petit faible pour les blondes mais je pourrai carrément me laisser séduire par l'Alpha. En fait, elle a tout pour plaire, elle est mignonne, intelligente mais surtout, elle a l'air d'avoir un bon petit caractère. Voilà, ça a toujours été, je n'aime pas les filles passives sans la moindre personnalité. Mais la jeune fille semble être une sacrée nénette et je sens que je vais prendre un malin plaisir à la taquiner.

Donc, je refermai la porte derrière moi pour la laisser se changer tranquillement. Je m'appuyais contre le mur parce qu'à mon avis, elle allait prendre tout son temps. Une vraie fille quoi. En fait, j'avais deux solutions, soit Sheena allait se speeder et enfiler un truc en vitesse ou soit, elle allait refaire sa coiffure, son maquillage et choisir la tenue parfaite. Ouais en gros elle en avoir pour des heures. Je voulais croire à la première option mais inconsciemment je savais pertinemment qu'elle allait prendre son temps pour se préparer. Et ce fut le cas. Bon, je ne vais pas faire la fine bouche non plus, elle aurait carrément pu traîner davantage humm. Une fois sortie, je fus stupéfié de la voir ainsi, toute mignonne. Alors que je venais de lui faire un compliment sur son physique, elle me renvoya ce compliment. Oh c'était gentil mais je ne m'étais pas changé, j'étais habillé normalement. J'eu un petit sourire en l'entendant parler, elle était assez spontanée, j'aimais ça. A la suite de ce petit moment compliment, elle me demanda si on y allait avec ma superbe voiture. Je levai les yeux au ciel en l'entendant. Quel cliché du fils à papa qui a une belle voiture. Bon, c'était vrai mais quand même ! En repensant à ma belle Maserati entre les mains d'un gros connard, j'eu un frisson dans tout le corps. Non, je n'ai toujours pas digéré le fait qu'Eileen ai revendu mon bébé à un vieux gars. Cela étant, papa Rosenbach m'en a racheté une mais bon, elle ne remplacera pas ma belle Maserati. Ah allez, pas la peine de ruminer ça, je vais encore m'énerver. « On peut y aller à pied si tu veux mais dans les alentours il n'y a rien du tout. » répondis-je sur le même ton que sa question. En fait, aux alentours il n'y avait pas grand chose de vraiment potable. Pour pouvoir atterrir dans un bon bar, il fallait qu'elle marche une bonne trentaine de minutes et je crois qu'on irait beaucoup plus vite en voiture. Après, je comprends qu'on ne veuille pas monter dans une Lamborghini toute neuve, je peux comprendre. Tranquillement, nous arrivions en dehors de la demeure des Alphas. L'air était frais et c'était tout à fait agréable. La belle brune se tourna vers moi et me demanda où nous allions pour boire le verre. En fait, je ne savais pas non plus, cela m'était égale. D'autant plus que ce n'était pas le verre en lui même qui m’intéressait mais plus faire la connaissance de la petite Sheena. « Humm, on ne va pas aller à l'Absinthe bar, ça va te rappeler de mauvais souvenirs. » dis-je avant d'éclater de rire. En effet, c'est là que j'avais croisé la belle brune avant de la recroiser une nouvelle fois sur le bord de la route. C'était juste pour la taquiner, je ne le pensais pas du tout. En fait, cela m'amusait énormément parce qu'elle réagissait à mes pics. Elle entrait parfaitement dans mon jeu. « J'connais un petit bar sympa près du lac mais bon, va falloir que tu montes dans ma superbe voiture. » Je lui fis un sourire amusé, c'était plus fort que moi, il fallait que je joue sur ça. Sheena n'aimait pas les fils à papa plein de fric mais d'après ce que j'avais pu comprendre, elle aussi avait pas mal d'argent. Elle n'aimait pas les apparences, il fallait donc que je sois naturel avec elle. Ça tombe bien car pour l'instant, je n'ai pas vraiment eu à me forcer. Résultat, j'avais quand même réussit à la faire sortir de sa chambre et de l'embarquer boire un verre. « Après, tu peux prendre le bus et on se rejoint là-bas. » Je commençais à avancer en direction du parking et franchement je ne savais absolument pas si elle comptait me suivre ou pas. Je verrai bien hein. Quelque chose me disait qu'elle allait quand même venir, peu de gens connaissaient ce bar qui était tout à fait charmant. Il faisait bon, nous allions juste boire un verre sur la terrasse en face du lac, le pied !