Un matin de plus venait imposer son caractère céleste sur la baie de San Francisco. Pour la première fois, Steven se levait en se sentant bien. Ce fut la première fois, depuis des années que rien n’avait gâché son réveil. Aucune ombre n’était dessinée sur son tableau. Ce qui était assez rare à cause de son changement de caractère. Il reprenait goût à la vie, lentement mais sûrement, du moins c’est ce qu’il essayait de s’imposer à lui-même. Il n’y avait rien qui pouvait le rendre heureux, ni même souriant. Son âme était à fleur de peau depuis la disparition de son premier amour, il avait choisi de ne plus être celui qui combattait pour le respect de la condition féminine. Il avait décidé de faire comme tous ces hommes faibles, sans ressources, il couchait avec de nombreuses femmes qui venaient de tous les milieux, qu’elles soient soules ou non. Ses draps empestaient le parfum féminin, si bien que sa femme de ménage se posait des questions sur son employeur, elle qui l’avait vu toujours aussi droit, elle doutait de lui. Seulement, à propos de ces problèmes-là, Steven n’avait personne pour se confier, il devait garder tout cela pour lui, c’était en quelque sorte sa misère. Il était bloqué dans cette sphère infernale, il n’avait aucun moyen de s’en échapper, il devait l’affronter et se relever. Il restait tout de même persuadé que si tout cela arrivait, c’était à cause de quelque chose. Et ce quelque chose lui tourmentait l’esprit. Mais ce matin, cela n’allait pas arriver ! Il avait décidé de passer une journée banale, et tranquille, sans rapport avec le monde extérieur. Pourquoi ne pas rester au lit toute la journée, et commander des pizzas ? Ce fut pour lui son fantasme actuel ! Il avait tout planifié, il allait regarder une série américaine et dormir toute la journée. Fermant les paupières, un sourire se dessina suite à cette prestigieuse idée. Il se laissa glisser dans ses draps, plaçant un coussin sur sa figure, il prit une longue inspiration et tenta de se rendormir. Soudain, son cellulaire se mit à sonner. C’était une sonnerie qu’il gardait pour les rendez-vous importants ou les journées exceptionnelles. Il arqua un sourcil et quitta son armure avant de le saisir. Il avait rendez-vous avec Maëlle, ce dernier se redressa sauvagement en constatant cette information. Il avait totalement oublié qu’il devait lui donner des cours de droit. Il se leva et partit en direction de la salle de bain pour effectuer une douche expresse. Il partit finalement de chez lui, avec une certaine amertume. Mais il avait oublié de prendre son café habituel. Il se mordilla la lèvre inférieure quel oubli fondamental ! Pas le temps, il saisit son coupé sport et arriva tantôt à Berkeley. Aujourd’hui, c’était vendredi, le jeune homme n’avait pas cours de la journée à cause des Anglais qui s’étaient incrustés dans leur université. Steven n’avait pas encore fait leur rencontre, il les avait vus en masse le premier jour de leur arrivé dans le hall d’arrivée, mais il ne s’était pas pour autant arrêté. Ce genre de choses ne l’intéressait pas tant que cela. Il avait autre chose à faire que de voir débarquer des petits nouveaux pour un échange à la noix. En regardant l’heure sur sa montre, il se rendit compte qu’il était un peu en retard, mais il ne pouvait pas vivre sans son petit café matinal. Il s’arrêta donc au sein de la cafétéria pour commander deux cafés chauds. Après tout, ils allaient être là pour des heures, autant les rendre agréables, surtout que la jeune femme ne lui arrangeait la chose, elle qui était si énergique et dynamique. Elle était souvent peu concentrée sur le droit. C’était une véritable mission du combattant avec elle, un café n’allait pas arranger la chose, mais elle avait bien droit à une petite récompense pour affronter tout ce travail. De ce pas, il se dirigea vers la salle de tutorat, cette salle était un cadre idéal pour les Alpha, mais moins pour un Gamma, mais il devait prendre son mal en patience pour affronter ce calme et se lancer dans l’aventure. Au loin, il repéra la jeune femme, un grand sourire aux lèvres, il se dirigea vers elle. Pour une fois, elle était déjà prête, ses feuilles étaient éparpillées sur sa table, et elle avait entre ses doigts son stylo. « Hello sunshine ! Je suis désolé du retard, mais j’ai de quoi m’excuser ! » Il déposa sur la table, les deux cafés qui lui brulaient les doigts, posant son sac sur le sol, il sortit lui-même ses prises de notes. « Alors où en étions-nous mademoiselle ? »

Cette matinée risquait d’être très longue. La nuit avait été pas mal remplie, un peu de sommeil aurait pu être bénéfique, mais le garçon avait d’autres engagements. Des engagements qu’il avait complètement oubliés ! C’était en quatrième vitesse qu’il venait d’arriver à la salle de tutorat, mais avec deux cafés s’il vous plait. Il regarda tout autour de lui, la salle de tutorat était pleine, comme d’habitude. Les gens avaient décidément que cela à faire, il croisait souvent les mêmes têtes dans cette salle. S’il se retrouvait ici, ce n’était pas pour aider son prochain, il devait déjà trouver comment s’aider lui-même. Le doyen avait réussi à le convoquer pour lui convoquer cette tâche. Il avait tenté les larmes de crocodile, le portefeuille de papa, et même de s’excuser, mais ce dernier n’en avait rien à faire. Il se retrouvait puni de cette fameuse histoire avec les gamma, ces derniers avaient encore une fois étaient sur le toit de l’université pour faire la fête et comme d’habitude, il était avec eux. Il faisait partie de leur clan, donc il était tout à fait normal qu’il se soit retrouvé là-bas. Cette fête avait dégénéré, et le doyen avait fini par intervenir. Steven avait été convoqué le lendemain, alors que d’autres devaient aider à la cafétériat ou au club de théâtre, il se retrouvait à donner des cours. Le doyen lui avait filé cette tâche à cause de ses résultats en droit qui étaient excellents. Le jeune homme étant presque major de sa promo, il ne faisait pas l’impasse sur ce devoir, qu’il n’avait pas envie de remplir. Faire du droit, un vendredi matin, c’était comme en faire un dimanche dans la journée, c’était une chose insupportable et énervante. Avalant sa salive, il commença à s’installer, son sac était à ses pieds. Il venait à peine de poser ses notes sur la table, que cette dernière venait de lui débiter un roman sur le droit médical. Ca y est, cela commencé de bon matin. Par politesse, il se mit à écouter, elle n’avait pas tout à fait faux. Le droit médical était bel et bien un droit privé. Et autant dire, que c’était barbant ! Ce n’était pas comme le pénal, ce n’était pas drôle ! Le pénal c’était assez marrant, cela changeait des troubles anormaux du voisinage, de la théorie des contrats, des lois SCRIVENER et tout le tralala ! Elle avait tout de même fait un trait bon résumé de son cours, il prit son café et lui fit un grand sourire. « C’est très bien ! Je n’ai rien à dire. Passons… » Etalant ses fiches devant ses yeux, elle pouvait se rendre compte des pavés qu’il résidait sur la table. Il ne savait pas par quoi lui faire commencer la séance, les contrats peut-être ? Ouais, cela pouvait une bonne matière d’approche, mais un peu trop longue et compliquée pour ce matin, et puis en rapprochant de son cours de droit médical, il se rendit compte d’une chose. Ils allaient parler d’une loi, ce matin. « As-tu une idée pourquoi le droit médical a été institué ? »Cela était une question pour faire son entrée en matière, il savait très bien que cette question était très simple, mais elle permettait de mettre les points sur les i et les barres sur les t. Il allait pouvoir entamer sur la célèbre loi du 4 mars 2002. « Bien, en faisant médecine, tu seras concernée par la loi du 4 mars 2002. Cette loi résulte d’un concept de « démocratie sanitaire », apparu lors des Etats Généraux de la Santé, en 1998-1999. Cette loi donne l’obligation d’informer le patient. Les dispositions relatives à l’information sont de consacrer un droit général du patient à être informé sur son état de santé et les secondes définissent les conditions d’accès à l’information médicale, par le biais du dossier médical. Les patients peuvent consulter leur dossier médical sans passer par un médecin. Ce droit est fondamental à la protection de la santé. Cette loi consiste également à assurer la continuité des soins et une meilleure sécurité sanitaire. Que penses-tu donc de cette loi ? Steven misait sur l’interaction, il préférait le dialogue, une sorte d’apprentissage plus facile à adhérer que de lire des codes toute la journée, ou de lui démontrer par a+b, les décisions de l’état. Ainsi, il pensait qu’un débat sur le droit médical était une manière plus intéressante d’aborder les lois, les décrets, qui ne sont pas souvent compris par les étudiants. Ils démontraient leur point de vue et chacun participait à sa manière pour aider l’autre à mieux comprendre.