Je n'avas rien dit à personne à propos de l'état d'esprit dans lequel je me trouvais mais certains avaient remarqué que tout ne tournait pas rond dans ma tête, à commencer par Noah quiml'avait surprise en pleine crise de nerf et qui me prenait maintenant sous son aile. Cela dit, pour le moment, mon état ne faisait qu'empirer sans que je puisse y faire quoi que ce soit. C'est l'accumulation de tous les bouleversements dans ma vie qui était à l'origine de ce trouble à commencer par la perte prochaine de ma mère, ainsi, à chaque fois que mon téléphone sonnait, je craignais le pire, j'étais rassurée en voyant que c'était une fausse alerte, mais je savais bien qu'un jour ce que je redoutais arriverait et je ne pourrais rien y faire. Et puis, il y avait aussi l'apparition de deux nouvelles personnes dans ma vie, d'un côté mon père que je refusais d'approcher puisqu'il ne s'était pas soucié de moi depuis le début de ma vie et puis l'existence de ma petite soeur que j'ignorais parfaitement. Tout cela m'avait beaucoup trop bousculée, moi qui étais déjà de nature fragile. Bien qu'étudiante en psychologie et très douée pour cela, je ne parvenais pas à faire en sorte d'améliorer mon état par moi-même. J'avais pensé que changer de cadre de vie m'aiderait à faire le clair dans mes idées mais il n'en était rien. Au contraire, depuis 3 jours, mon anorexie était revenue comme par le passé ,je n'arrivais plus à manger que des légumes verts en très petite quantité, quand je ne me forçais pas à tout évacuer. Aussi, j'étais très irritable, solitaire et je me défoulais dans le sport qui m'affaiblissait tant je le pratiquais intensément.
Ne voulant pas me laisser aller dans cette terrible situation, j'avais mis mon ego de côté et pris mon courage à deux mains pour me rendre à l'hôpital afin de consulter un psychologue avant que je ne retourne vraiment dans les abîmes de l'enfer.
Il était 8h45 lorsque j'étais arrivée dans la salle d'attente sans avoir pris de rendez-vous préalablement. Les personnes de l'accueil, touchées par mon désespoir, avait remué ciel et terre pour trouver un psychologue dans la journée, ce dernier avait accepté de me recevoir à seulement 14h. Il n'était pas question de retourner chez moi, ici, au moins, je ne serais pas tentée de faire des bêtises, je me sentais comme enfermée dans la salle d'attente. Mais surtout, je ne voulais pas rentrer chez moi pour la simple et bonne raison que j'avais eu du mal à venir tant je me sentais faible. Bien résolue à patienter, j'avais pris place sur un siège et tentais de me concentrer sur un magazine.

Il n'y avait rien à faire, je ne parvenais pas à me concentrer sur ce magazine, qui, pourtant, ne demandait pas beaucoup de concentration pour être lu. Je le feuilletais nerveusement, tentant en même temps de contrôler les légers tremblements qui secouaient mes mains sans que je ne puisse rien faire pour les arrêter. J'avais encore des heures d'attente devant moi et je savais pertinemment qu'elles allaient me paraître une éternité. Pas question de passer le temps autrement qu'avec ce magazine, je n'étais pas vraiment le genre de personne à engager la conversation avec des inconnus et encore moins dans l'état de détresse dans lequel je me trouvais alors. C'était sans compter sur le hasard qui avait décidé de placer juste à mes côtés une jeune femme que je connaissais depuis quelques jours seulement mais avec qui je m'étais liée d'amitié. Cette femme était la cousine de mon correspondant, Erwan, elle s'appelait Emy. Je ne savais pas grand chose d'elle mais le peu que je connaissais m'avait suffit pour l'apprécier, d'ailleurs, mon cher Erwan m'avait souvent parlé d'elle sans jamais me livrer ses secrets cependant, je savais simplement qu'elle n'avait pas la vie bien facile.
Je fus donc bien surprise de trouver là cette jeune personne. Que faisait-elle à l'hôpital ? Ce n'était certes pas la première question qui m'était venue à l'esprit puisque je l'avais regardée quelques secondes, fixement, me demandant de qui il s'agissait. En effet, dans des moments d'énervement profond comme dans lequel je me trouvais, je ne me souvenais de rien. La mémoire me revint cependant assez rapidement et je repris une très légère constance qui put faire apparaître que je n'étais pas malade mais pas non plus très en forme, aussi, j'étais incapable de sourire.
-Tiens, Emy ! Comment tu vas ?
Je ne répondis pas tout de suite à sa question, pour la simple et bonne raison que cette demoiselle n'était pas au courant de mon problème, à moins qu'Erwan ne lui en ait parlé...
-Malheureusement pour moi...
Je ne dis rien de plus et reposai mon regard vers le magazine qui désormais ne m'intéressait vraiment plus du tout.
-Et toi ? Que fais-tu ici ?

Vu la situation dans laquelle je me trouvais, je n'aimais pas être prise en pitié alors ce n'était pas du tout mon cas de le faire pour les autres. Certes je tentais d'apporter du réconfort mais je n'allais pas par exemple me montrer sur-protectrice. D'une nature pourtant réservée, il y avait des personnes avec qui je sentais que le feeling passait et c'était le cas avec Emy. Etrangement, je ne la connaissais pas mais j'avais confiance en elle, alors pourquoi lui cacher mon problème, d'autant qu'elle connaissait les soucis de santé.
-En effet, Erwan ne m'avait rien dit. Le principal c'est que les choses rentrent dans l'ordre peu à peu ! J'espère que ça va continuer dans cette voie !
Je lui fis un petit sourire avant de me mettre à lui expliquer les raisons de ma venue.
-En fait, quand j'ai eu 16 ans, j'ai fait de l'anorexie, il m'a fallu 2 ans pour m'en sortir et maintenant que j'ai des problèmes familiaux, je replonge dans cet enfer, depuis que je suis arrivée ici, c'est de pire en pire. Je ne voulais pas consulter mais j'ai pris la décision de la faire parce que je ne veux pas reconnaître ce que j'ai vécu par le passé, je veux agir tant qu'il en est encore temps.
En effet, il fallait prendre le mal à sa source et vu que ma situation familiale allait empirer d'ici peu, il valait mieux que je prenne les choses en main dans les temps pour pouvoir faire face plus facilement. Avec la mort de ma mère, ce serait mon dernier repère qui s'envolerait et je ne me voyais pas seule dans ce monde à gérer ma vie sans aide.
-Pour faire simple, j'ai appris il y a quelques mois que ma mère était en phase terminal d'un cancer, il ne lui reste que quelques mois à vivre et une fois qu'elle sera partie, je n'aurais plus aucune famille. Je ne compte pas sur mon père, c'est une autre histoire, en somme je serais toute seule...