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between good and evil - CAMILLING.

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MessageSujet: between good and evil - CAMILLING. between good and evil - CAMILLING. EmptyMer 28 Sep - 22:02


C’était agréable. La douce chaleur qui m’enveloppait me donnait envie de me prélasser dans mon lit toute ma journée. D’ailleurs, c’était exactement ce que j’allais faire ; je comptais bien profiter de mes vacances, maintenant que mes parents avaient décidé de dégager, pour mon plus grand plaisir. Les Gardner avaient pris la tangente, et enfin, j’étais seul. J’allais pouvoir dignement profiter de mes vacances, sans être tenu à des obligations bidons. Enfin seul… J’ai relevé les yeux en entendant ma porte de chambre claquer. Etrange. Mais ce qui était encore plus étrange, c’était le bruit incessant qu’elle continuait à faire, alors qu’elle était déjà fermée. J’avais l’impression de nager…

« Putain ! » M’exclamais-je en éclatant mon poing sur mon réveil, afin de faire stopper le bruit agaçant de la sonnerie.

Eh bien autant le dire, la journée commençait bien. J’ai soupiré, avant de me redresser. 8h20, et je devais me lever pour aller en cours. J’avais repris depuis un mois, et j’avais franchement du mal à me remettre dans le bain. En même temps, en sortant cinq jours par semaine sur sept, ça ne risquait pas de s’arranger. Mais bon, je partais du principe qu’on ne vivait qu’une fois, et qu’il fallait en profiter à fond. Enfin ça, c’était une façon de justifier mes sorties incessantes. J’ai jeté un coup d’œil autour de moi ; j’avais retrouvé, non sans un certain plaisir, la chambre des présidents de confrérie. Cette fois-ci, je partageais la présidence avec Ebony Asher-Grey, mais ma collègue était déjà partie. Ou plutôt, elle n’était sans doute pas rentrée.

A tâtons, j’ai attrapé mon paquet de cigarettes, avant d’en allumer une. Certaines habitudes sont tenaces, et celle-ci en faisait partie. J’ai profité de ces cinq minutes hors temps, pendant lesquelles je m’accordais encore un peu de répit, avant de commencer une dure journée. Six heures de cours, et une dissertation à faire pour dans quatre jours. Et voilà, la rentrée était belle et bien là. J’ai soupiré, déjà blasé par cette rentrée. Courage, plus que huit mois. J’ai écrasé mon mégot dans le cendrier qui se trouvait au sol, avant de me lever, pour aller prendre une douche.

--------

J’ai quitté l’amphithéâtre à 16h15, heure à laquelle ma journée était officiellement terminée. Par chance, ma journée avait été plus intéressante que je ne l’avais imaginé ; grâce à ça, mon humeur (déjà exécrable), n’avait pas empiré. Alors que je traversais le parc pour retourner dans le bâtiment de ma confrérie, j’ai allumé une cigarette, avant d’appeler Belammée. Depuis que nous étions rentrés, nous n’avions pas eu l’occasion de nous voir ; elle était souvent occupée ailleurs. Entre son fils, son Charlie, sa passion, elle n’avait plus une minute à elle. Ce qui d’ailleurs, je devais bien le reconnaître, m’agaçait fortement. J’avais la désagréable impression qu’elle était en train de m’abandonner, au profit de sa vie familiale, professionnelle, mais aussi au profit de ses secrets. Elle était en train de me cacher quelque chose, j’en étais persuadé. Et, foi de Sterling, j’allais découvrir la dernière de ses cachotteries.

J’ai balancé mon mégot par terre, avant de l’écraser avec mon pied, et de continuer ma route. J’ai salué d’un signe de tête un Gamma qui passait sur mon chemin. La solidarité qui unissait les Gamma n’était pas légendaire ; nous nous entraidions vraiment, sauf que ça n’avait pas besoin d’être vu et su aux yeux de tous. Une fois rentré dans mes appartements, j’ai posé mon sac sur mon bureau, avant d’ouvrir la lettre que j’avais reçu. Enfin la lettre, c’était un bien grand mot : en réalité, ce n’était qu’une simple enveloppe, avec un chèque signé par mon père. Bien, ça, c’était une chose de faite : mes comptes étaient plus que renfloués. Apparemment, grâce à mon passage en troisième année, j’avais eu droit à des intérêts.

J’étais sur le point de regarder un DVD lorsque je me suis souvenu que j’avais dit à Camille que je passerais le voir. Après avoir jeté un coup d’œil sur mon portable, je me suis aperçu que j’étais en retard. Super, vraiment super. En plus d’avoir une passoire comme cerveau, je n’étais pas foutu de m’en souvenir à temps pour être à l’heure. J’irai loin dans la vie, c’était sur. J’ai attrapé un paquet de cigarette et mon portable, que j’ai fourré dans ma poche, avant de quitter ma chambre, pour me diriger vers la confrérie des Alpha.

J’allais entrer dans une confrérie qui m’était totalement inconnue, au moins au niveau caractère ; des intellos, travailleurs et sains. Leur vie devait être ennuyeuse à mourir, à mon avis. Je suis entré dans leur bâtiment, sans me préoccuper des regards que les Alpha, à la fois choqué et indigné, me lançaient. Chambre 138. Je suis monté au premier étage, avant d’avancer le long du couloir, jusqu’à la chambre de Camille. J’ai frappé avant d’entrer, sans même attendre sa réponse.

« C’est un terrain miné pour arriver jusqu’à toi ! » M’exclamais-je en refermant la porte.
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MessageSujet: Re: between good and evil - CAMILLING. between good and evil - CAMILLING. EmptyMar 11 Oct - 23:47







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Chez les Alpha, congé ne rime pas forcément avec repos. Pour tout dire, congé ne rime même pas avec congé, plutôt avec travail, travail, et travail. Camille était bien placé pour le savoir, car il était un de ceux qui devait se lever alors qu’aucun rendez-vous ni cours ne l’y forçait, mais parce qu’il avait des chapitres à réviser, des travaux à rendre et des engagements à tenir. Pas de grasse matinée, donc, pour le jeune français, ni de temps pour se tourner les pouces en fixant le plafond. Vêtu de son seul pantalon de pyjama, Camille fit une série d’allers-retours dans sa chambre dès lors qu’il s’était levé, vaquant entre études, salle de bains et machine à café, sans compter son portable qui ne cessait de vibrer pour lui annoncer l’arrivée de messages de divers expéditeurs aussi matinaux que lui – au moins, cela avait le mérite de le faire se sentir moins seul.

Camille ne tint toutefois pas le coup bien longtemps, et il finit par refermer ses livres de droit avec un profond soupir, comme il le faisait de plus en plus souvent ces derniers temps, et retourna s’installer sur son lit fait à la va-vite. Profitant de ce qu’il fût seul dans sa chambre, il alluma une cigarette, le seul vice auquel il avait succombé, bien que de façon assez mineure, car il fumait plus pour se détendre que par réel besoin. Alors que la fumée âcre se répandait dans ses poumons et s’échappait de ses narines, Camille sentit son portable vibrer une nouvelle fois – cette fois-ci non pas parce qu’il avait reçu un message, mais pour lui rappeler que Sterling devait passer à peu près maintenant. De nature assez distraite, Camille était forcé de mettre des rappels un peu partout pour ne pas oublier les petits arrangements du genre, car il aurait tout à fait pu sortir faire un jogging pile au moment où Sterling serait venu frapper à sa porte. Il agissait en connaissance de cause, et même si ces rappels incessants avaient tendance à être assez oppressants, il ne se voyait pas faire autrement. Désactivant l’alarme, il se dit que Sterling arriverait sans doute avec quelques minutes de retard, comme à son habitude. Camille connaissait bien son ami, et pour cause, ils s’étaient rencontrés il y a des années de cela, et avaient bien vite développé une amitié singulière, aussi solide que peu démonstrative. Sterling avait été le seul à être resté en contact avec Camille lorsque la sœur de celui-ci était tragiquement décédée et qu’il avait, en conséquence, arrêté de parler à à peu près toutes ses connaissances, même ses amis les plus proches. Même si ce n’était généralement que par e-mail ou par sms, Sterling et Camille avaient pourtant continué à échanger des nouvelles au cours des mois où le jeune homme était resté à Paris avec sa famille au lieu de retourner à Berkeley pour la rentrée. Même s’il ne l’avait jamais clairement dit à son ami, Camille lui était extrêmement reconnaissant d’avoir été présent pendant cette période, où sa présence avait su lui apporter bien plus que ce que Sterling ne pourrait imaginer. Il n’avait sans doute pas la moindre idée du prix qu’avait accordé Camille à chacune des minutes qu’il lui avait accordées depuis l’autre bout du monde, et c’était sans doute mieux ainsi. Car, comme toujours, il n’était pas particulièrement désireux de laisser échapper un débordement d’amour et d’affection à l’égard de Sterling. Il lui accordait une confiance quasi absolue et tenait énormément à lui, mais rares avaient été les fois où il le lui avait clairement signifié – il n’était même pas sûr de l’avoir fait une seule fois.

Le retard de Sterling commençait à se faire plus conséquent, et alors que Camille allumait une deuxième cigarette, le jeune homme décida finalement de reprendre sa lecture de l’histoire du droit romain afin de faire passer le temps – c’est dire combien il s’ennuyait. Les mots défilaient devant ses yeux sans réellement pénétrer dans son esprit, jusqu’au moment où quelques coups retentirent sur la porte de sa chambre, secs et retentissants. Même si Sterling n’était pas entré en trombe la seconde d’après et que sa venue était déjà prévue, Camille aurait sans doute pu deviner qu’il s’agissait de lui rien que dans sa manière de frapper aux portes. Même dans des gestes comme celui-ci, Sterling paraissait arrogant et insolent. Pourtant, Camille était profondément attaché au jeune homme, bien que cela puisse à première vue paraître assez étrange au vu du caractère de l’Alpha.

Sterling ne prit ni la peine de saluer Camille, ni de s’excuser pour son retard. Au lieu de quoi il entra immédiatement dans le vif du sujet, arrachant un sourire à Camille, qui avait l’habitude de voir son ami agir de la sorte. Il se redressa et referma son livre, avant de répliquer du tac au tac : « Je suis désolé que tu aies dû t’infliger toute cette peine rien que pour mes beaux yeux. Si j’avais su, je serais venu chez toi – même si je me serais sans doute fait lyncher par tes Gammas. » Sans se départir de son léger sourire, Camille se leva pour rejoindre Sterling, le serrant brièvement dans ses bras – après tout, cela faisait plusieurs mois que les deux amis ne s’étaient plus vus, et c’était précisément pour cette raison que Sterling avait consenti à venir jusque dans ce qu’il appelait un terrain miné pour rendre visite à Camille. Lorsque Cam s’écarta de Sterling, il fronça le nez dans une expression de désapprobation et de dégoût. « Tu pues la clope, Sterling. » Il faut dire qu’il était extrêmement bien placé pour faire la remarque, et c’était sans doute la principale raison pour laquelle il s’était permis d’agir de la sorte.

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MessageSujet: Re: between good and evil - CAMILLING. between good and evil - CAMILLING. EmptyDim 16 Oct - 17:53


Je n’étais pas franchement réputé pour ma gentillesse. A vrai dire, c’était même plutôt le contraire : pour beaucoup, j’étais le président de confrérie snob, arrogant, et exécrable. L’horrible camé, le mystérieux Sterling, le digne fils de l’industriel du même nom, celui qu’il fallait à tout prix éviter, parce qu’on s’attirait trop vite et trop aléatoirement ses foudres. Ma réputation n’était plus à faire, et les alphas, d’ailleurs, n’étaient pas sans le savoir. Malgré leur caractère effacé et leur penchant prononcé pour les études, les rats de bibliothèque, entre deux livres, parvenaient à se tenir au courant des dernières nouveautés et actualités de l’université. C’est pourquoi, alors que je déambulais dans les couloirs de leur bâtiment, certains me jetaient des regards noirs ; offusqués, indignés, parfois simplement surpris, les alphas n’ont pourtant fait aucun commentaire sur mon passage éclair parmi eux. Comme quoi, apparemment, certaines réputations laissent les gens méfiants.

Je ne me suis pas préoccupé d’eux, peu impressionné par leurs différentes réactions. Avec le temps, j’avais fini par m’en accommoder, et je devais avouer que, dans un sens, j’appréciais cette situation. De toute façon, je n’étais pas ici pour me pavaner ou pour tenter d’exercer une quelconque autorité ; c’était une cause perdue d’avance, et m’occuper des alphas aurait plus été une punition qu’autre chose. J’étais là, uniquement dans le but de rendre visite à Camille, un ami de longue date. Je ne l’avais pas vu depuis plusieurs mois ; en effet, un événement tragique l’avait retenu à Paris, l’empêchant de retourner à sa vie d’étudiant Américain. Loin de l’abandonner à sa peine et à sa douleur, j’avais continué de prendre de ses nouvelles. Evidemment, un océan nous séparait, mais ça n’avait rien changé ; j’avais continué de l’appeler régulièrement. Officiellement, je n’avais clairement manifesté un quelconque sentiment d’attachement à l’égard de Camille ; je n’étais pas du genre à m’étaler, pensant – à mon avis très justement – que me relever aux yeux des autres signifiait me rendre plus faible. Néanmoins, officieusement, mon comportement parlait pour moi. Si je n’avais pas tenu à Camille, jamais je n’aurais pris tant de soin à prendre de ses nouvelles, et à me tenir au courant de ses aventures parisiennes.

Arrivant enfin à destination, j’ai frappé à la porte de la chambre de Camille. Notre proximité amicale fit que je n’ai même pas attendu sa réponse pour entrer. L’alpha était allongé sur son lit, et était en train de, oh surprise !, lire un livre. J’ai eu un petit sourire amusé en reconnaissant un livre qu’un de nos professeurs (que nous avions en commun), nous avait conseillé en début d’année. Nos branches d’étude n’étaient pas exactement les mêmes, mais nous avions parfois certains cours en commun. Il ferma son livre, l’abandonnant momentanément sur son lit, alors qu’il répondait à ma petite attaque sur sa confrérie. Rien de bien méchant, juste une remarque qui m’arracha à sourire sincère.

« Voyons, mes Gammas n’oseraient pas. Mais bon, si jamais ça devait arriver un jour, je te donnerai volontiers un pass VIP pour que ça t’évite toute agression. » Dis-je en souriant.

Camille s’avança vers moi, et me serra quelques instants dans ses bras. Surpris par ce soudain élan d’affection auquel je ne m’attendais pas, je suis resté quelques instants pantois, avant de lui rendre la pareille. J’ai momentanément mis de côté ma froideur légendaire. Après tout, ça faisait quelques mois que nous nous n’étions pas vus, et je devais bien reconnaître que sa présence m’avait manqué. Il s’éloigna quelques secondes plus tard, non sans me faire une petite réflexion, quant au fait que je sentais la cigarette. J’ai levé les yeux au ciel, peu convaincu par sa remarque. Après tout, une légère odeur de tabac froid flottait dans sa chambre, ce qui me laissait penser qu’il partageait, lui aussi, un certain goût pour la cigarette.

« Merci du compliment, j’apprécie. » Lâchais-je avant d’aller m’asseoir sur le rebord de sa fenêtre. « Des mois que je ne te vois pas, et voilà comment tu m’accueilles. Honnêtement, je pensais que les alphas avaient plus de savoir-vivre. » Ajoutais-je en souriant, avant de sortir de ma poche le paquet de cigarettes. « T’en veux une ? » Demandais-je tout en portant une à mes lèvres.

Je n’ai pas attendu qu’il réagisse avant de l’allumer. J’ai ouvert la fenêtre, afin que l’odeur n’imprègne de très légèrement la chambre de Camille. Puis, comme à mon habitude, j’ai laissé mon regard divaguer dans la chambre de l’alpha. Avec le temps, cette habitude c’était transformée en réflexe ; en faisant ça, j’en apprenais énormément sur la personne qui occupait la chambre. Il y avait une quantité de détails infimes (les photos, par exemple), qui pouvaient en dire énormément sur une personne. Puis je me suis souvenu que c’était Camille, autrement dit un ami. Ce n’était pas un inconnu, pas quelqu’un dont je me méfiais, et encore moins quelqu’un à qui je voulais nuire. J’ai brusquement stoppé mon observation intrusive, avant de reposer mon regard sur l’alpha.

« Alors sinon, dis-moi tout : quoi de neuf ? » Demandais-je. « Ton retour ici se passe bien ? Tu gères ? »

Bien évidemment, je ne parlais pas de ses études ; sur ce point, je ne me faisais aucun souci pour lui. S’il y avait bien un domaine dans lequel Camille n’avait aucun mal, aucune difficulté, c’était bien son cursus scolaire. Non, ce que je voulais savoir, c’était s’il parvenait à se remettre des derniers événements tragiques, qui avaient brusquement chamboulé sa vie.
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MessageSujet: Re: between good and evil - CAMILLING. between good and evil - CAMILLING. EmptySam 26 Nov - 2:23







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Pour comprendre l’étendue exacte de l’amitié improbable mais solide comme le roc qui unissait Sterling et Camille, il fallait remonter jusqu’à des années auparavant. À cette époque, Camille et Sterling fréquentaient le même pensionnat et avaient, au fil des semaines, appris à se connaître et à développer une relation qui ne mit que peu de temps à se muer en une amitié aussi forte que ce qu’elle était aujourd’hui. Sterling et Camille avaient su créer un lien de confiance totale entre eux et bien vite, Cam n’eut aucun mal à s’ouvrir à Sterling. Non pas qu’il fût du genre aussi refermé sur lui-même et méfiant que Sterling, mais il n’en restait pas moins prudent lorsqu’il s’agissait de confier quoi que ce soit au sujet de ses états d’âme à quelqu’un, surtout lorsqu’il ne connaissait cette personne que depuis peu longtemps. Mais, malgré la mauvaise impression que pouvait parfois dégager Sterling lorsqu’on le connaissait mal ou que lui ne vous appréciait pas, Camille eut tôt fait de constater que, par un quelconque miracle, il pouvait lui accorder une confiance totale sans avoir à se faire le moindre souci par rapport à ce que son ami en ferait. Loin de passer des nuits entières à papoter comme deux adolescentes, les deux amis n’en avaient pas moins tissé un lien solide dont ils savaient déjà qu’il perdurerait au fil des années – ou plutôt, ils n’en savaient rien, mais en y repensant, même s’il pouvait être surprenant de voir une telle amitié lier un Gamma et un Alpha, ils n’en étaient pas surpris le moins du monde, bien au contraire. Camille ne s’était jamais étonné de voir que Sterling continuait à prendre de ses nouvelles après le décès de sa sœur, même si chaque coup de fil, chaque message le surprenait agréablement parce qu’ils détonnaient dans le silence radio qu’avaient établi ses autres amis en ne prenant aucune nouvelle. Tant d’éléments qui faisaient qu’aujourd’hui, Camille pouvait serrer Sterling Sandlide dans ses bras sans craindre de réaction négative de sa part.

Camille éclata de rire à la réponse de son ami et ne perdit pas une seconde pour lui lancer une autre pique, basée comme toujours sur les stéréotypes stupides qui régnaient entre les confréries de l’université. « Je pensais que les Gammas n’en avaient rien à foutre du système ? Tu crois vraiment qu’un pass VIP me protègera de leur hargne envers nous autres intellos ? » Camille utilisait volontairement d’un qualificatif tout aussi péjoratif à son propre égard car il savait que c’était un de ceux que Sterling aurait pu utiliser pour lui renvoyer la balle. Ce petit jeu puéril pouvait parfois prendre des dimensions et une durée considérables, sans jamais altérer le moins du monde leurs rapports. Sterling et Camille étaient tous deux rodés à tel point qu’ils avaient fait de ces petites remarques acerbes un petit jeu auquel ils n’avaient jamais cessé de jouer à chaque fois qu’ils discutaient. Pourtant, Camille était de nature plutôt susceptible. Mais rien de ce que pouvait lui dire Sterling, du moins, sur ce ton, n’aurait pu l’énerver réellement. C’était sans doute pourquoi ils se disputaient rarement – parce qu’ils passaient leur temps à faire mine de se chamailler pour des broutilles.

Une fois de plus, Sterling se montra exaspéré à la remarque de Camille concernant son odeur, et le Français lui adressa un grand sourire narquois en retour, un de ceux qu’il avait l’habitude d’esquisser à longueur de journée et qui lui avaient déjà valu les pires moqueries de la part de Sterling, qui était bien moins chaleureux avec la plupart des étudiants. « Oh, arrête de faire comme si ça te touchait. » Sans épiloguer, il regarda Sterling prendre ses aises dans sa chambre et commencer à fumer – comme au bon vieux temps. D’ailleurs, il semblait à Camille que c’était à cause de Sterling qu’il avait commencé à fumer plus régulièrement qu’avant – sans doute était-ce lié à tous les bons moments qu’ils avaient passés ici ou chez Sterling, fumant une cigarette, que ce soit dans le silence ou en parlant plus ou moins sérieusement. Et lorsque Sterling proposa une cigarette à Camille, celui-ci y vit une réapparition d’un de ces moments marquants. Sans se départir de son habituel sourire, l’Alpha traversa la pièce pour rejoindre Sterling et prendre une une cigarette dans le paquet que celui-ci lui tendait. « Je vais finir par choper un cancer à cause de tes conneries, Sterling. J’espère que tu réalises bien que tout ça, c’est de ta faute, hein ? » Enjoué, Camille alluma sa cigarette et aspira une longue bouffée, avant d’exhaler tout en observant d’un air narquois Sterling qui passait visiblement les alentours aux rayons X, avant de brusquement s’interrompre. « Fouinasse, tu changeras jamais. » Camille connaissait cette manie de Sterling et l’avait toujours réprimandé à ce sujet lorsqu’il s’agissait de passer au crible les détails de l’intimité des autres, sans jamais avoir fait ressentir à Sterling que cette restriction s’appliquait aussi à lui – pour tout dire, Camille n’avait cure de ce que pouvait bien trouver Sterling dans cette pièce ; en tout cas, rien qu’il ne connut déjà.

La joie de vivre de Camille sembla toutefois s’estomper quelque peu lorsque, sans le dire explicitement mais avec suffisamment de clarté que pour saisir immédiatement de quoi il parlait, Sterling évoqua Claire. Baissant les yeux et laissant un petit silence s’installer au cours duquel il observait attentivement la fumée qu’ils soufflaient monter au plafond en se tortillant, il finit par répondre d’une voix aussi neutre que possible : « On fait aller. C’est parfois bizarre avec les gens, ça faisait longtemps qu’on n’avait plus parlé. D’ailleurs, je pense que j’ai foutu en l’air pas mal de mes relations, comme ça. » Il pensa à Evan, qui avait été sa meilleure amie et qui désormais n’était plus qu’un amer souvenir. À Charlotte, qu’il avait lâchement abandonnée le jour de l’enterrement et qu’il venait de revoir, quelques jours plus tôt, dans une ambiance malsaine tant elle était peu naturelle. « Mais bon, c’est le prix à payer, pas vrai ? De toute façon, je commence à m’y habituer, j’imagine. » S’habituer à perdre toutes les personnes qu’il aimait, mais aussi s’habituer au sentiment de manque qui suivait ces pertes et qui finissait par s’estomper, peu à peu, laissant Camille en proie à un terrible sentiment de culpabilité. Camille n’avait pas eu besoin de préciser – il n’en avait même pas la force ou le courage, car il ne voulait pas plomber l’ambiance alors qu’il venait tout juste de retrouver son meilleur ami. Il fit donc mine de ne plus se soucier du sujet comme s’il avait abondamment argumenté et qu’il n’avait plus rien à ajouter, et tenta maladroitement un changement de sujet tout en recomposant son masque joyeux et chaleureux qu’il abordait de plus en plus ces derniers temps sans que le cœur y fût réellement. « Et toi, quoi de neuf depuis le temps ? On fait parler que de moi, depuis… » il hésita, « depuis… tout ça, alors, raconte. C’est toujours l’amour fou avec ton père ? » Il avait bien sûr fallu que Camille choisisse un autre sujet des plus réjouissants. Mais il fallait croire que la joie de vivre devrait encore un peu patienter avant de faire son grand retour.


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MessageSujet: Re: between good and evil - CAMILLING. between good and evil - CAMILLING. EmptyMer 7 Déc - 21:58


S’il y avait un mot pour désigner l’amitié que je partageais avec Camille, c’était sans doute « improbable ». Oui, improbable parce que nous étions radicalement différents, et en même temps tellement proches. Il était un Alpha, et tout ce que ce statut implique : l’intelligence aiguisée, la gentillesse, le politiquement correct. J’étais le Gamma pure souche, celui qui passe plus de temps à faire la fête qu’à aller en cours, à manipuler les gens pour arriver à mes fins, à dire merde à tout ce qui ne me convenait pas. En temps qu’exacts opposés, deux solutions s’étaient offertes à nous par le passé : se détester, ou bien essayer d’apprendre l’un de l’autre, et s’apprécier. Si au début j’avais émis quelques réserves face à Camille, j’avais néanmoins rapidement baissé ma garde, après m’être assuré qu’il pouvait être digne de confiance. Être dans le même pensionnat, ça créait forcément des liens, et le nôtre avait fini par devenir indestructible. Camille était le genre d’ami qui pouvait m’appeler à quatre heures du matin, qui pouvait être à l’autre bout du monde, si jamais il avait besoin d’aide, je serai là pour lui. Tout le monde a « sa » personne, et moi, j’avais trouvé la mienne depuis quelques années déjà.

« T’as pas tort. » Acquiesçais-je. Nos petits changes de piques sur les stéréotypes de nos confréries me faisaient doucement sourire. Bien évidemment, ce n’était pas l’amour fou entre les Alpha et les Gamma, et les confréries entretenaient toutes une forme de rivalité avec les autres. Ce n’était qu’un passe-temps sympa, une façon comme une autre de se divertir. « Bien sur que non ! » M’exclamais-je, faussement offusqué. Même si au fond, mon statut de président de confrérie me permettait de bénéficier de quelques avantages, je n’irai pas jusqu’à dire que j’étais capable d’exercer une quelconque forme d’autorité sur mes confrères. Le diriger oui, les contrôler certainement pas. Je pars du principe que chacun est libre de faire ce qu’il veut ; je n’oblige personne, je n’impose pas de règle. Je n’aime pas qu’on me dise ce que j’ai à faire, et je n’imposerai donc pas ça aux autres Gamma. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette impression de laxisme apparente ne posait pas de problème intra-confrérie, et nous étions plus soudés que jamais. « C’est simplement pour donner le change. Tu sais, histoire de faire semblant de laver notre mauvaise réputation. » Ajoutais-je en souriant. « Même si bon, au fond, tout le monde sait que nous ne sommes pas fréquentables. » Concédais-je, amusé. « Toi le premier, n’est-ce pas ? » Ironie, quand tu nous tiens. Notre petit jeu sur les préjugés que les gens pouvaient avoir me faisait bien sourire. Le monde environnant était plein de théories fumeuses, abstraites, qui n’ont aucun sens. Camille et moi étions la preuve vivante qu’une bonne entente, qu’une amitié sincère et profonde était possible, quoiqu’on en dise.

Mon regard se porta sur Camille et son grand sourire narquois. J’ai légèrement secoué la tête, amusé par cette vue. « Evite les sourires narquois avec moi s’il te plait. J’ai plus envie de rire qu’autre chose. » Avouais-je sur un ton moqueur. Moi qui étais un pro du regard noir et du sourire narquois, quand je voyais Camille en faire tout autant, je ne pouvais m’empêcher de penser que ça ne collait pas. « Dans le duo, c’est toi qui es sensé être le gentil, je te rappelle. » Ce n’était pas lui, ce n’était pas son caractère, tout simplement. J’ai levé les yeux au ciel, démasqué. Décidément, l’Alpha ne me connaissait que trop bien. « Effectivement, ça me passe complètement au dessus. » La pause cigarette, ou l’instant si particulier que Camille et moi avions l’habitude de partager. Cette petite habitude, presque devenue une manie, remontait à de longues années auparavant, lorsque nous étions encore au pensionnat. J’ai levé les yeux au ciel, amusé par sa réflexion. Sur ce coup, j’avais le dos large, et je n’ai fait qu’en rajouter une couche. « Bien sur. Tu me maudiras éternellement pour ne pas avoir su résister à mes mauvaises intentions. » La mauvaise influence de Sterling. Si mon père avait été là, il aurait jubilé d’entendre les paroles de Camille. Je n’ai pas épilogué sur le sujet, trop occupé à détailler la chambre de l’Alpha. C’était une habitude que j’avais, et à laquelle je tenais tout particulièrement. Cependant, j’avais souvent tendance à oublier que ce n’était pas un ennemi, mais un ami. « Ouais, désolé. Encore une mauvaise habitude, qu’est-ce que tu veux. » Dis-je en souriant. « Note quand même que je me suis repris dans mon examen visuel, alors que j’aurais pu continuer. » Ajoutais-je, désireux de pointer du doigt ce point positif. Un petit pas diront certains, un grand pas pour moi. « Enfin, t’as de la chance que ce soit toi. Les autres n’y coupent pas. » Précisais-je. Le fait d’avoir placé ma confiance en Camille me permettait de faire abstraction de ce passage aux rayons X, parce que je savais très bien qu’il ne me trahirait pas. Mais les autres personnes, y compris celles de ma confrérie, ne bénéficiaient pas de cette chance.

N’ayant pas vu Camille depuis de longues semaines, je m’étais senti obligé de lui demander de ses nouvelles, à propos d’un sujet que nous avions pourtant l’habitude d’éviter. Sa sœur, Claire, qui était aussi la raison de sa longue absence à Berkeley. Lorsqu’il était resté à Paris, Camille en avait profité pour faire le tri dans ses amis, et pendant un moment, je m’étais demandé s’il n’allait pas finir par aussi couper les ponts avec moi. Néanmoins, il n’en avait rien été, et j’avais continué de l’appeler régulièrement. « Tu regrettes ? » Demandais-je en en fronçant les sourcils, un peu dans le flou face à sa réaction. Je ne savais pas exactement quel avait été l’étendue des dégâts dans ses diverses relations amicales, mais ça m’inquiétait. Camille n’était pas du genre à se morfondre, et pourtant, le ton qu’il adoptait me laissait penser qu’il regrettait le fait de ne pas avoir donné de nouvelles. « Je t’en prie Camille… Les gens peuvent comprendre. » Dis-je sur un ton qui se voulait rassurant. « Il n’y a pas de prix à payer pour ça, ni d’habitude à prendre. » Ajoutais-je. J’avais de la peine, quand je voyais Camille dans cet état. C’était quelqu’un qui m’était proche, mais surtout quelqu’un qui méritait d’avoir le meilleur. La perte de sa sœur l’avait beaucoup affecté, c’était évident, mais je n’aimais pas savoir qu’il était en train de se laisser couler. J’ai levé les yeux au ciel alors qu’il me demandait si c’était l’amour fou entre mon père et moi. « Tu ne crois pas si bien dire. T’sais pas le coup qu’il m’a fait il y a quelques semaines ? Style de rien, il m’a appelé, et m’a demandé de me rendre à une espèce de… J’sais pas trop quoi, un gala à la con, pour que je parvienne à convaincre un mec de s’associer avec lui. Nan mais franchement… » Mon ton exaspéré en disait long. Les relations avec mes parents n’avaient jamais été faciles ; nous avions toujours été en conflit. Selon mon père, j’étais un fils indigne, sans avenir, drogué jusqu’au bout des ongles. Sur certains aspects, il n’avait pas forcément tort. Mais l’entendre me rabâcher ça à longueur de journée avait fini par m’exaspérer. J’avais compris depuis bien longtemps que je n’étais pas le fils qu’il aurait voulu avoir. « En plus tu sais pas la dernière ! » M’exclamais-je en balançant mon mégot de cigarette par la fenêtre. « On est obligé de crécher chez les Bêta ! » Ton désabusé, yeux qui se lèvent au ciel, on pouvait remercier le doyen pour cette trouvaille débile.

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MessageSujet: Re: between good and evil - CAMILLING. between good and evil - CAMILLING. EmptyLun 12 Déc - 22:10







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Une nouvelle remarque narquoise fusa, et Camille soupira alors que Sterling abordait le sujet de sa gentillesse légendaire. Oui, bien sûr, Camille était toujours reconnu comme étant le plus gentil de leur improbable duo mais cela ne faisait pas de lui le saint que Sterling se plaisait de dépeindre lorsqu’il s’agissait de le décrire. Et les petits airs moqueurs du Gamma face à l’air narquois jugé peu crédible de Camille eurent tôt fait de prouver cette théorie. « Oh, va te faire foutre, je vais t’en donner de la gentillesse, tu vas voir. » Camille savait combien Sterling aimait se moquer de lui. il savait combien son ami jubilait lorsqu’il pouvait se servir de leur réputation à chacun pour le provoquer. Il savait que Sterling était pertinemment conscient qu’il pouvait dire tout ce qu’il voulait sans réellement énerver Cam, et il s’en donnait visiblement à cœur joie. Il faut dire que Sterling n’avait pas tout à fait tort. Camille était, en effet, bien plus gentil que son ami. Sterling, quant à lui, avait plutôt une renommée en tant que mauvaise influence. La mauvaise influence de Sterling sur Camille, c’était un autre sujet de plaisanterie entre eux. Tous deux connaissaient le rôle que jouaient leurs réputations respectives là-dedans et tout le monde savait qu’en matière de bad boy, Sterling battait Camille haut la main – cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. Pourtant, jamais on n’avait vu Camille se plaindre ou rechigner de l’attitude de son ami. Bien sûr, tout moralisateur qu’il est, il avait déjà essayé de raisonner Sterling sur quelques points, en vain. Il savait que ce n’était pas un manque de considération de Sterling, parce qu’il savait pertinemment que son ami l’écoutait toujours quand il avait quelque chose à lui dire, que ce soit avec sérieux ou ironie, mais de manière générale, l’attention était toujours présente. C’était juste que lorsqu’il s’agissait de déconseiller la drogue ou de recommander la diplomatie avec son père (qui n’avait toutefois pas grand-chose à dire pour sa défense), autant parler à un mur. Sterling l’écoutait, mais Camille ne s’attendait pas à ce qu’il suive ses conseils à la lettre – ou même qu’il les suive du tout. Mais de là à craindre l’influence de Sterling… c’était autre chose. À vrai dire, Cam n’avait presque jamais eu à se plaindre de son ami et les disputes avaient toujours été rares, voire quasiment inexistantes. Si les habitudes de Sterling faisaient parfois de lui un personnage peu recommandable aux yeux du parent moyen, il n’en restait pas moins un ami formidable et n’avait jamais poussé Camille à reprendre la moindre de ses habitudes qui ne plairait pas à celui-ci. La cigarette était pour ainsi dire le seul vice transmis de l’un à l’autre, et encore, car Sterling n’avait fait qu’instaurer un rituel auparavant rare mais déjà existant chez Camille. Et il serait lâche de dire que c’était sous la seule influence de Sterling que Camille avait commencé à fumer – un peu trop facile, non ? Pourtant, Camille aimait taquiner Sterling à ce sujet. Il se complaisait à lui reprocher d’être coupable de ce seul vice qu’il s’était accordé sans rien tenter d’y faire, bien qu’il fût conscient à quel point la cigarette était nocive pour lui et qu’il ait l’habitude de vivre aussi sainement que possible. « Je te maudis déjà, t’en fais pas pour ça. Tu peux être fier de toi. » Sourire, tirer une taffe, exhaler la fumée. Quoi de plus ironique que de dénoncer les méfaits de la cigarette tout en se remplissant les voies respiratoires de nicotine et de goudron ?

Ce fut à un Camille déjà à nouveau perdu dans ses pensées que Sterling répondit. Et l’Alpha de répondre, esquissant toujours son légendaire sourire qui lui attirait autant de taquineries que de soupirs énamourés : « Je suis fier de toi, on n’arrête pas le progrès. Et je suis très honoré de faire partie de l’élite. » Si les sarcasmes et les airs narquois n’allaient pas à Camille, pour la simple raison qu’il était trop gentil pour cela, l’ironie lui allait comme un gant. Et c’était sans doute comme ça qu’il avait toujours pu endurer et répondre aux piques de ses amis, en particulier un certain Gamma aux cheveux blonds. « De toute façon je sais pas ce que t’aurais pu trouver ici… A mon avis tu connais à peu près chaque recoin de cette pièce par cœur, tu sais même où est la beuh… médicale, s’entend. » Une autre petite vanne qui faisait partie du folklore. Bien sûr, les cigarettes, c’était politiquement correct, mais lorsqu’il s’agissait de fumer autre chose… Camille n’était pas un gros fumeur, loin de là, mais, comme Sterling, mais dans des proportions nettement moindres, il avait son petit stock de détente. La première fois que la planque fut découverte non sans étonnement, Camille avait prétexté sans cligner des yeux que c’était purement médical. Le tout prononcé avec un grand sourire niais et ironique. Mais c’était tellement plus honorable, surtout pour un Alpha, d’avoir une excuse de la sorte, pas vrai ?


Et si les deux amis étaient toujours prêts à dire les plus grandes bêtises, il en allait de même lorsqu’il s’agissait de s’apporter du réconfort. La réaction de Sterling face aux aveux faits quelque peu à contrecœur par Camille réconforta le jeune homme. C’était sans doute la raison pour laquelle il n’avait jamais eu de mal à rester en contact avec Sterling. Pas de questions oppressantes et indiscrètes, pas de remarques grandiloquentes, juste ce qu’il fallait de réconfort et de sincérité. Selon Sterling, les gens pouvaient comprendre. Pourtant, ils avaient prouvé le contraire à Camille. Il fallait dire que, lors de son retour à Berkeley, il était encore dans un sale état, bien pire que celui dans lequel il se trouvait aujourd’hui, maintenant qu’il tournait peu à peu la page sur la mort de sa sœur. Mais au moment où il était revenu à Berkeley, Camille n’avait pas fait le moindre effort non plus. Il avait espéré que ses amis s’en chargent à sa place ; eh bien, il fut amèrement déçu, et c’est le moins que l’on puisse dire. Pourtant, Camille n’en voulait plus à ses amis, ou plutôt, ses anciens amis. Il savait qu’il avait sa part de responsabilité et avait appris à faire avec. La compassion et la compréhension n’étaient sans doute pas les principales qualités que l’on attribuait à Sterling, pourtant, il en avait fait preuve du début à la fin à l’égard de Camille et c’était sans doute cela qui avait sauvé leur amitié du destin auquel la majorité des relations de Camille avaient été vouées ces derniers temps. « Tout le monde n’est pas comme toi, Sterling. Et j’ai ma part de responsabilité aussi. J’ai pas assuré, je le sais très bien. Mais ce sont des choses qui arrivent, pas vrai ? » Camille sourit d’un air qui se voulait sincère et crut y être parvenu même s’il n’était pas inconscient qu’une once de tristesse s’était toutefois immiscée dans son expression. « T’en fais pas pour moi, okay ? T’en as déjà fait bien assez et je pourrai jamais assez te remercier. Je vais mieux, vraiment. Et c’est en grande partie parce que t’as été là. » Les déclarations du genre, ce n’était pas vraiment le style de Camille. Il les réservait généralement à des personnes qui n’avaient pas peur de les entendre, comprenez par là des filles. Dire une phrase du genre à un ami homme, c’était tout de suite plus délicat. Mais Camille pensait chaque mot qu’il avait prononcé et il tenait à ce que Sterling sache combien il lui était reconnaissant d’avoir été présent, et ce, du début à la fin.

Ce fut un véritable soulagement de voir la conversation s’animer à nouveau lorsque, exaspéré, Sterling raconta ses dernières frasques avec son père. Camille esquissa un large sourire, cette fois-ci avec toute la sincérité du monde. « C’est pas vrai ! T’as été sympa cette fois-ci, j’espère ? » Question stupide pour la simple et bonne raison que Camille connaissait la réponse déjà longtemps avant de l’avoir posée. Il jubilait juste lorsqu’il obtenait l’occasion de voir l’exaspération grandir sur le visage de son ami. Mais Sterling n’eut pas besoin d’une telle provocation pour s’agacer, car la nouvelle qu’il annonça s’en chargea. Camille resta bouche bée quelques instants, avant de partir d’un grand éclat de rire, à la fois moqueur, incrédule et compatissant. « C’est une blague ? Les Bêta, sérieux ? Merde, ça craint, ça ! Toutes mes condoléances, comment ça se fait ? Ils sont devenus fous ? » S’il y avait une chose que les Alpha et les Gamma partageaient, c’était leur opinion par rapport à la confrérie la plus superficielle de l’université. Les motivations et les manières de mépriser les Bêta étaient sans doute différentes chez les deux confréries, mais le principe était le même. Et les Bêta étaient sans doute un des rares sujets sur lesquels Camille et Sterling n’avaient jamais connu de désaccord. « Pas étonnant que tu sois désespéré au point de venir te changer les idées chez les Alpha… Il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour alléger ta souffrance ? » Certes, le terme était un peu exagéré, mais c’était voulu. Toujours allier compassion et ironie, toujours.


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between good and evil - CAMILLING. Empty
MessageSujet: Re: between good and evil - CAMILLING. between good and evil - CAMILLING. EmptyLun 26 Déc - 23:02


Je n’avais jamais vraiment compris pourquoi je m’étais si bien entendu avec Camille. Après tout, qu’avions-nous en commun, si ce n’est un passage dans un pensionnat Anglais réputé pour être strict ? Parfois, il m’arrivait de m’interroger quant à cette relation. Et si jamais nous ne nous étions pas rencontrés en Angleterre, aurions-nous été aussi proches ? Nous connaîtrions-nous ? Pour être tout à fait honnête, j’en doutais. Je n’étais pas le type sociable par excellence, je ne m’intéressais pas à grand-chose, et je passais le plus clair de mon temps retranché parmi les miens. Niveau ouverture et sociabilité, on a vu mieux. Quant à Camille, vu ses récents déboires, il n’était pas non plus un modèle en matière de sociabilité et d’ouverture au monde, mais c’était plus que compréhensible. Disons que contrairement à moi, il avait des circonstances atténuantes. A nous deux, on faisait la paire – de bras cassés, j’en conviens. A la réflexion, je crois que c’est la période, peut-être l’âge, l’insouciance, qui ont permis que Camille et moi en venions à nous raconter nos petits secrets, et à être les deux meilleurs amis du monde. Il n’était pas encore trop renfermé, je n’étais encore pas trop méfiant. L’équation avait été parfaite, et la résolution encore plus simple : nous nous étions trouvés, et jamais quittés. Et je devais bien reconnaître qu’il était agréable de savoir que quelque part, j’avais un ami, un véritable ami, sur qui je pouvais compter, quoiqu’il arrive. « Vulgaire, en plus ! » M’exclamais-je, faussement indigné à l’entente de ses paroles. « Elle est loin, l’innocence qui t’animait quand on s’est rencontré… » Dis-je en souriant, amusé. D’ailleurs, la mienne aussi était loin. Nous n’étions plus les deux gamins que nous avions été, ceux qui faisaient le mur pour vagabonder dans les ruelles noires, sombres et peu fréquentables de Londres, ou ceux qui frémissaient d’excitation et de plaisir à l’idée de sécher deux pauvres heures de cours. L’adolescence, et les premiers pas vers une vie d’adulte, avait finalement du bon, avec le recul. Nous avions tous les deux grandis, pris en maturité, vécu des expériences qui nous avaient fait évoluer. Malgré le temps, malgré les erreurs, malgré les souffrances, malgré les peines, notre duo avait tenu, traversé le temps, infaillible, et capable d’affronter toutes les tempêtes. Plus qu’une amitié, presque une fraternité, mais avant tout une fierté. C’est grâce à ce statut d’amitié parfaite et irréprochable que Camille et moi pouvions nous permettre de nous taquiner sans craindre une mauvaise réaction, ou une réaction surjouée. Nous étions bien au dessus des critiques, des piques, et notre art de la dérision n’était plus à prouver. « Maudis-moi, maudis-moi, tu as raison. Je te signale que grâce à moi, ta place en Enfer est réservée, juste à côté de la mienne. » Dis-je en souriant. Bien sur que j’étais fier de ma petite connerie. High five buddy, nous allions être ensemble jusque dans les tréfonds de la terre. Non pas que je sois quelqu’un de particulièrement croyant, et encore moins pratiquant, mais savoir que je ne serai jamais seul avait un aspect rassurant. A croire que malgré mon manque évident de sociabilité, j’avais quand même besoin d’un ami pour avancer. Sterling, où l’art d’être contradictoire.

L’ironie dont Camille faisait parfois preuve, comme c’était le cas en ce moment même, me fit sourire. Comme nous nous étions amusés à le constater, chacun avait sa spécialité : il était le maître de l’ironie, j’étais le pro des sarcasmes. Son petit sourire planté sur les lèvres n’enlevait rien au charme de ses taquineries ironiques. J’ai fait un geste de la main, comme pour lui indiquer que ses petites attaques me passaient au dessus. « Exact. Je ne sais pas si c’est un tort ou une qualité, mais bon… » Dis-je en souriant, amusé. « Tu ferais peut-être bien de mieux cacher tes réserves, mon cher. Parole d’un connaisseur. » Assurais-je. Non pas que j’avais un jour été embêté par les autorités Berkeléennes à ce propos, mais vu le nouveau doyen que l’on venait de nous coller, les choses risquaient de se dégrader rapidement. Ce dernier faisait tout son possible pour nous pourrir la vie, à croire qu’il était frustré à cause de je ne sais quoi. Sans doute était-il un cas psychologique intéressant. « D’ailleurs, je croyais que tu avais arrêté tes petites activités de fumette… A moins que tu sois encore malade ? » Questionnais-je, faussement inquiet. La première fois que j’étais tombé – involontairement, je tiens à le préciser – sur ses petites réserves personnelles, Camille avait tenté – ou plutôt osé – prétexter que c’était pour une raison purement médicale. Franchement, face à moi, tenter de se trouver des circonstances atténuantes ? C’était peine perdue. Je n’allais certainement pas lui faire des remarques désobligeantes quant à ses petites habitudes officieuses illégales ; j’étais plus que mal placé pour ça. Ça m’avait fait sourire, et finalement, cette petite « excuse » médicale était restée.

Si les futilités fusaient souvent entre Camille et moi, il n’en restait pas moins que nous savions aussi nous montrer sérieux. La famille, pour Camille, et plus précisément sa sœur, avait toujours été un sujet important, parfois sensible. Je ne savais pas ce qu’il en était pour ses parents ; en revanche, en ce qui concerne sa sœur, je n’avais pu que constater l’importance, voire même la beauté de leur lien fraternel. Fils unique, je n’avais jamais connu les joies d’être le complice d’une petite sœur. Je ne pouvais donc que supposer, imaginer et compatir en ce qui concernait la douleur d’une perte fraternelle. Quoiqu’il en soit, je resterai là pour lui. Envers et contre tous, peu importe ce qu’il arrive. Ça aurait presque pu être notre devise. « Camille, Camille, Camille. » Commençais-je, sur le point de le raisonner. Ton plus sérieux, voix plus posée. En restant objectif, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il ne méritait pas de s’infliger tant de souffrances. Voir qu’il prenait la place de martyre me faisait de la peine. Il avait déjà suffisamment morflé comme ça, non ? L’intolérance et le manque de compréhension des gens me laissaient parfois sans voix, et amer. Camille ne méritait vraiment pas ce qui lui arrivait ; c’était quelqu’un de bien, qui avait commis quelques erreurs suite à une blessure familiale. On ne pouvait pas lui en vouloir, à moins que l’on soit vraiment stupide. « Au cas où tu l’aurais oublié, tu avais des circonstances atténuantes. » Lâchais-je en plantant mon regard dans le sien. Sa piètre opinion de lui-même me laissait sans voix, et je comptais bien remédier à cela. Au les cœurs Camille, Sterling is here ! « Ça n’arrive pas quand les gens ont un minimum de tolérance et de sympathie. » Dis-je en roulant des yeux. Ma réaction en disait long quant à ce que je pensais. Le sourire que Camille m’adressa pour me rassurer n’eut aucun effet. Je n’allais pas me laisser avoir par des sourires entendus et enjôleurs. « Je trouve que c’est un peu facile de me demander ça… » Commençais-je en haussant les épaules, peu convaincu, malgré la sincérité de ses propos. Pour moi, il était clair que mon ami avait toujours besoin de moi, malgré tout ce qu’il pouvait dire. Je le croyais quand il disait qu’il allait mieux, mais je savais aussi que le décès de sa sœur l’avait fragilisé, probablement à jamais. J’étais prêt à veiller sur lui le temps qu’il fallait, le temps que ses blessures cicatrisent. J’étais presque certain qu’il en ferait autant pour moi, si la situation avait été inversée. « Je ne compte pas te lâcher aussi facilement. Tu ne crois pas que c’est l’occasion unique pour faire le tri ? » Demandais-je, légèrement gêné. « Faire le tri » n’était sans doute pas l’expression la mieux choisie pour parler des soi-disant amis de Camille, qui s’étaient à mon avis trop rapidement et trop facilement détournés de lui. Les gens qui vous lâchent et se détournent de vous à la première occasion, je n’appelais pas ça des amis, mais plutôt des connaissances. Autrement dit, pour moi, ces personnes n’avaient aucun intérêt.

Passant à un sujet beaucoup plus léger – quoique -, je n’ai pu m’empêcher de lever les yeux au ciel face au sourire de Camille. « Sympa n’est pas vraiment le mot qui convient. » Contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, pour une fois, je n’avais pas envoyé mon père sur le rose, ce qui était plutôt inhabituel. Ma réaction n’avait que fait écho au propre comportement de mon père, complètement contradictoire à celui qu’il avait auparavant. Sa voix hésitante m’avait fait jubiler. Tout ça pour que j’aille convaincre un vieux tout rabougri de signer un contrat… « Disons plutôt que j’ai accepté de faire ce qu’il m’a demandé. La commission promise était plus qu’alléchante. » J’avais dû négocier, mais comme souvent, j’étais parvenu à mes fins. Il faut parfois savoir faire quelques sacrifices, n’est-ce pas ? D’ailleurs, ce repas d’affaire avait été plus court que je ne l’avais imaginé ; en m’y rendant, j’avais croisé Cadence Levy-Carcenac, aussi dite « la garce » sur mon chemin. « La Levy-Carcenac est dans les parages. T’étais au courant ? » Demandais-je. J’avais eu du mal à me faire à l’idée que cette blondasse ingrate étudiait dans la même université que moi. Camille devait très probablement se souvenir qu’elle était la cause de mon arrivée au pensionnat. « A trop jouer avec le feu, on finit par se brûler » : jamais ce proverbe n’avait été aussi vrai. Il avait simplement fallu d’un briquet, d’un rideau un peu trop près, et voilà que j’étais devenu le pire pyromane machiavélique du monde. Pour une fois que je n’avais rien fait, en plus… Le monde était bien petit, parfois. Et dangereux, aussi, si on en croyait la décision brutale et délirante de notre nouveau doyen. Mélanger les Bêta et les Gamma ? Mauvaise idée, très mauvaise idée même. Mais il était resté sourd à toutes mes protestations. Officiellement, il voulait rapprocher les deux confréries ennemies. Mais officieusement, nous savions tous pertinemment qu’il voulait envenimer les choses, et déclencher la Troisième Guerre Mondiale. Tant pis pour lui, après tout, c’était à ses risques et périls. « Non non, malheureusement, c’est bel et bien la nouvelle idée géniaaaaale de notre doyen. » Dis-je en roulant des yeux, insistant sur l’adjectif. Ironie, quand tu nous tiens… Depuis que le doyen avait débarqué, il avait pris un malin plaisir à tout chambouler. S’il se pensait révolutionnaire, il se foutait le doigt dans l’œil… D’autres avant lui s’étaient laissés aller à une volonté de bouleverser les vieilles rancœurs entre les élèves, à vouloir réunir deux confréries opposés. Ils s’y étaient tous cassés les dents, et il n’y avait aucune raison pour qu’avec ce nouveau, les choses se passent autrement. « Crois-moi, on ne va pas se laisser faire par une bande de princesses prétentieuses. Et encore moins par les sosies de Ken, hors de question. » Déterminé ? Totalement. Depuis que nous avions intégré la confrérie Bêta - Delta, les incidents s’étaient multipliés. Rien de bien grave, évidemment, mais je croyais avoir compris qu’ils avaient moyennement apprécié que leur salle commune se retrouve peinte en marron. J’ai eu un sourire amusé en entendant la question, à la fois compatissante et ironique de Camille. « J’aurais imaginé te dire que oui… Mais en fait, non. » Lâchais-je en soupirant. « Sauf écouter mes lamentations, bien entendu. » Précisais-je en souriant. Non pas que je sois du genre à me plaindre, mais ces derniers temps, j’avais l’étrange impression que rien ne tournait rond. « Mais sait-on jamais… Tu n’aurais pas une petite idée de plan, histoire d’énerver les personnes les plus superficielles de l’université ? En sachant que la livraison de Barbie a déjà été faite, et que les chambres de mecs ont déjà été tapissées par du gel. » Enonçais-je. Il faut dire que depuis que nous avions intégré le camp ennemi, les personnes aux imaginations débordantes avaient pu s’en donner à cœur joie.
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MessageSujet: Re: between good and evil - CAMILLING. between good and evil - CAMILLING. EmptyJeu 23 Fév - 2:36







It is better to be in chains with friends ,
than to be in a garden with strangers.




Camille esquissa un sourire aussi sardonique qu’incrédule à l’entente de la remarque faussement désabusée de Sterling. Il osait parler d’innocence ? Il était bien mal placé pour se plaindre de l’absence de cette qualité, alors qu’il avait été le principal responsable de sa disparition chez son ami. « Ouais, et je me demande bien à cause de qui ça a pu arriver… », répliqua Camille, aussi ironique qu’à l’accoutumée. En arrivant au pensionnat, comme le disait si justement Sterling, Camille était plus clean qu’on ne puisse réellement l’imaginer. Certes, maintenant qu’il était président de sa confrérie, réputée pour être studieuse et irréprochable au niveau du comportement, on avait plutôt du mal à imaginer qu’il puisse faire quoi que ce soit de reprochable, mais quiconque connaissait Camille pouvait affirmer sans l’ombre d’un doute que le jeune homme était bien moins irréprochable qu’il en avait l’air. Certes, il était réellement adorable et sincèrement bienveillant, du genre généreux et sincère, des qualités qu’on percevait bien moins facilement au premier abord chez son meilleur ami. Mais Camille avait également son lot de conneries au compteur, et si les plus puritains avaient plutôt tendance à se focaliser sur la perte de sa virginité avant le mariage, son goût pour l’alcool plus ou moins fort, que ce soit pour les grandes occasions ou non, son addiction indéniable à la cigarette et celle, moins prononcée, au cannabis, ses réels défauts et faux pas avaient plutôt été constatables au cours des derniers mois. Sterling avait beau parler de circonstances atténuantes, Camille n’en avait pas moins brisé le cœur de sa petite amie, au passage sans aucun doute l’amour de sa vie, Chuck, il n’avait pas été un ami exemplaire, et n’avait pas fait des masses d’efforts aux retrouvailles, en particulier celles avec Evan, qui s’était montrée plus que volontaire à l’idée de reconstruire leur amitié, une idée que Camille avait négligemment balayée avec des excuses très peu valables. Bref, ces derniers temps, Camille s’était montré plus égoïste qu’il aurait cru pouvoir être un jour, et il en payait aujourd’hui le prix. Pas aussi blanc et parfait qu’il n’y paraissait, donc. Mais en arrivant à ce pensionnat, des années et des années auparavant, Camille était bien moins imparfait. Le seul tort que pouvaient lui reprocher les puritains était le sexe avant le mariage, et quelques grosses gueules de bois le lendemain de soirées un peu trop alcoolisées, mais en dehors de ça, le jeune homme était des plus clean. Ça, c’était avant de rencontrer Sterling. Sterling, qui l’avait initié à ce qu’il se plaisait à appeler « les joies de la vie ». Camille avait commencé à fumer, à boire plus, à fumer des joints en plus de la cigarette, à goûter aux histoires d’un soir. Cela paraissait certes extrême, décrit de cette manière, mais il faut dire qu’il n’était pas non plus le type le plus influençable au monde et que si Cam n’en avait pas eu envie, il n’aurait jamais accepté de suivre la trace de son ami. Il allait même plus loin en affirmant à chaque fois qu’on lui posait la question qu’il ne regrettait aucunement d’avoir laissé Sterling lui montrer sa vision de la vie, du moins en ce qui concernait ces domaines-là. Tout ce qu’il regrettait, c’était la cigarette, et il se maudissait jour après jour de ne pas parvenir à s’arrêter. Mais il serait bien hypocrite d’accuser Sterling et de le porter responsable pour son addiction à la cigarette. Après tout, Camille avait commencé à fumer de son plein gré. Mais en attendant, l’innocence, elle, s’était envolée sans autre forme de procès, et grâce à Sterling, ou à cause de lui, en fonction des points de vue, l’ancien Camille avait peu à peu fait place à l’actuel, toutefois bien moins dépravé que son acolyte Gamma. « Parle pour toi, y a pas d’Enfer chez les juifs, et entre la poussière et les vers, ou me faire rôtir les fesses pour le reste de l’éternité, je choisis la poussière… quoique, c’est peut-être pas si mal, finir sur le barbecue à deux… Surtout s’il y a des Bêta pour nous distraire. » renchérit Camille, servant à Sterling une réponse tout aussi pertinente que la remarque que celui-ci lui avait faite.

Arquant un sourcil à l’entente de la remarque de Sterling, Camille devina que celui-ci avait connu un quelconque problème avec le doyen, qui avait déjà fait de nombreux adeptes depuis son arrivée – ou pas. « Ils n’oseraient quand même pas venir faire chier un président de confrérie, tu crois ? Surtout que, désolé de le dire, mais ma confrérie est bien mieux vue par ce bon vieux Freddy que la tienne… Mais si t’y tiens, je ferai comme Harry Potter et je me lance à la recherche d’une planche amovible dans le plancher pour y planquer tout ce qu’il y a de compromettant. » C’est-à-dire pas grand-chose, mais bien assez pour lui attirer des problèmes et, dans tous les cas, lui retirer ses responsabilités de président de confrérie si on découvrait quoi que ce soit. Camille rit en entendant la suite, et fut ensuite pris d’une quinte de toux – qui n’avait, soit dit en passant, rien d’authentique, même si Camille excellait dans la simulation de symptômes divers. « Je pense que j’ai attrapé une grosse pneumonie… » Fumer de l’herbe pour soigner ses poumons, c’était un remède excellent, cela ne faisait aucun doute. Camille eut un petit sourire coupable, conscient qu’il allait s’en prendre plein la gueule, et que Sterling s’en donnerait à cœur joie dès lors qu’il aurait remarqué que Camille, au lieu de s’exprimer avec son ironie habituelle, avait cette fois-ci commis une belle bourde en citant une mauvaise maladie, sans doute la pire qui fût pour se justifier – mais bon, après tout, ce n’était pas comme si Cam avait eu la moindre crédibilité dès le début de cette histoire.

Le brusque changement de ton de la conversation, qui avait pris un tournant bien plus sérieux, n’était pas peu familier à Camille. En effet, il était fréquent que lui et Sterling passent du coq à l’âne, et ce, peu importe le sujet de conversation qu’ils étaient en train d’aborder. C’était sans doute pour cela que les deux amis pouvaient tout se dire : ils étaient là pour l’autre en temps de joie et de délire tout comme lorsque l’un d’eux avait une épaule sur laquelle se reposer et une oreille attentive pour l’écouter. Sans être spécialement démonstratif, Sterling s’était toujours révélé être un ami hors pair et toujours présent, peu importaient les circonstances. Et surtout, c’était dans ces moments-là que l’on pouvait remarquer combien le jeune homme, en lequel la plupart des personnes ne voyaient qu’un junkie antipathique, était sage et réfléchi. Jamais ses conseils n’avaient causé du tort à Camille, qui, au fil du temps, avait pris l’habitude de les suivre même lorsqu’il n’était pas sûr de leur pertinence. Sterling ne l’avait encore jamais déçu, et il était bien le seul. Soupirant, Camille écouta les paroles de son ami et ne put s’empêcher de répondre d’une voix lasse : « Ouais, ben, les circonstances n’ont pas l’air d’atténuer suffisamment pour eux, il faut croire. » La suite fut difficile à entendre, non seulement parce que Sterling qualifiait les amis, ou plutôt, anciens amis, de Camille d’intolérants qui manquaient de sympathie, mais aussi parce que Camille savait qu’il avait raison, et que c’était difficile pour le jeune homme de se l’avouer. C’était sans aucun doute un énorme échec que d’avoir à s’avouer que tous ses amis n’en valent de toute évidence pas la peine, et de voir à quoi ont abouti des mois, parfois même des années d’amitié que l’on aurait autrefois crue infaillible et ineffable. Mais de toute évidence, la seule amitié de Camille qui avait réellement tenu le coup au long des épreuves qu’avait traversées l’Alpha, la seule qui était restée la même indépendamment des coups qu’elle avait dû encaisser, c’était celle qu’il partageait avec Sterling. Ce même Sterling qui l’avait soutenu alors que tous les autres lui avaient tourné le dos, qui lui annonçait qu’il ne le laisserait jamais tomber, et qui lui suggérait de faire le tri, une bonne fois pour toutes. Il avait raison, du début à la fin, et Camille le savait. Mais cela ne rendait aucunement les choses plus faciles pour celui-ci. « Faire le tri… » répéta Camille avec un petit rire amer et dépourvu de joie. « C’est le cas de le dire, ouais… Et t’as raison, je me suis rendu compte qu’une bonne partie d’entre eux n’en valaient pas la peine, mais c’était pas spécialement facile à encaisser. » Camille marqua une pause de quelques secondes, ferma les yeux en s’exhortant au calme avant de poursuivre. « Mais le plus douloureux… ça a été Evan. » Camille devina que Sterling s’apprêtait à lui rétorquer qu’Evan non plus n’en valait pas la peine si elle avait mis fin à leur amitié et se hâta d’achever afin d’éviter que son ami ne dise quoi que ce soit d’erroné au sujet de son ancienne meilleure amie – malgré toute l’amertume que Camille éprouvait à l’égard d’Evan, il savait qu’il ne supporterait pas d’entendre quelqu’un dire du mal d’elle, même si c’était Sterling. « Oh non, elle n’était pas comme les autres, elle voulait même qu’on recommence à zéro, qu’on reparte sur de nouvelles bases… Cette fois, c’était bien moi le fautif. Et ça me tue de l’avouer, mais quand elle a fini par me dire que le jour où je me rendrais compte de mon erreur, elle ne serait plus là… ça m’a vraiment tué. » Camille se tut, repensant avec tristesse à Evan, qui avait été sa première amie à Berkeley, sa correspondante, qui avait toujours été là pour lui, une sorte de Sterling au féminin, à la différence près qu’elle avait fini par s’éloigner de lui lorsqu’ils étaient à Paris, peu avant la mort de Claire, car elle était trop occupée par ses histoires de cœur. Evan avait très mal pris le fait que Cam ne lui ait rien dit quant à la mort de Claire, mais elle avait quand même été prête à rebâtir leur amitié – et, tous les jours, Camille regrettait d’avoir laissé sa fierté l’emporter et d’avoir rejeté la proposition de son amie, qui n’étai désormais plus qu’un amer souvenir.

En entendant le ton sarcastique de Sterling reprendre le dessus, ce qui était bien plus habituel, Camille ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. « Tu m’étonnes. » répliqua-t-il, avant de froncer les sourcils en entendant Sterling poursuivre, parlant d’un deal qui ne semblait pas des plus catholiques. « Je suis pas sûr de vouloir entendre la réponse, mais qu’est-ce que tu mijotes encore ? » Mais en entendant la suite, Camille sentit son estomac se renverser, faisant brusquement un lien entre deux choses évidentes qu’il n’avait pourtant jamais associées auparavant. « Vraiment ? Non, je savais pas… » répondit-il, s’efforçant de paraître le plus naturel possible. Il détourna le regard, espérant ne rien avoir laissé transparaître. Dans son estomac, une boule grandissait depuis que Sterling avait prononcé le nom de Cadence. Camille n’était pas étranger à l’histoire de la jolie blonde avec Sterling, et comprenait pourquoi celui-ci avait toutes les raisons de la haïr. Il faut dire que la jeune femme n’était pas des plus charmantes… Mais Camille, lui aussi, avait eu droit à son lot de Levy-Carcenac. Il avait juste été extrêmement stupide de ne jamais voir le lien entre les deux… Heureusement pour Camille, Sterling était repassé au sujet de la véritable guerre qui avait lieu entre les Gammas et les Bêtas, et le jeune homme put à nouveau respirer. Il sourit en voyant l’énervement que provoquait de toute évidence l’idée du Doyen chez Sterling, et ne pouvait que comprendre son ami. « Je veux bien le croire. D’ailleurs, tu as ma bénédiction. J’ai jamais compris l’utilité de faire une confrérie pour les personnes dépourvues de cerveau, dans une université. » C’était certes assez cruel et radical de définir ainsi les Bêtas, mais Camille n’avait pu s’en empêcher. Certes, les Alphas étaient censés être tolérants et ne pas porter de jugement sur autrui sans raison valable mais Camille n’arrivait tout simplement pas à supporter cette confrérie, qu’il trouvait superficielle et sans intérêt. « Lamente-toi, lamente-toi… À mon tour de te servir de boîte de mouchoirs. » sourit Camille, avant de réaliser ce qu’il venait de dire et d’ajouter « Pour te moucher, s’entend. Rien d’autre. » Esquissant un sourire qui s’élargit en visualisant les bassesses que décrivait Sterling, Camille réfléchit quelques instants avant de parler. « Je suis un gentil moi, je ne fais pas de crasses aux autres. Mais regarde Mean Girls, c’est le guide des coups bas entre nanas écervelées. Et sinon, remplir les tubes de dentifrice de gel pour les pieds, c’est éprouvant mais vraiment gratifiant. Surtout qu’on ne peut pas les distinguer à l’odeur – succès garanti. » Comment ça, ça sentait le vécu ? Camille soutenait pourtant qu’il était trop gentil pour assener ce genre de crasses à quiconque. Pourtant, Sterling n’allait pas tarder à apprendre que des crasses, Camille lui en avait faites, du moins une, et pas des moindres, même si ce n’était en aucun cas volontaire… « Dis, Ster… À propos de Cadence… Faut que je te dise un truc. » Camille aurait préféré éviter le sujet, mais il ne supportait pas de mentir à son ami, même si c’était par omission – et même s’il se doutait que Sterling n’allait pas très bien prendre ce qu’il allait entendre.


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MessageSujet: Re: between good and evil - CAMILLING. between good and evil - CAMILLING. EmptyMar 6 Mar - 9:43


J’étais bien placé, moi le dépravé, pour parler d’innocence à Camille. Nous l’avions perdue bien des années plus tôt, alors que nous étions toujours au pensionnat ; toujours fourrés ensemble, nous avions fait les quatre cents coups, ce qui nous avait valu de nombreuses réprimandes. Je ne comptais plus les après-midis que j’avais passés en tête à tête avec un pion, pour faire une colle. Mais je ne regrettais rien, vraiment rien. « Si tu penses me faire culpabiliser comme ça, tu rêves… » Dis-je en roulant des yeux, me moquant ouvertement de mon ami. Franchement, si j’avais été du genre à m’excuser, ou à prendre la responsabilité des choses à la place des autres, Camille serait le premier au courant. Et comme actuellement, ce n’était pas le cas, le pauvre bichon n’avait plus qu’à assumer les conséquences de ses actes. « Viens me le dire de profil, si t’es un homme. » Lâchais-je en souriant, répétant mot pour mot les dires d’Amonbeaufils dans Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre. Hommage à la grande culture cinématographique française, ça, c’était fait. Certes, j’avais déjà été plus mature et plus sérieux, mais la discussion ne se prêtait pas à un débat poussé. A moins que… J’ai pointé un doigt moqueur sur lui, laissant échapper un petit rire, alors qu’il évoquait la religion. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’était pas mon domaine de prédilection. En fait, pour être tout à fait honnête, c’était un sujet que j’évitais habillement, la plupart du temps. J’avais bien du mal à comprendre ceux qui croyaient en une instance supérieure, qui soit disant veillait sur nous. Comment pouvait-on imaginer ce genre de choses ? Il suffisait d’ouvrir les yeux pour se rendre compte que Dieu n’existait pas, et qu’on ne pouvait compter que sur soi. Pessimiste, moi ? Evidemment. « J’avoue que c’est plutôt tentant. » Dis-je en réfléchissant, déjà alléché par l’idée. Si je n’avais pas créché dans leur maudit bâtiment, je crois même que j’aurais proposé à Camille de faire une petite virée chez ses garces superficielles. Mais là, en ce moment, c’était hors de question. La seule virée que j’envisageais de faire chez elles risquait de tourner au drame, et le sang finirait par couler sur les murs. Et dire que pourtant, parfois, nous arrivions si bien à nous entendre… Il faut croire que les Delta avaient une certaine emprise sur elles. « Mais pas maintenant. » Concluais-je, sur de moi. « On en reparlera dans quelques années. » Assurais-je d’un ton très sérieux, comme si nous étions en train de parler de projets d’avenir qui nous tenaient vraiment à cœur. Voilà pourquoi j’appréciais tant Camille ; parce qu’il savait ne pas se prendre au sérieux, parce que l’humour noir passait comme une lettre à la poste, parce que nous pouvions parler de tout, même du pire, sur un ton dérisoire.

« Que dalle ! » M’exclamais-je en soupirant. En fait, c’était même le contraire ; j’avais la désagréable impression que le doyen faisait tout pour faire tomber les présidents de confrérie. Qu’est-ce qu’il souhaitait faire ? Régner en maître sur l’ensemble des étudiants ? Soumettre l’université à ses petits délires autoritaires ? Il se foutait le doigt dans l’œil, s’il pensait qu’on allait se laisser faire sans rien dire. J’avais déjà eu l’occasion de discuter avec l’autre président de confrérie Gamma, Ebony, et elle était du même avis que moi ; s’il voulait mettre en place sa monarchie, le doyen devrait se lever tôt, et on allait tout faire pour l’en empêcher. « J’ai déjà été convoqué deux fois dans son bureau, parce que, selon ses propres mots, je suis « suspect » et « louche ». » Dis-je en roulant des yeux. Inutile de revenir sur ces deux épisodes, ça me mettait encore dans une colère noire. En aucun cas, je ne remettais en cause ce jugement. Après tout, ma réputation parlait pour moi. Mais mes deux arrestations ne justifiaient rien, n’expliquaient rien ; la personne « la plus dépravée de Berkeley », selon les propres dires de Watch-Out, pouvait très bien consommer sans vendre. Chose que les flics et le doyen avaient eu du mal à comprendre. « T’en fais pas… J’ai appris à ranger les bouteilles et à vider les cendriers. » Avouais-je en riant. Nous savions tous pertinemment que l’alcool et la drogue étaient interdits dans les bâtiments de confrérie, mais nous outrepassions régulièrement cette règle dans la joie et l’allégresse. Jusqu’à maintenant, nous avions été suffisamment malins pour ne pas nous faire prendre, mais l’Eldorado risquait de tourner court, vu la détermination de notre nouveau doyen frustré. Nous allions devoir être ingénieux. Le plancher amovible serait sans doute la prochaine étape ; l’intelligence de mon Alpha préféré était parfois d’une aide précieuse. « Oui oui, minimum une pneumonie. A moins que ce ne soit la tuberculose qui te guette. » Assurais-je en souriant, faussement compatissant. Sterling, où l’ami qui sait bien vous enfoncer en se foutant ouvertement de vous. Mais bon, Camille me connaissait, et il savait qu’il ne devait pas prendre mes sarcasmes pour lui ; j’étais taquin depuis suffisamment longtemps avec lui pour qu’il soit habitué. « Tu veux peut-être que j’appelle un médecin ? » Demandais-je, me foutant ouvertement de mon ami. Le pauvre, la fumette ne lui réussissait pas. Pendant un instant, je fus tenté de lui faire une morale en bonne et due forme, mais je me suis finalement ravisé ; le connaissant, il allait me renvoyer dans mes six mètres, et le moins que l’on puisse dire, c’était que je l’aurais bien mérité. Moi, le junkie notoire, j’allais me permettre de lui faire la leçon ? Le monde à l’envers.

Notre habileté de passer d’un sujet de conversation à l’autre n’était plus à démontrer. Si j’étais moqueur et taquin quelques secondes plus tôt, je pouvais aussi me révéler être à l’écoute. Et à mon avis, Camille en avait plus besoin que jamais. Pourtant, je savais très bien que je n’étais pas un modèle, dès qu’il s’agissait d’être gentil et compatissant. A vrai dire, j’étais même plutôt cru et déterminé, bien décidé à faire entendre ma voix. Je voulais que Camille réagisse, qu’il sorte de sa profonde léthargie, qu’il arrête de se morfondre pour ce qu’il avait fait. A mon sens, il avait suffisamment payé ce départ, son manque d’intérêt pour ce – et ceux – qu’il avait laissé derrière lui. Je refusais de l’admettre clairement, à voix haute, mais ça me faisait de la peine de le voir dans cet état ; surtout pour des gens qui n’en valaient pas la peine, et qui ne semblaient pas fichus de comprendre qu’il avait pu avoir d’autres chats à fouetter. C’était dingue comme l’être humain pouvait se montrer égoïste et nombriliste, parfois. Comme si tout tournait toujours autour de la petite personne de chacun. « Le temps. Le temps, c’est le meilleur remède. » Annonçais-je, d’un ton sérieux. Si mon père avait bien réussi à m’apprendre quelque chose, c’était ça. Le temps était le remède à tout ; à la peine, à la douleur, au bonheur, à la souffrance, à la joie. Le temps faisait des miracles, cicatrisant les plaies les plus profondes, enfouissant les faits les plus gênants, enterrant les peines les plus aveuglantes. « Bien sur que ce n’est pas facile à encaisser. » Murmurais-je en haussant les épaules, mon regard s’égarant sur sa frêle silhouette. Il semblait perdu, abattu, lassé par la situation. Sous ses traits tendus, on devinait sans peine que le français souffrait de cette situation. Il était de retour, mais il avait été exclu, mis de côté par ceux qu’il avait autrefois appelé ses amis. Je comprenais sans peine la cruelle désillusion que cela devait être. Ou tout du moins, j’essayais de compatir. A vrai dire, c’était quand je voyais ce genre de situation que j’avais vraiment l’impression d’être un monstre. Je ne m’attachais pas aux gens, ou difficilement, et si jamais on avait le malheur de me la faire à l’envers, aucune seconde chance n’était envisageable, et l’Enfer commençait pour le traître. « Mais maintenant, tu sais ce que chacun vaut. » Ajoutais-je, usant des mots qui me semblaient rétablir une vérité qu’il avait comme éclipsé. J’aurais aimé le rassurer, le réconforter, lui dire que tout allait s’arranger. Sauf que malheureusement pour lui, Camille n’avait pas choisi pour meilleur ami la personne la plus rassurante du monde, ni même la plus démonstrative. Alors que Camille évoquait Evan, sa correspondante, je m’apprêtais à l’arrêter pour lui dire qu’elle était à placer dans le même sac que les autres. Mais Camille m’en empêcha, et je l’ai écouté attentivement. « D’accord, je veux bien te croire. Mais maintenant que tu as compris ton erreur, qu’est-ce que tu comptes faire ? Te morfondre ici sur ton amitié perdue ? » Demandais-je en le regardant. Se laisser sombrer n’était pas la solution, et au fond de moi, j’étais sur que mon ami le savait. Il lui faudrait peut-être juste un peu de temps pour réagir, et pour faire la démarche nécessaire. Mais si mes mots pouvaient lui servir, alors je n’allais pas en rester là. « Ce n’est pas la solution, et tu le sais très bien. Reprends contact. Explique-lui. Tu n’as rien à perdre, seulement tout à gagner. » Lâchais-je en haussant les épaules, convaincu par mon propre raisonnement.

« Je ne mijote rien, je t’assure ! Pour une fois, j’ai été un vrai saint. » Dis-je avec un sourire entendu. Et je ne mentais pas. Mon père m’avait appelé, m’avait demandé un service, et j’avais simplement négocié ma part du contrat. Hors de question de me bouger le cul si je n’avais aucune compensation financière. Puis, alors que je me remémorais la soirée qui m’avait permis d’effectuer la requête exigée par mon père, je me suis souvenu de Cadence. Cette garce avait failli tout gâcher, encore une fois. Pourtant, j’avais des choses plus importantes à faire avant de m’occuper d’elle ; il fallait que je trouve un plan – machiavélique, cela va de soi – pour pourrir la vie de mes nouveaux colocataires. Les Bêta et Delta se pavanaient bien trop à mon goût, et ça commençait sérieusement à me prendre la tête. « Bah… Disons qu’à part courir après tout ce qui bouge, ils ne savent pas faire grand-chose. » Dis-je en haussant les épaules. J’avais une piètre opinion de la confrérie verte ; seuls quelques uns étaient parvenus à me convaincre, et j’avais fini par bien m’entendre avec eux. J’ai posé un regard appuyé sur Camille, un sourire amusé aux lèvres. Cette spontanéité semblait souligner un trait naïf de son caractère. « J’avais bien compris, merci. » Assurais-je en levant les yeux au ciel. « Mean Girls, tu dis ? » Jamais entendu parler, mais si Camille me le conseillait, ce n’était pas pour rien. La culture de l’Alpha m’était bien précieuse, en ces temps de crise entre confréries ennemies. Pour quelqu’un qui était « gentil », selon ses propres mots, je constatais qu’il avait certaines idées intéressantes, et qui faisaient de lui tout, sauf un gentil. « C’est pas mal, je dois bien avouer. » Dis-je en m’imaginant déjà faire une réunion de crise dans ma chambre de président de confrérie. J’étais un peu près certain de voir les autres Gamma s’enthousiasmer pour l’idée. Après ça, la notoriété des Gamma ne serait plus à prouver, et enfin, les Bêta et les Delta pourraient la fermer.

Cadence. Toute recherche de héros passe par la recherche de son opposé, à savoir un ennemi. Cadence était la mienne ; son caractère, sa façon d’être, tout était aux antipodes de ma petite personne. Cette garce de Iota avait eu le don de me pourrir la vie depuis mon plus jeune âge. Il nous avait simplement fallu une rencontre, une seule rencontre, pour qu’elle fasse basculer mon destin à jamais. Si au début, lors de mon arrivée au pensionnat, je l’avais maudite de toutes mes forces, aujourd’hui, c’était presque le contraire. Cette punition était la meilleure chose qui me soit arrivée ; l’Angleterre m’avait fait un bien fou. J’avais quitté ma prison lugubre et détestable pour être plongé dans une prison aux barreaux dorés. Je n’avais plus eu à subir mes parents, leurs leçons de morale, et leur volonté de me moduler à leur image ; ça avait été une véritable délivrance. J’avais rencontré des gens que je fréquentais toujours actuellement, presque six ans après avoir quitté le pensionnat. J’avais fait les plus grandes conneries de ma vie là-bas ; j’avais profité comme jamais de ma jeunesse, de ma vie. Je ne pouvais donc décemment pas regretter ce passé houleux. Et tout cela, c’était le fruit de Cadence, de son caractère de chien et de son mensonge honteux. Elle avait voulu que je sois le seul coupable, et son doigt accusateur n’avait laissé aucune place aux doutes et aux soupçons. Elle avait voulu que je sois le seul puni, le seul à être blâmé ; ça avait été le cas, mais parfois, un mal vaut largement un bien. « Vas-y, balance. » Dis-je en fronçant les sourcils. Il voulait lui couper sa crinière blonde pendant son sommeil, lui mettre du poil à gratter dans ses tailleurs, lui ruiner sa réputation, et lui piquer ses vêtements pendant qu’elle était sous les douches après un entraînement ? Soit, ça me convenait, je marcherai dans toutes ses combinaisons. Tant que ça pouvait la faire rager et hurler tout ce qu’elle savait, ça me convenait. Pourtant, j’avais la désagréable impression que les nouvelles seraient moins réjouissantes que les divers scénarios que j’avais mentalement imaginés.
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