the great escape
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“ Yeah, but…this can’t be it, I mean…”

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MessageSujet: “ Yeah, but…this can’t be it, I mean…” “ Yeah, but…this can’t be it, I mean…” EmptySam 9 Fév - 16:25

“ Maybe you can afford to wait. Maybe for you there's a tomorrow. Maybe for you there's one thousand tomorrows, or three thousand, or ten, so much time you can bathe in it, roll around it, let it slide like coins through you fingers. So much time you can waste it.
But for some of us there's only today. And the truth is, you never really know. ”


Sa main sur la sienne, glacée, envoyant ces frissons qu’elle n’était parvenue à oublier dans tout son corps, troublant sa vue quelques secondes. Lui seul était capable de lui infliger pareil supplice, pareille extase en la même seconde, d’un geste aussi anodin qu’une caresse de la main. Ses prunelles restèrent fixées devant elle, évitant à grand peine de croiser son regard, de peur d’y découvrir l’une de ces étincelles de malice qui avaient habité ses prunelles des jours, des semaines, auparavant, depuis qu’ils avaient commencé ces jeux mortels. Si elle avait osé tourner la tête, elle aurait constaté que ce n’était pas le cas, et, que, tout comme elle, son regard restait rivé devant lui, incapable d’affronter le sien, peut-être, incapable d’expliquer cette soudaine impulsion. Un simple geste, innocent, à priori, mais qui pourtant signifiait bien plus qu’il n’en paraissait. Deux épaves brisées, deux de ces gouttes de pluie qui s’effondraient autour d’eux sans pour autant les toucher, coincées au milieu d’une multitude, se mêlant à d’autres sous leurs regards désapprobateurs, et pourtant finissant toujours par s’écraser ensemble, ne formant plus qu’une seule et même entité se perdant l’une dans l’autre. Si seulement ils avaient pu le constater plus tôt, si seulement ils l’avaient remarqué la dernière fois que ce geste avait été effectué, la dernière fois qu’ils avaient été dans cette situation, ensemble, sans rien ni personne autour pour constituer l’une de ces éternelles distractions à pavaner sous le nez de l’autre, poil à gratter qu’ils glissaient vicieusement dans les vêtements de l’autre afin de le voir souffrir, et s’en amuser. Mais ils en avaient été incapables, jusqu’à cet instant, leurs yeux éternellement clos, paupières refusant de s’ouvrir sur cette vérité qu’ils subissaient chaque seconde où ils apercevaient l’autre dans les bras d’une tierce personne, éternel(e) intru(e) dans le tableau de leur existence, tableau tâché, certes, mais toujours debout malgré les tempêtes.

Les yeux fermés, ils avaient choisi d’avancer à tâtons, se trompant sur toute la ligne quant à l’endroit où leurs pieds choisissaient de les emmener, évitant les sentiers battus qui les ramenaient sans cesse l’un à l’autre. Ils avaient opté tous les deux pour ces détours inutiles, ces broussailles, ces aventures sans lendemain et ces amours auxquels ils avaient osé croire une fraction de seconde de trop. Ils avaient choisi la difficulté, tout plutôt que de retomber l’un sur l’autre. Après tout ce qu’il s’était passé, il leur semblait impossible, -écœurant, pour lui, trop douloureux, pour elle-, de replonger dans ce qu’ils avaient laissé de côté à la suite d’un regrettable incident et d’une enveloppe bien trop chargée pour une jeune femme à peine sortie de l’adolescence, naïve et faible après un coma de deux jours et une surdose de médicaments la rendant aveugle aux véritables intentions d’une bourgeoise aux prunelles éclatant d’une malice familière. Leurs retrouvailles étaient impossibles, leur passé idyllique éternellement tâché de cette erreur de jeunesse, les prunelles azur de la demoiselle à jamais ancrées dans cette vision de sa main posée sur le drap blanc de l’hôpital, inerte, à chaque seconde où elle osait croiser son regard. Des explications, il n’avait même pas osé les lui demander, trop fier, trop agacé par sa simple présence sur ces mêmes terres qu’il foulait depuis bien longtemps, et qu’il avait appris à apprécier sans elle. Ces explications, elle les lui avait fournies cependant, prunelles brillantes de perles salées s’écroulant une à une sur ses joues de porcelaine, bien plus pâles que d’habitude alors qu’elle crachait ce secret qui lui avait comprimé les poumons des années durant, ce secret qui lui avait coûté leur histoire. Ce squelette enfin sorti du placard, au lieu de les libérer, s’était écroulé sur eux, les étouffant un peu plus, les empêchant de vivre, d’oublier. Ces mots n’avaient servi à rien, les perles mouillées coulant sur ses joues n’étaient pas parvenues à briser la carapace de fer qui entourait son cœur. La vérité était, quoi qu’elle dise, tout ce qu’il voyait était ces tâches sur ses mains qui avaient tenu les billets, tâches de sang qui le répugnaient, et qu’il ne pourrait oublier. Et cela, même ses mots ne parviendraient à le changer.


“you really think I didn’t say goodbye to you because I don’t care?” “That’s what it seemed like !” “I cannot believe, that after ten years, you do not know one thing about me.” “Fine, then why didn’t you say something ?” “Because it is too damn hard, Ross ! I can’t even begin to explain to you how much I’m gonna miss you. When I think about not seeing you everyday, it makes me not want to go. Okay, so if you think that I didn’t say goodbye to you because you don’t mean as much to me as anybody else, you’re wrong. It’s because you mean more, to me. So there, all right, there’s your goodbye.”



It's a small crime, and I got no excuse. La vérité était, qu’il ne comprenait pas, et ne comprendrait sans doute jamais son état d’esprit en cet instant, alors que ses mains acceptaient l’enveloppe que le diable, déguisée en femme propre sur elle, lui tendait. Elle-même était incapable de le comprendre, elle avait beau fouiller dans sa mémoire, se demander comment, pourquoi elle s’était contentée de hocher la tête, les yeux mouillés de larmes qui ne couleraient plus des années durant. C’était pour le mieux, ces mots résonnaient à chacun de ses pas, l’avaient poursuivie jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’elle se soit avancée devant cette porte, ses mains saisissant cette poignée. Tremblantes, couvertes d’hématomes, méconnaissables. Comme son propre visage, alors qu’il contemplait celui du prince inanimé. N’était-ce pas censé être l’inverse, la princesse plongée dans un profond sommeil, et le prince charmant venant à ses lèvres afin de la réveiller d’une brûlante caresse ? Non. Pas dans cette vie, pas dans cette histoire, qui n’avait rien d’un conte de fées. De longues secondes durant, elle s’était attardée sur son corps immobile, sa poitrine s’élevant au gré de ses respirations, ses paupières fermées, scellées par un charme qu’elle était incapable de lever. Les seuls pouvoirs qu’elle avait, charme irrésistible, répartie intéressante, tisseuse de mots comme personne, étaient incapables de le sauver de ce lit. Sa main n’avait pas osé attraper la sienne, à cet instant-là, bien trop honteuse peut-être, déjà, de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Jamais elle n’avait osé prononcer les mots, depuis ce jour avec le Levy-Carcenac, sur ce toit, en France, ce qui semblait désormais s’être passé des années lumières plus tôt. Presque dans une autre vie. Ses prunelles azur ne résistèrent pas bien longtemps à cette vision, se séparant finalement de ce corps qui semblait presque en vie artificielle, de cette chambre rythmée par le seul bruit de ces respirations, formant un écho dans son esprit bien plus violent que toutes les blessures du monde. La vision de celui qu’elle s’apprêtait à perdre se brouilla sous ses cils, clignant rapidement, humidifiés par les larmes qui ne voulaient la quitter. Mais elle le devait. Ou plutôt, cette main peuplée de bagues de toutes sortes l’avait poussée. Assumant qu’ils n’étaient qu’un poison l’un pour l’autre, souhaitant affirmer son pouvoir sur son fils, sur cette vie, pour sans doute une multitude d’autres raisons qu’ils ne comprendraient jamais. D’un sourire et d’une enveloppe bien garnie, elle l’avait poussée hors de cette chambre, hors de cette vie.

Tout ça, ce n’était qu’une faute d’inattention. Stanford, des années durant, avait connu leurs éclats de rire, leur règne semblant surmonter tout et tout le monde, leurs prunelles jaugeant le bas peuple, le jugeant sans la moindre vergogne, s’amusant des ridicules petits travers de la populace en ne cessant de vanter leurs propres mérites. Tout le monde rêvait d’être à leur place, mais personne n’en aurait la chance. Ils étaient tous deux incapables de se souvenir de comment l’histoire avait commencé, véritablement, comment ils s’étaient trouvés. C’était arrivé, simplement, de fil en aiguille, leurs corps s’étaient retrouvés l’un contre l’autre, dans le coin d’une pièce lors de ce que leurs fervents admirateurs en viendraient à appeler, LEUR première soirée. L’un contre l’autre, leurs cœurs palpitant à l’une de ces allures que l’on ne peut contrôler, leurs esprits réalisant qu’il était déjà bien trop tard pour réfléchir aux conséquences de leurs actes, d’un peu d’alcool et de cette nouvelle proximité euphorisante avec un inconnu. L’un contre l’autre, ils s’étaient longtemps observés. En réalité, cela ne devait avoir duré que trois secondes, timing fatal, comme toujours, mais il sembla pour beaucoup, comme pour eux, qu’ils mesuraient l’ampleur de leur acte avant même que leurs lèvres ne se touchent, lors de ces trois secondes éternelles où leurs prunelles se noyaient l’une dans l’autre pour la première fois, et prenaient conscience de tout ce qu’il pouvait, allait, se passer entre eux dès lors qu’ils réduiraient définitivement la distance entre eux. Visionnaires, ils pouvaient d’un regard voir qu’il y aurait quelque chose, quelque chose qu’ils ne contrôleraient jamais, au grand jamais. Quelque chose qu’ils voulaient éviter à tout prix, elle, depuis cette nuit sur le toit ; lui, depuis Dieu sait combien de temps. Malgré tout, ils franchirent le pas. Peut-être s’imaginaient-ils qu’ils pourraient contrôler ce qu’il se passerait le lendemain, leurs cœurs calmés et leurs corps drainés de l’alcool qu’ils avaient ingurgités jusqu’à présent. Ou, peut-être, simplement peut-être, estimaient-ils que cela pouvait en valoir la peine. Si elle choisit de s’approcher, ou si c’était lui, ils ne s’en souvenaient pas non plus. Soudainement, leurs lèvres se joignirent, se dévorèrent, se brûlèrent comme s’ils avaient attendu des années que cet instant les consume. Premier baiser, scellement d’une relation dont ils ne pouvaient, à l’époque, imaginer l’ampleur, ni même les conséquences. C’était toujours comme cela, lorsqu’ils étaient ensemble, de toute façon. Il n’y avait rien d’autre que la brûlure de leurs lèvres jointes qui les accompagnaient à chaque respiration et les faisaient se sentir vivants. Like never before. “That night, when you kissed me, I left a poem in your mouth, and you can hear some of the lines every time you breathe out. “




“It’s kind of hard, though, you know. When two people have a connexion, you know, that just seems like…such a waste.” “I hate waste” “Ross ?” “Yes ?” “Just so you know…with us, it’s never off the table.”


Elle essayait d’ignorer le drôle de parallèle que la situation aujourd’hui lui provoquait, mais elle ne pouvait garder les yeux fermés bien longtemps. Sa main n’avait pas quitté la sienne, pas encore, tout au moins, et elle essayait de s’en habituer, ses pensées voguant alors qu’ils avalaient les gouttes de pluie et leur bruit étouffé à chaque kilomètre franchi. Elle n’avait pas oublié la première fois où elle l’avait perdu, ainsi elle savourait, intérieurement, la satisfaction de l’avoir retrouvé. La douleur, l’asphalte brûlant les roues du véhicule lancé à toute allure sur cette route verglacée, un soir de février. Ils avaient vécu quelque chose qu’elle était incapable de définir, même des années après, même à présent alors qu’ils se trouvaient côte à côte, essayant de retrouver, malgré le fait qu’ils ne l’admettraient jamais, ce paradis perdu. Un sourire flotta sur son visage alors que les dernières disputes, fausses, vraies, amusantes, confuses ; les dernières soirées passées à contempler le monde de leur piédestal, avachis sur les canapés défoncés de ces appartements qu’ils connaissaient par cœur, jonchés d’étudiants dont la vue s’était floutée depuis longtemps et les propos n’avaient plus ni queue, ni tête. Mais ils avaient tout perdu, d’une seconde, d’une remarque sarcastique, d’un peu de verglas et d’une faute d’inattention, ils avaient tout perdu. De leurs lèvres jointes à l’accident de voiture qui l’avait plongé dans un profond coma, il n’y avait eu que quelques mois, mais qui semblaient des années. Toute une vie, même.

A force de jouer avec le feu, ils savaient tous deux qu’ils allaient se brûler. Ils s’étaient pourtant obstinés, lançant torche après torche enflammée, passant leurs doigts sur le bout des flammes simplement pour y sentir les picotements sur leur peau, quelques secondes, savourant l’instant ultime avant que tout ne s’effondre. Maîtres dans l’art du jeu, quel qu’il soit, et surtout refusant de baisser les bras, ils n’avaient pas pris conscience de leurs actes, ni où cela les amènerait...Dans cette même situation qu’ils avaient précisément vécue des années plus tôt. Leurs regards se croisaient, leurs lèvres se relevaient en un semblant de sourire, comme si se retrouver, assis à l’inverse de la dernière fois, avait été prévu depuis le début. Mais non, rien n’avait été planifié, mis à part les armes qu’ils avaient étalées sur cette table, armes de destruction massives utilisées à bon escient. Cette soirée, comme toutes les autres qu’ils avaient vécues depuis que ses explications étaient tombées dans l’oreille d’un sourd, borné jusqu’à la moelle ; Cette soirée qui les avaient amenés à partager ce même petit habitat, que les gouttes de pluie frappaient avec une insistance cruelle jouant avec leurs tympans jusqu’à l’explosion, était censée se dérouler comme à l’accoutumée. A coup de jalousies mortelles, de corps bien trop proches pour que leurs sens ne s’en retrouvent pas chamboulés, de baisers volés et de poignards dans le dos, ils étaient supposés faire vivre à l’autre un enfer. Mais rien ne s’était déroulé comme prévu, non, rien. D’enfer, elle était passée à l’extase de ces jours qu’ils croyaient avoir à jamais perdus. D’enfer, leurs jalousies et leurs coups bas s’étaient mues en étranges regards partagés, communication muette dont ils avaient perdu l’habitude mais qu’ils retrouvaient avec une aisance presque perturbante. Toute la nuit, leurs mains s’étaient jalousement entrelacées avec d’autres, se jouant de l’effet que ce geste si anodin pouvait avoir sur l’autre. Toute la nuit, leurs lèvres avaient parcouru avec amusement d’autres, tantôt taquines, tantôt pressantes, alors que l’alcool et le goût de la victoire s’y déposait définitivement. Elle se souvenait du verre glacé tremblant entre ses doigts alors qu’il souriait, les coins de ses lèvres se relevant machiavéliquement, schéma qu’elle avait tant de fois vécu lorsqu’ils étaient ensemble. Cette fois, ce n’était pas pour elle, l’une de ces paroles silencieuses au travers d’un simple mouvement, si naturel, de ces lèvres qui lui procuraient une multitude de frissons. Ce n’était pas l’un de ces sourires partagés, lorsqu’ils s’entendaient parfaitement sur les événements. C’était un sourire qu’il adressait à lui seul, victoire personnelle sur celle qui l’avait tant fait souffrir, bonheur de pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce des années après le drame. Bout par bout, il avait entendu la détruire, cette nuit-là. Et, des heures durant, c’était ce qu’ils s’étaient acharnés à faire, ripostant comme deux enfants se bagarrant dans un bac à sable, essayant d’enfouir la tête de l’autre dans les grains humides, dégueulasses, jusqu’à l’étouffer. Mais ils n’y arrivaient pas, ils n’y arriveraient jamais. Ils étaient tous deux aussi forts l’un que l’autre, ils ne pouvaient que se détruire, ou se reconstruire ensemble. Oh, cruel destinée d’amants maudits.

Son regard glissait sur le chemin tout tracé sur lequel ils se frayaient un chemin, main dans la main, deux enfants, deux sombres idiots dans la nuit. Elle cherchait des réponses, encore, des années après, à ses propres actes qu’elle était incapable d’expliquer. La chaleur de sa main dans la sienne, pour la première fois depuis des années, la faisait plus souffrir qu’autre chose, lui rappelant les propres brûlures qu’elle avait ressenties lors de cette soirée de février, qui les avaient amenés jusqu’ ici. Payée pour être silencieuse, payée pour être morte aux yeux de celui qu’elle avait aimé comme jamais elle n’avait osé aimer, elle sentait encore la brûlure de l’enveloppe emplie de ces billets qui étaient toujours coincés dans une boite scellée par sa propre culpabilité, au fond de son placard. Cette nuit-là, ils s’étaient détruits, encore une fois, jusqu’à se retrouver, enfin. Ses lèvres avaient trouvé les siennes dans un instant de faiblesse, et, comme ce premier baiser qu’ils avaient échangé, elle était incapable de se souvenir qui l’avait initié le premier. Ce jeu de la jalousie avait fini par connaître deux perdants. D’un regard, ils avaient retrouvé cette connexion qui semblait pendant si longtemps perdue, et, d’un regard, ils s’étaient compris. La soirée était terminée, les jeux également. Le souvenir amer de l’accident et des adieux, des explications qu’il n’avait pas acceptées, le souvenir terni de leurs premiers émois ensemble, lors de ces six mois à Stanford, tout avait disparu, s’évaporant en toile de fond de cette nouvelle construction qui s’érigeait. Ici, alors qu’elle l’avait intimé à le suivre, l’entraînant ailleurs, hors de cet enfer empli de ces armes de destruction dont ils n’avaient plus besoin. Ne réalisant pas, que, l’enfer était devant eux, et non derrière.




“ Augustus Waters talked so much that he'd interrupt you at his own funeral. And he was pretentious: Sweet Jesus Christ, that kid never took a piss without pondering the abundant metaphorical resonances of human waste production. And he was vain: I do not believe I have ever met a more physically attractive person who was more acutely aware of his own physical attractiveness.
'But I will say this: When the scientists of the future show up at my house with robot eyes and they tell me to try them on, I will tell the scientists to screw off, because I do not want to see a world without him. ”

Encore une fois, alors qu’un éclair zébrant le ciel la tira de ses pensées, elle se surprit à s’amuser du parallèle de la situation. Trois ans et six mois plus tard, l’hiver s’étirait inlassablement, comme à l’époque. Ses prunelles azur toujours rivées devant elles, coincées par la peur de croiser les siennes, elle passa sa langue sur ses lèvres ; portant toujours le souvenir cuisant de leur premier baiser, et du dernier qu’ils avaient échangé à peine quelques minutes auparavant. Sa main avait quitté la sienne, mais la brûlure demeurait, intarissable, comme ces sentiments qu’elle avait tant espéré oublier, mais qui revenaient la hanter, des années après. Ils avaient quitté la soirée le cœur explosé, et ils se retrouvaient exactement comme des années plus tôt. Sa main s’était échappée de la sienne alors qu’elle changeait de vitesse. Les gouttes de pluie ne les atteignaient pas, le toit du véhicule leur offrait une protection imperméable, cependant leur bruit les assourdissait, rendant toute conversation impossible. Ils n’avaient pas besoin de mots, cependant, pour savoir qui ils étaient, ce qu’ils faisaient, où ils allaient. Ils y allaient, ensemble, et c’était tout ce qui importait. Comme ils s’étaient détruits l’un l’autre quelques heures plus tôt, à cette soirée, quelques années plus tôt, en se séparant si brutalement ; ils se reconstituaient telles les gouttes de pluie qui finissaient toujours par se fondre l’une en l’autre en une flaque. La route était difficile à déceler, cependant elle la connaissait par cœur, il n’y avait pas d’erreur, pas de tournant qu’elle ne manquait. Experte en la matière, ses mains glissaient sur le volant, jouaient avec le levier de vitesse, animées d’un léger tremblement au souvenir du contact de sa main. Adriel. Il avait toujours été capable de lui faire ressentir ce qu’elle pensait avoir oublié, ce qu’elle pensait ne jamais pouvoir ressentir, ces stupidités auxquelles elle n’avait jamais crues. Leurs battements de cœur rythmés par le battement de la pluie, ils restaient silencieux. Peut-être auraient-ils du parler, mais ils ne l’estimaient pas nécessaire. Peut-être aurait-elle dû tourner la tête en sa direction, une seule fois aurait suffi. Mais elle ne le fit pas, obstinée, les yeux rivés sur cette route qu’elle distinguait à peine sous le déluge. L’orage se tarissait doucement, s’évanouissait au loin, alors que son cœur, lui brûlait encore d’éclairs frais de sa dernière crise de jalousie. Ce qu’ils faisaient, elle ne le savait pas, elle ne l’avait jamais su. Mais, alors, dans un instant de clarté suivant l’un de ces derniers coups de tonnerre, elle se rappela de cet instant, juste avant qu’il ne dépose ses lèvres sur les siennes. Ces trois secondes où, ils surent pertinemment ce qui allait se passer, mais pourtant, ne firent rien pour l’empêcher. Ces mêmes trois secondes de silence qu’ils partagèrent, à l’époque de l’accident, alors que le véhicule fonçait droit sur eux. Instant de conscience pure des choses, instant de réalisation brutale d’un événement auquel ils ne pourraient échapper, instant de panique à l’idée de rester coincés dans un tourbillon qu’ils n’avaient pas vu venir. L’éclair s’était étalé dans le ciel d’un noir d’encre, laissant une tâche, trois longues secondes, au même instant où elle hésitait à retrouver sa main pour une étreinte qui devait lui signifier beaucoup. L’éclair, tâche pâle, blancheur réalisatrice dans cette nuit de janvier, s’afficha trois secondes. Le temps d’éclairer les lieux au travers des gouttes de pluie, de la brume, de la tornade qu’était cette nuit. Le temps d’afficher les deux tâches jaunes, yeux de crocodile attendant dans l’obscurité, de les dévorer. Comme à l’époque, il avait suffi d’une seconde, une seule, pour que tout bascule. Pas un cri, leurs lèvres restèrent scellées alors que tout s’effondrait, comme s’ils étaient tous deux conscients que leurs cris n’alerteraient personne sur cette route déserte. Le véhicule d’en face, lancé à pleine vitesse, yeux jaunes dans la nuit, avait foncé sur eux, sans préavis, sans appel de phare, sans rien. Juste le bruit des pneus crissant sur l’asphalte alors qu’elle arrivait, juste le temps, à peine, pour la main du jeune homme d’essayer d’atteindre le volant, et de l’aider à dévier de leur trajectoire, d’éviter le drame. Leurs mains étrangement entrelacées sur le volant, tâchant de tourner, dents serrées, en mémoire coincée le souvenir de la dernière fois, du dernier accident, ils ne firent pas un seul bruit. La pluie, le crissement des roues, le dérapage incontrôlé, le battement de leurs cœurs explosant contre leur poitrine alors que la tôle se froissait tout autour d’eux et que le monde perdait de sa consistance, en était bien assez. Ses prunelles déjà floutées par l’ambiance morose, la pluie et la brume, s’effacèrent sous le tumulte provoqué par la chute du véhicule. S’ils firent une, deux, trois, dix embardées, elle ne le sut jamais, ayant perdu toute contenance, toute notion du temps et de l’extérieur alors que le véhicule tournait, puis se stoppa dans un crissement détestable, faisant affluer tout le sang à sa tête. Etrangement, elle n’avait pas fermé les yeux une seule fois, tout avait tourné autour d’elle sans qu’elle ne puisse y faire quoi que ce soit, le summum de l’impuissante auquel elle n’avait jamais été habituée. Puis, le silence. Malgré la pluie tombant à verse, claquant sur les tôles froissées, brisées, contre ce qu’il restait du pare-brise défoncé, elle n’entendait rien. Elle ne pouvait que voir, le monde à l’envers, le sang afflué dans sa tête, lui donnant le tournis, les griffures sur ses mains, sur ses joues, provoquées par les éclats de verre qui avaient volé. Elle tenta de bouger, mais ses muscles refusaient de lui obéir, sa jambe droite étrangement silencieuse à tout appel de son cerveau. Une, deux, trois secondes, sans un bruit, sans un mouvement, puis, alors qu’elle n’avait pas osé avant, elle tourna la tête. Toujours attaché, Adriel gisait à côté d’elle, ses paupières battant doucement, mais elle n’apercevait aucune tâche de sang. Se dégageant de son siège, elle s’extirpa hors du véhicule, rampant jusqu’à la porte passager, sa jambe douloureuse incapable de la tenir sans s’affaisser sur elle-même. Ses mouvements étaient lents, mais il se mouvait doucement, se détachant de sa ceinture, ses prunelles enregistrant les environs comme un enfant découvre le monde qui l’entoure pour la première fois. Les doigts de la jeune femme glissèrent, se raccrochèrent à la poignée glissante mais défoncée, cependant elle lui restait entre les mains, impossible à ouvrir. De la fenêtre brisée, Adriel lui tendit la main, les bras, et avec difficulté elle l’aida à sortir de l’enfer. Sur l’asphalte humide, elle glissa une main autour de sa taille, alors qu’il essayait de faire de même. Un, deux, trois pas. Il suffit de cela. Trois pas qui auraient pu les amener partout où ils le désiraient, trois pas de merde, trois pas de rien du tout, trois pas de la fin de tout. Elle n’avait rien vu, ses prunelles rivées sur leur objectif, se poser au bord de la route en attendant les secours, se retrouver à l’hôpital, comme des années auparavant, et ne pas répéter les mêmes erreurs. Pas de Madame Eynsford-Baxter, pas d’enveloppe, pas de coma qui s’étire à l’infini et de surdose de morphine l’empêchant de réfléchir. Ils se retrouveraient dans l’exacte même situation, mais, au lieu des chemins détournés, des conneries et des histoires qui n’avaient pas de fin, ils iraient droit devant eux. Ensemble. Elle n’avait rien vu, du tout. Ils esquissèrent trois pas sur le pavé mouillé, la pluie glissant dans leurs cheveux, irritant les plaies de la blonde. Trois pas, juste ça. Puis, il s’effondra. C’était comme si ses jambes ne parvenaient plus à le porter, comme si elle n’était pas assez pour le sauver. Sans doute, non, cette fois-ci, ils ne se sauveraient pas, ils ne quitteraient jamais cette route humide. Ses jambes l’avaient lâché, elle aurait dû le voir, dans ses prunelles, qu’il était incapable de continuer. Ou voir, ailleurs, cette tâche, cette blessure qui grandissait et le dévorait déjà. Il s’effondra sur le bitume, entrainé par la pression qu’il exerçait sur elle, elle se retrouva à genoux, à ses côtés. Adriel. Un mot, un nom, qu’elle prononça d’une voix tremblante, alors que, le jeune homme, allongé sur le dos, la regardait. Prunelles de braise. Elle trouva du regard ses blessures en une seconde. Celles qu’elles lui avaient infligées, celles qu’ils s’étaient infligées, à l’intérieur. Celles qu’ils portaient en ce moment, ce sang coagulé, plaques rouges dans ses cheveux, remuées par les gouttes de pluie, glissant en filaments couleurs de l’enfer sur ses joues, sur le bitume, sur ses mains qui s’étaient posées sur ses joues. Elle tentait d’effacer le sang, elle espérait que les gouttes de pluie, inexistantes lors de leur premier accident, effaceraient toute trace de blessure. Pendue à ses lèvres qui gardaient le souvenir de leur premier baiser, de leur dernier baiser, de tout ce qu’ils avaient osé traverser, elle s’attendait presque à ce qu’elles forment une remarque sarcastique, son prénom, n’importe quoi. Ses mains glissèrent sur sa tenue, robe de soirée déchirée, aussi rouge que l’était la mare qui stagnait sur le visage de Charming. Pas de poche, pas de portable pour contacter les secours. Ses prunelles se posèrent sur le véhicule, posé sur la toiture, épave de toute une vie, brisé en mille morceaux. A l’intérieur, son sac, à l’intérieur, son portable, à l’intérieur, l’hôpital, les secours. Alors qu’elle tentait de s’appuyer pour se relever, elle le sentit. Sa main sur la sienne, glacée, envoyant ces frissons qu’elle n’était parvenue à oublier. Elle tourna la tête, baissa les yeux vers lui. Ses paupières battaient doucement, chassaient les gouttes de pluie qui évitaient ses saphirs. Elle ne pouvait détourner son regard, comme la première fois, comme à chaque fois que leurs chemins s’étaient croisés. Les mots qu’il prononça n’étaient pas communs, pourtant, ils s’échappèrent d’entre ses lèvres d’une voix tremblantes qu’elle ne reconnut pas. « Stay. » Un seul mot, une main la retenant, tremblante, glaciale, bien trop glaciale. Ces mots lui coûtaient tout. Rester, elle en avait été incapable, alors que sa mère lui avait tendu l’enveloppe, des années plus tôt, lui intimant que, partir, était la meilleure chose à faire pour que son fils ait une meilleure vie. Rester, elle ne l’avait pas fait, brisant leur histoire, les brisant, les condamnant à cet éternel jeu de culpabilité, rancune et jalousie au goût amer d’inachevé, à chaque instant où ils étaient forcés de se croiser dans les couloirs de l’université. Elle en avait été incapable, choisissant la fuite, ne le choisissant pas au moment opportun. Alors qu’elle aurait dû. Ses prunelles azur rivées dans les siennes, alors qu’elle n’avait jamais su comment les définir, depuis leur premier baiser, jusqu’à quelques minutes plus tôt, dans cette voiture, elle le sut soudainement. « Okay. » Sa voix n’était qu’un murmure, alors que la respiration du jeune homme se faisait difficile, sa poitrine se soulevant lentement. Chaque parcelle d’elle lui intimait de le laisser, d’appeler les secours. Mais elle savait qu’il était trop tard. Elle savait qu’elle ne pouvait répéter la même erreur. L’abandonner, encore une fois, alors qu’il avait besoin d’elle. Ces mots, cette admittance devait lui coûter ses derniers souffles, pourtant, il l’avait fait. Une main tremblante posée sur cette joue, toujours, où le sang qu’elle tentait furieusement d’effacer continuait de courir ; l’autre main saisissant la sienne, la serrant, entrelaçant ses doigts aux siens comme elle aurait dû le faire ce jour-là où cette même main reposait sur le lit d’hôpital, inanimée. « Okay, i’ll stay. I promise. » Sa voix tremblait, cependant elle tâchait de forcer ses mains à ne pas faire de même. Les paupières du jeune homme clignèrent doucement, l’étincelle de malice qu’elle lui avait tant connue s’évaporait doucement, au fond. Elle le savait, elle le sentait, pourtant elle continuait à le fixer, son regard se portant de sa blessure, qu’elle attendait de se voir résorber, à ses lèvres, qui se mouvaient doucement sans pour autant sembler trouver la force de former les mots. Trop de mots, dont ils n’avaient pas besoin. « I’ll stay, » répétait-elle doucement, ses mains glissant sur sa joue, dans ses cheveux qui semblaient absorber le sang, la pluie, les débris, qui semblaient contenir tout le monde, leur monde qui venait de se briser. Une fois, deux fois, trois fois, elle répéta son mantra, comme si cela pouvait le faire rester, lui aussi. Ils avaient trouvé tout ce qu’ils croyaient avoir perdu. Ces explications, qu’il n’avait pas comprises à l’époque, il les comprenait maintenant, elle le lisait dans ses prunelles lorsqu’il daignait la regarder, lorsque le rideau de ses paupières ne s’abaissait pas dans des efforts qui semblaient surhumains. Tous ces jeux, ils les comprenaient tous les deux, alors que, allongés sur le bitume, ils étaient noyés par la pluie, noyés par les regrets de s’être trouvé encore une fois, au mauvais endroit, au mauvais moment. Tous ces travers qui avaient, au fil des années, construit leur relation, tous ces chemins détournés qu’ils avaient osé prendre, en fin de compte, ne les amenaient qu’à une seule et même fin. Celle qu’ils ne méritaient pas, celle qu’ils n’avaient jamais osé imaginer. Alors que, à peine une heure plus tôt, ils croyaient avoir trouvé tout ce qu’ils avaient perdu, tel le sable s’effritant entre leurs doigts, glissant, leur échappant, ce tout n’existait plus.

Le premier accident n’était qu’un éclair, flash dans leurs esprits, souvenir périssable dont ils peinaient parfois à joindre les morceaux pour former un puzzle clair. Tout s’était passé bien trop rapidement, à l’aube de leur existence ensemble, à l’aube de leur six mois ensemble, à la fin de l’une de ces soirées éternelles qui, à l’époque, étaient bien différentes de celles qu’ils appelaient éternelles aujourd’hui. Au lieu de jalousies et de coups bas pour gagner l’attention de l’autre, les autres se battaient pour avoir leur attention, cependant Charming et sa reine étaient bien trop occupés ailleurs pour prêter une quelconque attention au bas peuple qu’ils gouvernaient, à l’époque. Lors du premier accident, sa main avait trouvé la sienne, étreinte glacée dont elle gardait toujours le souvenir, tout comme son regard de braise et sa remarque sarcastique alors que, le jeune homme, au volant, tentait de détourner la voiture et d’éviter le pire. La seule chose dont elle se souvenait avec certitude, c’était de ce sentiment, de trois secondes avant que tout ne s’effondre, où, dans son esprit, la pire idée se glissa, poison empoisonnant ses pensées. Et si ces secondes étaient les dernières, et si cette remarque sarcastique était la dernière, et si cette brève étreinte de la main était la dernière. Et s’il n’y avait plus rien.

Cette fin, là. Cet instant où ses paupières se fermèrent dans un dernier effort, et que sa tête bascula lentement sur le côté, sur elle, ce n’était pas la fin qu’ils étaient censés avoir. Elle le contempla de longues secondes, attendant le moment où il ouvrirait les yeux à nouveau, où ses prunelles reprendraient de leur éclat de malice, où ses mains viendraient jouer avec elle, moqueuses, où sa voix emplie de sarcasmes s’élèverait au-delà du battement de la pluie contre leurs corps, se moquant de sa stupidité. Elle attendait les caméras, la fin de la mise en scène, le clap de fin qui signifiait que tout était parfait et qu’ils pouvaient rentrer chez eux. Mais la pluie ne cessait pas, et ses paupières ne se soulevaient plus. La panique se propagea dans ses veines, plus violente que jamais, faisant trembler chaque parcelle de son corps alors qu’elle secouait légèrement le jeune homme, appelant son nom dans une dernière forme de désespoir vaine. Sa poitrine avait cessé de se soulever, le gré de ses respirations n’existait plus que dans un ailleurs dont elle ignorait l’existence. Non. Non. Non. Trois fois elle répéta la négation, espérant que cela ne puisse être. La panique se transforma en inondation au coin de ses yeux, coulant, se mêlant à la pluie, sa poitrine et son cœur se soulevant en vagues incontrôlables alors qu’il gisait inconscient devant elle. Aveugle à cette vision, elle revoyait cette première fois, ce coin de cette pièce où il l’avait coincée, où ils s’étaient trouvés, où ils s’étaient donnés l’un à l’autre pour la première fois, sans peur des conséquences, sans idée aucune de ce qui les attendaient. Elle les revoyait dominant le monde, un sourire sur le visage du jeune homme. Tout, tout se bousculait en elle, tornade incontrôlable. La façon dont ses mains glissaient sur son corps, lui procurant une multitude de frissons, la façon dont il avait édicté cette remarque juste avant la chute, la façon qu’avait sa poitrine de se relever au gré de ses respirations alors qu’il gisait sur ce lit d’hôpital, la façon dont il avait écouté ses explications sans la moindre peine aucune, tout se cachant à l’intérieur de sa carapace. La façon dont il s’amusait de voir la jalousie se peindre sur son visage, la façon dont il l’avait regardée alors qu’elle avait osé poser ses lèvres sur les siennes à nouveau, malgré tout. Elle n’avait jamais su répondre à la question, qui sommes-nous, que sommes-nous lorsque nous sommes ensemble. Mais, si elle ne savait pas ce qu’elle était avec lui, elle le savait encore moins sans lui. Cette drôle de partie d’elle-même qui s’était incrustée en elle au fil des années, cette petite partie dont elle n’avait pu se débarrasser, partie qu’elle voyait s’éteindre sous ses yeux, emportant avec elle une partie d’elle-même.




“Because memories fall apart, too. And you're left with nothing.”

Elle avait beau essayer de se raccrocher à ce qu’ils avaient été, à ces semblants d’instants volés au cours d’une relation plus que tumultueuse, à ces instants où ils pensaient être un eux, à ces lèvres pincées juste avant leur premier baiser, à ce contact brûlant de sa peau sur la sienne qu’elle ne ressentirait plus jamais, désormais... Tout s’effondrait, et continuerait à s’effondrer au cours des jours, des semaines, des mois qui suivraient le drame, la route humide et le crissement dégueulasse des pneus sur l’asphalte signant leur fin, leur véritable fin, alors qu’ils n’en avaient jamais connue une. Alors qu’auparavant, ils trouvaient toujours quelque chose à quoi se raccrocher, malgré les chemins détournés qu’ils empruntaient et leurs refus catégoriques d’avoir quoi que ce soit affaire avec l’autre, ils avaient toujours trouvé ce petit morceau de l’autre, coincé en eux, intrus dans leur gorge les étouffant, les empêchant de respirer, et dont pourtant ils ne pouvaient se débarrasser. Cette fois-ci, il n’y avait plus rien, il n’y aurait plus rien. Que des regrets, elle qui n’avait pas coutume de se pencher sur le passé, cela lui ayant apporté bien trop de troubles les fois précédentes…condamnée à s’y noyer désormais ; le passé constituant le seul endroit où elle retrouverait désormais l’éclat de ses prunelles, cet éclair de malice, toutes ces sensations que lui seul avait été capable de lui procurer. Elle étouffait, déjà, quelques secondes après sa dernière inspiration, et pourtant ce n’était que le début. Elle qui détestait se montrer faible, sentait déjà tout son être se briser sous la simple pression de ses poumons essayant d’attraper l’air que plus jamais il n’avalerait.

A chacun de ses pas résonnait l’écho de son dernier souvenir, de cet instant d’agonie qu’il avait si bien su cacher dans ses prunelles brillant du dernier éclat qu’elles lui renverraient. Autumn, la force même en apparence, à l’intérieur, une simple feuille de papier déchirée en même temps que son dernier souffle lui avait échappé. La vie continuait, malgré tout, ses talons claquaient comme auparavant, les regards se tournaient sur son passage, son sourire resplendissant et cet air suffisant et encore plus inatteignable collé sur son visage de porcelaine à chaque seconde du restant de son existence. Elle savait que les semaines se poursuivraient, les mois, les années, sans fin, éternellement se languissant de son absence, l’absence de celui qu’elle avait osé imaginer un instant comme n’étant qu’une partie superficielle, l’une de ces petites punaises de plus sur le tableau de chasse qu’était son existence. Installée dans ce fauteuil, dans l’immense salon de cet appartement new yorkais, les yeux rivés sur un manuscrit raturé, quiconque pourrait croire à la femme comblée en tous points. Pourtant, derrière ses prunelles azur ne cessaient de défiler, aux instants les plus inopportuns, ces dernières secondes, mélangées aux premières, film de leur existence en accéléré, poison dans ses veines. A chaque fois que ses yeux se posaient sur l’enfant de sept années désormais qui parcourait la maison d’un pas léger, cet enfant dont elle avait appris l’existence au creux de son ventre quelques jours seulement après l’accident, elle revoyait en Noa le regard pétillant de son père qu’il n’avait pas eu le temps de connaître. Lorsqu’il avait osé lever ces mêmes prunelles qu’elle avait vues s’éteindre sur le macadam humide, et qu’il avait demandé, pourquoi une telle partie de lui-même manquait, Autumn n’avait, pour la première fois de sa vie sans doute, pas cherché à retenir ses larmes. Perles brûlantes au coin de ses yeux, elle lui avait conté l’histoire de sa main sur la sienne, caresse brûlante, qu’elle ne pourrait oublier. Elle lui avait conté ces disputes éternelles, omettant les détails les plus crus et les inventions les plus dégueulasses que leurs imaginations avaient pu inventer pour nuire à l’autre. Qui est mon papa, où est-il. Questions anodines, tornade dans son cœur, lèvres tremblantes d’émotion, les mots s’étaient échappés, enroulés autour de ses souvenirs, alors qu’elle se revoyait au bord de cette route. « He was extraordinary, and he knew it well. And i loved him for that, and for so much more. » La tisseuse de mots qu’elle avait toujours été, pour lui, l’embourbant dans des mensonges qui les avaient tués, tissait des mots pour conter à leur enfant cette fin qu’il n’avait jamais méritée. Adriel Eynsford-Baxter était un connard de première, cet air suffisant collé sur son minois alors qu’il pensait gagner la partie, alors qu’il savait l’effet qu’il avait, sur elle. Adriel Eynsford-Baxter était le Prince de Stanford, et elle était sa princesse. Adriel, c’était son passé, son présent, son futur, chaque fois que ses yeux se posaient sur le fruit du début de leur nouvel amour, ce renouveau qu’ils ne connaitraient jamais.

Et les jours, les mois, les années passaient, ce sentiment censé se résorber, avec le temps. C’est ce qu’ils disent tous. Mais qu’est-ce qu’ils en savent, rien. Ils ne savent rien. Ils ne savent pas, qu’au fond, elle était, et serait toujours ici, au bord de cette route, à l’aube de la fin de tout. A l’instant où La pluie cessait, les routes séchaient, et toute trace du drame s’effaçait. Comme s’il n’avait jamais existé. Mais, dans son cœur, il n’y avait rien, juste une plaie, cette plaie béante qu’elle était incapable de combler, cet endroit où il était censé être, ce depuis le début, et jusqu’à la toute fin. Elle l’avait aimé, elle l’aimait encore, et ses souvenirs lorsqu’ils divaguaient allaient sans cesse jusqu’à cette route, ce croisement où elle avait vu sa poitrine se soulever pour la dernière fois. Alors elle fermait les yeux, et elle essayait d’oublier. Mais, la vérité était, lorsqu’elle fermait les yeux, elle avait de plus en plus de mal à les ouvrir à nouveau. Ils s’étaient aimés, ils s’étaient perdus, ils s’étaient blessés, ils étaient prêts à recommencer. Elle l’avait laissé, une fois, alors qu’ils auraient pu tout avoir. Sans doute cette histoire aurait-elle connue une autre fin, si elle était restée. Mais elle avait choisi de partir, la première fois, laissant cette cicatrice dans son cœur. Ils étaient des chemins de traverse, des châteaux de cartes qui ne cessaient de s’exposer au vent. Certes. Dans un dernier effort, ils avaient tenté de consolider le tout. Un soir de pleine lune, un soir de pluie, un soir de jalousies et de désir brûlant. Un soir leur ressemblant, il semblait qu’ils s’étaient enfin retrouvés.

Elle était pourtant restée, cette fois. Mais cela n’avait pas suffi.





“ Yeah, but…this can’t be it, I mean…”
“ Then how come it is ? “

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Adriel Eynsford-Baxter
there's no place like berkeley
Adriel Eynsford-Baxter
prénom, pseudo : julia.
date d'inscription : 20/02/2011
nombre de messages : 19702
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MessageSujet: Re: “ Yeah, but…this can’t be it, I mean…” “ Yeah, but…this can’t be it, I mean…” EmptySam 23 Fév - 22:46

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