the great escape
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J'peux t'appeller Tonton Nono ?

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MessageSujet: J'peux t'appeller Tonton Nono ? J'peux t'appeller Tonton Nono ? EmptyDim 20 Jan - 12:18



Les États-Unis. Quand je suis arrivé à Mumbai il y a dix ans, j'avais déjà cru être arrivé au coeur de la civilisation à son apogée... mais une fois arrivé à San Francisco, j'ai réalisé qu'il y manquait la pauvreté de cette ville dans laquelle j'ai tant changé. J'y avais tout testé, tout découvert, ne me restait qu'à conquérir le reste du monde. A commencer par le premier objectif que je m'étais fixé : redécouvrir le peu de famille qu'il devait me rester, éparpillée sur le globe. Qu'ils me rejettent ? Oui, j'y ai pensé. On va dire que ça m'a effleuré deux secondes avant que je me dise que j'étais d'un naturel beaucoup trop fabuleux pour qu'on ne veuille pas faire attention à moi. Je me suis installé dans un hôtel quatre étoiles en centre-ville, le temps que Berkeley m'arrange la mise en place d'une chambre à l'intérieur du campus. J'ai toujours préféré vivre en communauté, riche ou non. Sans doute le besoin maladif de ne pas finir tout seul dans son coin, comme ça m'a si souvent pendu au nez. Et puis quitte à être le loup, autant vivre dans la bergerie, n'est-ce pas ? Je grimpe à bord de ma Ferrari et démarre en trombe pour me rendre à l'adresse que j'ai réussi à prendre pour retrouver l'un des membres de ma famille. Noah Taylor Clives. Je n'ai, pour l'heure, pas la moindre idée du lien qui nous unit, mais qu'importe, ça va bien finir par se décanter en allant le voir en personne. Sur le chemin, j'en profite pour rouler sur la côte, admirant un paysage que je risque de mettre du temps à décortiquer avec attention. Les embruns d'un côté, le parfum urbain de l'autre... presque comme à la maison. Mais la vue y est nettement plus spectaculaire. A un feu rouge, je baisse mes lunettes pour observer un groupe de jeunes filles se promener avec un déhanché assez phénoménal pour me faire rater le feu vert. Oui, décidément, la vue est spectaculaire. Et pour un spectacle pareil, je reviens tous les jours. J'accroche un sourire de winner sur mes lèvres, les klaxonne au passage puis je repars aussi sec en m'amusant de leurs rires de fausses effarouchées. Dommage, j'ai mieux à faire que de m'occuper de vous, les filles. A charge de revanche, on remet ça à plus tard.
Je commence lentement mais sûrement à m'enfoncer dans la forêt. Ca aussi, c'est un environnement qui m'est inconnu. Des arbres en masse comme ça, il y en a très peu que ce soit au Pakistan ou en Inde. En Chine, à la rigueur, mais malgré la proximité du pays, je n'y avais encore jamais mis les pieds. Je roule doucement, découvrant cet environnement avec les yeux d'un enfant émerveillé. Un rien me pousse à faire preuve de curiosité, quitte à passer pour un gosse. Le chant des oiseaux, la neige ici et là éclaircit les branchages... C'est vraiment très joli. Je continue à rouler pour ensuite arriver à plusieurs maisons qui se retrouvent les unes collées aux autres. Un peu de vie humaine, enfin. "2350, 2353, 2358... Eh ben, on n'est pas rendus, à ce rythme." marmonnai-je avec un léger soupir exaspéré. Le pâté de maisons s'éloigne et je ne vois pas l'ombre d'une adresse correspondant à celle de Noah. En revanche, j'aperçois un type qui promène son chien. Je me gare à sa hauteur puis je baisse la vitre de la voiture. "Excusez-moi, vous pourriez m'indiquer la route à suivre pour cette adresse, s'il vous plait ?" Le type prend le papier et commence à me donner quelques indications que je prends soin de mémoriser. En espérant ne pas me paumer d'ici trente secondes vu la complexité de l'affaire. Je le remercie et repars à vive allure pour ne pas perdre le fil. Tout droit, puis à gauche, encore à gauche, tout droit, à droite, tout droit, à gauche... ou alors c'était à droite... non, concentration, Ken, concentration ! Finalement, je vois apparaitre un grand lac au bout d'un chemin qui s'achève par une belle bâtisse isolée. L'endroit rêvé pour un écrivain, non ? Je me gare non loin de l'entrée puis je marche vers la porte après avoir pris avec moi l'un de ses bouquins que j'avais trouvé à Mumbai. Lu ? Oui, bien sûr que je l'ai lu... bon, d'accord, j'ai surtout lu la quatrième de couverture car j'avais le choix entre une soirée intellectuelle ou une somptueuse créature de rêve qui ronronnait à côté de moi. Galant avant d'être égoïstement empreint de culture, j'avais choisi la seconde option, question de correction. Prions pour qu'il ne me demande pas de lui sortir un résumé, sinon là, on va se retrouver dans une béchamel, les enfants... Je sonne et j'attends sagement qu'il m'ouvre. Lorsque la porte laisse apparaître cet homme de haute taille, élégant et blond tout comme moi, je m'arme de mon sourire le plus avenant. De quoi faire grimper l'action de Colgate. "Bonjour, monsieur ! Je cherche Noah Clives, c'est vous ? Jolie maison, j'adore la vue. Je peux rentrer ? Il ne fait pas très chaud à l'extérieur." Sans lui laisser vraiment le temps de répondre, je me glisse à l'intérieur en ramenant les pans de ma veste en cuir sur moi. Malpoli ? Non, j'anticipe. Partons du principe que c'est quelqu'un de très gentil qui ne laisserait pas un pauvre inconnu mourir de froid sur le pas de la porte. "Aaah, on se sent mieux ! Noah ? Je peux vous appeler Noah, hein ? Oui, ce sera plus pratique. Moi c'est Kenzo. J'ai quelques questions à vous poser, si ça ne vous ennuie pas." Mais même si ça vous ennuie, c'est pas grave, hein. J'en ferai mon deuil. "Vous avez quelque chose à boire, peut-être ?" Laisses lui cinq minutes, Noah, et il va aller se servir lui-même dans la cuisine, tu vas voir. Gentil, mais un peu envahissant, le garçon.
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MessageSujet: Re: J'peux t'appeller Tonton Nono ? J'peux t'appeller Tonton Nono ? EmptyDim 20 Jan - 14:18


J'peux t'appeler Tonton Nono
Le coude appuyé sur le rebord de la table, mes lunettes me retombant sur le bout du nez à chaque fois que je baissais la tête sur la dernière ligne que j’avais écrite, j’étais totalement concentré sur les pages de mon futur roman. Autour de moi, le salon. Un bazar inqualifiable. D’ordinaire, j’étais un homme plutôt ordonné. Pas maniaque, mais pas très loin. Depuis que Sydney et les enfants étaient partis, avec le fidèle Logan, d’ailleurs, il n’y avait plus un bruit. Et normalement, moins de bordel. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce n’était pas le cas. Mon pull traînait sur le fauteuil, mes magasines et autres bouquins de médecine étaient par terre, devant la télévision, les draps de mon lit étaient défaits, je laissais les mauvaises herbes envahir mon jardin. En résumé, j’étais totalement à la masse. Certains diraient sans doute que c’était la vie que mènent en général les écrivains. Plus dans la Lune que sur la planète Terre. Je n’avais pas non plus repris le travail depuis. La directrice de Berkeley, Maria, m’avait laissé le temps de m’organiser. Sur les deux semaines qu’elle m’avait offertes, il ne m’en restait plus qu’une, pour me remettre dans le bain. Et je n’étais toujours pas prêt. Je n’étais pas dépressif, loin de là. Je n’avais juste pas le cœur à voir du monde. Je devenais associable avec le temps. Même Joe, d’ordinaire si rapide et efficace pour me sortir des mauvais coups, ne pouvait rien faire aujourd’hui. Je lui avais purement et simplement claqué la porte au nez. Enfin, pas vraiment. Disons que j’évitais ces coups de fil, de plus en plus réguliers.

Quelqu’un a sonné, non ?! Allons Noah, prends ton courage à deux mains, et va ouvrir la porte. Tu ne peux tout de même pas laisser cette personne dehors même si tu as marqué en caractère gras sur ta boîte aux lettres « Fichez-le camp, ou je lâche les chiens. » Tu sais que tu deviens mauvais, avec le temps ? En plus, tu n’as même pas de chien. Juste un chat, prénommé Socrate, qui perd ses poils, fait ses griffes sur tous tes bas de pantalons, et qui recevrait sans nul doute la palme d’or des chats obèses s’il en existait une. « Bonj…our. » C’est qui celui-là ? Il me demande s’il peut entrer. Comme c’est mignon. « C’est déjà fait, on dirait. » murmurai-je pour moi-même en refermant la porte derrière lui. Grand, jeune et blond. Si c’était une farce de Joe, ce n’était pas drôle. Si tu peux m’appeler Noah ? « Non. » Laisse tomber, il ne t’a même pas entendu. En fait, je crois qu’il ne t’écoute même pas. Mais qui c’est, ce morveux ? « Si, ça m’ennuie, justement. » Tu n’as toujours pas compris ? Tu parles à un mur, Noah. Alors mieux vaut te taire et écouter ce qu’il a à dire. Plus vite il aura fait son speech, plus vite il s’en ira. « De l’eau. Et… du jus d’orange. Ou du thé. » avais-je répondu, toujours posté devant la porte, les sourcils froncés. J’avais l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. S’agissait-il d’un étudiant de l’Université de Berkeley ? Un ami de Sydney, peut-être ? Ils semblaient avoir le même âge. « Excusez-moi pour mon impertinence mais …. Qui êtes-vous ? » Un peu d’ironie, même si j’étais le plus sérieux du monde. C’est là que j’ai croisé son regard. Que ma mâchoire inférieure se décrocha peu à peu. Je savais pourquoi j’avais l’impression de l’avoir déjà vu. Pas de doute possible. Il lui ressemblait bien trop. Pourtant, je gardais le silence. Aussi surpris qu’agaçé en découvrant à qui j’avais affaire. « Que voulez-vous ? »
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MessageSujet: Re: J'peux t'appeller Tonton Nono ? J'peux t'appeller Tonton Nono ? EmptyDim 20 Jan - 20:49



Oh, pas très aimable, le blondinet. Heureusement que je ne suis pas du genre à me décourager, je serai plutôt du genre à être aimable pour deux. S'il fait la tête, alors je sourirai encore plus large. J'enfonce mes mains dans les poches de mon jean, me baladant dans son salon comme si j'étais chez moi. Rustique, mais on s'y sent plutôt bien. Après, il y a un peu de bazar ici et là, mais j'imagine que c'est le lot commun de tous les hommes. Des babioles ici et là. Il voyage, peut-être ? Oh oui, les écrivains, ça doit sûrement voyager pour être inspiré. J'imagine qu'il doit être du genre à toujours tout regarder autour de lui, à chercher la petite bête chez tout le monde. Tiens, s'il me parlait un peu de son métier ? Ah, tiens, on dirait qu'il me parle. Je tourne enfin la tête vers lui une fois que je suis presque collé à l'âtre de la cheminée où un feu crépite. "Va pour un petit thé, merci !" Pendant qu'il attend devant la porte - tu penses vraiment que je vais sortir, là ? - je frotte mes mains devant le feu avec un petit sourire ravi. Mmm... je me sens déjà ici chez moi. Au cas où Noah ne s'en serait pas rendu compte, je suis facilement du genre à squatter et m'installer quelque part sans trop demander l'avis des gens. "Oh non, ne vous excusez pas, c'est pas grave !" Dixit le gars qui tape l'incruste sans vraiment faire attention à tous les refus qu'il vient d'essuyer. "Je vous l'ai dit, je m'appelle Kenzo. J'suis étudiant à Berkeley !" Et je fais peut-être partie de votre famille, mais ça, on verra plus tard. Je le laisse aller chercher du thé mais je constate vite qu'il se met à me regarder avec insistance. "Quoi...? J'ai un bouton, c'est ça ? Oh non, mais j'avais tout bien regardé dans le rétroviseur !" Je me jette en catastrophe sur le premier miroir qui me tombe sous la main. J'ai comme un sixième sens pour les dénicher, même si je ne connais pas la maison dans laquelle je me trouve. Je m'examine avec minutie sous tous les angles... Non, rien à signaler. Les yeux, nickel aussi. Les cheveux, ça va. Peut-être qu'il a eu une petite absence en me regardant. Ou alors je suis vraiment trop canon. Oui, ça doit être ça. En fait, je suis tellement beau qu'il ne s'est même pas rendu compte qu'un demi-dieu vient d'entrer chez lui. Je le regarde avec un petit sourire en coin, satisfait et vaniteux. Que voulez-vous ? Bonne question. Je sors son livre de la poche intérieure de ma veste et je l'agite. "Un autographe ? Nooon, je plaisante ! Il est gé... enfin, il a l'air bien !" Oups, j'ai failli faire croire que je l'avais lu. En même temps, est-ce qu'il va mal le prendre ? Tant pis, je préfère enchaîner sur le pourquoi du comment de ma visite impromptue. Et là, je me sens légèrement plus timide. "Je suis à la recherche de mon père et ma mère m'a dit que c'était un militaire anglais du nom de Clives. Elle connait pas son prénom, mais son nom était écrit sur le matricule de sa veste... Du coup, comme vous vous appelez Noah Clives, je me disais que, peut-être..." Voilà, c'est dit. Je mets mes mains dans mon dos, je rougis un peu. Je dois avoir l'air bête. Malgré mon assurance, il n'en reste pas moins que c'est un sujet sensible, la famille. Je le regarde avec mes grands yeux bruns, presque suppliant qu'il me dise oui, qu'il soit lui-même militaire ou qu'il en connaisse un. Je m'installe dans l'un de ses fauteuils en retirant ma veste pour essayer de garder un peu de contenance. "J'ai... j'ai vingt-et-un ans, je viens du Pakistan... ça vous dit quelque chose ? Vous ou peut-être un Clives que vous connaissez ? J'veux pas créer d'ennuis, si ça peut vous rassurer !" annonçai-je vivement en levant les mains devant moi en signe de non-agression. Déjà qu'il n'a pas l'air de très bonne humeur, espérons qu'il ne se braque pas en apprenant de but en blanc que je fais peut-être partie de sa famille. Je passe finalement une main dans mes cheveux avec un grand sourire. "En même temps, on est blonds tous les deux ! C'est mignon, les bouclettes, je devrais peut-être essayer... Non, je préfère les cheveux courts. Mais sur vous, ça rend bien !" Le bouton "off" ? Impossible, arrêtez de chercher, j'ai été conçu sans.
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MessageSujet: Re: J'peux t'appeller Tonton Nono ? J'peux t'appeller Tonton Nono ? EmptyMar 22 Jan - 13:08


J'peux t'appeler Tonton Nono
Je l’observe toujours, de haut en bas. Il a vraiment l’air décontracté le jeunot, pour quelqu’un que je n’ai jamais vu et qui croit que « mi casa es su casa » s’applique à tout le monde. « Parfait. » lançai-je d’un air blasé en me dirigeant vers ma cuisine pour servir à mOsieur, son thé. « Je plaisantais, jeune homme. Je ne vois pas en quoi je devrais formuler des excuses, ce serait plutôt à vous de le faire. Vous débarquez chez moi, sans un mot, sans vous présenter, vous entrez sans ma permission, et vous êtes en train de vous réchauffer l’arrière train devant ma cheminée ! » Bon sang, il faut vraiment que je prenne des vacances. Attendez une minute … c’est déjà fait. Un tour du monde qui avait duré deux mois et m’avait éloigné quelques temps de la folie des américains. Pas assez longtemps, on dirait. « Kenzo, et étudiant, c’est déjà un début. » Non, mon petit, je ne te lâcherai pas tant que je ne saurai pas ce que tu fais chez moi. « Pardon ? » Quel bouton ? S’il n’avait eu, ne serait-ce qu’un seul bouton, j’aurai déjà appuyé dessus pour l’éteindre, depuis longtemps. Gentil Noah, ce n’est pas toi qui parle, c’est ta rancœur, et ce garçon n’est au courant de rien, il ne te connait même pas. « Merci. » Note personnelle : ce n’est pas un très bon comédien. L’âge sûrement. Je ne croyais pas une seule seconde qu’il avait lu ne serait-ce qu’une seule page de mon roman, et à vrai dire, je m’en fichais un peu, pensant que ce livre n’avait été qu’un prétexte pour venir me parler. Mais me parler de quoi, au juste ? Quelle importance pour moi qu’il s’appelle Kenzo et soit étudiant à Berkeley ? La réponse que j’attendais arriva. Un peu trop vite. Je n’y étais pas préparé. Même si son regard m’avait rappelé mon frère aîné, je ne m’attendais pas à ce que je sois aussi proche de la vérité. « Votre … père…? » avais-je répété sans bouger, les bras ballants. Me voilà revenu en arrière, songeant au matin où la porte s’était refermée devant moi, à mon frère de dos, qui s’éloignait sans un regard en arrière. J’étais à peine âgé de 9 ans à l’époque, mais je me souvenais comme si c’était hier. Je croise son regard, et j’y lis une certaine forme de prudence, de l’espoir aussi. « Je ne suis pas votre père. » Pourquoi est-ce que je me montre aussi brutal ? Je n’en sais rien. Je préfère sans doute qu’il se fasse tout de suite à l’idée que son géniteur n’est pas plus proche de moi qu’il l’a été de lui plutôt que de le ménager, comme mes parents l’avaient fait avec mes sœurs. « C’est un pays dont la principale religion est l’Islam. » avais-je aussitôt répondu. Quoi ? Il me demandait bien si je connaissais le Pakistan, non ?! Ou alors était-ce son père ? Bon très bien, il vaut mieux que j’arrête de faire preuve de cynisme à l’égard de ce jeune homme qui n’avait rien fait de mal, sinon que de se comporter comme tous les adolescents de son âge. En manquant quelque peu de discipline. « Vous ne me dérangez pas. Asseyez-vous, je vous en prie. » Non, ce n’était pas un mensonge. Même si j’en voulais toujours à mon frère d’avoir abandonné sa famille, je viens de me rendre compte que ce garçon a sans doute vécu la même chose, et qu’il a plus que moi des raisons de lui en vouloir. Ce qui pourtant, ne semble pas être le cas. « Merci. Donc, si je comprends bien, vous n’avez jamais connu votre père, depuis votre naissance ? » Je l’interrompais. Il parlait tellement, il faut dire. « Et votre mère ? Où est-elle ? » J’aimerai beaucoup connaître celle pour qui le cœur de mon frère avait battu. Peut-être en apprendrai-je également sur lui. Même s’il me semblait qu’elle n’en savait pas plus que moi, aux dires de son fils.
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MessageSujet: Re: J'peux t'appeller Tonton Nono ? J'peux t'appeller Tonton Nono ? EmptyMar 22 Jan - 19:00



Je préfère me contenter de hausser un peu les sourcils avec une mine neutre face à son agressivité. D'accord, je suis peut-être un tantinet envahissant... mais juste un tantinet, alors. Puis ce n'est quand même pas comme si j'étais venu l'agresser ! Tout seul dans un si grande maison, il doit s'ennuyer. Au fond, je suis sûr que c'est sa façon de me remercier. Oui, c'est forcément ça. C'est un grand timide pudique qui n'admettra pas que j'embellis sa bien triste journée. Un sourire se place sur mon visage pendant qu'il cherche à faire preuve d'un certain cynisme sans doute pour me vexer ou me décourager. Dommage, il en faut beaucoup pour me faire perdre la face. J'en ai tellement bavé dans la vie que j'ai appris à sourire pour oublier. Pour faire face. Maintenant, quoiqu'il arrive, je me promettais de tirer une tête d'enterrement le moins souvent possible. J'estime avoir vécu le pire, ou presque, alors partons du principe que le meilleur est forcément à venir ! C'est pour cette raison que je reste étonnamment silencieux pour l'instant, le temps qu'il finisse de se montrer aussi cassant à mon égard. "Arrivé à un certain âge, il parait qu'on devient aigri, je sais pas si..." Oups, j'étais pas en train de me faire une réflexion à moi-même, là ? Je rougis un peu et lui sers un nouveau sourire de winner pour essayer de me faire pardonner. Boulet. Et l'intégral, sinon c'est pas drôle. Soyons positifs : si ça se trouve, il est sourd et il n'a rien entendu. Une vraie tête à claques, je vous le dis. Lorsqu'il réagit face à la bombe que j'ai lâché sans détours - tourner autour du pot, ce n'est pas mon genre - je me montre légèrement anxieux. Est-ce qu'il va mal le prendre ? Me mettre à la porte ? Appeler les flics ou un hôpital psychiatrique ? Non, finalement, il a presque l'air choqué. Dans un sens, c'est rassurant : ça veut dire qu'il n'exclut pas complètement cette possibilité, sinon il m'aurait déjà ri au nez. Le ton brutal qu'il emploie pour me dire qu'il n'est pas mon père me fait froncer les sourcils. Décidément, il s'est levé du pied gauche, ce matin. "C'est pas grave." lui répondis-je sur un ton légèrement surpris. Oui, on ne va pas en faire une maladie. En même temps, sans vouloir user de préjugés, il n'a pas tellement l'air d'avoir mis un pied dans l'armée. Les militaires, je les reconnais d'un coup d'oeil. Ils me font peur. Reliquats d'une enfance tourmentée, de toute évidence. Puis il me parle de l'Islam. Oui, c'est vrai, c'est la principale religion de ce territoire... et c'est son interprétation ou son application qui pose de gros problèmes. J'en ai fait les frais. "J'suis pas un... un extrémiste, si ça peut vous rassurer. D'ailleurs, j'ai un peu plus d'influence indiennes au niveau religieux." dis-je en m'asseyant sur le divan avec ma tasse de thé. Je sais qu'on a souvent l'étiquette du terrorisme lorsqu'on parle de ce genre de pays, j'ai pris le coup rien qu'à la douane américaine qui m'a interrogé pendant au moins cinq heures d'affilée. Quelle idée de prendre l'avion le jour d'une alerte à la bombe, aussi... bref. "C'est ça, je ne l'ai jamais connu. Et ma mère n'en parlait jamais." Où elle est ? Cette question me désarçonne toujours, même si je m'y étais préparé. La première, je l'ai vue et entendue mourir dans des conditions atroces. Quant à la seconde, elle a également passé l'arme à gauche. Mon regard s'est assombri un bref instant, avant que je ne reprenne de la contenance. "Ma mère biologique est morte il y a longtemps dans un raid des talibans, et ma mère adoptive est morte il y a quelques mois à peine, accident de voiture." Pour essayer de dédramatiser l'affaire, je m'arme d'un petit sourire gêné au coin de la bouche en me massant la nuque. "Je sais que quand c'est dit comme ça, ça donne l'impression du type qui porte la poisse... Mais s'il vous arrive quelque chose, promis que j'y suis pour rien !" me défendis-je en lâchant un petit rire avant de boire une gorgée de son thé. Menthe. J'avais découvert le thé en Inde et, vu la proximité de la Chine, j'avais vite su faire la différence entre le bon et le moins bon. Rien qu'à l'odeur. "Excellent, votre thé ! C'est un truc d'Anglais, de savoir faire le thé, non ?" Quoi ? Comment ça, je ne suis pas très délicat ? "Ma mère n'a pas connu mon père, je pense. Il me semble que c'était juste l'histoire d'une nuit. Ca arrivait souvent, quand les soldats passaient. Eux, ça les distrayaient et les femmes, ça les changeaient des hommes du village parfois un peu... possessifs." Disons que dans mon pays, une femme est loin d'avoir autant de libertés qu'ici ou dans le monde occidental en général. En parlant de la sorte, et même si je pourrais jouer sur le couplet de l'enfant écoeuré ou blessé par l'absence d'un père, je me rends compte qu'il ne m'a pas trop manqué. Que j'aurais préféré grandir en le connaissant, mais que je ne me suis pas forcément porté mal sans le connaitre. On vit avec. Ou sans, plutôt. "Vous pensez que ça peut être quelqu'un de votre famille ? Après, j'ai fait quelques recherches, je sais qu'il y a une... euh... comment c'est, déjà... Katharine ? Non, Catherine ! Catherine et Patrick, je crois...?" J'ai encore un peu de mal avec les prénoms et noms à consonance occidentale. J'espère qu'il ne va pas prendre mal le fait que je me sois renseigné dans les archives et les ambassades, ça me semblait plus correct de faire ces recherches préalables.
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MessageSujet: Re: J'peux t'appeller Tonton Nono ? J'peux t'appeller Tonton Nono ? EmptyJeu 24 Jan - 7:02


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On, je ne m'ennuie absolument pas, aussi grande soit cette maison. Je l'avais justement acheté et bricolé pour être au plus près du lac, au plus loin possible de la ville et de ses habitants. Pour quelle raison selon vous ? Pour être au calme, et ne pas avoir à supporter les commérages du grand California City. Malheureusement, il semblerait que je ne sois pas allé m'exiler assez loin, puisqu'il avait eu tôt fait de me retrouver. La prochaine fois, j'irai en Alaska. Haussant un sourcil face à la remarque impertinente de mon jeune invité, je préférai m'éloigner pour éviter d'avoir à lui répondre. Ce sourire... pas de doute possible. Il était le portrait de son père. Exception faite du caractère qui semblait différer sur certains points. Mais je me souviens encore qu'à l'époque, même si Armand n'était pas aussi playboy que semblait l'être son fils, il avait déjà un franc succès auprès de la gent féminine. D'aspect imposant, caractère d'un ours sortant tout juste de son hibernation, franc-parler... bref, l'idéal de toutes jeunes filles trop romantiques qui recherchent le prince charmant parmi les plus protecteurs du village. Voilà au moins un défaut qu'on ne pouvait lui reconnaître. Armand était très protecteur envers ses proches. L'hérédité, sûrement. « Tant mieux, je n'avais jamais vu d'extrémistes blonds. Ç'aurait été une première. » avais-je répondu avec un bref sourire. Je commencais à me débrider. Et à me montrer plus conciliant parce que je me doutais bien que ce jeune garçon n'était pas venu me voir de gaiëté de coeur. Peut-être au début. Mais plus depuis que je l'envoyais paître depuis qu'il était arrivé. « Je suis … vraiment navré. Toutes mes condoléances. » Mon timbre venait de s'adoucir, et mon regard de passer de la suspicion à la tendresse la plus paternelle. Perdre les deux femmes sans doute les plus importantes de sa vie à son âge ...je me doutais bien de la souffrance qu'il avait dû endurer. Seul, même peut-être. Et moi qui le jugeais depuis plus d'une heure. Oublie un peu tes problèmes de coeur, Noah, ce garçon a besoin de toute to attention. Vrai ou faux ? Il semblait plutôt débrouillard, et était déjà censé être un jeune adulte. J'ai bien dit 'censé'. « Je m'en souviendrai. » répondis-je, distrait. Ce n'était pas que je n'avais pas le sens de l'humour, puisque d'ordinaire j'étais le premier à prendre la vie du bon côté. Mais son histoire me touchait trop pour que je m'arrête sur ce qu'il venait de dire. Je sentais, dans sa façon d'être, une tristesse qu'il refusait de partager. Derrière ce masque angélique. En psychologie, on dit souvent que l'auto-dérision est le meilleur moyen de dissimuler sa peine. Et que ceux qui en jouent, sont souvent les plus malheureux. J'espérais que ce ne soit pas le cas pour mon neveu. Auquel cas, j'aurai tôt fait de lui offrir l'avenir que tout parent digne de ce nom, offrirait à son enfant. Non, je n'étais pas son père. Mais j'avais bien l'intention de me comporter comme tel envers Kenzo, au moins le temps que son véritable père, pointe le bout de son nez. Et j'avais bien l'intention de le retrouver celui-là. « Hum... peut-être bien. Je te dirai ça lorsque tu m'en feras la fois prochaine. Après tout, tu es à moitié britannique, toi aussi. » Assis à ses côtés, j'avais passé un bras derrière lui, posé sur le dos du canapé et l'écoutait toujours, sans l'interrompre une seule fois, regrettant seulement de ne pouvoir en apprendre davantage sur mon frère aîné. « Je vois ce que tu veux dire. » Les Islamistes ne sont pas connus pour leur respect vis à vis des femmes ou des enfants, loin de là. Sauf que j'étais malgré moi choqué de savoir que mon frère avait mis une femme enceinte, et n'avait plus donné de nouvelles depuis. Il y avait sûrement une explication. Oui, sûrement. « Catherine et Patrick sont tes grands-parents. » Je n'avais pas mis longtemps à laisser tomber le vouvoiement. Après tout, si ce garçon était bel et bien mon neveu, je n'allais pas le traiter comme un étranger indéfiniment. « Ils vivent en Angleterre, dans la ferme familiale, là où ton père, Armand Louis Clives, a grandi. Je suis ton oncle, et tu as aussi deux tantes : Jane et Danaë Clives. » Avais-je sérieusement besoin d'une recherche ADN pour être certain qu'il s'agissait bien de mon neveu ? A dire vrai, je n'en avais pas envie. Je le croyais, et au vu des informations qu'il m'avait fournies, je ne doutais pas de son intégrité. « Kenzo...je suppose que si tu es venu en Californie, c'est dans le but de retrouver ton père, n'est-ce pas ? Ou au moins, de recueillir quelques renseignements à son sujet ? » L'idée même de lui avouer que je n'avais aucune nouvelle de son père depuis plus de 20 ans, m'attristait.
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MessageSujet: Re: J'peux t'appeller Tonton Nono ? J'peux t'appeller Tonton Nono ? EmptySam 26 Jan - 16:01



"Si on se fie à l'Histoire, je dirai plutôt qu'il y a certaines raisons qui font qu'on peut se méfier des extrémistes blonds. Mais pas au Pakistan, c'est sûr !" Depuis que j'ai été éduqué et que j'ai découvert la discipline historique, je suis souvent tatillon sur certains détails. Autant je peux être un parfait playboy immature et insouciant, autant je peux également être un brillant étudiant en Histoire avec une culture générale qui ne demande qu'à s'étendre. Disons que je peux passer d'un extrême à l'autre, ce qui est souvent déstabilisant pour celles et ceux qui discutent avec moi. Quand je parle d'extrémiste blonds, je pense bien sûr aux nazis et à leur culte de la race aryenne. Un défaut, cependant : j'ai les yeux bruns, pas bleu. Quoique je doute qu'on puisse appeler ça un défaut. Toujours est-il qu'à vue d'oeil, Noah parait se détendre et commencer à faire preuve d'un petit peu moins de réticence avec moi. Cela ne peut que m'enchanter. Je me contente de hocher simplement la tête lorsqu'il me présente ses condoléances. Il faut dire que je ne me suis vraiment pas étendu sur le sujet, par choix. J'adore parler de moi, mais de façon superficielle. Mon passé, je préfère que personne ne le connaisse. Le rejet, la honte et vivre en marge de la société, j'ai déjà connu ça et je ne tiens pas à le revivre. Peut-être que Noah voudra en savoir plus. Peut-être que je lui en parlerai. Mais ce sont des réponses que je suis venu chercher, pas des questions. Bientôt, il vient même s'asseoir près de moi en passant un bras autour de mes épaules. Je lui souris de façon encore plus avenante, ayant moi-même toujours été très tactile et câlin avec tout le monde. Un peu moins avec les hommes, hétérosexuel macho oblige, mais venant de lui, cela ne me dérange pas du tout. Je sens même qu'il agit de la sorte pour essayer de faire oublier la manière peu polie qu'il a eu de me recevoir... même si ma façon de faire irruption chez lui pouvait également être déplacée, ce n'est pas faux. "La fois prochaine ?" relevai-je en souriant comme un gamin. Ca y est, il le reconnait vraiment ? J'ai toujours eu tendance à m'emballer très vite dès que quelqu'un m'acceptait soit parmi ses amis, soit de façon plus poussée. La famille est un sujet complexe, pour ne pas dire tabou, dans mon passé. Alors quand cet homme fait un pas dans ma direction, je serai prêt à en faire deux pour le rejoindre encore plus tôt. Je remarque qu'il me tutoie, je m'emploie donc à en faire de même de façon purement automatique. "Tu as tout ça, comme famille ? Un frère et deux soeurs ?!" Dans mon village, les familles aussi avaient tendance à être nombreuses... mais pas la mienne. J'avais seulement vécu avec ma mère avant de passer un an avec des militaires français et le reste de ma vie en Inde, dans deux familles de substitution, dont une adoptive. Apprendre que je me retrouve affilié à une aussi grande tribu ne peut qu'élargir mon sourire et illuminer mon visage. Je ne suis plus tout seul. Plus maintenant. "Mon oncle... Tonton No', ça sonne bien, hein ?" lui dis-je avec un petit air malicieux. Je retiens le nom de mon père. Armand Louis Clives. C'est lui, le militaire. Le géniteur. Pour l'heure, je ne ressens aucune colère à son égard, juste de la curiosité. Au fond, je suis presque dans un état d'esprit aussi alerte et curieux que celui de mon oncle. Je hoche la tête à sa question. "Oui, j'ai fait ce voyage car j'ai vu que tu habitais ici... alors il fallait bien commencer quelque part. Après, je ne me suis pas fixé d'objectif particulier." Je tourne le thé avec ma petite cuillère en regardant Noah. "Je me doute que mon père… enfin, Armand, ne doit même pas savoir que j'existe. Je ne lui en veux pas, j'ai appris à grandir sans lui. Mais depuis quelques temps, j'ai envie de le retrouver, le rencontrer. Juste voir qui est l'homme qui m'a créé, si on peut dire." Cette curiosité me paraissait naturelle et si Noah semblait pour l'instant très à l'écoute, je me demandais s'il en serait autant de mon paternel. J'avais vraiment l'espoir de mettre la main dessus, voir à quoi il pouvait ressembler, quel était son caractère. Tout bêtement voir si je lui ressemble en certains points. "Qu'il m'aime ou pas, j'ai presque envie de dire que c'est pas le plus important. J'suis habitué." Aujourd'hui, j'aime être populaire, j'aime qu'on m'aime, très simplement. Cependant, j'ai grandi dans deux pays où on m'avait évité ou rejeté jusqu'à environ 14 ou 15 ans. Parfois tout simplement parce que j'étais blond, parce que j'étais le bâtard du village, parce que j'étais peut-être le futur terroriste dans la caserne où ce soldat m'avait emmené, parce que j'étais l'étranger dans le bidonville de Dharavi, puis enfin parce que j'étais le gamin pauvre des rues après avoir été adopté. "Alors, il est où ? Il est comment ?"
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MessageSujet: Re: J'peux t'appeller Tonton Nono ? J'peux t'appeller Tonton Nono ? EmptyDim 27 Jan - 4:35


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Oui enfin, j’avais uniquement dit que je n’en avais jamais rencontré, pas qu’ils n’avaient pas existé. Même si je devais admettre ne pas avoir immédiatement pensé aux nazis, mais bien aux terroristes du Moyen-Orient. En attendant, j’étais agréablement surpris par les connaissances qu’il semblait avoir acquis en la matière. Sans jamais juger sur l’apparence, mais on le fait tous pus ou moins, Kenzo n’était pas seulement ce qu’on appelait une ‘belle gueule’, il avait aussi de la cervelle. « Oui enfin, si tu veux. » Je n’avais pas l’intention de lui imposer quoique ce soit, neveu ou pas. Il avait 21 ans, apparemment débrouillard, n’avait pas eu une enfance facile. Loin de moi l’idée de lui soumettre ma présence à longueur de journée. Mais j’avais envie de le connaître. D’ailleurs, j’avais même eu une idée loufoque, pendant un bref instant, que je m’efforçais toujours de repousser dans un coin de ma tête. L’idée qu’il puisse habiter chez moi, juste le weekend, lorsqu’il quitterait l’Université. Sauf que j’ignorais trop de lui-même pour pouvoir émettre une telle proposition. Et s’il avait une petite amie ? Ou un appartement ? S’il était allergique aux chats ? S’il préférait habiter plus près de la ville ? « Oui. C’était courant à l’époque d’avoir une famille nombreuse. Et maintenant, c’était aussi la tienne. » Rien que d’imaginer la tête de ma mère lorsqu’elle apprendrait qu’elle était grand-mère me faisait sourire. Les larmes aux yeux, à prendre Kenzo dans ses bras toutes les trois secondes et demi. N’en parlons pas de mon père qui voudrait l’emmener pécher ou lui parler de la vie de tous les jours du matin jusqu’au soir. Or, pour le moment, Kenzo avait besoin de repères, à mon humble avis, plutôt que deux parents poules qui veilleraient sur leur précieux œuf. J’avais donc décidé après deux minutes de réflexion – j’allais me faire tuer par ma mère, mais tant pis – de garder cette heureuse nouvelle secrète aux yeux de ma famille, au moins pour quelques temps. « C’est… ainsi que m’appelle mon neveu. » Hum, des explications s’imposent je crois. « C’est le fils de mon … meilleur ami. Il est comme un frère à mes yeux, et je considère sa famille comme la mienne. Son fils s’appelle Connor, et il m’a toujours appelé Tonton No’. Alors, si un enfant de 8 ans a le droit de le faire, je suppose qu’un jeune homme de ton âge aussi. » Joe faisait toujours une syncope lorsqu’on lui trouvait des petits surnoms affectifs. Moi, je trouvais ça plutôt mignons.

L’écoutant toujours, en buvant une gorgée de thé, je fronce peu à peu les sourcils à l’image qu’il me renvoie de son père. Non pas qu’il me met en colère par sa façon de le concevoir, bien au contraire. Armand à mes yeux, n’existait plus. J’avais toujours eu un grand sens de la famille alors que lui … préférait courir les routes, faire son devoir de patriote, au détriment des siens. Et le fait que Kenzo puisse corroborer malgré lui ce que j’en avais pensé me rendait plus froid à l’égard de mon aîné que je ne l’avais jamais été. Ne pas connaître son enfant. C’était trop facile. Comment pouvait-il lui pardonner ? Moi, je n’aurai pas pu. Qu’importe ses raisons. Qu’il eut été en guerre, que ce ne soit qu’une aventure d’une nuit. A moins que les militaires vivent dans un autre siècle et ne connaissent pas utiliser un préservatif, à moins qu’ils ne soient sans cœur et ne pensent qu’avec le bas de leur ceinture, je ne trouvais aucune excuse à un homme qui couchait avec une femme la nuit, et repartait sans prendre de nouvelles d’elle le jour. « Oui, c’est normal. Je comprends. » avais-je répondu, distrait malgré moi par la vision que j’avais d’Armand en cet instant. « Je … Ne dis pas ça, Kenzo. » Je ne savais rien de son père, du moins, à l’heure actuelle, mais je refusais le fait que mon Kenzo puisse croire qu’il n’aurait aucun impact positif dans sa vie si ce dernier avait su qu’il avait un fils. Plus encore pour son ancienne vie, je ne pouvais pas non plus le juger, puisque je ne savais rien. Mais le passé restait du passé. « Même si je ne te connais pas, moi je t’aime déjà. Et tes deux mères t’aimaient. Qu’importe ce que tu as enduré là-bas, ici tout sera différent, je t’en fais la promesse. Je sais que tu n’es plus un enfant, que tu n’as pas besoin de réconfort de ma part. J’ai déjà compris que tu sais te débrouiller par toi-même. Mais ne sous-estimes jamais la force des grands sentiments. Ce sont eux au final qui te donnent la liberté et te rendent … humain. » Preuve en est de ceux qui n’avaient jamais éprouvé ni reçu la moindre affection. Qu’étaient-ils devenus aujourd’hui, pour la plupart ? Des monstres d’égoïsme, des tyrans, des dictateurs … « Il … » Je détournais les yeux. Pensif. Je n’allais pas lui mentir. Même s’il serait déçu sans nul doute au départ, il méritait de tout savoir. « … il est grand. Et musclé. En fait, tu imagines un ours et tu as le portait physiologique de ton père. » Et j’étais très sérieux. « Il en a même le caractère. » Là, je plaisantais. Légèrement. « Il n’est pas séducteur… » Allez savoir pourquoi un sourire avait étiré mes lèvres et que mon regard s’était posé sur mon neveu lorsque j’avais prononcé ces mots-là. « …mais je crois me rappeler qu’il a du mal à résister aux requêtes féminines, quelles qu’elles soient. Il n’est pas blond. Je pense que sur ce point, tu as dû tenir de ta grand-mère. Il a les yeux verts et … je ne l’ai pas revu depuis près de vingt ans. Ni moi, ni nos parents. Il a quitté la ferme pour s’engager dans l’armée à 18 ans, et personne n’a eu de nouvelles depuis. » Mon ton était froid, quoique j’essayais d’être le plus doux possible, par respect pour Kenzo. « Je suis désolé. »
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MessageSujet: Re: J'peux t'appeller Tonton Nono ? J'peux t'appeller Tonton Nono ? EmptyDim 27 Jan - 7:08



J'avais hoché la tête avec un sourire ravi. Bien sûr que je veux revenir. Même si Noah n'est pas mon père, il reste un membre de ma famille et un homme tout à fait agréable quand on sait comment s'y prendre avec lui. Etait-il d'ailleurs toujours autant sur les nerfs au quotidien ou bien avait-il appris une mauvaise nouvelle qui l'avait poussé à faire preuve d'un peu d'antipathie dans un premier temps ? Je le saurais bien assez tôt. Pour l'heure, et d'une façon bien égoïste, je suis plutôt tout à ma joie d'avoir la confirmation d'être le descendant d'une grande famille anglaise. Grande au sens du nombre car je me moquais bien de leur niveau social. J'ai à peu près tout connu, de la pauvreté la plus précaire à l'opulente richesse me mettant à l'abri du besoin. Aujourd'hui, je suis un héritier qui veut tout simplement profiter sans compter après une bonne quinzaine d'années à m'être serré la ceinture à l'extrême. Le niveau de vie aisé, je l'ai... mais à quoi bon être riche si on ne peut en faire profiter personne ? "Ca fait plaisir de... enfin, de plus être tout seul." J'avais dit ça sur un ton qui cachait une certaine souffrance vis-à-vis de la solitude. Des familles de substitution, j'en avais eu après la mort de ma mère. Pendant un an avec un certain Logan Salaun, puis il y avait eu Thalia et sa mère, avant de tomber sur mes parents adoptifs. Cependant, ces gens n'avaient jamais su effacer ce sentiment de manque, cette impression qu'il y avait une composante encore inexistante de l'équation qui m'inquiétait sans arrêt. Bien que je n'ai pas encore rencontré mon géniteur, faire la connaissance de Noah m'apporte bien plus que je ne veux bien le laisser paraître. Je sors un instant de ma rêverie quand j'apprends que Noah a un autre neveu. "Hein ?" Puis finalement l'explication arrive et me fait sourire. Chouette, d'autres membres de la famille, même si ça ressemble plus à une famille de coeur. Je connais bien le concept, avec Thalia. "Connor, c'est noté. Faudrait pas qu'il soit jaloux si je me mets à t'appeler pareil... on va dire que tu dois avoir une tête à t'appeler Tonton No' !" lançai-je avec un rire et un clin d'oeil avant de boire une gorgée de thé.
Soudain, Noah semble prendre mal le fait que j'annonce que l'amour de mon père, au fond, me paraissait accessoire. Pourtant, c'est ainsi que je le ressentais. J'avais appris à oublier la haine lorsque les gens me rejettent... maintenant, je vis avec et je me tourne vers ceux qui m'apprécient, pour compenser. Mais ça, je me doutais qu'un homme "normal" ne pourrait pas le comprendre, pas même Noah. Il faut être rejeté aussi violemment que moi et pour des raisons très blessantes - auxquelles on ne peut parfois rien changer - pour assimiler l'abandon de la sempiternelle recherche d'affection. "Je sais, qu'elles m'aimaient. Moi aussi, d'ailleurs. Mais j'veux juste dire que... non, rien, c'est pas grave. T'as raison." Même si j'ai développé un certain narcissisme, je ne me suis jamais senti inhumain, bien au contraire. Vivre de façon très rude m'avait justement appris à être humble, reconnaissant. Humain. Bien plus que la majeure partie des héritiers de ma trempe mais qui n'ont pas un passé aussi lourd. J'écoute alors la description que Noah me fait d'Armand et, sans surprise, je souris. Il est à peu près comme je me l'étais imaginé. Un homme, un vrai. Je m'étais toujours dit que malgré sa personnalité, je ne tenais pas mon fort caractère de battant de ma mère. Disons que comme la majorité des femmes du village, elle avait été plutôt résignée. Elle laissait couler. Moi, je m'étais battu, sans arrêt. Et ça, c'est le tempérament d'un fils de militaire. D'un ours, si on veut. "Il hiberne dans des grottes aussi ?" plaisantai-je avec un sourire en coin. Ah, une différence. C'est un bourreau des coeurs mais pas un séducteur, tandis que pour ma part, j'ai appris à être un prédateur. La séduction, j'en avais fait un métier et, n'ayons pas peur des mots, un commerce pour me faire de l'argent à Bombay. Mon sourire se fige lorsque j'apprends assez brutalement qu'il n'a aucune idée de l'endroit où il peut se trouver. "Oh... j'suis désolé." Ca m'avait échappé. Noah ne l'avait pas revu depuis que Armand s'était engagé à l'âge de dix-huit ans. "Tu l'as jamais revu ? Et tu m'accueilles comme ça, sans chichi ?" Il aurait pu ne pas me recevoir, jugeant que je n'étais qu'un problème de plus engendré par son aîné. Son sens du savoir-vivre me toucha encore davantage. Pour un peu, je me sentais plus embêté pour lui que pour moi. "C'est pas grave, il finira peut-être par repointer le bout de son nez un jour. Pour l'instant, j'ai trouvé une bonne raison de faire une pause dans mes recherches." ajoutai-je en glissant un regard affectueux et reconnaissant en direction de mon oncle. Un chat vint s'asseoir sur la table basse face à laquelle nous étions assis. Je lui présente ma main, passionné par les félins. "Oh, il est beau le... Aïe !!" Il m'a mordu et s'est enfui sans demander son reste, le p'tit monstre ! Je plaque mon autre main sur la marque sanguinolente qu'il a laissé puis j'arque un sourcil. "Vachement sociable, ta bestiole ! Bon, parles-moi un peu de toi, maintenant. J'ai envie de tout savoir, je ne demande qu'à apprendre." J'affiche un sourire Colgate particulièrement avenant, comme un gamin qui attend qu'on lui raconte une histoire avant de s'endormir. "T'es écrivain, alors ? Ca t'es venu comment ?" Réponds vite et de façon complète Noah, tu as un moulin à paroles et une usine à questions devant toi.
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