Je venais de trouver l'objet de toutes les convoitises : la clé qui allait pouvoir ouvrir la salle des coffres. Evidemment, je me demandais à cet instant précis ce que pouvais contenir les coffres, peut-être un acte d'adoption pour Eileen, ce serait trop beau. Non vraiment, cela m’intriguait. Autant je n'était pas vraiment pour cette initiative au début, autant maintenant je voulais vraiment m'y rendre. On a tous des secrets, aussi infimes soient-ils, j'étais curieux de découvrir ce que Grégory pouvait caché, s'il avait honte de quelque chose ou si, tout simplement, il faisait des affaires louches. Je ne connaissais pas vraiment Gregory, enfin si, mais pas en tant que père. Je ne connaissais pas son passé et j'étais loin de m'imaginer la véritable nature de son activité. Bien sûr, il me racontait les différentes tractions, affaires qu'il a pu avoir dans le passé mais je restais persuadé qu'il y avait quelque chose de pas clair. Avoir Végas à ses pieds uniquement grâce à certains placement en bourse, non, à d'autres. Plus j'avançais dans mes études et plus je me rendais compte de certaines choses. Savoir saisir sa chance et être prêt à faire des concessions. Comme j'aimerai savoir la vérité sur le parcours de Grégory, en tout cas, ce n'est pas avec ce qu'il me racontait que je pourrais lui arriver à la cheville. Non, il y avait quelque chose d'autre, cela ne pouvait pas en être autrement. Détournement de fond ou blanchiment d'argent, qui sait. Bon ok, je vais peut-être un peu loin mais sait-on jamais.

Nous avions empruntés calmement le chemin vers la salle des coffres. J'avais effectivement remarqué le sourire machiavélique sur le visage d'Eileen. C'était étrange de la voir aussi obstinée mais dans un sens, je préférais la voir ainsi plutôt que de la voir s'acharner sur moi comme elle l'avait fait un peu plus tôt. D'ailleurs, les évènements de Noël semblaient être tellement loin derrière nous, comme-ci rien ne s'était passé. Remarquant sans doute mon regard, elle me lança un sourire, j'étais agréablement surpris. Cela me faisait réellement plaisir de pouvoir être à ses côtés sans se bouffer le nez. Rien n'était perdu entre elle et moi, j'en restais persuadé. Un jour nous deviendrons complice et ce jour-là, nous pourrions compter l'un sur l'autre comme nous l'espérons en ce moment précis. Une fois arrivé à destination, on tomba nez-à-nez avec un vigile armé jusqu'aux dents. Le contraire aurait été étonnant, n'est-ce-pas. Eileen engagea alors la conversation avec lui, il ne semblait pas vraiment coopératif. En même temps, il avait peut-être reconnu la cadette de Gregory, autant il ne me connaissait pas du tout. « Laissez moi l’appeler pour confirmer» Eileen me regarda, implorant ma pitié. En effet, c'était à mon tour de jouer, à moi de prouver que j'avais ma place parmi les Rosenbach. Si un jour je devais assurer la relève, il fallait que je me montre digne de cette famille. Assez de baratin, un peu plus et il va appuyer sur la toucher " appeler " Je m'avançais de quelques pas vers lui. « Père est très occupé pour le moment. Je suis Jorden, son aîné et à ce titre, il m'a autorisé la procuration. J'ai ici le document juridique qui le prouve. » Je tendis le papier que j'avais trouvé tout à l'heure, dessus était griffonné quelques trucs mais de loin, on ne pouvait pas distinguer ce qu'il y avait de noté. Le vigile regarda simultanément la lettre puis moi. Je la tendis un peu plus vers lui, d'un pas assuré. Ne montrer aucune faiblesse était la clé. De plus, j'avais lancé un petit pic à Eileen pour qu'elle n'oublie pas que l’aîné c'était moi et que j'étais venu au monde bien avant elle. L'homme me regardait suspicieux avant de froncer les sourcils. « Je vais quand même l'appeler pour qu'il me donne confirmation. » Je levai un sourcil l'air perplexe. Effectivement, il fallait que je réagisse au plus vite, l'adrénaline commençait à arriver, c'était jouissif. J'aimais beaucoup l'action et cela me stimulait énormément. « Je crois que nous nous sommes mal compris monsieur .. » Je regardais rapidement le nom écrit sur son badge avant de reprendre. « Anderson ! Père est en train de fêter Noël, toute la famille s'est déplacé du monde entier pour pouvoir participer à sa petite réception. Il est sur les nerfs avec les préparatifs c'est pourquoi il a envoyé ses enfants chercher un papier, en son nom. Je crois que vous ignorez de quoi il est capable quand il est énervé. Mais je vous en prie, dérangez-le en pleine réception. » Je me surpris à parler comme Gregory ! Le vigile nous regarda un long moment avant de ranger son portable dans sa poche. Il soupira avant de se résigner à nous laisser passer. « Bien ! Allez-y, vous avez dix minutes. » Il s'écarta pour nous laisser passer. En tant que gentleman, je laissais passer Eileen devant, après-tout elle connaissait les lieux mieux que moi et en plus de cela, elle était en possession de la clé. Étrangement, je ne pouvais retirer ce petit sourire satisfait de mon visage, j'étais fier de moi.

"Vous n'êtes pas ici parce que vous êtes les meilleurs.
Vous êtes ici parce que vous êtes les meilleurs des meilleurs"

Elle tenait précieusement la clé entre ses doigts fins, cette clé, c’était celle du coffre de son père. Elle ignorait ce qu’il pouvait bien contenir mais toutes les hypothèses étaient envisageables. Gregory trainait dans des affaires louches, parfois même à la limite de la légalité et ce n’était un secret pour personne. Jorden semblait du même avis, tiraillé entre l’envie de savoir la vérité, curiosité maladive, et la situation dans lequel ça le mettait. Après tout, ils n’avaient pas le droit d’aller dans cette salle, d’ouvrir ce coffre, ça revenait à trahir une fois de plus la confiance de leur paternel. Ensemble ils parcouraient les couloirs interminables du palace, sourires complices, ils plongeraient tout les deux, pas de perdant ou vainqueur, pour faire la paix il fallait être sur un pied d’égalité. Ces couloirs elle les connaissaient par coeur, elle aurait pu les parcourir les yeux fermés, c’était un labyrinthe dans lequel elle ne s’était jamais perdue. Jorden ne quittait pas sa soeur des yeux, sur ce coup là il lui faisait un minimum confiance. Pour une fois les deux Rosenbach ne se déchiraient pas, ils ne se hurlaient pas dessus, le seul moyen qu’ils avaient trouvés pour faire une trêve était celui ci, faire un coup de maitre. Déjà elle imaginait la réaction de Gregory lorsqu’il viendrait à l’apprendre - parce que soyons d’accord- il allait forcément découvrir que ses marmots avaient enfreint toutes les règles. Il allait leur passer un savon monumental, mais elle s’en moquait, la seule chose qui avait de l’importance, c’était le moment présent. Un large sourire s’était installé sur son visage, dans le fond elle était fière de mettre enfin ce plan à exécution. Rapidement il arrivèrent devant le garde qui surveillait la fameuse porte, il avait la tête de l’emploi ce n’était pas une façon de parler. Pas loin de deux mètres de haut, des muscles en béton armé, un costume trois pièces, la garde rapprochée de son père, ses chiens de gardes comme elle les appelait. Ils étaient partout, constamment, son père était l’homme le plus protégé de la ville, jamais il ne se déplaçait sans sa suite, voitures blindées, gardes du corps, la sécurité était pour lui, la chose la plus importante du monde. Eileen avait du subir cette sécurité étouffante durant toute sa vie, et encore aujourd’hui lorsqu’elle était à Vegas. Pas d’école normale, constamment entourée d’une horde de garde du corps, miss Rosenbach était la reine de Vegas et clairement faire tomber la reine était le meilleur moyen d’atteindre le roi, et ça les ennemis de papa le savaient parfaitement. Vegas était une ville dangereuse, alcool, jeux, sexe, mensonges, ça ne laissait aucun répit, on avait vu des gens se faire tuer en plein Strip pour bien moins que ça, les débordements faisait partis du quotidien de Sin City, et il fallait s’en protéger, d’autant plus lorsque son compte en banque frôlait les 23 milliards de dollar. Eileen engagea la première les négociations avec le garde, elle le connaissait bien, il bossait aux cotés de son père depuis près de 10 ans, il l’avait vu grandir. D’avance, elle savait que le convaincre ne serait pas une chose facile, mais elle mettait ses atouts en avant, regard charmeur, sourire innocent, en vain. Il voulait appeler Gregory pour confirmation et cela ne devait surtout pas arriver, sinon le plan serait fichu ! Elle se tourna alors vers Jorden, il avait des ressources le petit. Son visage le garde ne le connaissait et pour cause, Jord avait grandi en Floride, sans hésitation il agissait. « Père est très occupé pour le moment. Je suis Jorden, son aîné et à ce titre, il m'a autorisé la procuration. J'ai ici le document juridique qui le prouve. ». Eileen ne perdait pas une miette du manège de Jorden, et elle était plutôt satisfaite par la capacité que Jorden avait à mentir. Secouant son morceau de papier en l’air, il avait pris un ton plus hautain qu’en temps normal, le portrait craché de Gregory. C’était affolant à quel point ils se ressemblaient par moment; attrapant le papier des mains de Jorden avant que le vigile ne décide de l’observer plus attentivement, j’ajoutais. « On ne va pas y passer la nuit, vous me connaissez depuis des années, alors laissez nous passer ! ». Il haussa un sourcil en l’air, à première vue, il avait reçu des consignes et ne semblait pas prêt à faire la moindre petite concession, même pour la fille du grand boss. Jorden, prit alors de nouveau la parole dans un excès de détermination, elle était fière de lui, pour la première fois depuis longtemps il lui prouvait qu’il avait les gènes d’un Rosenbach, un Gregory en puissance. Il parlait posément, clairement, expliquant que déranger Grégory maintenant serait du suicide, surtout pour une histoire de la sorte. Il le provoqua jusqu’à la dernière seconde c’était quitte ou double, il pouvait l’appeler ou faire marche arrière et les laisser entrer. Le temps semblait s’être arrêter, et finalement il se ravisa et rangea le téléphone, ils avaient cinq minutes parfait !

Ils poussèrent la porte qui se trouvait derrière le vigile, le sourire aux lèvres, ils avaient réussis, pour la première fois ils avaient accomplis quelque chose ensemble main dans la main. Ils firent quelques pas, s’éloignant puis Eileen se stoppa net dans sa course avant d’enlacer Jorden dans ses bras. Une étreinte sincère, unique, et exceptionnelle, les yeux pétillants elle ne le quittait pas du regard. « Tu as été parfait ! ». Attrapant sa main il s’engouffrèrent dans un nouveau couloir, des portes partout, c’était un labyrinthe criblé de caméras. Mais l’unique porte qui était intéressante ici, était celle qui contenait un digicode et des centaines de coffres. « T’es prêt ? » dit elle à l’intention de son demi -frère. Composant le code qui était inscrit sur le bout de papier, elle s’ouvrit. Ils étaient les rois du pétrole ce soir. Devant eux des centaines de coffres métalliques, à l’intérieur des milliards de dollars, des jetons de casino, des affaires personnelles des Rosenbach et des plus gros clients de l’hôtel. Ils étaient arrivés dans l’un des endroits les plus surs au monde sans le moindre problème. Etre un Rosenbach ouvrait toutes les portes c’était définitif. S’approchant de Jorden elle se saisit de la clé trouvée dans le bureau de son paternel et sortit son téléphone de sa poche. «  On immortalise ce moment ? Je ne pense pas que ça risque de se reproduire de sitôt ! », elle voulait une photo souvenir, oui, et il y avait de quoi. Levant son bras au dessus de leur visage elle affichait un large sourire. Ne leur restait plus à présent trouver le bon coffre, fouiller et repartir. La nuit avait été longue et riche en rebondissements. « C’est le coffre là», dit elle en reconnaissant les chiffres qui étaient parfaitement coordonnés à la clé. Insérant, la clé dans la serrure il s’ouvrit. Ils avaient atteint leur but ultime.

Ma réponse ne me plait vraiment pas, tu m'excuseras d'avance