La semaine s’était écoulée dans une lenteur suffocante. Après cette soirée avec Blaithin, elle avait subit les foudres de James et bien d’autres encore. Mais qu’importe le nombre de reproches qu’on avait pu lui faire, aucun n’était parvenu à la convaincre de la bêtise qu’elle avait faite. Elle s’affichait toujours souriant peu soucieuse de l’avis d’autrui. Bien sûr, celui de James comptait bien plus qu’elle ne le laissait entendre mais que voulez vous ? La fin du monde approchait et elle se moquait de savoir qu’elle irait cramer en enfer.

Le soir commençait à tirer son long manteau sombre sur la ville. Les lumières s’allumaient les unes et les autres comme des lucioles perdues ca et là dans un dédale d’acier et de béton. Admirative de cette beauté artificielle, Aengus se perdait à contempler l’extérieur par la fenêtre. Un rare moment de tranquillité semblait s’offrir à l’appartement. Tout ceux qui connaissaient la blonde savaient pertinemment qu’il ne fallait jamais espérer la voir trop longtemps tenir en place. Soufflant sur le verre de la vitre, la blonde commença à dessiner du bout des doigts points aléatoirement disposés sur le carreau. Normalement, l’appartement ne devait recevoir aucune vie ce soir. Liam avait annulé son rendez vous avec une jeune femme et Aengus n’était pas rentrée à sa confrérie dans l’espoir d’apporter un peu de lumière dans le cafard de son frère. Malheureusement, il s’était installé sur le canapé,pour regarder un vieux film muet. Le salon n'était alors éclairé que de légère lueur à peine visible sous la porte. Se ne fut qu’en le voyant se lever d’un bond que la blondinette cru s’étaler de son perchoir sur le sol. Qu’est ce qu’il avait ? Papillonnant du regard, elle posa un pied au sol alors que son frère lui fit signe de se taire ? Quoi ? Aengus commençait à se tendre, inquiète. Elle tourna la tête vers la porte du salon, celle qui donnait sur le hall d’entrée. Les petits cheveux présents sur sa nuque se dressèrent, alertes. Une réaction qu’Aengus jugeait stupide mais que son corps devait penser primordiale. Est-ce que son cerveau hurlait à tout ses poils de se dresser sur sa peau pour servir d’antenne à emmerdes ? Fort probablement !

Aengus eut à peine le temps de réagir que son ainé avait déjà glissé sans un bruit vers la porte, puis le hall. Figée, Aengus n’osait pas désobéir à son ainé. Il lui avait dit de ne pas bouger, de rester là… Mais elle ne pouvait pas rester toute seule ! Elle avait peur. Tout son être se retenait de lui hurler de rester avec elle ! Il n’avait jamais vu de film d’horreur ou quoi ? C’était toujours comme ca ! On entendait un bruit, l’homme fort sortait pour voir, se faisait buter puis c’était le tour du suivant ! Pourquoi fallait il que son frère se glisse par cette porte, dans le noir ? C’était bien connu que le meurtrier se positionnait juste là avec sa faux pour égorger sa victime. Frissonnante de la tête aux pieds, Aengus bondit sur la pointe de ses pieds pour accourir dans le dos de son frère.

« On ne se sépare pas. Dans les films, ils se séparent toujours et ils meurent… t’inquiète. Je te protège. » Murmura t elle en serrant le tissu de la chemise de son ainé, bien cachée derrière lui !

Il lui jeta un regard qui signifiait parfaitement qu’il n’était pas dupe et qu’il avait bien comprit qu’elle était une trouillarde qui se planquait derrière lui. Aussi, Aengus plissa le nez avant de lui lancer de but en blanc.

« Tu m’as dit tout à l’heure que les femmes ca faisaient la vaisselle et les hommes ca protègent la maison. Bah voilà, c’est ton tour de faire ta part ! »

Habituellement, elle tenait un tout autre discours. Bien sûr le petit sourire en coin indiquait qu'elle ne pensait pas un mot de ce qu'elle avait pu avancer. Mais Liam ne l’écoutait plus. Il se faufila vers la chambre d’Aengus ou l’invité surprise avait choisi de s’introduire. La suite fut trop rapide pour que la jeune femme parvienne à comprendre quoique se soit. A quoi s’était elle attendue ? Pour être honnête, à une fausse alerte ! Jamais elle n’aurait cru possible qu’un homme puisse fouiller dans son armoire…dans SES affaires. L’intrus eut à peine le temps de se retourner que Liam se ruait déjà sur lui. Aengus se précipita vers la lumière pour essayer de suivre la bagarre. Les coups s’échangeaient avec violence, poussant Aengus à reculer et plaquer son dos contre la porte. Elle voulait courir, prévenir la police mais impossible de quitter la scène du regard. Elle devait s’assurer que son frangin allait s’en sortir. Il était toujours blessé et moins en forme qu’un homme en pleine forme. Mais elle avait été mauvaise langue. Après quelques minutes qui semblèrent une éternité, Liam prit le dessus sur l’homme cagoulé. Il logea une droite bien senti sur le visage puis une seconde, puis une autre. Aengus aurait jurée entendre l’homme à terre réclamer une pause, se rendre mais Liam était parti. Finalement, les deux poings commencèrent à heurter la chaire déjà meurtrie.

« Liam…Liam arrête. Il fera plus rien arrête. » Déclara Aengus en s’avançant vers son frère.

Mais il n’écoutait plus. Il était à peine reconnaissable et la blonde frissonna. On aurait dit un animal.

« L…LIAM ! » S’écria Aengus pour essayer de le raisonner mais rien à faire.
La jeune femme se précipita alors sur son frère pour lui prendre l’épaule et l’inciter à se reprendre.

« ARRÊTE ARRÊTE TU VAS LE TUER ! ARRÊTE ! » Hurla t elle pour être sûre d’être entendue.

L’impuissance la poussait à tirer plus fort, attraper le bras de son frère pour qu’il ne frappe plus. Mais il se redressa violemment, le bras forma un arc de cercle devant lui pour frapper Aengus et la repousser. Son dos heurta la porte de l’armoire. Le souffle coupé, elle regarda un moment l’ensemble devenir flou et son frère reprendre les coups contre sa victime.

- Mais elle est complètement tarée !, aboyais-je face à James.

Mon frère venait de me raconter la soirée entre Aengus et Blaithin. Et je fus à la fois énervé et peu surpris du comportement de ma petite protégée. Pourquoi fallait-il toujours qu’elle se mette dans de sales draps ? Bon d’accord, pour être aussi impulsif et chieur qu’elle, je pouvais comprendre qu’elle y trouve un certain amusement. J’ai toujours eu un don pour me retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. Un manque de chance ? Non. Une capacité étonnante à changer le cours des choses en ma défaveur. Mais cette fois-ci, Aengus avait été trop loin. Si elle souhaitait se foutre dans la merde, pourquoi pas. Mais nous avions une grande valeur familiale, et nous devions nous protéger les uns les autres, pas nous faire des coups bas comme ça nous chante. Et j’étais prêt à lui faire comprendre ma façon de penser.

- Je vais aller la voir ce soir. Elle ne va pas s’en tirer aussi facilement, crois moi.

Mais à l’heure actuelle, j’avais du boulot et déjà, je quittais le parking de l’université pour me rendre au centre d’archéologie, afin de travailler avec mes collègues sur nos petites trouvailles de l’époque des Conquistadores, sur lesquelles nous avions mis la main lors de notre séjour au Mexique il y a quelques jours. Car oui, je revenais à peine de voyage. Plus précisément, j’étais rentré hier soir d’une semaine de déplacement. Voilà la raison pour laquelle je n’avais pas entendu cette histoire. Heureusement, alors que je venais de prendre mon petit-déjeuner tardif avec James, ce dernier avait décidé de me mettre au jus.

Je sortais à peine du travail alors que la nuit commençait déjà à pointer le bout de son nez. Je venais d’enchainer onze heures de boulot, et mieux valait pour Aengus qu’elle se montre compréhensive en vue de toute la tension de la journée qui ne faisait que s’accroître en moi. Premier appel téléphonique. Aucune réponse. J’émis un léger grognement avant de prendre une nouvelle inhalation de ma cigarette. Deuxième et troisième appels, toujours rien.

- Ok, tu veux jouer à ça, très bien ma puce, j’arrive, murmurais-je en enfouissant mon cellulaire dans la poche de mon jean.

Il ne me fallut pas beaucoup de temps avant d’enfourcher ma moto pour me rendre chez Aengus et son frère. Par miracle, je trouvais une place pour me garer tandis qu’une voiture quittait son emplacement pour se rendre à un endroit bien précis. Je retirais mon casque puis une fois face à la porte, j’approchais ma main de la sonnette. Néanmoins, des bruits suspects m’empêchèrent d’aller plus loin, tant ils attirèrent mon attention. Ma respiration se fit plus courte, contrôlée par mes soins afin de ne plus faire aucun bruit et tenter de comprendre ce qu’il se passait derrière la porte. Je pus de cette façon distinguée des cris et surtout des coups, sans pour autant comprendre un seul mot des paroles qui étaient échangées. Et c’est à ce moment précis que mon cœur loupa en battement. Il arrivait quelque chose à Aengus ! Je n’avais pas envie de savoir dans quels draps elle s’était encore fourrée. Mon unique but résidait dans le fait de lui venir en aide.

Ma main se posa directement sur la clenche, mais celle-ci était verrouillée. Enfin je tapais sur la porte.

- Aengus ?!

Bon, pas de temps à perdre. Je me reculais, prenais de l’élan, en priant pour que les séries policières ne mentent pas trop, et fonçais sur la porte afin d’y asséner un violent coup de pied. La porte s’ouvrit, effectivement, mais c’était sans compter sur le gémissement de douleur qui s’échappa de mes lèvres.

- Ah putain !

Je sautillais sur mon pied valide en tenant l’autre dans mes mains, grimace sur le visage, avant que l’adrénaline ne reprenne le dessus et que j’entre. Je me dirigeais à une vitesse impressionnante vers les bruits, afin de voir exactement ce qu’il se passait. Et c’est une fois arrivé sur place que mes yeux bleus se posèrent sur la scène : Aengus, dos à l’armoire, visiblement assommée et son frère Liam, rouant de coups un homme était apparemment entré par effraction. Cependant, en vue de l’acharnement qu’il présentait face au hors la loi, je ne pris pas beaucoup de temps à réagir et à me jeter sur lui afin de le stopper net.

- Liam ! Arrête ça tout de suite !

Mes bras entourèrent Liam, et j’usais de ma force pour l’obliger à se redresser afin de le faire lâcher prise. Cependant, comme il se débattait, je dus agir en conséquence : je lui assénais un coup de pied derrière les genoux afin de lui faire perdre l’équilibre. Et une fois qu’il fut à terre, je l’obligeais à se calmer en posant mon pied contre l’intérieur de son épaule, en l’obligeant à tendre le bras vers moi. Je pouvais le lui casser à tout moment s’il refusait de se calmer, et j’espérais qu’il en aurait conscience.

HRP: L'ellipse te convient? ]

L’obscurité se mêlait à un brouillard dansant. La tête sonnée et vidée laissait filtrer quelques brides de paroles, une voix connue. Dans ce chaos, la iota se redressait mollement. Les doigts glissaient contre le bois de l’armoire tandis qu’elle reprenait ses esprits. Un homme s’en prenait à son frère. PERSONNE ne touchait son frère ! PERSONNE ! Il était sacré et elle avait juré de veiller sur lui depuis son retour de l’Afghanistan. Cette promesse silencieuse lui tenait à cœur. Elle savait que son ainé avait besoin de son soutien. Sans même réfléchir, elle se rua sur Edward. Alors qu’elle aurait pu tenter de le cogner à son tour, ou de lui faire une quelconque frappe qu’elle avait apprit durant ses cours, elle se contenta de lui sauter sur le dos. Les jambes encerclèrent la taille du professeur avant qu’elle ne grogne.

« Ne lui fais pas mal ! »

Les dents vinrent se saisir de l’oreille de son sauveur pour l’enserrer avec force, sans chercher à le faire saigner. Tout était une question de mesure. PERSONNE ! Elle avait dit PERSONNE ne touche à son frère ! D’ailleurs, que devenait le principal intéressé ? Les dents serrées sous la douleur, le regard fulminant, il ne bougeait plus d’un pouce. Le coup à l’arrière du genou avait suffit à le pousser au calme. Les jambes restaient des points particulièrement sensibles. Heureusement, Edward avait eut la présence d’esprit d’éviter la droite déjà bien amochée depuis l’accident qui lui avait couté de belles cicatrices et une blessure au genou. Mais Aengus fut rapidement rappelée à l’ordre par une respiration sifflante. L’intrus menaçait de s’étouffer. S’il venait à mourir, Liam risquait d’avoir de gros ennuis.

La Iota se précipita alors vers l’intrus délaissant totalement Edward. Sauf qu’elle ne savait pas quoi faire. Devait elle le tourner sur le coté pour dégager ses voies respiratoires ? Il avait prit tellement de coups dans la figure qu’elle craignait d’aggraver les choses en le bougeant. Elle devrait probablement appeler les secours. Est-ce que la police devrait venir aussi ?

La confusion ne régna en maitre que peu de temps avant que les choses se déroulent presque naturellement. Prévenir les secours, la police et laisser Liam se calmer dans un recoin de l’appartement…une démarche nécessaire qui paru une éternité pour Aengus. Répondre aux questions, subir encore et toujours la multitude de regards indiscrets… Lorsqu’elle referma la porte sur tant d’agitation, la Iota poussa un soupir de soulagement. Liam s’éclipsa rapidement dans sa chambre aussi épuisé que nerveux. Avoir été violé dans son intimité le chamboulait suffisamment pour ce soir. Un somnifère et au lit.

« Tu veux boire un thé ? » Demanda Aengus en redressant le nez sur Edward.

Aucune illusion quant aux raisons de sa présence ici. L’étudiante savait pertinemment pourquoi il était venu. Sauver un inconnu des griffes de son frère ne faisait pas parti du plan de départ. Elle lui proposait donc de boire une tasse de thé ou autre boisson chaude. Aengus avait la manie de croire qu’une tasse de thé pouvait tout arranger. Une vieille habitude tirée de leur île probablement. C’était la potion magique des anglais. Certes, elle était Irlandaise, mais proposer une infusion de trèfles ne ferait pas le même effet. Car oui, elle avait la ferme intention d’agir comme si le précédent épisode n’avait jamais eut lieu.

« Ou…autre chose. » Poursuivit-elle en invitant Edward à s’installer dans la cuisine.

C’était une pièce assez petite qu’Aengus appréciait pour sa chaleur, la grande fenêtre aux petits carreaux et le rebord contre lequel elle pouvait s’assoir pour regarder dehors. Mais la contemplation attendra. Elle s’occupait de servir son invité surprise. Prendre ses affaires pour les ranger dans l’armoire de l’entrée, lui tirer sa chaise, le mettre à l’aise… Bref, Aengus avait un sens de l’accueil pointu quand elle était chez son Liam ou la famille. A l’extérieur, elle restait plus paresseuse en matière de manières.

D’ailleurs, c’était étrange de reprendre une vie normale alors que durant un lapse de temps, elle avait été tranchée à vif. Savoir que cet appartement n’était pas le cocon qu’il avait toujours représenté pour elle, ne la laissait pas indifférente mais c’était chez elle ici. Elle y resterait tant que son frère y serait. Plus jeune les relations entre Liam et ‘Gus demeuraient extrêmement tendues. L’ainé surveillait continuellement la blondinette, n’hésitant pas à faire preuve d’une grande sévérité avec elle pour la forcer à agir en « fille ». Leur lien était devenu presque fusionnel au retour de son frère d’Afghanistan, il y avait de cela un an.

Par moment, je me demandais si Aengus arrivait à connaître des journées entières… tranquilles, sans qu’il ne se passe quoi que ce soit dans sa vie. Ainsi, il n’y avait que chez elle que je pouvais pour ainsi me voir confronter à un jeune homme fou furieux qui assène de coups un individu venant d’entrer par effraction chez lui. A croire que ceci devenait la mode. Car même si je m’étais montré présent aujourd’hui chez ma protégée, ça n’avait pas été le cas chez Maria quand un cambriolage avait mal tourné, si bien que ma femme avait dû se défendre pour se protéger elle et les enfants, en tuant l’homme de sang froid. Un épisode dont j’évitais de parler tant il faisait souffrir O’Berkeley. Donc inutile de la mettre dans une situation encore plus gênante en criant l’histoire sur les toits, surtout que dans le fond, des tonnes de rumeurs avaient déjà dû faire le tour de l’université depuis la rentrée scolaire de septembre.

Et tandis que je cherchais à calmer Liam pour éviter qu’il ne finisse par achever l’individu, ce fut à Aengus de ne pas m’aider dans ma tâche puisqu’elle se jeta sur moi, s’agrippant à mon dos, de façon à m’obliger à lâcher prise. Mais ce qu’elle oubliait, c’était son poids comparé au mien, si bien que son intervention ne fut pas d’une grande utilité.

- Putain Aengus ! Lâche-moi ! Je ne vais pas faire de mal à ton frère, réfléchi deux secondes ! Merde mais descends !

Puis le silence. Aengus et moi posâmes notre attention sur le souffle court de l’individu, toujours sur le sol et en mauvais état. Un temps de réflexion.

- Vite, il faut appeler les urgences !

Heureusement, l’ambulance ne tarda pas à venir. Les voisins furent attirés par le bruit des sirènes et l’affaire fut vite classée : un individu était entré par effraction et l’un des propriétaires s’était défendu. Liam, sans un mot, fila ensuite dans sa chambre, toujours aussi énervé. Pour ma part je croisais les bras tout en me suivant Aengus.

Lorsqu’elle me proposa du thé, j’affichais une expression d’exaspération. Voilà. Cette jeune femme avait le don pour faire passer sous silence ce genre d’évènement, et faire comme si rien de s’était passé. Je m’installais donc sur une chaise et fixais Aengus avait un drôle d’air.

- Oui, un thé s’il te plaît…

Bon, passons pour le moment l’épisode de cet individu. Mais je comptais bien y revenir. Notamment sur le fait qu’elle m’ait sauté dessus en pensant dur comme fer que j’allais faire du mal à Liam. Ce n’était pas dans mon attention et elle ne le savait que trop bien. Pour qui me prenait-elle à la fin ? Certes, je suis d’une nature violente, mais pas avec les personnes que je connais. Et Liam fait parti de mon entourage, même si j’ai toujours été beaucoup plus proche d’Aengus. Quoi qu’il en soit, je laissais la jeune femme me servir une tasse de thé. Un soupir s’échappa de mes lèvres avant que je ne lève mes yeux bleus en sa direction. Et oui, elle n’allait pas s’en sortir aussi facilement. Car même si je passais sous clef l’épisode de l’intrusion de l’individu, je ne comptais pas passer à côté d’une petite discussion concernant la cuite monumentale que s’était prise Blaithin. Surtout pas quand j’apprenais que Aengus y était directement liée dans la mesure où elle avait joué avec le passé alcoolique de O’Griffin pour s’amuser un peu. Et ça, je ne l’acceptais que très peu. Mais pour le moment, je voulais donner une chance à la jeune femme de s’expliquer à ce sujet sans que je ne lui grogne dessus. C’est pourquoi je lui demandais, d’un ton calme.

- Tu peux m’expliquer ce qu’il s’est passé avec Blaithin l’autre soir, quand j’étais encore en déplacement au Mexique ?

Edward ne sembla pas satisfait par la tournure des choses. Le silence d’Aengus avait eut tendance à en énerver plus d’un. A croire que rien ne parvenait à avoir de l’importance à ses yeux, qu’il suffisait d’un thé pour tout remettre dans le droit chemin. Tirant la bouilloire sur le feu après l’avoir rempli d’eau, elle pivota pour continuer à faire face à Edward. Le dos contre le rebord du plan de travail, les mains posées de part et d’autre de son corps, elle l’interrogea sur le thé qu’il désirait prendre. Elle en avait tellement en stock.

La question ne la surprit pas. Elle l’attendait. Néanmoins, son regard se leva au ciel dans un soupir. L’idée de recommencer les explications lui déplaisait. Aengus avait toujours détesté revenir sur ce qui avait été fait, justifier et expliquer pourquoi. C’était fait. C’était comme ca et elle n’avait pas à justifier le moindre de ses faits et gestes.

« Si tu es ici, c’est que tu sais déjà très bien ce qui est arrivé. Alors si on passait à l’étape suivante, ca ferait gagner du temps à tout le monde. » Déclara t elle simplement.

Têtue demeurait un mot faible. Une qualité autant qu’un défaut et Edward devait en connaitre un rayon. N’était il pas aussi buté qu’elle ? L’orgueil trônait aussi au sommet des sentiments qui la poussaient à agir ainsi. S’expliquer, s’était aussi admettre et rappeler qu’elle n’était pas parfaite et qu’elle n’agissait pas comme le demanderait son entourage. Faire des erreurs, des bêtises signifiait qu’elle n’était pas parfaite ou presque parfaite et que tout le monde pouvait le savoir. Un rappel dont elle se passerait bien. De plus, chaque nouvelle conversation à ce sujet la ramenait à la case départ. Est-ce que ca ne finirait jamais ? Elle avait déjà un procès sur le dos avec cette affaire. Est-ce que ca ne suffisait pas ?

Ses mains repoussèrent son corps loin du meuble pour s’approcher d’un placard ou se trouvait rangé les tasses. Un instant, un vertige l’obligea à attendre de pouvoir voir de nouveau et avancer. Probablement un contre coup pensa t elle avant d’ouvrir la porte du placard et de s’emparer de deux grandes tasses qu’elle déposa sur la table.

« Je ne vois pas ce que ca peut te faire de toute façon, t’étais même pas là. » marmonna t elle en sentant ses muscles se tendre.

La colère commençait à gronder. Peu douée pour la maitriser, elle inspira tout en se redressant. Heureusement que la bouilloire la rappelait à l’ordre pour l’occuper et lui donner contenance. Il ne restait plus qu’à verser l’eau dans chaque tasse et offrir le petit sachet de thé à tremper dedans. Enfin, elle pu poser ses fesses en face d’Edward et le laisser réagir. La conversation promettait d’être animée mais chacun savait pertinemment que leur caractère était ainsi fait. Aengus s’énervait rapidement, se braquait et se refermait sur elle-même à la moindre petite note d’agacement. Avoir une conversation sérieuse avec Aengus relevait du miracle.

Aengus et son don pour tout relativiser. C’en était désarmant. Pour elle, rien n‘avait d’importance. Elle aurait pu tuer un homme qu’elle aurait encore été capable de voir uniquement le bon côté des choses. Un trait de caractère fort lorsqu’il s’agissait pour elle de se défendre et éviter ainsi qu’on ne lui fasse la morale. Et c’est en tentant de changer de sujet qu’elle m’avait proposé un thé. Peut-être pour tenter de me calmer aussi en sachant que je n’étais rien d’autre qu’une bombe à retardement lorsque quelque chose me déplaisait. Je lui demandais donc un thé vert, tout simple, puis la laissais parler.

- Si tu es ici, c’est que tu sais déjà très bien ce qui est arrivé. Alors si on passait à l’étape suivante, ca ferait gagner du temps à tout le monde.

Je fus surpris par notre caractère similaire. A sa place, j’aurais prononcé exactement la même phrase, les mêmes mots afin d’exprimer la même idée. Devoir se justifier à tout va, à tout le monde. Redonner encore et encore les explications. Je comprenais son désarroi et pourtant, j’estimais avoir le droit à sa version des faits. J’ai toujours préféré entendre le point de vue de chacun, plutôt que de tirer des conclusions à la va vite. C’est d’ailleurs en étant parent que j’avais appris cela. Avec des enfants qui se prennent parfois la tête, il faut savoir prendre le temps de les écouter chacun dans leur coin avant de décréter que celui-ci est coupable alors que l’autre n’est que la victime. C’était la même chose pour Aengus. Je l’appréciais bien trop pour vouloir la disputer ainsi. Je voulais comprendre ce qui l’avait poussé dans un tel acte, connaître son opinion pour ainsi émettre un bon jugement. Et même si je haussais facilement la voix lorsque j’étais énervé, je préférais de loin les conversations calmes et utiles.

- Je ne vois pas ce que ca peut te faire de toute façon, t’étais même pas là.

Parfois Aengus me faisait penser à une enfant qu’il faut savoir recadrer pour éviter qu’elle ne détruise tout sur son passage. Un trait de caractère encore similaire au mien. Désespérant, n’est-ce pas ? Nous étions deux cas assez poussé, ce qui n’était pas pour rendre la tâche facile à notre entourage. Heureusement, nous possédions de belles qualités pour éviter que tout le monde veuille nous abattre.

- Ca, c’est un peu trop facile comme reproche, tu ne trouves pas ?

Je la regardais dans les yeux, tout en trempant le sachet de thé dans le mug rempli d’eau brûlante. Je soupirais avant de relever la tête.

- Ecoute Aengus, si j’ai pris la peine de venir te voir, c’est parce que je veux t’écouter. Je trouve ça facile de juger quand des gens t’expliquent le comportement d’une personne. Tu me connais et tu sais que j’aime me faire ma propre opinion. Tu es l’une des principales intéressées dans cette histoire, donc j’estime devoir t’écouter toi, et ne pas me faire une idée peut-être erronée. Alors explique-moi pourquoi tu as fait ça, s’il te plaît.

Edward voyait juste. Elle n’était qu’une grande gamine. Rien de plus. Elle avait le droit et la possibilité, voir même le devoir de faire exactement tout ce qu’un adulte pouvait faire mais ses sentiments et sa façon de penser étaient restés ceux d’un enfant.

« Ce n’est pas un reproche. » Grogna Aengus après avoir déposé le reste de l’eau chaude dans l’évier.

En réalité, s’en était un mais Edward ne semblait pas avoir comprit le bon reproche. Qu’importe, Aengus partait du principe qu’il avait entendu et comprit ce qu’elle avait à lui dire et qu’il lui avait fourni une réponse.

Mais les paroles d’Edward ne semblèrent pas provoquer l’effet escompté. Quel mot avait-elle mal comprit ? Quelle tournure avait piqué son esprit ? Les nerfs de la jeune femme se titillaient pour la moindre petite faute de vocabulaire. Susceptible, passionnée, lunatique, impatiente, insolente… beaucoup avait tenté de la qualifier sans jamais réellement mettre le bon terme sur l’emportement d’Aengus. Agacée, elle plongea violemment son sachet de thé dans l’eau chaude avant de le faire remonter et descendre comme si elle tentait de noyer son pire ennemi ou la plus vile créature au monde. L’avantage de cette méthode se remarquait aisément. Un petit comparatif avec ses réactions avant le départ d’Edward d’Irlande serait suffisant pour mieux comprendre. Plus jeune, elle aurait probablement laissé Edward lui tirer les vers du nez. Certes, elle aurait râlé, pesté mais n’aurait pas laissé passer une occasion d’exprimer son point de vu. Cependant, depuis son retour à San Francisco, Aengus se montrait particulièrement impulsive et renfermée, continuellement sur la défensive. Elle préférait agresser avant de parler. Or, agiter son sachet de thé permettait à Edward autant qu’à elle de retrouver un peu de la fillette qui venait se réfugier régulièrement chez O’Malley. Finalement, elle redressa le nez sur l’Irlandais lâchant quelques mots.

« Et je vais devoir passer devant combien de juges comme ca ? On aurait peut être dû organiser un procès avec tout le monde juste pour être sûr que personne ne soit pas informé. »

Face à combien de membre de la famille devrait elle s’expliquer? Elle ne souhaitait pas se justifier. D’une part, parce que ses raisons, une fois exposée, feraient d’elle un petit être beaucoup trop sentimental. Passer pour une manipulatrice ou inconsciente ne la dérangeait pas contrairement à paraitre trop émotive. D’autre part, même si elle énonçait clairement son ressenti, les faits et la situation ne seraient pas modifiés. Alors à quoi bon ? Elle n’avait rien à gagner à faire état de son point de vue. Il était donc préférable, pour elle, que le jugement de l’Irlandais reste erroné comme il l’avait dit. Edward obtiendrait donc la même réponse que James.

« Je ne l’aime pas. C’est tout. »

Aengus passa ses mains autour de son mug pour récupérer le plus de chaleur possible. Un frisson ne cessait de remuer son échine et la blonde serra les dents pour tenter de rester concentré. Son explication demeurait un peu maigre. Elle en avait parfaitement conscience. Quelques mots s’ajoutèrent pour plus de précision.

« Maintenant, on n’est plus obligé de se voir. En plus, elle a toujours raffolé se faire plaindre. A croire que les gens adorent passer pour une victime. »

Dernière ajout, juste pour provoquer, faire perdre patience et pousser la conversation dans d’autres directions que celle qu’elle prenait. Il fallait une raison au professeur pour finir son jugement, il l’avait. Aengus leva le mug sous son nez pour souffler dessus et profiter des vapeurs chaudes pour se réchauffer un peu plus. Un geste qui visait autant à lui donner contenance qu’à l’apaiser. En effet, la colère grondait toujours en elle. Aengus avait déjà beaucoup de rage au fond d’elle depuis quelques années déjà. Les choses ne faisaient empirer avec le temps et plus elle tentait de la contrôler ou l’apaiser par diverses méthodes, plus son ressenti gagnait en puissance. Elle savait que le laisser éclater provoquerait des ravages qu’elle n’était pas apte à supporter. Aussi, il arrivait que quelques éclats de haine et de colère explosent lorsqu’elle surchauffait. Il était fort probable qu’Edward ne tarde pas à en prendre un malgré lui. Cette idée lui déplaisait. L’étudiante s’évertuait donc à trouver des occupations capables de maintenir son esprit dans un calme tout à fait relatif.

Spoiler:

Mes yeux bleus se posèrent sur Aengus alors qu’elle venait de rejoindre la table de la cuisine après avoir vidé le reste d’eau brûlante dans l’évier. Ce n’est que lorsqu’elle trempa son sachet de thé avec nervosité, le plongeant dans un geste on ne peut plus rageur que je la revoyais, des années auparavant. Mes sourcils se froncèrent un instant. Je retrouvais en elle sa blessure d’enfance au moment où James était parti sans un mot, de chez mes parents, à peine majeur. Aengus l’avait très mal pris et s’était longtemps réfugiée chez moi, même plus tard quand je vivais à Dublin. J’avais donc gardé un œil bienveillant sur elle. Puis ce fut à mon tour de partir. Sarah, ma femme à l’époque, m’avait demandé de déménager avec elle et les enfants à San Francisco, afin qu’elle puisse profiter de sa famille avec qui elle était éloignée depuis bien trop d’années. Par amour, j’avais accepté de quitter ma vie en Irlande pour la suivre. A vrai dire, je n’avais pas vraiment eu le choix. Mes enfants restaient ce qu’il y avait de plus important à mes yeux et jamais je n’aurais pu me séparer d’eux, ne serait-ce que quelques mois. Juste avant mon départ, Aengus m’avait clairement fait comprendre qu’elle n’appréciait pas cette prise de décision. Elle m’en avait longtemps voulu. Et quelques années en arrière, je la revoyais dans la même situation d’énervement, à tremper avec nervosité ce sachet de thé dans l’eau brûlante.

- Je ne l’aime pas. C’est tout.

Alors que je lui avais demandé une explication sur son comportement, elle ne me répondit que quelques mots : elle ne l’aimait pas. Mes sourcils se froncèrent sous l’incompréhension. Et depuis quand ne l’aimait-elle pas ? Qu’avait bien pu lui faire Blaithin pour avoir le droit à un tel jugement de la part d’un des membres de sa famille ? Enfin, ne pas aimer quelqu’un était-il une raison suffisante pour procéder d’une telle façon ? Non, probablement pas. A moins qu’Aengus ne pense pas un seul mot de ce qu’elle venait de me dire. Parfois il lui arrivait de tenir des propos incohérents, afin d’éviter de devoir se justifier à longueur de temps. Elle disait donc ce que les autres souhaitaient entendre pour se donner raison. Mais je ne faisais pas parti de ces personnes là. La vérité m’intéressait. Je possédais bien trop d’amour pour la jeune femme pour passer au-dessus des faits.

- Maintenant, on n’est plus obligé de se voir. En plus, elle a toujours raffolé se faire plaindre. A croire que les gens adorent passer pour une victime.

Je venais de prendre une gorgée de mon mug lorsque je décidais de le reposer sur la table. Les mots qu’avaient employés Aengus résonnaient encore dans mon esprit. Pourtant, j’avais l’impression que la jeune femme cherchait à mettre fin le plus rapidement possible à la conversation, en prenant le risque de fausser mon jugement. Mais c’était toujours la même chose avec la jeune femme : elle ressentait un véritable handicap quant à extérioriser ses sentiments, si bien qu’elle passait le plus clair de son temps à contenir chacun d’eux dans une petite malle dont elle avait perdu les clefs et qui semblait un peu trop pleine. Parfois elle débordait, se traduisant par quelques agissements déplacés, quelques pics, une arrogance toute particulièrement et un entêtement à énervé tout le continent américain.

C’en était assez. Pour une fois, je désirais qu’Aengus soit franche avec moi. Qu’elle m’explique vraiment ce qu’elle avait au plus profond d‘elle, quitte à ce qu’elle doive me parler en hurlant. En attendant, mes sourcils s’étaient froncés dans un certain agacement face au glaçon que s’efforçait d’être la jeune femme.

- Et si pour la première fois depuis que l’on s’est retrouvé tu faisais un petit effort pour me dire clairement ce qui ne va pas ?! Tu passes le plus clair de ton temps à rester neutre, sauf que toutes les conneries que tu fais ne font que traduire ta frustration à tout garder en toi ! Alors bordel, tu vas parler et m’expliquer clairement les choses ou pas ?!

Derrière chaque mensonge se cache une vérité. Aengus n’échappait pas à cette règle que les aînés avaient si brillamment résumée. Au contraire, elle s’y pliait avec une précision irréprochable. L’étudiante lisait cet éclat étrange dans le regard de son interlocuteur. Parfois, elle avait l’impression d’être l’une de ses pièces historiques, un vase ou autre relique qu’aurait trouvée Edward. Poussait il la déformation professionnelle jusqu’à analyser les choses avec un œil critique, se placer simplement comme un observateur et chercher dans le moindre détail une trace des faits, du vécu… ? Aengus se sentait décortiquée, pesée, mesurée… Une sensation qui entraina chaque muscle à se tendre.

A son tour, et comme un miroir déformant, elle fronça les sourcils. Pourquoi parlait-il ainsi ? Ou avait il eut une idée aussi stupide ? Après la colère, l’incompréhension enseveli la blonde. Un instant suspendu à la quête d’une suite logique qui ne venait pas, elle fixait Edward comme si la réponse s’afficherait sur son front. Si le professeur pensait un seul instant qu’Aengus était consciente du processus qu’avait choisi son esprit en lui fournissant ses précédentes réponses, il se trompait lourdement. Pour mieux mentir aux autres, commençons par se mentir à soi-même. La Iota demeurait une spécialiste pour se cacher derrière des illusions qu’elle avait d’elle-même ou des autres, ou du monde.

« Mais moi je vais très bien. C’est pour vous que ca ne va pas. » Déclara t elle simplement en soufflant sur sa boisson.

Pour elle, Blaithin était simplement trop chochotte pour supporter un coup ou se battre correctement, trop idiote pour savoir s’amuser et trop coincée pour savoir rebondir par ses propres moyens. Bref, elle était la victime presque classique qui faisait d’un rien un immense problème, comme pour se donner de l’importance. Ce serait probablement ce discours qu’elle tiendrait à Edward si elle était capable de le formuler sans qu’il ne se sente offensé. Pire, elle avait bien comprit que se n’était pas agréable pour Blaithin d’avoir bu mais n’estimait pas cette faute si grave. Ce n’était qu’un verre, pas une dose de cocaïne. L’alcool n’était pas si additif aux yeux de la blonde.

« C’est vous qui faite toute une histoire pour rien. »

Le mug passa entre ses doigts pour lui fournir la chaleur qui semblait définitivement manquer à son cœur.

« C’est vous qui posez une tonne de questions débiles parce que la réponse ne rentre pas dans l’entendement que vous vous faite de la vie. Je la déteste, je la vire. C’est comme ca. En plus, c’était facile. Un peu d’alcool, une simple soirée et en deux minutes elle a trouvé la merde comme une grande. Même pas eut besoin de l’aider.»

Comme quoi, elles n'étaient pas cousines pour rien... Elle haussa les épaules simplement, venant chercher un peu du thé qu’elle regardait tournoyer après qu’elle ait soufflé dessus. C’était presque beau. Presque parce que cette histoire prenait trop de temps, trop d’explication, trop de monde. Pourquoi tant de vague autour d’un simple caillou jeté à la marre ? Elle avait visiblement fait beaucoup de ricochets, bien plus qu’elle ne l’avait pensée en invitant Blaithin à dîner. Finalement pour un acte qu’elle avait réfléchi longuement, les choses ne tournaient pas du tout comme elle l’aurait espéré. Quelques nausées la poussèrent à reposer le thé sur la table d’un geste tranquille. Aengus avait l’habitude de ce type de provocation de son estomac après un moment intense en émotion. L’adrénaline se disait elle en reposant son dos contre le dossier de sa chaise. Elle ferait mieux d’attendre un peu avant de revenir à la charge avec sa boisson. Le chaud pourrait probablement aider se disait elle en regardant, dubitative, son mug à l’abandon.