- Mais moi je vais très bien. C’est pour vous que ca ne va pas. C’est vous qui faites toute une histoire pour rien.

Je levais les yeux au plafond, d’un air assez exaspéré. Aengus est le genre de personnes têtues qui a toujours réponse à tout. Avouer ses tords ? Il semblait en être hors de question. Elle préférait tourner la situation à son avantage en lui faisant perdre de l’importance. Certes, ce n’était qu’un peu d’alcool. Un coup n’a jamais tué personne non plus. Et pourtant, devait-on accepter ce comportement ? En somme, certes, il n’y avait pas eu mort d’homme. Je pouvais à partir de cela comprendre que la blondinette ne se sente pas réellement coupable. Ce n’est d’ailleurs pas ce que j’attendais de sa personne, au contraire. Ce que je souhaitais, c’était comprendre son comportement et me faire ma propre opinion. Et alors que j’avais haussé le ton de ma voix, quelque peu énervé, elle, elle gardait un calme olympien même si je l’imaginais bouillonner au plus profond d’elle-même.

En entendant la suite de ses paroles, je fus un peu plus énervé. Alors elle agissait ainsi ? Elle n’aimait pas Blaithin donc elle lui souhait du mal ? Je ne la croyais pas possible d’une chose pareille, jugeant ce comportement comme étant à la limite du monstrueux. Elle parlait tout de même de sa cousine, et je n’avais pas besoin de rappeler le fait que chez nous, les valeurs familiales portent une grande importance. Pour tout avouer, même si ma relation avec James n’avait pas été au beau fixe depuis que nous nous étions retrouvés, jamais je n’aurais fait en sorte de le mettre dans de sales draps. Il restait ma chair et mon sang, donc j’aurais été près à lui venir en aide à n’importe quel moment. Je le lui avais d’ailleurs prouvé en débarquant chez lui le soir, quelques mois plus tôt, alors qu’il n’était pas dans son assiette. Et c’est à cet instant précis que nous avions retrouvé notre complicité d’avant.

- Bon ça suffit.

Je me relevais de ma chaise, exaspéré par le comportement d’Aengus. Mes yeux bleus se posèrent sur elle, alors que je fronçais les sourcils.

- J’ai du mal à croire que tu agisses maintenant comme ça. Ca ne te ressemble pas, et ne viens pas me dire le contraire. Blaith n’a rien fait pour mériter ça, donc c’est que tes attentions ne devaient pas être si « horribles ». J’ai l’impression que tu racontes ce que tu veux que les autres entendent pour pouvoir te juger. Un peu comme le mythe de l’innocent qui endosse volontairement le rôle du hors-la-loi pour qu’on lui fiche la paix.

Je pris mon mug de thé pour le porter à mes lèvres et en boire une dernière gorgée. Me dirigeant vers l’évier, je jetais le reste avant de déposer le récipient à l’intérieur. Finalement je me dirigeais vers Aengus avant de me stopper à quelques centimètres d’elle.

- Quand tu seras décidé à arrêter de faire ta tête de mule, tu viendras me voir.

En effet, je trouvais que cette conversation tournait en rond. A quoi bon rester si Aengus n’était pas d’humeur à discuter ? Je ne souhaitais pas perdre mon temps à essayer de parler à un mur en espérant qu’il me réponde. Je me contentais donc de me pencher vers elle pour venir déposer mes lèvres sur son front. Je me suis toujours montré affectif avec la jeune femme, et malgré cette longue période sans nous voir, je n’avais pas perdu cette habitude qui nous était propre.

- Je t’aime Kirby.

J’aimais la surnommer ainsi depuis qu’elle s’était teinte les cheveux en rose. Rien de tel que de faire un hommage à ce héros de jeux vidéo qui avait bercé mon adolescence puisqu’à sa sortie sur les vieilles Nintendo, je devais avoir environs seize ans. Après un dernier baiser, je décidais de me diriger vers la porte de l’appartement. Quand Aengus serait d’humeur à discuter avec moi, elle saura où me trouver. En attendant, je voulais lui faire comprendre que je ne lui en voulais pas.