Le vertige? Cela était bien une chose inconnue à Venia. Bien au contraire, elle adorait prendre de la hauteur, et plus haut elle se trouvait, mieux c'était. Elle avait la sensation d'être un oiseau. D'ailleurs, elle a toujours préféré l'avion au bateau prétextant souvent qu'il valait mieux mourir comme un oiseau que mourir comme un poisson. Elle aimait tout dans le trapèze volant. La grâce dont il faut faire preuve, mais aussi l'impression de légèreté que l'on a lorsqu'on observe les artistes d'en bas, le frisson qui nous traverse lorsque l'on doit se balancer d'un trapèze à un autre ou suspendu aux mains d'un autre trapéziste. Toutes ces choses qui nous aident à pimenter nos existences. En tous cas, c'était cela qui aidait Venia à se sentir vivante. Elle n'aurait abandonné le trapèze pour rien au monde. Depuis sa plus tendre enfance le monde du cirque était une chose qui l'attirait. Toutes les couleurs, la joie, les jolis costumes, Monsieur Loyal, le public, l'odeur sucrée qui parcours le chapiteau (mêlé à l'odeur des animaux…), l'atmosphère magique, les yeux des enfants qui s'illuminent… Comment ne pas vouloir expérimenter une telle chose? Venia ne pouvait le comprendre. "Et bien, c'est dommage si tu as le vertige et que tu ne puisse pas le contrôler. La vue de là haut est exceptionnelle… surtout la tête à l'envers!" Venia rigola. Elle ne voulait pas dégoûter son interlocutrice, mais elle avait toujours trouvé cela très amusant de défier la gravité. "Dieu merci! Je n'ai pas peur du vide, en fait j'aime ça… Je trouve ça à la fois terrifiant et très excitant! J'adore ce monde et crois moi, je compte bien intégrer une troupe un jour. Je rêve de rejoindre le cirque du Soleil. Mais il est très sélectif et je dois encore m'entrainer un peu avant de pouvoir espérer l'intégrer."

Léonie semblait être radicalement différente de Venia. Elle avait le vertige et en plus, elle n'aimait pas trop savoir ce qui se trame dans la tête des autres. Venia haussa les épaules en entendant la jeune femme parler de sorcellerie. "Bof, c'est assez proche de la philosophie et de ce genre de science. Je considère cela comme la médecine de l'esprit… Selon moi si ça va dans la tête, alors ça va dans le corps et dans le reste. Le jour où ça débloque, tu peux être sûr que tout fou le camps. Mais bon, ce n'est que mon avis. En tous cas moi ça m'intéresse de savoir ce qui se passe dans les esprits de chacun. Je trouve ça bien d'aider les gens à déchiffrer leurs propres pensées parce que ça peut être d'une grande aide. Aider les gens c'est qu'il y a de mieux, que cela soit à travers un sourire au cirque ou bien un coup de pouce durant une thérapie." L'important de toute façon était bien que Venia soit passionnée parce qu'elle faisait. Et c'était bien le cas. Léonie réalisa alors qu'il était temps pour elle de se remettre au travail. L'adolescente l'observa partir. "Bon, et bien j'espère qu'on aura l'occasion de se recroiser! Bonne chance pour l'exposé sur Alexandre le Grand. J'espère que le bouquin pourra t'aider." Elle lui fit un dernier sourire. Puis, après un petit signe de sa main, elle ferma la porte de sa chambre. Venia remonta le son de sa musique et se laissa tomber sur son lit. Elle se sentait soudain épuisée.