the great escape
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lights will guide you home ; mikado.

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MessageSujet: lights will guide you home ; mikado. lights will guide you home ; mikado.  EmptyVen 7 Sep - 23:25







Micah,

J’ai l’impression d’être attablé depuis dix minutes, et pourtant, cela fait des heures que je cherche à exprimer au mieux tout ce que je ressens. Tu sais que je n’ai jamais été très doué lorsqu’il s’agit d’étaler mes émotions, mes sentiments. Je n’ai jamais été aussi courageux que toi ; je crois que j’ai peur de la faiblesse. Ça n’a pas changé, et je doute que ça change un jour. Mais j’ai l’infime espoir que, par le biais d’une lettre, j’arriverais à mieux me faire comprendre. A dire le fond de ma pensée, à mettre les mots justes sur ce que j’éprouve à ton égard. Les mots sont bien plus forts qu’une simple parole ; ils restent éternellement, gravés pour l’éternité. Ton éternité, notre éternité.

Cela fait maintenant plusieurs semaines que tu es allongée sur ton lit d’hôpital, et je vois tes forces s’amenuiser jour après jour. Avec un désespoir grandissant et glaçant, je regarde se produire l’inévitable. La vie n’a plus aucun sens, aucun goût. J’ai l’impression d’être vide, comme si on venait de me lobotomiser. Je ne m’intéresse plus à rien, je ne vois plus rien ; je n’arrive pas à me concentrer, à voir ce qui se passe autour de moi, autour de nous. La fin du monde pourrait arriver que je ne m’en rendrais même pas compte, trop occupé à veiller sur toi, et tes bilans de santé toujours plus déprimant. J’aimerai crier, pleurer, hurler que tout cela n’est qu’injustice, que l’on est en train de m’enlever ma seule raison d’être. On me vole tout ; mon passé, mon présent, et mon futur. Et je regarde les blouses blanches s’activer contre tes flancs, pour te faire tenir, toujours un peu plus. Dans ces moments pénibles, alors que tu frôles l’inconscience, j’ai l’habitude d’échanger un long regard avec ton père. Aucun mot n’est prononcé au cours de ce monologue silencieux ; simplement, nous nous demandons lequel d’entre nous sera le premier à faire un pas en direction du personnel médical pour dire stop. Stop, arrêtez tout ça, arrêtez parce que c’est vain. Pour le moment, aucun de nous n’a osé le faire. Par pur égoïsme ? Par peur de se confronter au refus de l’autre ? Par peur de faire une lamentable erreur ? Personnellement, je penche plutôt pour la première option. La vérité, c’est qu’aucun de nous n’est prêt à te voir partir. Parce que faire une croix sur toi, tolérer la sanction infligée par la maladie, c’est accepter de réduire sa vie à néant. Un père pleure sa fille, un homme pleure sa femme. C’est accepter de voir s’envoler nos espoirs, nos attentes, nos rêves. On m’arrache la seule personne qui me donnait une véritable raison de m’accrocher, de rester en vie, d’espérer, de croire en l’avenir. Le monde est cruel, la maladie aussi. A quoi ça sert de continuer ? Je ne vaux rien sans toi.

Tous les jours, je te regarde t’enfoncer dans des états toujours plus graves, toujours plus dramatiques. J’attends la mort à tes côtés, en espérant secrètement qu’elle abrégera bientôt tes souffrances. Et puis, pour me réconforter, je me plonge dans des secrets et des souvenirs qui n’appartiennent qu’à nous. Je chasse le pire, et je garde le meilleur. Notre première rencontre, notre premier rendez-vous, notre premier fou rire. Notre premier baiser, la première fois où l’on a fait l’amour, nos premières vacances. Toutes ces émotions, si fortes et en même temps si douces, m’aident à tenir le coup. Je me souviens de tout, comme si tout cela ne s’était passé qu’hier. Je m’enferme dans un passé ensoleillé, radieux, dénigrant un présent trop sombre, trop lourd, trop morbide. Je sais que ce n’est pas une solution, que ça ne m’aidera ni à avancer, ni à faire mon deuil. Seulement, c’est la seule chose dont je suis capable. Je refuse catégoriquement l’idée de vivre dans un présent trop douloureux ; le passé me suffit amplement. Je suis nostalgique, mélancolique, mais au moins, ce passé a le mérite de me faire sourire. Contrairement au reste du monde.

Je crois avoir recommencé cette lettre une bonne centaine de fois, mais les mots ne sont jamais suffisamment précis pour décrire ce que je ressens. Ils ne seront jamais assez justes, jamais assez beaux ; tu es toute ma vie, Micah. Mon monde s’écroule petit à petit, jour après jour, et le gouffre dans lequel je suis plongé me parait sans fin. Je ne sais plus quoi faire pour me rendre utile ; te regarder dépérir me rend malade, littéralement. Je passe mes nuits à m’assurer que tu respires toujours, que tu n’as pas abandonné. Que tu ne m’as pas laissé seul. Tout ce qu’on a fait pour se préparer à ton départ était vain ; c’est pire que tout ce que nous avions pu imaginer. Mes entrailles se nouent dès que je pose un regard sur toi, mon cœur s’emballe lorsqu’un médecin franchit la porte de ta chambre. Je ne vis plus, j’attends que la mort daigne me frapper de plein fouet. Je l’accueillerai avec bénédiction et soulagement ; l’angoisse de la mort, du néant, n’est rien comparée à celle que je ressens rien qu’à l’idée de te perdre. Je ne serai plus tout à fait vivant, mais pas tout à fait mort non plus. Je voguerai dans un entre-deux glacial, incapable de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Tu es toujours là et pourtant, déjà, ton absence me ronge de l’intérieur. Je n’ai plus goût à rien, tout me parait fade et dénoué d’intérêt lorsque tu n’es pas à mes côtés.

J’ai réfléchi, songé, pensé au problème des centaines de fois. J’ai eu beau tenter de chercher une solution, je crois qu’il n’y en a pas. C’est injuste et cruel, voilà tout. Tu souffres le martyr, je souffre le martyr. Peut-être avons-nous été trop heureux par le passé, trop chanceux. Peut-être que l’on paye chèrement nos années parfaites, nos années de bonheur insouciant. Mais on a mérité tout ça ; on s’est battu, débattu, on a déjoué les statistiques. On méritait notre répit ; je le sais, et je ne regrette rien. Seulement, ma faiblesse me pousse à partir. Loin, très loin, pour un temps indéterminé. Je ne veux pas te voir partir, je ne veux pas t’entendre pousser ton dernier soupir. Je ne veux pas, mais surtout, je ne peux pas. C’est une épreuve trop douloureuse, trop amère, que je veux m’épargner. Je te l’ai dit, je n’ai jamais eu ni ta force, ni ton courage. Tu étais la seule personne qui me poussait à me dépasser, à être meilleur, à affronter les obstacles de la vie. Sans ta présence, je me sens faible, inutile, honteux. Je sais qu’ici, à San Francisco, je ne sers à rien. Ma présence est vaine, et je ne sais plus quoi faire pour sortir la tête de l’eau. Mais j’ai trouvé une parade, un moyen de me rendre utile auprès des gens qui en ont réellement besoin. Je pars demain matin, très tôt, pour le Soudan. Là-bas, la maladie et la famille tuent en grande quantité. Ils ont besoin d’aide et de main d’œuvre pour une mission humanitaire ; je me suis proposé. Un peu par hasard, j’en conviens. Néanmoins, je suis sur que tu aurais approuvé cette idée, toi qui a toujours été dévouée aux autres. Je pars serein, en imaginant que j’ai ton approbation. Mais ça n’enlève rien au vide à et la déprime que je ressens lorsque je songe à toutes nos années passées, idylliques, bercées dans le bonheur ; tout comme ça n’enlève rien à l’amertume et au dégoût que je ressens lorsque je pense au futur brillant et glorieux que nous aurions pu avoir.

Je pars avec ma souffrance, avec mes regrets, mais aussi avec tous les bons moments que nous avons partagé un jour. Ils surpasseront toujours les pires, et resteront les plus belles choses qui m’ont été données de vivre. Je t’aime ma Mimi, et ça, ça ne changera pas. C’est éternel, gravé en moi, et rien ni personne ne pourra un jour t’arriver à la cheville. Sois en certaine ; tu es la seule. J’aurais voulu que tu sois toujours à mes côtés ; à mes yeux, notre vie future était toute tracée. Elle aurait été belle, parfaite, et je t’aurais aimé à n’en plus finir. N’en doute jamais, pas une seule seconde. Je t’embrasse,


Sandro.


Doucement, j'ai posé mon stylo sur mon bureau. J'ai passé mes mains sur mon visage ; je l'avais fait, j'avais écrit cette lettre. Je me sentais fatigué, épuisé, lessivé. Soigneusement, j'ai plié et mis la lettre dans une enveloppe, avant d'annoter le nom de Micah en lettres fines. Dehors, le bruit strident d'un klaxon de voiture me fit relever la tête. Il était presque deux heures du matin, et mon taxi était arrivé, en avance. Dans la précipitation, j'ai glissé dans l'enveloppe un petit bracelet sur lequel était tissé mon prénom. Le bracelet n'avait aucune valeur monétaire, mais il renfermait bien des souvenirs heureux. Nos premières vacances, les temps joyeux et délicieux. Parce que je l'avais acheté en sa compagnie, je savais que Micah possédait exactement le même. Seul le prénom différait. Une partie de moi espérait qu'elle le porterait, jusqu'à la fin. C'était une façon de lui montrer que je restais à ses côtés, pour toujours. Qu'elle n'avait pas à s'inquiéter, qu'elle ne serait jamais seule. Jamais. J'ai refermé l'enveloppe, avant de me redresser et d'attraper le sac qui gisait au sol. Dedans, quelques affaires qui me seraient utiles en mission humanitaire. Des médicaments, des souvenirs, des papiers, et quelques vêtements. J’ai jeté un coup d’œil rapide aux alentours ; de grands draps blancs recouvraient les meubles, et le reste était bouclé. Une fois dehors, le chauffeur vint à ma rencontre, et m’aida à porter mes affaires. « Vous êtes prêt, Monsieur Pelizza Da Volpedo ? » Je lui ai jeté un rapide regard, ne sachant trop quoi répondre. Oui, non, peut-être ? Je n’en savais rien. « Presque. Mais avant d’aller à l’aéroport, il nous faudra faire un détour par l’hôpital. » Déclarais-je d’une voix neutre. Il acquiesça. Plus aucun mot ne fut prononcé.



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MessageSujet: Re: lights will guide you home ; mikado. lights will guide you home ; mikado.  EmptyDim 9 Sep - 16:18

LE 25 DÉCEMBRE 2012 ; Je te cherche dans mes rêves et même dans mes cauchemars. J'étreins l'éventualité que tu n'es pas loin, que tu m'attends. La deuxième chance est là, on va pouvoir être nous. Je vois notre futur se rapprocher, nos destins entremêlées. Mes paupières s'ouvrent à un monde nouveau, les perspectives nous sourient. Je t'attends, j'attends que tu n'apparaisses, j'attends ton entrée, ton arrivée. Une arrivée que tu décides tardive, mais j'attends. Je vais bien, je me sens mieux. Le flou se dissipe sur les traits hagards du paternel, il me contemple et je sens dans le bleu de ses yeux qu'il est partagé entre plusieurs démons. Mes amis ont l'air aussi partagé que lui, ils échangent tous un regard soucieux, comme s'il y avait encore à venir. Qu'est-ce qu'ils ont tous à ruminer ? Ils devraient tous être soulagés et je sais qu'ils le sont. Toutefois je sens qu'il y a un fond, un mystère impénétrable que je quémande dans la fragilité de mon timbre. La réponse me parvient en une lettre timbrée de mon prénom, où je reconnais ton écriture. Un bracelet tombe avant l'écrit, j'esquisse un sourire faiblard, mais nostalgique face à la relique que j'emmaillote autour de mon poignet, la laissant rejoindre sa sœur qui y est depuis longtemps ficelée. Une lettre, une lettre. Je t'aurais préféré mille fois en personne, je ne comprend pas la lettre. Mes prunelles harassées prête une lecture attentive à tes mots tandis que le monde alentour quitte la pièce en silence. Mes sourcils se froncent au fur et mesure des mots. Ta peine devient la mienne, même si j'ai peur de comprendre. Paragraphe par paragraphe, les larmes entaillent ma peau, ma gorge me démange tellement que j'ai envie de l'arracher. Je m'enfonce dans mes draps, j'aimerais mieux mourir que de devoir lire ça. Il y a finalement pire que de mourir de maladie, il y a vivre avec l'abandon et la lâcheté. L'idée que tu ne m'aimais pas assez pour être courageux s'immisce dans mon esprit comme le pire des poisons, j'en convulse presque de douleur. Loin de là douleur que m'avait arraché la maladie, il y a toi que m'arrache le cœur en un paquet de mots.
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❝.With shaky legs, ignoring the fact that my action was useless, I followed him into the forest. The evidence of his path had disappeared instantly. There were no footprints, the leaves were still again, but I walked forward without thinking. I could not do anything else. I had to keep moving. If I stopped looking for him, it was over. Love, life, meaning… over.❞
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LE 01 MAI 2013 ; Je relisais ses mots tous les jours, dans l'espoir vain de me faire croire que chaque jours serait moins douloureux que le précédent. Une thérapie inutile puisqu'au contraire, plus je relisais sa lettre, plus j'avais l'impression que ses écrits allaient me tuer. Depuis le temps, j'avais le sensation de la connaître par cœur, de pouvoir réciter chacun des mots, accentuer mon timbre de voix à chacune de ses virgules. Et si mon pathétisme avait eu un jour une frontière, elle s'était brisée au moment où mes iris s'étaient adonnée à ma première lecture attentive. Mes larmes perlaient le long de mes joues, encore. Même avec le temps, je n'arrivais pas à passer au-dessus de la lâcheté de son geste. Les seuls souvenirs qui me restaient de lui se résumaient à un paquet de vieilleries, le bonheur éphémère dessiné sur une pile de photographies et des mots maladroits griffonnés du cœur à la main sur une feuille de papier que j'avais mille et une fois froissé. Parfois d'agonie, parfois de colère. Il était le seul responsable de tous mes maux désormais. Car si un jour j'avais attribué tous mes malheurs à une maladie s'évanouissant depuis Noël, au jour d'aujourd'hui, mes souffrances portaient le nom de Sandro Pelizza Da Volpedo. Dire que je le détestais autant que je l'avais aimé relevait de l'euphémisme. Plus j'avais mal, plus je le détestais. Plus je le détestais, plus j'avais mal. La spirale infernale ne s'arrêterait jamais et je me voyais désormais condamnée à subsister, là où la vie m'avait offerte une seconde chance. J'aurais clairement préféré mourir que de devoir vivre cette situation, la fatalité. Abandonnée à la veille de ma fin, là où mon adorée aurait pu constater que oui, finalement, il avait eut raison d'avoir espoir. Abandonnée par lâcheté, car ses au revoir devait être un privilège duquel je n'étais pas digne. Je dramatisais complètement lorsqu'il s'agissait de lui, de penser à lui. Qui pouvait m'en blâmer, il m'avait fait vivre la situation la plus atroce qui puisse exister. En de rares occasions, j'en venais à espérer qu'il avait une bonne raison, quelque chose de rocambolesque, peut-être un peu trop tiré par les cheveux pour être crédible, mais une excuse. Et puis qu'il reviendrait taper à ma porte un soir et supplie pour mon pardon. Que je ne lui donnerais jamais. Il était celui dont on ne devait pas prononcer le prénom, ni même évoquer l'existence en ma présence. Sous peine de me voir fondre en larme sans préavis. Roméo et Gaël s'y étaient habitués, même si j'étais convaincue que maintenant il me trouvait pathétique, comme tous les autres. Le regard vide, je fixais le paysage californien sans m'en détacher, clignait des yeux pour donner signe de vie tandis que les larmes se immergeaient mes iris sans pour autant s'éparpiller sur mes pommettes de nouveau, laissant leurs anciennes camarades tracer leurs sillages jusqu'à mes commisures. Courageuse assez pour ne pas pleurer, pas assez pour ne pas être triste. Dehors donnait une impression d'animation, la chaleur se marquait sur les sillages de nos routes, les visages égayés par le beau temps m'indiquait que le monde continuait de tourner. Il devait faire chaud. J'avais froid, je mourrais de tourmente et tout ce qui se rapportait au bonheur se transformait en une grimace épousant mes ténèbres. Je ne me réjouissais plus du bonheur des autres, je me contentais de regarder le monde exister là où je subsistais à peine. Pourtant j'étais bel et bien en vie, contre toute attente. Contre l'avis de tous et les pronostiques de mère nature. Ma survie défiait les lois de toutes les médecines, se moquait de la mort comme je me moquais de profiter d'une vie que j'avais l'impression d'avoir volé, pas méritée. J'ai froid et la seule source de chaleur qui puisse ranimer la flamme s'est envolée en me laissant pour seul relique de l'encre sur du papier et un cœur en poussière. Les ténèbres me sont familières désormais, j'apprends à survivre avec la simple idée que le monde ne retrouvera jamais ses couleurs et que la grisaille ainsi que la monotonie sont mes alliées jusqu'à mon crépuscule. « I'd rather die, than to be with anyone but you » . Il serait irremplaçable, je le savais. On ne pourrait jamais le remplacer à mes yeux, même pas le dissimuler, l'égaliser à hauteur de la cheville. Jamais. Lui ou rien. Et j'allais me contenter de rien jusqu'à la fin des temps. Le temps n'avait jamais semblé aussi long depuis que ma course contre la montre s'était soldé par une victoire. Victoire, mais à quel prix. J'entendais les secondes défiler une à une dans l'horloge de mes songes, je les comptais. Tick. Tock. Tick. Tock. Qu'il est long à passer, le temps. Elle était si jolie avant, elle souriait. Son optimisme embrasait les cœurs, son enthousiasme réjouissait les âmes. Un ange n'aurait fait que pâle figure aux côtés d'elle. Elle était si fragile que l'ont se sentait toujours obligé de la protéger, même si en vérité elle était toujours celle qui nous protégeait. Excepté que dorénavant, elle doit se protéger d'elle-même. Le noir expose l'obscurité de son paysage, l'univers pleure son sourire, là où elle regrette son passé et se laisse évanouir dans le chaos de sa mélancolie. Recroquevillée sur mon fauteuil, je dévisageais la cohue San Franciscaine disparaître à l'heure du déjeuner, sans pour autant sourciller. Mes doigts fins étreignant auparavant sa lettre relâchèrent prise et je laissais le morceau de papier tomber au sol sans même y accorder un regard. Dans un entre deux, parmi les vivants, mais le cœur dans la tombe. Mes médecins avaient rapportés mon état à Gaël comme étant dépressif. J'étais une dépressive. Je préférais appeler ça une amoureuse déchue, d'un point de vue plus poète. « .Il ne reviendra jamais, tu sais. » me héla-t-on d'une voix sobre, sans sarcasme, ni gentillesse pour autant. Devinant que l'ont me contemplait, je restais de dos à mon offenseur, assise sans bouger d'un millimètre, même pas pour hausser les épaules. « .Je sais. » murmurais-je, sans pour autant esquisser un regard en sa direction. Je sais, du moins il ne reviendra pas pour moi. Peut-être pour sa famille, mais jamais pour moi. Je devais accepter qu'aucun futur n'était écrit pour nous. Et même s'il y en avait un, je me refusais désormais à y participer. Au moins j'avais appris que désormais je ne pouvais compter que sur moi-même. Il ne viendrait plus jamais me tendre la main dans les moments de doute et si quelqu'un s'y aventurait à sa place, le geste patienterait pour l'éternité. Des lèvres se déposèrent sur ma joue, en même temps que l'ont s'abaissait pour ramasser les mots que j'avais laissé tomber au sol. Gaël. Gaël qui déposa la lettre sur mon bureau et vint m'aider à me relever. Je n'avais pas besoin d'aide, j'allais très bien, physiquement parlant. J'avais seulement troquée ma bonne volonté contre une santé de correcte à passable. Silencieuse, il dégageait mes traits de mes boucles rebelles, caressait mes joues du bout des doigts avec minutie. « .Roxane et Roméo t'attendent pour manger une glace. Je t'attend à la maison. Fais nous plaisir, s'il te plaît. » murmurait-il, avant de me servir un sourire réconfortant auquel je n'eus pas le courage de répondre. Poussant un soupir, fuyant son regard, je haussais les épaules en guise de réponse, signifiant que j'allais m'y rendre, mais que l'envie n'y était vraiment pas. J'allais rester silencieuse pendant qu'ils dégusteraient et fileraient dès la première occasion. J'avais tellement peur de sortir dehors, toute seule. D'ordinaire Gaël, Roméo ou Roxane m'accompagnait dans tous mes déplacements, toutefois ils se mettaient d'accord depuis plusieurs jours pour me faire reprendre mon autonomie. Et j'en avais besoin aussi, je le savais. Toujours habituée à me débrouiller seule, toujours à être celle qui était au service des autres et non un fardeau pour mes proches, je savais que cela ne pouvait plus durer. Hésitante, je dissimulais mes prunelles derrières mes lunettes de soleil, effrayée par l'idée d'avancer seule. Vrai ou pas vrai. J'ai peur d'être toute seule. Je suis toute seule. Même accompagnée, je suis toute seule. Je me sens seule. J'ai peur du jour et de la nuit. J'ai été abandonnée comme on abandonne une enfant dans un grand magasin la nuit et j'attends dans la pénombre que l'ont vienne me chercher. Courage. J'en avais fut un temps, du courage. Et c'est celui-ci qui me poussa à esquisser un pas vers l'extérieur, tandis que Gaël me gratifiait d'un regard cajoleur. Un père poussant sa fille à aller chercher le pain seule pour la première fois n'aurait pas offert meilleur image. Soupir. Je n'avais plus envie. Mais trop tard, j'étais déjà dehors, en train de descendre les marches après que Gaël eut fermé la porte et se soit précipité vers la fenêtre pour contempler mon exercice. Retenant ma respiration, j'arrivais en bas des marches lorsque la peur m'étrangla. « .Bonjour Micah ! . » Un cri. Un cri enjoué, mais un cri quand même. Des salutations hélées à mon intention, je déposais un regard vers mon assaillant. Un grand sourire ravi, je sentais une étreinte rapide et reconnaissait un camarade alpha qui avait l'air très heureux de me voir. Tellement qu'il avait littéralement hurlé mon prénom dans la rue. Ou du moins, j'avais perçu un hurlement, peut-être que j'exagérais. Un rien m'effrayait en même temps. Si l'ont se demandait qui j'étais jusqu'alors, maintenant mon identité n'était plus à prouver. Toute la rue pouvait aisément deviner que je me prénommais Micah, à bon entendeur. J'acquiesçais poliment d'un bref signe de tête, tandis que le bienheureux me faussait compagnie. Plantée en plein milieu du trottoir, je regardais de droite à gauche, perdue au possible. Le plan que je m'étais dressé avant de dévaler les escaliers n'étaient plus aussi clair que je ne le pensais. Le flou total me força a rester plantée comme un piquet sur le bitume. Et puis contre toute attente, j'esquissais un pas vers la route, entamant de traverser sur le passage piéton pour rejoindre l'autre bord. « .Elle n'a plus jamais souri. Plus depuis des mois. Elle dépose un pied devant l'autre sans la prétention de croire que tout va aller mieux une fois que les rayons du soleil effleureront de nouveau sa peau. Elle avance timidement, de la pénombre au soleil, le vent caresse ses boucles blondes. Elle sait que franchir cette porte ne peut être que le début d'un nouveau chapitre. Mais ses chapitres précédent étaient d'une beauté telle qu'elle avait peur d'être déçu par le reste de l'histoire. Il s'écrit de nouveau après quelques pages de blancs, aujourd'hui. Elle se cache derrière ses verres fumés, fragile face au monde qui s'offre de nouveau à elle, qui n'attend qu'elle. Un pas devant l'autre, l'exercice simple est effectué avec grâce. Elle marche, elle vit, elle respire l'air tiède. Elle réussit. Sans s'en rendre compte, elle esquisse un sourire. Elle est rêveuse, un brin heureuse, pas jusqu'au septième ciel, mais assez pour se rendre compte que la vie est en train de reprendre son cours. Elle sourit, sans savoir qu'elle change de nouveau une vie et pas n'importe laquelle... »
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MessageSujet: Re: lights will guide you home ; mikado. lights will guide you home ; mikado.  EmptySam 22 Sep - 17:50







Allongé dans mon lit, j’attendais patiemment que mon réveil affiche enfin six heures. Plongé dans la noirceur de ma chambre, je contemplais le plafond, perdu dans mes pensées. J’avais longtemps appréhendé ce retour ; je l’avais même repoussé, au maximum. Au début, je n’étais parti que pour quelques semaines. J’avais voulu quitter un présent trop sombre, trop morbide, trop déprimant. J’avais passé de longues heures à regarder Micah dépérir. Lentement, progressivement. A la fin, elle avait à peine assez de forces pour rester éveillée. A ses côtés, fidèle et aimant, je m’étais laissé sombrer dans le néant. J’avais passé des nuits entières à veiller sur les diverses courbes qui témoignaient de son précaire état de santé. J’écoutais le lent bruit de sa respiration, à tel point qu’il finissait par me bercer. La maladie de Micah prenait de l’ampleur, tous les jours davantage ; j’avais cru être suffisamment fort pour rester, suffisamment bon pour supporter. Force est de constater que je m’étais lamentablement trompé. Au bout d’un moment, mes yeux n’avaient plus accepté la vision de Micah ; mon cœur faisait des bonds, et menaçait de lâcher à tout instant. La mort aurait été une délivrance. Mais malheureusement, elle n’avait pas daigné frapper à ma porte. J’allais devoir vivre avec ça, vivre avec ce sentiment que l’on m’avait volé ma vie, vivre tout en sachant pertinemment que je ne serai jamais plus complètement heureux. Il y aurait toujours un vide, au plus profond de moi-même, qui me rappellerait sans cesse que personne ne pourra jamais égaler Micah. Sentant ma gorge se serrer alors que je repensais à ces souvenirs, j’ai finalement ouvert les yeux. Dans deux minutes, six heures sonneraient, mais je n’avais plus la patience d’attendre. D’un pas mal assuré, je me suis levé, avant de me diriger vers le salon. Les volets étaient encore fermés ; j’avançais dans la pénombre, sans pour autant faire réellement attention. J’étais rentré tard la veille, et j’avais vite retrouvé mes réflexes d’antan. Comme si rien ne s’était passé, comme si ma vie n’était pas foutue. C’était fou, comme les petites habitudes pouvaient rester encrées en nous, même lorsque le ciel nous était tombé sur la tête. D’un geste presque machinal, j’ai posé un doigt sur un interrupteur, pour ouvrir les volets. La veille, j’avais vu la ville endormie. Ce matin, j’allais la voir se réveiller. Quelques secondes plus tard, mes yeux s’acclimatèrent aux premiers rayons du soleil qui baignaient la ville de San Francisco. La ville, encore paisible, ne tarderait pas à s’agiter. Les étudiants iraient à l’université, les adultes iraient travailler. Quant à moi, ma journée promettait d’être remplie, et paradoxalement, ennuyeuse à mourir. En premier lieu, je devais me rendre à l’administration de l’université, afin de vérifier que j’étais toujours inscrit. J’étais parti depuis près de cinq mois, et connaissant le doyen, il n’avait pas dû me faire de cadeau. Même si mon année semblait sérieusement comprise à cause de mon absence prolongée – m’enfin, sait-on jamais, sur un coup de chance – je ne comptais pas me défiler lors des examens. Une fois ce souci réglé, je devrais me rendre à l’hôpital, pour un contrôle de routine. Un check-up classique, qui me servirait à constater l’avancée de la maladie. Pour la première fois de ma vie, j’attendais ce rendez-vous avec une certaine impatience. Je n’avais aucune appréhension, aucune inquiétude. Parce que ce qui allait en ressortir ne pouvait pas être pire que ce que j’avais vu et vécu. Je me foutais comme de l’an quarante d’aller bien, d’avoir un bilan correct. Désormais, je prenais les nouvelles comme elles venaient – voire même avec une certaine philosophie – qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Lorsque j’étais au Soudan, je n’avais pas eu le temps de m’apitoyer sur mon propre sort ; j’avais laissé mon égoïsme de dépressif de côté, pour me concentrer sur ceux qui en avaient plus besoin. Micah aurait été fière, j’en étais persuadé : elle qui avait toujours été dévouée aux autres aurait applaudi ce changement de comportement. Cette mission humanitaire m’avait fait du bien, dans un certain sens. Je n’en avais pas pour autant oublié la raison de mon départ. Micah. Ma préférée, ma mimi, dont l’absence me nouait les entrailles. Il y avait un trou béant au cœur de ma poitrine, qui risquaient de ne pas se refermer de ci-tôt. Son souvenir me hantait jour et nuit, et me détruisait, tous les jours un peu plus. Tant mieux ; j’espérais bien que mon état de santé psychologique, qui se dégradait à vitesse grand V, allait avoir une influence néfaste – pour ne pas dire funeste – sur mon état de santé physique. Je gardais mes desseins pour moi, voulant à tout prix éviter les jugements extérieurs. Après tout, chacun ses problèmes. Je me suis rapidement détourné du spectacle calme et silencieux qu’offrait la ville ; déjà, je ne me sentais plus à ma place.

Assis dans une salle d’attente d’une couleur blanche immaculée, je gardais la tête levée. Mes quelques semaines d’absence n’avaient pas entachée ma fierté, et je comptais bien le faire savoir à tous ceux qui croiseraient mon chemin. Après tout, il me fallait bien justifier la (mauvaise) réputation des Pelizza Da Volpedo. J’avais bien conscience d’adopter le même comportement que les deux inutiles de la famille, mais très franchement, je m’en foutais complètement. Je considérais – à juste titre, d’ailleurs – que j’avais toutes les meilleures raisons du monde de me comporter ainsi. Premièrement, j’étais en plein jet-lag, et la fatigue me rendait vite exécrable. Deuxièmement, j’étais déprimé. J’avais perdu la personne la plus chère à mes yeux, et l’injustice de la situation m’agaçait encore profondément. Troisièmement, je me trouvais dans un lieu particulièrement hostile, qui me rappelait bien des mauvais souvenirs. Et pour couronner le tout, je craignais la réaction – et la sentence dont j’écoperai – lorsque Francesca saurait tout ça. Mon cardiologue ne tarda pas à faire son arrivée, et m’invita à le suivre dans son bureau. Le connaissant, j’allais avoir droit à un sermon en bonne et due forme. Il me posa quelques questions sur mon prétendu voyage, auxquelles je répondis vaguement. Cause toujours, tu m’intéresses. Et ce que j’avais prévu ne tarda pas à se produire. « Sandro, avez-vous été frappé par l’inconscience et l’insouciance, lorsque vous avez décidé de jouer les bons samaritains ? Vous saviez pertinemment que partir était une pure folie. Vous ne pouvez pas vous permettre ce genre d’escapades, dans votre état. Surtout dans un pays tel que le Soudan ! Imaginez, s’il vous était arrivé quelque chose sur place, dans quel état… » J’ai levé une main pour l’arrêter, estimant qu’il en avait dit suffisamment. « Allez à l’essentiel. » Déclarais-je d’une voix neutre. A savoir, dis-moi dans quel état de santé physique je suis, et on n’en parle plus. « La perte de votre petite-amie vous pousse à prendre des décisions inconsidérées, Monsieur Pelizza Da Volpedo. » Répondit-il, aussi calme que moi. Mes yeux s’écarquillèrent, et déjà, je sentais monter la colère en moi. Mes doigts se crispèrent, mes lèvres se pincèrent, et la réplique cinglante ne tarda pas à franchir le bord de mes lèvres. « Je refuse de parler de ça avec vous. Avec quiconque. » Ton froid – voire même glacial, les yeux noirs, je me demandais comment il avait pu savoir. N’avait-il donc aucun respect pour la vie privée de ses patients ? J’avais envie de le massacrer pour avoir osé évoquer cet événement. Il me renvoyait en pleine face ma faiblesse, ma lâcheté, ma solitude. J’allais le tuer. A l’instant où je m’y attendais le moins, il avait fait ressurgir mon désespoir face à cette situation. « Croyez-moi, je ne pense pas me tromper en disant que votre petite-amie aurait désapprouvé cette attitude. » Annonça-t-il, toujours aussi immobile, toujours aussi calme. Contrairement à moi, qui venais de me lever. Je le surplombais de toute ma hauteur, comme pour lui montrer qui était celui qui contrôlait réellement la situation. « Pour qui vous prenez-vous ? Votre blouse blanche ne vous donne pas tous les droits ! » Sifflais-je, désormais d’une humeur massacrante. « J’ai dit que je ne voulais pas en parler, c’est bien clair ? Je ne veux pas en parler. » Répétais-je en détachant bien chaque mot. Proche de la crise de nerfs, je me suis détourné du médecin, bien décidé à quitter au plus vite cette pièce minuscule. « Jamais, à personne. » Décrétais-je avant de sortir, furieux, en prenant soin de faire claquer la porte derrière moi.

Mélangé à la foule d’inconnus qui avaient envahi les rues de San Francisco, j’avançais sans réel but précis, si ce n’est de me vider la tête. En vain, apparemment. Je ruminais intérieurement, et maudissais avec joie et allégresse mon odieux cardiologue. Je repensais sans cesse à ce qu’il s’était passé, comment ça s’était passé. Je revivais la scène, littéralement. J’y allais pour en savoir plus sur mon état physique, ni plus, ni moins. Je n’avais pas besoin de parler, ni même de suivre une psychothérapie. Tout ça, c’était du vent. Je ne décolérais pas, bien au contraire. Je montais en pression, et si ça continuait comme ça, je ne tarderai pas à exploser. J’ai soupiré alors qu’un passant inattentif me bousculait, avant de lui jeter un regard noir. Déguerpi mon cher, ou tu vas prendre pour les autres. Alors qu’il s’éloignait sans demander son reste, mes yeux se posèrent sur une fine silhouette blonde qui se trouvait quelques mètres devant moi. Elle paraissait hésitante, pour ne pas dire effrayée. Comme si elle ne savait pas réellement quoi faire, ni dans quelle direction aller. Micah, c’était Micah, ça ne pouvait être qu’elle. Je l’aurais reconnue, n’importe où, entre mille. J’avais passé des heures entières à l’observer, à la contempler ; je ne pouvais pas me tromper. Mais elle était partie, désormais. Elle avait perdu face à la maladie, et m’avait laissé seul. Alors pourquoi étais-je persuadé de l’avoir reconnue, au loin ? Etais-je sur le point de croire en l’impossible ? Allais-je faire partie de ces gens qui croient voir leur âme-sœur disparue à chaque coin de rue ? Allais-je devenir complètement cinglé, à cause de la douleur que me provoquait cette cruelle absence ? Non, non, impossible : j’étais quelqu’un de réaliste, de terre à terre. Mais, contre toute attente et en dépit du bon sens, je me suis élancé à la suite de cette fille, qui désormais traversait la rue. Il fallait que j’en ai le cœur net, que j’eus la confirmation que ce n’était pas elle. Et clairement, ça ne pouvait pas être elle. Les médecins avaient été clairs : il n’y avait plus d’espoir, elle allait s’éteindre d’un jour à l’autre. La maladie gagnait du terrain, et bientôt, elle n’aurait même plus la force d’ouvrir les yeux. Tragédie. J’étais donc parti, avant de la voir à un stade aussi critique. Je ne l’aurais pas supporté. Sans quitter des yeux ma silhouette blonde, je me frayais un chemin parmi la cohue. De longues secondes s’écoulèrent, avant que je ne puisse poser une main délicate sur son épaule. « Excusez-moi… » Commençais-je, alors que j’étais toujours dos à elle. Et la seconde d’après, alors qu’elle me faisait face, j’eus le souffle coupé. Parce que c’était elle. Elle, ma Mimi, ma Micah. Je n’avais pas rêvé, je ne devenais pas dingue. Elle était là, face à moi. En fin de compte, peut-être que les miracles existent. Pour mon plus grand bonheur.

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MessageSujet: Re: lights will guide you home ; mikado. lights will guide you home ; mikado.  EmptyMer 26 Sep - 18:00


❝.I wish I could roll back the clock and take all the sadness away.❞
SANDRO PELIZZA DA VOLPEDO & MICAH WITHMORE-SINCLAIR
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« .Unattainable and impossible, uncaring and distracted... but he was out there, somewhere. I had to believe that. » Cette journée était la mienne, elle devait l'être. Mes amis comptaient sur moi. Je revoyais les traits encourageant de Gaël me montrant la porte de sortie, m'imaginait Roxane et Roméo m'attendant au coin de la troisième rue, prêt de la plage. Ils allaient me sourire et moi, j'essayerais de leur rendre leurs risettes autant que faire ce peut. Décidée à retrouver un courage longtemps délaissé, j'en venais à me dire que je le devais. A tous le monde, puis à moi. Mais principalement aux autres. Mère nature m'offrait une seconde chance que je m'étais renfrognée à refuser depuis le départ de mon Sandro et je gâchais cette seconde chance à me lamenter après un passé qui ne me reviendrait jamais. Vouée à être bercée dans un sommeil éternel, je m'étais finalement soustraite à mon éternité imposée grâce à une sœur. L'adjuvant de dernière minute, celle qui m'avait délivré de tous mes maux n'étaient contre toute attente qu'une totale inconnue. L'inconnue, qui en ses traits fins et parfois malicieux, me ressemblait comme si j'avais été faite en plusieurs exemplaires. Ce qui était le cas, en toute logique. Elle m'était physiquement similaire, à la différence d'une chevelure plus longue et de quelques centimètres en plus en ma faveur. Mais hormis ces détails, Tyler de son prénom, me ressemblait comme si j'avais été dupliquée à la photocopieuse. Son existence renfermait tout un tas de mystère auquel je n'étais pas encore tout à fait prête à me confronter, même si j'en connaissais les grandes lignes. Notre parenté m'effrayait encore trop pour que je ne puisse la regarder droit dans les yeux, si tant est que je le puisse un jour. Je me contentais de lui répondre au téléphone pour le moment, notre rencontre physique viendrait avec leurs temps, même si je savais que je lui devais la vie et tellement plus encore. Je la trouvais jolie comme un cœur, alors que j'avais toujours eut l'impression d'être fade et sans intérêt. Elle était un véritable rayon de soleil là où je n'étais désormais qu'une pale ombre. Si similaire, mais pourtant si différente. Elle souriait de toutes ses dents, je m'attristais du bonheur des autres sans jamais le vouloir. Je l'enviais souvent, même si j'avais une vie toute aussi enviable au final. Peut-être pas. Toujours est-il que grâce à elle, je respirais. Mes pas estampillaient le sol de ma présence, la miraculée que j'étais flânais sans prétention aucune au milieu d'une foule dense. Mes poumons se remplissaient d'un air frais qui m'avait manqué, les rayons du soleil caressaient ma peau. L'impossible se réalisait, l'improbable portait mon prénom. Le printemps se réjouissait de ma présence et je me retrouvais à finalement essayer d'exister après des mois à seulement subsister. Tu vois, ce n'est pas si terrible que ça finalement, songeais-je alors que mes prunelles, dissimulées derrières des verres teintés, scrutaient le beau temps à son Zénith. J'avais la sensation de devoir la vie au reste du monde, que chaque seconde passée, chaque respiration, je la devais à quelqu'un. Que j'allais devoir remercier le reste du monde jusqu'à ce que mon éternité ne vienne me chercher une seconde fois et pour de bon. Et cela me convenait, je voulais vivre, pleinement. Et si j'avais voulu vivre pour un autre auparavant, désormais il n'y avait que plus que moi et je compris que je devais composer avec rien d'autre que moi-même. Entamant mon épopée vers une existence que je me choisissais, je déambulais au milieu de la cohue sans prétention aucune. Mes pas me guidaient au travers du labyrinthe humain impatient de pouvoir rejoindre leurs buts et paradoxalement, je divaguais à un rythme lent, lambinant à travers la rue. Mes songes divaguaient vers une cacophonie de tout et de rien, je pensais à tout et me vidait l'esprit la seconde suivante. Le contact souple d'une main sur mon épaule fit chavirer mes flâneries vers une réalité plus terre à terre. Pour une fois que je m'autorisais à rêvasser, dans mon monde fait de théories et de théorèmes, voilà qu'il suffisait d'un geste pour que je ne retombe les deux pieds sur le sol, la tête sur les épaules. Encline à aider mon prochain, je détournais mon regard vers l'inconnu qui déjà s’excusait et c'est en croisant l'océan de ses yeux que je réalisais que le destin n'était pas encore prêt à me laisser vivre une existence paisible. N'importe qui à ma place aurait pu confondre, s'imaginer qu'il s'agissait du jumeau. Toutefois je n'étais pas n'importe qui, sa voix m'interpellait encore dans mes rêves, les souvenirs de son timbre me murmurant quelques secrets de-ci de là s’immisçait sans arrêt dans mes songes. Ses traits n'étaient d'aucune énigme pour moi, je devinais ses mimiques, connaissait son visage mieux que n'importe lequel. Obnubilée par ma vision, j'en restais un instant silencieuse, peignant son portrait dans mon paysage avec minutie, de peur qu'il ne m'échappe de nouveau. « .Sandro. » murmurais-je à son égard, comme si son prénom n'était que le prélude d'une ravissante utopie que je n'avais osé dessiner que dans mon sommeil. Au milieu d'une réalité désormais gommée par sa seule présence, j'avais osée la parole. Son prénom était sorti comme une vérité, non une question, car j'étais sûre de ce que j'avançais. Après à savoir si je rêvais ou non, qui s'en préoccupait ? Certainement pas moi. J'eus envie de lui sauter au cou, envelopper ses épaules de mes bras fins. M'enfermer dans l'étau de ses bras et ne jamais m'en détacher. Lui dire que je regrettais, que je pardonnais, ou bien encore que peu importait. Respirer son parfum, sentir sa peau effleurer la mienne, chérir chacun de nos contact et me les graver en mémoire comme le plus beau des contes. Le merveilleux de la situation aveugla mes derniers mois passés dans le noir. Mes ténèbres disparaissaient au profit de l'azur de ses yeux. Qu'il est beau mon Sandro, songeais-je, candide. J'en oubliais de respirer, je retenais mon souffle tant l'improbabilité de l'instant me faisait chavirer. « .Je croyais que tu étais...loin. » dis-je finalement, fronçant les sourcils par la même. Ma constatation m'extirpa de ma naïveté en un claquement. Loin. Bien sûr qu'il était loin. Tu ne crois pas Micah, tu es sûre qu'il était loin, puisqu'il n'était pas avec toi. Mes derniers instants me revinrent alors comme une série de bombes. Toutes plus assourdissantes et effrayantes que la précédente. Je fermais les yeux un instant, baissant le regard vers le sol, serrant les dents afin de ne pas me laisser submerger une fois de plus par le chagrin. L' affligeante réalité me rendit morose, je dévisageais le sol d'un regard vide, plus accablée que je ne l'avais jamais été. « .Trop loin. » constatais-je, cette fois plus amère que la précédente. Mes lèvres se pincèrent, alors qu'assaillant mes neurones, ma mémoire s'amusait à me rappeler combien il m'avait été difficile de même respirer au cours des derniers mois. « .Run far away, so I can breathe. Even though you're far from suffocating me. » Je poussais un profond soupir, essayant par tous les moyens d’évacuer la montée de stress dont j'étais victime. Tout devint rapidement un flou condensé, la brume envahissait mon horizon et complètement paniquée, étranglée par un excès de colère que je ne maîtrisais définitivement pas, mon seul réflexe et le geste salvateur fut d'expédier mes doigts à la rencontre de sa joue dans un claquement. C'est arrivé. Un Pelizza Da Volpedo qui se prend une claque en plein visage, dans la rue, devant une flopée de personnes de toutes tranches d'âges et de tous horizons, nous regardant carrément mortifié par la scène. Personne n'aurait misé sur nous pour jouer une scène pareille et pourtant elle était le résultat de ma spontanéité, mon angoisse irisée d'une monstrueuse montée de colère. La petite gentille avait osé le geste indécent, en public qui plus est. J'étais à un milliard de kilomètres de la personne que j'étais, de qui je voulais être et de qui je prétendais être. Mais tout cela n'était que son œuvre. J'aurais voulu supplier, pleurer, excuser un milliard de fois mon geste à la minute où ma main s'était détachée de sa joue. Je portais mes mains catastrophée sur ma bouche, retenant un mugissement catastrophé, contemplant son visage se remettre du geste. Il allait me tuer, j'en étais convaincue. Néanmoins les excuses que je voulais formuler ne s'échappèrent jamais de mes pensées, car au fond je savais qu'il la méritait. Il m'avait fait souffrir mille mort et plus encore. Mes maux, mes peines les plus atroces portaient sa griffe et le fait de s'appeler Pelizza Da Volpedo n'excusait en rien son échappée peureuse. Je serais les poings pour ne finalement pas lui en coller une seconde, bataillant ferme contre le sentiment de culpabilité dont j'étais victime, décidée à pour une fois dans ma vie, ne pas me laisser faire. « .Largement méritée. » grognais-je à son adresse, serrant les dents afin de ne pas lui hurler littéralement dessus. ça fait mal ? Je m'en fiche. Dans tous les cas ,avec ma force de poulet, tout se qu'il venait de sentir se résumait probablement à la caresse d'un coussin de plume. Respiration haletante, j'esquissais un pas, puis deux, puis plusieurs à son opposé jusqu'à me heurter à de la brique, dos au mur. Je me repassais mon geste en boucle. Une vivacité à laquelle je n'étais pas habituée, j'avais l'impression de confronter mon nouveau moi avec mon passé. Ou bien de m’apercevoir que j'avais réellement changé depuis quelques mois. A croire qu'on ne reste pas naïf toute sa vie, les épreuves nous renforçaient le caractère même lorsque celui-ci était quasi inexistant. Je n'allais plus jamais me laisser faire. Pire encore, je me confortais dans l'idée que plus personne ne se glisserait dans mon cœur, comme il avait pu le faire par le passé. Une fois, pas deux. Gentille, mais pas stupide. A croire que même le plus doux des agneaux ne garde pas son innocence après avoir frôlé la mort et laissé dépérir un cœur brisé. « .Tu as vu un fantôme ?. » demandais-je, sans réellement quémander de réponse. L'ironie, voir le sarcasme de ma supplique me serra le cœur. Je n'étais pas comme ça, méchante gratuitement, ne voudrais jamais l'être. Je ne voulais pas ressembler à ces clichés de méchancetés adulés, j'avais la prétention de seulement vouloir être moi. Et pour ma part, j'avais une extrême envie de le détruire sur place. Chacun son tour, comme il l'avait fait à mon égard. « .Surprise. » ajoutais-je sur le même timbre. Surprise, je suis vivante. Mauvaise, bonne surprise. Reste à savoir. Pour ma part j'envisageais toutes les possibilités. Après tout, tout aurait été plus simple pour lui si je m'en étais tenue au plan. Au royaume des morts, je n'aurais jamais appris sa lâcheté et aurais gardé en mémoire le merveilleux souvenir d'une relation passionnée et fusionnelle. Toutefois tout ce que je voyais en lui maintenant se résumait à la trahison, l'absence. Mon cœur menaçait de lâcher d'une minute à l'autre, mes iris quémandaient un larmoiement que le peu de fierté en ma possession m'interdisait d'offrir. « .Tu aurais du rester là où tu étais. » dis-je sans ménagement. Car personnellement j'aurais préféré qu'il ne revienne jamais dans ma vie, surtout pas après sa lettre, surtout pas après son absence. A croire qu'il choisissait toujours son moment. Là où je me décidais enfin à aller de l'avant après des mois à espérer vainement qu'il ne vienne frapper à ma porte, monsieur se pointait au détour d'une ruelle, comme un cheveux sur la soupe. Amère de cette rencontre, j'en devenais par la même bouleversée, au point où la tristesse l'emporta sur le dégout, une fois de plus. « .Tu as tout gâché. Je suis si fière de toi Sandro. » soufflais-je, plantant mon regard attristé dans le sien, reprenant les espérances qu'il m'avait gravé à l'encre sur du papier. Il espérait alors que j'allais être fière de lui, le soutiendrais outre-tombe dans son entreprise envers les plus démunis. Mais dans mon soudain égoïsme, tout ce que je voyais c'était qu'il m'avait sacrifié au prix de son propre équilibre, que j'avais perdu au jeu du courage, que sa fierté l'avait emporté sur son amour pour moi.
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MessageSujet: Re: lights will guide you home ; mikado. lights will guide you home ; mikado.  EmptyJeu 11 Oct - 23:10








« Tu… On… » Soufflais-je à voix basse, mon regard fixé sur la plus belle personne qui m’avait été donné de voir. Ma plus belle surprise, ma plus belle vision. J’avais l’impression de nager en plein rêve, de voir se concrétiser quelque chose d’impossible. J’étais parti, loin, il y a quelques mois. Elle avait été à l’agonie, proche du trépas. Je l’avais laissée, alors qu’elle se trouvait à la merci de la mort. Je me souvenais encore parfaitement de mes derniers instants à ces côtés. Il faisait nuit noire, et j’avais outrepassé les règles en lui rendant visite. La belle au bois dormant dormait à points fermés, apaisée dans un sommeil sans doute réparateur. Avec délicatesse, j’avais effleuré sa joue, comme pour rendre le moment encore plus authentique, plus vivant. Je vivais mes derniers instants auprès d’elle, et je ne voulais en louper ni en oublier aucune miette. Longuement, je l’avais observée, me remémorant nos meilleurs et nos plus beaux souvenirs. L’Italie et son insouciance étaient loin, bien loin désormais. Avec amertume, j’essayais d’éviter de penser à l’avenir radieux que nous aurions pu avoir. A tout prix, j’esquivais toutes mes pensées parasites, qui me susurraient à l’oreille ô combien la vie parfaite que j’avais anticipé ne se réaliserait jamais. Pourquoi anticiper, si tout cela rime au final avec déception ? Les rêves de toute une vie s’effondraient. Non, nous ne serions jamais unis d’une façon légale. Non, je n’aurais jamais l’occasion de voir une mini-Micah courir droit sur moi quand je rentrerais du travail. Mais le pire, dans tout ça, c’était quand même de savoir que jamais, ô grand jamais, je n’aurais la chance de vivre à ses côtés, pendant de longues années. Tous mes espoirs s’éteignaient, et je me retrouvais plongé dans le brouillard. Alors, dans un moment réfléchi, mais paradoxalement désespéré, j’avais pris une décision. Hors de question que je la regarde perdre davantage ses forces, petit à petit. Hors de question que mes doigts serrent délicatement les siens lorsqu’elle poussera son dernier soupir. Hors de question que je me retrouve au premier rang, lors de l’enterrement. Je ne le voulais pas, et surtout, je ne le pouvais pas. J’étais trop faible, psychologiquement parlant. Alors, avec douleur, je m’étais forcé à m’écarter d’elle, pour aller déposer une lettre sur la table qui se trouvait dans sa chambre. Et c’est sans me retourner que j’avais précipitamment quitté cette sordide chambre d’hôpital. « Je… Je ne m’attendais pas à te… Enfin tu vois quoi… » Ou pas, finalement. A vrai dire, j’avais bien conscience que mes explications n’éclairaient en rien mon état d’esprit. Je n’arrivais pas à formuler, à voix haute, les différents sentiments que je pouvais ressentir, en cet instant béni. Trop difficile, trop complexe, et surtout, j’avais été pris de court. Je bredouillais comme un gamin de cinq ans, qui avait encore du mal à aligner deux mots. Ou pire ; j’avais l’impression d’être l’incarnation même du stéréotype du mec timide. Soudainement, mon assurance et mon côté arrogant avaient décidé de s’éclipser, me laissant démuni devant le fait accompli. Mes doigts avaient cruellement envie d’effleurer le fin visage de Micah, juste pour être réellement sur qu’elle était là, belle et bien présente. Désormais, je n’avais qu’une crainte : m’apercevoir que tout cela se passait dans ma tête, ou dans en mon for intérieur. Etais-je en train de devenir fou ? Etais-je en train de voir et de parler avec quelqu’un qui n’existait que dans ma tête ? Peut-être. Après tout, ce ne serait pas la première fois que l’on entendrait parler d’un tel phénomène. Mais un détail me revint soudainement en mémoire. Avec nervosité, j’ai posé un regard furtif sur mes doigts, qui, il y a à peine quelques secondes, avaient effleuré l’épaule de Micah. Ce n’était pas un rêve. Ce n’était pas un mirage. Non, au contraire : tout ce que je vivais là, c’était réel. Elle était belle et bien là, en face de moi, à me parler. « Tu es là… » Finis-je par murmurer, encore déboussolé par cette surprenante rencontre. Félicitations Sandro, belle constatation, même si désormais, tu passes pour un demeuré aux yeux de Micah. Heureusement pour moi, elle ne semblait pas décidée à me laisser me débrouiller seul. Tandis que je l’observais, ébahi par cette surprise que je n’avais pas vu venir, elle posait des mots sur mon absence. J’ai baissé les yeux pendant une fraction de seconde, alors qu’elle soulignait, indirectement mais avec exactitude, que j’avais été pris en flagrant délit de peur, puis de fuite. Comme d’habitude, et ce, malgré toute ma bonne volonté, je n’avais pas été capable d’assumer, et de l’accompagner jusque dans les dernières secondes. « C’est vrai. J’étais loin… » Murmurais-je, sans la quitter des yeux. J’avais tellement peur qu’elle s’efface, qu’elle disparaisse, que j’étais prêt à affronter son regard noir, et ses lèvres pincées. Ce qui n’était jamais très bon signe, soit dit en passant. La crise était imminente, et je ne faisais rien pour y échapper. Sans problème, je reconnaissais mon départ. Après tout, pourquoi essayer de me chercher des excuses ? Il s’agissait là d’une tâche bien vaine. Je le savais, et Micah aussi. J’avais décidé, choisi de partir. J’avais fait moi-même toutes les démarches, j’avais cherché tous les renseignements nécessaires. Symon m’avait été d’une aide précieuse, mais il ne m’avait jamais évoqué de lui-même l’idée d’aller faire de l’humanitaire. Je n’avais été ni contraint, ni forcé. Toutes ces idées, de l’action jusqu’au pays, avait été de mon ressort. Une fois de plus, mon égoïsme et ma lâcheté avaient pris le pas sur toutes mes bonnes pensées, sur mon courage. Et, comme une scène de film se déroulant au ralenti, je vis exactement ce qui allait me tomber dessus, incessamment sous peu. La main de Micah, élancée dans les airs, et plus vive que l’éclair, vint rencontrer ma joue droite en un bruit sec. La tête légèrement baissée, j’esquivais le regard incendiaire de la blonde qui me faisait face. Dans un geste futile et parfaitement inutile, j’ai à mon tour porté ma main à ma joue, à l’endroit même où quelques secondes plus tôt, j’avais subi le revers poignant de mon départ. Encore trop surpris et hébété pour réagir, je me suis contenté de relever les yeux. Pour finalement constater que tout le monde nous regardait. Merde, merde, et re merde. Moi qui n’aimais ni être le centre du monde, ni voir ma vie privée s’étaler aux yeux du public, j’étais servi. J’avais eu droit à un début de scène de ménage – si on pouvait appeler ça ainsi, d’ailleurs – en plein centre ville. Mon égo venait d’en prendre un sacré coup, mais tant pis : pour une fois, je devais outrepasser l’apparence. Watch-Out allait s’en frotter les mains, clairement. Les gens qui passaient à nos côtés posaient un regard parfois moqueur, parfois peiné, sur notre couple improbable. « C’est vrai. » Reconnus-je à voix basse, toujours incapable de soutenir son regard. Pourtant, je ne pouvais plus me dérober, comme je l’avais fait au moment de Noël. Elle était là, bien présente et bien éveillée, mais surtout décidée à me faire payer mon lâche abandon. Et elle avait raison, parfaitement raison. « Je la mérite amplement. » Déclarais-je d’une voix monocorde. Au premier abord, on aurait pu penser que je me fichais complètement de cet échange entre nous. Sauf que ce n’était pas le cas. Je me voyais mal l’engueuler, ou être désagréable avec elle, alors qu’elle avait eu raison en tous points. Il ne fallait pas croire ; je savais aussi reconnaître mes erreurs. Bon, d’accord, je ne le faisais que très rarement ; souvent, mon égo passait avant tout le reste. Sauf Micah, qui se révélait être l’exception à la règle. Face à elle, je n’avais aucune crainte de jouer la carte de l’excuse, de reconnaître mes torts, ou de m’asseoir sur ma fierté. Et une fois de plus, je le prouvais. Mes yeux rencontrèrent ses deux perles azurées, alors qu’elle se moquait clairement de notre propre situation. Peiné par ce ton qui lui ressemblait si peu, je réalisais que cette rencontre imprévue n’avait peut-être pas que du bon. Dans un premier temps, j’avais été à la fois ravi, heureux, voire même émerveillé de la revoir. Elle m’était apparue, là, comme ça, sans crier gare. Dans la foule, sa silhouette s’était dessinée, et tout à coup, il n’y avait plus eu qu’elle. J’étais rassuré, soulagé, et mes sentiments à son égard avaient été décuplés. Pourtant… Si nos retrouvailles auraient pu être marquées dans les annales tant elles reflétaient – visuellement parlant, j’entends – l’improbabilité, le reste était clairement à oublier. Passé l’instant de surprise, nous nous retrouvions à régler nos comptes. Et comme si cela ne suffisait pas, elle enfonçait le clou, apparemment décidée à me faire payer. « T’es dégueulasse de me dire ça. » Répondis-je sur un ton très bas. Ma voix avait voulu se faire tranchante, cassante, blessante. Au moins autant qu’elle l’avait été, elle, précédemment. Mais en vain ; apparemment, je n’étais pas prêt à donner des coups, à la blesser davantage. Soit ; je me contenterai d’encaisser, alors. Et le second coup ne tarda pas à me frapper de plein fouet. Elle aurait préféré que l’on ne se recroise pas, que l’on ne se revoit jamais. Ça, c’était dit. C’était la pire bassesse qu’elle ne m’avait jamais faite. Je n’avais pas la prétention de dire que j’étais tout blanc dans cette histoire, mais de là à renier tout ce que nous avions pu vivre ensemble, et tout ce que nous aurions pu vivre ensemble, non. No way. J’étais déboussolé, détruit, et je ne cherchais même pas à faire semblant. Je touchais le fond – à moins que je ne puisse m’enfoncer encore, davantage, jusqu’à être complètement submergé. « C’était ce qui était prévu, à la base. » Rétorquais-je, toujours à voix basse, toujours en esquivant ses yeux bleus accusateurs. Evidemment que revenir n’avait jamais fait partie de mes plans. Premièrement, parce que j’étais occupé au Soudan, et deuxièmement, parce que j’avais bien compté sur cette mission pour m’achever. Cependant, il faut croire que la mort n’était pas clémente avec ma petite personne ; ma mission humanitaire avait pris fin, et j’avais dû rentrer. Au début, j’avais bien pensé à retourner en Italie, mais je n’avais aucunement envie de croiser mes parents. J’étais un peu près certain qu’ils m’attendaient de pied ferme, prêt à me massacrer sur place dès que je franchirais la porte. Moi, le fils odieux qui était parti sans rien dire, sans prévenir personne. Rentrer à San Francisco avait été une décision difficile à prendre ; à mes yeux, la ville regorgeait de mauvais souvenirs. « Je suis désolé. » Murmurais-je sincèrement, osant à peine relever les yeux vers elle. Bah ouais, après tout, que pouvais-je dire d’autre ? Que pouvais-je faire d’autre ? On ne pouvait pas revenir en arrière, on ne pouvait pas changer le passé. Juste l’accepter, et tenter de ne pas reproduire les mêmes erreurs dans le futur. « Je ne voulais pas te blesser, je te jure. » Continuais-je, toujours sur le même ton. « Ce n’était pas mon intention, ça n’a jamais été mon intention, et ça ne le sera jamais. » Affirmais-je, sans l’ombre d’un doute. Je reconnaissais que je pouvais mal agir, que je pouvais prendre les mauvaises décisions. Pourtant, je ne l’avais jamais fait consciemment. « Je suis désolé de t’avoir blessée, de t’avoir fait du mal. » M’excusais-je platement. Mea culpa, j’ai tort sur toute la ligne. J’ai balayé les alentours d’un regard ; la vie avait repris son cours. Il restait bien quelques curieux qui nous observaient sans gêne depuis la terrasse d’un bar, auxquels j’adressais un regard noir. Chacun sa vie privée, merde. Posant un regard franc sur Micah, j’ai enchaîné : « Et je suis désolé d’être revenu dans ta vie. » Si pour moi, ses retrouvailles avaient des airs de bénédiction, ce n’était pas son cas. J’acceptais son opinion, même si au fond, ça me détruisait complètement. Une seconde de silence passa, avant que je ne reprenne la parole. « Je te promets que tu n’entendras plus jamais parler de moi, puisque c’est ce que tu désires. » Je m’inclinais face à la belle au bois dormant. Qu’elle vive sa vie comme elle l’entend ; en aucun cas, je ne voulais être un parasite pour elle. J'avais fait suffisamment de dégâts comme ça.

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MessageSujet: Re: lights will guide you home ; mikado. lights will guide you home ; mikado.  EmptyVen 19 Oct - 13:43

❝.It's a terrible love and I'm walking with spiders.❞
FT. SANDRO PELIZZA DA VOLPEDO & MICAH WITHMORE-SINCLAIR
6.000 pour mes miens :plop:

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Qu'elle est insolente, la jolie Micah, à se soustraire au jugement dernier. Vivre là où personne ne l'attendait plus, ni les lointains parents, ni ses proches, ni lui. J'avais conscience que je me trouvais là où personne ne m'aurait soupçonné exister, que j'avais une chance que beaucoup dans un cas similaire au mien n'avait pas eut. Je vivais pour le cortège de personnes atteintes de leucémie et qui n'avait pas eut la chance presque grossière de trouver un remède. La mort avait préparée son dernier baiser, avait prévue de m'emporter avec elle à la prochaine marrée. Toutefois j'avais trouvé dans mon dernier sillage, une main tendue à laquelle m'agripper et que je n'allais plus jamais quitter. Ma petite Tyler, aussi fragile qu'une enfant, mais courageuse assez pour venir en aide à une moitié qu'elle n'aurait jamais soupçonnée. Une, mais pourtant deux, désormais tout me liait à ma précieuse petite sœur. Je lui devais tout, le restant de mon existence lui était dédiée, il n'y aurait plus qu'elle à mes yeux. Pourtant je me retrouvais une fois de plus à me confronter à l'autre unique. Mes lèvres se pincèrent continuellement, hésitant entre le rictus exacerbé et l'air torturé. Contempler ses traits me coupait la respiration, comme si je cherchais à m'étrangler de l'intérieur, me faire suffoquer moi-même et périr dans mon propre effroi. Pourtant il n'avait pas changé, son visage possédait toujours ce quelque chose de rassurant, bien que désormais j’interprétais toutes ses mimiques, toutes ses paroles d'une manière bien différente. De l'amour à la haine, il n'y a qu'une infime limite. Infime limite que je n'avais pas franchie de moi-même, il m'y avait plutôt poussée sans ménagement. Il était aussi évasif que je n'étais maladroite, aussi impudent que je n'étais en colère. Autrement dit, je touchais le fond de la médiocrité et il me suivait de très prêt. J'avais envie de l’abattre ici, en pleine lumière du jour, devant une foule de passant se bousculant à l'heure de déjeuner pour rallier leurs restaurant favoris de l'autre coté de la rue. « .A me revoir vivante de nouveau ? Si tu avais attendu une journée de plus Sandro, tu aurais su. » dis-je d'une voix agacée, complètement crispée par la situation. Droite comme un piquet, à trois pas exactement de l'endroit où il se tenait, tenant moi-même une distance assez raisonnable pour ne pas intenter à sa vie dans un moment d'égarement. Maintenant, une journée nous coûterait une vie entière, grand bien lui en fasse. Je venais de passer des mois en enfer, à me demander ce qui n'allait pas chez moi pour qu'il n'ait même pas le respect de rester à mes côtés dans mes supposés derniers moments. Et finalement, maintenant que je l'avais en face de moi, je prenais le chemin de la facilité et lui remettait toute la faute sur la figure. Évidemment, que tout était de sa faute, puisque ce n'était pas de la mienne. J'avouais toujours mes fautes, mais ici je ne trouvais rien à dire, rien à confesser. S'il avait attendu une journée de plus, il aurait appris l'existence de ma jolie sœur en même temps que mon père avait appris qu'elle n'était finalement pas décédée dans le même accident de la route que notre maman. « .Et je respire encore. » marmonnais-je à son adresse, alors qu'il réalisait que j'étais bel et bien là. Redescend sur terre mon gros, je ne suis pas un mirage. Nous étions trop terre à terre pour penser à ce genre d'utopie, l'histoire de l'ex qui vient hanter son amour outre tombe, c'est bon pour les films à moyen budget. Trop terre à terre, mais bien assez passionné pour qu'il ne prenne une trempe devant tous le monde. Une bonne baffe pour lui remettre les idées en place. Une baffe que j'avais mille fois imaginé, qu'il m'avait déjà autorisé à lui donner, mais qu'il n'avait jamais autant mérité qu'aujourd'hui. « .T'en mériterais même une seconde si je m'écoutais. » sifflais-je, prête à laisser ma gauche aller lui cogner la mâchoire si jamais il répondait quelque chose qui me déplaisait. Parce qu'évidemment, qu'il ne subisse mes foudres sans moufeter serait trop simple et je m'attendais à un répondant insolent de sa part. Pas déçue du voyage proposé par l'arrogant petit enfoiré du jour, mon teint vira au vert lorsqu'il grommela que j'étais dégueulasse avec lui. « .Moi je suis dégueulasse ? Moi je suis dégueulasse ?. » questionnais-je dépitée. Désagréable, certes. Blessée, très certainement En colère, carrément. Je savais ma cause juste et même si le timbre que j'employais à son égard n'était pas celui qui me correspondait habituellement, désormais il n'en était rien. Il ne méritait certainement pas que j'y mette les formes, plutôt que je rentre dans son jeu du gars cynique et arrogant à souhait, même si évidemment, je n'arriverais jamais à mimer le quart du tiers de son dédain inné, si tant est que je le voulais un jour. « .Tu t'es vu espèce de lâche ? T'es même pas capable d'attendre que je sois vraiment morte pour filer voir si l'herbe est plus verte ailleurs. Toi et ta petite fierté de merde vous pouvez allez vous faire voir. » crachais-je littéralement. Comme j'avais envie de le pousser, de le frapper, le secouer dans tous les sens. Pourtant je n'en fis rien, je le pointais seulement d'un doigt accusateur, mes traits emprunt d'une fureur sans borne. Je n'éprouvais aucun remord quant à ce que je venais de dire et certainement pas après avoir constaté qu'il parlait de petite voix, il haussait les épaules et me fila la douce impression, de part ses gestes et ses paroles, que je l'emmerdais plus qu'autre chose. Son air pataud à crever décupla mon envie de secouer ce salopard de classe mondiale comme un prunier. « .Ne me dis pas que je suis dégueulasse, c'est toi le dégueulasse de nous deux. Moi je ne t'aurais jamais abandonné, surtout pas dans ces moments-là. » terminais-je, cherchant à baisser d'un ton afin de nous soustraire aux regards insistants d'une foule de curieux. Encore heureux que nous étions en pleine rue, sinon en coulisse, sous le coup de la colère, j'aurais été capable de l'exterminer sur place. Finalement peut-être que j'avais une sorte de force cachée. Calme, sage et timide d'origine, je m'avérais être encore plus colérique que n'importe qui fasse à l'adversité. Moi qui n'aimait pas la violence, c'était un comble. Soudain consciente que je réagissais comme la parfaite idiote que je ne voulais jamais être, je décidais de pousser un long et profond soupir. Pas de quoi calmer l'écho de mon cœur battant férocement contre ma cage thoracique, mais au moins apaiser mon aigreur soudaine. « .Ce qui était prévu à la base, c'était que tu restes. » dis-je d'une petite voix, sans lui accorder quelconque regard. S'il n'était pas parti, tout cela ne se serait jamais produit et nous serions encore ensemble, j'en étais convaincue. Nous étions fait pour durer, lui et moi. Mais ça, c'était avant. Je réalisais un tas de choses que je n'avais pas pris le temps d'imaginer avant, trop occupée à m’apitoyer sur mon sort. Comme par exemple le fait qu'il n'aurait même pas eut la décence d'aller à mon enterrement. Je n'avais pas – plus – peur d'y penser à présent, car frôlée une fois par la faucheuse, désormais je n'avais aucun tabou quant à ma condition révolue. Il paraissait clair qu'aux yeux des médecins, sauf aléas de la vie, j'allais vivre encore des années durant, jusqu'à atteindre une vieillesse que j'avais été peinée de ne jamais pouvoir envisager par le passé. D'autant plus frustrée et consternée de réaliser tout un tas de scénario auquel il n'aurait pas daigner assister si jamais ma vie s'était achevée, mes commissures tombèrent dans un rictus accablé. « .Mais évidemment, qui j'étais moi, à demander un peu de courage de ta part. » renchérissais-je, feignant de hausser les épaules. Comme si c'était normal. Qui j'étais moi, à part l'idiote naïve et amoureuse qui avait passé des années de sa vie avec lui, qui en avait vu de sa part autant qu'il lui en avait fait voir. J'avais l'impression d'être n'importe qui à ses yeux, mais ça, ça ne datait pas d'aujourd'hui, ni même d'hier, plutôt de noël. Je regardais partout, mais ailleurs. Du moment que mon regard ne se déposait pas sur lui, j'avais l'impression de pouvoir garder le contrôle, même superficiel, sur mes émotions qui commençaient à doucement m'empoisonner les paupières. J'écoutais ses mots avec vigilance, précaution. Mon cœur se serra, puis s'éparpilla au gré de ses paroles. « .Arrête. » soufflais-je, prête à fondre en larme. Mes perles au bord des saphirs, je baissais le regard et dévisageais le sol dans le simple but de ne pas craquer, une fois parmi tant d'autre, pour lui. Qu'il soit désolé, c'était bien beau, mais cela n'enlevait pas les mois que je venais de passer dans la pénombre, à essayer de recoller les morceaux de ma vie et à chercher les morceaux perdues de mon cœur en puzzle. « .Tu ne m'as pas blessée Sandro, tu m'as achevée. J'aurais préféré mourir plutôt que de vivre les derniers mois. » dis-je, tout aussi sincèrement que ses excuses détournées. Et je pensais chacun de mes mots. J'étais si faible, surtout lorsqu'il s'agissait de lui, au point que le monde entier pouvait m'écraser, me balayer d'un revers. A la merci de tous, fragile comme une enfant perdue au milieu de brigands sans scrupules. Je chérissais notre relation passée, mais j'en étais désormais au point où les mauvais moments que j'avais vécu durant les derniers mois surpassaient les bons. Le mauvais prenait l'ascendant sur le bon et la peur atroce que j'avais de lui, dans son ensemble, qu'il ne me blesse encore comme il l'avait fait, me poussait à me protéger, quitte à l'exclure de ma vie une bonne fois pour toute. Non sans mal, non sans agonie. « .Moi aussi je suis désolée. Désolée d'avoir pensée compter pour toi un minimum. Mais visiblement pas assez pour pouvoir te garder jusqu'à la fin. » constatais-je, mes prunelles se déposant sur ses traits, comme si je cherchais à me punir pour ce que je venais de dire dans le simple fait de le regarder. Larguée sur son lit de mort, Micah Sinclair. On ne pouvait pas faire pire, dans le genre mélodrame. Le pire restait que s'il était revenu quelques semaines plus tard, je lui aurais sauté dans les bras. Mais maintenant c'était trop tard, trop de temps, trop d'eau avait coulé sous les ponts. Je pouvais penser ce que je voulais , qui s'en préoccupait. Son échappée / abandon signifiait tout à mes yeux, j'en éludais les mots qu'il m'avait gravé sur papier, les promesses de fin, les écrits doux. Je ne voyais que le geste, oubliais la lettre, car au final plus rien n'avait de sens à mes yeux. Il était parti, c'est tout, point final à notre histoire. « .Tu avais raison de chérir ton passé, maintenant c'est tout ce qu'il te reste de nous ... » Pas de futur commun, plus d'ambitions. Mes rêveries passées d'une vie tranquille à ses côtés, dans un cocon qui nous appartiendrait, lost long ago. Tout était perdu et s'achevait sur une note bien trop amère pour être supportable. Si je désirais qu'il disparaisse de ma vie ? Crucial. Hésitante quant à la tournure à donner à ma supplique, je restais quelques secondes en silence, avant de finalement lâcher : « .Oui, c'est ce que je veux. » Un timbre sobre, presque solennel. Au fond je déglutissais. Je serrais les dents pour ne pas m'effondrer, contractait tout mes muscles afin de ne pas tomber en morceaux, à l'inverse de mon cœur qui contre toute attente, tomba plus en pièce qu'il ne l'était déjà auparavant. Oui, je voulais qu'il disparaisse, même si je savais que je me fourvoyais. Il fallait une fin à tout, même à nous visiblement. J'avais le choix d'une nouvelle vie à mener et ne voulait pas qu'il soit là pour me briser encore comme il l'avait fait auparavant. Il s'était protégé d’éventuelles peines en me laissant pour morte dans mon hôpital, désormais je me protégeais des effets dévastateurs que nous avions l'un sur l'autre, quitte à faire une croix sur la grande histoire de ma vie. « .C'est fini, pour de bon cette fois. » ponctuais-je dans un soupir nerveux, un air accablé visant le sol. Ma phrase sous entendais une réalité que je me choisissais, que je nous choisissais et sur laquelle je ne reviendrais plus jamais, bien que l'envie de me raviser fut là. « .it means I don't want to be with you anymore. We are never getting back together. »

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MessageSujet: Re: lights will guide you home ; mikado. lights will guide you home ; mikado.  EmptyDim 11 Nov - 21:55




Revenir à San Francisco avait été un choix important, mais nécessaire. Il n’en allait pas moins que je le vivais comme un véritable calvaire, une souffrance sincère. Je me retrouvais plongé dans une ville qui m’était devenue étrangère, pour ne pas dire pénible. Mais Symon avait réussi à me convaincre de revenir, pour mes foutus examens. Dieu que je le regrettais, en ce moment précis. Mille fois, en cet instant, j’aurais voulu être au Soudan, et éviter ce face à face cruel et insupportable. Un fragment de mon passé venait de revenir en pleine face avec douleur et fracas. « C’est ça. » Affirmais-je, sur un timbre de voix particulièrement faible, alors que mes yeux balayaient le sol. J’étais gêné, incapable d’aligner deux mots cohérents, incapable de faire face à une situation qui était tout, sauf ordinaire. Mon cœur s’était emballé à l’instant même où j’avais vu cette chevelure blonde, mais à ce moment précis, j’avais l’impression qu’il allait bientôt exploser dans ma poitrine. Les mots me manquaient pour décrire ce qui était en train de m’arriver, ce que j’étais en train de vivre. C’était trop inattendu, trop irréel, trop surprenant, trop, trop, trop. Peu à peu, tout doucement, je réalisais qu’elle était belle et bien là, présente, face à moi. Nous n’avions pas été aussi proches depuis des mois – un peu plus de cinq mois, pour être tout à fait précis. Son absence m’avait rongé de l’intérieur. Elle était partie, physiquement et moralement. Ma vie venait de perdre tout son intérêt ; chaque jour qui passait, je m’enfonçais dans une souffrance et une langueur dont je ne pouvais ni ne voulais me sentir sans Micah. Elle était tout pour moi ; mon équilibre, mon garde-fou, ma joie de vivre, mon passé, mon futur, mon présent. Tout mon monde tournait autour de la Belle au Bois Dormant, et avancer sans elle n’aurait été qu’artificiel. « Je… Je voulais rester, mais… » Commençais-je, hésitant. Mais quoi ? Je suis un gros con, et j’ai préféré fuir ? J’étais trop faible pour te regarder mourir ? J’avais peur ? J’avais un plan B pour éviter de te voir sombrer dans le néant ? Sans doute un peu de tout ça mélangé, en fait. « Tu me connais, tu sais comment je réagis. Je croyais vraiment être capable de rester à tes côtés, de t’accompagner jusqu’au bout, d’être avec toi jusqu’à ton dernier souffle… Je le voulais, vraiment. » Poursuivis-je, mettant des mots sur mon absence inexcusable. Elle allait probablement croire le contraire, mais j’étais vraiment sincère. Mais comme d’habitude dans les moments cruciaux et dramatiques, mon courage me faisait cruellement défaut. Ma meilleure volonté fondait comme neige au soleil. Et je cherchais toutes les échappatoires possibles. « Mais je m’étais trompé. J’avais tort, de croire autant en moi. Je n’en étais pas capable. Je n’en suis pas capable. Et je pense même que je n’en serai jamais capable. » Avouais-je, sans trop oser la regarder. J’avais peur que son image ne s’efface, qu’elle ne s’évanouisse dans la nature, qu’elle m’abandonne. Honteux, je lui confessais mes faiblesses, mes inquiétudes, mes angoisses. Rien de bien nouveau à ses yeux, en fait. Je restais le même éternel adolescent : l’italien renfrogné, geignard, et peureux que j’étais, lorsque nous nous étions rencontrés. « Je suis content pour toi. » Déclarais-je maladroitement, après une seconde de silence. En ce moment précis, j’aurais voulu avoir entre les mains le guide du « comment réagir lorsque l’on croise au détour d’une rue son ex petite amie que l’on pensait décédée ». Ça aurait vraiment été un livre fait pour moi, du sur mesure. Et puis, soudainement, une question me frappa. Comment ? Comment pouvait-elle être encore là ? Comment pouvait-elle avoir survécu, alors qu’elle était sur le point de s’éteindre lorsque je l’avais qui ? Comment était-ce possible ? Même dans mes rêves les plus fous, je n’avais osé l’imaginer. Elle était devenue trop pâle, trop immobile, trop éteinte. Ses forces la quittait petit à petit, son timbre de porcelaine ne laissait rien d’autre envisager qu’une issue fatale. « Par quel miracle as-tu pu t’en sortir ? » Demandais-je, relevant enfin les yeux vers elle. La médecine et ses miracles ? Une solution de dernière minute ? Un essai clinique surprise ? Tant de questions qui restaient sans réponse. J’ai légèrement froncé les sourcils, avant de me rendre compte de l’impolitesse de ma question. « Enfin, tu n’es pas obligée de me répondre. J’ai bien conscience que c’est ta vie privée, et que ça ne me regarde… Plus. » Soufflais-je, après une vague hésitation. Une petite voix dans ma tête me disait que c’était bien fait pour ma gueule. Que je méritais tout ce qui était en train de m’arriver, et que l’indifférence de ma blonde préférée n’était qu’une juste retour des choses. Désormais, je n’avais plus que mes yeux pour pleurer, et j’allais devoir vivre avec ce sentiment de culpabilité jusqu’à la fin de mes jours. Et aussi vivre avec un égo et une fierté qui venaient d’être sérieusement entamés par une baffe que je n’avais pas vu venir. Mais que je méritais amplement, une fois de plus. On récolte ce que l’on sème. « Ne te gêne pas. Je suppose que j’ai toutes les meilleures raisons de te servir de punching-ball. » Lâchais-je en haussant les épaules, sans aucune amertume, ni même provocation. Non, simple constatation d’un mec blasé et sans espoir. Brisé, je l’étais. En partant au Soudan, j’avais pensé avoir touché le fond. Seulement, aujourd’hui, je me rendais compte que le gouffre était peut-être en réalité sans fin. Je tombais, je sombrais, toujours plus profondément. Et forcément, comme toujours dans ces moments là, je réagissais dans l’extrême. Le mal être nous pousse à faire des choses ridicules, et que l’on finira par regretter un jour. « Bien sur que t’es dégueulasse ! » M’exclamais-je, perdant la face pendant une fraction de secondes. Nerveux, je perdais pied, et je pointais la blonde d’un doigt accusateur. Regarde mon cœur, moi aussi je sais me montrer cruel. Mais déjà, je déglutissais, regrettant mon erreur, déplorant mon manque de discernement. « Mais Micah… Nous sommes complètement différents ! » M’exclamais-je, passant une main dans ma nuque. Je pensais que depuis le temps, elle l’avait compris. Qu’elle était la plus forte des deux, la plus courageuse des deux. J’avais tout à apprendre d’elle, tout à lui envier. « Je sais que tu aurais été là, jusqu’au dernier moment ! Tu m’aurais soutenu, épaulé, et accompagné jusqu’à la dernière minute. Je sais tout ça… » Répétais-je à voix basse, sur un ton presque implorant. Pitié Micah, arrête. Arrête de me dire toutes ces choses, parce que je me sens plus minable que jamais. Je n’avais ni fierté, ni dignité : j’avais piétiné tout ça, en décidant de la laisser à son triste sort. T’es trop parfaite ma Mimi, la vérité. Je ne suis pas à la hauteur, et je ne l’ai jamais été. Au fond de moi, je crois l’avoir toujours su. J’étais tombé amoureux de l’adolescente presque parfaite, de la femme presque parfaite, mais j’étais loin de faire le poids. Trop maladroit, pas assez subtil, trop peureux ; je subissais aujourd’hui mes faiblesses. « Je sais. » Soufflais-je à voix basse. Mais je ne l’avais pas fait. J’avais été incapable de tenir ma promesse, mon ultime promesse. Plus que de la douleur et de la souffrance, elle devait se sentir trahie. Délaissée, abandonnée, trahie. « Je suis tellement désolé… » Commençais-je, sincère. Mais très vite, j’ai préféré aller à l’évidence. L’implorer, même à genoux, n’enlevait rien à ce qu’il s’était passé. Je ne pourrais jamais palier à cette absence, à cet abandon. Quoique je fasse, je savais désormais que toujours, au fond d’elle, quelque chose s’était brisé. « Mais je suppose que te présenter mes excuses n’atténue en rien ta peine et ton sentiment de trahison. Chose que je conçois clairement. » Ajoutais-je, désireux de lui montrer que j’avais compris mes torts, et que je cherchais au mieux à comprendre son état d’esprit. « Je n’ai aucune excuse, si ce n’est de ne pas avoir voulu te voir partir. J’ai été lâche, et j’ai préféré fuir. » Comme d’hab’, en fait. Dès que les choses commençaient à se corser, j’avais une légère – bon, d’accord, énorme – tendance à me braquer et à fuir le plus vite possible. Le courage n’était pas ma qualité principale, j’en convenais. Alors, plus bas que terre, je la laissais m’enfoncer encore davantage. Je ne méritais que ça, après tout. C’était un juste retour des choses. La vengeance est un plat qui se mange froid, dit-on. J’avais beau lui présenter mes plus plates et mes plus sincères excuses, je savais que je ne pourrais jamais réparer ma monstrueuse erreur. « Je t’en prie Micah, tu ne peux pas dire ça. » Déclarais-je en cherchant à accrocher ses prunelles azurées aux miennes. Je pouvais tout entendre, tout comprendre, mais pas ça. « Je peux comprendre que tu m’en veuilles, que tu aies envie de m’arracher les yeux, et que tu aies envie de me gifler jusqu’à ce que mort s’en suive. Je te jure, je comprends. » Commençais-je, la voix légèrement tremblante. Pas d’agacement, non : d’émotion, plutôt. J’aurais dû tout faire pour me détacher d’elle, pour l’oublier. J’aurais dû mettre toutes les chances de mon côté. Mais rien n’y faisait ; elle me hantait, littéralement. Et, comme autrefois, la simple idée qu’elle évoque sa propre mort m’était difficile à concevoir, entendre, et surtout, à accepter. « Je t’ai déçue, ça c’est clair et net. Mais tu ne peux pas dire ça, parce que tu n’es pas toute seule. » Continuais-je, bien décidé à lui faire entendre raison. Voilà que je me mettais à philosopher et à être raisonnable, moi. Le monde à l’envers. « Pense à ton père. A tous tes amis. Tu crois qu’ils aimeraient t’entendre dire ça ? Savoir que tu penses un truc pareil ? » Bah non, évidemment. Au contraire, même. A cette heure-ci, ils doivent plutôt penser que le Sandro Pelizza Da Volpedo est un sacré connard, et qu’il ne mérite pas du tout la peine de la douce et généreuse Micah Withmore-Sinclair. Ce qui n’était pas tout à fait faux, soit dit en passant. « Ne le sois pas. Je suis le seul fautif. » Lâchais-je en baissant les yeux. Allez mon gars, vis avec ta honte maintenant. « Je sais que physiquement je n’étais pas là, et que rien ne pourra effacer ça. Mais je t’assure que tu m’as gardé jusqu’à la fin. Tu n’as jamais quitté mon esprit. Tu as toujours été là. Même lorsque j’étais à des milliers de kilomètres. Il n’y a jamais eu que toi, Micah. » Soufflais-je, désirant rétablir la vérité. Seul le courage m’avait fait défaut ; les sentiments, eux, étaient toujours bien présents. Ni le temps, ni l’éloignement ne semblaient avoir d’effet sur ce que je ressentais pour Micah. Je me suis légèrement mordillé la lèvre inférieure, alors qu’elle me disait que j’avais raison de chérir mon passé. Je déglutissais, à l’instant même où ce que je redoutais le plus se passait. Elle clarifiait la situation, notre situation. Plus de couple, plus de nous. Qu’est-ce que je foutais encore là, sur cette maudite terre ? Je dépérissais un peu plus chaque jour, mais la maladie ne semblait pas décidée à abréger mes souffrances. Quand à Micah, elle se chargea de m’infliger le coup de grâce, quelques secondes plus tard. « Très bien. » Déclarais-je après un court silence. Elle avait fait son choix, et je me devais de le respecter. C’était la moindre des choses. L’honorer de cette façon serait un moyen – un peu faiblard, certes – de corriger mon absence. J’allais m’effacer, disparaître de sa vie, de son horizon. Nous n’aurions plus à nous recroiser. Nous allions nous éviter, prétendre que nous ne nous connaissions pas. Et là résidait tout le drame de ma vie. « Je n’avais jamais imaginé que ça pourrait nous arriver. Pas à nous. » Murmurais-je à voix basse. Et pourtant, si. Si, et c’était entièrement de ma faute. Je venais de briser l’une des seules personnes que j’aimais sincèrement. Je venais de foutre en l’air une des seules choses qui me tenait à cœur : notre relation. Je restais planté là, immobile, incapable de me détourner d’elle. Incapable de faire le premier pas, une fois de plus. Trop peureux, trop inquiet, trop lâche. Alors je l’ai encouragée à agir, pour mettre fin à ce supplice. « Pars. Je ne te retiendrai pas. » Dis-je. Le chagrin me nouait les entrailles, et je me sentais défaillir. J’aurais pu rester là, pendant des heures. Micah devait faire le premier pas. Micah devait s’en aller. « S’il te plait… Ne me torture pas davantage, par pitié. » Brisé et lamentable. Voilà l'état dans lequel j'étais. Et comme pour remuer le couteau dans la plaie, j'ai ajouté, à voix basse : «Je te souhaite sincèrement le meilleur. Tu le mérites. »
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MessageSujet: Re: lights will guide you home ; mikado. lights will guide you home ; mikado.  EmptyMar 27 Nov - 15:36

Ses traits de mémoire, son âme par cœur. Je connaissais ses mimiques, reconnaissais ses hésitations. Ses peines et les miennes valsaient l'une contre l'autre jusqu'à tournoyer à m'en donner la migraine. Je le contemplais avec appréhension, cherchant à reculer d'un pas sur un mur qui ne s'écarterait jamais sur mon passage et s'obstinait à me garder prisonnière de cet intermède douloureux. Mon cœur battait la chamade, décidé à rejoindre son âme sœur avant que nous nous détruisions complètement. Je déglutissais, inspirais, expirais sans jamais m'arrêter. L'air me manquait, j'avais l'impression d'avoir les poumons vides et le cœur au bord des lèvres. Le simple effet de Sandro Pelizza Da Volpedo, surgissant une fois de plus du passé et que j'accablais de honte dès son entrée en scène. Tout était de sa faute. Si la dernière fois nous avions été tous deux fautifs quant à notre rupture, cette fois il était le seul responsable et l'on ne m'empêcherait plus de le lui rappeler en cet instant de retrouvailles. Et seulement cet instant, car passé cette conversation au sommet, je ferais vœux de ne plus jamais me laisser entraîner dans une histoire où il était impliqué. Son nom serait gommé du livre de mon existence jusqu'à ce que la dernière page ne soit tournée. Pour l'heure, ses mots hésitant me tourmentaient au point d'en presque perdre les pédales. J'avais envie de le secouer comme un prunier, le claquer, le griffer, le pousser sur la route et tout un tas d'envies plus ou moins malsaines dans la même veine. Ses hésitations avaient quelque chose de révoltant et le discours qu'il m'offrit me donna envie de lui coller encore une bonne trempe. Évidemment que je le connaissais, cet exemple de lâcheté. Si j'avais un jour eu espoir de compter assez pour qu'il ne révèle un courage jusqu'alors aux abonnés absents, je m'étais lourdement trompée et monsieur, par-dessus le marché, me confirmait mes impressions. Merveilleux. « .Du coup tu m'as larguée sur mon lit de mort, tout ça pour te préserver, parce que c'était trop dur et plus simple. Chez moi, on appel ça de la lâcheté. J'espère que cette lâcheté ne t' handicapera pas à vivre avec toi même pour les années à venir. Je ne sais même pas comment tu fais pour te regarder en face, sérieusement. » Le bilan venait d'être dressé d'un ton badin, presque insolent qui aurait pu être crédible si seulement je n'avais pas cette éternelle bouille gracieuse. L'émotion apposée sur mes mots se mesuraient à vingt sur une échelle allant jusqu'à dix. Je m'épuisais déjà d'être aussi virulente, là où j'étais d'ordinaire un modèle de compréhension et de concession. « .Pas de quoi être content, franchement. » pestais-je, sans y mettre les formes, croisant les bras d'un air renfrogné. Qu'il soit content pour moi, je m'en fichais. Qu'il soit content ailleurs dans ce cas, puisqu'il était si disposé à voguer vers des horizons qui ne croiseraient jamais les miens. Content qu'il disait celui-ci. Ce qu'il ne fallait pas entendre parfois. Soulagé passait encore, mais content. Vraiment, il n'avait pas de quoi se réjouir. Ma cure soudaine avait quelque chose de rocambolesque. Comme un film dont la chute est vouée à apparaître seulement dans les cinq dernières minutes, avant de clore le générique et d'amorcer peut-être une suite logique. La suite où l'héroïne en carton se retrouvait à composer avec sa peine et sa douleur devant son amour revenu la tourmenter. Et puisque le temps des explications étaient venus, je décidais d'opter pour une franchise simple et sans fioritures, bien qu'il ne méritait - à mes yeux - pas la vérité. « .Non, je vais te le dire, comme ça j'aurai l'impression d'être allée au bout des choses, moi. » répondis-je du tac au tac. J'avais pris grand soin de souligner le moi en fin de phrase, pour bien lui faire comprendre que nous n'étions tous deux pas du même moule et que contrairement à lui, j'allais prendre la peine d'achever ce chapitre de notre histoire sans me dérober. Puisqu'après tout, nous avions espéré ce '' remède '', cette cure miracle des années durant. Elle s'était invitée dans ma vie comme une bénédiction, ma petite princesse de sœur et lui n'avait pas été là pour voir en chair et en os la solution miracle à bon nombre de nos problèmes de l'époque. « .Elle s'appelle Tyler. Tu te souviens, celle avec qui ton ami infirmier Noah m'a confondue une fois à l'hôpital. Il arrêtait pas de se confondre en excuse, de m'appeler Tyler. La ressemblance était apparemment tellement frappante à ses yeux qu'un lien familiale entre nous était forcé. Alors il l'a fait venir dans la nuit où tu es parti et il s'avère qu'il avait raison, après quelques analyses, mon père a su que sa seconde fille supposée être décédée dans l'accident de voiture de ma mère est en réalité vivante et qu'elle a été adoptée bébé par une famille britannique. » La petite grande histoire compliquée expliquée dans les grandes lignes, pour ne pas faire perdurer une entrevue dont je mourrais d'envie de me soustraire. Et comme cela me sembla encore trop vague, je lui laissais un temps de réflexion histoire d'avaler le flot d'informations, avant de finalement renchérir. « .Tyler Brightside, Epsilon. Ma copie conforme, exceptée plus petite, plus chétive et les cheveux plus court. Plus naïve, très rêveuse, mais pas moins brillante. Elle aussi à des problèmes de santé, mais complètement à l'opposé des miens. Elle étudie à Berkeley. Née le même jour que moi, la même année, le même lieu, les même parents biologiques. Bref, je ne vais pas te faire sa biographie, ni même te faire un dessin. Toi mieux que quiconque connaît le principe des jumeaux. » Conclusion simple. Mes prunelles plantées dans les siennes cherchant sa réaction, je restais un instant en silence. La surprise était de taille, puisque finalement je n'étais pas la seule et unique Withmore-Sinclair. Contre toute attente j'avais même une jumelle, comme lui possédait sa propre copie. A la différence qu'il vivait avec l'idée depuis l'aube de son existence là où je découvrais à peine ma seconde moitié. Tyler et moi étions physiquement les même, à peu de choses prêt, mais pourtant si éloignée moralement que parfois j'avais du mal à la cerner. J'étais terre à terre, elle était rêveuse. Là se constituait, selon moi, le point culminent de nos différences. « .Pour le reste, tu n'as qu'à soudoyer le corps médicale pour mettre la main sur nos dossiers médicaux. Ce serait pas la première fois. » persiflais-je, le regard noir. Quoi que je n'étais pas sûre que le coup de '' C'est ma femme, nous sommes fiancés '' marcherait une seconde fois. Surtout que depuis j'étais une célébrité à l'hôpital. La fille qui a survécu, une véritable version féminine de Harry Potter. S'en devenais ridicule, néanmoins je passais plus de temps encore à l'hôpital depuis ma sortie qu'avant lorsque j'étais encore bien malade. Alors si jamais tentative de corruption il y avait, les infirmières le verrait arriver à des kilomètres à la ronde. Enfin, simple supposition, je devinais qu'il n'allait pas faire la même erreur une seconde fois. Quoi qu'avec lui, nous n'étions pas à l'abri des surprises et des mauvaises par-dessus le marché. Pour preuve, voilà qu'il me recrachait dessus que j'étais dégueulasse. Le cocktail de mes émotions exacerbés, je manquais d'envoyer valser ma main une fois de plus sur sa trogne. Toutefois plus décidé à le toucher, je décidais de nous imposer un moment de silence pesant. Je le fixais avec mépris, jusqu'à ce que je ne décide de lui répondre d'une façon pire que le silence, pire que le geste. « .Je te déteste. » dis-je, d'un ton ferme, les dents serrées. Mes prunelles le défiaient presque de renchérir que j'étais dégueulasse une nouvelle fois, toutefois j'espérais pour lui qu'il ne soit pas assez fou pour se risquer à ce genre d'attentat, sinon je l'écrasais. Nos différences flagrantes misent sur le tapis, je décidais de m'armer de silence le temps de ses confessions. Le regard détaillant le sol sans but, les lèvres pincées. J'avais conscience que je m'éloignais d'un milliard de kilomètres de qui j'étais et voulais être de base. Mais il me donnait toutes les raisons de m'enflammer, ses mots, ses gestes. Le tout était une invitation à l'énervement. Toutefois, je décidais de souffler un bon coup. Pas besoin de s'énerver, cela ne changerait pas l'issue de cet entrevue. « .C'est peut-être mieux comme ça finalement, on arrêtera de se blesser pour rien. Tu as raison, nous sommes trop différents. » répondis-je simplement, le regard fuyant, aussi les épaules. Qu'il soit désolé ne changeait rien au fait qu'il m'avait délaissée à son propre profit. « .Ça ne suffira jamais. Je ne te pardonnerai jamais. » renchérissais-je, le regard toujours aussi fuyant, les lèvres pincées quant à la perspective que nous n'étions désormais plus rien l'un pour l'autre. Révoltée une fois de plus par ses propos, je prenais tout ses mots et les retournaient contre lui. Car désormais toutes les fautes, toutes les erreurs du monde portait son nom. S'il choisissait la facilité de la fuite, je décidais inconsciemment de lui faire porter le chapeau pour tout les malheurs du monde. « .Garde tes leçons de morales, j'ai beau penser beaucoup de choses noirs, il n'empêche que je suis encore parmi les miens. Alors que toi ? Tu as pensé aux personnes que tu as laissé derrière toi ? Ta sœur, ta nièce, tes amis. Est-ce que tu as pensé à eux lorsque tu as plié bagage et pris la poudre d'escampette ? Non bien sûr. Sandro, il ne pense qu'à lui, toujours. » dis-je simplement, appuyant plus que de raison sur la dernière supplique. L'égoïste. Finalement, il était bien un Pelizza Da Volpedo, digne de sa portée, fière représentant de sa famille. A mon plus grand dam. Moi qui des années durant pensais que tout ce qui le touchait ne pouvait être que bon, finalement je me rendais compte progressivement que je l'avais mis sur un piédestal. « .Je ne te crois pas. » répondis-je sèchement, alors qu'il confessait m'avoir accordé ses pensées jusqu'à la fin. Il mentait, il avait mieux à faire loin dans le périple qu'il avait entrepris. Il n'y avait que moi, bien, il aurait du rentrer alors. Ou au moins décrocher le téléphone lorsque nous l'avions tous appelés. « .Le pire c'est que tu serais rentré plus tôt, j'aurai compris et tout serait rentré dans l'ordre. Maintenant c'est trop tard. » soufflais-je, désemparée. Évidemment, j'aurai tout pardonné s'il était revenu plus tôt, s'il nous avait même répondu au téléphone à sa famille, à moi, nos amis pour le peu qu'ils étaient. Chacun s'était mis en tête de le débusquer, mais rien. Monsieur s'était effacé du monde et donc, de ma vie. Mes envies de fin annoncer, mes prunelles au bord de l’inondation, mon cœur manqua un battement. Moi non plus je n'aurai pas vu cette fin pour nous. Mais il faut croire que je ne t'aime pas assez pour te pardonner la pire des erreurs. J'étais trop lucide pour ça, mais aussi trop blessée. « .C'est toi qui a choisi Sandro, c'est ton choix, pas le mien. Cette fin, c'est toi qui l'a écrite. » dis-je simplement, attristée de mon constat. Et pour preuve, je cherchais déjà à ta-ton un morceau de papier froissé dans mes poches. Mon sésame en main, je dépliais soigneusement le parchemin et laissais à Sandro tout le loisir de reconnaître ses écrits. Sa lettre, ses mots. Je l'avais sur moi car je n'arrivais jamais à m'en séparer. Ma relique, ma douleur, froissée dans mes poches, que je transportais avec moi, dont je ne voulais plus me séparer depuis des mois jusqu'à aujourd'hui. Je lui rendais derniers mots, espérant naïvement que cela suffirait à me débarrasser de tout mes maux, d'un simple geste en attrapant sa main d'un geste ample et y déposait la lettre avec légèreté. C'est toi qui l'a écrite, elle t'appartient, je te la rends. Si je méritais le meilleur ? Qu'importait, je voulais seulement être heureuse, joyeuse, pour changer un peu de l'éternelle pénombre dans laquelle je baignais depuis noël. Je détestais noël. Je n'avais pas la prétention de vouloir le meilleur, seulement de vouloir quelque chose de bien, du réconfort. Las d'être sans cesse victime de la vie, j'avais envie de voir autre chose. Du bonheur, qui définitivement ne rimait pas avec amour. « .Merci, je te le souhaite aussi, malgré tout. » concédais-je, un poil de mauvaise foi, sans pour autant mentir. Je lui souhaitais le meilleur, même si cela me tuait d'avouer que le meilleur ne m'impliquait plus. Je décidais d'esquisser un pas vers ma droite, puis un second, répondant à son envie de me voir partir. L'idée de le torturer de mon unique présence m'incita à m'éloigner, car je n'avais jamais eut en tête de le tourmenter et ne l'aurait probablement jamais, en dépit de toutes les peines qu'il suscitait à mon égard. Et puis, arrivée à cinq pas éloigné, je me stoppais et lui adressais un dernier mot. « .J'espère que tu trouveras quelqu'un qui te comprendras et pour qui tu te décideras à te battre, vraiment. » ponctuais-je d'une voix morose, accablée. Mes saphirs scrutèrent les siennes dans un moment d'égarement, avant que finalement mes commissures en s'étirent en un vague rictus compatissant. J'eus envie de lui caresser la joue d'un ultime geste réconfortant, toutefois ma rancœur m'empêcha d'esquisser le geste. Tournant les talons, je m'éloignais alors d'un pas pressé de mon passé, déterminée à le laisser divaguer ou bon lui semblait, du moment qu'il ne revenait plus me torturer comme il le faisait si bien. Et pour la première fois en bien des années, je commençais à doucement accepter le fait que nous n'étions pas fait l'un pour l'autre, qu'il n'était pas mon âme sœur, mon trésor. Et rien que cette constatation changeait ma perception du monde, en bien ou en mal, seul le futur pourrait le dire. Toutefois, il serait toujours le premier. Cette place était unique, premier en tout et personne ne pourrait la lui reprendre. Mon cœur lui appartenait, quoi qu'il advienne de nous, lui d'un côté et moi de l'autre. Même si j'espérais que le temps comblerait l'absence. Naïve.
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