Améthyste & Nolann

Home, sweet home

Beaucoup de choses étaient arrivées dans la vie de Nolann, certaines plus folles que d'autres. Mais ce qui s'était passé quelques semaines plus tôt l'avait laissé complètement abasourdi. Son colocataire ayant quitté Berkeley dès la fin des cours, Nolann s'était mis à la recherche d'un remplaçant. Pour ce faire, il avait posté des annonces un peu partout, Internet y compris. Quelques jours plus tard, il avait reçu un appel d'un certain Mr. Froze. Il lui avait parlé avec un fort accent anglais, lui expliquant qu'il cherchait un logement pour sa fille qui allait commencer l'université à la rentrée de septembre. Surpris de recevoir un coup de téléphone pareil, notre homme avait accepté de rencontrer le père de sa future colocataire, se demandant pourquoi tant de secrets. Ce nom de famille, Froze, lui disait vaguement quelque chose mais sans plus. Trois jours plus tard, les deux hommes se retrouvèrent dans un café. Mr. Froze lui expliqua qu'il recherchait un colocataire sérieux, qui aurait une bonne influence sur sa fille qui avait grandement besoin d'être remise dans le droit chemin. Nolann parla donc de lui, dans quoi il étudiait et ce à quoi il aspirait. Il dut faire bonne impression à cet Anglais richissime car il lui annonça d'emblée que sa fille arriverait d'ici quelques semaines et qu'il serait averti de son arrivée en temps et en heure. Le soir venu, le jeune doctorant fit des recherches sur la famille Froze et il trouva tous les articles publiés par la presse à scandale. Sa colocataire allait donc être Améthyste May Froze, jeune héritière anglaise qui avait fait pas mal de bêtises dans son pays. Il se demanda un instant comment il allait gérer une situation pareille: après tout, il n'était pas le baby-sitter de cette fille. Puis il se dit qu'il n'avait qu'à être lui-même, passer du temps avec elle et éviter les fêtes. Quoi que… Ce n'est pas en la privant de sortir qu'elle allait devenir plus sage. C'est justement en apprenant à se contrôler que la situation s'améliorerait. Quoi qu'il en soit, Nolann décida de rester lui-même, comportement qu'il avait adopté face à Mr. Froze. Il ne restait plus qu'à attendre l'arrivée de sa fille.

Le grand jour était enfin arrivé: Améthyste devait débarquer d'ici quelques minutes. L'appartement était parfaitement rangé et Nolann se sentait plus ou moins stressé. Il se demandait si la demoiselle n'allait pas se montrer hautaine, odieuse, rebelle et j'en passe. Aura-t-il affaire à une parfaite adolescente en pleine crise ou à une jeune fille plus ou moins normale? Il était en train de ressasser ses pensées tout en remettant un vase en place quand la sonnerie retentit dans le couloir. Nolann se précipita vers la porte et essuya ses mains sur son pantalon plus par réflexe qu'autre chose. Il ouvrit la porte et se retrouva face à une jeune femme blonde relativement belle. Quelques secondes s'écoulèrent durant lesquelles notre homme fixa la demoiselle avec une certaine admiration avant de se décaler sur le côté.

▬ Entre, je t'en prie.

Il referma la porte derrière elle et il lui adressa un sourire tout à fait charmant.

▬ Je m'appelle Nolann. J'espère que tu vas te plaire ici.

Quelles platitudes! Il se retint de grimacer: il pouvait quand même mieux faire que ça! Pour briser le silence et détendre l'atmosphère, il s'approcha d'elle pour lui faire la bise.

▬ Tu veux que je te fasse visiter et que je te montre la chambre que tu occuperas?

Améthyste vivait depuis trois jours à l’hôtel, son père lui avait trouvé un appartement avec un jeune homme dont elle ne connaissait que le prénom "Nolann". La jeune fille ne s'inquiétait pas pour le logement, pour ça elle avait totalement confiance en son géniteur et son gout du luxe et de la belle décoration, mais ce qu'elle appréhendait c'était le caractère de son colocataire. Son père l'avait surement choisi studieux, ennuyeux, coincé et moche par dessus le marché. Par conséquent la cohabitation serait surement difficile avec elle qui est si fêtarde, bruyante, et vivante tout simplement. L'anglaise avait rendez-vous cet après midi à son appartement, elle se préparait donc sans grande impatience, enfila une courte robe noire, des chaussures à hauts talons ainsi qu'un long collier, des boucles d'oreilles et des bracelets en argent. Elle était sortie alors, son grand sac sous le bras espérant que le reste de ses affaires étaient arrivées à destination. Mais ce qui occupait beaucoup plus l’esprit de May c'était ce Nolann, elle se demandait comment il allait se comporter avec elle. Si il allait la prendre de haut comme la plupart des intellos, la brosser dans le sens du poil avec hypocrisie ou se montrer tout simplement sympathique et sincère.


En chemin la jeune fille avait rencontré peu de personnes, perdue dans ses pensées, une cigarette au bec elle marchait d'un pas décidé vers le quartier où elle allait bientôt habiter. Améthyste n'avait jamais vécu sans son père, elle ne faisait jamais le ménage parce que les domestiques étaient là pour ça, mais la jeune femme aimait beaucoup faire la cuisine, c'était l'unique corvée (pour elle ce n'en était pas une) qu'elle accomplissait chez elle et uniquement pour le plaisir parce que personne ne lui demandait quoi que ce soit. C'est pourquoi tout allait être différent ici en Californie, Mr. Froze avait proposé une domestique à sa fille mais elle l'avait refusé, voulant vivre le plus indépendamment possible, si financièrement il continuait à contribuer à son confort elle ne voulait quand même pas se retrouver exactement comme à Londres alors qu'elle était contente de s’éloigner ainsi. May espérait que Nolann se montrerait compréhensif et patient envers elle, les adultes lui disaient toujours qu'elle était pénible, irresponsable et incorrigible, si le garçon portait déjà ce même jugement sur elle, c'était mal barré. Mais une chose était sure, l'anglaise n'allait pas le laisser prendre le rôle du père, elle voyait d'ici ce qu'avait du dire Mr. Froze au futur colocataire de sa fille "c'est une enfant difficile, il faudra la recadrer en permanence et la calmer, parce que sinon les problèmes vont pleuvoir vous verrez,et sachez que je compte sur vous." Elle savait à quel point son père pouvait ce montrer intimidant, et comment il savait faire obéir les gens sans vraiment leur formuler d'ordre clair, c'est pourquoi l'inquiétude de l’héritière était si forte. La jeune fille ne supportait aucune autorité, alors si ce Nolann s'essayait là dessus, ça allait se passer mal.


Améthyste venait de sonner à la porte, son coeur battait au rythme des pas qu'elle entendait approcher, bien vite la porte s'ouvrit et un silence s'installa, les yeux verts émeraude de la jeune femme se plongèrent dans les pupilles sombres de son vis-à-vis qui venait d'ailleurs de s’écarter pour la laisser entrer se montrant tout à fait poli. - "Merci" - Dit-elle doucement, un large sourire aux lèvres, elle était agréablement surprise, l'homme n'avait l'air ni d'un intello ni d'un papi coincé. - " Moi c'est Améthyste, enchantée. " - La discussion si on pouvait appeler ça comme ça, était très formelle et témoignait de la gêne du jeune homme qui tenta de se rattraper en proposant une visite de l'appartement, c'était sans compter sur le franc parlé de l'anglaise qui dit tout de suite ce qu'elle pensait ; - "Oui avec plaisir. Je dois te dire que je suis assez surprise, je pensais que mon père allait me trouver un homme de plus de 30 ans, avec de grosses lunettes loupes, un accent pourri et un vocabulaire datant de 15 avant Jesus-Christ. C'est étrange qu'il t'ai choisi, normalement il aurait eu peur de me mettre avec un jeune qui à l'air .. Normal ! " - Elle ria doucement avant de prendre Nolann par le bras, oui May est très tactile et il devait s'y habituer, alors autant annoncer les couleurs dés le début. - " C'est vraiment beau chez toi, enfin chez nous. C'est super bien décoré, si c'est de toi je te félicite ! " - Elle regardait partout autour d'elle, l'adolescente était habituée au luxe et aux belles décorations mais elle n'en était pas moins admirative. Quant à son comportement, soit ça passait soit ça cassait, c'était une personne entière et authentique qui ne pouvait jouer aucun rôle et qui ne savait être qu'elle même. Avec un tempérament comme ça c'était tout ou rien, ou on aime ou on déteste, le juste milieux était difficile à trouver.


Les pièces s’enchaînaient, aussi vastes et belles les unes que les autres, la chambre de May n'était pas en reste. Ses valises étaient déjà posées au coin de la chambre et la fenêtre du balcon était grande ouverte, surement pour aérer. - "C'est super, elle est très bien, tout est très bien ! " - Une fois la visite finie, le duo se dirigea de nouveau vers la pièce à vivre, Améthyste s'assit alors sur le canapé en lâchant enfin le bras de son guide pour ne pas le faire asseoir trop violemment. Elle le regarda un charmant sourire aux lèvres avant de prendre de nouveau la parole ; - " Mr. Froze ... Enfin, mon père a surement du te poser beaucoup de questions, moi je n'en ferais pas autant, mais quitte à vivre ensemble autant se connaitre un minimum. Parles-moi un peu de toi ! " - Son but n'était pas de le mettre mal à l'aise bien au contraire, elle voulait vraiment discuter avec lui.

Améthyste & Nolann

Home, sweet home

Peut-être que Nolann ne faisait nullement partie d'un monde aisé, riche et pailleté mais il avait une petite idée de ce que Mr. Froze avait dû traverser avec une adolescente rebelle au fort caractère. L'homme lui avait longuement parlé de sa fille et, malheureusement, il l'avait mis en garde vis-à-vis de ses écarts de conduite. Plus Nolann l'avait écouté et plus il s'était reconnu en Améthyste. A l'âge de seize ans, il avait perdu son frère jumeau, Ilan, conséquence de toutes les bêtises qu'il avait faites après ce décès. A ses seize ans, il n'avait lésiné sur aucune substance illicites, se fichant pas mal de se faire attraper par les forces de l'ordre, tomber dans un coma éthylique ou tout simplement mourir d'une overdose. Ce comportement malsain avait duré quelques années avant que son géniteur trop peu présent vienne lui faire la morale. Il lui avait fait clairement comprendre qu'il avait l'intention de l'envoyer à Berkeley, à l'autre bout du pays, et qu'il n'accepterait pas que Nolann salisse ainsi leur nom de famille. Bien entendu, l'adolescent rebelle avait fait la sourde oreille jusqu'au jour où il s'était rendu compte qu'Ilian n'aurait certainement pas approuvé son comportement. Petit à petit, le jeune homme s'était repris et il entra à Berkeley avec des notes acceptables. Peut-être que Mr. Woobleforth lui avait donné un petit coup de pouce mais peu importe: toutes ses années d'études, il les avait passées sans l'aide de personne mais en étudiant.

N'allez certainement pas croire que Nolann était devenu un étudiant modèle et bien sage. Il ne se gênait absolument pas pour sortir en boîte de nuit, draguer et emmener une fille différente chez lui pour passer du bon temps. Cependant, il s'investissait dans ses études quand il le fallait et il savait qu'à la rentrée prochaine, il allait devoir encore plus s'investir s'il était accepté en tant qu'assistant de son ancien professeur de bioéthique. Mais jamais il ne se passera de prendre du bon temps les week-ends. Alors il allait rester Nolann Woobleforth, l'homme sympathique, un peu fou sur les bords, qui aime sortir, faire la fête et de nouvelles rencontres. Il n'allait pas non plus baby-sitter sa nouvelle colocataire mais s'il voyait qu'elle exagérait vraiment- et son seuil de tolérance était très élevé- il lui parlerait sans toutefois jouer au père.

▬ Enchanté Améthyste. J'aime bien ton prénom, il me fait penser à la pierre précieuse…

Son prénom ne lui était pas étranger mais il avait attendu le bon moment pour en faire l'éloge. Rares, voire inexistantes, étaient les personnes prénommées ainsi et Nolann avait été plus que charmé en apprenant le prénom de sa colocataire. Une fois dans l'appartement, il referma la porte derrière elle, prêt à lui faire visiter les lieux. Même s'il n'était pas habitué à être gêné, c'était bien la première fois qu'une telle situation lui arrivait. Il avait l'impression qu'il allait vivre avec une célébrité et qu'il allait devoir supporter ses humeurs. Toutefois, ce n'est absolument pas la première impression qu'il eut de May. Son franc parler et la chaleur de sa voix le surprirent au plus haut point et il en perdit sa langue quand elle le prit par le bras. S'il s'attendait à ça… L'image de la pimbêche pourrie-gâtée s'évapora de son esprit. Si c'était parti ainsi, tout allait bien se passer!

▬ Je dois dire que j'ai été très surpris que ton père me contacte. Je m'attendais absolument pas à ce que ma nouvelle colocataire soit une fille, non pas que ça me gêne mais j'ai vécu quatre ans avec le même gars donc ça me fait un peu bizarre. Et puis… Je m'attendais pas à ce que Mr. Froze me contacte, moi, un étudiant tout à fait ordinaire. Enfin je veux dire… On a tous des clichés prédéfinis dans notre esprit et les miens ont quelque peu volé en éclat. Mais je crois que là, je parle un peu trop… Il ne faudra pas hésiter à me dire de me taire quand tu en auras marre d'entendre ma voix. Et oui, c'est moi qui ai décoré l'appartement avec mon ancien colocataire, je te remercie.

Plus à l'aise, Nolann emmena Améthyste pour une visite guidée de son nouveau "chez soi". Il garda le meilleur pour la fin: la chambre de la demoiselle. Ses bagages avaient été apportés un peu plus tôt dans la journée et, avec l'aide de deux types bien baraqués, il avait porté les valises à sa chambre. La pièce était dépourvue de décoration pour qu'elle puisse la choisir elle-même. Une petite brise estivale vint leur caresser le visage avant qu'ils ne reviennent dans le salon. Le jeune homme prit place à côté de sa nouvelle colocataire avant de laisser échapper un petit rire.

▬ Effectivement, il voulait s'assurer que j'étais assez bien pour que tu vives ici. Enfin, c'est ce que je suppose et il a eu raison.

Parler de lui… Il ignorait par où commencer et surtout, il espérait qu'il n'allait pas l'assommer avec de longs discours.

▬ Je viens de New York, et plus précisément de Manhattan. J'ai vécu là-bas jusqu'à ce que je vienne étudier en Californie. J'étais en droit, en bioéthique et droits internationaux de l'Homme. J'ai fini cette année et je vais commencer mes quatre ans de doctorat en bioéthique à la rentrée.

Ce domaine d'études le touchait personnellement, lui qui a souvent été victime de quelques abus au niveau de l'éthique. Son frère jumeau, atteint d'une leucémie, n'avait eu d'autre donneur compatible que Nolann alors il n'avait pas été rare que sa mère encourage les médecins à prélever toutes sortes de cellules sur son corps. Mais trop, c'est trop, et Ilian avait demandé à son frère de cesser de faire ces dons, surtout qu'ils semblaient être voués à l'échec à chaque fois. Au début, l'adolescent de quinze ans avait refusé, ne comprenant pas qu'il disposait librement de son corps et que s'il en avait marre de passer sur une table d'opération ou dans un cabinet médical, il avait le droit de s'insurger. Puis il se rendit à la raison: son frère voulait partir et en avait marre d'être maintenu en vie. Alors il s'est laissé mourir et Nolann n'a pas fait son dernier don. A présent, il n'aspirait plus qu'à protéger des personnes dans la même situation qu'il a été, voire pire.

▬ Sinon, sache que je suis quelqu'un qui aime beaucoup sortir et faire la fête. Je ne suis peut-être pas un bon exemple de droiture mais si je ne sors pas décompresser, je deviens insupportable. Il faut aussi que tu saches que j'aime cuisiner mais que si je n'ai pas besoin de le faire, je ne vais pas en pleurer.

Il lui adressa un sourire amusé.

▬ Oh! Mais ne va pas penser qu'il s'agit d'un stratagème pour te forcer à être aux fourneaux! Je ne voudrais pas que tu te méprennes sur mes paroles. Mais bon, commander une pizzas ou chinois, c'est pas mal. Ca me fait penser... Tu voudrais quelque chose à boire?

Nolann avait l'air détendu et sa langue se déliait pour le plus grand plaisir d'Améthyste qui le trouvait déjà très sympathique et appréhendait beaucoup moins la cohabitation. Il disait avoir été surpris par l'appel de Mr.Froze et que les évènements qui avaient suivi bousculèrent ses préjugés, tant mieux ! Une fois la visite finie la jeune femme lui avait demandé de parler un peu de lui, et ce qu'il dit impressionna May, doctorat en bioéthique, rien que ça ! Le choix de son père commençait à s'expliquer petit à petit, Nolann était un bon élève, qui semblait intéressé par ce qu'il étudiait et qui était assez responsable pour donner un temps à la fête et un autre aux études. Ce qui n'était pas vraiment le cas de la jeune femme. Il se mit ensuite à parler de la cuisine, il disait qu'il aimait bien cuisiner mais que si il avait pas à le faire il n'en pleurerait pas et puis que commander chinois n'était pas si mal.

- " A partir d'aujourd'hui tu ne mangeras pas souvent ce genre de nourriture. J'adore faire la cuisine, depuis ma plus tendre enfance je séchais les cours pour rester avec les chefs cuisiniers de mon père qui appréciaient beaucoup que je les aide et leurs pose dix millions de questions. Depuis deux ans, plusieurs fois par semaine je cuisinais à leur place sans le dire à mon père, il n'y voyait que du feu. Mais pour le reste tu devras m'apprendre, ça fait con ce que je vais dire mais j'ai jamais touché à un aspirateur ou une serpillière de toute ma vie, mais je suis bien disposée à apprendre. " -

En effet ça fait con, ou on va dire plutôt que ça nourrit l'image de la fille unique pourrie gâtée qui ne sait rien faire d'autre que dépenser la fortune de son père. - " Ah oui je voudrais bien de l'eau s'il-te-plait. " - Pas d'alcool tout de suite, elle savait qu'elle sortirait surement faire la fête ce soir, alors se saouler tout de suite n'était pas une bonne idée. - " Tu as surement du aller jeter un coup d'oeil sur les articles parus sur moi. Alors je tiens à te dire que je ne suis pas vraiment comme on me peint, tu connais la presse toujours assoiffée de scandales. Je ne fais rien de plus que les gens de mon age qui profitent de la vie, ma seule erreur est de m'appeler Froze et d'avoir un père qui se met à dos tout ce qui respire. J'aime faire la fête, j'aime boire, fumer et plus que tout j'aime les hommes, mais peut-on me le reprocher ? " - Elle rit doucement en finissant sa phrase. May prit son verre posé sur la table et y trempa délicatement ses lèvres avant de le reposer et de prendre à nouveau la parole. - " Ah en fait, tu as quelqu'un ? Pour que je sache un peu si il y aura souvent la même femme ici, ça ne me dérange pas hein, c'est juste pour savoir. " - C'était une question indiscrète à la quelle il n'était pas obligé de répondre et qui pourrait peut-être le froisser même si ce n'était vraiment pas l'intention de l'anglaise.

- " Moi à la rentrée je serais en première année de psychologie, mais j'aime beaucoup écrire à la base je voulais être écrivain ou à défaut journaliste. Mais ce n'était pas assez bien pour mon père qui voulait que sa fille devienne médecin, finalement il a accepté la psychologie. Mais je continue à écrire et j'essaye de trouver un éditeur, mais sans utiliser mon vrai nom. " -

Réussir par ses propres moyens, là était le but de la jeune femme, se défaire de cette image de fille à papa bonne à rien. Elle était douée en quelque chose et tenait à le prouver, seule. Si May en parlait maintenant à Nolann c'était uniquement pour qu'il l'a connaisse mieux, ils étaient entrain de faire connaissance après tout. La jeune femme pouvait parler de tout sans tabous, à part une et unique chose ; sa mère. Sa disparition et les circonstances de celles-ci avaient marqué à vie l'étudiante, perdre sa mère en directe à la télévision suite au discours de la jeune maîtresse de son père le jour de son propre anniversaire n'était vraiment pas facile à oublier. De plus Ariel était tout pour Améthyste, si Mr. Froze n'était à ses yeux que son géniteur, Ariel elle était tout pour l'adolescente.

- " Sinon toi, tu fais quoi de ton temps libre à part faire la fête ? " - Dit-elle tout sourire pour penser à autre chose.

Améthyste & Nolann

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Voilà qui réglait un des "problèmes" de notre homme. Il n'avait rien contre le fait de cuisiner mais il était loin d'être un cordon bleu. Il ne ratait pas souvent ses repas mais il ne se préparait pas des mets très élaborés. Le fait que sa nouvelle colocataire adore cuisiner le soulagea grandement. Il s'imaginait déjà envahi de cartons de pizza et de boîtes venant de quelque traiteur chinois. Nolann devait bien avouer être surpris du fait que l'héritière préférait s'enfermer en cuisine avec les employés de son père plutôt que de suivre ses cours. Quoi que… En y réfléchissant, manquer les cours ne l'aurait absolument pas dérangé, surtout au lycée. Il imaginait déjà Améthyste aux fourneaux et le repas qui l'attendait après une dure journée de labeur. Sauf que la demoiselle aura très certainement des cours à suivre. Même s'il avait voulu se défiler, Nolann n' aurait pas échappé aux fourneaux aussi facilement.

▬ Je t'apprendrai l'art du ménage si tu es disposée à m'initier à la cuisine.

Pour être honnête, il n'était pas très étonné qu'elle n'ait jamais fait le ménage de toute sa vie. Après tout, lui-même a attendu d'être à l'université et d'avoir un "chez soi" pour qu'il découvre comment passer l'aspirateur. Comme quoi les choses essentielles et banales de la vie s'enseignaient à tout âge. Bientôt, le jeune homme se leva et alla leur chercher deux verres d'eau bien fraîche. Il revint dans le salon et donna le sien à May.

▬ En fait, je n'avais rien lu sur toi jusqu'à ce que je rencontre ton père. Ensuite, je me suis permis de me renseigner et, effectivement, tu as un beau palmarès.

Aucune trace de méchanceté ou de dégoût ne transparaissait dans sa voix: il constatait juste les faits.

▬ Je ne suis pas celui qui te jugera car tout comme toi, j'aime sortir et m'amuser et j'en ai fait des bêtises dans ma vie!

Un sourire sensiblement amusé apparut sur ses lèvres: lui, avoir une copine? Ce n'était pas prêt d'arriver! Ou plutôt, l'amour semblait le délaisser. Nolann se contentait de passer du bon temps avec la gente féminine et il n'était pas certain de souhaiter que cette situation change. Enfin… Il pensait ça mais si l'amour décidait de l'emprisonner, il n'allait pas le repousser pour autant. Sauf qu'en ce moment, il l'attendait toujours.

▬ Ne t'en fais pas, je suis célibataire. Enfin… J'ignore si c'est rassurant pour toi ou plutôt gênant…

Toutefois, il allait un peu se calmer au niveau conquêtes: il ne voulait pas qu'Améthyste voie tout un cortège de femmes défiler dans son appartement au fil des week-ends. Dit comme ça, Nolann avait l'air d'un véritable pervers mais ce n'était nullement le cas. Il arrivait qu'il n'ait aucune envie de flirter ou de s'amuser et à ce moment là, il rentrait tout seul chez lui.

▬ Et pourquoi tu as choisi la psychologie au lieu d'autre chose? Cette matière t'intéresse aussi? Si jamais tu as besoin d'un avis extérieur pour tes écrits, tu peux me le demander.

Même s'il n'en avait pas l'air comme ça, Nolann adorait lire. Malheureusement, il manquait de temps pour une lecture régulière et il attendait toujours les vacances pour en profiter. Quand il se plongeait dans un ouvrage, il était très difficile qu'il en ressorte sans avoir lu au moins une centaine de pages.

▬ Il m'arrive de passer des soirées à étudier mais je te rassure, c'est assez rare que je me plonge intensément dans des révisions ou autres. Sinon, j'aime bien aller au cinéma, histoire d'être à la page niveau films.

Il garda le silence quelques secondes supplémentaires avant de reprendre, sur un ton un peu plus lourd et moins assuré:

▬ Il m'arrive aussi de dessiner… Comme tu es ma nouvelle colocataire, je il faudra bien que tu sois au courant. Mais on va dire que c'est une sorte de secret… Très peu de monde est au courant de ce hobby…

A vrai dire, seule trois personnes connaissaient le "don" de Nolann: son ancien colocataire, Esmeralda sa meilleure amie et maintenant Améthyste.

▬ Et toi, qu'est-ce que tu aimes dans la vie à part cuisiner, écrire et faire la fête?

- " On sera un parfait "vieux" couple, étudier la psychologie laisse beaucoup de temps libre donc j'aurais le temps de faire la cuisine. En revenant tu trouveras toujours de bons petits plats qui t'attendent sur la table, ou au pire si je suis pas là tu les trouveras au frigo. Et avant de dormir si t'es seul je te ferais un bon massage. C'est cool de vivre avec moi hein ? " - Dit May d'un ton amusé. Nolann avait plus ou moins parlé de ce qu'il avait lu sur internet au sujet de la jeune femme soulignant bien qu'il ne la jugeait pas et qu'il était lui aussi fêtard ajoutant qu'il était célibataire. - " Ce n'est ni rassurant ni gênant pour moi dans le sens ou l'appartement est assez grand pour qu'on ne soit pas en permanence l'un sur l'autre, du coup tes conquêtes ne me gênent pas le moins du monde du moment qu'elles ne me font pas trop mal aux tympans, si tu vois ce que je veux dire. " - Elle lui lance un regard complice et un sourire en coin avant d'approcher de nouveau le verre de sa bouche. L'unique règle pour une colocation parfaite est NE PAS COUCHER ENSEMBLE, aucune excuse ne sera valable, ni alcool ni drogue ni manque. Améthyste essayait de se mettre cette phrase dans la tète car elle savait que si leur relation devenait ambiguë un malaise s'installerait et la vie commune ici deviendrait compliquée. Les coups d'un soir (ou plus) c'est bien, mais quand on vie avec c'est pas simple.


- " Et bien j'ai choisi la psychologie parce que ça laisse beaucoup de temps libre, et puis il faut avouer que j'aime bien observer les gens, étudier leurs comportements leurs réactions. La façon différentes avec laquelle chaque un fait face aux problèmes et au chagrin. [..] Oui si t'aimes lire j'ai trois romans finis donc si jamais ça te dit je te les passerais. " -


Nolann se mit ensuite à parler de cinéma, disant qu'il allait souvent voir les nouveaux films qui sortaient puis il avoua aussi qu'il dessinait mais que c'était un secret. -" Ah j'aime beaucoup les films aussi, on pourra y aller ensemble un jour. Pour ce qui est du dessin je trouve ça super, ma mère dessinait magnifiquement bien. "- Elle déglutit avant de reprendre - " Sinon je suis mannequin à mes heures perdues, ça me permet de gagner mon propre argent et puis j'aime bien jouer avec l'objectif de l'appareil photo. Mais je ne défile pas beaucoup, je ne suis pas assez squelettique pour ça. " - Leur obsession de la maigreur lui était insupportable, une amie d'enfance avait souffert d'anorexie et depuis May s'était promit de ne jamais tomber dedans, elle était mince certes mais on voyait bien qu'elle n'était pas malade et qu'elle avait quand même un peu de chair sur les os.


- " En fait, tu as quelque chose à me dire ? Quelque chose que tu ne supportes pas dans ton appartement ou un truc comme ça ? Il vaut mieux que je le sache si jamais quelque chose te dérange. " -


Comme le va-et-vient des hommes par exemple, l'odeur de la fumée ect.. Vivre en communauté n'est pas si facile que ça, surtout pour une jeune femme qui ne s'est jamais soucié du rangement, de la propreté ou du fait de déranger ou pas par le bruit qu'elle faisait. Elle accueillait des hommes chez elle la nuit malgré l'interdiction de son père et faisait la fête jusqu'à pas d'heure après avoir enfermé Mr. Froze à clefs dans les toilettes. C'est pour vous montrer à quel point elle était soucieuse du bien être de celui ci, mais avec Nolann elle allait faire plus d'efforts, du moins essayer. May repose son verre sur la table et passe sa langue sur ses lèvres humides avant de reporter son attention sur son colocataire.

Améthyste & Nolann

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▬ Et bien dis donc, j'en ai de la chance! Mais il faudra que tu fasses attention car je pourrais bien prendre la mauvaise habitude de toujours compter sur toi pour avoir à manger sur la table. C'est vrai que dit comme ça, ça fait vieux couple.

Si les paroles de May étaient sérieuses, Nolann allait faire venir de moins en moins de conquêtes chez eux. Rien ne valait un bon petit plat et un massage pour se détendre. N'importe qui aurait été gêné par de telles paroles alors qu'ils venaient tout juste de se rencontrer mais pas notre homme. Il préférait le franc parler de sa nouvelle colocataire plutôt que de la gêne et une tension palpable.

▬ Je vois très bien où tu veux en venir et tu n'as aucun soucis à te faire à ce niveau.

Il ne put s'empêcher de sourire alors qu'il posait son verre sur la table basse. Son ancien colocataire ne s'était jamais plaint des allers et venues de ses conquêtes de week-ends mais était-ce peut-être parce qu'il avait le sommeil lourd ou qu'il était absent lors de ces soirs. Quoi qu'il en soit, Nolann allait vraiment se calmer et pas seulement à cause de la présence d'Améthyste mais également parce que sa vie allait prendre un nouveau tournant dès la rentrée prochaine. Il avait vingt-quatre ans et il était temps qu'il devienne encore plus sérieux qu'il ne l'était déjà. Bien entendu, il n'allait pas délaisser les fêtes pour autant mais peut-être qu'il serait judicieux qu'il entretienne une relation avec une jeune femme qui dure plus de quelques heures.

▬ C'est vrai que vu comme ça, la psychologie peut se révéler intéressante. Si un jour tu veux essayer de m'analyser, te gêne pas pour le faire.

Un brin de malice était perceptible dans sa voix. Nolann renfermait des secrets inavouables mais ils étaient tellement enfouis en lui qu'il était certain que le meilleur des psychologues ne les trouverait jamais. Mettre sa colocataire à l'épreuve et jouer le cobaye ne le gênait pas plus que tant: il était confiant vis-à-vis des barrières qu'il avait érigées et il faudrait un truc hors du commun pour que ses défenses tombent et qu'on découvre que quelque chose de terrible s'était passé dans sa vie.

▬ Pas de problème! Je suis preneur, surtout pendant les vacances!

Parler de sa passion le mit quelque peu mal à l'aise mais il se reprit bien vite quand il constata qu'Améthyste n'insistait pas. Toutefois, il ressentit un petit coup au coeur quand elle parla de sa mère au passé. Il retint sa langue, s'abstenant de s'arrêter sur ce détail. Il n'aurait pas apprécié qu'on le question au sujet d'Ilian alors il n'allait pas faire subir un interrogatoire à la jeune femme.

▬ Tu es mannequin? Si je m'attendais à ça! Je trouve que toutes ces règles pour pouvoir défiler sont stupides. Combien de filles tombent dans l'anorexie simplement pour être la star d'un soir? De plus, je trouve que les mannequins squelettiques sont moches. Je préfèrerais nettement voir plus de jeunes femmes comme toi dans les magasines plutôt que des sacs d'os.

Sa franchise à toute épreuve pointait le bout de son nez! Et oui, le jeune homme n'avait pas sa langue dans sa poche quand il avait quelque chose à dire! Il secoua légèrement la tête et son visage se détendit un tant soit peu.

▬ Non, il n'y a rien de spécial… Je suis très tolèrent et je ne vois pas ce qui pourrait changer cela… Mais le plus important, c'est que je sache ce que toi, tu ne supporterais pas.

Par contre, il ignorait que May fumait. De toute façon, il le découvrirait bien assez tôt et à ce moment, il lui demanderait peut-être de se rendre sur la terrasse pour en griller une. Mais ce n'était que de petits détails ou du moins, il fallait espérait que la demoiselle n'en fasse pas tout un plat.

Nolann disait à May qu'elle pourrait l'analyser si elle voulait, mais la vérité était qu'elle n'en avait vraiment pas envie pour l'instant, son entourage détestait quand elle déduisait leurs sentiments de leur comportement, ils trouvaient cela gênant et indiscret. Ensuite il fit part de son avis concernant les mannequins trop maigres, il disait ne trouver rien d'attirant chez ces sacs d'os et avouait préférer de loin le corps de l'anglaise face à lui qui ne rata pas le compliment sous entendu et ne dissimula pas un petit sourire malicieux.
- " Non ça va il est difficile de me déranger, j'aime l'odeur de la cigarette, la musique même forte ne m’énerve pas. Non franchement je ne vois pas trop. Ah juste une chose, même si j'ai envie et que je fais tout pour, même si je te menace ou essaye de te violer, il ne faut pas coucher avec moi .. Enfin, c'est juste un conseil pour la collocation, j'ai ni le SIDA ni rien hein.. " - Dit-elle avant de rire doucement.
Voila qui méritait d’être clair, May était une fille directe et ses pensées passaient plus vite par sa bouche que par son cerveau et c'était autant une qualité qu'un défaut chez la jeune femme.


Améthyste se dit qu'elle avait bien fait d'aborder le sujet, il fallait que les discussions soient un peu osées comme ça la jeune femme ne se sentirait pas trop gênée si jamais Nolann la surprenait avec un homme, ce qui avait de grandes chances d'arriver alors mieux fallait s'y préparer. Et après tout, ses paroles n'étaient pas fausses, l'adolescente couchait facilement avec les hommes sans se soucier de ce qui allait se passer ensuite, sauf que cette fois-ci, si cela se produisait les répercutions seraient inévitables et bien dommages. Le sexe était comme un exutoire pour l'anglaise, si jamais une conversation devenait trop privée ou trop sérieuse HOP, la voila qui se mettait en mode charmeuse pour finir au lit quelques minutes plus tard, comme ça au moins elle évitait la conversation. C'était la même chose quand elle se sentait mal, au lieu d'aller boire jusqu'à tomber dans un coma éthylique, elle préférait boire juste un peu et oublier le reste dans les bras d'un charmant jeune homme. May n'en était pas fière, loin de là mais elle savait qu'elle ne changerait pas de si tôt.


- " Viens, on va danser .. T'as pas le droit de me dire non, et si tu ne sais pas je t'apprendrais, allez hop hop lève tes fefesses ! Une des copines de mon père était professeur de danses latines, elle l'a séduit en lui apprenant la samba et le tango, ensuite elle m'a donné des cours aussi. Bon, j'ai pas ses fesses mais je pense me débrouiller un peu quand même malgré tout. " -


La jeune femme en question était une merveille de la nature, élancée, brune aux cheveux bouclés tombant sur un postérieur rebondi qui ferait jurer un prêtre. May l'aimait bien, elle était à peine plus âgée qu'elle et respirait la joie de vivre, son accent ensoleillé réchauffait les cœurs. Mais malheureusement Mr. Froze la jeta au bout de quelques mois, comme toutes les autres.
Améthyste sortit un CD de son sac et le mit dans le lecteur de la télévision, commença alors une musique latino-américaine, et la jeune femme commença à se déhancher, nul n'aurait cru qu'elle était Anglaise si il la voyait à ce moment là. Elle s'approcha ensuite vers Nolann, lui prit les mains pour les déposer sur ses hanches avant de commencer à le guider dans la danse. La jeune femme approchait son corps de celui du jeune homme mais sans faire vulgaire ou gênant pour autant, elle se surveillait pour éviter ça.


Plus la musique avançait plus May sentait son colocataire à l'aise, elle n'avait donc plus peur de se déhancher encore plus tout en continuant à le guider dans ses pas, il n'était vraiment pas mauvais mais elle aimait bien guider les danses autant qu'elle aimait tout contrôler dans la vie. La jeune femme aimait sentir que les choses étaient sous son contrôle, c'était plus un manque de confiance en soi qu'autre chose, mais ça il ne faut jamais lui dire, sous peine de lapidation, il n'y avait qu'elle qui avait le droit d'analyser les gens, non mais oh !