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❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah

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MessageSujet: ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah  ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah EmptyJeu 8 Mar - 12:02

lights will guide you home and ignite your bones and i will try to fix you. « And the tears come streaming down your face When you lose something you can't replace When you love someone but it goes to waste Could it be worse ? » COLDPLAY ❧ fix you
Fix You by Coldplay


15 février 2012 ; 23h32. On a tendance parfois à croire que l’on est invincible. A l’âge de vingt, voir trente ans, on ne réalise pas que du jour ou lendemain, tout peut s’arrêter. Nos actes dictent notre avenir, mais certains semblent en être inconscients. Et malheureusement, la mort ne fait jamais de cadeau. Mais peut-être que dans le fond, c’est ce qui fait que nous sommes des êtres humains. Si nous avions une montre nous indiquant l’heure précise de notre décès, profiterions-nous de la même manière de notre existence ? Excellente question.. à laquelle je dois sans doute être le plus mal placé pour répondre. Premier jour de stage à San Francisco, et quelle journée… Des blessés partout, des morts ici et là. La fusillade de Berkeley avait été sans pitié, et terriblement ravageuse. Des couples détruits, des amis perdus, des frères et des sœurs séparés… Et pourtant, ce soir-là, je me trouvais dans l’ambulance qui ramenait un jeune étudiant ayant eu un accident de voiture. Dix minutes à peine après qu’on l’ai pris en charge ses signes vitaux diminuèrent en masse.. jusqu’à l’arrêt cardiaque. Je me rappelle m’être précipité sur lui, ainsi que mon tuteur. Son cœur n’est jamais reparti, et ce malgré nos efforts. Le quatrième. Et c’est ainsi que je me retrouvais là, dans le couloir de l’hôpital, à attendre l’arrivée de sa femme. J’aime mes études plus que tout, mais bon sang, qu’il pouvait être difficile d’annoncer à quelqu’un la perte d’un proche. Ces mots, ces paroles, sont celles qui nous marquent à vie. Je ne pense pas qu’on puisse oublier le visage d’un type que nous annonce que ça y est, tout est terminé. Et c’est dans ce genre de moment que je détestais ma propre personne. Très vite, elle est apparue. Une silhouette fine et maigre, portant dans ses bras un jeune enfant, et tenant la main d’une petite un poil plus grande. Terrorisée ? Je crois pouvoir affirmer qu’elle l’était. Je ne me souviens d’ailleurs même plus des mots que nous nous sommes échangés lorsqu’elle a croisé ma route. Tout ce dont je me souviens, c’est son effondrement face à mes paroles. Les pires. « Malgré nos efforts, il n’a pas survécu à l’accident. Son cœur s’est arrêté, et nous ne sommes pas parvenus à le faire repartir.. Je suis désolé. » A ce moment-là, mes yeux se sont baissés vers le sol, où j’ai pu croisé le regard de la petite.. Il y a quelques instants à peine, elle souriait. Ses yeux bleus pétillants me regardaient, un air légèrement surpris, mais comme tout le reste, sa joie s’envola. En voyant sa mère s’effondrer, de petites larmes se sont mises à rouler sur ses joues roses. Trois bouts de femmes déchirées, qui s’enlacèrent pour se réconforter. Quant à moi, j’avais la poitrine broyée face à cette famille détruite. La mort, le maître absolu. Ces derniers jours avait été terribles, et en 48h, je n’avais pour ainsi pas eu l’occasion de fermer l’œil. Vite, que toutes ces horreurs disparaisse, et que le bon temps revienne. Le mois de février avait été dévastateur pour la population. Pourvu que celui de mars soit meilleur.


15 mars 2012 ; 23h. Enfin, la journée est terminée. Un soupire las s’échappe de mes lèvres entrouvertes, et je franchis la porte de l’hôpital. Dur labeur pour un métier de rêve. Mais toute récompense se doit d’être méritée après tout, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que quelques gouttes de sueur, face à l’indescriptible satisfaction de sauver des vies. Courir pour vivre. Le monde hospitalier n’était d’aucune pitié. Chaque geste, chaque mot, chaque seconde étaient d’une importance capitale. Parce que oui, en plus de devoir faire correctement notre travail, nous devions avant tout le faire (très) rapidement selon les situations. Un coup de téléphone, une urgence, et c’était une course contre la montre. Après… hé bien le hasard rythmait nos journées. Les mains plongées dans les corps d’autrui, nous saturons, nous coupons, nous cautérisons, nous rassurons, nous sauvons. Mais il arrive aussi des fois, ou nous perdions. Le cœur d’un homme entre les mains qui bat.. qui bat.. et qui finalement dans un somptueux dernier ‘’boum’’, s’arrête pour toujours. Je n’ai jamais oublié le visage de ces pauvres gens qui sont décédés face à moi. Quatre en tout. Une femme âgée, arrêt cardiaque ; le cœur n’est jamais reparti. Un homme centenaire, hémorragie interne que nous n’avons pu stopper à temps. Une jeune femme d’une trentaine d’années, accouchant d’un enfant et qui est décédée suite à une perte trop importante de sang. Et plus récemment un jeune étudiant, père de famille. Des vies et des regards que je ne pourrais sans doute jamais oublier… Il m’arrive même encore d’entendre leurs voix me parler. ‘’A l’aide’’ qu’ils disent, ‘’aidez-moi’’. Des échecs que je ne parviens à accepter, et avec lesquels je dois vivre chaque jour. Accuser le coup n’est pas simple, et j’ignore si j’y parviendrais réellement un jour. J’imagine que comme tout, le temps referme les blessures. Pourvu qu’il le fasse vite… avant que mes hallucinations ne reprennent le dessus sur les médicaments. Malgré moi, j’étais devenu dépendant de ses petites gélules. Deux ans que je les prends, et deux ans que je n’ai plus violenté qui que ce soit. Et pourtant, depuis mon arrivée à Berkeley, voilà que je revoyais ces ombres… L’obscurité est devenue ma pire ennemie. J’avance dans un brouillard peu épais, une boule au creux de la gorge. Malheureusement pour moi, à cette heure-ci il n’y a plus vraiment de transports publics. Le silence est pesant, et je ne peux m’empêcher de frissonner. Pitoyable qu’un garçon de vingt-quatre ans ait toujours peur du noir… Mais je peux les sentir m’observer. Leurs regards pervers et leurs souffles putrides qui me rongent alors que je passe près d’eux, tête baissée. Laissez-moi. Laissez-moi tranquille. Nonobstant la douceur de température, mon rythme cardiaque s’emballa rapidement, et je me retrouvais à fermer les yeux tout en avançant. Je les entendais m’appeler, hurler mon prénom… Des démons qui tiennent bon. Comme si cela pouvait suffire à les chasser, j’abattais mon bras droit devant moi en murmurant des airs de chanson qui me glissait maman lorsque je faisais des cauchemars. I saw your father in the hall. His ghost is living in the walls ♪. Un remède peu efficace, mais qui au moins parvenait à apaiser mon cœur battant la chamade. Baigné dans mes souvenirs enfantins, je chassais des images d’horreur. Trente minutes de marche à pied, seul, mais accompagné.

23h32. Un bruit sourd résonna dans la nuit, et c’est à ce moment précis que mes yeux se rouvrir. Il me fallu quelques secondes pour apercevoir la voiture à quelques centaines de mètres de moi… Qui roulait vite… Si vite… Tellement vite que le fracas de sa collision contre l’un des piliers du pont m’écrasa les tympans. « Merde… » fut le seul mot qui traversa la barrière de mes lèvres. A deux –peut-être trois-cent mètres de moi, une voiture venait de percuter de plein fouet l’un des piliers en béton de la passerelle sur laquelle je me trouvais. Si mon cœur cessa de battre l’espace d’une poignée de secondes, mes réflex prirent aussitôt le dessus. Je ne cherchais même pas à comprendre ce qu’il venait de se passer. Mes jambes dévalèrent le bitume en direction de la zone, et mon esprit ne songeait qu’à une chose : pourvu qu’ils soient toujours en vie. Nouvelle course contre la montre. Tu ne gagneras pas, pas ce soir. Ce n’était pas un hasard si j’avais assisté à la scène, et c’était ma chance de pouvoir les sauver. L’épave de la voiture était en piteux état, et bien que la lumière projetée par les phrases m’aveuglait, je continuais.. pour ne m’arrêter qu’une fois devant la porte côté conducteur. Sac posé à terre, le souffle court, j’inspectais d’un très rapide coup d’œil l’intérieur du véhicule. A première vue, une seule personne… Tête blonde ensanglantée et posée contre la vitre. Pourvu qu’elle soit vivante… Désormais, tout ne dépendait plus que de moi. « Vous m’entendez ? Je vais vous sortir de là, essayez de vous tenir à moi si vous le pouvez. » Sans attendre plus longtemps, j’ouvrais la portière d’un geste furtif et précis, tout en recueillant le corps affaibli qui s’effondra dans mes bras. Inconsciente ? Je n’avais malheureusement pas l’impression qu’elle le soit, vu le gémissement que je cru discerner. Mes bras plaqués sous son dos et ses genoux, j’extirpais le plus précautionneusement possible sa silhouette de la carcasse du véhicule. Mon regard se posa ainsi sur une barre de fer qui dépassait de sa cuisse gauche. Grimace d’horreur que je tâchai bien vite de ravaler. Du sang… Partout. Bordel. Doucement, je la déposais ainsi au sol, quelques mètres plus loin. Et sans perdre plus de temps, sans même détailler son visage, j’ôtais mon écharpe afin d’en faire un garrot de fortune au dessus de la blessure. Couper la circulation afin d’éviter l’hémorragie. Les gestes classiques qui peuvent peut-être sauver des vies. Soupire las, j’inspectais désormais très brièvement le reste de son corps… Coupures superficielles le long des bras. Les mains posées contre son bassin, j’essayais tant bien que mal de détecter de quelques os cassés.. mais la révélation sur laquelle je tomba me coupa le souffle. Un morceau de verre de la taille d’un poing était planté dans sa poitrine. Poumon perforé, sans aucun doute. Cette fois-ci, une réelle appréhension me traversa, et sans ajouter le moindre mot, j’enveloppais délicatement son corps de ma veste. Première leçon de secourisme : éviter l’hypothermie. Autant mettre toutes les chances de son côté. Furtif coup d’œil aux alentours, et mes yeux se posèrent enfin sur son visage.

Ainsi, le temps sembla s’arrêter. Mes lèvres tremblèrent un instant, et mon souffle se figea. C’était impossible… « Mon Dieu… » Murmurais-je à mi-voix. Ce n’était possible, ça ne pouvait être elle.. Cette femme, et ses longs cheveux blonds. Sa peau pâle, et ses yeux bleus océans.. les mêmes que ceux de sa fille. Il y a un mois, je l’ai vue traverser les couloirs de l’hôpital. Je l’ai vu hurler, crier, pleurer son défunt petit ami… J’avais détruit ses espoirs en lui annonçant la mort de son époux.. et désormais, elle avait tenté de détruire sa vie par ses propres moyens. La voici devant-moi, recouverte d’un rouge luisant, le souffle à peine audible. La perte d’un être cher peut entraîner folie et autodestruction ; un désir presque ravageur d’aller le retrouver. Sentiment de culpabilité, et deuil infaisable. Allez savoir pourquoi l’enfant sait masquer la douleur, mais pas l’adulte. Mais l’heure n’était pas aux songes. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir dit-on. Et j’y croyais, plus que tout, je voulais y croire. L’une de mes mains glissa dans sa paume droite, l’autre se posa contre sa joue éraflée. Une coupure au niveau de la tempe saignait abondamment. Mouchoir en main, je le déposais contre la plaie. Ma voix se brisa alors dans un écho se voulant rassurant : « Regardez-moi. Vous allez serrer ma main, le plus fort possible, sans la lâcher. Je vais appeler les secours. Regardez-moi, ne me lâchez pas. » Mains liées, regards scotchés, je fixais ses deux perles bleus qui menaçaient de s’éteindre. Non, pas maintenant, pas encore. Elle était jeune mère, j’avais pu apercevoir ses deux toutes petites filles l’accompagner. Elle n’avait pas le droit de partir, si jeune.. Maman s’en est allée à la naissance de Nessa, et toute mon enfance, je l’ai cherché. Il était hors de question que ces deux petites filles subissent le même sort. De ma main libre, je recherchais mon téléphone. Un numéro composé, le bip sonore qui résonne, et nos yeux qui ne se lâchent pas. L’attente est terrible…Chaque seconde compte. Et je guettais, une lueur d’inquiétude au fond des yeux, le regard fatigue qui me faisait face. « Restez avec moi. » I watched you crawl into my bed with curses spilling from your head ♪
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Swan Cartwright-Hansen
there's no place like berkeley
Swan Cartwright-Hansen
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MessageSujet: Re: ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah  ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah EmptyDim 11 Mar - 15:54


c'est pas grave la mort, c'est triste mais c'est pas grave
« I'm broken in two, and I know you're on to me. That I only come home, when I'm so all alone, but I do believe . That not everything is gonna be the way.You think it ought to be. It seems like every time I try to make it right. It all comes down on me. Please say honestly, you won't give up on me, and I shall believe. Open the door, and show me your face tonight. I know it's true, no one heals me like you. » ◂ you just be patient, and it'll come to you, i promise . noah&esthell.

when the silence gets too loud, and i really start to miss everyone. i tell myself the same thing : i can't see you, but i know you're there
Vêtue d'un léger gilet en laine couleur crème, elle porte sur son visage fatiguée, les traces anciennes de l'enfance. Quelques rondeurs au creux de ses joues toujours aussi ternes et fades, et les couleurs rosées de sa face illuminée par les lueurs du globe de feu. Tassée sur les grains de sable frais, elle attend, resserrant autour de sa poitrine son vêtement beige. Contemplant le soleil se dessiner à travers les nuages orangers de l'horizon. Demeurant seule, face à ce monde qu'elle seule connait, elle songe. Crispant ses petites mains d'enfant, autour d'une vieille caméra, dénichée dans le grenier de ses grands-parents, il y a bien longtemps. Son visage semble se répandre dans l'atmosphère, une image pathétique, attachée à ce paysage d'or. Tout autour d'elle se fend son petit monde de magie et d'amour, si souvent égaré dans les limbes de ses pensées. Alors, elle attends, tel une enfant abandonnée sur le bord d'une route, à la recherche d'un espoir inexistant. Ses longues mèches dorées vacillent, et illuminent sa peau de neige, la couleur pur de ses deux yeux bleus, où autrefois, résidait le charme de la candeur éternelle de sa jeunesse. Les fossettes, échancrées par un léger creux autour ses multiples sourires d'antan, restent stoïques, sans exprimer la moindre expression. Tout est vide en elle. Son regard condamné se craquelle, acceptant sa triste fatalité. Tout lui coupe le souffle. Tord son ventre, en un nœud fortement serré. Vide son âme, subissant depuis des décennies une douleur cuisante maladive. Elle se lève, négligemment comme toujours, et s'approche du rivage. Ses pieds épousent l'océan glaciale de l'hiver, une toute dernière fois. Elle sait qu'elle ne verra plus jamais l'horizon infini de cette mer. Symbolique. Unique. Cette vision éclair lui décroche un sourire, plongé dans la mélancolie de ses souvenirs perdus au bord du large. Vague amertume. Sa main renferme les alliances de ces vieux amoureux séparés, par les abysses du paradis. Elle les observe, d'un air nostalgique. Elle sent ses côtés se brisées, affamée par un trépas imminent. L'éclat d'argent des deux anneaux désunis, se répand dans la paume de sa main, éclairée par les flammes du soleil. Je te vois bientôt mon amour, ose t-elle penser. Reculant légèrement, elle reprend sa place de petite fille, au coeur d'enfant mélancolique. Assise sur une montagne de sable fin, elle contemple sa caméra, enclenche son fonctionnement. Le déchirement de son pauvre coeur éraillé jette dans l'air l'écho de son affliction. Posé sur ses genoux, une petite boîte en bois, d'un caramel abimé, vigoureusement marqué par les années, dissimule ses précieux souvenirs. Le décompte s'égraine lentement. Alors, elle sourit. Un sourire plein de larmes, et d'émotions, qui sonne enfin le dernier acte de sa déchéance.

❝ Avant, je voyais des milliers de couleurs différentes se mélanger dans l'air, et réchauffer le coeur de notre humanité. Aujourd'hui, lorsque je lève les yeux au ciel, je ne contemple plus que le gris morose que nous apporte l'atmosphère. C'est triste d'en arriver là. A ce départ des chemins, où l'on s'engage sur la mauvaise route. Celle de la lassitude, et de la vulnérabilité. Quand je regarde notre monde, je pense à ceux qui parlent, ceux qui sourient. Ceux qui hurlent, ceux qui pleurent. Ceux qui se battent, ceux qu'on oublient. Ceux qui recherchent une issue quelconque, au bord d'une route, sur le haut d'un pont, sur la branche d'un arbre. Ceux qui aiment, ceux qui haïssent. Ceux qui espèrent pour rien, ceux qui se lassent de tout. Je les rencontre tous les jours, sans trop savoir, mais ils sont là. Ceux qui regrettent un passé perdu, ceux qui s'attachent à celui qu'ils n'auront pas vécu. Ceux qui ne distinguent plus la beauté de l'univers, ceux qui se contentent de l'observer. Et puis, tout ceux qui s'attachent à la vie, ceux qui la laissent s'en aller. Je me souviens, quand j'étais petite, maman me disait toujours : Souris, ma petite princesse, souris. Elle disait que ce simple geste nous permettait à tous de faire fuir la tristesse, avant qu'elle ne s'acharne sur nous. Et, elle avait irrévocablement raison. La tristesse trépasse autour de nos âmes innocentes. Elle attend simplement le moment propice pour faire son apparition, et vous arracher tout signe de volonté. Il ne vous reste plus cette douleur inguérissable au fond du coeur. Et, ça vous pourrit totalement. Jusqu'à votre clape de fin. Solitude, abandon, malheur, souffrance, nuages noirs, journées grises, larmes silencieuses, hurlements inaudibles, peur, désespoir, crainte, et avilissement. Je suis faible. Je l'ai toujours été. Et je sais à quel point ça fait mal, de se prendre toutes ces pourritures dans la gueule. Mais, il y a une chose, qui change le cours des choses, et bouleverse la direction des pôles. Je vous ai vous, mes amours. Il n'y a rien de plus beau que de tenir entre ses mains, ce petit bout de chair, qui vous ressemble tellement. C'est maintenant que je me rends compte à quel point le monde s'arrête autour de vous, lorsqu'on s'émerveille devant ses propres enfants. Je veux que vous suiviez ce que je m'apprête à dire. Et que vous vous en souvenez, durant les périodes difficiles de votre vie. A chaque situation, même les plus insurmontables et les plus déchirantes, vous ne céderez jamais à la fatalité, ni même à l'épuisement. Peu importe la douleur ardente et géante qui se déchaîne en vous. Votre force, et votre conviction vaincront, au détriment de la lâcheté et du désespoir. Rester digne, en toutes circonstances. Surmonter l'insurmontable. Contourner les murs gigantesques. Trouver un échappatoire solide, dans les bras d'un ami, ceux d'un amant. Et si la douleur se transforme en violents torrents, et que les nuits vous paraissent plus lourdes, plus longues, allez quelque part. Un lieu que vous aimez, et où vous vous sentez bien. Respirez, un bon coup. Reprenez votre souffle, laissez la fraicheur nocturne s'infiltrée dans vos jeunes poumons, et apportée le remède à vos malheurs. Vous vous sentirez mieux. Alors, vous retournerez dormir, profondément, pour entamer un jour meilleur. Ne jamais céder. Ne jamais renoncer. Vivez. Vivez pleinement. Profitez des instants que vous offre la vie, retenez en les plus précieux. En tout lieux, ne jamais l'oublier. Je veux que vous rêvez d'un monde merveilleux. Que vous avanciez dans les tréfonds de cette nouvelle humanité. Soyez heureuses mes amours, c'est tout ce que je vous souhaites. Soyez, ce que je n'ai jamais su être, ce que je ne suis jamais devenue. Tout ce que je regrette. La vie sera longue, pour vos belles âmes. Je le sais, d'une conviction inéluctable. Laissez vos chagrins se glisser contre vos chairs, ne les retenez pas. Affrontez-les, et gardez minutieusement vos plus grandes forces. Max. Lou. Je suis fière de vous. Vous me rendez heureuse, follement heureuse. Je ne serai plus là, mais je ne vous abandonnes pas. Vous ne serez jamais seules, je vous le promet. Je vous ai rassemblé dans cette petite boîte, tout ce dont vous devez savoir de moi, de nous. Mais je sais pertinemment que cette maigre consolation ne suffira pas à dissimuler notre absence. Lorsque vos coeurs l'exigeront, et qui rechercheront en vain nos deux âmes au paradis, vous viendrez ici. Vous n'aurez qu'à vous asseoir sur cette plage, et observer l'horizon. Et je serai là. J'aime cette endroit. Il me rappelle les instants heureux que j'ai vécue, ceux que j'ai laissé errant au bord du large. Alors, oui, vous n'aurez qu'à venir sur les traces de notre amour. Je sais que vous souffrirez, beaucoup. Beaucoup trop. Mais sachez que je ne serai jamais bien loin de vous. A respirer à vos côtés. A vivre en vous. Ensembles, toujours ensembles. Max, Lou, je vous aimes, plus que tout. Ne l'oubliez jamais. Et, souriez, oui souriez, mes petites princesses. Souriez. ❞ Vêtue d'un léger gilet en laine couleur crème, elle saisie entre ses doigts, cette petite boîte d'amour. Alors, elle l'ouvre une dernière fois. Y insère les deux anneaux argentés, aux côtés de ses babioles d'une vie. Des lettres jaunies, anciennes et récentes, témoignant de son encre répandue sur ses brimes de papiers. Contant leur histoire d'amour déchue. Sa précieuse plume, offerte pour son vingtième anniversaire. Des photographies immortalisant leurs sourires implacables, leurs baisers charnelles, leurs passions communes. Leurs joies, leurs peines. Leurs existences. Alors, elle referme soigneusement le minuscule coffret en bois. Ritournelle achevée. Elle récupère sa vieille caméra d'antan, visionne le petit écran. Et compte : une fois, deux fois, trois fois. Songeant à ce qu'elle laissait derrière elle. Elle lève son visage affligé, vers la surface de l'océan, épongeant ses peines. Ses doigts caressent le rivage, et l'eau glacée de cette mer. Elle grave son passage du bout de ses mains. Tristement. Les parois de ses veines explosent. Le déchirement de son coeur lui vole un souffle. Pourtant, elle se souvient. Souris, ma petite princesse, souris. Alors, elle a souris. Pour tout ce qu'elle ne sera plus. Ses « je t'aime » ne me manquent plus : je ne les entends pas, mais je les sens, je les ressens.

Écho de moteur, dévalant les allées endormies de San Francisco. Réverbères, réduits à de simples éclairs de lumières, traversant mon champ de vision. Obscurité. Pénombre. Enfer. Je voyais défiler autour de moi, ce monde de demain, construit par des hommes sans humanité, bâti par ces infâmes de l'insatisfaction. Ces individus, ayant crée cette putain, qu'on appelle la vie. Un torrent de sauvage capturait mes pensées. A quoi devais-je songer ? Cette fin inévitable, s'étant abreuvée jusqu'au dernier instant de mes propres ressources, et mes doux souvenirs. Vingt deux années. A être prisonnière de mes souffrances, à être le jouet des hommes que l'on dit onéreux, à être cette petite fille vulnérable ayant tant voulu apportée bien plus à ce monde. Je n'ai plus peur de rien désormais. Accélérer, encore et encore. Jusqu'à atteindre le croisement de la route, virer violemment d'un seul coup brusque sur le côté gauche. Traverser cette route, où y a déposé son dernier souffle. Où je déposerai le mien. Dans mes yeux, il n'y a qu'une seule flamme, appelant les anges, à éteindre le petit coeur de la reine des glaces. Mes doigts tremblent autour du volant du véhicule. Angoisse de partir. Attente insurmontable de mourir. Au loin, je distingue l'allée principale. Je m'y engage aussitôt, déterminée à battre des ailes. Et puis, j'ai vu cette longue avenue, traversant les hauteurs de l'océan. Accélérer, encore et encore. Jusqu'à atteindre le sommet de ce pont, écraser mon âme sous le poids de ma chute. A cet instant, je ne pense plus qu'à elles. Lui. Ce que nous étions, il y a quelques mois de cela. Étrangement, ma vie entière se déroule à travers les mètres parcourus, pour s'achever brusquement. Je vous aimes, osais-je penser. Ce simple songe, murmurant un adieu. Des larmes se déversent sur mes deux joues brulantes, par l'adrénaline. Vitre gauche entrouverte. Les mèches de mes cheveux s'entremêlent, autour de l'air pénétrant dans le véhicule. Aussi proche du ciel, comme je ne l'ai jamais encore été. Je contemple d'un seul regard au travers de la fenêtre, les éclats de lumières de la ville assoupie. Ce paysage d'argent, renfermant les démons de notre monde. Non. Je n'arrivais décidément pas à trouver une raison de rester. Les yeux remplis de larmes d'enfants, un air dégueulasse dans les poumons. Le véhicule vint terminer sa course contre l'un des piliers en acier du pont. Sans me débattre, je m'en allais. Je sentais le poids de mes os se brisé les uns après les autres. Je ne me débâtit pas. Le pauvre coeur déchiré de la reine des glaces allait se liquéfier, sous la chaleur réconfortante de sa vie. Âme dissipée, dans l'oubli.

Yeux grands ouverts. Ma poitrine se soulevait difficilement à chacun des battements rauques de mon coeur. Mains écorchées, genoux éraflés. Des débris de verres recouvraient chaque parcelles de mon corps décapité. Le long de mes bras, des écorchures, plus profondes les uns que les autres. Je ressentais mes organes se bousculer entre eux, essayant de reprendre leurs places. Des spasmes de douleurs paralysaient le bas de mon dos, jusqu'à mon échine. Mon regard se tournait vers les étoiles brillantes de cette nuit d'hiver. Le froid mordait les orifices de mon être. Ce petit bout d'âme, tordant de douleurs irréparables. Bordel. Ma respiration se faisait lente, rythmée par des périodes d'absences d'expirations totales. J'avais trop mal. Mon crâne semblait exposés. Mes cellules nerveuses hurlaient d'une souffrance fatales. « Regardez-moi. Vous allez serrer ma main, le plus fort possible, sans la lâcher. Je vais appeler les secours. Regardez-moi, ne me lâchez pas. » L'écho d'une voix arrivait pourtant à pénétrer dans mes tympans. Alors, j'ai compris que l'épave de mon corps reposait sur le bitume de fer du pont. A quelques mètres de là, gisait les ruines du véhicule défoncé. Vivante. Bordel. Je l'étais encore. Mais pour combien de temps ? Des perles de glaces se détachèrent de mes yeux, pour glisser jusqu'à mon menton écorché. Tremblants, mes membres étaient pris de violentes convulsions, apparues sous l'acharnement de la douleur. Bordel. Lasse, je réussissais à déposer l'une de mes mains contre ma poitrine. Sanglante. Respiration haletante, je touchais un morceau reposant tout près de mon sein gauche. Un fragment tranchant avait transpercé ma cage thoracique, atteignant les ventricules de mon coeur. Artères, veines touchées. Mon sang chaud se rependait sur le sol, et mes vêtements sales. « Laissez.. laissez-moi... Je vous en supplie.. » insistais-je, la voix enrouée sous l'amas de la torture, prononçant des mots, sans savoir où poser le regard. Je ne distinguais que sa grande silhouette élancé, mais mes iris fatigués ne parvenaient plus à cerner les traits d'un visage. J'aurai aimé pouvoir ajouter quelques mots, mais un flot d'immondice semblait bloquer ma trachée. Mes yeux se fermèrent. Avant de se rouvrir sitôt. Cette fois-ci, je l'ai vu. Difficilement certes. Malgré la pénombre, la lueur de ses prunelles me parvenait. Et, je l'ai reconnu. Sans pouvoir m'empêcher de lâcher un cri à peine audible. C'était lui, bordel. Lui, qui avait prononcé ce petit mot de quatre lettres. Mort. Lui, qui avait en une seconde, détruit mes plus grandes illusions. « Je ne veux pas.. d'aide. Laissez-moi.. » répétais-je inlassablement. Je sentais ma tête s'effondrer. La fatigue s'affaisser contre mes paupières encore ouvertes. « Vous.. vous le savez vous. Que je n'ai plus rien... Alors, je ne vais pas prendre votre main. Parce que, vous allez me laissez mourir. Oui.. Je vais mourir dans vos bras, mais vous n'allez rien faire contre ça... » Ma poitrine m'arracha un hoquet de douleur. Mes poumons purgeaient les saloperies de ce monde. Une trainée de sang longeait mes lèvres, et quelques gouttes glissait contre mon cou. La reine des glaces fondait, au travers de sa vie déchue. Un deux, trois et quatre, cinq, six, sept et huit. Petite fille. Marelle de l'enfer. Tout en bas de l'échelle. Grimpant, plus haut, toujours plus haut. Jusqu'à atteindre le ciel.
the tears are filling up their glasses, no expression. Hide my head, I want to drown, my sorrow, no tomorrow
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MessageSujet: Re: ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah  ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah EmptyMar 13 Mar - 21:03

if this is redemption, why do I bother at all. « there's nothing to mention, and nothing has changed, still I'd rather be working at something, than praying for the rain. so I wander on, till someone else is saved » JAMES VINCENT MCMORROW ❧ we don't eat
We Don't Eat by James Vincent McMorrow

La mort n’est pas une chose que l’on peut prédire ou contrôler. Elle arrive, se présente à nous en de gracieuses courbes, et puis nous étreint sans remord, avant de nous emporter. J’ai assisté à bien des scènes où elle y jouait un rôle principal. Je me souviens du visage de ma mère, lorsque toute souriante, elle a posé pour la première fois les yeux sur ma jeune sœur. Son regard scintillait d’une lueur joviale.. et puis, sans raison, sans explication, son pouls s’est soudainement accéléré, ses joues ont perdu de leur couleur, et son cœur a lâché. Mon père, Nessa et moi-même avions assisté à son décès, impuissants et inutiles. Une petite troupe de médecins s’activaient à tenter de la réanimer. En vain. C’est peut-être pour cette raison qu’au jour d’aujourd’hui, je n’aspirais plus qu’à une seule et unique chose : secourir, aider, et redonner de l’espoir. Une tâche loin d’être simple, mais à laquelle je tenais énormément. J’offre et j’apporte, sans jamais rien réclamer en retour. En souvenir de ma mère, que je n’ai connu que quatre années durant. Une femme admirable, tant par ses qualités que par sa poigne de fer. Elle était une battante, et n’abandonnait jamais. D’après les quelques coupures de presse que j’avais pu retrouver, il semblerait qu’elle ait été un médecin, neurochirurgienne qui plus est, dont la réputation n’était plus à faire. Elle a parcouru le monde, présentant son aide ici et là à diverses associations. Je n’ai vraiment eu l’occasion de la connaître, ni même de lui dire des ‘’je t’aime’’ à la pelle, mais je me contente de ces quelques informations. Et dans le fond, je suis heureux et fier d’être le fils d’un ange tel qu’elle.

Retour violent et brusque à la réalité. Là où la fraîcheur de la nuit me glaçait le dos, et où l’odeur de l’essence commençait à envelopper mes narines. La scène était apocalyptique. Le sang semblait ruisseler de part et d’autre de sa maigre silhouette, et je grimaçais moi-même de douleur pour elle. Téléphone plaqué contre l’oreille, j’attendais (im)patiemment que l’on décroche. Vite bon, plus vite. Et c’est ainsi qu’elle prit la parole : « Je ne veux pas.. d'aide. Laissez-moi.. » me confia-t-elle, la voix à peine audible. Une terrible douleur perlait de ses intonations, et comme un idiot je suis resté là, sans bouger. J’ai été témoin de bien des scènes dans ma vie. Ahurissants, tristes, heureuses… mais je ne crois pas exagérer en affirmant que ce spectacle qui m’était donné de voir était de loin le plus immonde, le plus cruel qu’il soit. Mettre fin à ses jours consciemment, et désirer à tout prix que la mort nous emporte.. Etait-ce juste ? Muet et sans la moindre parole à son égard, j’entendis une voix répondre au bout du fil. ‘’le 911, j'écoute ?’’. Incapacité totale à formuler une quelconque réponse. Nos regards rivés l’un vers l’autre dialoguaient silencieusement. « Vous.. vous le savez vous. Que je n'ai plus rien... Alors, je ne vais pas prendre votre main. Parce que, vous allez me laissez mourir. Oui.. Je vais mourir dans vos bras, mais vous n'allez rien faire contre ça... » Un gémissement ponctua sa phrase, je refermais les yeux. Elle ne pouvait pas… Elle n’avait pas le droit. Je n’avais pas le droit. Le sort avait voulu que j’assiste à cette effroyable tentative de mettre fin à ses jours.. Ce n’était pas le hasard. Elle était si jeune, bien plus jeune que moi. La vie lui tendait les bras, et elle ne serait pas seule. Le deuil d’un être cher était une chose difficile à faire.. voir impossible en premier lieu. On croit toujours que le monde s’arrête de tourner dès lors qu’un de nos proches s’éteint pour l’éternité. Mais comme toute blessure, il existe un baume, un remède pour apaiser le tout. Un soupire s’échappa de mes lèvres, je rouvris difficilement les yeux en les posant sur l’une de ses mains. Elle ne la serrait pas autour de la mienne, pourtant mes doigts restèrent liés aux siens. Ma manière à moi de la maintenir ici, bien vivante. « Non. » murmurais-je à voix basse. Je n’aurais pas été interne à l’hôpital, peut-être l’aurais-je tout simplement laissée là, dans mes bras, à attendre patiemment son heure. Ce n’était pas le cas. Mon futur métier, ma vie, c’était de sauver celle des autres. De les aider à tenir debout, quels que soient les moyens. L’Homme n’est pas fait pour abandonner, nous sommes là pour battre perpétuellement, et affronter ces épreuves qui nous massacre l’existence. Catégoriquement, je refusais sa requête. « Ce n’est ni vous, ni moi qui décidons de ça, c’est l’autre guignol en haut. Alors non, je ne vous laisserai pas mourir sans rien faire. » Je sentais la rancœur marquer mes mots.. et une peine dissimulée s’installer en moi. Le médecin ne doit pas faire preuve d’empathie. Je crois que c’est ma faiblesse. Malgré cela, je ne pouvais m’empêcher d’éprouver une certaine culpabilité. J’ignore comment et pourquoi, je ne connaissais pas cette femme le moins du monde, et pourtant nous demeurions intimement liés. Sous mes yeux, une partie d’elle s’était éteinte sans que je ne puisse rien y faire. Avant de s’effondrer à l’hôpital, c’est ma voix qu’elle a entendu. Ma voix qui a prononcé les mots les plus ignobles que contient notre beau langage. Ce sont mes yeux qui ont croisés les siens, alors que les larmes commencèrent à envahir ses joues. Je suis le facteur du diable. Je suis l’élément déclencheur, et la raison indirecte pour laquelle elle se retrouvait là désormais, face à moi. Poing serrés, je me relevais d’un bond en grognant un coup. « Et vos filles ? Vous avez pensé à vos filles ? Quelle mère peut abandonner ses enfants. » Paroles échappées afin de détourner une rancœur naissante. Je n’ai jamais eu la chance de connaître ma mère.. Je ne souhaitais ça à personne, et certainement pas à ses deux jeunes filles. Deux petites charmantes à ce que j’avais pu voir.. Rien qu’à y repenser, je souriais tristement. Bordel… et leur mère qui me suppliait de partir ? Je serais un monstre de contribuer à un tel acte. Le suicide n’est pas une échappatoire, c’est un geste désespéré et rempli de faiblesse auquel je n’ai jamais accordé aucune valeur. C’est un peu comme faire ses bagages et quitter la maison sans prévenir… Je donnerai n’importe quoi pour avoir la chance de revoir ma mère, pour la serrer dans mes bras et lui répéter mille fois de suite que je l’aime. Mais je ne peux pas. Sauf que la différence, c’est qu’elle n’avait eu le choix… Un ange s’est envolé, m’abandonnant moi et ma sœur dans une triste solitude. Excès de rage, j’envoi le téléphone volé par le pont. S’ensuivit un silence.. Lourd. Trop lourd. Bordel… pourquoi ? Une question, mille réponses possibles. Et une seule alternative.

Quelques gouttes de pluie commençait à s’abattre ici et là.. quant à moi, je m’étais simplement assis près de l’épave de la voiture, à quelques mètres d’elle, mains posées contre le visage. Je n’avais rien, absolument rien sur moi si ce n’est mon sac de cours avec quelques bricoles à l’intérieur.. Et je ne pouvais pas partir et la laisser là. Je voulais être un héros, pas un lâche. J’avais malheureusement joué une part non négligeable de responsabilité dans son état actuel.. Et je n’avais plus la moindre idée de comment réagir. Aucun moyen de contacter les secours désormais, si ce n’est courir en direction de l’hôpital. En une demi-heure, elle aurait le temps de décéder de ses blessures.. L’attention rivée vers elle, je dégluti difficilement. Une étrange certitude me sauta dès lors aux yeux. Ces iris bleus… Si bleus ; comme les miens. Et ses cheveux blonds, longs et dorés… Cette femme était le portrait craché de ma propre mère. Une vérité qui m’empoigna le cœur. « Merde… » Des coïncidences qui se mêlent les unes et autres, et qui auront eu raison de moi… Quoiqu’il se passe, quoique je puisse faire, elle ne survivrait pas. Ses plaies étaient bien trop importantes, et elle perdait son sang à une vitesse non négligeable.. Et quand bien même elle survivait jusqu’à son transport aux urgences, je n’suis pas certain qu’elle puisse récupérer entièrement une fois soignée. Pessimisme englobant… Je me relevais doucement en fouillant brièvement dans mon sac afin d’en retirer une petite mallette. Ses hoquets de douleur me faisaient mal, et je devais retenir ma respiration pour ne pas avoir à afficher ma peine à son égard. Sans un mot, sans une parole, je m’agenouillais juste derrière tout en l’installant précautionneusement de manière à ce que son dos repose contre moi. Manœuvre qui ne fut pas sans quelques cris de douleur bien entendu, mais auxquels je tâchais d’être faussement indifférent. Le morceau de verre planté dans sa poitrine l’empêchait de respirer sans éprouver une brûlure prenante au niveau de la cage thoracique. Si je prenais le risque de lui retirer, elle décèderait dans les quelques minutes… Une sorte de bouton ‘’off’’ sur le corps humain. Lèvres pincées, je retirai de ma mallette une seringue. Bolus de morphine dont j’étais censé analysé la concentration en guise de devoir maison. Et d’une main délicate, je tendais l’un de ses bras en y enfonçant l’aiguille. « D’ici quelques minutes, vous ne sentirez plus la douleur.. Et… Quand le moment sera venu, vous n’aurez qu’à me le dire, et je retirai ce morceau de verre de votre poitrine. Vous vous endormirez. » Si j’essayais tant bien que mal de garder un air dégagé, voir indifférent, j’avais pu malheureusement constater que même ma voix s’était mise à dérailler. Ce n’était pas un suicide… juste une manière de rejoindre l’homme qu’elle avait perdu. J’imagine que je ne pouvais décemment pas comprendre ce ressenti, n’étant jamais tombé amoureux, mais ma foi… J’avais finalement décidé de l’accepter tant bien que mal. Une boule au creux de la gorge, une honte pesante sur les épaules, je soupirais un coup en levant les yeux vers le haut. Bonne nouvelle : le ciel était rempli d’étoiles, bien que quelques nuages de pluie daignaient vagabonder ici et là. Tristement amusé, je lâchais un rire silencieux en reportant mon attention sur celle que je serrais désormais dans mes bras. Chaque patient est unique, mais je ne crois pas que je pourrai oublier notre rencontre.. Même mourante, cette jeune mère dégageait quelque chose que j’adirais secrètement. Son courage sans doute… Puisqu’au vu de son dossier médical, elle avait en effet dû surmonter bien des obstacles. Une touche de frénésie qui pu se lire dans mes prunelles l’espace de quelques secondes peut-être, avant que je ne retrouve un visage de marbre. Ce n’était pas juste. Pas juste que cela se termine ainsi pour elle.. D’ordinaire, je n’éprouve pas vraiment de ressentis face à la mort d’autrui. Une certaine forme de déception bien sûr, mais pas au point de m’en rendre malade. Allez savoir pourquoi là, tout d’suite, je partageais avec elle toute sa souffrance, aussi bien physique que mentale. Une torture… Et je réalisais à peine ce qu’il se passait, ce que j’avais pris comme décision, et ce qui allait fatalement arriver d’ici quelques dizaines de minutes tout au plus. Je ne doutais pas un instant qu’elle devait être une mère d’exception : les regards échangés avec ses deux petites filles à l’hôpital, je m’en souviens encore, et j’en avais le cœur broyé. Puissent-elles un jour connaître leur mère, et l’admirer tout comme j’admire la mienne aujourd’hui. Mais je sais qu’elle est là, quelque part sur ces petites étoiles, à veiller sur notre famille. Elle a toujours été présente, mais je regrette de ne plus pouvoir la serrer contre moi, et entendre ses ‘’boum boum’’ contre mon oreille d’enfant. « Racontez-moi vos plus beaux souvenirs, vos plus grandes fiertés. » Étrangement, je me surprenais à lui sourire. Au creux de mes mains, je serrais ses poignets, surveillant ainsi l’évolution de son pouls. La question posée était sans doute assez mal placée j’imagine, mais j’étais désireux d’en connaître davantage sur sa vie. Et il était hors de question qu’elle parte en ayant en tête ces images sanglantes et horrifiques.. L’avantage de la seringue : elle soulage la douleur, et apaise l’esprit. Désormais, c’était à elle de jouer, à moi d’écouter, et ainsi peut-être parvenir à cerner qui est cette jeune femme qui a combattu jusqu’au bout, au creux de mes bras. Le visage incliné près du sien, je captais son regard, une once de bienveillance traînant dans mes prunelles. « En échange, je vous raconterai les miens si vous voulez. » So if I were you, I'd have a little trust ♪
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Swan Cartwright-Hansen
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MessageSujet: Re: ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah  ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah EmptyDim 18 Mar - 17:02


tout au fond de moi, la voix s'éloigne et me quitte
« What started as a whisper, slowly turned into a scream. Searching for an answer, where the question is unseen. I don't know where you came from, and I dont know where you've gone. Old friends become old strangers, between darkness and the dawn. Amen omen, will I see your face again ? Amen omen, can I find a place within, to live my life without you ? I still hear you saying, all of life is chance. » noah, and esthell. you don't know how lovely you are. ben harper.

mon esprit ne résonne plus de ce sempiternel « si tu savais .. » mon coeur explose en un cri : je sais !
Sous le poids de la douleur, l'ensemble de mes membres restaient paralysés, dont le froid mordant de la nuit hérissait les poils de ma chair. Il ne se passait pas une seule seconde sans que l'inspiration d'oxygène pénétrant dans mes poumons déchirés ne séquestre ma lente respiration. Milles petites étincelles éclairent le ciel funèbre, ce soir-là. Des étoiles dont les éclairs faisaient gronder le vent. Je m'endormais tristement, accablée par la souffrance enfoncée dans ma poitrine. Mes bras ne me répondaient plus. De la force, je n'en avais pas. Tout au fond de moi, je suppliais les petits oiseaux blancs, aux ailes gigantesques, de descendre de ce ciel obscure, et venir m'emmener vers la pureté du paradis. Tout allait se terminer ici. Une existence, trop longue, au souffle coupé. Les fragments de mon coeur crépitant autour de moi. Je le sens mourir à l'intérieur de moi. Chacun de ses mouvements se font lasses, résonnant lourdement contre mes tempes brûlantes. Au creux de ses bras, je ne lutte plus. A quoi bon ? C'est une fin de plus, la plus belle des fin. Une fin majestueuse, aux volets de la vie fermés à jamais. Les portails dorés du paradis s'ouvrent délicieusement dans mes pensées. Pleine de lumière, je la vois, au travers des échos des vagues échoués sur la mer. Une grande maison, avec ses contrevents en bois anciens, où se trouvent à ses pieds, des fleurs aux milles couleurs d'amour. Un jolie parfum d'éternité. Une nouvelle fois, mon coeur s'essouffle douloureusement, perçants mes veines et mes artères. Du sang, du sang d'un rouge pourpre inondait mes vêtements sales. J'en avais partout autour de moi. Dans la paume de mes mains écorchées, sur le tissu bleuâtre de mon pantalon, le long de mes joues creuses et affamées. Odeur de brûlé, de pneus décapités. « Ce n’est ni vous, ni moi qui décidons de ça, c’est l’autre guignol en haut. Alors non, je ne vous laisserai pas mourir sans rien faire. » murmurait-il doucement, le regard porté ailleurs, où je ne saurai le voir. Mon crâne restait figé sur ses genoux, mes deux yeux bleus foncés grands ouverts, contemplant l'éclat des petits funambules dans l'air nocturne. Des perles chaudes s'écoulaient lamentablement le long de mes joues ternes. Mon regard perdant toute son intensité d'antan. Vide de toutes émotions, et souffrances existantes. Ma conscience vagabondait dans tous les sens, ne sachant de quelle manière se débarrasser de ce délire troublant. Qu'il me laisse bordel, qu'il me laisse tranquille, pensais-je tristement. J'appréciais cette sensation de perdition, cette souffrance intense que mon corps éprouvait. Ce n'était que la simple image d'un être humain, ayant vécue sa longue vie sur Terre, et qui s'apprêtait doucement à rendre l'âme. L'impassible satisfaction, d'une silhouette fragile qui s'efface. Le venin terrible de la mort, incrusté désormais dans mes veines impuissantes. Les nuages couleur gris cendre, faisaient leurs courses habituelles, restant sur place comme d'immenses cadavres oubliés, à pourrir le ciel de leurs âmes vagabondes. La couleur du sang, dans la brume de la nuit. « Et vos filles ? Vous avez pensé à vos filles ? Quelle mère peut abandonner ses enfants. » poursuivait-il, les mains tremblantes, sans que je ne daigne une nouvelle fois répondre. Mes pensées se souvenaient du petit ange à l'espoir permanent, aux iris de princesse des mers. Max. Je tremblais, suffoquant sous les convulsions qui agitait mon corps tout entier. Max. Ma petite princesse, au coeur plein de tendresse. Et, je revoyais sa petite tête blonde, parcourir un pas devant l'autre notre appartement, ses deux peluches dans chaque main. Elle avait pris l'habitude de les laisser trainer contre le sol, leurs petites pattes de plumes artificiels bousculés de toute part. Une manière de les garder toujours avec elle. Ce sourire immortel contre ses petites lèvres roses d'enfant. Et, ce rituel fantastique, qu'elle exerçait avec sa petite soeur. Chatouille sur le nez, et la paume de sa chair fragile. Bébé, je t'aime bébé, qu'elle répétait toujours, dans son langage enfantin. Je m'étais imaginé ce que j'allais vivre avec elles. Cet avenir à l'horizon paisible et sans l'ombre d'une tragédie éventuel. Je les voyais, toutes les deux, main dans la main, parcourant le chemin de l'école, l'une avec ses deux fameuses peluches abimées par le temps et le passé, l'autre avec la chaine d'argent autour de son cou, où reposait les deux anneaux de ses parents. Je les voyais se bagarrer dans un magasin de vêtement, me suppliant pour acheter à l'une, et refuser à l'autre. Et puis, elles, toujours ensembles, le mélange de leurs prunelles azures et émeraudes se rassemblant à la perfection. Devenir femme, devenir grande. Tant d'images irréels, que je ne verrai jamais. Je ne les abandonnais pas. Je me refusais à l'admettre. Je serai toujours là, avec elles, en elles, n'importe où. Maman saurait prendre soin d'elle, j'en étais convaincu. Son visage surpris, plein de joie, à la vue de ses deux petites filles, dans le couloir de sa vieille maison. Je l'avais pardonné pour ses erreurs de jeunesse, lui accordant une seconde chance, avec mes propres enfants. Prends soin d'elle, maman. « Je ne les abandonne pas. Je serai toujours là, quelque part, au fond de leurs coeurs, au fond de leurs regards... Je vivrai ainsi, je vivrai encore. » susurrais-je difficilement. J'avais froid, terriblement froid. Le tissu de mes vêtements étaient imbibés de sang, du rouge partout sur ma peau. Et ses gouttes se liquéfiaient, à en devenir glaciale contre ma chair. Un sang fluide, pulsant dans mes artères explosés. J'étais essoufflée, par cet amas de verre, venu se jucher dans ma poitrine. S'accentuant, la douleur se propageait dans les extrémités de mon corps, faisant frémisser le bout de mes doigts. Bordel. Noyée. J'allais sans doute l'être, engloutie par le liquide de mon propre sang, dont l'intensité de son ruissellement s'amplifiait à chaque seconde écoulée. Mon coeur cédait inlassablement. Je sentais une douleur soudaine, irradiant chaque parcelle de ma cage thoracique, au bord de l'épuisement. Alors, j'attendais là, les paupières closes, malade de la vie, qu'il vienne me chercher, descendant de son paradis. Mon triste amour.

« D’ici quelques minutes, vous ne sentirez plus la douleur.. Et… Quand le moment sera venu, vous n’aurez qu’à me le dire, et je retirai ce morceau de verre de votre poitrine. Vous vous endormirez. » Un instant, je sentais l'infime petite aiguille contre ma peau, transperçant mes pores. Le visage embuée de larmes, des gouttes salées de pluie vinrent s'abattre sur mes paupières toujours fermées. Attendant de pouvoir soulager mon coeur, et m'endormir définitivement pour rejoindre le monde des anges. Je n'arrivais pas à apercevoir son visage, mais je sentais son angoisse grandissante. L'homme avait une voix que la peur modifiait. Il plantait son engin dans ma chair. Délicieux venin de soulagement, infiltré dans mes veines éclatées. Pour atteindre mon coeur brisé. Dans cette atmosphère ténébreuse, je m'appuyais délicatement sur mes os cassés, de sorte que je puisse au moins distinguer une nouvelle fois l'éclat de ses yeux. En vain. Résignée, je restais inerte, presque déjà morte. La peau glacée par les bourrasques de vent. Les lèvres imprégnées du rouge clair de mon sang. Le souffle coupé, le souffle martyre. Du trou béant entrouvert au beau milieu de ma poitrine. Tout les deux, nous restions assis, mon visage déposé sur ses genoux. Admirant les petites étoiles scintillantes dans le ciel noir, aussi noire que la mort. Silence. Ce lourd silence, séparant nos deux âmes bafouées. « Racontez-moi vos plus beaux souvenirs, vos plus grandes fiertés. » proposait le jeune homme calmement. A cet instant, je ne me préoccupais plus de mes foutues douleurs dans la poitrine. Je ne les sentais plus. Je ne ressentais plus rien du tout. Il ne restait plus que ma conscience , encore vivante dans mon esprit. Des brimes de dernières pensées. Lui, nous. Max. Lou. Cette vie, que j'ai tant de fois détestée, tant de fois méprisée. Elle allait sans équivoque, me quitter. Pour toujours, et à jamais. Relevant difficilement le visage en sa direction, je croisais son regard, de jeune enfant perdu. Il me semblait l'être, étrangement. J'aurai presque cru être ce petit gamin, apeuré de tout. Peut-être étions-nous semblables. Ou bien, était-ce mon esprit qui commençait à vaciller. Tout deux, nous nous regardions, sans un mot. Tremblant de ce monde qui nous entourent. Pleurant de cette mort certaine, cette mort voulue. Et puis, mes deux yeux se sont déposés vers la silhouette de la Lune, ce petit organe blanc, éclairant la ville californienne, de son étreinte maternelle. « En échange, je vous raconterai les miens si vous voulez. » continuait-il, d'un air plus serein désormais. Affectueusement, je me contentais de tenir sa main, bien assez fort comme pour me persuader de ne pas être encore morte. Mon envolée vers l'amour, mon envolée vers l'éternité à ses côtés. Des fragments de souvenirs hurlaient dans mes entrailles. Le regard fixé sur la blancheur précieuse de la Lune, je m'engageais dans un récit, crispée encore entre mon ventricule gauche, et mon ventricule droit. Ce petit coeur, perdu, depuis toujours. « Je n'ai pas accomplie grand chose dans ma vie, qui soit digne d'être raconter. Je ne suis d'ailleurs pas très fière de ce que j'ai pu faire. Mais s'il y a bien une chose que je ne cesserai jamais d'aimer, c'est l'écriture. Lorsque j'étais petite, j'écrivais. Beaucoup. Des maux sur des mots. Un temps, je parvenais à fuir ce qui me tuais lentement. La réalité. Je n'étais pas comme les petites filles de mon âge, obnubilée par les petites robes à volants haute couture. J'étais seule, souffrant de l'absence de mes parents. J'ai grandie ainsi, une partie du coeur envolée. Et puis, dans la lueur pâle d'un soir d'automne, je l'ai rencontré. Vous savez.. l'amour.. Benjamin. C'était son prénom. Un ange, un vrai qu'il était. » lui narrais-je lentement, une main déposée contre le tissu humide, entourant ma poitrine. Nonchalamment, je guettais d'un regard les gouttes de sang dans la paume de ma main. La pluie pourtant tenace ne parvenait à effacer le liquide rouge, collée à mes membres glacés. Frôlant les cicatrices du passé, je lui racontais intensément chaque parcelle de mon existence. Les joies, mêlées à mes plus grandes peines. L'enfance. Mon enfant à moi. Sur les hauteurs californiennes, les fleurs de jasmin touchant mes petites narines. La saveur printanière, des thés de grand-mère, sur le balcon de sa demeure. Et les vacheries de grand-père, avec sa pipe légendaire coincée entre ses deux lèvres. Cette enfance tantôt joyeuse, tantôt rêveuse. Rythmée par les larmes d'une petite fille déboussolée, sans les bras de ses géniteurs pour se reposer. Et, ce coeur déjà abimé, par les moqueries quotidiennes de ses camarades de classe. Une enfant torturée, malmenée par la vie. Qui a grandie, avec ses cicatrices entrouvertes, et encore fragiles. Un délicieux sourire que la Terre a avalée, sous les couches de ses plus grands soupires. « Je ne me souviens plus de cette fillette là, aux collants blancs, et à la robe rouge dorée. Cette fillette, rêveuse, amoureuse de tout, mordant les malheurs du monde. Elle est tout simplement partie, et n'est jamais revenue. » ajoutais-je d'un air nostalgique et profondément abattue, l'intensité de ma voix bien assez faible pour être entendue. Je m'enfermais dans cet univers merveilleux, les éclats de rire d'enfants dans mes tympans. J'aurai voulu redevenir cette fille là, heureuse d'un rien, sautant à grandes volées avec les ailes du bonheur pour m'accompagner. A l'heure actuelle, je n'étais plus rien, absolument rien. Juste l'épave d'un corps, avachie sur un pauvre inconnu. Je lui racontais ma vie lamentablement, comme une grande idiote sans nom. Une tâche intense, et profondément douloureuse. Bien plus que n'importe quel autre blessure physique. Bien pire qu'un morceau de verre, plantée dans le coin de mon coeur. « Certains sont heureux toutes leurs vies, moi, je l'ai été une poignée de mois, longs comme des années. Des jours entiers à l'aimer, du lever du jour, jusqu'au coucher du soleil. Je n'ai jamais cessé de le faire. Il m'a appris à être moi-même, et à devenir mère. Je me suis longuement battues pour elles, et je sais qu'elles seront heureuses malgré tout. Alors voilà, c'est tout ce que j'ai réussie dans ma vie. Mais vous savez, je trouve que c'est déjà pas mal. » prononçais-je, un poil amusée. Un léger sourire imperceptible s'était formée le long de mes lèvres frissonnantes. Je l'avais regardé, avec ce visage là dont la nostalgie avait remplacé la souffrance. Ce visage de petite fillette, à la robe rouge, et au sourire bouleversant. Aussitôt effacé par le souffle de la mort, rodant à leurs côtés.


Svetlana a des larmes dans les yeux, de celles qui lavent, qui font du bien et raniment un regard que l’on croyait éteint pour toujours. guillaume musso.
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MessageSujet: Re: ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah  ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah EmptyMer 28 Mar - 21:27

sleep, don't weep
dors. ne pleure pas, mon bel amour. ton visage, il est tout mouillé. et ta journée était dure. alors fait ce que tu dois faire pour te trouver. porter n'importe quelle chaussure, peindre mon étagère. il y a des moments où je n'en pouvais plus quand tu étais debout et forte. je crois que j'ai trouvé un endroit où je... dors.

Le temps file à une vitesse incroyable. Il y a quelques années à peine, je n’étais qu’un petit garçon, souriant au creux des bras de sa mère. Je me souviens encore de la chaleur de ses mains posées contre mes joues roses. Le soleil d’Italie réchauffait nos cœurs et enveloppait notre vie d’un voile de quiétude. Et puis Nessa est arrivée, quand maman est partie. Bien que son départ n’ait pas été une chose facile à vivre pour un enfant de quatre ans, je me suis accroché à ce petit bout de femme hyperactif qu’elle nous avait offert avant son départ. Un cadeau du ciel. Et aujourd’hui, je ne pense pas exagérer en affirmant que ma sœur est la plus précieuse chose que je possède. Loin du corps, mais près du cœur. Elle veille sur moi, je veille sur elle. Nos mains toujours liées, cherchant de temps en temps à nous taquiner. Il n’est d’ailleurs pas rare que les gens nous prennent pour des jumeaux vu notre ressemblance physique et nos caractères communs. Et puis les années passent, on les voit à peine défiler, c’est dingue. On claque des doigts, on se retrouve adolescent, interné dans un dortoir pour garçons. Reclaquement de doigts ; voyage en Afrique, au milieu des villages défavorisés. Nouveau claquement ; et c’est ainsi que je suis devenu adulte. Vingt-quatre ans et interne en médecine. Quel magnifique roman pour une existence à peine entamée. Un vécu de courte durée, mais qui m’aura au moins déjà prouvé une chose : la vie est sans pitié quel que soit le pays que l’on explore. Malgré cela, je ne regrette rien, et j’attends avec impatience le lendemain. « Je n'ai pas accomplie grand chose dans ma vie, qui soit digne d'être raconter. Je ne suis d'ailleurs pas très fière de ce que j'ai pu faire. Mais s'il y a bien une chose que je ne cesserai jamais d'aimer, c'est l'écriture. Lorsque j'étais petite, j'écrivais. […] Et puis, dans la lueur pâle d'un soir d'automne, je l'ai rencontré. Vous savez.. l'amour.. Benjamin. C'était son prénom. Un ange, un vrai qu'il était. » D’une oreille attentive, j’écoutais sa faible voix percer le silence pénible de la nuit. Les yeux posés quelque part sur le tableau qui se dessinait au dessus de nos têtes. J’eu un faible sourire triste à son égard. Nous devions nous connaître depuis une petite demi-heure à peine, et allez savoir pourquoi j’éprouvais une sympathie indescriptible à son égard. Du moins, était-ce réellement de la sympathie ? Ou simplement de la pitié… ? J’ai les pensées qui vacillent. Les émotions sont les pires ennemis d’un médecin. Aimer, c’est souffrir. J’imagine que j’allais en faire là la douloureuse expérience. L’image de son défunt compagnon me revenait à l’esprit et une ombre flottait près de nous, je fermais les yeux. Non pas maintenant. Au diable ces visions d’horreur. Maladie incurable qui empoisonne mon cerveau. Il n’est rien de plus difficile que de revoir son échec réapparaître comme un fantôme. Bien que soigner et redonner la vie soit la plus belle chose que je puisse accomplir, exercer ce domaine n’était pas sans conséquence pour quelqu’un comme moi. Satanée schizophrénie, va t’en, et laisse moi vivre. Sans prononcer le moindre mot, je soupirais un coup en reportant mon attention sur elle. Une nouvelle fois, elle s’exprimait d’une voix calme. Intonations douces, mais où l’on pouvait y déceler une lourde souffrance.. « Certains sont heureux toutes leurs vies, moi, je l'ai été une poignée de mois, longs comme des années. Des jours entiers à l'aimer, du lever du jour, jusqu'au coucher du soleil. Je n'ai jamais cessé de le faire. Il m'a appris à être moi-même, et à devenir mère. Je me suis longuement battues pour elles, et je sais qu'elles seront heureuses malgré tout. Alors voilà, c'est tout ce que j'ai réussie dans ma vie. Mais vous savez, je trouve que c'est déjà pas mal. » C'est déjà pas mal... Nouveau sourire qui se forme le long de mes lèvres. J’esquisse un air amusé tout en surveillant attentivement son pouls. Petit cœur qui bat, et bat encore… Pour combien de minutes ? Je ne saurais le dire. Quelle tragique soirée. Sous le poids de la culpabilité, j’essayais tant bien que mal de ne rien laisser paraître. Ces derniers instants à vivre étaient les plus importants, mieux valait-il que j’accuse en silence le coup, et porte ce fardeau sur mes épaules. Le hasard fait bien les choses. Il s’est éteint sous mes yeux, et elle allait à son tour inspirer son ultime brise d’air dans mes bras. Un couple, une paire de cœurs que même la mort ne saurait séparer. L’instinct de survie veut qu’on fasse tout ce qui est en notre pouvoir pour continuer à vivre… Et pourtant, elle venait de me prouver le contraire en tentant de se jeter du haut de ce pont. C’est dingue, j’étais loin de m’imaginer qu’il existait des sentiments aussi forts que ceux-ci… Quoiqu’à bien y réfléchir, je mourrais pour ma sœur. Mais j’imagine que là encore, ce n’était pas la même chose. « C’est une belle histoire, je vous envie. » murmurais-je à voix basse. Et c’était vrai. Dans un certain sens, j’aspirais plus que tout à connaître les joies d’un amour sincère, mais on ne peut pas vraiment dire que j’ai été particulièrement chanceux jusqu’ici. L’avenir m’est incertain, et je ne suis pas sûr de pouvoir un jour connaître le bonheur d’être père. Qui sait, d’ici là peut-être aurais-je été interné en prison pour un acte que je n’aurais su contrôler ? Mais je vis avec cette douce illusion, cet espoir contingent. C’est peut-être au fond ce qui me fait tenir debout aujourd’hui. J’aime ma vie, mais je ne pense pas encore avoir eu le droit d’y goûter suffisamment pour dire que la mienne est parfaite. Alors j’attends. « Une vie n’a pas besoin d’être longue, ou bourrée de milles et une aventures pour être belle. L’essentiel, c’est de n’avoir aucun regret, et être heureux de ce que l’on a pu accomplir. En l’occurrence dans votre cas, vous pouvez l’être. Vos filles sauront quelle magnifique mère vous avez été, et je suis certain qu’elles en seront fières. » Deux petits trésors dont je garde le sourire en mémoire. Deux têtes blondes, qui respirent chaque seconde d’une manière on ne peut plus joviale. Leur famille était petite, brisée, comme l’a autrefois été la mienne. Et malgré cela elles tenaient bon. Les yeux rivés vers deux petites perles bleues, j’admirais secrètement toute l’émotion qui se lisait à travers ses prunelles. Un océan d’amour à l’égard de ses protégées, une passion sans limite pour son amour perdu, et une étrange ténacité, mais plus ferme que n’importe quel autre homme. « Aimer et l’être en retour, je ne pense pas qu’il y ait de chose plus importante que ça. » Ainsi tomba la pluie, ponctuant ma phrase.

Un délicieux calme s’était installé. Au dessus de nos têtes, la lune nous éclairait d’une pâle lueur alors qu’une fine pluie s’abattait contre nos peaux. Nos regards se cherchaient en silence, et je tâchais tant bien que mal de soutenir le sien. Elle avait le même bleu, la même passion au fond des yeux… J’avais l’impression d’être revenu vingt ans en arrière et voir s’échapper la vie de ma propre mère entre mes mains. L’œil attentif à son égard, les doigts posés contre l’une de ses veines, j’écoutais d’une oreille le bourdonnant silence environnant. Mon esprit vagabondait, resongeant à mille et une choses en même temps. Je me souviens de cette soirée-là, où dans l’ambulance, je m’occupais de celui qui avait été son compagnon. Je n’ai plus son visage en mémoire, mais je me souviens de sa voix, de ses yeux –l’émeraude semblable à celui de sa petite fille à bien y penser-. Une soirée de deuil pour une famille décomposée.. « Avant qu’il ne parte, il a prononcé votre nom. » susurrais-je dans un souffle à peine audible. J’avais sa main au creux de la mienne que je serrais doucement. Prunelles rivées sur l’épave de la voiture, les souvenirs défilaient devant mes yeux. Il avait hurlé le prénom d’une jeune femme, peu de temps avant d’arriver à l’hôpital.. Un prénom, sept lettres. Ca y est, je me souvenais… « Esthell, c’est ça ? » Esthell Greenden. Etudiante Sigma à l’université de Berkeley. Quelle douce ironie : nous aurions pu nous croiser dans les couloirs.. mais non, il avait fallu que l’on se rencontre dans des circonstances tragiques. Je poussais un soupire tout en étouffant le grognement qui menaçait de m’échapper. Les dès avaient été jetés de toute manière, alors il ne servait à rien d’en faire toute une histoire. Mais je trouvais tout ça d’une injustice effroyable. Une main posée contre mon front, je replaçais quelques mèches humides venant couvrir ma vue. La pluie s’était désormais apaisée, et seules quelques infimes gouttelettes continuaient de tomber. « Les femmes ont toujours des parapluies sur elles, pourquoi y-a-t-il fallu que je tombe sur la seule qui n’ai pas pris la peine d’en apporter un. » Petite touche d’humour pour un instant qui était tout sauf amusant. Oui, j’étais nul pour faire acte de plaisanterie dans des moments comme ceux-ci. Mais la scène me mettait mal à l’aise. Au beau milieu d’un pont, nous restions là, installés l’un contre l’autre, à attendre que la mort vienne la chercher… Plutôt morbide comme représentation. Inspectant très brièvement les alentours, je tâchais tant bien que mal d’identité le lieu où nous nous trouvions. Ce pont-là n’était-il pas à quelques minutes à pieds de la plage ? Dans l’obscurité il était assez difficile de distinguer quoi que ce soit, mais l’odeur du sable et de l’écume ne trompait pas. Parfait. Tout doucement, je tâchais de me relever sans la secouer. Un bras sous son dos, un autre sous ses genoux, je la soulevais ainsi précautionneusement non sans masquer le sourire de gamin qui marquait désormais mon visage. « Par contre, je sais pas vous, mais j’suis pas fan de l’odeur d’essence, ça pique le nez. On va aller faire un tour, ok ? » Gaga de la plage ? Je l’étais. J’adore plus que tout cet endroit, et dans le fond, j’avais presque envie de dire : ‘’c’est le lieu rêver pour mourir’’. Sa tête reposant contre mon épaule, je m’avançais lentement et pas à pas. Une couverture avait beau l’envelopper, et la morphine faire effet, j’imaginais que le froid devait paralyser ses membres un à un. Un fait particulièrement désagréable, contre lequel je ne pouvais pas vraiment faire grand-chose si ce n’est la serrer contre moi. Nous quittions le pont, et sans le moindre mot, je m’aventurais désormais à travers quelques allées sinueuses… Nous sommes restés ainsi une petite dizaine de minutes, à marcher, explorer, écouter, pour finalement arriver au bord d’une toute petite plage. Déserte et dégagée, l’endroit était tranquille et beau. Pas un chat à l’horizon, et on pouvait apercevoir le pont que nous venions de quitter. Vision d’horreur vite dégagée par le murmure des vagues. J’inspirais une bouffée d’air, jovial, en reposant mon attention sur le petit corps que je tenais contre moi. « Quand j’étais tout jeune, je me baladais sur les bords de plage avec ma mère. Elle avait exactement les mêmes yeux que vous.. -d’ailleurs, je croyais à l’époque que c’était parce qu’elle avait trop regardé le ciel qu’ils étaient devenus aussi bleus-. Elle me manque beaucoup, et parfois je me surprends même à lui écrire des lettres que je balance à la mer. Un peu utopique, mais ça me soulage. Comme quoi, on a tous nos petits trucs à nous quand on pense à ceux qui nous ont quittés. » Nostalgie d’un passé durant lequel j’avais écoulé les plus belles années de mon existence. Nous voilà désormais assis, au beau milieu du sable, et l’écume des vagues se dessinant à quelques pas à peine devant nous. Son dos reposait contre mon buste, et je détaillais sans un mot le morceau de verre posé contre sa poitrine. Sale blessure qui continuait de saigner… L’essentiel au moins, c’était qu’elle ne puisse rien ressentir. Pourvu que cela dur. J’amenais une main se poser contre son front histoire de surveiller sa température, alors qu’à voix basse je reprenais la parole en un sourire : « Ca va ? » Le souci perlait dans mes mots, mais qu’importe. Ce soir, je n’étais pas vraiment l’élève de médecine… J’étais simplement le témoin d’une nouvelle union entre la mort et sa victime.
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Swan Cartwright-Hansen
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MessageSujet: Re: ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah  ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah EmptySam 31 Mar - 10:53

on cold winds, she's coming : the ice queen. tuer, noyer dans ses mots que l'on raconte aux enfants. mourir comme tous les autres, au fond d'un trou, lessivée, abimée. vêtue tout de noir, dans un cercueil creusé loin dans le néant. bousiller sa stupide vie, cette épave, dans un fond de bouteille. la lune éclatée m'observant soucieuse. laissez-moi, juste une fois, y croire une infime seconde. croire qu'un bout de mon être pourrait être invincible, sans peur ni malheur. être une âme aussi forte et froide que la roche, et ne ressentir plus aucun sentiment. parvenir, ne serait-ce qu'une seule fois, à retenir mes larmes sans exploser de douleur à l'intérieur. vivre morte, le long des plages californiennes. ne plus souffrir de cette immense blessure, qui nous fait passer l'envie d'aimer la vie. esthell k.greenden in rp.flash back : february 2009. elle était tout ce qu'il y a de plus normal, à une exception près : elle avait enfin trouvé quelqu'un à qui donner son cœur. noel, light will guide you home, and ignite your bones.♥

mon coeur n'est plus comme avant, car il s'endort tout doucement.
Les larmes glacées de ce ciel grincheux continuaient de se déverser le long de mes bras nus, écorchés par des éclats de verres imperceptibles. La rougeur pure de mon sang venait recouvrir ma chair toujours autant trempée, à travers ce monde voilé d'une toile noire et funèbre. Des spasmes secouaient le bout de mes doigts, mordus par le froid et la douleur. La peau glacée, le sang chaud coulant sur mes vêtements déchirés, pulsant le milieu de mon organe vital aux lents battements bestiales. Au coin de mon oreille gauche, je sentais un souffle chaud caressé ma peau. Un infime rictus posé au coin des lèvres. Tandis que mes poumons recrachaient inlassablement des particules toxiques, colorées d'un sang rosée morbide, mon esprit lui, divaguait dans l'immense espace de mes souvenirs. La démence machiavélique venait d'emprisonner les neurones de mon cerveau, lui infligeant les fantômes de mon passé. Ombre sur ombre, mal sur mal. Le choc crânien de l'accident n'avait épargné aucun organe de mon corps, irrévocablement vaincu ce soir. Glacé, engourdis. Il ne bougeait plus, anesthésié par la souffrance infernale de ces bouts de chairs de l'intérieur, se bousculant comme des bêtes sauvages, déchirant leurs points de sutures. Dépouillés les uns sur les autres, au plein milieu de ma poitrine, résidait un corps étranger mortel, qui endiguait chaque pulsations de mon coeur, de tel sorte qu'il cesse définitivement de battre. Dans les labyrinthes introuvables de ma mémoire, mon subconscient perdait toute raison, mélangeant chaque brimes de pensées les uns au dessus des autres. Troublante était-ce cette sensation. La beauté d'un univers irréel, déniché dans mes rêves utopiques. Une ligne lumineuse traversait mon champ de vision, éblouissant mes deux grands yeux bleus, au plus profond de leurs rétines respectives. Des bourrasques de vent venaient gifler mon visage humide, encore extirpé des ailes protectrices du paradis. Et, d'un battement, mon coeur démarrait calmement, reprendre le cours de son chemin. J'ai encore besoin de toi mon Ange. L'intonation de sa voix bouleversait le rythme de mes tympans recouverts par la crasse des débris. Dans une danse majestueuse, mon coeur dansait, marquant ses pas rapidement, entamant une course sans fin, où l'issue était inconnue. Un déluge de gouttes d'eau coulaient sur mes joues. Et pourtant, je le sentais là, tout près de moi. Comme sur cette plage, notre plage, où j'ai voulu perdre la vie. Et où il a sauvé la mienne. Les yeux clos, j'assistais, impuissante, à ce douloureux spectacle, mon cerveau jouant dans le monde d'hallucinations extravagantes. Embrasse-moi. Criait mon coeur au sien ce soir-là, où l'âme des anges n'était pas venu recueillir la mienne, toujours en peine. Petite fleur fanée, au bord du rivage, emportée par l'océan de ses larmes. Je me souviens de ce soir-là, où lorsque nos deux visages étaient martelés par une averse éternelle, nos coeurs en fête s'étaient retrouvés. Sans songer une seule seconde à la terrible épreuve, qui sonnerait notre ultime fin. Viens, on a décroché la Lune. Perdue dans cet univers entre le réel et l'impossible, entre le souvenir et l'oubli, j'en concluais alors une chose, pure et simple. Jamais je n'ai jamais été aussi prête de Lui. Jamais, je n'ai touché de si près ce monde aux milles fleurs de printemps, et à la maison au bord de la mer, au travers des cris de nos petits enfants. Ce monde que l'on appelle paradis, pour les belles âmes sans vies. Oui. Je le sentais vraiment cette fois. Je n'avais plus mal, la douleur physique s'était propagée sous mes pores arrachées par des blessures aux lourdes gouttes sanglantes. Ainsi, toute souffrance était capturée par la folie grandissante de mon esprit, valsant dans les profondeurs de mes souvenirs. Dès à présent, sous cet clair de lune, et jusqu'à la fin des temps. Je serais là. Et, j'étais là. Comme cette nuit d'octobre, encerclé dans la chaleur de ses bras. Là, dans les bras d'un pauvre inconnu, mourante le crâne ajusté sur ses genoux. Là, sous un clair de lune, dont l'ombre illumine nos deux silhouettes plongées dans l'obscurité. Un instant, ma conscience retrouve la raison, délivrée de ses songes d'antan. « C’est une belle histoire, je vous envie [...] Une vie n’a pas besoin d’être longue, ou bourrée de milles et une aventures pour être belle. L’essentiel, c’est de n’avoir aucun regret, et être heureux de ce que l’on a pu accomplir. En l’occurrence dans votre cas, vous pouvez l’être. Vos filles sauront quelle magnifique mère vous avez été, et je suis certain qu’elles en seront fières. » chuchotait-il solennellement, avec une délicatesse inouïe. Des fragments de paroles me parvenaient, et je réussissais tant bien que mal à les déchiffrer. Sans un effort, ils me décrochaient un léger sourire, un simple geste d'approbation, lorsque la voix et le coeur ne peut s'exprimer. Cette montée de jouissance, même infime et extrêmement courte, réchauffait mon petit corps paralysée par le froid et la douleur. Pour la première fois depuis longtemps, je réalisais à quel point ces deux dernières années de ma vie avaient été, certes les plus éprouvantes, mais également, et surtout, les plus belles que je n'ai jamais vécue. Que devrais-je me dire, après ces années d'enfances, plongée dans les abysses d'un lac géant, récoltant mes peines, après ces années d'errances permanentes, sombrant dans les fonds de bouteilles vides des placards, et les poudres blanches des drogues dures, à gerber dans les jardins des propriétés privées, et à dormir le cul sur l'herbe fraiche jusqu'à l'aube. Incontestablement, il avait raison. C'était une belle histoire. Non pas une, que l'on retrouve récité sur mes papiers d'écrits dans le fond de ma poche de pantalon. Ni une semblable à une autre, dans un film d'amour. Cette histoire, c'était la notre. Celle d'un jeune garçon, à la Oliver Twist, et d'une petite Cendrillon brisée, attendant le retour de sa deuxième chaussure égarée, ce bout de coeur à jamais crevé par la solitude et la honte. Celle d'Esthell, et Benjamin. Une belle histoire, que seuls nous même avions su construire, et détruire à maintes reprises. Il m'est bien également le dénouement finale, ce qui importe réellement, c'est bien cet amour, qui a su nous unir. Nous nous sommes aimés. Et nous nous aimerons toujours. Je le sais, parce qu'il est là. Présent, à l'endroit même où je serai bientôt. Oui, il m'attends, dans ce petit coin de paradis ensoleillé, assis sur les marches de notre demeure, à admirer l'horizon. Il aimerait me toucher, mais il ne peut pas. Parce que je ne suis fais pas encore partie de son monde, et il ne fait plus partie du mien. Je vais te rejoindre mon amour, je serai là, sous cet clair de lune. Pour continuer à vivre en dehors de la vie, en dehors de ce monde de souffrance, ce que fut notre belle histoire. « Aimer et l’être en retour, je ne pense pas qu’il y ait de chose plus importante que ça. » A ces paroles, mes paupières se fermèrent, le coeur léger, le coeur ouvert. Saignant toujours, mais saignant d'amour.

Délicatement, il s'empara de l'épave de mon corps cadenassé, prenant soin de ne pas faire un seul geste brusque. Il savait sans doute que cela aurait pu m'être fatale. Je ne demandais pas encore à vivre bien longtemps, quelques minutes peut-être. D'un air enjoué, il m'emmenait avec lui dans une démarche lente et parfaitement réfléchie. Il semblait savoir ce qu'il faisait, alors je me suis tus, contemplant l'éclat des petites étincelles à travers les couches de nuages dans le ciel. Nous parcourions les avenues calmes de la ville endormie, l'ombre de ses pas éclairé par les réverbères bordant les trottoirs inanimés. Nous creusions notre monde sur notre chemin. Un chemin menant à la mort, la mienne. Je le sentais, trépasser au plus profond de moi, attendant l'instant le plus opportun pour arracher mon dernier soupire. Au loin, je distinguais déjà l'écho des vagues s'abattant violemment sur le sable mouillé. Après l'enfer, l'éden, la destruction ultime, et la pénitence éternelle, j'osais désormais le dire : j'allai mourir. Et, même si jusqu'à présent, m'enfoncer une aiguille mortelle dans ma chair bouffée par les excès d'une jeunesse dévorante, être avaler par la gueule des vagues océaniques, et tant d'autres tentatives n'avaient pas réussis à m'arracher la vie. Ce soir, je le savais. C'en était fini. Pour de bon. Le visage meurtri dans le vide, j'inspirais l'odeur de l'océan dans mes narines, fermant les yeux, comme pour savourer ces derniers instants. Des instants où, je ne pensais plus qu'à elles. Et leurs visages de petites fillettes, endormies sur le canapé en cachemire de leur grand-mère quelques heures auparavant. Max s'était installée la première, avec ses deux peluches légendaires chacune sous l'un de ses bras. D'ailleurs, elle avait pris l'habitude de mordre l'oreille de Pilou, comme moi, à son âge. Pauvre créature. Et puis, tout proche d'elle, Lou se reposait dans son berceau rose pâle de princesse. J'étais restée longuement auprès d'elles, insistant pour les regarder dormir, une toute dernière fois. Ce fut la dernière image qui me resta d'elles. Deux petits anges, sous l'aile de ma propre mère. Le coeur débordé par l'émotion, je déglutis difficilement. Et puis, nous nous sommes assis sur une petite dune de sable fin, la fraicheur de l'eau tout proche de nos pieds nus. « Quand j’étais tout jeune, je me baladais sur les bords de plage avec ma mère. Elle avait exactement les mêmes yeux que vous.. -d’ailleurs, je croyais à l’époque que c’était parce qu’elle avait trop regardé le ciel qu’ils étaient devenus aussi bleus-. Elle me manque beaucoup, et parfois je me surprends même à lui écrire des lettres que je balance à la mer. Un peu utopique, mais ça me soulage. Comme quoi, on a tous nos petits trucs à nous quand on pense à ceux qui nous ont quittés. » Mince sourire, percé par l'une de mes lèvres. Un instant, je tentais de distinguer la pureté de ses iris. Et puis, j'ai finie par regarder les étoiles, et puis la Lune qui se cachait derrière les épais nuages, serrant sa main dans la mienne. Sur l'instant, je n'ai rien dis, laissant quelques secondes de répits à mon esprit noyé dans son propre sang. Je rêvassais de parfums de ces années lointaines, aux goûts exotiques et doucereux, à jamais résolues. Sous cette nuit de pleine lune, mon visage s'est tournée en direction du sien, une de mes mains tremblantes se déposant sur la joue de cet homme. J'arrivais à distinguer la pureté de ses yeux limpides, mais cette petite lueur au fond de ses iris ruisselait d'étincelles vagabondes magiques. Sous les astres, et l'ombre de la nuit, je me rendais subitement compte à quel point nous nous ressemblions. La couleur de ses prunelles étaient certes, plus cristalline que les miennes, mais nos âmes avaient vécues des méandres semblables, infligé par ce putain de monde aux griffes assassines. « Quand j'étais petite, je passais mes dimanches après-midi sur une petite plage tranquille avec mes parents. Il n'y avait toujours personne. Papa disait que c'était un pan de notre paradis. Je me rappelle de ces petites traces de pas inscrites sur le sable mouillé, à attendre que les vagues ne viennent les effacer et emportent avec eux, les tissus de ma robe. Je courais les pieds dans l'eau, au bord du rivage, la main de ma mère toujours encerclée dans la mienne. Je crois que c'est pour cette raison que j'aime autant cette endroit.. Il me rappelle une foule de souvenirs. J'écris moi aussi.. parce que cela semble être le seul refuge pour des âmes oubliées comme moi. On ne peut pas constamment se détacher de l'absence d'une personne qu'on aime. Alors, on cherche un moyen de rester près de cet être perdu. Continuez à lui écrire des lettres : elle ne pourra pas les lire, mais elle les entendra. Parce que ce sont des mots qui viennent de votre coeur. » prononçais-je d'une voix rauque, éraillée par le torrent sordide de sang, glissant au bord de mes lèvres. Ainsi, je fermais délicatement mes yeux, songeant à ces sensations mortelles cognant en moi. Des sillons de larmes se formaient au fond de mes yeux, tourbillonnant jusqu'à mes oreilles résignées. Je le tentais en m'agrippant aux manches de sa chemise de me relever légèrement, pour admirer la brise nocturne en face de moi. Je voulais la voir, je voulais voir ce petit bout d'océan, qui aura bercé ma vie. J'en connaissais les recoins par coeur, et savais pertinemment tout les costumes qu'elle enfilait. Les jours d'hiver, glacée par le froid. Les petits matins d'été, où la silhouette du soleil reflète sur la surface de l'eau tiède. Les soirs d'automne, où des petites gouttes de pluie viennent faire leurs danses frénétiques sur le sable mouillé. « Ça va ? » quémandait-il, la voix légèrement emplie par la peur et l’inquiétude. De ma main gauche, j'effleurais le morceau de verre, enfoncé dans ma poitrine. Il obstruait la circulation de mon sang jusqu'à mes organes, et bouffait les bouffés d'air de secours, subtilisé à mes poumons souffrants le martyre. Relevée doucement contre son buste, j'apercevais les petites vagues à mes pieds dénudés. Un sourire aux lèvres. « J'ai connu mieux.. » plaisantais-je dans un premier temps, bien que cette plaisanterie éphémère me faisait absolument souffrir. Des fragments d'éclats de verres cognant contre mon coeur, à chacun de mes gestes, serrait ma respiration. « Je veux savoir votre prénom.. Puisque vous connaissez le mien. Et.. j'aimerai vous demandez quelque chose : prenez soin de mes filles d'accord ? Je sais que vous ne me connaissez pas, mais je ne veux pas qu'elles soient seules. Je veux qu'elles sachent qu'il y aura toujours quelqu'un pour elles. Vous pourriez faire ça, pour moi.. ? » réclamais-je, en poursuivant. Je portais fermement sa main tout près de ma poitrine, les larmes aux yeux. A l'endroit même où baignait une marre de sang, gorgée par le néant. « Enlevez-moi ce.. truc de ma poitrine. Je veux m'endormir maintenant. » Dans l'éclat de ses yeux, je me perds ma respiration assoupies minutes après minutes. A l'intérieur, mes veines explosent, n'irriguant plus ce sang précieux absent vers mes organes assoiffés. Des perles cristallines ne cessèrent pas de marteler mon petit visage. Ce soir-là, j'allai perdre la vie. Les empreintes de mes pas sur le sable humide disparaissant à jamais. Ce soir-là surtout, j'allai la retrouver, notre belle histoire. Vivante, je ne le suis que dans le reflet de ses prunelles émeraudes. Mourir n'est pas si triste en soit. Je sais que je serai heureuse. Là-bas. Nous serions à nouveau réunis dans le même monde, aux portes du paradis.
and the crashes are heaven, for a sinner released. and the arms of the ocean deliver me.
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MessageSujet: Re: ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah  ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah EmptyMer 4 Avr - 21:06


good goodbye, i'll be fine
the greatest thing you'll ever learn is just to love and be loved in return ;; ❝ I see it around me, I see it in everything. I could be so much more than this. I said my goodbye's this is my sundown. I'm gonna be so much more than this. With one hand high, you'll show them your progress. You'll take your time, but no one cares. No one cares. I need you to show me the way from crazy. I wanna be so much more than this. esthell & noah my sundown

Le calme s’était installé. Il n’y avait que le murmure des vagues pour bercer nos âmes entremêlées. J’avais le cœur qui frappait fort contre ma cage thoracique, et une légère angoisse s’était immiscée en moi. Comment faisait-elle donc pour ne pas avoir peur du funeste sort qui l’attendait ? La douleur avait beau figer chacun de ses membres, elle gardait la tête haute, et continuait sereinement de me conter son histoire. Quant à moi, j’essuyais d’un revers de manche les perles de sueurs froides qui apparaissaient le long de mon front. J’admirais secrètement tout le courage dont elle faisait preuve. Je ne pourrais très certainement pas en dire autant si j’avais dû vivre la moitié de ce qu’elle avait vécu. La vie est un périple parfois bien difficile à parcourir pour certains d’entre-nous. Voilà une leçon que je pourrai au moins tirer de cette tragédie. La mort s’acharne contre nous, sans que l’on ne puisse rien faire. La seule solution : garder la tête haute, et tâcher d’avancer malgré les douleurs lancinantes qui nous broient le cœur. A la voir ainsi se débattre et garder une contenance morale, j’en avais des frissons dans le dos. Si seulement je pouvais être aussi posé lorsqu’il s’agissait de rencontrer des situations similaires. Une telle maturité ne s’acquière normalement qu’à un âge bien avancé.. Elle était plus jeune que moi de quelques années, mais pourtant bien plus mûre. Peut-être était-ce tout simplement pour cela que nos échanges avaient quelque chose d’unique. Elle voyait en moi un compagnon de route, qui longeait à ses côtés le périlleux chemin vers le paradis ; et je voyais en elle la mère que je n’avais jamais pu connaître. Il était malheureux que les circonstances aient voulues que l’on se rencontre dans de telles conditions. Mais peut-être éternellement lutter contre sa propre volonté ? Vivre est un choix personnel.. Alors quand toute envie, toute motivation est rayée, que devenons-nous ? Peu à peu, je scrutais les divers points de vue de la question, et comprenais enfin l’acte dont elle allait être maîtresse. Dans le fond, cela n’avait rien d’un suicide. C’était simplement la décision d’une femme. Une brise douce soufflait dans notre direction, et mes mains vagabondaient paisiblement sur le sable encore chaud. Je me souviens, la dernière fois que j’avais mis les pieds dans un endroit semblable. Nessa était là, à mes côtés, et nous nous amusions tranquillement à monter des châteaux. Au loin, notre père nous surveillait, la main nichée dans celle de belle-maman… Un petit bout de paradis où le démon avait mis les pieds. Souvenir peu agréable dont je gardais un goût amer. « Quand j'étais petite, je passais mes dimanches après-midi sur une petite plage tranquille avec mes parents. […] J'écris moi aussi.. parce que cela semble être le seul refuge pour des âmes oubliées comme moi. On ne peut pas constamment se détacher de l'absence d'une personne qu'on aime. Alors, on cherche un moyen de rester près de cet être perdu. Continuez à lui écrire des lettres : elle ne pourra pas les lire, mais elle les entendra. Parce que ce sont des mots qui viennent de votre coeur. » Les douces intonations de sa voix me sortir de mes songes. Je buvais consciencieusement ses mots, écoutant les moindres détails. Un sourire se profila sur les traits de mon visage tandis qu’un soupire m’échappait. Nous n’avions pas grandes différences. Si ce n’est notre âge, et les détails qui ont façonnés notre histoire.. mais en dehors de quoi, nous avions connu les mêmes choses. Perte d’êtres aimés, recherche de sa propre personne, exclusion sociale, écrits réconfortant… La seule petite chose qui peut-être nous distinguait réellement : l’amour. Elle avait connu ce sentiment, celui dont on parle en des termes aussi bien élogieux que grabataires. Une chose que je m’interdisais, et que je n’avais malheureusement pas eu le plaisir de connaître.. si ce n’est de brefs sentiments envers Blythe à une époque.. Ou Tyler. Mais de là à pouvoir affirmer haut et fort que j’avais été amoureux, une fois dans ma vie, non. Et vu les quelques soucis psychologiques font j’étais en proie, il ne valait mieux pas que cela arrive. « A chacun son petit coin de paradis. Et puis, je suis certain qu’elle les entend. Je ne la vois pas, mais je sais qu’elle est juste là. » Sifflais-je à voix basse, les yeux rivés sur l'endroit où reposait mon coeur. Une légère grimace se dessina le long de mes traits. Mon cœur s’emballa quelques instants alors que je posais les yeux sur sa silhouette reconnaissable entre mille. Les pieds dans l’eau, des cheveux blonds, des perles océans, et son éternel sourire bienveillant. Maman… Je détestais ces visions. Plus que tout, je les haïssais. Elles ramenaient les fantômes d’un passé que je préférais enfouir… Mes paupières viennent bien vite recouvrir mes yeux alors que je tente par tous les moyens de reprendre un souffle calme. Chaque fois que j’évoquais le sujet de ma mère, il fallait que je l’aperçoive… Quel triste ironie du sort. Va t’en, laisse moi. Une vague de frissons déchira mon échine, et je me retenais de ne pas gémir. Pourquoi a-t-il fallu qu’elle parte si tôt. Pourquoi elle ? Et puis, me sortant de mes songes, je sentis soudainement une main se refermer sur un pan de mon bras. De surprise, je rouvrais les yeux pour les poser sur les siens. Tant bien que mal, elle tentait de se redresser.. Chose à laquelle je l’accompagnai tout en me relevant moi-même en douceur. Debout face à moi, elle surveillait d’un œil attentif l’horizon infini. Une brise qui souffle l’air marin, des vagues qui emportent dans une danse sans fin, le sable tiède qui file entre nos pieds. Elle profitait silencieusement d’un spectacle sans nom. Et sans ajouter le moindre mot, je la laissais se perdre dans sa contemplation, un doux sourire brisé sur les lèvres.

« Je veux savoir votre prénom.. Puisque vous connaissez le mien. Et.. j'aimerai vous demandez quelque chose : prenez soin de mes filles d'accord ? Je sais que vous ne me connaissez pas, mais je ne veux pas qu'elles soient seules. Je veux qu'elles sachent qu'il y aura toujours quelqu'un pour elles. Vous pourriez faire ça, pour moi.. ? » Silence déchirant au milieu de la nuit. J’aurais aimé répondre quelque chose, mais ma bouche ne daignait sortir le moindre mot. Face à face désormais, je la regardais, et pour la première fois depuis notre rencontre, je pu réellement détailler les traits de son visage. Des mèches blondes, maculées d’un rouge vif ; deux yeux d’un rare bleu et marqué par la fatigue, mais pourtant si purs ; et un sourire. Imperceptible à l’œil nu, mais existant bel et bien. J’étouffais un soupire alors qu’elle guidait ma propre main vers sa poitrine.. Pour finalement prononcé ces fatidiques paroles. « Enlevez-moi ce.. truc de ma poitrine. Je veux m'endormir maintenant. » Alors voilà. J’allais écrire le point final de son histoire, et le récit serait ainsi complet et terminé. Une boule se forma au creux de ma gorge. J’avais beau avoir accepté sa décision, il n’était pas simple de mettre fin à la vie d’autrui, et encore moins lorsqu’on se prend d’affection pour ladite personne. J’avais l’étrange impression qu’une sorte de ‘’connexion’’ s’était crée entre nous. Un lien unique dont nous étions les auteurs, mais qui me permettait de me sentir léger. Et pourtant, j’allais devoir commettre la chose la plus difficile qu’il m’est été donnée de faire jusqu’à aujourd’hui. Mais j’avais promis. Et toute parole se doit d’être tenue. Un principe que maman m’aura légué et qui me tient désormais particulièrement à cœur. Sans la regarder, je laissais un sourire se profiler sur mon visage alors qu’à mi-voix, je lâchais un simple mot. « Marmotte. » Infime petite touche d’humour pour désigner son envie pressante de s’endormir. Et pourtant Dieu sait que j’avais goût à tout, sauf à rire. Ce soir-là, elle allait fermer les yeux, et ne les ouvrirait plus. Ce soir-là, son cœur allait battre son ultime tango, avant de se figer pour toujours. Je sentais la détresse envenimer mon âme déjà souillée, et mes mains commencèrent doucement à trembler. De rage ou de chagrin ? Je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est qu’en resongeant à ses précédentes paroles, j’ai finalement relevé le visage pour la regarder. « Je serais fier de pouvoir m’occuper d’elles. Alors ne vous inquiétez pas : elles ne seront jamais seules. Et puis, j’imagine que quoiqu’il arrive, leurs parents ne seront jamais bien loin pour les guider ou leur redonner le sourire. » Du coin de l’œil, j’apercevais encore et toujours la vision de cette femme qui nous guettait. Si je pouvais voir ma propre mère de mes yeux, il n’était peut-être pas si fou de penser que cela est réel au final. La chimère de mes rêves était-elle vraie ? Ou était-ce seulement une maladie psychologique comme tout le monde le dit ? Mystère. Je posais ainsi une main contre sa joue écorchée, attrapant son entière attention. Ma peine était lourde, mais je devais le faire. Un si beau visage… Si lourd de chagrin.. Si vide. Elle aurait pu être ma jeune sœur. Tandis que d’un geste, je l’incitais à se rasseoir sur le sable, je continuais sur une note humoristique notre dernière conversation. « Mais je lègue ma place pour le changement des couches. Le caca, c’est pas trop mon truc.. » Petit clin d’œil complice dans sa direction, et nous retrouvions notre posture d’origine. Assis au sol, elle ramenait calmement sa tête se poser contre mon épaule. Si ma main gauche vint aussitôt se loger dans la sienne, la droite se glissa directement sur la veine de son cou afin d’y relever sa tension. Faible… Très faible. Je refermais les yeux, une boule au ventre. Nous nous connaissons depuis une petite demi-heure, et j’arrivais à peine à réaliser ce que j’allais devoir faire. Oter la vie. C’est comme si je venais supplier un cœur de s’arrêter. Un acte terriblement tragique, et infiniment triste.. Mais pourtant, j’allais le faire. Pour elle, pour son défunt compagnon, et pour ses filles. « Vous ne me connaissez pas, mais moi je connais votre histoire.. enfin, une infime partie. Je regrette de ne pas vous avoir rencontré avant, je suis sûr qu’on se serait bien entendus. Et pis qui sait, je serai peut-être même devenu votre médecin généraliste par la suite, héhé. Consultations gratis et tout..» Je n’avais pas le cœur aux rigolades, mais je me refusais à la voir s’en aller avec des larmes de douleur aux yeux. La plus belle chose que je puisse ainsi faire avant son départ était encore de la faire sourire, une toute dernière fois. L’âme qui pleure, mais le visage rayonnant. Malgré mes efforts, je senti la barrière d’ignorance ternir, et laisser s’échapper une intruse. Une larme, une seule, longea ma joue, pour venir bien vite s’effacer et disparaître le long de mon cou. Une nouvelle étoile allait s’illuminer ce soir, rependant sa bienveillance sur ses protégées. Le Paradis allait gagner un nouvel ange. « Je serai ravi de pouvoir devenir l’un des protagonistes de votre récit. Alors oui, bien sûr que je le ferai pour vous. » L’écho des vagues nous emporte au loin. Je n’attends plus rien, si ce n’est mon propre cœur qui bat la chamade. Ca y est, le moment est venu. L’histoire arrivait enfin à son dénouement, et ne tarderait pas à toucher les cieux. Mes doigts se posèrent machinalement sur le morceau de verre tâché d’un rouge immonde. La couleur des adieux. « Attention, ça risque de faire un peu mal… » Lâchais-je la voix brisée. Trois. Ma main libre serre la sienne, fort, si fort. Je peux entendre son souffle saccadé me parvenir. Deux. Mes yeux se referment, mes doigts empoignent le débris. Trois. Mon souffle se coupe net, et d’un geste vif ma main se lève et y retire le corps étranger. Voilà, c’est fait. Et c’est ainsi qu’une seconde perle vient rejoindre la première. Elle courre le long de ma joue, et s’évapore. Désormais, c’était au temps de prendre la relève, et au cœur de cesser de battre. Mais avant, il restait une dernière chose, une ultime volonté que je devais exprimer. Un secret que j’avais jusqu’ici gardé, mais dont l’heure était désormais venue de dévoiler. Une main tremblante plongée dans la poche de mon pantalon, et j’en ressortais un morceau de papier. Froissé, et tâché d’un sang sec, la lettre portait une écriture sobre que je m’étais interdit de lire. « C’est ce qu’il tenait dans sa main lorsque nous l’avons retrouvé. Je suppose qu’elle vous revient. » Les lèvres tout près de son oreille, je dépliais soigneusement le mot tout en le glissant sous ses yeux, afin qu’elle puisse elle-même le lire. Voilà. Mon devoir était désormais terminé. Une page se tourne, et là où une histoire touche à sa fin, une nouvelle commence. Celle de ses deux petites filles… De mes nièces. Et bien que mon cœur soit broyé par le chagrin, j’étais fier de ce que j’avais pu accomplir ce soir. Face à nous, la Lune brillait d’une pâle lueur, comme si elle souhaitait nous rassurer de sa présence. Et ces milliers d’étoiles qui rayonnent à l’infinie.. Se reflétant dans l’azure semblable de nos deux paire d’yeux. Quoiqu’il advienne, il existera toujours des anges invisibles pour veiller sur nous. Puisse le ciel en accueillir un nouveau. Et me souvenant alors d’une question qu’elle m’avait adressé quelques instants auparavant, j’ai baissé les prunelles vers elle une fois qu’elle eu terminé sa lecture. La main posée contre sa poitrine ensanglantée, l’autre niché au creux de ses doigts, je lui adressais un dernier sourire avant de l’embrasser sur le front. Tout comme le faisait maman. « Mon prénom c’est Noah.. Je m’appelle Noah. »
    le 14 février 2012

    Esthell,
    Je suis désolé mon ange. Pour tout ce que j’ai pu dire ou faire, pardonne-moi. J’ai été stupide de penser que je pourrai vivre loin de toi, j’en suis incapable. Nous avons partagé tellement de choses ensembles. Nous avons ris, puis pleurer, mais quoiqu’il arrive, nous étions toujours deux, que ce soit dans notre bonheur ou notre malheur. Je ne peux plus respirer un air que ton parfum n’envoûte pas. Je ne peux plus sourire sans entendre ta voix. Tu as toujours été et resteras à jamais la femme qui a conquis non seulement mon coeur, mais également mon âme. Alors je t’en conjure mon Ange, offre moi une dernière chance de t’aimer comme il se doit. Je ne peux vivre que dans un monde à tes côtés, nos deux petits trésors nous tenant fermement la main. Tu peux me demander de partir, mais tu ne peux pas me demander de ne plus t’aimer. Alors prends soin de toi et de nos précieuses filles. Je serai bientôt là.

    Je t’embrasse, et je t’aime.
    Benjamin
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Swan Cartwright-Hansen
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MessageSujet: Re: ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah  ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah EmptyLun 9 Avr - 19:36

this is a place where i don't feel alone. this is a place where i feel at home : little ice queen. Un soir, lorsqu'une touche orange aura disparu du ciel, nous exécuterons notre ultime devoir. Porte fermé, rideau tiré. Nous éteignons la lumière, une seule et unique bougie éclairant la pièce. Nous cessons de résister contre la peur qui nous ronge, et maltraite nos membres. Une dernière fois encore, nous attendons. Le regard posé sur la fenêtre d'en face, nous admirons ce ciel brillant, une infime pensée au coin de l'esprit. Notre main tremblante tient fermement le bord de notre cercueil. [...] Nous la sentons s'approcher, près de la courbe de nos hanches, de ses mains assassines. Tel une lame rude, elle se glisse jusqu'à notre bas ventre, s'étend sur nos os, nos muscles et nos veines. Elle sillonne enfin notre cage thoracique, transperce nos poumons, y plonge ses griffes, pour atteindre notre cœur. Douloureuse torture. Des larmes salées se mélangeant à l'eau amer. Coup fatal au fond de la poitrine. Profondément. Notre corps se laisse emporter par les flots. La flamme s'éteint, en même temps que notre âme. rp. life is short, isn't it. à quoi bon se torturer l'esprit, alors qu'au bout du compte, tout ça fait partie de la vie. nous aimons, nous souffrons, nous mourrons. esthell kayli greenden vilammé. huit mai, quinze mars.
Spoiler:

petite reine des glaces, au coeur fâné, endors toi pour toujours, sous cette nuit émaillée.
Perchée sur cette petite montagne de sable fin, les paupières fermés, je savourais le bruit incessant des vagues, s'échouant contre la plage humide. Je m'imaginais d'immenses rochers débordant à la surface de l'eau glacée, et le rire vagabond de mes deux petites filles. L'écho lourd et somptueux des ressacs, parsemant violemment des masses de pierres dures résonnait à tel une berceuse dans mes tympans. Étrangement, je n'avais aucune crainte, ni méfiance. Je sentais simplement mon corps se souiller, écorché de toutes parts par milles éclats de verres tranchants. Ma chevelure valdinguait dans les airs, tapissant délicatement mon visage misérable. Pourtant, à l'intérieur, je sentais ma gorge comprimée s'enflammée, la mort empiété dangereusement, s'attaquant à mes organes vitaux. Sereine, j'ouvrais les yeux, scrutant la silhouette dansante des vagues à mes pieds. La totalité de mes états d'âme avait disparus. Je n'étais ni apeurée, ni perdue. Je retenais dans mes mains, ce fleuve de sang coulant abondamment, dans un silence lugubre. Du haut de cette dune de sable, mes narines restaient envoutées par la saveur délicieuse de l'eau salée. Je contemplais la nuit s'abbatre sur moi, me laissant dépossédée de toutes forces, dans les bras de cet homme. La chaleur de son corps permettait au mien de garder une température minimale certes, mais assez élevée pour continuer à me faire vivre. « A chacun son petit coin de paradis. Et puis, je suis certain qu’elle les entend. Je ne la vois pas, mais je sais qu’elle est juste là. » répondait-il, d'une voix calme et silencieuse. J'esquissais un léger sourire, le coeur en émoi. Prenant réellement conscience de la tournure des évènements. Je laissais mes deux petits anges dans ce monde putride, cet univers méprisable et incrédule. Qu'allait-elles leur rester de moi ? Une petite boîte en bois ancien, où s'entrepose des parcelles de mon existence : mes lettres enveloppées dans un même petit nœud couleur crème, des photographies parfois jaunies et tâchées par les marques du passé, l'oreille déchiré de ma première peluche d'enfant, la plume bleu marine de mes écrits, celle qui m'aura offert. Je continuais à croire que l'amour resterait plus fort et solide, qu'importe les circonstances. Le jeune homme présent à mes côtés en symbolisait la seule et unique preuve. Un instant, j'inspirais silencieusement à ce qu'elles aussi, découvrent dans ce monde écorché vif, un fragment de leur mère disparu, lié à l'amour de leur père enfermé dans les limbes du paradis. Je songeais à l'absence déchirante des géniteurs, saisie une poignée de secondes par les flots de tourments qu'elles seront amenés à escalader. Les prunelles une nouvelle fois closes, je voyais leurs belles boucles blondes, tournoyant au grès de leurs pas sur ce sable mouillé, à attendre les touches oranges du soleil s'élever dans un ciel dégagé. Et ressentir, à chaque bourrasque de vent hissant leurs chevelures, la présence sans faille de mon âme, bordant leurs pensées. Derrière leurs deux silhouettes de jeunes femmes, ma propre mère avait déposée chacun de ses bras sur les épaules de ses petites-filles. Elle avait gardé le même sourire, illuminant son visage plissé par la vieillesse. En réalité, Anne n'aura pas été ma mère, mais la leur. Celle que je n'ai pas su être pleinement. En voyant cette image irréelle bâtie dans mon esprit, je savais que je pouvais partir librement. Car, quoi qu'il arrive, Max et Lou allaient être heureuses. « Je serais fier de pouvoir m’occuper d’elles. Alors ne vous inquiétez pas : elles ne seront jamais seules. Et puis, j’imagine que quoiqu’il arrive, leurs parents ne seront jamais bien loin pour les guider ou leur redonner le sourire. […] Mais je lègue ma place pour le changement des couches. Le caca, c’est pas trop mon truc.. » prononçait-il à la fois amusé, et sérieux dans son rôle d'accompagnateur d'âme mourante et vagabonde. L'âme fébrile, je lâchais un faible rire, sitôt remplacé par une lourde grimace marqué par le poids de la douleur baignant dans ma poitrine. Légèrement rassurée, je continuais à le contempler, hypnotisée par la lueur azur éclatante de ses prunelles, similaire aux miennes. Force était de constater qu'il me ressemblait. Et, sans doute, aurait-il pu être ce petit frère, charmeur et protecteur que je n'ai jamais eu. L'une de ses mais se déposa dans un creux veineux de mon cou, surveillant ma tension. A l'intonation presque inaudible d'un soupir relâché vivement, je comprenais. Je scrutais ses deux iris brillantes, emplie par la peur et la fébrilité. « Vous savez... il ne faut pas avoir peur. Ça va bien se passer. Parce que vous êtes là, comme un petit ange, qui va simplement m'amener au paradis. » lâchais-je doucement, presque pour m'en convaincre moi-même. J'ai longtemps appréhendé cet instant, d'autres fois, je l'ai désiré, ne trouvant plus aucun goût à la vie. Aujourd'hui, je n'avais pas peur. « Vous ne me connaissez pas, mais moi je connais votre histoire.. enfin, une infime partie. Je regrette de ne pas vous avoir rencontré avant, je suis sûr qu’on se serait bien entendus. Et pis qui sait, je serai peut-être même devenu votre médecin généraliste par la suite, héhé. Consultations gratis et tout..» Une petite poignée de secondes de soulagement, où les sourires remplacent les grimaces de douleurs. Je riais silencieusement, malgré les pointes de souffrances au creux de ma poitrine. Sans doute, désirait-il me laisser une marque de gaieté avant mon départ ultime vers les anges. Je le contemplais, rassurée et confiante. Un regard jeté dans les étoiles. Petite reine des glaces, au corps sanglant, au coeur givrant. Une âme errante, aux ailes déployées. « On pourra toujours planifier des choses si vous voulez. Une fois qu'on sera tous les deux en train de courir sur les nuages ! » Dernier instant de jouissance éphémère. Des battements d'ailes d'oiseau blanc battent dans l'air froid, de cette terrible soirée d'hiver.

« Attention, ça risque de faire un peu mal… » Paupières refermés, serrés fermement. Respiration retenue. Un lourd déchirement transperce ma cage thoracique, explose l'ensemble de mes veines et mes artères. Ma poitrine vacille, hurle toute sa déchéance et ses maux. Un flux incessant de sang pourpre s'évapore de mes seins éraillés, ma bouche scarifié s'incise déséchée par la saleté et les ecchymoses bleuâtres longeant mon cou. Mon visage démolit. Fragilité, et sensibilité. Le temps ralentit. Mon regard se perd dans la pénombre de cette nuit d'hiver. Subitement, j'ai froid, douloureusement froid. Je serre fermement la main de mon compagnon, sentant l'éraillure s'éprendre de ma poitrine sanglante. Cette torture douloureuse m'arrache un énième hoquet de douleur, planté au fond de ma gorge incendiée. Dans la paume de mes mains, je retient ce liquide chaud, tâché de rouge, ruisselant entre mes doigts. Mes veines deviennent des papiers de verre, ternes et résistantes à la fois, noyées dans mon sang. Je demeure étendue sur ses genoux, vidant ce fleuve sur mes vêtements ensanglantés, tombant dans le gouffre obscure de la mort. Éreintée, je dévisage le jeune homme, plongeant mon regard dévoré d'une passion mortelle, dans le sien, si dépourvu et apeuré. Le tambourinement de mon coeur démantelé s'estompe, par la carence d'oxygène transporté dans mes artères éclatées. J'inspire difficilement le parfum de cette mer calme, accueillant l'épave de mon corps mourant. Un froissement de papier se dépose juste en face de moi. « C’est ce qu’il tenait dans sa main lorsque nous l’avons retrouvé. Je suppose qu’elle vous revient. » Une lettre. Prenant soin de décrypter chaque syllabe, je reconnais rapidement les lignées d'encre bleu foncé de son écriture, et sa manière si particulière de rattacher les lettres entre elles. Mes joues creuses se tapissent de larmes chaudes, réconfortant mes membres glacées par le froid mordant de l'hiver. Je ne peux plus respirer un air que ton parfum n’envoûte pas. Je ne peux plus sourire sans entendre ta voix. Tu as toujours été et resteras à jamais la femme qui a conquis non seulement mon coeur, mais également mon âme. Tandis que le mistral givré sèche l'eau salée collant à mes joues sales, mon coeur lent se lave de ses mots, oubliant la douleur et l'amertume. D'une main tremblante, je me saisie du papier déplié, le tâchant d'un sang vif. Et, dans ce monde anéanti, j'ai compris. Scrutant la courbe gigantesque du pont dessiné dans ce paysage marin, j'ai su. Englouti sous un amas de fer, il n'était pas mort par simple faiblesse, là où l'ivresse s'élève et devient mortelle. Non. Il avait traversé ce pont ce jour-là, avec la conviction inébranlable d'enlacer notre amour perdu, et de me retrouver enfin. Mais il n'a simplement pas eu le temps de le faire. « Il m'aimait toujours.. » en concluais-je doucement, incapable de prononcer un mot de plus. Je ressentais subitement mes os s'anéantir, craquant dans un bruit saisissant. Coupant l'afflux dans mes veines, retenant les fragments d'oxygène dans mes poumons assoiffés. Les plaies s'entrouvraient, ne résistaient plus. Laissant le sang fluide s'épancher sur le sable rouge. Les courbes de mon corps se détruisaient, bousculées par les battements furibonds de mon coeur désarticulé. « Mon prénom c’est Noah.. Je m’appelle Noah. » Mon attention se reporte aussitôt sur sa silhouette de jeune garçon, désemparé par cette situation funèbre. Noah.. Je contemple le reflet de son visage lâche, le souffle irrégulier. Noah.. songeais-je à nouveau. Alors, sous cette clair de lune fraiche et lointaine, je distingue l'éclat de ses yeux océans. Magnifiques. Une main posé contre sa joue, mon étonnement s'agrandit, stupéfait, et surpris. « Mon fils.. mon fils s'appelait aussi Noah. Il aurait sans doute eu les mêmes yeux que vous.. » chuchotais-je en un souffle, la voix éreintée. Les joues saisies par des perles d'acier brûlantes, je me remémorais ce corps inerte au creux de mes bras, aux paupières à jamais éteintes. Il lui aurait ressemblé. Il aurait eu des yeux bleus lui aussi, et une petite bouche rosée et fine comme sa soeur jumelle. Je te rejoindrais bientôt je te le promet, et on sera enfin réunis. Le coeur dégorgeant d'une souffrance ultime, les os se disloquant les uns après les autres, perdant toute humanité. La mort s'écrasait contre ma vie. Murmure du vent. Effluve doucereuse de la mer. Larmes des cieux pleurant cette ombre qui trépasse. « Merci.. d'avoir été là. Tu ne dois pas être bien plus âgé que moi.. alors, si j'ai un conseil à te donner, ça serait de ne pas t'en vouloir pour ce soir. N'oublis pas ce que tu as fais, parce que.. cette image de moi mourante, affalée sur ton corps, tu l'auras toute ta vie. Contentes-toi seulement d'être celui que tu rêves d'être. On ne choisit pas vraiment le jour où l'on veut partir. Je ne l'ai pas choisie. Je l'ai sentie. Alors, le jour où tu le ressentiras, tu penseras à moi. Maintenant regardes les étoiles, puis fermes les yeux. Ensuite, comptes jusqu'à dix. Et quand tu auras ouvert tes paupières et que les dix secondes se seront écoulées, je serai partie.. » Ma main impuissante tombait dans le vide, s'écrasant contre le sable mouillé. Je périssais, toute vivacité s'évaporant de mon être souillé. Les cheveux au vent, je m'accrochais à son regard déchirant, préservant mes derniers instants. Basculant mon visage en face de l'horizon, je contemplais la noirceur de la surface, éclairée légèrement par la silhouette de la lune. Distinguant le reflet de son visage d'ange au travers des vagues sereines. C'est ma vie que j'ai démolis, c'est l'amour que j'ai poursuivis.

« Tu vois ces étoiles ? Chacune d'elle représentent les années qu'on vivra ensembles, toi et moi. ». Dans le silence de cette nuit glaciale et assassine, un souffle bruisse au travers du chant somptueux des vagues de l'océan. Son cœur s'arrête de battre. Au fond de ses yeux, des étoiles s'éteignent. Elles ne brillent plus. L'azur de ses iris se referme à jamais. Son âme, si longuement bafouée, s'envole pour toujours. Ce soupir, long et symbolique, se propage, et puis s'éteint. Une dernière pensée lui parvient. Dors bien, mon ange.

« A THOUSHAND MILES DOWN TO THE SEA BED, I FOUND A PLACE TO REST MY HEAD. »
• • •

“ Ne pars pas sans moi. Peu importe où tu vas, attends moi, s'il te plait. Contemplons les nuages ensembles, vivons dans notre paradis, pleurons de joie et non de tristesse. Mais je t'en supplie, ne me laisse pas seul. Je t'aime tellement. Nous n'aurons plus à nous battre là-haut, je te le promets. Mais attends-moi mon amour. ” esthell&benjamin. i will always love you.
Spoiler:

Une lueur chaude et lumineuse transperçait mes paupières fermées. Des grains de sable collés contre mes pores, rosissaient mes joues. Des rires profonds et lointains s'accordaient parfaitement, et me parvenaient dans un écho étouffé. Je sentais une effervescence caresser les parcelles de mon corps, et épouser amoureusement mes deux bras, allongés sur le sable fin. Le feu brûlant du soleil embrassait ce monde, d'une étreinte fraternelle. Délicatement, mes yeux se sont ouverts, découvrant un océan de ciel bleu pure et éclatant de milles étincelles. Il n'y avait aucun nuage brumeux, qui accomplissait une course effrénée pour plonger cet univers d'un orage malfaiteur. Le ciel était tout simplement parfait, exaltant d'une liberté retrouvée, aux côtés de son ami aux couleurs dorées. Ce globe de feu incendiant ma vue, brûlant ma chair. Allongée, je me redressais sans exercer le moindre effort, apercevant l'écume des vagues effleuré mes pieds nus. Un large sourire se dessinait sur mes lèvres rosées. Abasourdie, je me dévisageai. Je n'avais plus aucune tâche de sang sur le corps, ni même aux extrémités de mes doigts. Ma peau était légèrement dorée, sous les couches brûlantes du soleil. Je portais une petite robe en dentelle blanche, retombant jusqu'en haut de mes genoux, et dont les pans vacillaient au rythme du mistral. Mes cheveux étaient tressés en nattes gracieuses, entrelacés en un chignon par une broche dorée. Des petites pétales de fleurs longeaient les boucles ondulés de mes cheveux vermeils. Interloquée, je me suis levée, admirant les reflets des lueurs du soleil sur la surface de l'eau. M'avançant timidement, je laissais trempée jusqu'aux os, mes petits pieds. Un grain de paradis. Je fermais les yeux, profitant de cet instant magique, où l'éternelle rengaine des vagues venait emportée mes chevilles. J'inspirais la liberté, et la tranquillité. Mes bras étaient légers, ne retenant plus le poids de la vie. Légère, je l'étais. Plus que n'importe quel moment. Je sentais les saveurs de l'été s'immiscer en moi, et le parfum des fleurs fleuries. A nouveau, des éclats de rire me tiraient de ce monde grandiose et irréel. Je m'en approchais lentement, longeant la plage, l'âme gracile. Derrière une montagne de sable, je distinguais deux silhouettes, émanant d'une brume légère et confuse. Je n'arrivais pas à voir leurs visages, je discernais seulement les courbes de leurs corps. L'une minuscule, courant derrière les vagues. Et l'autre, à quelques mètres seulement, debout, en face de la mer. Je me dirigeais vers eux, m'enfonçant à travers les coquillages, et les petites fleurs aux couleurs vives. Un instant, je m'arrêtais, épris d'un regard. Son regard. Un vert émeraude noyait d'une couleur splendide, ses prunelles. Peu à peu, je reconnaissais les traits de son visage : la forme de son nez, les lignées élargissant ses joues d'un sourire, et la couleur rouge de ses lèvres sèches. Soudainement illuminée, je me rapprochais de lui, chacun de mes sens en émoi. Découvrant de plus près sa silhouette inchangée et familière. J'effleurais un instant la chair de son bras, remontant lentement jusqu'à son menton, et sa bouche. Cette fois-ci, je pouvais vraiment le toucher, il ne disparaissait pas. Il était là, avec moi. Je faisais battre rapidement mes paupières, de manière à être certaine qu'il ne s'agissait pas d'une quelconque illusion de mon esprit défunt. Mais il se tenait toujours là, en face de moi, un léger rictus souligné sur ses lèvres. Je sentais des larmes monter au coin de mes yeux, mais elles ne glissèrent pas sur mes joues. Elles restèrent là, au fond de mes prunelles noyées, solides et tenaces. « Maman ! » Des petites mains saisirent l'une de mes jambes, les serrant fortement. Je me mire à genoux, étant ainsi à sa hauteur. C'était un petit garçon. Il avait des mèches blondes sur le front, et quelques uns derrière l'oreille. Son pantalon marron était trempé par l'eau salée de la mer, et ses mains toujours serrés contre moi, étaient humides. « Maman.. Maman.. Je savais que tu viendrai ! » Et ces perles d'eau, si longtemps retenues, s'évaporaient contre mes joues. Je reconnaissais cette lueur bleu décorant ses yeux. C'était les miens, et ceux de Max. Je ne m'étais pas trompée. Il lui ressemblait étonnement. Ce même sourire scintillant au bout des lèvres, et ce regard attachant. « Oui... je suis là. » lui adressais-je à voix basse, avant de le prendre dans mes bras. Son corps à lui aussi, semblait léger, prêt à voler. Mais, il ne m'échappait pas. Il était bien là. Mon petit Noah. Je me relevais, avec lui dans le creux de mes bras. L'azur et l'émeraude réunis. Je le revoyais éperdue d'un amour sans faille, comme la toute première fois. Un sourire indécrochable aux lèvres, des joues inondés par des larmes aux perles étincelantes de beauté. Des petites étincelles au fond des yeux, brillants longuement. Nos mains se joignaient, et se serraient. Le son délicieux de nos alliances s'entrechoquant l'une avec l'autre. « Tu m'as manqué. »

tu m'as toujours suivi, dans les aigus, dans les graves. et je pense que notre amour est une chanson formidable. je ne cesserai jamais de l'écouter.
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MessageSujet: Re: ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah  ❝ lights will guide you home ❞ esthell&noah EmptyJeu 12 Avr - 22:00


i'll try to fix you
j'ai besoin de toi .. je crois que toi aussi tu as besoin de moi. ;; ❝ Un jour, on m’a demandé si j’étais heureux de vivre. A l’époque, j’avais répondu ‘non’ sans même apporter de quelconques explications. Et pourtant… Une fois que le bonheur vient effleurer votre âme, vous ne pouvez vous empêcher d’hurler à Dieu lui-même à quel point vous êtes fier de votre vie. Quand on est gosse, on se fiche pas mal de ce qui pourra nous arriver dans les dix secondes qui suivront notre pensée à l’instant présent. [...] Et pourtant, je suis amoureux. Un fou, dont la flèche de Cupidon aura été fatale. Alors peut-être ai-je les organes foutus. Je marcherai sans nul doute moins bien qu’un homme rayonnant de santé. Mais merde, je m’en fou. Nous sommes le 31 décembre, je suis à New York depuis presque dix jours… Et elle me manque. Je saigne de ne pas l’avoir à mes côtés. Je meurs à petit feu de ne pas l’enlacer. Mais qu’importe, demain soir, nous nous retrouverons. Et je l’aime plus que tout, et je l’aime comme un fou. esthell&benjamin and don't apologize for all the tears you've cried

Il est des lieux que l’on croit imaginaires, irréels. Durant notre vivant, on aspire à croire que derrière les nuages se trouve un petit espace où nous auront chacun une place. Un endroit utopique, où l’on peut imaginer un paradis à notre image. Certains le voient sur les cumulus, entouré d’anges aux ailes blanches ; d’autres encore pensent y trouver un champ de blé, une petite maison plantée au beau milieu. Moi, je l’ai toujours imaginé sur une plage. Une magnifique étendue de grains de sable blancs, chauffés par les rayons du soleil. Il n’y a pas d’arbre, si c’est une poignée de palmiers situés devant notre maison qui surplombe l’océan. On entend les vagues s’écraser contre la falaise, au loin, et la couleur bleue de l’eau se prolonger à perte de vue. La mer brille de mille étincelles, quant au ciel : pas un seul nuage ne vient s’y promener. J’ai toujours rêvé de cet endroit, à la fois simple et beau. C’est l’avenir que j’aurais souhaité connaître à ses côtés. Plusieurs fois, je nous ai imaginés, main dans la main, nous baladant le long de ce rivage, et nos pieds s’enfonçant dans le sable humide. Devant nous, Max portant sa petite sœur dans ses bras, et lui murmurant ses secrets d’enfant sous les yeux de la Lune. C’était une vie que j’aurais plus que tout aimé bâtir avec elles. Je n’en aurais jamais eu l’occasion.. Et pourtant, je ne regrette rien. En vingt-et-un ans d’existence, je ne garderai en mémoire que les dernières années : celles passées à ses côtés. Je n’ai pas connu une enfance malheureuse, ni même grandit dans la souffrance, seulement.. Il me manquait toujours ce petit quelque chose. Un ‘’je-ne-sais-quoi’’ qui m’apporterait l’envie de continuer, et de me battre. Et je l’ai trouvé. Après dix-neuf ans d’attente, je posais enfin les yeux sur ses deux petites perles bleues. Au beau milieu de ce couloir, je me souviens de l’intensité de ce tout premier contact, et la manière avec laquelle nous nous contemplions mutuellement. C’était comme si je venais de trouver mon plus précieux trésor, mon Saint Graal. Je me souviens des perles salées dévorant son visage, et la peine que reflétaient ses traits.. C’est ainsi que nous nous sommes connus, et c’est ainsi que je me suis juré que quoiqu’il arrive, je serai là pour essuyer ses larmes. Une promesse que j’ai tâché de tenir jusqu’à mon dernier souffle. J’avais enfin trouvé ma raison de vivre, mon espoir. Il était marrant de constater que derrière sa fraîche silhouette de petite blonde se cachait une immense partie de moi-même. Nous étions devenus des amants, et bien plus encore. Chaque baiser, chaque caresse, chaque mot doux murmuré était une signature supplémentaire de notre amour sur nos cœurs respectifs. Elle avait inscrit son nom à l’encre indélébile, et quoique je puisse faire, il m’était désormais devenu impossible à effacer. Ce petit bout de femme m’a ainsi littéralement fait perdre la raison. Elle m’aura appris à sourire en m’embrassant. Elle m’aura appris à croire en m’enlaçant. Ses yeux bleus réconfortant les miens lorsque la fatigue me gagnait. Nos doigts entrelacés, il nous était impossible de nous séparer. Lorsqu’elle se trouvait loin moi, loin du cœur, mon monde s’effondrait. Mais dès lors qu’elle réapparaissait, je pouvais enfin respirer de nouveau. Alors non, je ne regrette absolument rien, si ce n’est de ne pas lui avoir assez dit à quel point elle comptait pour moi. Il me faudrait bien plus d’une vie entière pour lui exprimer tout mon amour à son égard. Cupidon est cruel d’avoir embroché nos deux cœurs d’une même flèche d’or. Me voilà amoureux, ce depuis un peu plus de deux ans, et pour l’éternité. Je ne suis plus là désormais, j’ai failli à ma promesse. Jusqu’à mon dernier souffle, mes pensées sont allées pour elle. Aux plus beaux instants de notre histoire, à ces souvenirs qui exhalaient mon cœur mourant. Par flash, je l’ai revue à la manière d’un film qui défilait sous mes yeux. D’abord ce bar, où elle avait scellé nos lèvres en un baiser. Ce fut le début de notre histoire lorsque pour la première fois, elle m’annonça ses sentiments à mon égard, et où je lui avouais les miens. Nous étions jeunes, un peu immatures sans doute, et bercés d’illusions à croire que notre couple vivrait le bonheur parfait.. Mais ce que je sais avant tout, ce que nous étions fou l’un de l’autre. Flash. Cette fois-ci, je me trouvais agenouillé près de son lit, une bague à la main. Elle pleurait, mais un sourire trônait sur son visage d’ange. Le soir où j’ai compris que malgré mes efforts, je ne parviendrai jamais à m’en détacher. Une demande certes précoce, mais déjà à l’époque, j’étais conscient de ce que je faisais et dans quoi je m’engageais. Elle aussi. Nouveau flash. Son rire cristallin inondait la pièce. Le soleil perçait à peine en ce matin d’août, et enveloppés d’un drap blanc, je souriais doucement alors que sa tentative pour me réveiller venait de louper. ‘’Bonjour mon ange’’ m’avait-elle murmuré avant de m’embrasser. Ouvrir les yeux et découvrir son visage encore endormi à côté du mien.. C’était mon petit coin de paradis lorsque j’étais encore en vie. Flash. A terre, contre le sol glacé, je me souviens avoir hurlé de douleur. Ce soir-là, je n’avais qu’une envie : mourir. Si j’avais su… Très vite, elle était accourue, prenant soin de m’allonger, ma tête posée contre ses genoux. Un souvenir banal, qui, je le croyais jusqu’ici, marquait la fin de notre amour. Il n’en était rien. Sa main caressant mon visage, je ne m’étais jamais senti aussi protégé que dans l’étau de ses bras. Une carapace fragile, mais qu’elle tenait fermement pour moi, pour nous protéger. Mon ange, si tu savais comme je t’ai aimé, et comme je t’aime. Nouveau flash. Le cœur qui bat son ultime rythme, et mes lèvres qui hurlent son prénom une dernière fois. Ma main gauche posée sur ma poitrine, j’avais encore cette brûlure à l’annuaire. Mon alliance. Gage d’un amour éternel.

« Papa, qui c’est ? » Mon petit Noah. J’avais le regard perdu, quelque part sur la surface de l’eau. Je savais qu’elle était là. Je l’ai ressenti ce battement puissant au creux de ma poitrine.. Et cet anneau doré réapparaître subitement à mon doigt. Mon précieux trésor m’était enfin rendu. L’une des manches de ma chemise immaculée se tira sous la pression des doigts habiles de mon petit garçon. Je l’ai regardé, un sourire posé sur les lèvres. Un émeraude étincelant croisé à l’azure parfait. Le bonhomme guettait d’un œil distrait l’horizon, quelques mèches blondes s’égarant de part et d’autre de son front. Le portrait craché de sa sœur jumelle. Pour toute réponse, je me contentais d’effleurer sa joue en une caresse bienveillante. Une légère brisa souffla, et je me suis retourné pour la voir. Un ange au milieu du paradis. A travers le sable et ces milles-et-une fleurs, elle m’a sourit au loin. J’étais comme un petit enfant découvrant ses cadeaux sous le sapin. Chacun de mes sens en étaient retournés, et je n’attendais plus qu’une chose : la serrer fort contre moi. C’est ainsi que je me suis avancé de quelques pas, et que nous nous sommes retrouvés. Sa main se posa tout d’abord contre mon bras, comme pour s’assurer que j’étais bel et bien là. J’en souriais doucement, presque amusé. Oui je suis là mon Ange, et je ne partirai plus. Je fermais doucement les yeux à ce contact chaud. Tu m’as tellement manqué. J’arrivais à peine à y croire. Des frissons longèrent ma colonne vertébrale alors qu’en silence, j’attendais patiemment qu’elle intègre les choses. La voilà notre nouvelle vie, sans la moindre imperfection. Nous pourrons tout rebâtir, construire et réaliser nos rêves les plus fous. Quels que soient nos fantasmes, ils ne connaîtront aucune limite. « Maman ! » Il ne l’avait jamais vue, et pourtant, il l’a reconnue. Aux pieds de sa mère, notre petit trésor exprimait toute sa joie d’enfin la connaître, et pouvoir la serrer contre lui. Ô mon petit Noah… Regarde-toi, tu lui ressembles tellement. Son fils au creux de ses bras, elle avait laissé les larmes rouler, et toute cette joie venir humidifier son visage. Nettoyer la douleur du passé. Ma gorge se serra à cette vision, la plus belle qu’il soit. Elle se redressa, plus heureuse que jamais, et nos mains se retrouvèrent. Doigts entrelacés aux siens, alliances qui s’embrassent, et prunelles qui ne se quittent plus. Le parfum délicieux de notre amour rependait son arôme tout autour de nous. Et je retrouvais enfin ce plaisir si longtemps oublié de me sentir… vivant. Le cœur décédé, mais l’âme scintillante et comme neuve. Plus rien ne pourrait nous séparer désormais. Ni le chagrin, ni la douleur, ni même la mort. J’avais cette suave impression d’être redevenu un petit garçon. Que quoiqu’il arrive, rien ne viendrait tâcher mon bonheur. La scène était parfaite. « Tu m’as manqué. » Le son de sa voix s’éleva dans l’air, et naïvement, j’ai souri. Si tu savais… Il était bon de pouvoir l’entendre à nouveau à mes côtés. Je ne sens plus mes jambes, mais seulement les frissons qui m’envahissent. Dans le vacarme silencieux de notre plage, je posais chacune de mes mains contre ses joues roses. Tu es si belle. Nos fronts posés l’un contre l’autre, je respirais son parfum. Dans la douceur et la confusion, je m’accordais enfin un plaisir qui nous avait été interdit trop longtemps. Un doux supplice dont l’attente ne faisait qu’accentuer mon désir. Et sous les rayons chauds du soleil, je l’embrasse. Exquis baiser où nos lèvres se touchent, se caressent, et s’exaltent à chaque souffle. Ma main glisse le long de sa mèche blonde, la reposant délicatement derrière son oreille. Pour autant, je ne me détache pas d’elle, bien au contraire. Notre baiser, notre étreinte, et celle de personne d’autre. Et quand enfin vient l’heure de mettre fin à cet échange, j’ai les yeux clos, et un sourire indélébile gravés sur les lèvres. Le souffle court, je retiens mes larmes de joie. Enfin, te voilà. « Toi aussi tu m’as manquée. » murmurais-je à mi-voix, le regard rivé vers le sien. J’avais cette terrible envie de lui raconter mille choses : les regrets de mon vivant, la lettre que je lui avais rédigé, ce soir-là, où j’étais tellement pressé de la revoir, que j’en suis venu à commettre un énième accident… Décidément, j’étais une calamité au volant, et mieux valait désormais en rire qu’en pleurer. Mais nous avions le temps.. Plus jamais il n’aurait d’impact sur nous. Les secondes allaient devenir des années. C’est peut-être pour cette raison qu’il n’existe aucun calendrier, aucune horloge dans ce monde. Le soleil se lève, la lune accompagne sa danse le soir, et il en est ainsi chaque jour. Le visage tourné vers l’étendue océanique qui faisait face, j’ébouriffais rapidement les cheveux dorés de notre garçon en étouffant un rire nerveux et excité. « Je te l’avais promis : le voilà notre Paradis mon Ange. » Je te ferai visiter les moindres parcelles de notre nouveau ‘’chez nous’’. Nous gravirons ensembles les marches boisées menant à notre maison, au bord de la plage. Tu verras, elle est magnifique, à notre image. Il y a tout ce qu’il faut. Notre chambre débouche même sur une baie vitrée dont la vue dévore l’horizon. Nos rêves ne connaitront aucune limite à notre imagination. Tu verras, j’en suis certain, tu aimeras. M’avançant de quelques pas à reculons, je tenais fermement sa main en l’incitant à me suivre. Viens par ici, il y a tellement de choses à voir. Du haut de notre dune de sable, nous surplombions cet univers merveilleux. « Nos regrets ne sont qu’un mauvais souvenir qui n’a pas sa place ici. Je veux recommencer tout à zéros avec toi. Je veux reprendre la route, ta main dans la mienne. Je te bâtirai une éternité de bonheur, et ensembles nous marcherons sur les nuages, sereins. Nous construirons des châteaux de sable pour Noah, et nous embrasserons Max et Lou, de loin, en leur écrivant des mots. Mes trésors les plus précieux sont au creux de mes bras. Je ne vous lâcherai pas, plus jamais. » Un baiser sur sa joue, puis sur celle de la petite tête blonde à nos côtés pour ponctuer ma phrase. J’ai rarement été aussi heureux. J’avais l’impression d’être aussi léger qu’un nuage. Aucun stress, aucune douleur, je ne ressentais rien en dehors d’une parfaite béatitude. Comme quoi, tout est possible. Sous le coup de l’émotion, nous tremblions. Le pouce posé contre la douce chair de sa joue, j’essuyais tendrement ses perles. Une habitude qui m’avait manqué, mais qui aujourd’hui prenait une toute nouvelle tournure : plus jamais elle ne gémirait de tristesse. « Ne pleure pas, je suis là, et je ne partirai plus… Pour le meilleur et pour le pire. Jusqu’à ce que l’éternité nous unisse. » Levant nos mains jointes jusqu’à nos poitrines, je posais les yeux quelques instants vers nos deux alliances resplendissantes. Nos deux initiales y trônaient dessus, se reflétant sur l’or impeccable des anneaux. e&b. Esthell & Benjamin. A côté, Jack et Rose n’étaient que de vulgaires amants. Nous avions même réussir à conquérir les anges du paradis. Notre histoire était unique, irremplaçable, et vraisemblablement la plus belle de toutes.

« Et moi aussi j’suis là d’abord ! Même que ma maman, c’est la plus jolie. » Noah s’agitait dans les bras de sa mère, et d’un air boudeur, il ajoutait la touche qu’il manquait à notre petit univers : l’humour. Sourire au coin des lèvres, je l’embrassais sur le front en décoiffant rapidement sa petite chevelure. Sacré bonhomme. Quel dommage que tu n’ai pas eu l’occasion de connaître ta jumelle. Je n’avais aucune difficulté à les imaginer tout les deux, inséparables, et veillant ensembles sur leur petite sœur. Trois petits enfants courant la plage. « Et ton papa c’est le plus moche c’est ça ? » les sourcils arqués, les bras croisés sur la poitrine, je dévisageais mon garçon, l’air faussement vexé. Un jeu entre nous de s’enquiquiner mutuellement… « T’as un gros nez. » …Mais un jeu auquel je perdais bien souvent… Si Max n’avait pas hérité de ce culot, Noah tenait en revanche toute la franchise de sa mère. Je ne pu m’empêcher de lever les yeux au ciel, avant d’étouffer un soupire. Ok, je me vengerai plus tard vilain moussaillon, sois-en certain. Reprenant ledit bonhomme dans mes bras, je lui chatouillais rapidement l’estomac –fou rire obligé de ma victime-, avant de reporter mon attention sur elle. « Oui, alors tu pourras constater que Noah est l’opposé de sa jumelle : un véritable enquiquineur. Aller oust moucheron. » Noah au sol, il offrit un baiser à la joue de sa mère, un vulgaire tirage de langue à mon égard, avant de retourner jouer dans son château de sable. Voyou. Je l’ai contemplé quelques instants, avant de me retourner vers elle. En cet instant, j’étais comblé. Tout ce que j’avais toujours souhaité avoir, je l’avais juste là, sous mes yeux. Certes, il manquait peut-être un brin de mon paradis pour qu’il soit entièrement complet : les filles devraient continuer leur route sans parents… Mais d’un côté, je n’étais pas pressé de les voir nous rejoindre. Qu’elles vivent, et profite de cette vie qui leur est donnée. Un bout de maman et papa dans leur cœur, pour toujours. « Tu sais.. je m’attendais à te revoir toute ridée et dans un fauteuil roulant.. » Ebauche d’humour à laquelle je me retenais de sourire… en vain. Ma vieille folle à moi. Sans un mot supplémentaire, je la prenais dans mes bras, enlaçant sa silhouette dorée. Qu’il était bon de la sentir à nouveau contre moi. Profitant de quelques secondes de répit, je réalisais qu’au fond, je n’ai jamais été fait pour une autre personne que pour elle. Au creux de son oreille, je lui posais mes lèvres en glissant quelques mots : « Mais j’suis content que tu sois là. Tu es magnifique. » D’une robe blanche somptueuse, elle était absolument parfaite. Et le plus beau dans tout cela, c’était son visage… Rayonnant d’une joie non contenue, l’azure explosant d’un vif bleu, et ses lèvres courbées en un sourire doucereux. Les seules fois où je l’ai vue rayonnée ainsi se comptaient sur les doigts d’une main… Trois en tout et pour tout. Lorsque j’étais agenouillé devant elle, une bague présentée à son adresse. Lorsque pour la première fois, elle prenait sa fille dans ses bras et la contemplait, une larme au bord des yeux. Et enfin, à la naissance de Lou, noël, où le médecin nous offrit le plus beau des cadeaux : sa bonne santé. Je suis fier d’avoir pu partager leurs vies, mais je suis d’autant plus fier d’être parvenu à la retrouver ici. Souvenirs qui ont marqué notre histoire, qui elle, jamais ne se terminera. « Prends ma main, et ne la lâche pas. Je t’emmène visiter les étoiles mon Ange.. Je t’aime. »


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